[0001] L'invention concerne un procédé de décapage et de décalaminage d'un acier inoxydable.
[0002] Il est connu du brevet japonais n° JP S 56-171 638 un procédé de décalaminage de
fil d'acier dans lequel le fil est décapé dans un bain d'acide chlorhydrique, le bain
ayant une concentration en acide chlorhydrique compris entre 10 et 20 % en poids.
Pour accélérer le décapage, on modifie la concentration en acide du bain. Cependant,
il est enseigné qu'une solution trop concentrée occasionne des dégagements de fumées
et oblige à sur-dimensionner la taille des installations au détriment du coût. Selon
la technique proposée dans ce document, il est additionnée une quantité de FeCl
2 à une concentration pouvant aller jusqu'à la saturation ainsi qu'une quantité de
FeCl
3 de manière que le potentiel d'oxydo réduction de Fe
3+ / Fe
2+ soit régulé en cours du décalaminage. Le potentiel est ajusté par addition en FeCl
3 via une busette d'injection. Le processus de décapage consiste en la dissolution
par HCl du substrat ferreux ce qui engendre un dégagement d'hydrogène.
[0003] Il est également connu, par exemple du brevet JP H2-205692, un bain de décapage des
aciers inoxydables dans lequel les produits laminés à chaud ou soumis à un recuit
sont décapés dans une solution d'acide sulfurique contenant des ions Fe
3+ et Fe
2+, ladite solution contenant au moins 10 g/litre de fer, le décapage étant effectué
en aérant la solution par de l'air insufflé à un débit d'au moins 100 ml/mn et par
litre de solution. Dans un bain à base d'acide sulfurique, l'air insufflé a pour but
le brassage du bain.
[0004] Il est également connu du certificat d'utilité n° FR 2 551 465, associé au brevet
EP n° 0236 354, un procédé de décapage en continu d'une bande d'acier inoxydable dans
lequel on utilise un bain de décapage composé principalement d'acide fluorhydrique
contenant des ions ferriques, le décapage de la bande d'acier étant réalisé en maintenant
la teneur en fer ferrique à au moins 15 g/l par l'oxydation du bain au moyen d'une
injection d'air ou de l'introduction complémentaire d'un autre oxydant, le peroxyde
d'hydrogène, tout en maintenant le potentiel REDOX dudit bain dans un intervalle de
valeurs compris entre 0 et 800 mV.
[0005] Il est enseigné dans ces documents le rôle oxydant de l'air qui oxyde les ions Fe
2+ en ions Fe
3+, la réaction de décapage s'effectuant sans dégagement d'hydrogène.
[0006] Nous retrouvons également dans le domaine du décapage des aciers inoxydables un nombre
conséquent de documents qui décrivent des procédés de décapage dont les bains sont
constitués d'un mélange de deux ou trois des acides cités précédemment pour éviter
l'utilisation classique de l'acide nitrique qui a l'inconvénient de générer des dérivés
polluants du type NOx de cet acide.
[0007] Le décapage des aciers inoxydables notamment austénitiques a été amélioré très sensiblement
avec la génération des bains dont le composé oxydant est le peroxyde d'hydrogène.
[0008] L'utilisation du peroxyde d'hydrogène, en particulier, avec l'acide fluorhydrique,
le plus dangereux pour l'humain, a permis d'éliminer l'acide nitrique nocif pour l'environnement.
Néanmoins, tous ces progrès n'ont pas limité les risques d'exploitation. Ainsi, l'utilisation
de l'acide fluorhydrique contribue à augmenter le risque potentiel humain et les risques
pour l'environnement, lors de l'exploitation et lors du traitement des bains. Enfin,
l'utilisation de peroxyde conduit à des risques d'exploitation importants en terme
de sécurité comme par exemple le risque de dégagement brutal d'oxygène pouvant entraîner
des explosions et incendies, le risque de brûlure chimique. De plus le stockage et
la manutention conduisent à des coûts d'investissement élevés. Il faut également préciser
que les bains de décapage à base d'acide fluorhydrique sont généralement neutralisés
avec de la chaux, ce qui génère une grande quantité de boues.
[0009] Une autre catégorie de bains de décapage oxydants existe. Il s'agit de bains de décapage
alcalins oxydants et contenant du permanganate de potassium ce qui entraîne des difficultés
d'exploitation comme par exemple la décomposition en boues d'oxydes de manganèse et
des problèmes d'environnement liés aux égouttures de permanganate de potassium, de
couleur violet intense. Ces raisons ont conduit à l'élimination progressive de ces
bains de décapage et de manière plus générale, à l'élimination de l'oxydant permanganate
de potassium qui est connu générer des effluents de couleur violet intense.
[0010] Le but de l'invention est la mise au point d'une solution de décapage qui réduit
les risques d'exploitation du point de vue de la sécurité tout en conservant les acquis
du point de vue environnement.
[0011] L'objet de l'invention est un procédé de décapage et/ou de décalaminage d'un acier
inoxydable, dans une solution traitante acide contenant des ions Fe
2+ et Fe
3+ et dans lequel on utilise le permanganate de potassium de manière que dans la solution,
l'ion permanganate MnO
4- soit réduit à l'état d'ion Mn
2+ .
[0012] Les autres caractéristiques de l'invention sont:
- le décapage d'acier, notamment d'acier inoxydable austénitique consiste, à appliquer
une solution traitante aqueuse oxydante de décapage contenant notamment, l'acide sulfurique
en concentration comprise entre 1 g/litre et 300 g/litre, des ions ferriques et ferreux
en solution, et en vue de conserver un pouvoir décapant constant dans la solution
aqueuse d'acide sulfurique, à maintenir le taux en ions Fe3+, par oxydation des ions Fe2+ générés par le décapage, par introduction dans la solution traitante de permanganate
de potassium assurant à la fois, la présence en continu d'une teneur minimale d'ions
Fe3+ et la présence d'ions Mn2+, le potentiel Redox étant maintenu à une valeur comprise entre 300 et 1200 mV potentiel
mesuré entre une électrode de platine et une électrode de référence Ag/AgCl placées
dans la solution.
- l'aération de la solution traitante est réalisée par des moyens choisis parmi : pompage
et refoulement de la solution à l'air libre, bullage, brassage, injection d'un gaz
contenant l'élément oxygène, aspersion de la solution traitante dans une enceinte
contenant de l'air.
- la solution présente, de préférence, une concentration en acide sulfurique comprise
entre 100 g/litre et 200 g/litre.
- la solution traitante est appliquée dans un intervalle de température compris entre
10°C et 95°C et de préférence entre 80°C et 95°C.
- on ajuste le potentiel Redox entre 600 mV et 1200 mV.
[0013] La description qui suit fera bien comprendre l'invention.
[0014] Au cours de la fabrication de pièces sidérurgiques, pouvant être issus de brames
de lingots ou de billettes soumis à des opérations de laminage à chaud, les pièces
se recouvrent de calamine. Dans le cas de l'élaboration de demi-produits subissant
des traitements thermiques, il y a aussi formation en surface d'une couche oxydée.
Il est nécessaire d'éliminer la totalité des couches oxydées pour assurer une qualité
de surface sur les produits finis. L'élimination de ces couches oxydées est généralement
assurée par un décapage. Le décapage conditionne la qualité de la surface finale de
la pièce.
[0015] Les procédés de décapage actuels utilisent, de préférence, des solutions comprenant
seuls ou en combinaison, en différentes concentrations, les acides sulfurique et ou
fluorhydrique et ou chlorhydrique et sont éventuellement oxydés à l'aide de peroxyde
d'hydrogène.
[0016] L'acide chlorhydrique génère des dégagements gazeux très corrosifs et les installations
de décapage demandent à être étanches pour éviter la corrosion des installations environnantes
par les vapeurs chlorhydriques.
[0017] L'acide fluorhydrique est un composé dangereux, particulièrement dans le domaine
de sa manipulation, car il provoque au contact de la peau des brûlures dramatiques,
voire mortelles.
[0018] Ainsi, l'invention s'oriente à réduire les risques humains, les risques de dégradation
de l'environnement, les coûts d'exploitation.
[0019] De préférence, la solution de décapage selon l'invention, est réalisée avec notamment,
l'acide sulfurique, de manière à éviter les risques inhérents aux autres acides, risque
humain, de corrosion des installations et de pollution.
[0020] L'acide utilisé de préférence, l'acide sulfurique, est alors le principal acide constituant
la solution de décapage. Le fait d'introduire dans la solution traitante un autre
acide en concentration réduite, sera, par exemple, nuisible du point de vue environnement
mais ne modifiera pas ou très peu le procédé de décapage en lui même selon l'invention.
[0021] L'oxydant utilisé selon l'invention est le permanganate de potassium facilement maniable
industriellement car c'est un composé solide, et il ne conduit à aucune coloration
dans les conditions d'utilisation préconisées selon l'invention. En fonction de la
nature de l'acier décapé, l'agressivité de la solution traitante est contrôlé par
l'ajustement de l'acidité, de la température, et du potentiel REDOX.
[0022] Contrairement au préjugé répandu concernant la coloration des bains contenant du
permanganate de potassium, la solution de décapage acide, selon l'invention, dans
ses conditions d'utilisation, ne conduit à aucune coloration. En effet, et selon l'invention,
il a été constaté qu'en présence d'ions Fe
2+, le bain ne présentait pas la coloration violet intense.
[0023] Dans ce milieu, l'ion MnO
4- qui donne l'aspect violet intense est réduit à l'état Mn
2+ qui ne colore pas la solution. La solution traitante de décapage conserve alors la
coloration verte/brune habituelle des solutions de décapage.
[0024] De plus, l'oxydant KMnO
4 permet d'atteindre des taux élevés en ions Fe
3+ du fait, notamment de sa grande stabilité chimique.
[0025] Le décapage selon l'invention est effectué avec des concentrations en acide sulfurique
comprise entre 1 et 350 g/litre (0,01 N à 7 N) et de préférence entre 100 et 200 g/litre
(2 N à 4 N). Le décapage peut être effectué à des températures pouvant atteindre 95°C.
La stabilité du permanganate de potassium, à des températures comprises de préférence
entre 80°C et 95°C, garantit un rendement d'oxydation de 100%, rendement qui ne peut
pas être atteint avec, par exemple, le peroxyde d'hydrogène.
[0026] La quantité de permanganate de potassium introduit dans le bain de décapage est compris
entre 2 et 6 kg/tonne de métal décapé et de préférence d'environ 4 kg/tonne de métal
décapé.
[0027] Le potentiel REDOX, dans cet exemple d'application, peut être compris entre 300 et
1200 V/ Ag/Ag Cl et de préférence entre 600 et 1200 mV.
[0028] Les meilleures conditions du point de vue efficacité - coût de production sont obtenues
avec une solution traitante ayant une acidité comprise entre 2,5 et 3,5 N et un potentiel
REDOX d'environ 600 mV, à une température d'environ 90°C.
[0029] Des couronnes de fil machine en acier du type AISI 304L sont décapées au trempé dans
un bain de décapage contenant 150 g/l de H
2SO
4 sous un potentiel Redox d'environ 600 mV Ag/Ag Cl, à une température de 85°C en une
durée de 15 mm.
[0030] Des couronnes de fil machine en acier du type AISI 304CU sont décapées dans un bain
de décapage identique et dans les mêmes conditions en 8 mm.
[0031] De préférence, l'installation de décapage peut comporter des moyens d'insufflation
d'air qui permettent l'oxygénation du bain et l'oxydation des ions ferreux avec un
faible rendement, pouvant assurer une réduction de la quantité d'oxydant solide utilisé
et également, un meilleur décapage dans des parties confinées des pièces décapées
du fait essentiellement du brassage de l'air insufflé.
[0032] D'autres oxydants solides peuvent être utilisés comme par exemple, le bichromate
de potassium, les perborates et perchlorates mais certains présentent des inconvénients
du point de vue pollution ou instabilité chimiques.
[0033] Les avantages de l'invention résident dans l'élimination des acides chlorhydrique
et fluorhydrique, dans l'utilisation d'un oxydant solide assurant un rendement d'oxydation
de 100% et permettant une manipulation économique sans risque, dans l'utilisation
du permanganate de potassium, naturellement de couleur violet intense et utilisé,
selon l'invention, dans une solution de décapage acide ne contenant pas d'ions MnO
4-.
[0034] Pour des applications particulières, la solution traitante de décapage selon l'invention
peut être dopée avec par exemple, de l'acide fluorhydrique, la concentration d'acide
étant inférieure à 20g/litre.
[0035] D'autres acides peuvent remplacer, le cas échéant, l'acide sulfurique, étant entendu
que la condition essentielle est la présence d'ions ferreux et ferrique et de Mn
2+ dans des conditions telles qu'on obtient la réduction en Mn
2+ des ions MnO
4-.
[0036] Enfin, l'invention permet de conserver les installations 〈〈 aval 〉〉 de traitement
d'effluents en l'état. Les bains usés sont traités à la soude, ce qui réduit les quantités
de boues, comparativement au bains usés contenant de l'acide fluorhydrique et traités
à la chaud. Aucune modification de procédé n'est nécessaire lors de la mise en place
d'une solution sulfurique dont le potentiel REDOX est garanti par l'ajout de permanganate
de potassium.
1. Procédé de décapage et ou de décalaminage d'un acier inoxydable, dans une solution
traitante acide contenant des ions Fe2+ et Fe3+ et dans lequel on utilise le permanganate de potassium de manière que dans la solution,
l'ion permanganate MnO4- soit réduit à l'état d'ion Mn2+ .
2. Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le décapage d'acier, notamment
d'acier inoxydable austénitique consiste, à appliquer une solution traitante aqueuse
oxydante de décapage contenant notamment, l'acide sulfurique en concentration comprise
entre 1 g/litre et 300 g/litre, des ions ferriques et ferreux en solution, et en vue
de conserver un pouvoir décapant constant dans la solution aqueuse d'acide sulfurique,
à maintenir le taux en ions Fe3+, par oxydation des ions Fe2+ générés par le décapage, par introduction dans la solution traitante de permanganate
de potassium assurant à la fois, la présence en continu d'une teneur minimale d'ions
Fe3+ et la présence d'ions Mn2+, le potentiel Redox étant maintenu à une valeur comprise entre 300 et 1200 mV potentiel
mesuré entre une électrode de platine et une électrode de référence Ag/AgCl placées
dans la solution.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que la solution présente, de préférence,
une concentration en acide sulfurique comprise entre 100 g/litre et 200 g/litre.
4. Procédé selon l'une des revendications 2 et 3, caractérisé en ce que la solution traitante
est appliquée dans un intervalle de température compris entre 10°C et 95°C et de préférence
entre 80°C et 95°C.
5. Procédé selon l'une des revendications 2 à 4, caractérisé en ce qu'on ajuste le potentiel
Redox entre 600 mV et 1200 mV.
6. Procédé selon l'une des revendications 2 à 5 caractérisé en ce que
la quantité de permanganate de potassium introduit dans le bain de décapage est compris
entre 2 et 6 kg/tonne de métal décapé et de préférence d'environ 4 kg/tonne de métal
décapé.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'aération de la solution
traitante est réalisée par des moyens choisis parmi : pompage et refoulement de la
solution à l'air libre, bullage, brassage, injection d'un gaz contenant l'élément
oxygène, aspersion de la solution traitante dans une enceinte contenant de l'air.