Domaine technique
[0001] L'invention concerne le domaine des produits laminés ou filés, tels que tôles, bandes,
tubes, barres, fils ou profilés, en alliage d'aluminium du type AlMgMn à Mg > 3 %
en poids, destinés à des constructions soudées nécessitant, en plus d'une limite élastique
élévée, d'une bonne résistance à la fatigue et d'une bonne tenacité, une bonne résistance
à la corrosion pour des applications structurales, comme par exemple, les bateaux,
les constructions offshore ou les véhicules industriels.
Etat de la technique
[0002] Il est bien connu que l'utilisation des alliages AlMg de la série 5000 selon la nomenclature
de l'Aluminum Association à l'état écroui (état H selon NF EN 515), soit totalement
écroui (état H1), soit partiellement adouci (état H2) ou stabilisé (état H3), permet
d'obtenir de bonnes caractéristiques mécaniques et une bonne tenue à la corrosion.
A titre d'exemple, les alliages 5083 et 5086 sont largement utilisés dans le domaine
de la construction mécanique, soudée ou non, pour des applications qui exigent une
tenue à la corrosion correcte.
[0003] Toutefois, après soudage, la zone affectée thermiquement autour du joint de soudure
se trouve à l'état recuit (état O), avec des caractéristiques mécaniques moindres,
ce qui ne permet pas d'exploiter pleinement, dans des constructions soudées, les caractéristiques
mécaniques du matériau. En effet, les organismes de certification et de contrôle recommandent
généralement de ne tenir compte que des caractéristiques mécaniques à l'état O pour
le dimensionnement d'une structure.
[0004] Il est bien connu que l'utilisation d'alliages plus chargés en magnésium et en manganèse
permet d'augmenter les caractéristiques mécaniques à l'état O. Toutefois, ceci se
fait en général au détriment de la tenue à la corrosion et à la fatigue, et augmente
la vitesse de propagation des fissures.
C'est pour cette raison qu'il existe dans la norme NF EN 515 un état métallurgique
spécifique (H116) pour les alliages de la série 5000 contenant au moins 4 % de magnésium,
auquel s'attachent des limites de caractéristiques mécaniques et une résistance à
la corrosion exfoliante spécifiés.
[0005] C'est encore pour cette raison que certains codes de conception de constructions
mécaniques limitent l'usage des alliages de la série 5000 contenant plus de 4 % de
magnésium dans un environnement corrosif, si la température de la pièce en service
risque de dépasser une température spécifiée entre 65 et 80 °C. En effet, il est bien
connu que ces alliages sont susceptibles d'une sensibilisation thermique à la corrosion,
un effet cumulatif qui se manifeste par la précipitation intergranulaire de Al
3Mg
2, diminuant ainsi la cohésion des grains. Il est lié au fait qu'à partir d'une teneur
en magnésium supérieure à 3 %, une fraction significative du magnésium se trouve en
solution sursaturée et peut précipiter lors du réchauffage du métal corroyé (voir:
D. Altenpohl, « Aluminium und Aluminiumlegierungen », Berlin / Göttingen 1965, pp.
654 et 675). Cet effet connu depuis longtemps apparaît comme inévitable et limite
finalement, par l'intermédiaire de la teneur en magnésium, les caractéristiques mécaniques
des produits corroyés en alliages AlMgMn pour construction mécanique et plus particulièrement
pour construction mécanique soudée. On considère pour cette raison que les alliages
de corroyage AlMg et AlMgMn avec une teneur en magnésium supérieure à 5,6 % ne présentent
aucun intérêt (cf: Aluminiumtaschenbuch, 14ème édition, Düsseldorf 1983, p. 44).
[0006] Pour améliorer les caractéristiques mécaniques, les travaux de recherche se sont
surtout concentrés sur deux aspects: la conduite de l'opération de soudage elle-même,
afin d'améliorer les caractéristiques mécaniques du joint soudé, et en particulier
sa résistance à la fatigue; et les traitements thermomécaniques, afin d'améliorer
la tenue à la corrosion de la pièce. Toutefois, il existe une limite pratique à ces
tentatives d'améliorer les alliages AlMgMn, car tout progrès dans ce domaine ne peut
s'imposer dans la pratique industrielle qu'à la condition d'éviter des traitement
thermomécaniques coûteux et complexes, et de conduire à une gamme de fabrication assurant
une production fiable. Cette dernière condition signifie qu'une petite variation d'un
paramètre de production, par exemple la température du métal en sortie du laminoir
à chaud, ne doit pas engendrer une importante variation sur les propriétés du produit
final.
[0007] C'est ainsi que les demandes de brevet japonais JP 06-212373 et JP 06-93365, concernant
des alliages AlMgMn transformés selon des gammes complexes et difficiles à fiabiliser,
ne répondent pas à l'objectif.
[0008] De même, la demande de brevet européen EP 0385257 (Sumitomo Light Metal Industries
Ltd) revendique l'application d'une méthode de traitement thermomécanique complexe
et peu fiable à un alliage contenant, entre autres, de 4,0 à 6,0 % de magnésium et
de 0,1 à 1,0 % de manganèse. L'application visée n'est pas celle de la construction
mécanique, mais celle du couvercle pour boîtes; les caractéristiques techniques (notamment
la résistance à la corrosion par piqûres) de ce produit se comparent favorablement
à celles des produits connus pour cette application, mais ne répondent pas aux exigences
de la construction mécanique soudée.
[0009] La demande de brevet allemand DE 2443443 (Siemens AG) revendique un composant de
machine en alliage d'aluminium soudable, contenant, entre autres, 3,5 à 4,9 % de Mg
et 0,5 à 1,5 % de Mn. Aucune information n'est donnée sur les caractéristiques mécaniques
ou sur la résistance à la corrosion de ce produit.
[0010] La demande de brevet européen EP 0507411 (Hoogovens Aluminium) décrit l'application
d'une gamme de traitement thermomécanique complexe à un alliage AlMgMn contenant,
entre autres, 0,8 à 5,6 % de Mg, jusqu'à 1 % de Mn et certains autres éléments tels
que Fe, Ni Co, Cu, Cr et Zn. Le produit ainsi obtenu est caractérisé par une bonne
aptitude à la mise en forme, notamment un bon allongement à la rupture, et l'absence
de lignes de Lüders. Il ne répond pas aux besoins de construction soudée résistant
à la corrosion.
[0011] Le brevet européen EP 0015799 (Ateliers et Chantiers de Bretagne) divulgue un alliage
soudable contenant entre autres 3,5 à 4,5 % de magnésium et 0,2 à 0,7 % de manganèse
pour la fabrication de tubes pour application cryogénique. Cette application ne pose
pas le problème de la sensibilisation thermique à la corrosion, et le document ne
mentionne ni les caractéristiques mécaniques ni les autres propriétés d'usage du produit.
[0012] Le brevet américain US 4043840 (Swiss Aluminium Ltd) décrit un alliage AlMg sans
manganèse, contenant entre autres 2,0 à 6,0 % de magnésium et 0,03 à 0,20 % de vanadium.
Le vanadium diminue la conductivité électrique intrinsèque du métal et augmente la
résistance de contact de la tôle, la rendant ainsi particulièrement apte au soudage
par points. Le produit est destiné aux renforts de carosserie d'automobiles; les caractéristiques
pertinentes pour application structurale ne sont pas décrites.
[0013] Finalement, le brevet américain US 3502448 (Aluminum Company of America) décrit un
alliage contenant, entre autres, 4 à 5,5 % de magnésium, 0,2 à 0,7 % de manganèse,
qui conduit, moyennant un laminage à froid, à des tôles et bandes minces aptes à la
fabrication de couvercles de boîte boisson, condition que la relation entre les teneurs
en Mg et Mn soit conforme à une certaine relation algébrique. Ce brevet ne concerne
pas non plus le domaine de la construction mécanique soudée.
[0014] Récemment, la demanderesse, dans deux demandes de brevet français, a présenté une
nouvelle approche à l'amélioration des produits AlMgMn pour applications structurales,
basée sur le développement de nouvelles compositions de l'alliage.
[0015] La demande de brevet français 95-12065 concerne une composition particulière d'alliage,
enregistrée ultérieurement à l'Aluminum Association sous la désignation 5383, contenant
entre autres de 3 à 5 % de magnésium et de 0,5 à 1 % de manganèse, dans laquelle la
somme des teneurs (en % en poids) Mn + 2Zn est > 0,75. Cette composition permet d'obtenir
des produits laminés ou filés présentant une résistance à la fatigue significativement
meilleure et une vitesse de propagation de fissure significativement plus petite que
les produits connus destinés à la même application. Toutefois, la demande de brevet
citée ne donne aucune indication sur la résistance à la corrosion du produit. L'alliage
a été présenté dans une communication intitulée « New Aluminium Products for High-Speed
Light Crafts » de G.M. RAYNAUD au Second International Forum on Aluminium Ships à
Melbourne les 22-23 novembre 1995.
[0016] La demande de brevet français 95-12466 revendique une composition très étroite, à
l'intérieur des fourchettes de composition des alliages 5083 et 5086, contenant entre
autres 4,3 à 4,8 % de magnésium et moins de 0,5 % de manganèse, permettant d'obtenir
de bonnes caractéristiques lors de grandes déformations. Cette demande ne mentionne
pas non plus la tenue à la corrosion.
[0017] Le problème auquel essaye de répondre la présente invention est donc de proposer
des produits laminés, filés ou étirés en alliage AlMgMn ayant, après soudage, une
tenue à la corrosion améliorée et une meilleure résistance à l'effet sensibilisant
d'une exposition à la température, tout en gardant de bonnes caractéristiques mécaniques
après soudage, une bonne tenue à la fatigue et pouvant être élaborés au moindre coût.
Objet de l'invention
[0018] La demanderesse a trouvé que les alliages AlMgMn peuvent être rendus plus résistants
à l'effet sensibilisant d'une exposition la température lorsqu'ils présentent une
microstructure particulière et bien définie, qui résulte d'un ensemble de paramètres
du procédé de fabrication.
[0019] L'invention a ainsi pour objet un produit en alliage AlMgMn pour construction mécanique
soudée de composition (% en poids):
3,0 <Mg < 6,5 0,2 < Mn < 1,0 Fe < 0,8 0,05 < Si < 0,6 Zn < 1,3
éventuellement Cr à une teneur < 0,15 et/ou un ou plusieurs des éléments Cu, Ti, Ag,
Zr, V, à une teneur < 0,3 chacun, les autres éléments étant < 0,05 chacun et < 0,15
au total, dans lequel le nombre de particules de Mg
2Si de taille comprise entre 0,5 et 5µm est compris entre 150 et 2000 par mm
2, et, de préférence, entre 300 et 1500 par mm
2.
Description de l'invention
[0020] La demanderesse a trouvé de manière surprenante que pour l'obtention des propriétés
visées, la microstructure a une influence prépondérante. Plus particulièrement, dans
le domaine de forte teneur en magnésium, c'est-à-dire au-dessus de 5% environ, la
sensibilité thermique du matériau à la corrosion se trouve considérablement réduite.
Cette meilleure résistance à la corrosion permet d'incorporer davantage de magnésium
pour atteindre des caractéristiques mécaniques équivalentes à celles des alliages
AlMgMn connus mais inaptes à l'usage en milieu corrosif.
[0021] De façon plus précise, il existe quatre types de phases qui influent sur les propriétés
visées: les phases eutectiques Mg
2Si, les phases eutectiques AlFeMnSi, les phases eutectiques Al
6(Mn,Fe) et AlFeCr, et les dispersoïdes au manganèse, de taille nettement sous-micronique,
qui se trouvent dans le grain.
[0022] La microstructure particulière selon l'invention est caractérisée par une distribution
nouvelle en taille et quantité de ces phases connues. Cette microstructure a été caractérisée
de la manière suivante, bien connue en micrographie. On prépare une coupe polie du
métal et on l'observe par microscopie optique ou microscopie électronique à balayage.
La microscopie optique permet aisément d'identifier les phases Mg
2Si par rapport aux autres phases présentes. La microscopie électronique à balayage
se prête mieux à la caractérisation des phases de taille inférieure à 0,5 µm; en utilisant
le mode électrons rétrodiffusés, elle permet également de distinguer les phases Mg
2Si.
Pour déterminer la taille des particules, on évalue, par analyse numérique des micrographies,
leur aire A à partir de laquelle on calcule le paramètre de taille d selon la formule
d =

. C'est ce paramètre qu'on désignera par la suite par taille des particules.
Il est bien connu que les phases Mg
2Si contiennent la plus grande partie du silicium présent dans ces alliages, et que
ces phases sont, en particulier dans les alliages dépassant 3 à 4 % de Mg, pratiquement
insolubles (voir L.F. Mondolfo, « Aluminium Alloys, Structure and Properties», London
1976, p. 807). Par conséquent, leur nombre et leur taille sont déterminés lors de
la coulée et n'évoluent pratiquement pas au cours du traitement thermomécanique du
produit, à condition que l'on n'atteigne pas la température de fusion (brûlure) de
ces phases qui constituent l'eutectique le plus fusible. La teneur en silicium correspond
au niveau d'impureté du métal de base.
[0023] La demanderesse a trouvé que l'augmentation du nombre de petites particules Mg
2Si (taille de 0,5 à 5 µm) entraîne une amélioration inattendue de la tenue à la corrosion,
aussi bien des structures soudées que des tôles brutes. Cet effet est particulièrement
marqué lorsque le nombre de particules Mg
2Si est compris entre 150 et 2000 particules / mm
2 et, de préférence, entre 300 et 1500 par mm
2. Au-dessus de 2000 particules par mm
2, on n'observe pas d'effet supplémentaire sur la tenue à la corrosion; dans certains
cas, on observe même une baisse de la limite élastique après soudage. Par ailleurs,
elle a trouvé qu'en diminuant la taille des particules Mg
2Si, on améliore la tenue à la fatigue des joints soudés. Ainsi le nombre des « grosses
» particules (de taille > 5 µm) ne doit représenter qu'une part réduite de l'ensemble
des particules (de taille > 0,5 µm), typiquement moins de 25%, et, de préférence,
moins de 20%. Enfin, la fraction surfacique des particules Mg
2Si mesurée également par analyse d'image à partir de microscopie optique, doit être
inférieure à 1%, et, de préférence, à 0,8%.
[0024] Il est bien connu que les phases eutectiques AlFeMnSi, Al
6(Mn,Fe) et AlFeCr (de taille > 0,5 µm) contiennent une partie du Mn, Si et Cr présent
dans l'alliage et ne participent pas au durcissement de l'alliage ni à sa tenue à
la corrosion. Elles piègent une partie du Mn, du Cr et du Si. Il est connu que ces
phases sont insolubles et leurs taille, nombre et morphologie sont déterminés lors
de la coulée.
[0025] La demanderesse a trouvé qu'en diminuant la taille et le nombre de ces phases, on
améliore la tenue à la fatigue et les caractéristiques mécaniques du métal. Le nombre
des particules de ce type de taille > 0,5 µm, doit être inférieur à 5000 par mm
2, et, de préférence, à 2500 par mm
2. La fraction surfacique des particules de taille > 0,5 µm doit être < 3%, et, de
préférence à 2%, sachant que le nombre des grosses particules de taille supérieure
à 5 µm ne doit pas représenter plus de 25% (préférentiellement 20%) de l'ensemble
des particules de taille > 0,5 µm. De plus, une diminution de la fraction volumique
de ces phases eutectiques entraîne une amélioration de la tenue à la corrosion.
[0026] Il est bien connu que les dispersoïdes (Al, Mn, Fe, Cu) de taille inférieure à 0,2
µm améliorent les caractéristiques mécaniques du produit, et en particulier la limite
élastique du joint soudé. La demanderesse a observé un fort effet de la fraction de
dispersoïdes sur la tenue à la corrosion : l'effet sensibilisant d'une exposition
à la température est fortement reduit quand la fraction surfacique de dispersoïdes
dépasse 0,5 %, et préférentiellement 1%.
[0027] L'invention peut s'appliquer à un domaine de composition assez vaste, et les limites
de composition retenues s'expliquent de la façon suivante:
[0028] Il est bien connu que le magnésium assure une bonne résistance mécanique. Au-dessous
de 3.5 %, et plus particulièrement au-dessous de 3.0 %, l'alliage ne connaît en général
pas de problème de corrosion et la présente invention ne présente que peu d'intérêt.
Au-dessus de 6.5 %, le problème de la sensibilisation thermique à la corrosion devient
tellement fort que même la mise en oeuvre de la présente invention ne permet plus
d'obtenir des produits utilisables en milieu corrosif.
[0029] Le manganèse améliore la résistance à la traction et diminue la tendance du métal
à recristalliser, ce qui est connu de l'homme du métier. Au-dessous de 0,2 %, la présente
invention est sans intérêt industriel car la résistance à la traction est trop faible.
Au-delà de 1 %, l'allongement à rupture, la tenacité et la résistance à la fatigue
deviennent trop faibles pour les applications visées.
[0030] Le zinc, en présence du manganèse, améliore la résistance à la rupture, mais au-delà
de 0,5 à 0,7%, la demanderesse a observé, en étudiant le comportement à la corrosion,
notamment en milieu marin, du joint soudé après vieillissement, quelques cas de défaillance.
Pour les teneurs en zinc supérieures à 0,5%, il apparait donc nécessaire de protéger
le joint soudé du contact avec le milieu corrosif, par exemple par peinture ou métallisation.
Il a été trouvé que la présence de 0,2 à 0,3 % de zinc permet d'augmenter la teneur
en magnésium sans augmenter la sensibilité thermique du matériau à la corrosion exfoliante.
[0031] Le cuivre et le chrome ont également un effet favorable à la limite élastique, mais
la teneur en chrome doit impérativement être limitée à 0,15 % pour conserver une bonne
résistance à la fatigue. La teneur en cuivre est strictement limitée à 0,30 % et ne
devrait de façon préférentielle pas dépasser 0,18 % pour éviter l'apparition de piqûres
de corrosion en milieu corrosif.
[0032] La teneur en fer n'a pas beaucoup d'influence dans le cadre de la présente invention;
elle devrait être inférieure à 0,8 % pour éviter la formation de phases primaires
lors de la coulée, alors que pour les hautes teneurs en manganèse, il est préférable
qu'elle ne dépasse pas 0,4%.
[0033] La teneur en silicium doit être suffisante pour assurer la formation de phases au
silicium telles que Mg
2Si, et au minimum 0,05 %, mais ne doit pas dépasser 0,6%. L'alliage peut contenir
également, pour certaines applications, du titane, de l'argent, du zirconium ou du
vanadium en quantité inférieure à 0,3%.
[0034] La demanderesse n'a pas pu constater une influence notable des autres impuretés limitées
à 0,05% par élément, leur somme ne dépassant pas 0,15 %.
[0035] Un autre objet de l'invention concerne la fabrication de produits ayant la microstructure
décrite précédemment sous forme de bandes larges laminées à chaud, de largeur supérieure
à 2500 mm, préférentiellement de largeur supérieure à 3300 mm. Une telle largeur implique
que l'on renonce au laminage à froid, car les laminoirs à froid ne sont pas conçus
pour permettre le laminage à une telle largeur. Ceci veut dire qu'on obtient la bande
ou la tôle présentant l'ensemble des caractéristiques décrites directement par laminage
à chaud, ce qui est possible avec l'invention.
[0036] L'utilisation des produits ainsi obtenus pour la construction mécanique, soudée de
préférence, comme par exemple la construction navale, la construction offshore ou
la construction de véhicules industriels, constitue un autre objet de la présente
invention.
[0037] Les produits selon l'invention présentent une limite élastique après soudage élevée,
qui dépend bien sûr de la teneur en Mg, et qui est supérieure (en MPa) à 40 + 20 x
%Mg. La résistance à la fatigue après soudage, mesurée en flexion plane avec R = 0,1,
est supérieure à 140 MPa à 10
7 cycles. La déformation à la découpe des tôles, mesurée à l'état H22 après planage
et traction, est inférieure à 3 mm; sans traction, c'est-à-dire uniquement après planage,
elle est inférieure à 5 mm.
Exemples
[0038] On a élaboré par coulée semi-continue verticale des plaques de taille industrielle
en 4 alliages de composition indiquée au tableau 1.
Tableau 1
| n° |
Mg |
Si |
Fe |
Mn |
Cr |
| 1 |
5,2 |
0,10 |
0,18 |
0,80 |
0,12 |
| 2 |
4,4 |
0,15 |
0,25 |
0,50 |
0,10 |
| 3 |
4,0 |
0,20 |
0,27 |
0,30 |
0,05 |
| 4 |
4,7 |
0,04 |
0,12 |
0,60 |
0,10 |
[0039] Les paramètres de coulée pour 10 exemples sont indiqués au tableau 2
Tableau 2
| ex. |
Température de coulée en °C |
Vitesse de coulée en mm/mn |
Affinage utilisé en kg/t d'affinant AT5B |
| 1 |
695 |
50 |
1 |
| 2 |
685 |
42 |
1,5 |
| 3 |
675 |
30 |
2 |
| 4 |
695 |
50 |
1 |
| 5 |
685 |
42 |
1,5 |
| 6 |
675 |
30 |
2 |
| 7 |
695 |
50 |
1 |
| 8 |
685 |
42 |
1,5 |
| 9 |
675 |
30 |
2 |
| 10 |
695 |
50 |
1 |
[0040] L'homogénéisation des plaques a été effectuée comme suit:
[0041] Pour les exemples 1, 2, 4, 5, 7, 8 et 10:
· Montée avec une vitesse de 30 °C / h jusqu'à 440 °C,
· Maintien pendant 5 h à 440 °C,
· Montée à une vitesse de 20 °C / h jusqu'à 510 °C,
· Maintien pendant 2 h à 510 °C
· descente à une vitesse de 20 °C / h jusqu'à 490 °C,
· puis laminage à chaud.
[0042] Pour les exemples 3, 6 et 9:
· Montée avec une vitesse de 30 °C / h jusqu'à 535 °C,
· Maintien pendant 12 h à 535 °C,
· descente à une vitesse de 20 °C / h jusqu'à 490 °C,
· puis laminage à chaud.
[0043] Les exemples 1 et 2, conformes à l'invention, et l'exemple 3 (résultant en une microstructure
hors invention) correspondent à la composition 1.
[0044] Les exemples 4 et 5, conformes à l'invention, et l'exemple 6 (résultant en une microstructure
hors invention) correspondent à la composition 2.
[0045] Les exemples 7 et 8, conformes à l'invention, et l'exemple 9 (résultant en une microstructure
hors invention) correspondent à la composition 3.
[0046] L' exemple 10 (résultant en une microstructure hors invention) correspond à la composition
4 qui se situe en dehors du champ de l'invention.
[0047] Après un réchauffage pendant 20 h à une température supérieure à 500 °C, les plaques
ont été laminées à chaud jusqu'à une épaisseur finale de 14 mm.
[0048] Les échantillons de tôles laminées ont été caractérisés par des techniques connues
de l'homme du métier. On a mesuré sur ces tôles la résistance à la rupture R
m et la limite élastique R
0,2. Ces mesures permettent d'évaluer globalement un premier aspect de l'aptitude du
produit à l'usage prévu, la présente invention ne portant toutefois pas sur une amélioration
des caractéristiques mécaniques statiques.
[0049] Selon la méthode exposée plus haut, on a mesuré, par analyse d'images, le nombre,
la fraction surfacique et la répartition de la taille de précipités eutectiques Mg
2Si et AlFeMnSi. Pour la caractérisation après soudage, des échantillons ont été préparés
par une société de chantier naval par soudage MIG bout à bout continu automatique,
avec un chanfrein symétrique de pente 45 ° par rapport à la verticale sur une épaisseur
de 6 mm, avec fil d'apport en alliage 5183. Le soudage a été réalisé parallèle au
sens du laminage.
[0050] La résistance à la corrosion a été mesurée par perte de poids après immersion et
par mesure de la profondeur de corrosion intergranulaire. L'immersion a été effectuée
dans le bain « inter-acide » décrit dans le Journal Officiel de la Communauté Européenne
du 13 septembre 1974 (n° C 10484). Il s'agit d'une immersion pendant 24 heures dans
un bain composé de NaCl (30 g/l), HCl (5 g/l) et d'eau distillée, à une température
de 23 °C ± 0.5 °C, le volume de liquide étant supérieur à 10 ml par cm
2 de surface d'échantillon. Avant l'immersion, les échantillons ont été soumis à une
sensibilisation thermique par chauffage à 100 °C pendant une durée variable entre
1 et 30 jours.
[0051] La déformation à la découpe a été mésurée de la façon suivante:
A partir d'une tôle de largeur de 2000 mm et de longueur de 2500 mm à l'état H22,
on découpe par sciage au milieu parallèle à sa longueur, une bande de largeur 130
mm. Cette bande est posée sur un marbre, et on mesure la déformation des extrêmités
relevées exprimée par l'écart entre le bord de la bande et la surface du marbre.
[0052] Le tableau 3 indique la microstructure observée, et le tableau 4 rassemble les résultats
des autres caractérisations effectuées.
Tableau 3
| ex. |
nombre phases Mg2Si de 0.5-5 µm |
% phases Mg2Si de taille> 5 µm |
fraction surfac. Mg2Si % |
nb.part. AlFeMn CrSi 0.5-5 µm |
% part. AlFeMn CrSi 0.5-5 µm |
fr. surf. AlFeMn CrSi % |
fr. surf. dispersoïdes % |
| 1 |
416 |
16 |
0.24 |
1510 |
18 |
1,8 |
1,6 |
| 2 |
222 |
21 |
0.21 |
2088 |
20 |
2,3 |
1,4 |
| 3 |
140 |
28 |
0.19 |
2800 |
32 |
2,8 |
1,0 |
| 4 |
812 |
14 |
0.53 |
1422 |
15 |
1,7 |
1,0 |
| 5 |
548 |
20 |
0.46 |
1950 |
17 |
2,3 |
0,9 |
| 6 |
152 |
30 |
0.40 |
2002 |
28 |
2,5 |
0,5 |
| 7 |
1024 |
10 |
0.76 |
859 |
15 |
0,8 |
0,7 |
| 8 |
408 |
18 |
0.68 |
1035 |
18 |
1,0 |
0,6 |
| 9 |
160 |
38 |
0.62 |
1264 |
22 |
1,2 |
0,2 |
| 10 |
145 |
10 |
0.09 |
1390 |
17 |
1,8 |
1,2 |
Tableau 4
| ex. |
Profondeur de piqûration après une sensibilisation de 10 jours à 120 °C |
Profondeur de piqûration après une sensibilisation de 40 jours à 120 °C |
Limite élastique du joint soudé MPa |
| 1 |
135 |
250 |
155 |
| 2 |
170 |
280 |
152 |
| 3 |
400 |
650 |
145 |
| 4 |
110 |
200 |
137 |
| 5 |
160 |
240 |
135 |
| 6 |
320 |
540 |
130 |
| 7 |
80 |
150 |
125 |
| 8 |
150 |
220 |
120 |
| 9 |
280 |
450 |
118 |
| 10 |
400 |
680 |
145 |
[0053] On constate que les exemples 1, 2, 4, 5, 7 et 8 se distinguent par une profondeur
de piqûration particulièrement faible par rapport aux exemples 3, 6 et 9 correspondant
à l'art antérieur, et par rapport et à l'exemple 10, qui, lui, donne le mauvais résultat
que l'on attend pour un alliage AlMgMn à forte teneur en magnésium élaboré selon l'art
antérieur.
[0054] La limite élastique du joint soudé est très bonne pour les exemples 1, 2, 3 et 10,
et asez bonne pour les exemples 7, 8 et 9, moins riches en magnésium. Toutefois, l'exemple
10 est inutilisable à cause de sa faible résistance à la corrosion. En revanche, la
très bonne résistance de la tôle de l'exemple 7 peut lui permettre des applications
en construction soudée destinée à un environnement très corrosif et constitue une
amélioration par rapport à l'art antérieur représenté par l'exemple 9.
[0055] D'une façon surprenante, le meilleur compromis entre la limite élastique du joint
soudé et la résistance à la corrosion est obtenu pour la composition 1, la plus riche
en magnésium, à condition que la microstructure spécifique soit obtenue (exemples
1 et 2). Même pour la composition 2, correspondant à l'alliage 5083 traditionnellement
employé dans ce domaine, on note une amélioration notable de la tenue à la corrosion
associée à la microstructure spécifique (exemples 4 et 5).
[0056] Pour quelques échantillons, la déformation à la découpe de tôles à l'état H22 (désignation
selon EN 515) a été évaluée.
Tableau 5
| ex. |
Déformation à la découpe après planage sur rouleau, en mm |
Déformation à la découpe après planage sur rouleau et traction,en mm |
| 6 |
5,0 |
3,0 |
| 4 |
1,5 |
0,5 |
| 5 |
2,5 |
1,0 |
1. Produit en alliage d'aluminium AlMgMn pour construction mécanique soudée de composition
(% en poids):
3,0 < Mg < 6,5 , 0,2 < Mn < 1,0 , Fe < 0,8 , 0,05 < Si < 0,6 , Zn < 1,3
éventuellement Cr < 0,15 et/ou un ou plusieurs des éléments Cu, Ti, Ag, Zr, V,
avec une teneur < 0,30 chacun, autres éléments et impuretés inévitables < 0,05 chacun
et < 0,15 au total,
caractérisé en ce que le nombre de particules Mg2Si de taille comprise entre 0,5 µm et 5 µm est compris entre 150 et 2000 par mm2, et préferentiellement compris entre 300 et 1500 par mm2.
2. Produit selon revendication 1, caractérisé en ce que le nombre de particules Mg2Si de taille supérieure à 5 µm est inférieur à 25%, et préférentiellement inférieur
à 20%, du nombre de l'ensemble des particules Mg2Si de taille supérieure à 0,5 µm
3. Produit selon revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la fraction surfacique des
particules Mg2Si est < 1 %, et préférentiellement < 0,8 %.
4. Produit selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que le nombre des
particules AlFeMnSi, Al6(Mn,Fe) et AlFeCr de taille supérieure à 0,5 µm est inférieur à 5000 par mm2, et préférentiellement inférieur à 2500 par mm2.
5. Produit selon revendication 4, caractérisé en ce que la fraction surfacique des phases
AlFeMnSi, Al6(Mn,Fe) et AlFeCr de taille supérieure à 0,5 µm est inférieure à 3 % et préférentiellement
inférieure à 2,5 %.
6. Produit selon revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que le nombre par mm2 des phases AlFeMnSi, Al6(Mn,Fe) et AlFeCr de taille supérieure à 5 µm représente moins de 25 % et préférentiellement
moins de 20 % de l'ensemble des phases de taille supérieure à 0,5 µm.
7. Produit selon l'une des revedication 1 à 6, caractérisé en ce que la fraction surfacique
des dispersoïdes de taille inférieure à 0,2 µm est supérieure à 0,5 %, et préférentiellement
supérieure à 1,0 %
8. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que la
profondeur de corrosion intergranulaire après test « interacide », sur des tôles vieillies
pendant 10 jours à 120°C, est inférieure à 400 µm, et préférentiellement inférieure
à 200 µm.
9. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce qu'il présente
une limite élastique aprés soudage, exprimée en MPa, supérieure à (40 + 20 x %Mg).
10. Tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisée en ce que la déformation
à la découpe, mesurée à l'état H22 après planage et traction, est inférieure à 3 mm.
11. Tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisée en ce que la déformation
à la découpe, mesurée à l'état H22 après planage, est inférieure à 5 mm.
12. Bande laminée à chaud en alliage d'aluminium Al - Mg - Mn de composition
3,0 < Mg < 6,5 , 0,2 < Mn < 1,0 , Fe < 0,4 , 0,05 < Si < 0,6 , Zn < 1,3
éventuellement Cr < 0,15 et un ou plusieurs des éléments Cu, Ti, Ag, Zr, V, avec
une teneur < 0,30 chacun, et autres éléments et impuretés inévitables < 0,05 chacun
et < 0,15 au total,
de largeur d'au moins 2500 mm, préférentiellement d'au moins 3300 mm,
caractérisée en ce que le nombre de particules Mg2Si de taille comprise entre 0,5 µm et 5 µm, est compris entre 150 et 2000 par mm2, et préférentiellement compris entre 300 et 1500 par mm2.
13. Utilisation d'un produit selon l'une des revendications 1 à 12, avec une teneur en
zinc inférieure ou égale à 0,5%, dans la construction navale.
14. Utilisation d'un produit selon l'une des revendications 1 à 12, avec une teneur en
zinc supérieure à 0,5% et un revêtement protecteur des joints soudés, pour la construction
navale.
15. Utilisation d'un produit selon l'une des revendications 1 à 12 pour la construction
de véhicules industriels.