[0001] La présente invention concerne un capteur d'ionisation, dans un système d'allumage
commandé électroniquement d'un moteur à combustion interne, notamment pour véhicule
automobile. Réalisant une mesure du courant d'ionisation des gaz en combustion dans
les cylindres du moteur, ce capteur permet la détection du cliquetis, des ratés de
combustion et le détrompage des cylindres.
[0002] Une solution actuelle pour connaître la qualité de la combustion du mélange air-carburant
dans les cylindres consiste à mesurer le courant d'ionisation des gaz dans les cylindres,
au moyen des bougies d'allumage, après l'étincelle éclatant entre les électrodes de
chaque bougie. Dans certaines publications, sont décrits des circuits de mesure au
pied du secondaire d'une bobine mono-sortie connectée à la bougie, dans lesquels l'amplification
du signal pour augmenter l'immunité au bruit n'est pas prévue dès le pied de la bobine,
mais à l'extérieur de la bobine, au moyen d'amplificateurs opérationnels.
[0003] La demande de brevet déposée au nom de RENAULT sous le numéro 95 14936 décrit des
circuits de mesure du courant d'ionisation sur la partie haute tension des bobines.
Les mesures au secondaire de la bobine nécessitent des composants qui tiennent la
haute tension et sont généralement coûteux.
[0004] Les solutions actuelles ne résolvent donc pas les problèmes de coût, d'amplification
du courant d'ionisation nécessitant une alimentation supplémentaire et d'amortissement
des oscillations de la bobine, à la fin de chaque étincelle, qui masque le signal
d'ionisation et réduit la plage temporelle du signal exploitable.
[0005] L'invention vise à résoudre ces inconvénients en proposant un capteur de mesure du
courant d'ionisation, assurant la polarisation de la bougie par l'utilisation directe
de la tension de la batterie ou la remise en conduction de la bobine après la fin
de l'étincelle, et l'amplification du courant de mesure par l'utilisation d'un transistor
au pied du circuit secondaire de la bobine.
[0006] Pour cela, l'objet de l'invention est un capteur d'ionisation dans un système d'allumage
commandé électroniquement d'un moteur à combustion interne, dont le système d'allumage
comprend une bobine mono-sortie dont l'enroulement primaire L
p est relié à un module 3 électronique de commande de l'allumage et dont la partie
haute tension de l'enroulement secondaire L
s est reliée à l'électrode centrale d'au moins une bougie d'un cylindre qui a une seconde
électrode reliée à la masse et qui émet des étincelles entre ces électrodes, caractérisé
en ce que la partie basse tension de l'enroulement secondaire L
s est reliée à un circuit de mesure du courant d'ionisation, constitué :
- de moyens de polarisation de l'électrode centrale de la bougie, à la fin de chaque
étincelle ;
- d'un module d'amplification du courant d'ionisation, connecté aux moyens de polarisation
;
- d'un module de réception du courant d'ionisation et de conversion de ce courant en
un signal de tension Vs.
[0007] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description d'exemples de réalisation, illustrée par les figures suivantes qui
sont :
- les figures 1 à 4 : trois variantes de réalisation d'un capteur de courant d'ionisation
selon l'invention ;
- les figures 5a à 5d : des chronogrammes des signaux de commande et de mesure du courant d'ionisation
pour un capteur selon l'invention.
Les éléments portant les mêmes références sur les différentes figures remplissent
les mêmes fonctions en vue des mêmes résultats.
[0008] Sur la figure 1 est représenté un capteur de courant d'ionisation d'une bougie 1
d'allumage affectée à un cylindre du moteur, dont l'allumage est commandé par un calculateur
électronique. Le système d'allumage comporte une bobine d'allumage 2, dont l'enroulement
primaire L
p est relié d'un côté à la tension positive V
bat de la batterie d'alimentation du véhicule, égale à 12 volts, et de l'autre côté à
un module 3 de commande d'allumage, composé d'un transistor T
1 et d'une diode Zener Z
1, qui délivre des créneaux de tension. La partie haute tension de l'enroulement secondaire
L
s de la bobine est reliée à une électrode de la bougie 1 et la partie basse tension
de cet enroulement est reliée à un circuit de mesure du courant d'ionisation.
[0009] Ce circuit de mesure est composé de trois modules 4, 5 et 6. Le module 4 est constitué
de moyens de polarisation de l'électrode centrale de la bougie à la fin de l'étincelle,
avec une tension positive sur son électrode centrale, afin de réaliser une mesure
du courant d'ionisation. Dans cette première variante de réalisation, il se compose
d'une diode Zener Z
p, de tension voisine de 100 Volts par exemple, et d'une capacité de polarisation C
p, de l'ordre de 10 nanoFarads par exemple, en parallèle sur la diode. Pour obtenir
une polarisation positive de l'électrode centrale de la bougie, il faut induire une
étincelle de polarité négative sur cette électrode.
[0010] A ce précédent module 4 est connecté un module 5 d'amplification du courant d'ionisation,
réalisé à partir d'un transistor T
a de type PNP et d'une diode D
a entre la base et l'émetteur du transistor, alimentés par la tension de la batterie
V
bat, et qui doivent répondre aux contraintes thermiques de l'intérieur de la bobine.
Pendant la phase d'étincelle, le courant d'arc circule dans la diode D
a et le transistor T
a est bloqué. A la fin de l'étincelle, le courant d'ionisation étant de signe opposé
au courant d'arc, il sera ainsi amplifié par le transistor T
a et envoyé sur une résistance R
s, composant un module 6 de conversion du courant d'ionisation I
s en tension de sortie V
s. Ce module 6 constitue le circuit de réception du courant d'ionisation I
s amplifié. Il est situé à l'extérieur de la bobine 1 et peut être intégré au calculateur
électronique ou à tout autre circuit électronique exploitant le courant d'ionisation.
[0011] La figure 2 est la figure duale de la figure 1, c'est-à-dire que le transistor est
de type NPN et que tous les composants électroniques sont placés en sens inverse pour
que toutes les polarités et les courants soient inversés.
[0012] Les avantages de cette première variante de réalisation sont la faible sensibilité
aux bruits puisque le courant d'ionisation est amplifié au pied de la bobine, le facteur
d'amplification très élevé obtenu par le transistor T
a et la sortie en tension du signal d'ionisation dans des valeurs habituelles des signaux.
[0013] La figure 3 est une deuxième variante de réalisation d'un capteur selon l'invention,
dont le module d'amplification 5
a diffère du module 5 de la précédente version et permet de contrôler le facteur d'amplification
indépendamment des caractéristiques du transistor et de la température. Les autres
modules 3, 4 et 6 sont identiques à ceux de la première variante.
[0014] Ce module d'amplification 5
a à gain contrôlé comporte un transistor T
a et une diode D
a, protégeant le transistor du courant inverse pendant l'étincelle de la bougie et
montée en parallèle avec une seconde diode D'
a, identique à D
a, reliée à une résistance R
b dans le circuit base-collecteur du transistor. Le gain G
a d'amplification est obtenu par le rapport entre cette résistance R
b et une autre résistance R
c sur le collecteur du transistor :

La diode D'
a permet la compensation en température de la tension base-émetteur pour avoir un gain
plus finement ajusté.
[0015] La figure 4 représente une troisième variante de réalisation pour laquelle la polarisation
de la bougie n'est plus réalisée par un module 4 classique, mais elle est assurée
par la tension d'alimentation V
bat de la batterie du véhicule. Cette variante comporte un module d'amplification du
courant d'ionisation 5 comme sur la figure 1, ou préférentiellement 5
a comme sur la figure 2 quand il n'y a pas de polarisation .
[0016] Avec ce même circuit, on peut augmenter la tension de polarisation de l'électrode
centrale de la bougie, par remise en conduction du circuit primaire L
p de la bobine 2. Par ce moyen, l'électrode centrale est polarisée avec une tension
V
pol, égale au produit de la tension-batterie V
bat par le rapport de transformation N d la bobine :

[0017] Ce moyen a également pour avantage de réduire les oscillations de la bobine en fin
d'étincelle et par conséquent d'augmenter la plage temporelle du signal d'ionisation
exploitable.
[0018] Les figures 5
a à 5
d dont les chronogrammes des signaux de commande et de mesure du courant d'ionisation
pour la polarisation de l'électrode centrale de la bougie 1, par remise en conduction
de l'enroulement primaire L
p de la bobine 2.
[0019] Le signal S
1, représenté sur la figure 5
a, est le signal de commande de la bobine appliqué en entrée du module 3 de commande.
Le premier créneau C
1 est le créneau de charge de la bobine qui déclenche la production d'une étincelle
sur son front descendant f
1.
[0020] Le deuxième créneau C
2, déclenché à la fin de l'étincelle, est destiné à la polarisation de la bougie en
vue de la mesure du courant d'ionisation I
s par remise en conduction de l'enroulement primaire L
p. Lors du front descendant f
2 de ce deuxième créneau sera déclenchée une étincelle résiduelle sans effet sur le
fonctionnement du moteur. La largeur de ce deuxième créneau ne peut pas dépasser la
durée maximale de charge de la bobine et constitue la durée de mesure du courant d'ionisation.
[0021] Sur la figure 5
b, le signal S
2 est la tension sur l'électrode centrale de la bougie, mesurée par rapport à la masse,
constituée par exemple par le culot de la bougie.
Entre les instants t
1 et t
2 correspondant au premier créneau C
1 de commande de la bobine, la bobine se charge et la tension S
2 atteint une valeur positive V
pol. Sur le front descendant f
1 du créneau C
1, le courant est brusquement interrompu dans l'enroulement primaire L
p de la bobine, provoquant une forte surtension amplifiée dans l'enroulement secondaire
L
s, dont la tension S
2 présente un pic P
1 négatif. Ce pic traduit une chute brutale de sa valeur qui provoque un claquage au
niveau des électrodes de la bougie et l'apparition d'une étincelle.
Entre les instants t
2 et t
3, la bobine se décharge. A la fin de l'étincelle, pendant la durée du deuxième créneau
C
2 de commande, le potentiel de l'électrode centrale est égal à V
pol, soit le produit de la tension de la batterie V
bat par le rapport N de transformation de la bobine, et permet la création du courant
d'ionisation. La deuxième étincelle résiduelle, provoquée par un pic p
2 de la tension S
2, lors du front descendant f
2 du deuxième créneau, ne doit pas avoir lieu dans la phase d'admission du carburant
du cylindre, du cycle suivant. C'est pourquoi il faut calculer la durée de ce second
créneau C
2 de commande afin d'empêcher un tel événement, quel que soit le régime du moteur.
[0022] La figure 5
c représente le signal I
s, qui est le courant d'ionisation mesuré en sortie du capteur selon l'invention. Sur
les fronts de commutation F
1, f
1 et f
2 du signal de commande S
1 de la bobine, le courant I
s présente des impulsions parasites I
1, I
2 et I
3 dues aux effets capacitifs. A la fin de la première étincelle, à l'instant t
3, le courant I
s présente des oscillations d'amortissement σ
a de la bobine, suivies du signal d'ionisation réellement exploitable C
io. La remise en conduction de l'enroulement primaire de la bobine, par le deuxième
créneau de commande C
2 du signal S
1, met fin aux oscillations de la bobine et permet la mesure du courant d'ionisation
pendant toute la durée du créneau C
2, entre les instants t
4 et t
5.
[0023] Il est intéressant de noter que la deuxième étincelle peut provoquer une combustion
tardive destinée à protéger le pot catalytique en améliorant la combustion des gaz
non brûlés à la première étincelle. Elle permet ainsi d'augmenter la durée de vie
du pot catalytique en cas de ratés d'allumage.
[0024] La figure 5
d est le chronogramme d'un exemple de courant d'ionisation détecté avec le capteur
selon l'invention, lorsque la bougie est encrassée. Dans ce cas, le signal entre les
deux instants t
1 et t
2, correspondant au premier créneau C
1 de commande de la bobine, présente un palier P au lieu des deux impulsions parasites
I
1 et I
2. Ce palier est un signe d'encrassement de la bougie.
[0025] Le capteur d'ionisation selon l'invention permet de détecter les anomalies de combustion,
par la mesure du courant d'ionisation dans le cylindre en compression après l'étincelle,
et de connaître le type d'anomalies, par exemple les ratés de combustion correspondant
à une absence de combustion qui peut endommager le pot catalytique ou le cliquetis
dommageable pour le moteur.
1. Capteur de mesure du courant d'ionisation des gaz en combustion dans les cylindres
d'un moteur à combustion interne, dont le système d'allumage comprend une bobine mono-sortie
dont l'enroulement primaire (L
p) est relié à un module (3) électronique de commande de l'allumage et dont la partie
haute tension de l'enroulement secondaire (L
s) est reliée à l'électrode centrale d'au moins une bougie d'un cylindre qui a une
seconde électrode reliée à la masse et qui émet des étincelles entre ces électrodes,
caractérisé en ce que la partie basse tension de l'enroulement secondaire (L
s) est reliée à un circuit de mesure du courant d'ionisation, constitué :
- de moyens (4) de polarisation de l'électrode centrale de la bougie, à la fin de
chaque étincelle ;
- d'un module (5) d'amplification du courant d'ionisation, connecté aux moyens (4)
de polarisation ;
- d'un module (6) de réception du courant d'ionisation et de conversion de ce courant
en un signal de tension (Vs).
2. Capteur de mesure du courant d'ionisation selon la revendication 1, caractérisé en
ce que le module (5) d'amplification du courant d'ionisation est constitué par un
transistor (Ta) et une diode (Da), alimentés par la tension (Vbat) de la batterie du moteur.
3. Capteur de mesure du courant d'ionisation selon la revendication 1, caractérisé en
ce que le module (5a) d'amplification du courant d'ionisation est constitué par un transistor (Ta) et une diode (Da) montée en parallèle avec une seconde diode (D'a), identique à (Da), reliée à une première résistance (Rb) dans le circuit base-collecteur du transistor (Ta), le gain (Ga) d'amplification étant obtenu par le rapport entre ladite résistance (Rb) et une seconde résistance (Rc) sur le collecteur du transistor.
4. Capteur de mesure du courant d'ionisation selon l'une des revendications 2 ou 3, caractérisé
en ce que les moyens (4) de polarisation de l'électrode centrale de la bougie sont
constitués par la tension (Vbat) de la batterie, le module (5, 5a) d'amplification du courant d'ionisation étant directement connecté à la partie basse
tension de l'enroulement secondaire (Ls) de la bobine.
5. Capteur de mesure du courant d'ionisation selon l'une des revendications 2 ou 3, caractérisé
en ce que les moyens (4) de polarisation de l'électrode centrale de la bougie sont
constitués par le module électronique (3) de commande de l'allumage qui commande la
remise en conduction de l'enroulement primaire (Lp) de la bobine par l'émission d'un deuxième créneau, dont la durée est déterminée
pour ne pas dépasser la durée de charge de la bobine et pour que l'étincelle résiduelle
induite se produise avant la phase d'admission du cycle moteur suivant et provoque
la combustion des gaz non brûlés à la première étincelle.