[0001] L'invention concerne la coulée continue des métaux. Plus précisément, elle concerne
les installations de coulée continue des métaux tels que l'acier inoxydable sous forme
de bandes minces, par solidification du métal liquide sur une paroi mobile ou entre
deux parois mobiles. Ces parois mobiles peuvent, en particulier, être constituées
par les surfaces latérales d'un ou deux cylindres à axe horizontal énergiquement refroidis
intérieurement.
[0002] Ces dernières années ont vu s'accomplir des progrès sensibles dans le développement
des procédés de coulée de minces bandes d'acier directement à partir de métal liquide.
Le procédé qui semble, l'heure actuelle, être le plus susceptible de déboucher rapidement
sur une application industrielle est la coulée entre deux cylindres refroidis intérieurement,
tournant autour de leurs axes horizontaux dans des sens opposés, et disposés en regard
l'un de l'autre, la distance minimale entre leurs surfaces étant sensiblement égale
à l'épaisseur que l'on désire conférer à la bande coulée (par exemple de quelques
mm). L'espace de coulée renfermant l'acier liquide est défini par les surfaces latérales
des cylindres, sur lesquelles s'initie la solidification de la bande, et par des plaques
de fermeture latérale en réfractaire appliquées contre les extrémités des cylindres.
Les cylindres peuvent éventuellement être remplacés par deux bandes refroidies en
défilement. Pour couler des produits d'épaisseur encore plus faible, on a aussi proposé
de réaliser la solidification par dépôt du métal liquide sur la surface refroidie
d'un cylindre unique en rotation.
[0003] L'obtention immédiate d'une bonne qualité de surface de la bande est un élément essentiel
de la réussite de l'opération de coulée. En effet, l'intérêt majeur de la coulée de
bandes minces directement à partir de métal liquide est la possibilité qu'elle donne
de supprimer ou de réduire considérablement l'ampleur de l'opération de laminage à
chaud du demi-produit épais habituellement coulé. Lorsque l'acier est coulé en formats
épais, il est possible de supprimer les défauts de surface par meulage, et de toute
façon le taux de laminage important permet d'atténuer sensiblement leur importance.
Au contraire, dans les procédés de coulée de bandes minces, il est impératif d'obtenir
une surface comportant peu de défauts dès la coulée. En particulier, la bande doit
être autant que possible exempte de petites fissures superficielles appelées "microcriques",
car celles-ci sont dommageables pour la qualité du produit fini après le laminage
à froid qui doit conférer son épaisseur définitive à la bande.
[0004] Ces microcriques ont en général une profondeur de l'ordre de 40 µm et une ouverture
inférieure ou égale à 20 µm, et on remarque qu'elles sont associées à une plage où
le métal est enrichi en éléments qui ségrègent au moment de la solidification, tels
que le nickel et le manganèse. Il est donc clair que ces défauts se forment au moment
de la solidification de l'acier sur les cylindres. Leur apparition est liée aux contractions
du métal lors de la solidification, contractions dont l'ampleur dépend du chemin de
solidification, donc de la composition du métal coulé. Les conditions de contact entre
l'acier et la surface des cylindres ont également une grande importance, en ce qu'elles
gouvernent les transferts thermiques responsables de la solidification. Elles sont
principalement contrôlées par la rugosité de la surface des cylindres, et également
par la nature du gaz qui est présent au moment de la solidification dans les parties
gravées en creux de cette surface lorsqu'elle n'est pas parfaitement lisse. En effet,
ce gaz forme un "matelas" entre le métal et le cylindre, et son influence sur les
transferts thermiques dépend de sa nature et de sa quantité présente. Ces deux paramètres
sont, notamment, gouvernés par le dispositif d'inertage de la lingotière qui est utilisé
pour protéger l'acier liquide de l'oxydation atmosphérique, notamment dans la zone
où la surface du métal entre en contact avec le cylindre, appelée "ménisque". De manière
générale, les transferts thermiques sont plus intenses lorsqu'on utilise un gaz d'inertage
présentant une solubilité significative dans l'acier liquide, tel que l'azote, que
lorsqu'on utilise un gaz d'inertage insoluble dans l'acier liquide tel que l'argon.
[0005] Dans le document EP 0309247, il est proposé de conférer à la surface des cylindres
une rugosité sous forme de "fossettes", c'est à dire de gravures en creux d'ouvertures
circulaires ou ovales d'un diamètre de l'ordre de 0,1 à 1,2 mm et d'une profondeur
de 5 à 100 µm. Le document EP 0409645 s'intéresse également à la nature du gaz d'inertage,
et propose de conjuguer l'utilisation de fossettes avec celle d'un mélange de gaz
soluble (azote, hydrogène, CO
2, ammoniac) et insoluble (argon, hélium) dans le métal liquide. Un gaz d'inertage
trop soluble dans le métal risque de ne pas empêcher le métal de pénétrer jusqu'au
fond des fossettes: on obtient alors une solidification rapide génératrice de microcriques
(tout comme si la surface de coulée était rigoureusement lisse) qui, en outre, laisse
subsister des reliefs sur la surface de la bande constituant l'impression "en négatif'
des fossettes. Inversement, un gaz totalement insoluble risque de se dilater exagérément,
et d'imprimer des creux à la surface de la bande. Dans d'autres documents, il est
proposé de réaliser ces fossettes par usinage laser (EP 0577833) ou par grenaillage
(JP 6134553, JP 6328204). Dans tous les documents que l'on vient de citer, les fossettes
sont non jointives, et séparées les unes des autres par des plages planes ou très
faiblement rugueuses.
[0006] On a également proposé (document EP 0396862) de réaliser sur les cylindres des rainures
circonférencielles écartées les unes des autres de 50 µm à 3 mm, larges de 10 µm à
1 mm et profondes de 30 à 500 µm.
[0007] Un autre document (WO 95/13889) a proposé de réaliser des cylindres présentant sur
leur surface des crêtes et des rainures circonférencielles profondes de 10 à 60 µm
et espacées de 100 à 200 µm. Cette forme de gravure est conjuguée à une exigence sur
la composition du métal, qui est un acier inoxydable austénitique, par exemple de
type SUS 304, dont le rapport Cr
équ/Ni
équ doit être inférieur à 1,60, et même de préférence à 1,55. Cette dernière exigence
revient à dire que la solidification du métal doit s'effectuer dans le domaine de
l'austénite primaire. Si le rapport Cr
équ/Ni
équ est supérieur à ces valeurs, les bandes présentent des dépressions en forme de "peau
de crocodile" pouvant dégénérer en microcriques.
[0008] Toutefois, l'expérience montre que sur ces types d'aciers inoxydables austénitiques,
la bande est fortement sensible à la fissuration à chaud. Il y a alors le risque de
provoquer la formation de criques longitudinales de taille importante, qui constituent
un problème au moins aussi grave que celui posé par les microcriques que l'on cherchait
à éviter. Pour y remédier, il faut diminuer drastiquement les quantités d'éléments
résiduels fragilisants présents dans le métal, tels que le soufre et le phosphore.
Cela conduit à des exigences particulières sur le choix des matières premières et/ou
sur le mode d'élaboration de l'acier liquide qui, inévitablement, augmentent le prix
de revient des produits.
[0009] D'autre part, les méthodes que l'on vient de citer ne procurent pas totalement satisfaction,
en ce que, dans bien des cas, on constate toujours la formation de microfissures sur
le produit, même si elle est notablement réduite par rapport au cas où on coule l'acier
sur des cylindres lisses ou à rugosité non maîtrisée.
[0010] Le but de l'invention est de procurer aux aciéristes une méthode leur permettant
de couler des aciers inoxydables austénitiques, par exemple (mais pas uniquement)
ceux de type SUS 304 sous forme de bandes minces de quelques mm d'épaisseur, comportant
aussi peu que possible aussi bien de microcriques que de criques longitudinales, sans
pour autant qu'il soit nécessaire d'opérer sur un métal liquide à teneur drastiquement
faible en éléments résiduels.
[0011] L'invention a pour objet un procédé de coulée continue d'une bande d'acier inoxydable
austénitique directement à partir de métal liquide de composition, exprimée en pourcentages
pondéraux, C ≤ 0,08 %; Si ≤ 1 %; Mn ≤ 2 %; P ≤ 0,045 %; S ≤ 0,030 %; Cr compris entre
18,0 et 20,0 %; Ni compris entre 8,0 et 10,5 % sur une machine de coulée sur une ou
entre deux parois mobiles dont la surface extérieure est pourvue de fossettes et dont
on inerte la zone environnant le ménisque avec un gaz d'inertage de composition maîtrisée,
caractérisé en ce que:
- on confère audit métal liquide un rapport Créqu/Niéqu supérieur à 1,55, avec:

et

- on utilise une ou des parois mobiles dont l'ensemble de la surface comporte des fossettes
jointives de diamètre compris entre 100 et 1500 µm et de profondeur comprise entre
20 et 150 µm;
- et on utilise un gaz d'inertage consistant au moins partiellement en un gaz soluble
dans l'acier.
[0012] Dans un exemple préféré de réalisation, lesdites parois mobiles sont constituées
par les surfaces extérieures de deux cylindres refroidis à axes horizontaux tournant
en sens inverses.
[0013] L'invention a également pour objet une installation de coulée pour la mise en oeuvre
de ce procédé.
[0014] Comme on l'aura compris, le but poursuivi par l'invention est atteint en conjuguant
des exigences concernant la composition du métal, la rugosité de la ou des surfaces
de coulée et la composition du gaz d'inertage.
[0015] Comme on l'a dit, une bande mince d'un métal sensible à la fissuration à chaud est
fortement susceptible de développer lors de sa solidification des criques longitudinales.
Afin de remédier à cet inconvénient, il est proposé, selon l'invention, d'effectuer
la solidification de la bande non pas intégralement dans le domaine de l'austénite
primaire, mais dans un domaine comportant de la ferrite primaire. La proportion de
ferrite primaire ne doit cependant pas être trop importante, afin de minimiser les
contractions que subit le métal lors de sa solidification, contractions qui sont liées
au passage de la ferrite à l'austénite. Dans ces conditions, pour obtenir ce résultat,
un acier inoxydable austénitique (par exemple ceux du type SUS 304 selon la norme
AISI) dont la composition exprimée en pourcentages pondéraux, est: C ≤ 0,08 %; Si
≤ 1 %; Mn ≤ 2 %; P ≤ 0,045 %; S ≤ 0,030 %; Cr compris entre 17,0 et 20,0 %; Ni compris
entre 8,0 et 10,5 %, doit en plus répondre à la condition: Cr
équ/Ni
équ > 1,55, et de préférence 1,55 < Cr
équ/Ni
équ < 1,70. Avec Cr
équ/Ni
équ compris entre 1,55 et 1,70, les variations de volume liées à la transformation ferrite-austénite
qui débute avant la fin de la solidification demeurent minimes et sont aisément compensées
par des apports de métal liquide. Lorsque Cr
équ/Ni
équ est supérieur à 1,70, les contractions liées à la transformation ferrite-austénite
commencent à s'accroître et la réduction des microcriques devient moins significative.
[0016] Le rapport Cr
équ/Ni
équ est calculé à partir des formules de Hammar et Swensson, c'est à dire:


[0017] Cette composition particulière de l'acier, pour pouvoir pleinement jouer son rôle
de limitation des défauts superficiels, doit aller de pair avec une configuration
de la surface des cylindres de coulée garantissant une excellente homogénéité des
transferts thermiques sur l'ensemble de ladite surface. De ce point de vue, les configurations
habituellement utilisées dans l'art antérieur où les surfaces de coulée sont conditionnées
de manière à présenter des zones gravées en creux (rainures ou fossettes) séparées
les unes des autres par des plages planes ou très faiblement rugueuses, ne peuvent
convenir. En effet, elles présentent, notamment du fait de l'absence de possibilités
de passage du gaz d'une zone en creux à une autre, une alternance brutale de portions
relativement larges où le métal est directement au contact du cylindre refroidi et
de portions également larges où le métal est au contact d'un matelas gazeux qui adoucit
les conditions de refroidissement. Cette alternance est préjudiciable à une bonne
homogénéité du refroidissement de la bande, et devient un inconvénient majeur lorsqu'on
coule un métal susceptible de subir une transformation ferrite-austénite lors de sa
solidification.
[0018] Dans ces conditions, l'impression sur la surface des cylindres de fossettes jointives,
donc ne laissant que peu de place à un contact direct entre le métal et le cylindre
et permettant un passage du gaz d'inertage d'une fossette à l'autre, permet de réaliser
l'homogénéité de refroidissement souhaitée. Les pics de rugosité servent de sites
d'amorçage de la solidification, alors que les parties en creux constituent des "joints
de contraction" du métal au cours de la solidification, et permettent une meilleure
répartition des contraintes que si la surface des cylindres présentait entre les fossettes
des plateaux lisses ou faiblement rugueux. Bien sûr, une homogénéité du refroidissement
serait également réalisée si on utilisait des cylindres dont les surfaces seraient
rigoureusement lisses. Mais le refroidissement serait alors trop brutal et on ne profiterait
plus de la présence des joints de contraction qui permettent d"'amortir" la transformation
ferrite-austénite. Cela générerait des criques en grande quantité. D'autre part, on
se priverait de la possibilité de moduler l'intensité des transferts thermiques en
jouant sur la composition et le débit du gaz d'inertage, qui permet, par exemple,
de régler en cours de coulée le bombé des cylindres (voir la demande de brevet français
FR 2 732 627).
[0019] D'autre part, l'utilisation de fossettes plutôt que de rainures comme dans WO 95/13889
procure une solidification plus homogène sur la largeur du produit, du fait du caractère
aléatoire de la structure superficielle du cylindre.
[0020] Pour obtenir le résultat recherché, les fossettes jointives doivent avoir un diamètre
de 100 à 1500 µm si elles sont de forme au moins approximativement circulaire. Il
est entendu qu'elles peuvent également être de forme plus ou moins grossièrement elliptique.
Leurs dimensions doivent alors leur conférer une surface sensiblement équivalente
à celle qu'auraient des fossettes circulaires du type précédemment cité. Leur profondeur
est comprise entre 20 et 150 µm.
[0021] Les fossettes peuvent être imprimées sur les cylindres par les moyens habituels connus:
usinage laser, photogravure, grenaillage. Dans ce dernier cas notamment, il va de
soi que le mode opératoire pour obtenir des fossettes de la dimension recherchée doit
tenir compte des propriétés mécaniques de la couche de nickel qui, habituellement,
recouvre la surface de la virole en cuivre du cylindre.
[0022] Ces dimensions de fossettes doivent être conjuguées à une composition du gaz d'inertage
qui leur soit adaptée, au moins dans la zone du ménisque, où le gaz environnant est
piégé dans les fossettes entre la surface du cylindre et le ménisque. On ne peut,
par exemple, utiliser de l'argon pur, insoluble dans l'acier, car il formerait un
"matelas" trop épais qui rendrait trop hétérogène le contact entre l'acier et le cylindre.
Il y aurait ainsi une différence de température trop importante et trop brutale entre
les points de contact et de non-contact de la peau métallique avec le cylindre. Cela
ralentirait trop la solidification, donc la consolidation de la peau métallique, et
favoriserait ainsi l'apparition de criques. Inversement, l'utilisation d'un gaz soluble
pur tel que l'azote risque de ne pas convenir non plus dans le cas où les fossettes
ont un diamètre situé dans le haut de la fourchette précédemment définie et une profondeur
faible, car il ne pourrait empêcher l'acier de pénétrer profondément dans les fossettes,
et de présenter ainsi une surface de contact trop importante avec le cylindre. On
retomberait ainsi dans les problèmes que l'on voulait éviter, avec en plus le risque
de former des reliefs sur la bande qui seraient la réplique "en négatif" de la rugosité
des cylindres. Il faudra donc par la modélisation et/ou l'expérience, déterminer quels
sont les compositions de gaz d'inertage présent au niveau du ménisque les mieux adaptées
à des fossettes données et à des compositions de métal données. On utilisera le plus
généralement un gaz d'inertage constitué d'azote (50-100 %) et d'argon (0-50 %).On
obtient d'excellents résultats avec un tel gaz d'inertage, utilisé conjointement à
des fossettes jointives de diamètre 700 à 1500 µm et de profondeur 80 à 120 µm, pour
la coulée d'un acier inoxydable de type SUS 304 présentant un rapport Cr
équ/Ni
équ compris entre 1,55 et 1,70.
[0023] Il faut également prévoir d'équiper la machine de coulée continue d'un dispositif
d'inertage permettant de bien maîtriser la composition de l'atmosphère dans la zone
du ménisque. A cet effet, le dispositif décrit dans la demande de brevet français
FR 2 727 338 donne satisfaction, mais tout autre dispositif équivalent peut être utilisé.
[0024] Pour obtenir une qualité de surface du produit fini encore supérieure, on peut également
prévoir d'effectuer en ligne, juste après la coulée, un laminage à chaud à une température
comprise entre 800 et 1200°C, avec un taux de réduction supérieur ou égal à 5 %. Il
permet de réduire la rugosité de la bande brute de coulée et de conférer ainsi un
bel aspect de surface au produit fini laminé à froid.
[0025] A titre d'exemple, le tableau 1 illustre l'influence du rapport Cr
équ/Ni
équ de l'acier sur le nombre de microcriques par dm
2 relevées sur une bande coulée entre deux cylindres. Les résultats ont été relevés
pour deux diamètres moyens de fossettes (600 et 1000 µm), et pour un gaz d'inertage
composé de 90% d'azote et 10% d'argon. Les compositions des aciers correspondant aux
différents essais sont données dans le tableau 2: il s'agit d'aciers inoxydables austénitiques
de type SUS 304 dont les teneurs en éléments résiduels ne sont pas spécialement basses.
Tableau 1 :
influence du rapport Créqu/Niéqu sur le nombre de microcriques par dm2 |
Créqu/Niéqu |
Nombre de microcriques par dm2 diamètre moyen des fossettes 600 µm |
Nombre de microcriques par dm2 diamètre moyen des fossettes 1000 µm |
1,40 (référence) |
20 |
0 |
1,56 |
40 |
0 |
1,61 |
80 |
0 |
1,63 |
120 |
0 |
1,66 |
200 |
0 |
1,69 |
300 |
20 |
1,72 |
420 |
60 |
1,75 |
580 |
130 |
1,78 |
760 |
250 |
1,80 |
960 |
320 |
1,84 |
|
570 |

[0026] Comme on le voit, pour un diamètre moyen des fossettes de 1000µm, on obtient une
surface de bande exempte ou pratiquement exempte de microcriques jusqu'à un rapport
Cr
équ/Ni
équ de 1,69 inclusivement. On considère habituellement qu'une densité de microcriques
par dm
2 inférieure ou égale à 40 est un très bon résultat. De ce point de vue, l'utilisation
de fossettes de plus faible diamètre (600 µm) donne des résultats moins satisfaisants.
Mais il faut souligner que les bandes ainsi obtenues sont, pour les deux types de
fossettes, exemptes de criques longitudinales, sauf justement celles pour lesquelles
on avait un rapport Cr
équ/Ni
équ de 1,40. Et la présence de telles criques longitudinales, visibles à l'oeil nu, est
un défaut absolument rédhibitoire car il subsiste sur les produits laminés qu'il rend
totalement impropres à l'utilisation. Comme on l'a dit, pour ne pas obtenir de telles
criques longitudinales sur un acier qui aurait un rapport Cr
équ/Ni
équ inférieur 1,55, il faudrait abaisser ses teneurs en éléments fragilisants (soufre
et phosphore notamment), ce qui augmenterait sensiblement le coût de l'élaboration.
La conjugaison des conditions de coulée selon l'invention permet de résoudre ce problème.
[0027] On a également étudié plus en détail l'influence du diamètre des fossettes sur la
formation des microcriques, et les résultats en sont résumés dans le tableau 3. On
a considéré deux nuances différentes correspondant à des rapports Cr
équ/Ni
équ de 1,63 et 1,80 (voir le tableau 2 pour leur composition détaillée). Le gaz d'inertage
était composé de 90% d'azote et 10% d'argon.
Tableau 3 :
influence du diamètre des fossettes sur le nombre de microcriques par dm2 |
Diamètre moyen des fossettes (µm) |
Nombre de microcriques par dm2 Créqu/Niéqu = 1,63 |
Nombre de microcriques par dm2 Créqu/Niéqu = 1,80 |
100 |
400 |
2000 |
400 |
240 |
1350 |
600 |
120 |
960 |
800 |
30 |
580 |
1000 |
0 |
320 |
1200 |
20 |
300 |
1500 |
50 |
360 |
[0028] On voit dans ces exemples que c'est principalement pour des diamètres de fossettes
de l'ordre de 700 à 1500 µm et un rapport Cr
équ/Ni
équ de 1,63 que l'on obtient les meilleurs résultats, en terme de densité de microcriques.
On a noté sur tous les échantillons examinés l'absence de criques longitudinales.
[0029] En ce qui concerne l'influence de la composition du gaz d'inertage (en l'occurrence,
son caractère plus ou moins soluble dans l'acier), les résultats de son étude sont
résumés dans le tableau 4. Les essais ont été conduits en utilisant des cylindres
dont les fossettes avaient un diamètre moyen de 1000 µm.
Tableau 4 :
influence de la composition du gaz d'inertage sur le nombre de microcriques par dm2 |
% d'argon / d'azote |
Nombre de microcriques par dm2 Créqu/Niéqu = 1,63 |
Nombre de microcriques par dm2 Créqu/Niéqu = 1,80 |
0 / 100 |
5 |
300 |
10 / 90 |
0 |
320 |
20 / 80 |
0 |
360 |
30 / 70 |
10 |
400 |
40 / 60 |
20 |
440 |
50 / 50 |
50 |
490 |
60 / 40 |
90 |
|
80 / 20 |
200 |
|
100 |
300 |
|
[0030] On note que les résultats sont excellents principalement pour les teneurs en argon
inférieures ou égales à 50%, avec un rapport Cr
équ/Ni
équ de 1,63, l'optimum étant atteint pour un rapport argon/azote de 10 / 90 à 20 / 80
%. Au-dessus de 50 % d'argon, on constate toutefois que la rugosité du cylindre s'imprime
"en négatif' sur la bande de manière excessive, et on ne recommande pas de travailler
dans cette gamme de valeurs.
[0031] Enfin, en ce qui concerne l'influence d'un laminage à chaud en ligne effectué juste
après la coulée sur la rugosité Ra de la bande, le tableau 5 montre cette influence
sur des bandes comportant un rapport Cr
équ/Ni
équ de 1,63 coulées sur des cylindres à fossettes de diamètre moyen 1000 µm avec un gaz
d'inertage composé de 90% d'azote et de 10% d'argon.
Tableau 5 :
influence du laminage à chaud en ligne sur la rugosité de la bande |
Taux de réduction au laminage à chaud |
Ra (µm) |
0 % (pas de laminage) |
10,6 |
5 % |
4,2 |
10 % |
3,2 |
20 % |
2,2 |
30 % |
1,6 |
40 % |
1,4 |
50 % |
1,2 |
[0032] La rugosité de la bande diminue lorsque le taux de réduction de son épaisseur lors
du laminage à chaud augmente. Les rugosités Ra habituellement rencontrées sans laminage
à chaud sur les bandes de l'art antérieur sont de l'ordre de 4,5 µm au minimum: un
taux de réduction de 5% suffit donc pour obtenir des rugosités plus faibles dans les
conditions optimales de l'invention.
[0033] Comme on l'a dit, l'invention peut être appliquée sur des machines de coulée sur
une ou deux parois mobiles de produits métalliques minces, telles qu'une machine de
coulée sur un cylindre unique, ou une machine de coulée entre bandes. L'essentiel
est, pour cette installation, que la composition de l'acier, la ou les surfaces de
coulée mises au contact du métal liquide présentent les caractéristiques de rugosité
qui ont été décrites, et que l'environnement gazeux au niveau du ménisque puisse également
être rendu conforme à l'enseignement précédent.
1. Procédé de coulée continue d'une bande d'acier inoxydable austénitique directement
à partir de métal liquide de composition, exprimée en pourcentages pondéraux: C ≤0,08
%; Si ≤ 1 %; Mn ≤ 2 %; P ≤ 0,045 %; S ≤ 0,030 %; Cr compris entre 17,0 et 20,0 %;
Ni compris entre 8,0 et 10,5 % sur une machine de coulée sur une ou entre deux parois
mobiles dont la surface extérieure est pourvue de fossettes et dont on inerte la zone
environnant le ménisque avec un gaz d'inertage de composition maîtrisée, caractérisé
en ce que:
- on confère audit métal liquide un rapport Créqu/Niéqu supérieur à 1,55, avec:

et

- on utilise une ou des parois mobiles dont l'ensemble de la surface comporte des
fossettes jointives de diamètre compris entre 100 et 1500 µm et de profondeur comprise
entre 20 et 150 µm;
- et on utilise un gaz d'inertage consistant au moins partiellement en un gaz soluble
dans l'acier.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit rapport Créqu/Niéqu est compris entre 1,55 et 1,70.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que lesdites fossettes ont
un diamètre compris entre 700 et 1500 µm et une profondeur comprise entre 80 et 120µm.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ledit gaz d'inertage
est un mélange à 50-100 % d'azote et à 0-50 % d'argon.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'on fait subir à
ladite bande, directement après sa coulée, un laminage à chaud à une température de
800 à 1200°C avec un taux de réduction supérieur ou égal à 5 %.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que lesdites parois
mobiles sont constituées par les surfaces extérieures de deux cylindres refroidis
à axes horizontaux tournant en sens inverses.
7. Installation de coulée continue de produits métalliques minces du type comportant
une ou deux parois mobiles refroidies contre lesquelles est effectuée la solidification
desdits produits, lesdites parois comportant des fossettes, et un dispositif permettant
de maîtriser la composition de l'atmosphère gazeuse environnant le ménisque, caractérisé
en ce que lesdites fossettes sont jointives et ont un diamètre compris entre 100 et
1500 µm et une profondeur comprise entre 20 et 150 µm.
8. Installation de coulée continue de produits métalliques minces selon la revendication
7, caractérisée en ce que lesdites parois mobiles sont constituées par les surfaces
extérieures de deux cylindres refroidis à axes horizontaux tournant en sens inverses.