[0001] La présente invention concerne une surface décorative peinte, souple, temporaire,
surtout destinée à être exposée tendue à l'extérieur telle que des décors devant des
bâtiments, enseignes.
[0002] De telles surfaces décoratives sous forme de grands décors polychromes, informatifs
ou publicitaires, réalisés sur des supports textiles tendus verticalement sur des
échafaudages ou directement sur des bâtiments sont de plus en plus installés dans
les villes. De la même façon on réalise aussi des enseignes géantes ou des bannières
pour signaler des événements temporaires. On les appelle généralement et souvent improprement
« bâches peintes », terme générique conservé dans l'exposé ci-dessous.
[0003] La réalisation de ces « bâches peintes » pose principalement deux types de problèmes
:
- la résistance mécanique des bâches,
- la reproduction graphique sur les bâches.
[0004] Les efforts exercés par le vent et supportés par les bâches croissent avec leur surface,
leur degré d'imperméabilité à l'air et celui d'exposition de leur site de pose. Plus
particulièrement les effets de dépressions peuvent, par mauvais temps, transmettre
des efforts considérables d'arrachement aux points d'ancrage des bâches, situés à
leur périphérie. Par ailleurs, ces réalisations étant temporaires, certains constructeurs,
pour des raisons d'économie, parient sur la faible probabilité de subir une tempête
et négligent ces risques.
[0005] Dans l'état actuel de la technique, concernant leur réalisation, les professionnels
utilisent les matériaux suivants :
- des bâches textiles résistantes enduites de PVC (figs. 1A et 1B),
- des tissus résistants et très légers armés ou non, type « toile de spy », habituellement
utilisés sur les voiliers de compétition.
- des résilles de fils résistants, enduites de manière continue par un film plastique,
- des textiles résistants, du genre résille ouverte, bloquée par une enduction,
- des tissus résistants plus ou moins ouverts, non bloqués par une enduction (figs.
2A et 2B).
[0006] Il faut remarquer que :
- Les trois premiers types de bâches présentent des surfaces continues non perméables
à l'air, elles doivent donc nécessairement être très résistantes.
- Les deux derniers types de bâches, créés spécialement pour diminuer les effet du vent,
présentent une surface percée par la multiplicité des ouvertures résultant du tissage
lâche (par exemple : 22 % d'ouvertures sur le textile représenté fig.2A)
[0007] Pour la reproduction graphique sur les bâches on procède actuellement par :
- peinture directe au pinceau,
- sérigraphie,
- peinture au pistolet manuel,
- application d'éléments prédécoupés, le plus souvent en feuilles de vinyle coloré adhésivé,
- micro-jets d'encre par machines automatiques par exemple en quadrichromie.
[0008] Quelle que soit la nature de la bâche :
- les deux premières techniques de reproduction déposent des films de peinture ou d'encre
relativement épais, constituant des surfaces imperméables à l'air sur les bâches,
car les peintures obturent généralement les ouvertures des bâches.
- la peinture au pistolet classique et manuel outre qu'elle ne permet pas économiquement
des reproductions graphiques complexes, projette des gouttelettes relativement grosses
qui obturent une grande partie des pores des bâches perméables.
- d'une façon générale, la peinture ou les encres épaisses forment des films tendus
entre les fibres de la bâche ; ces films bouchent les orifices et diminuent la perméabilité
de la bâche.
- l'application d'éléments prédécoupés en vinyle coloré rend la bâche complètement imperméable
aux endroits sur lesquels sont appliqués ces éléments.
- la technique par « micro jets d'encres » à micro gouttelettes projetées automatiquement
avec précision permet de laisser libres les éventuelles ouvertures des bâches en leur
conservant leur perméabilité à l'air car l'encre utilisable avec de tels appareils
doit être extrêmement fluide de sorte que les micro gouttelettes ne peuvent se déposer
que sur les fibres du tissu de la bâche. Mais dans ce cas on a l'inconvénient de diminuer
la fidélité de la reproduction puisque la surface graphique est diminuée de la surface
des ouvertures du tissu de la bâche.
[0009] En résumé dans l'état actuel de la technique, les bâches peintes telles que décors,
enseignes, présentant une définition graphique satisfaisante, sont imperméables à
l'air et celles qui sont perméables à l'air, présentent des graphismes aux contrastes
amoindris.
[0010] La présente invention a pour but de remédier à ces inconvénients et se propose de
créer une bâche peinte ou surface décorative peinte, présentant une excellente définition
graphique tout en étant très perméable à l'air pour éviter de subir et de transmettre
des efforts importants au niveau des attaches.
[0011] A cet effet l'invention concerne une surface décorative du type défini ci-dessus,
caractérisée en ce qu'elle comprend :
- un support en une matière non tissée résistant au feu, très perméable à l'air,
- un décor réalisé sur le support par projection automatique d'encres ultra fines.
[0012] La matière « non tissée » a une structure voisine des feutres ou des produits utilisés
pour constituer des filtres. Ces matières non tissées souples, perméables, disponibles
en grande laize et résistantes au feu, présentent une épaisseur d'environ 1 à 2 mm
et une microstructure aérée à trois dimensions par opposition aux tissus lâches, aux
résilles et aux grilles textiles assimilables à des structures à deux dimensions.
[0013] La structure d'une matière non tissée du type « filtre » est une nappe constituée
d'une multitude de microfibres, d'un diamètre d'environ 10 microns, réparties de manière
aléatoire orientées dans toutes les directions, entrelacées. Ces fibres occupent le
volume de la nappe en laissant des passages permettant aux fluides de traverser la
nappe d'une face à l'autre. Mais une telle nappe n'est pas transparente. Un rayon
de lumière ne peut la traverser car elle n'offre pas, statistiquement, de passage
rectiligne allant d'une face à l'autre de la nappe (quelle que soit d'ailleurs l'inclinaison
du rayon par rapport à la nappe). Mais cette nappe est translucide, la lumière la
traversant par diffractions multiples, suivant des chemins très schématiquement analogues
à ceux des fluides à filtrer.
[0014] Les matières non tissées peuvent être composées pour que leurs caractéristiques de
perméabilité, leur résistance au feu, comme aussi celles de leur résistance mécanique,
soient adaptées à l'invention par modification de leur composition et/ou leur mode
de fabrication. Par exemple, il existe une technique de fabrication des non tissés
qui renforce leur résistance dans une des deux directions de leur plan, cette spécialisation
pouvant être utile à certaines bâches.
[0015] Par projection automatique de micro-gouttelettes (micro-jets d'encre) utilisant des
encres extrêmement fluides, on forme des jets d'encre à micro gouttelettes. Ces micro
gouttelettes s'accrochent sur la surface apparente des fibres de la nappe de matière
non tissée.
[0016] De telles micro gouttelettes ne sont pas déviées de leur trajectoire, aussi se fixent
elles sur les fibres au fur et à mesure qu'elles les rencontrent. Cela donne en vue
de face un aspect extrêmement continu (pour la trace réalisée par un même jet d'encre
de couleur).
[0017] Les traces laissées par les jets des différentes encres de couleur se superposent
en fonction des nuances du dessin à réaliser.
[0018] En d'autres termes, grâce à la « non transparence » de la nappe de matière non tissée,
les gouttelettes d'encre rencontreront statistiquement toujours une fibre sur leur
trajectoire et créent un point de couleur.
[0019] On aura donc en vue de face l'impression d'une trace identique à celle que laisserait
le micro-jet sur une surface plane, par exemple une feuille de papier.
[0020] Du fait de leurs dimensions extrêmement réduites, ces micro-jets ne s'accrochent
ou ne se fixent que sur une fibre sans former de voile entre plusieurs fibres. De
ce fait, il n'y a aucun risque de bouchage partiel des passages libres entre les fibres
car après le passage du micro-jet, la structure de la nappe de matière non tissée
est intégralement conservée, les seules modifications sont les taches de couleur que
portent les fibres.
[0021] La perméabilité de la nappe reste donc pratiquement intégralement conservée.
[0022] Les reproductions graphiques par micro-jets d'encre peuvent être faites par exemple
en quadrichromie ; les micro-jets se déplacent normalement et successivement à la
surface de la nappe.
[0023] Les traces de couleur laissées par les micro-gouttelettes projetées par les micro-jets
donnent alors une impression de continuité visuelle à la reproduction graphique permettant
une très grande précision de reproduction et une très grande finesse. La précision
graphique est également améliorée parce que la projection des jets est faite dans
une direction constante (en général normale à la surface de la nappe de matière non
tissée) et les micro-jets ne risquent pas d'être déviés car les gouttelettes sont
tellement fines qu'elles n'ont pas une énergie cinétique suffisante ; lorsque les
gouttelettes rencontrent la surface d'une fibre, elles s'y déposent.
[0024] En d'autres termes, il n'y a pas de dispersion latérale mais seulement suivant un
trajet normal à la surface apparente de la matière non tissée.
[0025] Selon l'invention, il est également possible de réaliser des pièces découpées dans
des nappes de matière non tissée perméables et de nuances différentes et de les fixer
sur un support de base également en matière non tissée perméable. On conserve la perméabilité
à l'air de l'ensemble de la structure ainsi composée.
[0026] Les différentes techniques peuvent se mélanger ; il est possible de réaliser des
dessins ou des surfaces colorées que sur une portion de matière non tissée perméable
pour découper ces surfaces suivant des formes appropriées et de les fixer sur une
nappe de matière non tissée de base elle-même déjà colorée différemment.
[0027] Un autre avantage de la surface colorée selon l'invention est de pouvoir être manipulée
et enroulée sans destruction de la surface colorée :
[0028] Dans le cas d'un tissu ayant reçu une application de peinture, comme déjà indiqué
ci-dessus, la peinture forme des films accrochés entre plusieurs fibres ; lorsque
la bâche est déformée, ces films, en général secs et devenus cassants, se détruisent.
[0029] Par contre, dans le cas de la surface selon l'invention, comme les fibres sont teintées
en surface mais que la peinture ne forme pas de film s'étendant entre plusieurs fibres,
il n'y a pas rupture de film et par suite pas destruction de l'image réalisée.
[0030] Le rendu des couleurs est également excellent car bien que les couleurs soient appliquées
à la surface des fibres, l'impression visuelle donnée par une nappe de matière non
tissée selon l'invention, est celle d'une teinte dans la masse, en profondeur. Comme
la masse est soyeuse mais non brillante, cela améliore considérablement l'effet esthétique
de la surface colorée. Cet effet est encore augmenté par le caractère translucide
de la matière de la nappe qui diffuse la lumière dans la masse et crée ainsi un éclairage
des couleurs « dans la masse ».
[0031] Une fois la bâche réalisée, l'absence de brillance de la surface selon l'invention
évite d'accentuer les irrégularités de la surface mais au contraire atténue celles-ci.
[0032] De manière générale, la surface peinte selon l'invention offre de multiples avantages
:
- réduction des frais de réalisation des cadres supports par diminution de la prise
au vent,
- réduction du poids des bâches (de plus de 50 %),
- réduction des coûts d'achat, de transport et de mise en oeuvre,
- augmentation de la qualité de la reproduction graphique,
- amélioration de l'aspect par suppression des brillances,
- augmentation de la sécurité,
- facilitation de la mise en oeuvre.
[0033] La présente invention sera décrite ci-après de manière plus détaillée à l'aide des
dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1A est une vue à échelle agrandie (agrandissement x 4) d'une surface d'un
tissu revêtu de PVC et formant une bâche enduite, imperméable.
- la figure 1B est une coupe longitudinale de la figure 1A,
- la figure 2A montre un tissu perméable agrandi 4 fois,
- la figure 2B est une coupe transversale schématique du tissu de la figure 2A,
- la figure 3 montre une vue en coupe d'une nappe de matière non tissée, agrandie vingt
fois.
- la figure 4 est une vue en coupe analogue à celle de la figure 3, d'une nappe non
tissée, selon l'invention, représentée avec un agrandissement de deux cents fois.
- la figure 5 montre toujours la nappe selon l'invention avec un agrandissement de six
cent fois.
[0034] Selon la figure 1A, 1B une bâche connue est formée par un tissage de fils de trame
1 et de fils de chaîne 2, qui n'apparaissent qu'avec des lignes fantômes puisque recouvertes
par une enduction de matière plastique 3 (figure 1B).
[0035] La figure 2A montre un tissu de bâche formé de fils de trame 10 et de fils de chaîne
11 laissant entre eux des intervalles 13. A l'origine un tel tissu est perméable.
La perméabilité est le pourcentage de la surface non occupée en plan, par les fils
10, 11.
[0036] La figure 2B montre, en coupe, la disposition des fils tissés.
[0037] La figure 3 montre une coupe schématique à échelle agrandie (x 20) d'une nappe de
matière non tissée 20 dont la face avant 21 a reçu des micro-gouttes d'encre projetées
par des machines automatiques à micro-jets.
[0038] La pénétration des gouttelettes, du fait de « l'opacité » de la nappe de matière
non tissée 20 se situe dans la couche
e de surface, qui, à titre d'exemple, représente 0,5 mm.
[0039] La figure 4, qui est une coupe analogue à celle de la figure 3, d'une nappe de matière
non tissée selon l'invention mais agrandie deux cents fois, montre que les fibres
22, enchevêtrées de manière aléatoire, ont reçu des taches d'encre de couleur 23.
[0040] En fait, et comme déjà expliqué ci-dessus, la nappe de matière non tissée étant opaque,
un jet de micro gouttelettes (c'est-à-dire un ensemble de micro gouttelettes cheminant
sur les trajectoires parallèles entre elles et par exemple perpendiculaires à la surface
de la nappe), rencontrera toujours une surface de fibres 22 pour s'y déposer. L'énergie
cinétique des très petites gouttelettes étant extrêmement réduite, n'est pas suffisante
pour que les gouttelettes ricochent sur les fibres et soient déviées. Au contraire,
elles se déposent sur la première fibre rencontrée.
[0041] La vue agrandie de la figure 5 (agrandissement six cent fois) montre les traces de
couleur A, réalisées sur les fibres par les micro-gouttelettes d'encre de couleur.
[0042] Cette figure agrandie montre également le très grand volume B laissé libre entre
les fibres. Ce volume donne la perméabilité à la nappe.
[0043] Les machines automatiques récentes à « micro-jets d'encre » déposent des encres extrêmement
fluides, en quadrichromie, par quatre micro-jets successivement et normalement à la
surface des supports. Dans le cas du non tissé utilisé, les dépôts d'encre se répartissent
sur les micro-fibres, dans la partie supérieure du non tissé en donnant une impression
de continuité visuelle à la reproduction graphique tout en préservant la perméabilité
à l'air du support. On peut constater sur les figures 3, 4 et 5 vues en coupe, que
les encres pénètrent peu dans l'épaisseur du support et qu'elles ne se déposent que
sur les micro fibres (en A, fig. 4 et 5) sans pratiquement les épaissir et sans boucher
les vides interstitiels (B fig. 4 et 5). La perméabilité à l'air est donc conservée.
L'expérience montre aussi (fig. 5) que contrairement aux bâches imperméables, ces
non tissés permettent une définition supérieure des reproductions par jet d'encre,
car il n'y a pas de dispersion latérale du jet mais dépôt des gouttelettes d'encre
en profondeur (environ 0,5 mm) sur les micro fibres, suivant un trajet normal à la
surface apparente du non tissé.
[0044] Une autre technique de reproduction graphique consiste aussi à réaliser des découpes
dans des non tissés de qualité semblables mais de couleurs différentes et à les fixer
sur le support initial, sans perdre la perméabilité à l'air de l'ensemble.
[0045] Il est à noter que l'on pourrait aussi mélanger les techniques, par exemple en utilisant
pour quelques surfaces de reproduction graphiques, des applications nettement plus
imperméables à l'air, concurremment avec le jet d'encre. On restera alors dans le
domaine de l'invention tant que les surfaces imperméables à l'air seront inférieures
aux surfaces restant perméables et réalisées par micro jets d'encre.
[0046] Comme les non tissés de ce type peuvent être manipulés, roulés et pliés, sans altérer
les graphismes, puis assemblés et confectionnés par coutures, collages ou même certains
par soudures, on pourra réaliser de grandes surfaces décoratives présentant une haute
qualité graphique en même temps qu'une faible prise au vent.
[0047] De plus, les non tissés du type « filtre » présentent une surface visuelle blanche,
unie et mâte, très compatible au jet d'encre, au contraire des bâches enduites de
PVC qui sont semi-brillantes, ce qui constitue un défaut car les brillances accentuent
les irrégularités de surface.
1. Surface décorative peinte, souple, temporaire, surtout destinée à être exposée tendue
à l'extérieur telle que des décors devant des bâtiments, enseignes
caractérisée en ce qu'
elle comprend
- un support en une matière non tissée (20) perméable à l'air et résistant au feu,
- un décor réalisé sur les fibres (22) du support par projection automatique d'encre
très fluide.
2. Surface décorative peinte, souple, temporaire, surtout destinée à être exposée tendue
à l'extérieur telle que des décors devant des bâtiments, enseignes, selon la revendication
1,
caractérisée en ce qu'
elle comporte des surfaces découpées dans une nappe non tissée perméables à l'air
fixées sur un support en matière non tissée également perméable à l'air.
3. Surface décorative peinte, souple, temporaire, surtout destinée à être exposée tendue
à l'extérieur telle que des décors devant des bâtiments, enseignes, selon la revendication
2,
caractérisée en ce que
les surfaces découpées et/ou le support sont teintés par projection automatique d'encre
très fluide.