[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication d'une estrope en cordage
et l'estrope ainsi obtenue.
[0002] On connaît les estropes qui sont des cordages en boucle fermée, multitorons dont
les extrémités sont réintroduites en tant qu'âme de la boucle coaxialement au grelin
extérieur, enroulé de façon hélicoïdale.
[0003] Actuellement, les estropes connues sont réalisées par la succession des étapes suivantes
:
- utilisation d'un moule, c'est-à-dire d'une forme d'un diamètre sensiblement identique
au diamètre du cordage dans lequel l'estrope doit être réalisée, d'une longueur correspondant
sensiblement à celle de la longueur développée de l'estrope à obtenir,
- toronnage d'un cordage cinq fois sur ledit moule avec un pas suffisamment serré pour
limiter les jeux entre les cordages et immobiliser ces torons les uns contre les autres,
- retrait du moule en un point dit de pénétration, avec introduction simultanée des
extrémités libres du cordage ayant servi au toronnage, la longueur des extrémités
libres ayant été calculée pour assurer la pénétration du cordage sur une longueur
voulue, prédéterminée, en fonction du coefficient de frottement du cordage et d'autres
paramètres relevant du savoir-faire et non de l'invention. Cette longueur est généralement
égale à une 1/2 longueur développée de l'estrope.
[0004] On obtient ainsi une estrope finie, c'est-à-dire une boucle comprenant cinq toronnages
du même cordage sur une âme constituée par les extrémités de ce cordage.
[0005] Les estropes connues n'ont que cinq toronnages, si bien que la résistance est diminuée
par rapport à une estrope comprenant six toronnages ce qui est mécaniquement logique
mais aussi à cause du pas resserré de toronnage qui conduit à des angles plus prononcés
ce qui fait perdre de la résistance à l'ensemble.
[0006] Le nombre cinq est déterminé par les règles géométriques qui font qu'il est possible
de loger six cercles d'un diamètre donné autour d'un cercle central de même diamètre
et tangents à celui-ci, mais qu'il est impossible de loger six sections ovales dont
le grand diamètre est sensiblement parallèle à une tangente au cercle central.
[0007] En effet, le cordage étant toronné de façon hélicoïdale sur le cordage central formant
âme ou sur le moule lors de la fabrication, sur la figure 2 "art antérieur", une coupe
droite de l'estrope montre bien cette section ovale et non ronde des torons, le cordage
central ou le moule ayant une section parfaitement ronde, et on comprend l'impossibilité
de disposer six torons.
[0008] Néanmoins, la présente invention propose un procédé de fabrication d'une estrope
à six torons qui est d'une résistance de l'ordre de 20 % supérieure car d'une part,
il est prévu un sixième toron et d'autre part, l'angle de toronnage est diminué pour
faire en sorte de diminuer le grand diamètre de la section droite ovale de chaque
toron si bien que cela contribue aussi à l'augmentation de la résistance finale. En
effet, le pas est beaucoup plus grand et il n'est plus nécessaire de combler les jeux
entre les torons.
[0009] De plus le procédé selon l'invention est économique, surtout dans son mode principal
de réalisation, et il n'oblige à aucun investissement pour une entreprise du milieu
considéré, fabriquant de tels produits.
[0010] A cet effet, le procédé de fabrication d'une estrope de périmètre
C selon l'invention, à partir d'un seul et même cordage de diamètre D1, comprenant
une âme sur laquelle sont positionnés des torons, les extrémités dudit cordage constituant
cette âme avec un point de pénétration de ces extrémités, se caractérise en ce qu'il
comprend les étapes suivantes :
- découpe d'une longueur de cordage L nécessaire pour la fabrication de l'estrope de périmètre C,
- détermination d'une partie médiane du cordage pour former l'âme centrale et de deux
portions d'extrémité, sensiblement égale à 1/2 C, réservées de part et d'autre de la partie médiane,
- modification des diamètres relatifs de la partie médiane et des portions d'extrémité,
pour conférer un diamètre D1 aux portions d'extrémités et un diamètre D2 à la partie médiane,
- toronnage de six torons autour d'un moule de diamètre D1, à partir d'un point dit de pénétration de l'estrope,
- retrait du moule par le point de pénétration, et
- introduction des portions d'extrémité en lieu et place du moule pour former l'âme
de l'estrope.
[0011] Selon un mode de réalisation préféré du procédé, la modification de diamètre est
obtenue par les étapes suivantes :
- utilisation d'un cordage de diamètre nominal ayant des capacités à conserver un diamètre
restreint D2 lorsqu'il est étiré,
- étirage de la partie médiane pour lui conférer un diamètre D2<D1, le diamètre D1 des
portions d'extrémité étant conservé, afin que les torons soient réalisés à partir
d'un cordage de diamètre D2, autour d'une âme de diamètre D1.
[0012] Selon une variante du procédé :
- on utilise un cordage de diamètre nominal D1,
- on réalise une surépaisseur des portions d'extrémité pour leur conférer un diamètre
D'2 telle que D'2>D1, afin que les torons soient réalisés à partir d'un cordage de diamètre D1, autour d'une âme de diamètre D'2.
[0013] L'invention a aussi pour objet l'estrope à six torons ainsi obtenue.
[0014] Le procédé selon l'invention est décrit ci-après selon un mode de réalisation particulier,
non-limitatif, en regard des dessins annexés, sur lesquels les figures représentent
:
- figure 1, une vue en perspective d'une estrope,
- figure 2, une vue d'une section d'une estrope selon l'art antérieur,
- figure 3, une vue d'une section d'une estrope selon la présente invention,
- figures 4A à figures 4C, une vue des différentes étapes du procédé de fabrication
de l'estrope selon la présente invention, montrée figure 3.
[0015] Sur la figure 1, on a représenté une estrope 10 avec, extérieurement, des torons
sur une âme 12, symbolisée en trait discontinu sur cette figure, avec un point de
pénétration 14 des portions libres d'extrémité 16 et 18 du cordage 20 de toronnage,
formant ladite âme, avec un point de jonction 19.
[0016] Sur la figure 2, la section droite d'une estrope de l'art antérieur fait apparaître
cinq torons,
a,
b,
c,
d,
e du cordage 20, disposés sur l'âme 12. On remarque la section ovale des torons tandis
que la section de la portion libre d'extrémité 16 ou 18 du cordage ayant servi à la
réalisation des torons, en position centrale, formant l'âme, est parfaitement ronde.
[0017] Il n'est pas possible de disposer six torons de façon hélicoïdale car seuls six cercles
d'un diamètre
D peuvent être disposés avec un point de tangence en périphérie d'un cercle central
de même diamètre
D.
[0018] De plus sur ce cordage à cinq torons, le grand axe de l'ellipse est assez grand pour
que les torons enroulés viennent au contact les uns des autres en se bloquant, ce
qui oblige à un pas de toronnage court et un angle d'enroulement hélicoïdal important.
On sait que cela diminue la résistance totale de l'estrope dans des proportions très
significatives.
[0019] Le procédé selon l'invention permet de réaliser une estrope dont la section droite
est montrée sur la figure 3.
[0020] Cette estrope comprend six torons
I,
II,
III,
IV,
V et
VI d'un diamètre
D2 autour d'une âme 12 d'un diamètre
D1. Chaque toron est une ellipse dont le petit axe
d1, égal à
D2, est d'une dimension inférieure à celle du grand axe
d2.
[0021] Le grand axe
d2 est très faiblement inférieur ou égal à
D1, puisque seuls six cercles peuvent être logés avec un point de tangence à la périphérie
d'un cercle de même diamètre. Le diamètre
D2 doit être inférieur à
D1.
[0022] Pour arriver à un tel résultat, le procédé de mise en oeuvre est décrit ci-après
en se référant aux figures 4A à 4C.
[0023] Il convient de prendre un cordage avec lequel doit être réalisée l'estrope, le diamètre
et la texture étant choisis tout d'abord pour répondre au cahier des charges prescrit
et à la rupture ou à la charge maximale d'utilisation.
[0024] Préalablement à la réalisation de l'estrope elle-même, il est prévu un traitement
particulier du cordage, figure 4A, pour réduire sur une zone donnée le diamètre de
ce cordage.
[0025] Le cordage est choisi parmi les cordages en un matériau qui leur permet d'avoir une
certaine capacité à se contracter et donc à se restreindre en diamètre lorsqu'ils
sont étirés et qui conserve ce diamètre réduit même après que la traction a cessé.
[0026] On connaît par exemple les cordages commercialisés sous la marque DYNÉMA, qui présentent
cette caractéristique.
[0027] Aussi, le procédé consiste à préparer une longueur de cordage nécessaire pour la
réalisation de l'estrope, soit environ 7,5 fois le périmètre
C moyen de cette estrope. Il faut tenir compte de l'allongement que va subir ce cordage
lors de la mise en oeuvre du procédé comme cela sera expliqué ultérieurement.
[0028] Ce cordage a un diamètre nominal nominal.
[0029] Le cordage est ensuite immobilisé dans des moyens de serrage 20, symbolisés sur cette
figure 4A, en des points précis situés, dans le cas d'une âme symétrique d'une longueur
C, à un minimum d'1/2
C de l'extrémité libre.
[0030] Une traction est ensuite exercée entre ces deux moyens de serrage pour assurer l'étirage
du cordage, dans la seule partie médiane, comprise entre les moyens de serrage, le
diamètre du cordage passant de
D1 à
D2, avec
D2<
D1.
[0031] Le diamètre
D2 est déterminé par les différents paramètres que sont :
- le pas de toronnage,
- le diamètre D1 qui donne la valeur maximale du grand axe d2 de l'ellipse, et
- la détermination du petit axe d1 de l'ellipse qui donne la valeur maximale de D2.
[0032] Les deux portions d'extrémité, en dehors des moyens de serrage conservent le diamètre
D1 initial.
[0033] Après relâchement de l'effort de traction, le cordage conserve ce diamètre
D2, dans sa partie médiane.
[0034] Sur la figure 4B, on toronne la partie médiane du cordage de l'estrope au diamètre
D2, sur un moule 22 qui est par exemple un fil d'acier, au diamètre
D1.
[0035] On réalise successivement six passages pour former un grelin à six torons.
[0036] On retire ensuite le moule à travers les torons au droit du point d'introduction
14 et, simultanément, on fait pénétrer les portions d'extrémité du cordage, au diamètre
D1, dans le volume libre laissé par le retrait progressif du moule, ceci avec les méthodes
connues de l'homme de l'art.
[0037] On obtient ainsi l'estrope dont la coupe est montrée sur la figure 3.
[0038] Ce procédé est particulièrement facile à mettre en oeuvre, il requiert des moyens
de traction pour l'étirage du cordage, qui sont présents dans les entreprises du domaine
technique considéré et la réalisation proprement dite de l'estrope par toronnage et
introduction des portions d'extrémité en lieu et place du moule, est de type connu.
[0039] Selon une variante de réalisation de l'invention, il est aussi possible de conserver
le cordage au diamètre nominal
D1 dans la partie médiane et de grossir les portions d'extrémité à un diamètre
D'2 sur une longueur correspondant sensiblement à un minimum d'1/2 périmètre
C. Cette augmentation de diamètre passe, par exemple par un toronnage simple d'un cordage
de diamètre adéquat autour de ces portions d'extrémité.
[0040] Ceci permet également de loger six torons de diamètre
D1 à la périphérie de l'âme de diamètre
D'2, tout en conservant un cordage unique, monolithique.
[0041] Cette variante est tout à fait réalisable mais industriellement on lui préfère le
mode principal de mise en oeuvre du procédé car il paraît être le moins cher et de
plus il n'y a aucun élément rapporté de façon artificielle pour augmenter le diamètre.
[0042] Néanmoins, on remarque la possibilité offerte par cette variante de fabriquer des
estropes avec des cordages n'ayant pas de capacité à conserver le diamètre réduit
par traction.
[0043] Certains cordages ont des capacités à conserver un diamètre réduit mais avec un certain
relâchement si bien que, lors de la fabrication, il faut tenir compte de ce relâchement.
[0044] Dans tous les cas, il convient impérativement de ne pas dégrader les caractéristiques
mécaniques du cordage par des efforts de traction trop importants durant l'étirage
et on a remarqué, dans le cas du DYNÉMA, qu'une traction au 1/5 de la résistance à
la rupture était un bon compromis.
1. Procédé de fabrication d'une estrope de périmètre
C à partir d'un seul et même cordage de diamètre
D1, comprenant une âme sur laquelle sont positionnés des torons, les extrémités dudit
cordage constituant cette âme avec un point de pénétration de ces extrémités, caractérisé
en ce qu'il comprend les étapes suivantes :
- découpe d'une longueur de cordage L nécessaire pour la fabrication de l'estrope
de périmètre C,
- détermination d'une partie médiane du cordage pour former l'âme centrale et de deux
portions d'extrémité, sensiblement égale à ½ C, réservées de part et d'autre de la
partie médiane,
- modification des diamètres relatifs de la partie médiane et des portions d'extrémité,
pour conférer un diamètre D1 aux portions d'extrémités et un diamètre D2 à la partie
médiane,
- toronnage six fois d'un même cordage autour d'un moule de diamètre D1, à partir
d'un point dit de pénétration de l'estrope, afin de former un grelin,
- retrait du moule par le point de pénétration, et
- introduction des portions d'extrémité en lieu et place du moule pour former l'âme
de l'estrope.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que pour réaliser la modification
de diamètre :
- on utilise un cordage de diamètre nominal ayant des capacités à conserver un diamètre
restreint D2 lorsqu'il est étiré,
- on étire la partie médiane pour lui conférer un diamètre D2<D1, le diamètre D1 des
portions d'extrémité étant conservé, afin que les torons soient réalisés à partir
d'un cordage de diamètre D2, autour d'une âme de diamètre D1.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que pour réaliser la modification
de diamètre :
- on utilise un cordage de diamètre nominal D1,
- on réalise une surépaisseur des portions d'extrémité pour leur conférer un diamètre
D'2 telle que D'2>D1, afin que les torons soient réalisés à partir d'un cordage de
diamètre D1, autour d'une âme de diamètre D'2.
4. Estrope à six torons obtenue par le procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 3.