[0001] L'invention concerne un bloc de carapace en béton moulé monobloc pour structure de
protection des ouvrages maritimes et fluviaux contre les vagues et les courants, et
un moule pour la réalisation d'un tel bloc.
[0002] Les caractéristiques techniques recherchées en matière de blocs artificiels sont
d'une part la stabilité hydraulique et d'autre part la robustesse.
[0003] Outre ces caractéristiques techniques, le but des concepteurs de blocs est de diminuer
le volume de béton nécessaire pour une carapace donnée tout ayant une stabilité et
une robustesse en accord avec leur utilisation. Pour cela les concepteurs jouent sur
les dimensions, et les angles des parties constitutives du bloc afin d'augmenter le
volume des espaces vides entre blocs imbriqués.
[0004] La tendance des concepteurs est de modifier les dimensions et les formes générales
des pattes ou enclumes constitutives du bloc de manière à générer une forte imbrication
tout en ayant plus d'espaces vides dans les imbriquements de blocs. A cet égard on
pourra comparer le bloc du document US-A-4347017 datant des années 80, avec le bloc
plus élancé du document US-A-5441362 plus récent. En outre, dans le but de réduire
le volume de béton sur chaque bloc, les formes des blocs sont élancées.
[0005] Cela a pour conséquence de fragiliser les pattes des blocs qui sont alors plus longilignes.
[0006] Les blocs résultant donnent un résultat d'économie de béton non négligeable. Cependant
ils sont moins robuste et de ce fait, à terme, il peut apparaître dans la carapace
un défaut de recouvrement occasionnant , dû aux blocs brisés se tassant, mettant à
découvert une partie des ouvrages maritimes et fluviaux et pouvant être à l'origine
de dommages.
[0007] NL-A-8903138 concerne un bloc de carapace en béton moulé. Le but que se propose d'atteindre
ce document est de compenser la fragilité des blocs par un dispositif visant à diminuer
la force de collision maximale exercée sur un bloc par les autres blocs l'entourant.
[0008] La solution proposée est de pourvoir le bloc de carapace en béton moulé d'une couche
superficielle, en asphalte, en caoutchouc, ou encore en composite ciment-caoutchouc,
de rigidité inférieure au bloc de carapace. Ainsi les chocs entre blocs sont amortis.
[0009] Il est en outre précisé que cette couche superficielle peut avantageusement, et pour
le même but, présenter des saillies ou arrêtes faites de bois, de caoutchouc ou de
béton pour rendre la couche superficielle moins rigide que le bloc qu'elle recouvre.
[0010] Cependant, les formes de saillies et arrêtes proposées sont géométriquement régulières.
[0011] L'axe de réflexion ayant menée à la présente invention est très différent. Il repose
sur une amélioration sensible de l'accrochage des bloc entre eux de manière à améliorer
le coefficient hydraulique de la carapace et donc limiter les mouvements et les chocs
entre blocs.
[0012] L'un des buts de la présente invention est donc de conserver les rapports dimensionnels
optimaux des blocs existants et de réaliser sur les surfaces de blocs un relief accidenté
irrégulier, sans influence sur la résistance structurelle, constituant une pluralité
d'aspérités. Ainsi, sans affaiblir la résistance structurelle des blocs, on obtient
une amélioration isotropique de l'accrochage.
[0013] A cet égard, la présente invention s'oppose complètement à l'idée générale selon
laquelle en vue d'en faciliter la fabrication, et notamment le démoulage, les blocs
de carapace en béton moulé monobloc doivent présenter une peau extérieure lisse provenant
de moulage, avec éventuellement, comme dans NL-A-8903138 une couche superficielle
rajoutée.
[0014] En outre le caractère régulier des saillies et arrêtes amortisseurs rajoutées proposées
dans NL-A-8903138 va à l'opposé du caractère isotropique d'accrochage des blocs selon
l'invention.
[0015] l'invention concerne donc un bloc de carapace en béton moulé monobloc pour structure
de protection des ouvrages maritimes et fluviaux ayant une surface extérieure de forme
générale définissant un polyèdre lisse. Selon l'invention au moins une partie de la
surface extérieure du bloc présente des protubérances et/ou des gorges moulés dans
la masse du bloc, les protubérances et/ou les gorges présentant des faces dans des
plans sécants au plan général local du polyèdre lisse, ces les protubérances et/ou
les gorges formant ensemble un relief accidenté irrégulier.
[0016] Le relief accidenté irrégulier permet d'augmenter le coefficient d'accrochage entre
blocs dans toutes les directions (isotropique), et donc d'élever le coefficient de
stabilité hydraulique. Le coefficient d'accrochage étant augmenté, l'inertie élémentaire
du bloc (masse de béton pour un bloc) peut être réduite, la diminution de la masse
de chaque bloc étant compensé par le meilleur accrochage entre blocs. Cela permet
une économie de béton sur la réalisation d'une surface donnée de carapace.
[0017] Les faces des protubérances et/ou des gorges sont autant de plans secondaires d'orientations
différentes qui multiplient les possibilités de contact plan à plan stabilisé entre
blocs par rapport aux surfaces lisses de l'art antérieur.
[0018] La multiplication des possibilités de contact stabilisé plan à plan entre blocs induit
une augmentation du volume des espaces vides inter-bloc.
[0019] En outre les protubérances et/ou gorges étant moulées dans la masse, la résistance
mécanique du bloc est conservé, et les aspérités résultantes présentent une résistance
au cisaillement bien supérieure à des aspérités venant en couche superficielle rapportée
[0020] De ce fait, avec un même nombre de blocs on obtient une carapace de plus grande surface
tout en conservant un effet de groupe équivalent à l'art antérieur.
[0021] Les critères environnementaux imposent, de plus en plus, que les ouvrages artificiels
s'intègrent au mieux dans le cadre naturel du lieu où ils sont installés. A cet égard
les blocs de carapace en béton moulé monobloc à peau lisse ne répondent pas à ces
critères et dénaturent les sites où ils sont utilisés. Sur ces chantiers il est alors
nécessaire d'utiliser des enrochements naturels issus de carrière. Or l'ouverture
de carrières est, elle aussi, sévèrement réglementée et le transport d'enrochements
naturels de taille adaptée est source de nuisance (circulation, bruit, pollution,
mise en place d'infrastructure d'accès etc...).
[0022] C'est donc un autre but de la présente invention de proposer des blocs de carapace
en béton moulé monobloc selon l'invention ayant des protubérances et/ou des gorges,
provenant de moulage, de forme générale semblable à la forme générale des aspérités
naturelles du type de roche du site où ils sont installés (géomorphisme).
[0023] A cet effet l'invention concerne un bloc de carapace en béton moulé monobloc ayant
des protubérances et/ou des gorges, provenant de moulage, disposé dans un lieu ayant
un géomorphisme donné. Selon l'invention les protubérances et/ou des gorges, provenant
de moulage, présentent un géomorphisme général sensiblement équivalent au géomorphisme
des aspérités du lieu considéré.
[0024] Outre les avantages généraux des blocs selon l'invention, le bloc ayant cette caractéristique
a pour avantage de remplacer l'enrochement naturel sans détériorer le site, et en
limitant les contraintes liées à la fourniture et à l'acheminement des enrochements
naturels vers le site.
[0025] Avantageusement le béton constitutif du bloc pourra être coloré dans les tons du
milieu géologique du lieu considéré.
[0026] L'invention concerne aussi un moule pour réaliser un bloc selon l'invention.
[0027] D'autres avantages et caractéristiques de la présente invention résulteront de la
description qui va suivre en référence aux dessins annexés dans lesquels :
[0028] Les figures 1A à 1C sont des vues schématiques d'un bloc selon l'invention.
[0029] Les figures 2A à 2D sont des vues schématiques d'un exemple de réalisation d'un bloc
selon l'invention avec géomorphisme granitique.
[0030] Les figures 3A à 3D sont des vues schématiques d'un exemple de réalisation d'un bloc
selon l'invention avec géomorphisme basaltique.
[0031] Les blocs proposés en exemple sont des blocs ayant pour polyèdre lisse la forme des
blocs de US-A-4347017 cependant ces exemples destinés à illustration la description
ne sont nullement limitatifs du type de base des blocs selon l'invention.
[0032] L'invention concerne un bloc 1 de carapace en béton moulé monobloc pour structure
de protection des ouvrages maritimes et fluviaux.
[0033] Ce bloc 1 est constitués de pattes 2 agencées ensemble selon des angles et des écarts
inter-patte donnés.
[0034] Ce bloc 1 a une surface extérieure 6 de profil général définissant un polyèdre lisse
3. On appelle polyèdre lisse 3 la surface lissée du profil extérieur du bloc. Dans
l'art antérieur ce polyèdre lisse correspond à la surface extérieure brute de décoffrage
du bloc.
[0035] Selon l'invention, au moins une partie de la surface extérieure 6 présente, par rapport
au polyèdre lisse 3, des protubérances 4 et/ou des gorges 5 provenant de moulage.
[0036] Il est clair que les défauts de surface résultant du décoffrage d'un moule lisse
de l'art antérieur ne constituent pas les protubérances 4 et/ou gorges 5 du bloc 1
selon la présente invention.
[0037] Pour un bloc 1 selon l'invention le polyèdre lisse 3 du bloc 1 est polyèdre imaginaire
correspondant la surface extérieure d'un bloc équivalent qui aurait été coulé dans
un moule lisse.
[0038] Les protubérances 4 et/ou les gorges 5 sont dues à des gorges et/ou protubérances
volontairement réalisées dans le moule (non représenté) du bloc 1.
[0039] Avantageusement, le moule (non représenté) peut être le moule lisse du bloc à peau
lisse équivalent dans lequel ont été rajoutés des éléments protubérants comprenant
ou générant entre eux des gorges, de manière que lorsque le béton est coulé dans le
moule, il en résulte, en positif, des gorges 5 et des protubérances 4 sur le bloc
1.
[0040] Ainsi on comprend bien que, tout en respectant les proportions optimales d'un bloc
lisse équivalent, le volume élémentaire de béton nécessaire à la réalisation d'un
bloc 1 selon l'invention est diminué du volume des éléments protubérants ajoutés dans
le moule, ces éléments protubérants créant sur le bloc 1 des gorges 5 et de protubérances
4 venant, du fait de l'augmentation du coefficient d'accrochage, pallier le défaut
de masse élémentaire du bloc 1 par rapport à son équivalent lisse.
[0041] Ces protubérances 4 et/ou gorges 5 présentent des faces constitutives dans des plans
sécants au plan local du polyèdre lisse et forment ensemble un relief accidenté irrégulier.
De ce fait cela augmente considérablement le nombre de plan dans lesquels les blocs
1 imbriqués sont susceptibles de se retrouvés en appui stabilisé. L'imbriquement qui
en résulte présente des espaces de vide inter-blocs plus important qu'avec des blocs
à peau lisse tout en préservant l'effet de groupe de la carapace.
[0042] Les figures 2A-2D et 3A-3D représentent deux exemples de blocs selon l'invention
sur lesquels les protubérances 4 et/ou les gorges 5 présentent un géomorphisme similaire
avec respectivement un site granitique et un site basaltique. De cette manière, les
blocs selon l'invention s'intègrent dans leur site de dépôt sans le dénaturer.
[0043] Le bloc géomorphique peut être avantageusement teint dans la masse dans un ton semblable
aux couleurs géologiques du site dans lequel il est déposé.
[0044] Avantageusement le moule selon la présente invention peut être un moule lisse réhabilité.
La réalisation d'un tel moule réhabilité peut comprendre les étapes suivantes :
[0045] On réalise un bloc lisse homothétique de volume inférieur au volume du moule lisse
à réhabiliter, de manière qu'il existe une épaisseur de vide entre le moule à réhabiliter
le bloc.
[0046] Dans un premier mode de réalisation, on sculpte directement sur le bloc les protubérances
et les gorges; puis on maintien le bloc sculpté centré dans le moule et on coule un
matériau moulable entre le bloc sculpté et la paroi lisse du moule. On obtient ainsi
un moulage du bloc reproductible, et parfaitement intégrée dans des moules lisses
à réhabiliter.
[0047] Dans un deuxième mode de réalisation, le bloc lisse est enduit d'une épaisseur de
matériau facilement façonnable dans laquelle sont façonnées les protubérances et les
gorges; puis on maintien le bloc à couche extérieure façonnée centré dans le moule
et on coule un matériau moulable entre le bloc à couche extérieure façonnée et la
paroi lisse du moule. On obtient ainsi un moulage du bloc reproductible, et parfaitement
intégrée dans des moules lisses à réhabiliter.
[0048] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée aux modes de réalisation décrits et représentés,
mais elle est susceptible de nombreuses variantes accessibles à l'homme du métier
sans que l'on s'écarte de l'invention. En particulier, on pourra, sans sortir du cadre
de l'invention, remplacer le bloc de base lisse par tout autre bloc connu. De même
on pourra, sans sortir du cadre de l'invention, décliner des blocs ayant des géomorphismes
semblables à d'autres géomorphismes naturels que granitique ou basaltique.