[0001] L'invention se rapporte à un moufle destiné à l'exécution de traitements thermiques,
conforme au préambule de la revendication 1.
[0002] Lorsqu'une matière métallique est soumise à un usinage mécanique, en particulier
à froid, elle subit le phénomène bien connu de l'écrouissage, qui provient de la déformation
de la disposition cristallographique du réseau, qui rend la matière usinée plus dure
et plus fragile et de nature à ne pas se prêter de façon optimale aux éventuels usinages
ultérieurs comme le formage, le pliage et d'autres encore.
[0003] Le produit usiné et écroui doit donc être soumis à l'action de processus tels que
le recuit au moyen duquel on obtient la reconstruction du réseau cristallin initial,
en conférant à la matière les caractéristiques de ductilité, malléabilité et les autres
propriétés mécaniques et physiques qu'elle possédait à l'origine et qui sont nécessaires
pour qu'elle puisse subir les usinages ultérieurs.
[0004] Le recuit consiste en un traitement thermique prolongé, à une température élevée,
mais inférieure à celle du ramollissement, avec un refroidissement ultérieur, lent
ou instantané, de manière à éliminer les tensions internes.
[0005] D'autres processus industriels prévoient l'utilisation d'un traitement thermique
prolongé comme, par exemple, les travaux industriels de soudobrasage, le soudage,
le revenu, le traitement d'amélioration, la trempe, le séchage, la cémentation, la
cuisson de produits céramiques et d'autres.
[0006] Pour effectuer les traitements thermiques prolongés dans les travaux précités, on
utilise un équipement appelé moufle qui est constitué essentiellement par la chambre
d'un four dans laquelle la matière à traiter est maintenue isolée de la source de
chaleur, constituée par un combustible solide, liquide ou gazeux, des résistances
électriques ou des sources d'induction électromagnétique.
[0007] Le chauffage du moufle s'effectue alors indirectement par rayonnement et convection.
[0008] En fonctionnement, pour réaliser le traitement thermique précité, on fait passer
le produit en continu, ou on le dispose de façon statique, dans des moufles de chauffage
qu'on dispose à l'intérieur de fours isolés et chauffés indirectement par convection
et rayonnement, au moyen de l'énergie fournie par des circuits électriques à résistance
ou à induction, placés à l'extérieur du moufle ou au moyen d'un mélange gazeux combustible
sortant de brûleurs à propane ou à méthane, qui circule dans des tubes radiants, eux
aussi placés extérieurement du moufle précité et sur sa périphérie.
[0009] En particulier, pour exécuter des traitements thermiques prolongés dans des fours
à cycle continu ou statiques, éventuellement sous atmosphère contrôlée, sur des fils,
feuillards, plats, chaînes, lingots, objets divers, en particulier en alliages d'or,
d'argent, de platine ou en alliages précieux en général, aussi bien qu'en acier inoxydable
et autres alliages métalliques utilisés dans le domaine de l'orfèvrerie, de l'horlogerie,
de la bijouterie et de l'industrie des métaux précieux en général, on utilise un moufle
de forme parallélépipédique allongée dans le sens horizontal, qui délimite une chambre
chauffée au moyen de résistances noyées dans la portion réfractaire du corps du four
ou placées extérieurement par rapport au moufle.
[0010] Dans l'état actuel de la technique, les moufles sont réalisés en acier inoxydable
réfractaire.
[0011] En même temps qu'un bon coefficient de transmission thermique, l'utilisation de l'acier
inoxydable réfractaire pour la construction des moufles présente aussi par ailleurs
de nombreux inconvénients, qui dépendent spécifiquement des conditions particulières
de travail auxquelles le moufle est soumis.
[0012] En effet, après une certaine période de travail, les moufles construits en acier
inoxydable réfractaire sont sujets à des phénomènes d'oxydation et d'écaillage de
la matière métallique et à une déformation structurale du corps, en entraînant des
conséquences négatives économiques facilement imaginables, puisque cela implique l'arrêt
de la machine et la nécessité de procéder à une opération d'entretien pour la réparation
et/ou le remplacement du moufle lui-même.
[0013] Plus précisément, l'oxydation et l'écaillage consécutif de l'acier inoxydable constituant
le corps du moufle résultent de l'action corrosive des additifs en poudre qui sont
utilisés dans les procédés de soudage et de soudobrasage des objets contenus dans
le moufle, aussi bien que de celle d'autres composants chimiques employés dans les
traitements thermiques précédemment subis par ces objets .
[0014] Ce phénomène est si intense que, même l'utilisation d'atmosphères contrôlées, protectrices
et désoxydantes, introduites à l'intérieur du moufle, ne réussit pas à éliminer cette
action de corrosion de la matière, même si elle contribue à la ralentir.
[0015] L'inconvénient de la déformation structurale, qui peut se développer jusqu'à atteindre
à un gauchissement du corps du moufle, consécutif au saut thermique qui se forme entre
les diverses zones du corps métallique, entraîne le phénomène précité de 〈〈desquamation〉〉
de l'acier, sous l'effet duquel de minuscules particules métalliques viennent se déposer
au-dessus des résistances, en entraînant un défaut de fonctionnement de celles-ci
et donc un processus de chauffage irrégulier.
[0016] En particulier, l'effet du saut thermique est remarquable dans les fours continus
où la bande transporteuse, à maille métallique, sur laquelle sont déposés les objets
à chauffer, parcourt toute la longueur de la chambre du moufle.
[0017] Il en résulte que, dans une telle situation, le saut thermique dans la direction
longitudinale qui correspond à la direction d'avance de la bande est important, puisqu'il
existe un mouvement continu d'entrée dans le moufle des pièces à traiter qui sont
à la température ambiante, tandis que l'intérieur du moufle possède une température
qui peut être supérieure à 1100°C.
[0018] A la déformation du corps métallique du moufle dans la direction longitudinale, qui
résulte du fait qu'on introduit des pièces à la température ambiante (froides), et
qu'il en sort des pièces très chaudes, s'ajoute aussi une déformation transversale,
c'est-à-dire une déformation de la section du corps qui est due au fait qu'il existe
toujours une différence de température entre la base et la voûte du moufle, favorisée
par la bande transporteuse qui, devant rester parfaitement plane, circule en appui
sur la base de la chambre.
[0019] Le but de l'invention consiste à réaliser un moufle qui élimine les inconvénients
précités.
[0020] Ce but est atteint grâce à un moufle conforme à la partie caractérisante de la revendication
1.
[0021] Des formes de réalisation avantageuse de l'invention font l'objet des sous-revendications.
[0022] Des essais de laboratoire et des expériences exécutées sur des fours travaillant
à diverses températures ont démontré qu'il est satisfaisant d'utiliser un moufle réalisé
avec une pâte à base de matière céramique et que, parmi les divers types de cette
matière, le plus avantageux s'est révélé être le carbure de silicium, avec un pourcentage
de silicium variant entre 82% et 88%.
[0023] En supplément d'une excellente conductibilité thermique et de sa facilité de travail,
par moulage ou par coulée, cette pâte céramique est, grâce aux propriétés chimiques
de ses composants, parfaitement stable aux sauts imprévus de la température, même
de grande amplitude, et totalement inattaquable par les gaz et fumées qui se dégagent
dans la chambre pendant le traitement thermique de chauffage.
[0024] De cette façon, on réalise des moufles où la stabilité de la matière et l'indéformabilité
de la chambre rendent moins fréquentes les coûteuses opérations d'entretien périodique
du four, et la bande transporteuse peut circuler dans des conditions optimales, c'est-à-dire
en appui sur la base de ladite chambre.
[0025] L'utilisation du carbure de silicium comme matière pour constituer le corps du moufle
permet en outre de supprimer l'utilisation de la cage de support des résistances,
en prévoyant, avantageusement, que ces dernières sont noyées dans l'épaisseur du corps
précité ; ceci est rendu possible par l'excellente conductibilité thermique du carbure
de silicium.
[0026] Lorsque les températures de travail ne sont pas trop élevées, l'invention prévoit
que seule la partie inférieure du moufle est réalisée en carbure de silicium, tandis
que la partie supérieure, moins sujette aux sauts thermiques, peut rester construite
en acier inoxydable réfractaire, comme d'habitude, ce qui apporte d'évidentes économies
financières.
[0027] Finalement, toujours pour des raisons économiques et pour pouvoir utiliser les moufles
en acier déjà existants, l'invention prévoit de ne réaliser en carbure de silicium
qu'une base qui va s'interposer entre le plan inférieur du moufle, en acier inoxydable
réfractaire, et la bande transporteuse sur laquelle sont posées les pièces à chauffer.
[0028] Ces caractéristiques de l'invention, ainsi que d'autres; ressortiront plus clairement
de la description d'une forme possible de réalisation, donnée à seul titre d'exemple
illustratif et non limitatif, à l'aide des planches de dessins annexées où :
La Fig. 1 représente une vue en élévation et en coupe du moufle selon l'invention
;
la Fig. 2 représente une vue transversale du moufle, en coupe, selon la ligne II-II
de la Fig. 1 ;
la Fig. 3 représente une vue transversale en coupe, d'une seconde forme possible de
réalisation ;
la Fig. 4 représente une vue transversale en coupe, avec le moufle en acier/carbure
de silicium ;
la Fig. 5 représente une vue transversale en coupe, avec moufle en acier inoxydable
réfractaire et base en carbure de silicium.
[0029] Comme on peut le voir sur la Fig. 1, le moufle comprend un corps creux 1, pratiquement
de forme allongée dans la direction d'avance des produits à traiter, qui délimite
une chambre 2, à l'intérieur de laquelle on fait passer les produits 4 à traiter thermiquement
en continu sur une bande transporteuse 3, ou bien à l'intérieur de laquelle les produits
sont disposés statiquement.
[0030] Selon l'invention, le corps 1 du moufle est réalisé avec une pâte à base de matière
céramique, spécialement de carbure de silicium ayant un pourcentage de Si de 82% à
88%.
[0031] L'action des résistances électriques 5, contenues dans la cage 6, provoque le chauffage
de la chambre intérieure 2, dont la température est portée à la valeur exigée pour
le traitement thermique des produits 4 qui y sont contenus ; le corps 1 du moufle
est revêtu extérieurement d'une matière isolante 6 pour empêcher les pertes de chaleur
vers l'extérieur.
[0032] Une première variante de construction possible prévoit que les résistances 5' sont
directement noyées dans le corps l' en carbure de silicium ( voir Fig. 3).
[0033] Une deuxième variante de construction prévoit que le corps du moufle est construit
pour une partie en carbure de silicium 8 et pour une partie en tôle d'acier inoxydable
réfractaire 9.
[0034] Une troisième variante de construction prévoit que le corps du moufle est entièrement
en tôle d'acier inoxydable réfractaire 11, avec, insérée à l'intérieur, une base 10
de support de la bande transporteuse.
1. Moufle, destiné à être inséré dans des fours à cycle continu ou statiques, pour des
traitements thermiques, tels que le recuit, le soudobrasage, le soudage, le revenu,
le traitement d'amélioration, le séchage, la cémentation, de fils, feuillards, plats,
chaînes, lingots, objets divers en alliages d'or, d'argent, de platine, alliages précieux
en général, aciers inoxydables, alliages métalliques pour l'orfèvrerie, l'horlogerie,
la bijouterie, l'industrie des métaux précieux et non précieux, aussi bien que pour
la cuisson de produits céramiques, qui présente un corps (1), de forme pratiquement
allongée dans la direction d'avance des produits à traiter, ledit corps délimitant
dans son volume intérieur, une chambre (2) où les produits (4) à soumettre au traitement
thermique sont entraînés sur une bande transporteuse (3) ou sont disposés statiquement,
caractérisé en ce que le corps (1) est réalisé au moyen d'une pâte à base de matière
céramique.
2. Moufle selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pâte à base de matière céramique
est constituée par du carbure de silicium.
3. Moufle, selon la revendication 2, caractérisé en ce que la pâte en carbure de silicium
possède un pourcentage de silice compris entre 82% et 88%.
4. Moufle, selon une ou plusieurs des revendications précédentes, caractérisé en ce que
des résistances électriques (5') sont noyées dans le corps (1').
5. Moufle, selon une ou plusieurs des revendications précédentes, caractérisé en ce que
le corps du moufle est composé d'une portion (8) en matière céramique et d'une portion
(9) en acier inoxydable réfractaire.
6. Moufle, selon une ou plusieurs des revendications précédentes, caractérisé en ce que
le corps du moufle est composé d'une portion (8) en carbure de silicium et d'une portion
(9) en acier inoxydable réfractaire.
7. Moufle, selon une ou plusieurs des revendications précédentes, caractérisé en ce que
le corps du moufle (11) est construit en acier inoxydable réfractaire et présente
intérieurement une base (10) en matière céramique, qui joue le rôle de soutien pour
la bande transporteuse ou le rôle de base d'appui dans le cas de chauffage statique.
8. Moufle selon une ou plusieurs des revendications précédentes, caractérisé en ce que
le corps du moufle (11) est construit en acier inoxydable réfractaire et présente
intérieurement une base (10) en carbure de silicium, qui joue le rôle de soutien pour
la bande transporteuse ou de base d'appui dans le cas de chauffage statique.