[0001] L'invention se rapporte à un procédé de fabrication de cathodes imprégnées destinées
à équiper des canons à électrons pour tube à rayons cathodiques.
Une cathode imprégnée comporte une pastille émissive poreuse en matériaux réfractaires
(Tungstène, Molybdène, Rhénium...) imprégnée de matériaux émissifs (Baryum, strontium,
calcium, aluminium, césium...). Cette pastille est disposée sur un support généralement
en forme de coupelle en métal réfractaire ( Tantale, molybdène...); l'ensemble forme
la partie supérieure de la cathode.
La pastille émissive et son support sont assemblés de manière à former un ensemble
mécaniquement capable de résister aux différentes étapes de fabrication de la cathodes
et aux températures élevées de fonctionnement de la dite cathode; par ailleurs le
contact entre la pastille et son support doit être le plus parfait possible afin de
garantir les performances de la cathode.
L'état de la technique enseigne différentes méthodes habituellement employées pour
réaliser la partie supérieure d'une cathode imprégnée :
- la première consiste à déposer une peinture sur la face arrière de la pastille émissive
pour pouvoir réaliser une soudure avec le support. La peinture est en général à base
de poudres de Molybdène et de Rhénium. Les inconvénients majeurs sont le prix élevé
de cette peinture, un stockage difficile de cette peinture du à une évaporation et
sédimentation fortes, une quantité déposée sur le support difficilement contrôlable
et reproductible ce qui engendre une épaisseur variable de cet interface, une impossibilité
de dépôt pour des cathodes de dimensions réduites (inférieures à 2 mm), un repérage
obligatoire de la face de la pastille recouverte de peinture pour effectuer la soudure.
- la deuxième, telle qu'indiquée dans le brevet US5218263, consiste à bloquer mécaniquement
la pastille émissive de la cathode sur le support par un chapeau ou une pièce couvrant
en partie celle ci. Le chapeau possède une ouverture pour permettre l'émission de
la pastille dans le tube. Ce chapeau est soudé avec le support et donc solidaire avec
la partie supérieure de la cathode. Les inconvénients majeurs sont :
- une augmentation du poids de la cathode pour réaliser cette structure et ceci au détriment
du temps d'allumage de la cathode
- une conduction thermique peu efficace de la pastille avec le reste de la cathode au
détriment des performances globales de la cathode
- un risque d'assemblage en bas ou avec un degré de liberté de la pastille dans son
logement
- la présence d'une pièce métallique entre l'électrode du canon située en face de la
cathode et la surface de la pastille, pièce qui modifie la conformation des champs
électriques appliqués
- un dépôt ultérieur de matériau abaissant le travail de sortie de la cathode en surface
de la pastille rendu difficile par la présence du chapeau
- la troisième, divulguée dans le brevet US5171180, consiste à assembler directement
les pastilles dans leur support sans réaliser de soudure puis de traiter ces ensembles
de pièces dans un four à hydrogène à haute température pour faire réagir chimiquement
les produits émissifs contenus dans la pastille avec le support afin de réaliser un
accrochage.
Les inconvénients majeurs sont :
- la perte des matériaux émissifs contenus dans la pastille pour pouvoir réaliser le
collage avec le support ce qui réduit la durée de vie de la cathode,
- le traitement dans un four à hydrogène par lot de petite taille de par la nécessité
de n'avoir qu'un seul empilement de pièces,
- le positionnement correct de la pastille non garanti lors des manipulations dans le
four ou par les mouvements engendrés de la pastille dans son logement lors de la réaction
chimique,
- une stabilité de positionnement non garantie de la pastille lors de l'utilisation
dû aux délaminations des produits engendrés créant seuls en principe la tenue mécanique.
- la quatrième, divulguée par le brevet US5128584, consiste à souder directement la
pastille de cathode avec son support avec un prétraitement rendant rugueuses les deux
surfaces jointives. La soudure est réalisée par résistance électrique et est rendue
possible grâce au bon contact réalisé entre les deux éléments. Les inconvénients majeurs
sont la puissance nécessaire au soudage du matériau réfractaire qui engendre une forte
élévation de température modifiant ou détruisant en partie les produits émissifs contenus
dans la pastille, la fragilité de la soudure car celle ci demeure faible et fragile
lors du montage des cathodes dans le canon à électron, l'obligation de repérer la
face de la pastille rendue rugueuse pour effectuer la soudure, la difficulté de repérer
la face d'une pastille de petite dimension (inférieur à 2 mm).
L'objet de la présente invention est un procédé de fabrication d'une cathode imprégnée
et plus particulièrement un procédé d'assemblage de la pastille émissive à son support
qui ne présente pas les inconvénients de l'état de la technique, qui soit simple à
mettre en oeuvre, économique, dont les effets sont neutres vis à vis de l'émissivité
de la pastille tout en garantissant un positionnement fiable et répétitif de la pastille
dans son support. Pour cela, le procédé de fabrication d'une cathode imprégnée selon
l'invention comporte une étape de soudure d'une pastille émissive poreuse en matériaux
réfractaires à l'intérieur d'un support en métal réfractaire caractérisé en ce que
pour faciliter la soudure un matériau d'apport purement métallique est disposé entre
la pastille et son support. Dans une forme de réalisation particulièrement avantageuse,
le matériau d'apport est une plaque métallique mince insérée entre la pastille et
son support.
L'invention sera mieux comprise à l'aide de la description ci-après et des dessins
annexés, parmi lesquels :
- la figure 1 représente vue en coupe une cathode imprégnée selon l'état de la technique
- la figure 2 illustre une représentation d'une cathode selon l'invention montrant en
éclaté la partie supérieure de la dite cathode
- les figures 3 et 4 illustrent un mode de réalisation préférentiel de l'invention respectivement
en vue de dessus et en coupe.
[0002] Comme indiqué sur la figure 1 une cathode imprégnée comprend généralement un corps
cylindrique 2 à l'extrémité duquel se trouve la partie supérieure de la cathode composée
de la pastille émissive 1 , comportant le plus souvent du Tungstène comme matériau
de base, disposée dans son support 13, le plus souvent en Tantale ou Molybdène. A
l'intérieur du corps 2 est inséré l'élément chauffant 5. Un cylindre 4 forme la jupe
extérieure de la cathode et sert de blindage thermique pour éviter les déperditions
de la chaleur créée par l'élément chauffant 5, augmentant ainsi le rendement thermique
de l'ensemble. Le corps de cathode 2 est maintenu en position à l'intérieur du blindage
4 par des pattes 3 soudées à la fois au corps 2, aux points 6, et à la jupe extérieure
4.
Une des difficultés concernant l'assemblage des différents éléments de la cathode
concerne la liaison de la pastille 1 à son support 13. Cette liaison doit être mécaniquement
résistante, offrir une excellente transmission thermique et être neutre vis-à-vis
des propriétés d'émission de la pastille, tout cela à des températures de travail
élevées et pouvant dépasser les 1200°C.
Les paramètres de stabilité en émission, de durée de vie, de temps d'allumage et de
stabilité de seuil d'émission dépendent essentiellement de la tenue mécanique de la
pastille avec le reste de la structure de la cathode.
Or comme la pastille émissive et son support sont en matériaux réfractaires, il est
extrêmement difficile d'effectuer par soudure la liaison directe des deux éléments;
les nombreuses solutions divulguées dans l'état de la technique n'offrant pas par
ailleurs de solution simple, fiable , peu coûteuse avec des caractéristiques de répétabilité
nécessaire pour l'industrialisation d'un élément clé pour un tube à rayons cathodiques.
Pour obtenir un contact parfait entre le support en métal réfractaire 13 et la pastille
émissive 1, contact qui permet d'optimiser la conduction thermique entre l'élément
chauffant 5 et la pastille il faut réaliser une soudure liant les matériaux entre
eux sans détruire la porosité de la pastille et sans modifier les caractéristiques
d'émission, ce qui interdit une soudure à trop haute température.
Comme indiqué sur la figure 2, et plus particulièrement sur la figure 4 montrant une
coupe de la partie supérieure de la cathode, l'invention propose d'insérer entre la
pastille émissive 1 et son support 13, un matériau d'apport métallique 8 neutre chimiquement
et qui permette de souder les deux éléments à une température suffisamment faible
pour ne pas détériorer les caractéristiques d'émission de la pastille. Pour cela,
le matériau choisi doit avoir un point de fusion situé entre la température de fonctionnement
de la cathode et celle des métaux constituant la pastille.
[0003] Le matériau d'apport, mis en interface entre la pastille et son support peut être
sous forme de poudre métallique, de ruban plat, de fil.
Comme il est nécessaire de minimiser la quantité de matériau d'apport afin de réduire
le poids et/ou la taille de la cathode, en particulier pour des raisons de rendement
thermique, le matériau d'apport peut, dans un mode de réalisation avantageux, être
déposé par vaporisation sous vide directement sur le support 13. De cette façon l'épaisseur
de la couche de matériau 8 peut être parfaitement contrôlée et est de préférence choisie
entre 1 et 25 microns , épaisseur permettant une bonne soudabilité des éléments 1
et 1 3 sans affecter les caractéristiques de rendement thermique de la cathode.
Dans un autre mode de réalisation préférentiel, le matériau d'apport est sous forme
de languette de métal, de faible épaisseur, choisie entre 1 et 25 microns.
Avantageusement la languette est découpée de manière à ne pas occuper toute la surface
de contact entre le support 13 et la pastille 1 afin de diminuer le poids du matériau
d'apport. Pour effectuer de façon certaine la soudure entre la pastille et son support,
il faut cependant que la surface couverte par le matériau d'apport soit suffisante
compte tenu des faibles dimensions des éléments à souder. L'expérience à montré qu'une
surface de languette comprise entre 0.4 et 0.7 fois la surface de la face de la pastille,
généralement de forme arrondie, venant en regard de son support 13 permettait d'assurer
la soudure des éléments dans de bonnes conditions de fiabilité.
Comme illustré sur la figure 3, montrant vue de dessus l'intérieur de la coupelle
support 13, la languette 10 est par exemple découpée en forme de rectangle au coins
arrondis, forme qui présente l'avantage d'un centrage automatique lors de son insertion
dans le dit support 13, généralement en forme de coupelle; de cette façon, on est
par ailleurs assuré de réaliser la soudure de la pastille 1 à son support 13 en situant
les points de soudure 9 dans la partie centrale de la pastille. Pour une pastille
émissive cylindrique de diamètre 1.27mm, il a été choisi par exemple une languette
métallique de 1.1mm de long par 0.6mm de large, avec une épaisseur de métal pouvant
être choisie entre 1 et 25 microns.
Le métal assurant l'interface 8 doit être choisi de manière de manière à ne pas avoir
de réaction chimique à haute température tout en permettant d'assurer une bonne liaison
mécanique entre la pastille et son support. De même son point de fusion doit être
suffisamment bas pour ne pas diminuer les caractéristiques d'émissivité de la pastille.
Divers métaux peuvent être utilisés, soit purs soit sous forme d'alliages, pour réaliser
l'invention; le Nickel, le Chrome, le Vanadium, le Rhénium ont par exemple donné d'excellents
résultats tant sur le plan mécanique que sur le plan de la neutralité vis-à-vis des
propriété d'émissivité de la pastille.
Dans un mode de réalisation avantageux, on a choisi le Nickel pur pour réaliser la
languette 10. Ce métal a une température de fusion de 1453°C, comprise entré la température
de fonctionnement de la cathode d'environ 1200°C et la température de fusion de la
pastille en Tungstène qui est de l'ordre de 3410°C; il a une bonne conductibilité
thermique et une très bonne soudabilité avec le Tungstène et le Tantale. Par ailleurs
le Nickel offre l'avantage supplémentaire d'être un matériau magnétique : ainsi il
permet d'envisager une dépose automatisée par électro aimant de la languette dans
la coupelle, dépose qui serait manuellement trés difficile compte tenu des faibles
dimensions des éléments constitutifs de la cathode.
1. Procédé de fabrication d'une cathode imprégnée comportant une étape de soudure d'une
pastille émissive poreuse en matériaux réfractaires à l'intérieur d'un support en
métal réfractaire caractérisé en ce que pour faciliter la soudure un matériau d'apport
purement métallique est disposé entre la pastille et son support.
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le matériau d'apport a un point
de fusion situé entre la température de fonctionnement de la cathode et celle des
métaux constituant la pastille émissive
3. Procédé selon l'une des revendications 1 à 2 caractérisé en ce que le matériau d'apport
est déposé sous vide sur le support de la pastille émissive
4. Procédé selon l'une des revendication 1 à 2 caractérisé en ce que le matériau d'apport
est sous forme de plaque métallique mince
5. Procédé selon l'une des revendications 1à 2 caractérisé en ce que le matériau d'apport
est sous forme de poudre métallique
6. Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que la plaque métallique est une
languette sensiblement rectangulaire
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que la surface
couverte par le matériau d'apport est préférentiellement choisie entre 0.4 et 0.7
fois le surface de la face de la pastille vennant en regard de son support
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que le matériau
d'apport est en matériau magnétique.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que la soudure
de la pastille à son support s'effectue dans la partie centrale de la pastille .
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que le matériau
d'apport est un métal pur.
11. Procédé selon l'une des revendications précédentes caractérisé en ce que le matériau
d'apport est du nickel .
12. Cathode pour tube à rayons cathodiques caractérisé en ce que son procédé de fabrication
est conforme à l'une des revendications précédentes.
13. Tube à rayons cathodiques caractérisé en ce qu'il incorpore au moins une cathode conforme
à la revendication précédente.