[0001] La présente invention est relative à un procédé de séparation d'air par adsorption
modulée en pression dans une installation comportant au moins un adsorbeur.
[0002] Par l'expression "adsorption modulée en pression", ou encore PSA (Pressure Swing
Adsorption), on entend les différents cycles qui ont été proposés pour produire de
l'oxygène à partir d'air atmosphérique par adsorption sélective sensiblement isotherme,
avec la pression de l'adsorbeur ou de chaque adsorbeur variant entre une haute pression
et une basse pression. La haute pression du cycle peut être supérieure ou égale à
la pression atmosphérique, tandis que la basse pression du cycle peut être égale ou
inférieure à la pression atmosphérique. Ces procédés comportent différentes combinaisons
d'étapes d'adsorption, de décompression/régénération et de recompression du ou des
adsorbeurs.
[0003] Des phénomènes thermiques complexes interviennent au sein de l'adsorbant dans les
procédés PSA. Ils sont dus d'une part aux chaleurs d'adsorption et de désorption des
constituants adsorbés, d'autre part aux échanges de chaleur entre les fluides en circulation
et l'adsorbant. On a constaté (voir par exemple le document US-A-5 529 610) que, par
suite de ces phénomènes, des gradients thermiques tendent à se former au sein du lit
d'adsorbant.
[0004] Or, un adsorbant donné possède une efficacité variable avec la température. Par conséquent,
les gradients thermiques ont un effet sur les performances des adsorbeurs. Diverses
mesures ont été proposées soit pour réduire cet effet lorsqu'il est néfaste, soit
pour en tirer parti, comme par exemple par une augmentation des transferts thermiques
au sein de l'adsorbant au moyen de barres métalliques (US-A- 4 026 680), ou par l'utilisation
de lits multiples adaptant plusieurs types d'adsorbants aux zones de température.
[0005] On comprend que les gradients thermiques sont particulièrement importants dans le
cas de la production d'oxygène à partir d'air, où la majeure partie du débit entrant
est adsorbée puis désorbée, ce qui met en jeu à chaque cycle des quantités de chaleur
d'adsorption/désorption très importantes.
[0006] La Demanderesse a constaté que, de manière surprenante, il était possible d'augmenter
substantiellement l'efficacité du procédé PSA de séparation d'air par une géométrie
particulière du lit d'adsorbant.
[0007] Le procédé suivant l'invention est ainsi caractérisé en ce qu'on établit les circulations
gazeuses dans l'adsorbeur en faisant passer les flux gazeux sensiblement radialement
à travers un lit annulaire fixe qui contient un volume V d'adsorbant au moins égal
à 1 m
3 et dont la hauteur H, mesurée en mètres, est au moins égale à 0,8 x V
0,35, typiquement comprise entre 1 x V
0,35 et 3 x
0,35.
[0008] L'invention a également pour objet une installation de séparation d'air destinée
à la mise en oeuvre d'un tel procédé.
[0009] Cette installation, du type comprenant une source d'air sous pression et au moins
un adsorbeur pouvant être relié sélectivement à cette source, est caractérisée en
ce que :
- le volume V d'adsorbant est au moins égal à 1 m3;
- l'adsorbeur contient un lit annulaire fixe d'adsorbant; et
- la hauteur H du lit annulaire, mesurée en mètre, est au moins égale à 0,8 x V0,35.
[0010] Typiquement H ≥ 1 x V
0,35 et n'excède pas 3 x V
0,35.
[0011] Dans un mode de réalisation, le lit annulaire est porté par un fond muni d'une isolation
thermique.
[0012] Un exemple de mise en oeuvre de l'invention va maintenant être décrit en regard du
dessin annexé, dont la Figure unique représente schématiquement une installation conforme
à l'invention.
[0013] On a schématisé sur le dessin un adsorbeur 1 qui contient un lit annulaire 2 d'un
adsorbant adapté pour séparer l'azote de l'oxygène par un procédé PSA de traitement
d'air atmosphérique. L'adsorbant 2 peut être tout type de matériau particulaire connu
dans la technique, par exemple un tamis moléculaire 5A.
[0014] L'adsorbeur 1 comporte une enveloppe extérieure 3 d'axe vertical X-X, constituée
d'une virole cylindrique 4, d'un dôme inférieur bombé 5 et d'un dôme supérieur bombé
6. Le dôme 5 est équipé d'une tubulure latérale extérieure 7 et est traversé à joint
étanche par un tube central 8 de diamètre
d.
[0015] Un fond inférieur 9 rigide, en forme de disque annulaire, est soudé autour du tube
8, à une petite distance au-dessus du dôme 5. La partie du tube 8 située sous le fond
9 est non perforée, tandis que sa partie située au-dessus de ce fond est perforée.
Une plaque supérieure 10 obture l'extrémité supérieure du tube 8. Une grille annulaire
11 entoure coaxialement la partie perforée du tube 8 et est soudée par sa base à la
périphérie du fond 9. Le sommet de la grille est soudé à une cornière annulaire 12
elle-même soudée à l'extrémité supérieure de la virole 4.
[0016] L'adsorbant 2 emplit tout l'espace délimité entre le tube 8 et la grille 11. Une
membrane souple 13, dont le bord déroulant 14 est collé de façon étanche à la cornière
12, s'applique élastiquement par sa région centrale sur la plaque 10 et par sa région
annulaire intermédiaire sur pratiquement toute la surface supérieure de l'adsorbeur.
Pour assurer une bonne application permanente de la membrane sur l'adsorbant, une
pression supérieure à la pression maximale du cycle d'adsorption est maintenue dans
le dôme 6, grâce à une source de gaz 15 qui est reliée à un orifice 16 du dôme.
[0017] L'adsorbeur contient ainsi un lit annulaire d'adsorbant dont le volume V est au moins
égal à 1 m
3, dont la hauteur H est égale à la distance séparant le fond 9 de la membrane 13,
et dont l'épaisseur radiale
e est égale à la distance entre le tube 8 et la grille 11.
[0018] En service, l'adsorbeur subit un cycle qui comprend : une phase d'adsorption, dans
lequel la tubulure 7 est reliée à une source 17 d'air sous la haute pression du cycle,
qui est au moins égale à la pression atmosphérique; une phase de régénération de l'adsorbant,
comportant au moins une étape de décompression jusqu'à la basse pression du cycle;
et une phase de recompression jusqu'à la haute pression. Ce cycle peut être l'un quelconque
des nombreux cycles qui ont été proposés.
[0019] Pendant la phase d'adsorption, l'air à traiter pénètre dans l'espace annulaire 18
qui sépare la grille 11 de la virole 4 de l'enveloppe 3, et traverse sensiblement
radialement le lit 2 vers l'intérieur (flèches en traits pleins), tandis que l'azote
est adsorbé. L'oxygène produit se rassemble dans le tube 8 et sort de l'adsorbeur
par l'extrémité inférieure de celui-ci.
[0020] Au cours de la phase de régénération, la tubulure 7 peut être mise à l'atmosphère
ou reliée à une pompe à vide 14, et le tube 8 peut être obturé ou relié à une source
20 de gaz d'élution, par exemple d'oxygène de production ou d'oxygène impur obtenu
lors d'une phase de dépressurisation de l'adsorbeur. Il se produit dans tous les cas
une circulation de gaz sensiblement radiale en sens inverse de la précédente, c'est-à-dire
traversant le lit 2 dans le sens centrifuge (flèches en traits mixtes) et sortant
de l'adsorbeur via le tube 8.
[0021] La géométrie du lit 2 est telle que H ≥ 0,8 x V
0,35, avec avantageusement H ≥ V
0,35 et H ≤ 3 x V
0,35 et de préférence H compris entre 1,0 x V
0,35 et 2,5 x V
0,35.
[0022] On a constaté de façon surprenante que, pour un lit d'épaisseur radiale
e donnée, les performances augmentaient lorsqu'on passait d'une unité pilote de faible
hauteur à une unité de taille industrielle de grande hauteur, alors que rien dans
la théorie ne laissait prévoir ce résultat et qu'au contraire la distribution des
flux gazeux est moins avantageuse dans le cas de l'unité industrielle.
[0023] On attribue ce résultat au fait que les entrées de chaleur latérales par les surfaces
S
L parallèles aux écoulements gazeux, qui modifient la température de la zone d'adsorbant
adjacente, sont proportionnellement alors beaucoup plus faibles.
[0024] Ainsi, la moindre importance relative des gradients thermiques orthogonalement aux
écoulements gazeux conduirait à un travail plus homogène de l'adsorbant sur toute
la section perpendiculaire aux flux gazeux et, de ce fait, à de meilleures performances
globales.
[0025] On a constaté par ailleurs que, de façon surprenante, avec un adsorbeur suivant l'invention,
l'énergie spécifique de séparation de l'oxygène est substantiellement inférieure à
ce qu'elle serait si le même volume V du même adsorbant était disposé sous la forme
d'un lit cylindrique classique de hauteur
e, avec une circulation verticale des courants gazeux à travers ce lit.
[0026] On pense que, là encore, ce résultat avantageux provient du fait que la forme élancée
de l'adsorbeur correspond à des surfaces parallèles aux écoulements gazeux S
L, supérieure et inférieure, particulièrement faibles, et inférieures à ce qu'elles
sont dans le cas de l'adsorbeur à lit cylindrique classique, ce qui réduit les gradients
thermiques dans le sens perpendiculaire aux écoulements gazeux, c'est-à-dire parallèlement
à l'axe X-X.
[0027] Eventuellement, on peut prévoir une isolation thermique du fond 9, comme schématisé
en 9A, afin de réduire encore les gradients thermiques verticaux au sein de l'adsorbant.
[0028] En variante, le lit 2 peut être constitué d'au moins deux lits annulaires concentriques
élémentaires dont chacun est formé d'un adsorbant différent.
1. Procédé de séparation d'air par adsorption modulée en pression dans une installation
comportant au moins un adsorbeur, caractérisé en ce qu'on établit les circulations
gazeuses dans l'adsorbeur (1) en faisant passer les flux gazeux sensiblement radialement
à travers un lit annulaire fixe (2) qui contient un volume V d'adsorbant au moins
égal à 1 m3 et dont la hauteur H, mesurée en mètres, est au moins égale à 0,8 x V0,35.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que ladite hauteur (H) est au
moins égale à V0,35.
3. Procédé suivant la revendication 2, caractérisé en ce que ladite hauteur (H) n'excède
pas 3 x V0,35.
4. Installation de séparation d'air par adsorption modulée en pression, du type comprenant
une source d'air sous pression (12) et au moins un adsorbeur (1) pouvant être relié
sélectivement à cette source, caractérisée en ce que :
- le volume V d'adsorbant est au moins égal à 1 m3 ;
- l'adsorbeur (3) contient un lit annulaire fixe d'adsorbant (2); et
- la hauteur H du lit annulaire, mesurée en mètre, est au moins égale à 0,8 x V0,35.
5. Installation suivant la revendication 4, caractérisée en ce que ladite hauteur (H)
est au moins égale à V0,35.
6. Installation suivant la revendication 5, caractérisée en ce que ladite hauteur (H)
n'excède pas 3 x V0,35.
7. Installation suivant l'une quelconque des revendications 4 à 7, caractérisée en ce
que le lit annulaire (2) est porté par un fond (9) muni d'une isolation thermique.
8. Installation suivant l'une quelconque des revendications 4 à 7, caractérisée en ce
que ledit lit annulaire (2) comprend au moins deux lits annulaires concentriques élémentaires
d'adsorbant.
9. Installation suivant la revendication 8, caractérisée en ce que lesdits lits annulaires
sont constitués d'adsorbants différents.