[0001] La présente invention a pour objet un train de tiges de forage.
[0002] Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, il existe un certain nombre de
situations dans lesquelles il est nécessaire de pouvoir disposer d'un train de tiges
creuses pour permettre le forage et l'injection de matériaux liquides tels que des
coulis.
[0003] C'est notamment, mais non exclusivement, le cas de la mise en oeuvre d'un procédé
de traitement des sols par jet rotatif, procédé qui est utilisé pour la réalisation
d'éléments de renforcement sous forme de colonnes et celle d'écrans d'étanchéité dans
la masse d'un terrain perméable.
[0004] Un tel procédé est décrit en détail dans le brevet français n°2 697 551. Il n'est
donc pas nécessaire de décrire celui-ci plus en détail. Il suffit de rappeler que
pour la mise en oeuvre de ce procédé, on utilise habituellement un dispositif comprenant
une centrale de production d'un coulis de ciment alimentant en coulis une ou plusieurs
pompes reliées par l'intermédiaire d'un joint tournant à un train de tiges introduit
dans le forage où doit se faire le traitement par jet. Le train de tiges peut être
entraîné en translation et en rotation grâce à une tête rotative hydraulique, en serrant
l'extrémité supérieure du train de tige qui est elle-même montée de préférence sur
une glissière de forage. En général, la ou les pompes délivrent le fluide le plus
souvent constitué par un coulis (constitué par un mélange d'eau et de ciment ou d'eau
et de liant) ou de l'eau avec des pressions de l'ordre de 200 à 700 bars ou plus.
[0005] Comme cela est bien connu, le train de tiges est constitué par des tiges ayant la
forme de tronçons tubulaires unitaires raccordés les uns aux autres et munis de joints
d'étanchéité appropriés, chaque tronçon pouvant être formé d'un tube simple dans le
cas d'un jet unique ou de plusieurs tubes coaxiaux dans le cas d'un jet double ou
triple. On comprend que, dans ce procédé, le train de tiges remplit la double fonction
de permettre le déplacement dans le forage du ou des jets rotatifs et de transmettre
les fluides depuis la station de production jusqu'aux buses d'éjection, ces fluides
pouvant être un coulis, de l'air ou de l'eau.
[0006] En outre, un outil de forage peut être prévu en dessous des buses servant à la réalisation
du ou des jets à l'extrémité inférieure du train de tiges pour réaliser le forage
dans lequel s'effectuera le traitement.
[0007] En pratique, le traitement par jet est commencé en plaçant le dispositif à jet au
fond du forage et en entraînant le train de tiges selon un mouvement de rotation et
de translation vers la tête du forage jusqu'à ce que l'on obtienne une colonne de
terrain traité sur la hauteur voulue. On comprend que, durant cette opération, le
train de tiges lors de sa remontée fait saillie d'une hauteur de plus en plus grande
au-dessus de la surface du sol dans lequel le traitement est appliqué. Cela ne présente
pas d'inconvénient lorsque le travail est effectué dans des conditions de chantier
normales, c'est-à-dire dans des conditions où la hauteur au-dessus du sol n'est pas
limitée ou du moins permet la remontée complète du train de tiges.
[0008] Cependant, il existe des situations dans lesquelles la hauteur disponible au-dessus
du forage est réduite par exemple en raison d'un plafond de hauteur réduite, de chambre
de travail étroite, etc., de telle manière que l'on ne dispose pas dans l'axe du forage
de la place nécessaire pour remonter la longueur voulue de train de tiges. On comprend
que, dans ce cas, il est nécessaire de démonter en cours de traitement les tiges au
fur et à mesure de leur remontée.
[0009] Un tel démontage présente cependant l'inconvénient qu'il crée le risque que du coulis
circulant dans les éléments tubulaires constitués par les tiges pénètre dans le canal
d'amenée d'air ou d'eau de ces tiges, ce qui, à la reprise du traitement, endommage
ou bouche les buses d'éjection du coulis. De plus, lors du démontage, on est obligé
de stopper l'alimentation en fluides et notamment en coulis du train de tiges et on
court le risque qu'il ne se produise alors un retour intempestif de l'air éjecté venant
boucher les buses.
[0010] Afin de remédier à cet inconvénient, on a proposé dans le brevet français déjà mentionné
de séparer la fonction de train de tiges proprement dite de la fonction de canalisation
de l'alimentation en coulis des buses d'éjection. Dans ce brevet, il est prévu d'utiliser
des conduites flexibles raccordées à la tête d'éjection et disposées hors du train
de tiges. Cette solution permet effectivement de résoudre le problème posé puisque,
le coulis ne circulant pas dans le train de tiges, il est aisé de démonter les tiges
au fur et à mesure de leur remontée.
[0011] Cette solution est satisfaisante. Cependant au moins dans certains cas la présence
des conduites flexibles dans le forage à l'extérieur du train de tiges fait que ces
conduites flexibles n'étant pas protégées, elles risquent donc d'être usées ou même
perforées.
[0012] Un objet de la présente invention est de fournir un train de tiges de forage qui,
notamment dans le cas de la mise en oeuvre d'un procédé d'injection de coulis, permet
un démontage aisé du train de tiges sans interrompre l'alimentation en coulis des
buses d'éjection, tout en évitant les inconvénients mentionnés ci-dessus.
[0013] Pour atteindre ce but, selon l'invention, le train de tiges de forage comprenant
une pluralité de tiges présentant toutes un même évidement axial, chaque tige comportant
à une première extrémité un embout mâle et à une deuxième extrémité un embout femelle,
l'embout mâle d'une première tige étant apte à coopérer avec l'embout femelle d'une
tige adjacente, se caractérise en ce que chaque tige présente dans sa paroi entourant
ledit évidement axial une fente s'étendant sur toute sa longueur, les embouts mâle
et femelle étant agencés de telle manière que lorsque plusieurs tiges sont assemblées,
la fente d'une tige, par rapport à l'axe commun des tiges, soit disposée sensiblement
à 180° par rapport aux fentes des deux tiges adjacentes, ledit train comprenant en
outre au moins une conduite disposée dans les évidements axiaux desdites tiges, la
largeur de la fente de chaque tige étant au moins égale au diamètre de ladite conduite.
[0014] On comprend que, grâce à la forme particulière donnée à chaque tige du train de tiges,
les conduites pour les différents liquides qui doivent être éjectés à la base du train
de tiges circulent dans des flexibles disposés à l'intérieur des tiges assurant ainsi
la protection de ces flexibles. On comprend cependant que, du fait que chaque tige
comporte une fente sur toute sa longueur, il est possible de procéder à l'enlèvement
et au démontage successivement de chaque tige sans que cela perturbe l'écoulement
du coulis dans les flexibles. On voit de plus que l'alternance des tiges présentant
des fentes disposées à 180° assure un très bon guidage des flexibles à l'intérieur
de l'évidement axial défini par la succession des tiges et la protection mécanique
de ces flexibles. En revanche, le démontage successif des tiges est aisé puisque les
flexibles peuvent passer par la fente prévue dans chaque tige.
[0015] Selon un mode préféré de réalisation chaque embout mâle ou femelle comporte un évidement
axial prolongeant celui de la tige et une paroi entourant ledit évidement, ladite
paroi présentant des échancrures s'étendant parallèlement à la direction axiale de
la tige, une desdites échancrures prolongeant la fente de la tige, lesdites échancrures
étant séparées par des portions en saillie de la paroi, les échancrures d'un embout
mâle ou femelle d'une tige correspondant aux portions en saillie d'un embout femelle
ou mâle d'une tige adjacente, par quoi les faces latérales des échancrures parallèles
à la direction axiale d'un embout mâle et d'un embout femelle coopèrent entre elles
lorsqu'un mouvement de rotation est appliqué au train de tiges, et les faces des portions
en saillie et des échancrures d'un embout mâle et d'un embout femelle coopèrent entre
elles sous l'effet d'une poussée verticale descendante appliquée au train de tiges.
[0016] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux à la lecture
de la description qui suit de plusieurs modes de réalisation de l'invention donnés
à titre d'exemples non limitatifs. La description se réfère aux figures annexées,
sur lesquelles :
- la figure 1 est une vue d'ensemble d'une installation de traitement du sol par jet
rotatif utilisant un train de tiges conforme à l'invention ;
- la figure 2 est une vue simplifiée en élévation d'un train de tiges conforme à l'invention
;
- la figure 3 est une vue en coupe horizontale selon la ligne 3-3 de la figure 2 ;
- les figures 4 et 5 sont des vues en perspectives respectivement de l'embout mâle et
de l'embout femelle d'une tige ;
- la figure 6 est une vue en coupe horizontale de l'embout mâle d'une tige présentant
une première orientation de fente ;
- la figure 7 est une vue en coupe horizontale de l'embout mâle d'une tige présentant
la deuxième orientation de fente ; et
- la figure 8 est une vue en coupe horizontale d'un embout mâle et d'un embout femelle
connectés entre eux.
[0017] Sur la figure 1, on a représenté en coupe verticale, de façon simplifiée, une installation
pour la mise en oeuvre du procédé de traitement du sol par jet de coulis. Dans le
forage 10 est disposé un train de tiges tubulaire 14 constitué par les tiges 16a,
etc., 16n. La tige inférieure 16n a son extrémité inférieure solidaire d'une tête
d'éjection de coulis 18, cette tête d'éjection pouvant également éventuellement être
équipée d'une tête de forage servant à réaliser le forage 10. A l'intérieur du passage
axial défini par les tiges tubulaires 16 sont disposées des conduites flexibles telles
que 20 et 22 servant à l'alimentation des buses d'éjection notamment en coulis en
eau ou en air. Avantageusement, les extrémités de ces tubes flexibles 20 et 22 peuvent
être enroulées sur des tambours de stockage tels que 24 disposés à la surface du sol.
L'installation comporte également une tête 26 de mise en rotation du train de tige
ainsi qu'une glissière 28 de guidage des tiges dans leur partie faisant saillie hors
du forage 10.
[0018] Sur la figure 2, on a représenté schématiquement des tiges de forage 16 assemblées
les unes aux autres. Ces tiges tubulaires comportent un embout mâle supérieur 30 et
un embout inférieur femelle 32. On peut ainsi réaliser la liaison mécanique entre
deux tiges 16 consécutives et constituer ainsi l'ensemble du train de tiges. Selon
une caractéristique essentielle de l'invention, ainsi qu'on l'expliquera plus en détail
ultérieurement, les tiges comportent bien sûr un évidement axial 34 qui communique
avec l'extérieur par une fente 36 dont la largeur
e est sensiblement égale à la dimension e' de l'évidement 34. Selon une autre caractéristique
de l'invention, les embouts mâle 30 et femelle 32 sont réalisés de telle manière que,
après assemblage, les fentes 36 des tiges soient disposées alternativement en faisant
un angle de 180° par rapport à l'axe commun X-X' du train de tiges. Par exemple, sur
la figure 2, pour la tige 16b, la fente est dirigée vers l'avant de la figure, alors
que pour la tige 16a, la fente est dirigée vers l'arrière de la figure.
[0019] L'évidement axial de chaque tige est destiné à recevoir les conduites 20 et 22.
[0020] De préférence, la partie courante de chaque tige 16 est constituée par une tôle pliée
38 qui définit le logement axial 34 ainsi que la fente 36.
[0021] Comme le montrent plus clairement les figures 4 et 5, les embouts respectivement
mâle 30 et femelle 32 sont des pièces massives soudées aux extrémités de la partie
courante de la tige 16.
[0022] Si l'on considère l'embout mâle 30, il comporte une partie massive 40 munie de la
fente 42 prolongeant la fente 36 de la tige et d'une partie de connexion 44. Dans
le cas de l'embout mâle 30, cette partie de connexion comporte comme le montre mieux
la figure 6 deux évidements 46 et 48. Si l'on considère les différentes zones de la
partie de connexion 44 par rapport à l'axe X-X' du train de tiges, on trouve une première
zone en saillie 50 opposée à une zone formant une fente 52 qui prolonge la fente 42.
Les parties restantes constituent les échancrures 46 et 48 qui sont diamétralement
opposées ainsi que deux portions en saillie, la portion 54 étant raccordée à la portion
50 et la portion 56 étant isolée. La figure 5 montre l'embout femelle qui a exactement
la même forme que l'embout mâle. La seule différence consiste dans le fait que les
parties en saillie de l'embout mâle sont munies à leur extrémité supérieure de chanfreins
tels que 60 pour faciliter l'assemblage des tiges.
[0023] L'embout femelle 32 présente donc exactement le même système d'échancrure et de parties
en saillie. Si l'on considère les embouts mâles et femelles des tiges destinés à être
associés à une tige donnée et dont l'orientation de la fente est disposée à 180°,
on trouve la disposition représentée sur la figure 6.
[0024] En ce qui concerne les embouts mâle et femelle 63 des tiges destinées à présenter
l'orientation opposée de fente, ils présentent une inversion des parties en saillie
et des encoches comme le montre la figure 7.
[0025] On comprend que l'engagement de l'embout mâle d'une tige et de l'embout femelle de
la tige adjacente assure d'une part la liaison en rotation de ces deux tiges par la
coopération des faces verticales telles que 62 des échancrures et d'autre part la
liaison de ces deux tiges dans le sens de l'enfoncement par la coopération des surfaces
d'appui telles que 64 des échancrures et des parties en saillie, ces faces étant perpendiculaires
à l'axe des tiges, c'est-à-dire horizontales.
[0026] De préférence, comme le montre par exemple la figure 6, les faces latérales verticales
62
1 et 62
2 des échancrures 46 et 48 sont disposées dans un même plan contenant l'axe XX' de
la tige. Cette disposition favorise bien sûr la transmission du couple entre les tiges.
En raison de la présence des fentes dans les tiges, les autres faces latérales verticales
62
3 et 62
4 des échancrures ne peuvent respecter exactement cette disposition. Elles s'en approchent.
Comme on le voit sur la figure 6, les faces 62
3 et 62
4 sont disposées sensiblement dans un même plan, mais ce plan est légèrement décalé
par rapport à l'axe XX'.
[0027] Plus généralement, on s'efforce pour que les faces latérales correspondantes des
échancrures soient sensiblement disposées dans un même plan contenant l'axe de la
tige.
[0028] Pour assurer la liaison mécanique nécessaire entre les tiges lors de leur remontée,
on a prévu dans chaque embout femelle un axe mobile 70 et 72 qui peut être engagé
dans des alésages correspondants 74 et 76 pour l'embout femelle et 78 et 80 pour l'embout
mâle. On comprend que, lorsque les axes 70 et 72 sont engagés et verrouillés dans
les différents alésages "horizontaux", la solidarisation des tiges est assurée dans
le sens du soulèvement desdites tiges.
[0029] La figure 8 montre l'assemblage de l'embout mâle d'une tige et de l'embout femelle
de la tige adjacente. On voit qu'à ce niveau l'évidement axial est entièrement entouré
par la combinaison des embouts mâle et femelle, ce qui assure le maintien des flexibles
90 et 92 dans les tiges. En revanche, dès que les tiges sont désaccouplées, la fente
permettant l'extraction des flexibles est recréée.
1. Train de tiges de forage comprenant une pluralité de tiges présentant toutes un même
évidement axial, chaque tige comportant à une première extrémité un embout mâle et
à une deuxième extrémité un embout femelle, l'embout mâle d'une première tige étant
apte à coopérer avec l'embout femelle d'une tige adjacente, caractérisé en ce que
chaque tige présente dans sa paroi entourant ledit évidement axial une fente s'étendant
sur toute la longueur, les embouts mâle et femelle étant agencés de telle manière
que lorsque plusieurs tiges sont assemblées, la fente d'une tige, par rapport à l'axe
commun des tiges, soit disposée sensiblement à 180° par rapport aux fentes des deux
tiges adjacentes, ledit train comprenant en outre au moins une conduite disposée dans
les évidements axiaux desdites tiges, la largeur de la fente de chaque tige étant
au moins égale au diamètre de ladite conduite.
2. Train de tiges selon la revendication 1, caractérisé en ce que chaque embout mâle
ou femelle comporte un évidement axial prolongeant celui de la tige et une paroi entourant
ledit évidement, ladite paroi présentant des échancrures s'étendant parallèlement
à la direction axiale de la tige, une desdites échancrures prolongeant la fente de
la tige, lesdites échancrures étant séparées par des portions en saillie de la paroi,
les échancrures d'un embout mâle ou femelle d'une tige correspondant aux portions
en saillie d'un embout femelle ou mâle d'une tige adjacente, par quoi les faces latérales
des échancrures parallèles à la direction axiale d'un embout mâle et d'un embout femelle
coopèrent entre elles lorsqu'un mouvement de rotation est appliqué au train de tiges,
et les faces des portions en saillie et des échancrures d'un embout mâle et d'un embout
femelle coopèrent entre elles sous l'effet d'une poussée verticale descendante appliquée
au train de tiges.
3. Train de tiges selon la revendication 2, caractérisé en ce que chaque embout mâle
ou femelle comporte deux échancrures et donc deux portions en saillie.
4. Train de tiges selon la revendication 3, caractérisé en ce que les faces latérales
correspondantes des échancrures soient disposées dans un même plan contenant sensiblement
l'axe de la tige.
5. Train de tiges selon l'une quelconque des revendications 2 à 4, caractérisé en ce
que chaque embout mâle ou femelle comporte des moyens mobiles de verrouillage d'une
tige par rapport aux tiges adjacentes selon la direction de l'axe commun desdites
tiges.
6. Train de tiges selon la revendication 5, caractérisé en ce que lesdits moyens de verrouillage
comprennent des axes montés coulissants dans des alésages ménagés dans lesdits embouts,
les axes desdits alésages étant orthogonaux à l'axe longitudinal de la tige.