[0001] La présente invention concerne un alliage fer-cobalt a caractéristiques mécaniques
améliorées.
[0002] Les alliages fer-cobalt sont bien connus, et se caractérisent à la fois par des propriétés
magnétiques très intéressantes et par une très grande fragilité à la température ordinaire,
ce qui rend leur utilisation délicate. En particulier, l'alliage Fe50Co50, contenant
50 % en poids de fer et 50 % de cobalt, a une induction à saturation très élevée et
une bonne perméabilité magnétique, mais il présente l'inconvénient de ne pas pouvoir
être laminé à froid, ce qui le rend inutilisable pratiquement. Cette très grande fragilité
résulte de la formation , en dessous de 730°C, environ, d'une phase α' ordonnée, résultant
d'une transformation désordre-ordre. Cette transformation désordre-ordre peut être
ralentie par une addition de vanadium, ce qui permet de fabriquer un alliage du type
fer-cobalt, contenant à peu près 50% de cobalt et à peu près 50% de fer, apte à être
laminé à froid après une hypertrempe très énergique. On a, ainsi, proposé un alliage
contenant environ 49 % de cobalt et 2 % de vanadium, le reste étant du fer et des
impuretés. Cet alliage, qui a de très bonnes propriétés magnétiques après laminage
à froid et recuit entre 720°C et 870 °C environ, présente cependant l'inconvénient
de nécessiter des précautions particulières lors du réchauffage précédant l'hypertrempe,
afin de limiter le grossissement du grain qui détériore la ductilité.
[0003] Pour faciliter le réchauffage avant hypertrempe, on a proposé, notamment dans le
brevet US 3,634,072, d'ajouter de 0,02 % à 0,5 % de niobium et éventuellement de 0,07
% à 0,3 % de zirconium afin de limiter le risque de grossissement du grain au cours
du réchauffage. L'alliage ainsi obtenu a des propriétés magnétiques et une ductilité
comparables, mais pas meilleures, que l'alliage ne contenant que 2 % de vanadium.
Le réchauffage avant hypertrempe est simplement plus facile à réaliser.
[0004] Par ailleurs, il a été constaté que le vanadium pouvait être remplacé par du niobium
ou du tantale. C'est ainsi qu'il a été proposé dans le brevet US 4,933,026, un alliage
contenant au moins un élément pris parmi le niobium et le tantale en des teneurs telles
que leur somme soit comprise entre 0,15 % et 0,5 % (en poids). Cet alliage qui présente
une ductilité comparable au précédent, à l'avantage de pouvoir être recuit à plus
haute température ce qui permet d'obtenir des propriétés magnétiques meilleures. Mais
il présente l'inconvénient d'avoir une résistivité électrique relativement faible,
ce qui augmente les pertes par courants induits et limite ses possibilités d'emploi.
[0005] Enfin, tous ces alliages présentent des caractéristiques mécaniques de résistance
à la traction insuffisantes pour certaines applications telles que les circuits magnétiques
de machines tournantes à très grande vitesse de rotation. Il n'est, en effet, guère
possible d'obtenir une limite d'élasticité supérieure à 480 MPa.
[0006] Afin d'améliorer ces caractéristiques mécaniques, il a été proposé, notamment dans
la demande de brevet internationale WO 96/36059, un alliage contenant essentiellement
(en poids) 48 % à 50 % de cobalt, 1,8 % à 2,2 % de vanadium, 0,15 % à 0,5 % de niobium
et de 0,003 % à 0,02 % de carbone, le reste étant du fer et des impuretés. Dans cette
demande de brevet il est précisé que le niobium peut être remplacé totalement ou partiellement
par du tantale à raison de 1 atome de tantale pour 1 atome de niobium, ce qui, compte
tenu des poids atomiques respectifs du tantale et du niobium, correspond à plus de
2 % en poids de tantale pour 1 % en poids de niobium. Dans cet alliage, le niobium
(ou le tantale), forment le long des joints de grain des phases de Laves qui empêchent
le grain de grossir, ce qui augmente significativement la limite d'élasticité sans
toutefois améliorer sensiblement la ductilité. A titre d'exemple, après un recuit
à 720 °C, la limite d'élasticité peut dépasser 600 MPa. Cependant, ces caractéristiques
mécaniques ne peuvent être obtenues qu'avec des additions relativement importantes
de niobium ou de tantale.
[0007] Les additions relativement importantes de niobium ou de tantale sont nécessaires
pour obtenir une limite d'élasticité élevée tout en effectuant un recuit dans le haut
de la plage de température de recristallisation, ce qui a l'avantage de conduire à
une faible sensibilité du résultat obtenu à la température effective de recuit. En
revanche, cette solution présente l'inconvénient de diminuer l'aptitude de l'alliage
au laminage à chaud.
[0008] Le but de la présente invention est de proposer un alliage fer-cobalt ayant à la
fois une ductilité satisfaisante, de bonne propriétés magnétiques et des caractéristiques
mécaniques améliorées, tout en ayant une bonne aptitude au laminage à chaud.
[0009] A cet effet, l'invention a pour objet un alliage fer-cobalt dont la composition chimique
comprend, en poids :
- de 35 % à 55 %, et de préférence de 40 % à 50 % de cobalt,
- de 0,5 % à 2,5 %, et de préférence de 1,5 % à 2,2 % de vanadium,
- au moins un élément pris parmi le tantale et le niobium, en des teneurs telles que
0,02 % ≤ Ta + 2 x Nb ≤ 0,2 %, et de préférence telles que 0,03 %≤ Ta + Nb ≤ 0,15 %,
et mieux encore, Nb ≤ 0,03 %,
- de 0,0007 % à 0,007 %, et de préférence de 0,001 % à 0,003 %, de bore,
- moins de 0,05 %, et de préférence, moins de 0,007 % de carbone,
le reste étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration.
De préférence, les impuretés que sont le manganèse, le silicium, le chrome, le molybdène,
le cuivre, le nickel et le soufre ont des teneurs telles que : Mn + Si ≤ 0,2 % , Cr
+ Mo + Cu ≤ 0,2 %, Ni ≤ 0,2 % et S ≤ 0,005 %.
[0010] Les inventeurs ont constaté de façon surprenante, que, lorsqu'on ajoute de 0,0007
% à 0,007 % en poids, ou mieux de 0,001 % à 0,003 %, de bore, à un alliage fer-cobalt
contenant, par ailleurs, de 0,5 % à 2,5 %, ou mieux de 1,5 % à 2,2 %, de vanadium
ainsi qu'une petite quantité d'éléments tels que le tantale et le niobium, on augmentait
de façon très sensible la limite d'élasticité de l'alliage, tout en conservant des
caractéristiques magnétiques satisfaisantes et en ayant une très bonne aptitude au
laminage à chaud.
[0011] A titre d'exemple et de comparaison, on a élaboré les alliages A et B conformes à
l'invention et l'alliage C conforme à l'art antérieur. Avec ces alliages, on a fabriqué
par laminage à chaud aux environs de 1200 °C des bandes de 2 mm d'épaisseur qui ont
été hypertrempées par refroidissement en moins de 1 seconde entre 800 °C et 100 °C.
Les bandes ainsi obtenues ont été laminées à froid pour obtenir des bandes de 0,35
mm d'épaisseur. Ces bandes laminées à froid ont alors été recuites, conformément à
l'état de l'art, à des températures comprises entre 700 °C et 900 °C de façon à leur
conférer les propriétés d'emploi. On a alors mesuré les caractéristiques mécaniques
et magnétiques obtenues. Les alliages A et B ont été laminés à chaud sans difficultés,
c'est à dire sans apparition de criques d'angle.
[0012] Les compositions chimiques étaient les suivantes (le complément étant du fer):
|
Co |
V |
Ta |
Nb |
B |
C |
Mn |
Si |
Cr |
Ni |
Cu |
S |
P |
A |
48,5 |
1,98 |
- |
0,044 |
0,0022 |
0,011 |
0,102 |
0,06 |
0,04 |
0,11 |
0,01 |
0,004 |
0,005 |
B |
48,1 |
1,9 |
0,17 |
- |
0,0012 |
0,005 |
0,05 |
0,05 |
0,02 |
0,2 |
0,01 |
0,002 |
0,005 |
C |
48,7 |
1,97 |
- |
0,064 |
- |
0,010 |
0,09 |
0,05 |
0,04 |
0,12 |
0,01 |
0,003 |
0,005 |
Les caractéristiques mécaniques obtenues après recuit à 725 °C, 760 °C et 850 °C
étaient (Re0,2 = limite d'élasticité ; HV = dureté Vickers) :

[0013] Les caractéristiques magnétiques mesurées étaient :
- les valeurs de l'induction magnétique B (en tesla), pour des excitations magnétiques
H en courant continu de 20 Oe = 1600 A/m, 50 Oe = 4000 A/m et 100 Oe = 8000 A/m ;
- le champ coercitif Hc en A/m,
- les pertes ferromagnétiques (en W/kg) à 400 Hz pour une induction sinusoïdale de 2
tesla de valeur crête.
[0015] Ces résultats montrent que, tout en ayant des propriétés magnétiques très voisines
de celles de l'alliage C selon l'art antérieur, les alliages A et B conformes à l'invention
ont des caractéristiques mécaniques nettement plus élevées, puisque la limite d'élasticité
peut dépasser 500 MPa, ces caractéristiques sont comparables à celles qu'on obtient
avec des alliages selon l'art antérieur ayant 0,3 % de niobium.
2. Alliage fer-cobalt selon la revendication 1 caractérisé en ce que :
3. Alliage fer-cobalt selon la revendication 1 ou la revendication 2 caractérisé en ce
que :
4. Alliage fer-cobalt selon la revendication 1, 2 ou 3, caractérisé en ce que :
5. Alliage fer-cobalt selon la revendication 1, 2, 3 ou 4, caractérisé en ce que :
6. Alliage fer-cobalt selon l'une quelconque des revendications 1 à 5 caractérisé en
ce que :
8. Alliage fer-cobalt selon l'une quelconque des revendications 1 à 7 caractérisé en
ce que :