[0001] L'invention se rapporte à un étage circulaire d'aubes aux extrémités intérieures
unies par un anneau de liaison.
[0002] Une telle construction est rencontrée dans les turbomachines pour des étages d'aubes
de redresseurs liés au stator : les extrémités extérieures des aubes sont soutenues
par le stator et les extrémités intérieures par un anneau de liaison commun à toutes
les aubes de l'étage et qui contribue donc à raidir leur assemblage en les unissant.
Comme les aubes de redresseurs sont en général pivotantes pour améliorer les performances
de la machine à différents régimes en réglant l'angle de redressement de l'écoulement
des gaz, les extrémités extérieures et intérieures des aubes consistent en des pivots
soutenus dans des paliers respectifs du stator et de l'anneau de liaison.
[0003] On s'intéresse ici à la partie intérieure des aubes et surtout à l'agencement par
lequel les pivots intérieurs sont logés dans les paliers de l'anneau de liaison :
si une aube se rompt en deux par son milieu, le fragment extérieur reste en place
car le pivot extérieur est normalement muni d'épaulements butant contre les bords
du palier de stator, mais le pivot intérieur est dépourvu de tels épaulements afin
de laisser l'anneau de liaison se placer au meilleur endroit en coulissant sur les
pivots intérieurs des aubes de l'étage, ce qui fait que le fragment intérieur de l'aube
rompue peut se libérer, le pivot se déchaussant du palier, et être projeté vers l'aval
de la machine par l'écoulement d'air, avec la conséquence que les aubes de plusieurs
étages suivants pourront être détruites. Cela est d'autant plus vrai que les aubes
pivotantes de redresseur sont normalement placées près de l'entrée du compresseur
à basse pression, de sorte que les deux compresseurs, à basse et haute pression, des
turbomachines usuelles sont exposés aux accidents qu'on vient de décrire.
[0004] Des précautions ont déjà été prévues dans de nombreux documents de l'art antérieur
pour s'opposer à l'extraction du pivot intérieur en cas de rupture d'une aube. On
citera en particulier le brevet français 2 723 614 de la demanderesse, dans lequel
un anneau supplémentaire (portant la référence 33 dans ce document) est ajouté à l'anneau
de liaison pour former une butée sous les paliers de pivotement intérieur. Plus précisément,
l'anneau supplémentaire est ajouré, les bouts des pivots intérieurs entaillés d'une
gorge, et les bords des jours de l'anneau supplémentaire sont engagés dans les gorges
des pivots intérieurs : un mouvement vers l'extérieur des pivots intérieurs aurait
pour effet d'entraîner l'anneau supplémentaire et de le faire buter contre l'anneau
de liaison.
[0005] Ce dispositif est efficace mais présente l'inconvénient qu'on doit prévoir un anneau
supplémentaire qui accroît le poids et le coût de fabrication de la machine. L'invention
a donc trait à un dispositif présentant les mêmes effets mais dépourvu de cet inconvénient
de devoir ajouter une pièce inutile par ailleurs : on propose d'assurer la rétention
des pivots intérieurs par un élément de structure déjà présent dans l'anneau de liaison
et qu'on se contente de modifier légèrement.
[0006] Sous sa forme la plus générale, l'invention peut être définie comme un étage circulaire
d'aubes ayant des pivots extérieurs logés dans des paliers de pivotement d'un stator
et des pivots intérieurs logés dans des paliers de pivotement intérieurs d'un anneau
de liaison ; l'anneau de liaison est composé d'un anneau de support et d'un anneau
de raidissage entrelacés, l'anneau de support portant les paliers de pivotement intérieurs
et l'anneau de raidissage finit en deux lèvres dirigées l'une vers l'autre et pénétrant
dans des rainures respectives de l'anneau de support, les pivots intérieurs étant
creusés d'une entaille ; conformément à l'invention, une des lèvres s'étend à travers
l'anneau de support et pénètre dans les entailles.
[0007] Selon un perfectionnement, les entailles ne s'étendent que sur un secteur de circonférence
et offrent donc une butée aux déplacements angulaires de l'aube, ce qui est également
intéressant quand elle est rompue.
[0008] Un mode particulier de réalisation se distingue par une construction en deux sections
des pivots des aubes pour faciliter le montage : les lèvres de l'anneau de raidissage
s'étendent sur des cercles de deux diamètres différents, et les pivots sont formés
de deux sections, dont une section de tourillon engagée dans une douille du palier
et une section élargie, située entre le tourillon et une pale de l'aube, les entailles
étant creusées dans les sections élargies, la lèvre opposée à la lèvre pénétrant dans
les entailles s'étendant devant les tourillons.
[0009] L'invention va maintenant être décrite plus en détail à l'aide des figures suivantes,
qui sont annexées pour en illustrer une réalisation particulière :
- la figure 1 est une demi-coupe longitudinale d'un étage d'aubes de redresseur, montrant
une de ces aubes ;
- la figure 2 est une vue de face de l'étage d'aubes ;
- et la figure 3 représente plus en détail l'imbrication d'un pivot intérieur d'aube
dans l'anneau de support.
[0010] La machine comprend un stator 1 extérieur et au moins un étage d'aubes 2 équipé de
l'invention ; les aubes 2 possèdent une première extrémité en pivot extérieur 3 traversant
le stator 1 à l'emplacement d'un palier extérieur 4 et une extrémité opposée formant
un pivot intérieur 5 engagé dans un palier 6 d'un anneau de liaison 7 commun à toutes
les aubes 2 de l'étage. Le pivot extérieur 3 est muni d'épaulements 8 et 9 entre lesquels
le palier 4 est retenu, ce qui limite le déplacement radial de l'aube 2 dans la machine
(on pourrait aussi parler de déplacement axial en considérant la direction des pivots
3 et 5). Le pivot extérieur 3 sort du stator 1 et finit en un raccordement avec un
levier de commande 10 dont l'autre extrémité est reliée à un anneau de commande 11
commun à toutes les aubes 2 de l'étage ; l'anneau de commande 11 est disposé autour
du stator 1, et il suffit de le tourner pour commander la rotation des leviers 10
et celle des aubes 2 autour de leurs pivots 3 et 5.
[0011] L'anneau de liaison 7 est essentiellement composé d'un anneau de support 12, dans
lequel les paliers 6 sont creusés, et d'un anneau de raidissage 13 enveloppant une
partie de l'anneau de support 12. La raison de cette construction peut être expliquée
en référence à la figure 2 : on voit que l'anneau de support 12 n'est pas unitaire
mais composé de secteurs 14 aboutés, au nombre de deux, quatre ou huit dans les réalisations
courantes, et que l'anneau de raidissage 13 constitue le moyen de les maintenir en
place. Il est lui-même composé de deux secteurs 15 semi-circulaires et réunis entre
eux. En revenant à la figure 1, on voit que l'anneau de raidissage 13 a une section
analogue à celle d'un rail et possédant un fond 17 sous l'anneau de support 12, des
flancs 18 couvrant partiellement les faces planes de l'anneau de support 12 et des
lèvres 19 et 20 situées au bout des flancs 18 et 19 pénétrant dans des rainures 22
et 23 de l'anneau de liaison 12. Comme les lèvres 20 et 21 sont dirigées l'une vers
l'autre, elles retiennent l'anneau de raidissage 13 sur l'anneau de support 12 et
les maintiennent entrelacés. Notons en passant qu'une fonction supplémentaire de l'anneau
de raidissage 13 est de porter une matière dite abradable 24, c'est-à-dire d'usure
facile, sur la face intérieure du fond 17 pour venir au contact de crêtes circulaires
ou léchettes 25 d'un rotor 26 et produire avec elles un joint presque entièrement
étanche pendant le régime normal de la machine, quand les dilatations thermiques différentielles
ont approché les léchettes 25 de la matière abradable 24 et l'on entamée par frottement.
On doit aussi mentionner que le palier intérieur 6 est formé par une douille 27 engagée
à travers un perçage de l'anneau de liaison 12 et dont la surface extérieure est filetée
: comme le pivot intérieur 5 est en réalité composé d'un tourillon 28 engagé dans
la douille 27 et d'un élargissement 29 situé entre le tourillon 28 et une pale 30
de l'aube 2, on voit que le réglage de l'anneau de liaison 7 est produit en vissant
les douilles 27 dans les perçages taraudés de l'anneau de support 12 jusqu'à ce que
les extrémités extérieures 31 des douilles 27 butent contre les parties élargies 29.
On interdit ainsi les débattements et les vibrations en direction radiale de l'anneau
de liaison 7.
[0012] Contrairement à d'autres réalisations, déjà connues dans l'art, les lèvres 20 et
21 cylindrique n'appartiennent pas à des cercles de même diamètre mais, comme un des
flancs 19 est beaucoup plus large que l'autre 18, la lèvre 21 qu'il porte s'étend
devant la partie élargie 29, alors que l'autre ne vient que devant le tourillon 28.
Cette lèvre 21 est de plus assez longue pour entrer dans une entaille 31 ménagée dans
la partie élargie 29, la rainure 23 qui lui est associée traversant de part en part
une paroi de l'anneau de liaison 12. La matière de la partie élargie 29 qui est située
entre l'entaille 31 et le tourillon 28 forme un rebord 32 qui bute contre la lèvre
21 en cas de mouvement vers l'extérieur de l'aube 2 dû par exemple à une rupture de
celle-ci, et s'oppose à l'extraction du pivot intérieur 5. La rétention de l'aube
est donc assurée avec cette construction particulièrement simple, conformément à l'objectif
annoncé plus haut.
[0013] La figure 3 complète l'exposé de cette invention en représentant peut-être plus clairement
ses principaux éléments, la douille 27 ayant toutefois été omise de la représentation
à des fins de clarté. On remarque que l'entaille 31 ne s'étend avantageusement que
sur un secteur de circonférence et finit donc en deux surfaces latérales de butée
33 qui limitent le débattement angulaire de l'aube 2 en touchant la lèvre 21, ce qui
est particulièrement avantageux en cas de rupture de l'aube 2, quand le fragment de
pale 30 attenant au pivot intérieur 5 se mettrait en drapeau (c'est-à-dire suivrait
librement la direction du courant de gaz) de façon erratique.
1. Etage circulaire d'aubes (2) ayant des pivots extérieurs (3) logés dans des paliers
(4) de pivotement extérieurs d'un stator (1) et des pivots intérieurs (5) logés dans
des paliers (6) de pivotement intérieurs d'un anneau de liaison (7) composé d'un anneau
de support (12) et d'un anneau de raidissage (13) entrelacés, l'anneau de support
(12) portant les paliers (6) de pivotement intérieurs et l'anneau de raidissage (13)
finissant en deux lèvres (20, 21) dirigées l'une vers l'autre et pénétrant dans des
rainures (22, 23) respectives de l'anneau de support (12), les pivots intérieurs (5)
étant creusés d'entailles (31), caractérisé en ce qu'une desdites lèvres s'étend à
travers l'anneau de support (12) et pénètre dans les entailles (31).
2. Etage circulaire d'aubes suivant la revendication 1, caractérisé en ce que les entailles
(31) ne s'étendent que sur un secteur de circonférence.
3. Etage circulaire d'aubes suivant la revendication 1, caractérisé en ce que les lèvres
(21, 22) de l'anneau de raidissage (13) s'étendent sur des cercles de deux diamètres
différents, et les pivots sont formés de deux sections (28, 29), dont une section
de tourillon (28) engagée dans une douille (27) du palier (6) et une section élargie
(29), située entre le tourillon et une pale (30) de l'aube, les entailles (31) étant
creusées dans les sections élargies (29), la lèvre (20) opposée à la lèvre (21) pénétrant
dans la rainure s'étendant devant les tourillons (28).