[0001] La présente invention concerne un procédé et un dispositif améliorés pour l'isomérisation
d'essences à teneur élevée en benzène.
[0002] De manière connue en soi, l'industrie pétrolière a recours à des procédés dits d'isomérisation
des essences, qui visent à augmenter l'indice d'octane de ces essences par transformation
des paraffines linéaires quelles contiennent en paraffines ramifiées (ou isoparaffines).
En général, la charge à traiter est majoritairement composée d'hydrocarbures saturés
à cinq ou six atomes de carbone, ainsi que de plus faibles proportions d'hydrocarbures
à quatre ou sept atomes de carbone, et de benzène qui, comme chacun sait, est relativement
difficile à séparer des autres hydrocarbures à six atomes de carbone.
[0003] Pour effectuer la réaction d'isomérisation, la charge à traiter est le plus souvent
mélangée à de l'hydrogène et à un éventuel recycle, puis dirigée vers au moins un
réacteur contenant un catalyseur approprié en lit fixe. La température régnant dans
ce réacteur est usuellement comprise entre 120 et 190°C. A la sortie du (ou des) réacteur(s)
d'isomérisation, les effluents sont acheminés vers une ou plusieurs colonnes de séparation.
Souvent, les isoparaffines sont alors séparées des paraffines non isomérisées: les
premières sont envoyées en principe au pool essences, pour servir de bases pour la
formulation des carburants, tandis que les secondes sont éventuellement recyclées
au réacteur, afin d'y être transformées.
[0004] On sait également que, dans les conditions de la réaction d'isomérisation, le benzène
présent dans la charge est hydrogéné, du fait de la présence de l'hydrogène et des
métaux de transition hydrogénants entrant dans la composition des catalyseurs d'isomérisation.
Il en résulte, dans la partie amont du réacteur d'isomérisation, un dégagement de
chaleur important dû à l'exothermicité de cette réaction, ce qui nuit à l'efficacité
de la réaction d'isomérisation.
[0005] C'est pourquoi on opère usuellement avec deux réacteurs d'isomérisation: le premier
réacteur, dans lequel se produit, en plus de l'isomérisation des paraffines, l'hydrogénation
des traces de benzène présentes dans la charge, fonctionne à température légèrement
plus élevée que le second, où se termine la réaction d'isomérisation proprement dite.
En effet, d'un point de vue cinétique, la réaction d'isomérisation des paraffines
est plus lente que la réaction d'hydrogénation du benzène. De plus, la température
plus basse régnant dans le second réacteur est thermodynamiquement favorable à la
formation des produits ramifiés recherchés.
[0006] Cependant, la teneur en benzène des charges d'isomérisation reste relativement limitée.
En effet, une règle communément admise considère qu'une augmentation de la teneur
en benzène de 1% dans la charge à traiter entraîne une élévation de température de
10°C au sein du premier réacteur d'isomérisation. Sachant que les réactions autres
que l'hydrogénation du benzène produisent déjà à elles seules une élévation de température
de l'ordre de 15°C, la teneur en benzène de la charge pénétrant dans ce réacteur doit
être alors limitée à 4%. Au delà de cette teneur, la température régnant dans le réacteur
est trop élevée, ce qui, à terme, endommage non seulement le catalyseur mais également
l'unité, conçue pour fonctionner à température limitée. Par ailleurs, à température
élevée, des réactions secondaires indésirables se produisent, telles que, par exemple,
des réactions d'hydrocraquage de la charge.
[0007] Toutefois, il apparaît désirable de pouvoir traiter dans l'unité d'isomérisation
des charges à teneur en benzène beaucoup plus élevée que les 4% généralement admis.
[0008] En effet, compte tenu du caractère cancérigène du benzène, les normes actuelles tendent
à imposer des limitations de plus en plus draconiennes de la teneur de ce composé
dans les carburants.
[0009] Une solution ingénieuse consiste alors à admettre dans l'unité d'isomérisation, en
plus des charges classiques, des coupes d'essences riches en benzène, telles que certaines
coupes d'essences issues des unités de réformage ou de craquage catalytique : le benzène
présent dans ces coupes est ainsi hydrogéné dans l'unité d'isomérisation, et cette
opération permet in fine de réduire nettement la teneur en benzène desdites coupes
avant de les acheminer au "pool essences", terme par lequel on désigne l'ensemble
des bases utilisées pour fabriquer des produits pétroliers.
[0010] Ce besoin de traiter plus de benzène à l'isomérisation se heurte cependant à la contrainte
liée à la température régnant dans le premier réacteur. Il demeure en effet indispensable
de maintenir cette température à une valeur moyenne de l'ordre de 180°C, température
au-delà de laquelle commencent les réactions d'hydrocraquage, qui sont très exothermiques.
[0011] Afin de s'affranchir de cette limitation, le brevet US N° 5 003 118 propose d'introduire,
en amont du ou des réacteurs d'isomérisation proprement dits, un réacteur de prétraitement
de la charge, spécifiquement destiné à réaliser l'hydrogénation du benzène présent
dans cette charge. De la sorte, l'unité est à même de traiter des charges à teneur
en benzène plus élevée. Cette solution présente cependant le désavantage d'être d'un
coût élevé, lié à la nécessaire construction d'équipements supplémentaires. En outre,
elle n'est absolument pas flexible, dans la mesure où le réacteur d'hydrogénation
n'est d'aucune utilité dans le cas d'une charge à faible teneur en benzène.
[0012] La présente invention vise donc à proposer un procédé d'isomérisation d'essences
à teneur élevée en benzène, permettant de remédier de façon simple et peu coûteuse
aux problèmes rencontrés dans l'art antérieur.
[0013] La présente invention vise également à proposer un procédé d'isomérisation particulièrement
flexible, permettant de s'adapter de manière rapide aux différentes charges qui lui
sont destinées.
[0014] A cet effet, la présente invention a pour objet un procédé d'isomérisation d'une
charge hydrocarbonée contenant une quantité substantielle d'hydrocarbures paraffiniques
à 5 ou 6 atomes de carbone et du benzène à une teneur supérieure ou égale à 2% en
poids, dans lequel la charge à traiter passe, en présence d'hydrogène, à une pression
totale supérieure ou égale à 10.10
5 Pa (10 bars) et à une température moyenne comprise entre 100 et 200°C, dans au moins
un réacteur contenant un catalyseur d'isomérisation d'hydrocarbures paraffiniques,
ce procédé étant caractérisé en ce que l'on introduit, dans la partie amont de la
zone réactionnelle, un fluide d'appoint qui, à 40°C et sous pression atmosphérique
(1,0134.10
5 Pa), se trouve à l'état gazeux et possède une densité inférieure ou égale à celle
du normal-pentane considéré dans les mêmes conditions.
[0015] Par densité d'un fluide gazeux, on entend le rapport entre la masse volumique de
ce fluide et la masse volumique de l'air sec et à teneur normale en dioxide de carbone,
ces deux masses volumiques étant mesurées dans les mêmes conditions de température
et de pression.
[0016] La densité du fluide d'appoint sera mesurée, à 40°C et sous une pression de 1,0134.10
5 Pa (1 atmosphère), en appliquant audit fluide l'une quelconque des méthodes de mesure
normalisées décrites dans la norme ASTM D1070-85 (R94). Il en est de même pour le
normal-pentane. Les densités dudit fluide d'appoint et du pentane seront considérées
par référence à la même méthode de mesure.
[0017] Selon l'invention, le fluide d'appoint se trouve à l'état gazeux à 40°C sous une
pression de 1,0134.10
5 Pa (1 atmosphère). Par contre, il est introduit dans la partie amont de la zone réactionnelle
dans des conditions de température et de pression dépendant directement des conditions
opératoires du procédé. Selon sa composition, il peut alors se trouver à l'état liquide
ou gazeux ou dans un état intermédiaire.
[0018] De manière avantageuse, ledit fluide d'appoint contient une quantité substantielle
d'hydrogène et/ou d'hydrocarbures comportant de un à cinq atomes de carbone. De préférence,
ce fluide d'appoint contient une quantité substantielle d'hydrogène et/ou d'hydrocarbures
comportant de un à quatre atomes de carbone, les hydrocarbures préférés étant le méthane
et l'éthane. Ce fluide peut ainsi, par exemple, être constitué de gaz naturel.
[0019] Ce fluide peut également comprendre, en quantité minoritaire, des hydrocarbures à
six ou sept atomes de carbone, et/ou des gaz inertes tels que de l'azote, ou tout
autre fluide léger approprié.
[0020] De manière avantageuse, ledit fluide d'appoint contient une quantité substantielle
de composés:légers issus d'une colonne de fractionnement située en aval de l'unité
d'isomérisation.
[0021] L'introduction de fluide d'appoint léger a pour effet de créer, dans la partie amont
de la zone réactionnelle, une vaporisation d'une partie de la fraction liquide de
la charge hydrocarbonée. Ce phénomène est endothermique et contribue à rétablir le
bilan thermique au sein du réacteur. On peut ainsi compenser l'excès de chaleur qui
se dégage dans la partie amont du premier réacteur, à la suite de l'hydrogénation
du benzène présent en quantité plus élevée dans la charge.
[0022] En outre, la baisse de température au sein du réacteur, résultant de l'injection
dudit fluide, peut être parfaitement déterminée. En effet, cette injection a pour
conséquence une modification des équilibres entre les fractions liquide et vapeur
des hydrocarbures constitutifs de la charge, équilibres qui sont régis par les lois
de la thermodynamique.
[0023] Cette baisse de température dépend donc uniquement des paramètres suivants: débits
et compositions de la charge et du fluide d'appoint, pression, température, fraction
vaporisée de la charge à l'entrée du réacteur et rapport massique entre l'hydrogène
et la charge dans le mélange réactionnel admis dans l'unité. Elle peut donc être parfaitement
contrôlée et optimisée en fonction de la teneur en benzène de la charge à isomériser.
[0024] De ce fait, le procédé conforme à l'invention est précis et extrêmement flexible,
dans la mesure où le débit du fluide d'appoint peut être ajusté de manière à compenser
exactement l'élévation de température due à la teneur en benzène supérieure à la teneur
maximale généralement admise.
[0025] Grâce au procédé selon l'invention, il devient donc possible d'introduire, en charge
de l'unité d'isomérisation, une fraction plus importante d'essences riches en benzène,
telles que les essences légères issues du réformage ("réformat léger") et/ou du craquage
catalytique, seules ou en mélange avec d'autres charges. Le benzène présent en quantité
importante dans ces coupes sera hydrogéné et donc intégralement transformé en composés
moins toxiques, au sein de l'unité d'isomérisation. De la sorte, la teneur en benzène
de la "coupe essence réduite", constituée de l'isomérat, du réformat léger et du réformat
lourd, peut être sensiblement diminuée. L'impact en terme de diminution de la toxicité
des carburants est loin d'être négligeable.
[0026] Par ailleurs, le procédé selon l'invention s'avère très avantageux pour les unités
ne disposant pas, en aval de l'unité d'isomérisation, d'un déisohexaniseur (colonne
de séparation des paraffines ramifiées recherchées et des paraffines linéaires), avec
recycle d'une coupe riche en paraffines linéaires en amont de l'unité d'isomérisation.
[0027] En effet, un des buts de ce recycle est de diluer la charge fraîche admise dans l'unité,
afin d'en abaisser la teneur en benzène. Grâce à l'invention, puisqu'il est possible
d'admettre dans l'unité des charges à teneur plus élevée en benzène, cette dilution
n'est plus nécessaire.
[0028] Pour de telles unités, le procédé selon l'invention représente donc une alternative
très valable à l'installation coûteuse d'un déisohexaniseur et d'un système de recycle.
[0029] Enfin, de manière inattendue, le procédé conforme à l'invention s'est avéré permettre
une récupération accrue d'hydrocarbures légers comportant au plus quatre atomes de
carbone, et en particulier de propane et de butane. Ces composés sont particulièrement
intéressants, d'autant plus qu'ils sont valorisables comme GPL (Gaz de Pétrole Liquéfié),
qui est usuellement employé comme carburant ou comme combustible. L'unité d'isomérisation
peut être ainsi exploitée dans une optique de production accrue de ces GPL.
[0030] Conformément à l'invention, le fluide d'appoint est injecté dans la partie amont
de la zone réactionnelle. Ceci signifie que ledit fluide peut être injecté dans la
partie amont du premier réacteur proprement dit, et/ou immédiatement en amont de ce
dernier.
[0031] De manière préférée, du fluide d'appoint est injecté dans la partie amont du premier
réacteur d'isomérisation, à savoir dans la zone s'étendant du niveau d'introduction
dans le réacteur du mélange réactionnel (charge et hydrogène) jusqu'à mi-hauteur du
lit catalytique. Du fluide d'appoint peut alors être injecté dans la zone du réacteur
comprise entre l'introduction du mélange réactionnel et le début du lit dense de catalyseur.
De manière avantageuse, du fluide d'appoint peut également être injecté directement
au sein du lit dense de catalyseur, dans la première moitié de ce dernier.
[0032] Lorsque du fluide d'appoint est injecté immédiatement en amont du premier réacteur,
on l'introduit immédiatement avant l'introduction du mélange réactionnel (charge et
hydrogène) dans le premier réacteur, c'est-à-dire après préchauffage complet de ce
mélange et avant injection de celui-ci dans le premier réacteur.
[0033] Cette injection de fluide d'appoint a un effet purement thermique et n'a par conséquent
rien à voir avec l'injection, en grande quantité, de l'hydrogène nécessaire à la réaction
d'isomérisation proprement dite, laquelle s'effectue, de manière connue en soi, en
amont de l'unité d'isomérisation, c'est à dire en amont des échangeurs de chaleur
dans lesquels le mélange réactionnel (charge et hydrogène) est réchauffé avant d'être
introduit dans le réacteur.
[0034] Cette injection de fluide d'appoint s'effectue donc, en outre, par rapport à l'injection
usuelle d'hydrogène en amont de l'unité, à un endroit totalement différent, et avec
un débit volumique beaucoup plus faible. De plus, son rôle est entièrement différent
: ce fluide d'appoint, qui a un effet purement thermique, peut être constitué par
tout gaz léger compatible avec le procédé, tandis que l'hydrogène introduit en amont
de l'unité d'isomérisation a un effet chimique au niveau de la réaction proprement
dite.
[0035] Ce fluide d'appoint est avantageusement injecté à un débit de 5 à 150 Nm
3 par m
3 de charge à isomériser et, de préférence, de 5 à 60 Nm
3 par m
3 de charge. On considère ici la charge de départ, avant mélange avec de l'hydrogène
et réchauffement du mélange réactionnel ainsi obtenu.
[0036] L'effet recherché est obtenu, que le fluide d'appoint soit injecté à une température
inférieure ou supérieure à celle du milieu réactionnel. Cela dit, il est préférable
d'injecter ledit fluide à une température inférieure ou égale à celle du milieu réactionnel
et, de préférence, comprise entre 20 et 180°C.
[0037] Lorsque l'unité d'isomérisation comprend plusieurs réacteurs en série, une variante
particulièrement avantageuse de l'invention consiste à recycler, immédiatement en
aval du premier réacteur, une coupe riche en paraffines peu ramifiées à 5 ou 6 atomes
de carbone et qui contient généralement des naphtènes. Cette coupe provient, de manière
connue en soi, d'un fractionnement existant dans les unités d'isomérisation perfectionnées,
qui est situé en aval des réacteurs, et qui sépare les isoparaffines recherchées des
autres composés.
[0038] Dans l'art antérieur, cette coupe de recycle, qui ne contient pas de benzène, est
traditionnellement introduite en amont du premier réacteur, afin non seulement d'effectuer
un passage supplémentaire dans l'unité d'isomérisation, mais aussi de diluer la charge
fraîche admise dans l'unité, de manière à abaisser la teneur en benzène de la charge
combinée ainsi obtenue.
[0039] Grâce à l'invention, puisqu'il est possible d'admettre dans le premier réacteur des
charges à teneur plus élevée en benzène, cette dilution n'est plus nécessaire, de
sorte que seule de la charge fraîche est traitée dans le premier réacteur.
[0040] Il en résulte une bien meilleure valorisation de ce premier réacteur, et une amélioration
sensible des réactions d'isomérisation qui s'y produisent. En effet, le débit de charge
y est plus faible, ce qui se traduit par une diminution de la vitesse volumique horaire,
et donc un temps de contact plus élevé entre la charge et le catalyseur. En outre,
recycler cette coupe en aval du premier réacteur permet de ne pas faire circuler dans
ce dernier les composés naphténiques, qui sont connus pour être des inhibiteurs des
réactions d'isomérisation.
[0041] L'invention vise également à proposer un dispositif permettant la mise en oeuvre
du procédé exposé ci-dessus.
[0042] A cet effet, l'invention a pour objet un dispositif d'isomérisation d'une charge
hydrocarbonée contenant une quantité substantielle d'hydrocarbures paraffiniques à
5 ou 6 atomes de carbone et du benzène à une teneur supérieure ou égale à 2% en poids,
ledit dispositif comprenant au moins un réacteur chargé avec un catalyseur en lit
fixe, une ligne d'amenée au réacteur du mélange réactionnel constitué par la charge
en mélange avec un gaz riche en hydrogène, au moins un système de réchauffement dudit
mélange réactionnel en amont du réacteur, et une ligne d'évacuation du réacteur de
la charge enrichie en isoparaffines, ce dispositif étant caractérisé en ce que, dans
la partie amont de la zone réactionnelle débouche au moins un moyen d'introduction
d'un fluide d'appoint, qui se trouve à l'état gazeux à 40°C, sous pression atmosphérique
(1,0134.10
5 Pa).
[0043] Lorsque le fluide d'appoint est introduit immédiatement en amont du premier réacteur
d'isomérisation, une ligne d'alimentation en fluide d'appoint débouche dans la ligne
d'arrivée au premier réacteur du mélange réactionnel (charge et hydrogène), entre
le dispositif de réchauffement du mélange réactionnel le plus en aval et le point
d'injection dudit mélange dans le premier réacteur.
[0044] Lorsque le fluide d'appoint est introduit au sein même du premier réacteur, au moins
un moyen d'introduction de fluide d'appoint débouche dans ce réacteur, en amont du
lit dense de catalyseur et/ou au sein de la première moitié de ce dernier. Le ou lesdits
moyens peuvent alors être constitués par tout moyen connu permettant, en aval de l'injection
de la charge proprement dite, l'introduction d'un fluide léger dans un réacteur.
[0045] Il peut s'agir par exemple d'une canne (ou même d'un simple tube) pourvue de fentes
latérales ou de plusieurs orifices, afin de permettre une meilleure distribution du
fluide d'appoint. De préférence, on emploie un diffuseur permettant d'introduire le
fluide d'appoint de manière homogène sur toute la section du réacteur.
[0046] Ces moyens d'introduction de fluide d'appoint peuvent déboucher dans le réacteur
de multiples manières. Selon un mode de réalisation préféré, lesdits moyens débouchent
de manière transversale dans le réacteur, sensiblement perpendiculairement à l'axe
de ce dernier.
[0047] Selon une autre variante, au moins un moyen d'introduction de fluide d'appoint débouche
dans le réacteur de manière sensiblement parallèle à l'axe de ce dernier. De préférence,
ledit moyen pénètre alors dans le réacteur par l'orifice permettant l'introduction
du mélange réactionnel. Cette solution est particulièrement avantageuse dans le cadre
de la modernisation d'unités existantes, puisqu'elle évite d'avoir à percer la paroi
du réacteur.
[0048] L'invention ne concerne pas les catalyseurs susceptibles d'intervenir dans sa mise
en oeuvre. L'on peut, en effet, employer tout catalyseur connu présentant une activité
pour l'isomérisation des paraffines linéaires en paraffines ramifiées. Dans ce domaine,
de nombreux catalyseurs sont connus de l'homme du métier. Ils comportent généralement
une ou plusieurs fonctions de type acide, ainsi qu'une fonction hydrogénante (métal
de transition hydrogénant). On citera, à titre d'exemple non limitatif, les catalyseurs
à base de chlorure d'aluminium (ou ayant d'autres sites halogénés) et comprenant un
ou plusieurs métaux du groupe VIII de la Classification Périodique des Eléments.
[0049] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description qui va suivre de différents modes de mise en oeuvre de celle-ci. Dans
cette description, on se réfèrera aux dessins annexés, dans lesquels:
- la figure 1 est une vue schématique d'une unité d'isomérisation incluant une injection
d'un fluide d'appoint, conformément à l'invention;
- les figures 2, 3, 4, 5 sont des variantes de réalisation de la figure 1;
- la figure 6 est une vue synoptique illustrant les relations d'une unité d'isomérisation
avec d'autres unités pétrolières, telles qu'elles existent dans l'art antérieur, d'une
part, et telles que modifiées conformément à l'invention, d'autre part.
[0050] La figure 1 représente une unité pour l'isomérisation de coupes contenant des paraffines
linéaires à 5 ou 6 atomes de carbone. Cette charge arrive par la ligne 1, dans laquelle
de l'hydrogène et éventuellement des gaz de recycle sont introduits par la ligne 2.
Le mélange réactionnel ainsi obtenu est acheminé par la ligne 33 vers deux échangeurs
de chaleur 3 et 4, à contre-courant des effluents des deux réacteurs d'isomérisation
de l'unité. Le mélange réactionnel ainsi réchauffé est ensuite introduit dans un premier
réacteur 5, ou réacteur amont. Ce dernier renferme un catalyseur d'isomérisation réparti
dans un lit catalytique 6, qui occupe une majeure partie de la hauteur du réacteur
5. L'effluent de ce dernier, après être passé dans l'échangeur 4, est ensuite introduit
par la ligne 7 dans le second réacteur 8, ou réacteur aval, qui est lui aussi chargé
avec un catalyseur d'isomérisation réparti dans un lit catalytique 9.
[0051] Dans le cas présent, la charge à traiter circule de haut en bas dans les réacteurs
5 et 8, mais elle pourrait naturellement y circuler de bas en haut.
[0052] L'effluent du réacteur aval 8, qui contient une charge enrichie en isoparaffines,
est évacué par la ligne 10 et, après avoir traversé l'échangeur 3, est dirigé vers
un ensemble de séparation des produits (non représenté). Le dispositif comprend en
outre des systèmes de vannes, non représentés, permettant d'interrompre indépendamment
l'alimentation des réacteurs 5 et 8 et/ou d'inverser le sens de circulation du mélange
réactionnel.
[0053] Conformément à l'invention, un fluide d'appoint est injecté dans le réacteur amont
5, par l'intermédiaire d'une canne 11 sensiblement perpendiculaire à l'axe du réacteur
et qui débouche directement dans le lit catalytique, dans la première moitié de celui-ci.
Cette canne est pourvue de fentes latérales, non représentées, permettant une meilleure
distribution.
[0054] Selon une variante de réalisation représentée à la figure 2, le lit catalytique 6
du réacteur amont 5 peut être séparé en une section amont 12 et une section aval 13,
qui renferment le même catalyseur d'isomérisation. La canne 11
a d'introduction de fluide d'appoint pénètre alors au sein du réacteur entre les deux
sections catalytiques 12 et 13.
[0055] Selon une autre variante de réalisation représentée à la figure 3, un système d'injection
étagé 11
b permet l'introduction de fluide d'appoint à plusieurs niveaux dans la première moitié
du lit catalytique 6 du réacteur 5.
[0056] Selon une autre variante de réalisation représentée à la figure 4, un système d'injection
11
c de fluide d'appoint débouche dans le réacteur 5 de manière sensiblement parallèle
à l'axe de ce dernier, au niveau de l'orifice permettant l'introduction du mélange
réactionnel (charge et hydrogène) acheminé au réacteur par la ligne 33.
[0057] Selon encore une autre variante de réalisation représentée à la figure 5, une ligne
11
d d'alimentation en fluide d'appoint débouche dans la ligne d'arrivée 33 du mélange
réactionnel (charge et hydrogène), immédiatement en amont du premier réacteur d'isomérisation
5.
[0058] Il est à noter que, dans le cas où l'unité d'isomérisation comporte au moins deux
réacteurs en série, l'injection de fluide d'appoint a toujours lieu au niveau du réacteur
amont, dans la mesure où l'hydrogénation du benzène est beaucoup plus rapide que l'isomérisation
des paraffines elle-même et se déroule uniquement au sein du réacteur amont.
[0059] Par ailleurs, dans ces unités comportant deux réacteurs ou plus, il est usuel d'inverser
le sens de circulation du mélange réactionnel, notamment à la suite du remplacement
du lit catalytique de l'un des réacteurs.. Le réacteur amont devient alors réacteur
aval et inversement. Il faut alors déplacer en conséquence le(s) point(s) d'introduction
du fluide d'appoint, de manière à ce que cette introduction ait toujours lieu au niveau
du réacteur amont.
[0060] C'est pourquoi il peut être judicieux de prévoir un système d'injection de fluide
d'appoint sur chacun des deux réacteurs placés à l'extrémité de la série. Bien entendu,
un seul de ces systèmes fonctionnera à la fois, selon le sens de circulation du mélange
réactionnel.
[0061] Enfin, dans le cas d'une unité ne comprenant qu'un seul réacteur, l'injection du
fluide d'appoint est similaire à celle représentée aux figures 1 à 5.
[0062] La figure 6 montre comment l'invention peut permettre d'améliorer les relations existant
entre l'unité d'isomérisation et d'autres unités pétrolières.
[0063] Comme il est représenté sur cette figure, l'essence de distillation directe (ou "straight-run"),
qui correspond à une coupe distillant entre environ 20 et 180°C, sort par la ligne
14 d'une unité de fractionnement principale, non représentée.
[0064] Cette essence de distillation directe est alors divisée, au sein du séparateur 15,
en une essence légère, évacuée par la ligne 16, et une essence lourde, évacuée par
la ligne 17, le point de coupe entre ces deux fractions se situant de manière usuelle
entre 70 et 90°C. Puis l'essence légère est débarrassée, dans le déisopentaniseur
18, de son isopentane, et se trouve dirigée par la ligne 1 vers l'unité d'isomérisation.
[0065] La fraction riche en isopentane, qui est un composé à haut indice d'octane ne nécessitant
donc pas de traitement d'isomération, est évacuée par la ligne 19. L'essence légère
appauvrie en isopentane traverse alors les deux réacteurs d'isomérisation 5 et 8 tels
que décrits précédemment, et la charge enrichie en isoparaffines en est extraite par
la ligne 10.
[0066] Cette charge est ensuite séparée, au sein du stabilisateur 20, en une coupe de tête
21, constituée de composés à quatre atomes de carbone au maximum, et une coupe de
fond 22 de composés plus lourds.: Cette dernière est ensuite dirigée vers le déisohexaniseur
23, où elle se trouve divisée en un isomérat 26, constitué d'isoparaffines à 5 ou
6 atomes de carbone, et une coupe lourde 25, constituée essentiellement de naphtènes
et de paraffines à 7 atomes de carbone ou plus.
[0067] En outre, une coupe riche en naphtènes et en paraffines non isomérisées à 5 ou 6
atomes de carbone, est traditionnellement recyclée en amont du premier réacteur par
l'intermédiaire de la ligne 24. Ainsi, cette coupe, qui ne contient pas de benzène,
effectue non seulement un passage supplémentaire dans l'unité d'isomérisation, mais
permet aussi de diluer la charge fraîche admise dans l'unité de manière à abaisser
la teneur en benzène de la charge combinée ainsi obtenue.
[0068] En faisant toujours référence à la figure 6, l'essence lourde évacuée du séparateur
15 par la ligne 17 est dirigée vers l'unité de reformage 27, au sein de laquelle elle
subit entre autres des réactions d'aromatisation, qui contribuent à augmenter sa teneur
en produits aromatiques, dont du benzène. Le réformat ainsi produit est ensuite séparé
au niveau du fractionnement 28 en un réformat lourd 29, dont le point d'ébullition
est supérieur à environ 90°C, qui est acheminé vers le pool essences, et un réformat
léger 31, dont le point d'ébullition est compris entre environ 30°C et 90°C.
[0069] L'essentiel du benzène produit dans le reformage est présent dans le réformat léger
31. Afin de réduire la teneur en benzène de la coupe essence finale, il est donc judicieux
d'envoyer le réformat léger 31 vers les réacteurs 5, 8, de l'unité d'isomérisation.
Cependant, cette dernière ne peut traiter des charges à teneur très élevée en benzène,
de sorte qu'il est nécessaire soit de soutirer du fractionnement par la ligne 32 une
coupe benzène qui est difficilement valorisable, car trop impure, soit d'augmenter
le débit de recycle de la ligne 24, afin d'abaisser la teneur en benzène de la charge
combinée entrant dans le réacteur 5, au détriment de la qualité des réactions d'isomérisation
proprement dites.
[0070] La suite de la description va mettre en exergue les modifications que l'invention
permet d'apporter, en particulier en ce qui concerne l'utilisation du réformat léger
31 et de la fraction 24 recyclée à l'isomérisation.
[0071] Conformément à l'invention, un moyen 11 d'injection d'un fluide d'appoint, pénètre
dans le lit catalytique du réacteur amont 5. Le fluide d'appoint est constitué de
composés comprenant au plus 4 atomes de carbone issus par la ligne 35 de la coupe
de tête, évacuée en 21, du stabilisateur 20. De la sorte, l'unité d'isomérisation
est susceptible de traiter le cas échéant des charges à teneur en benzène plus élevée
que dans l'art antérieur. Ainsi, le doublement de la quantité de benzène présent dans
la charge peut être compensé thermiquement par un appoint de fluide léger (densité
inférieure ou égale à celle du normal-pentane), dont le débit sera ajusté en fonction
de la teneur en benzène de la charge à isomériser.
[0072] Cette augmentation de la teneur en benzène admissible permet une plus grande flexibilité
au niveau de l'isomérisation et des unités environnantes. Ainsi, il est possible d'envoyer
en charge de l'isomérisation un débit plus élevé de réformat léger 31, sans augmenter
le débit du recycle 24, qui nuit à la qualité des réactions d'isomérisation. Le soutirage
de la coupe benzène 32 mal valorisable sera quant à lui moins conséquent.
[0073] Il devient également possible de remplacer le recycle 24 par un recycle 34, immédiatement
en aval du premier réacteur 5 d'isomérisation. Il en résulte une bien meilleure valorisation
de ce premier réacteur 5, et une amélioration sensible des réactions d'isomérisation
qui s'y produisent : d'une part, le débit de charge y est plus faible ; d'autre part,
on évite ainsi de faire circuler dans le premier réacteur un recycle 24, et donc les
composés naphténiques présents dans ce recycle, qui inhibent les réactions d'isomérisation.
[0074] Les exemples ci-après, qui n'ont pas de caractère limitatif, sont destinés à illustrer
la mise en oeuvre de l'invention et les avantages de celle-ci.
Exemple 1
[0075] Cet exemple a pour but d'illustrer les limites des procédés d'isomérisation d'essences
classiques, dans le cas du traitement de charges à teneur élevée en benzène.
[0076] Une coupe pétrolière de type essence légère de distillation directe (charge n°1)
possède les propriétés suivantes:
- point 5% (en volume) de distillation A.S.T.M.: 31°C,
- point 95% (en volume) de distillation A.S.T.M : 86°C,
- teneur en soufre: 1 ppm en poids,
- teneur en azote: 1 ppm en poids,
- teneur en benzène: 3,5% en poids,
- densité à 15°C: 0,680.
[0077] Cette charge, dont le débit est de 91,7 t/h, est combinée avec un mélange gazeux
riche en hydrogène (20% en poids d'hydrogène), introduit à un débit de 2 t/h. Ce mélange
réactionnel est alors réchauffé jusqu'à 133°C, puis traité dans une unité d'isomérisation
d'essences classique comportant deux réacteurs en série, fonctionnant à une pression
de 31.10
5 Pa. La température relevée en sortie du premier réacteur est de 180°C.
[0078] On refait le test, avec une charge conforme à celle décrite ci-avant, mais à laquelle
on incorpore une forte teneur en benzène: cette charge n°2 possède une teneur en benzène
de 7,66 % en poids et une densité à 15°C de 0,687. Les autres propriétés demeurent
globalement inchangées par rapport à la charge n°1.
[0079] Cette charge n°2 est traitée dans les mêmes conditions opératoires que celles mentionnées
ci-avant pour le traitement de la charge n°1, à l'exception du débit de gaz riche
en hydrogène, qui est porté à 3,5 t/h (de manière connue en soi, l'isomérisation de
charges riches en benzène nécessite une quantité accrue d'hydrogène dans le milieu
réactionnel, compte tenu de la consommation supplémentaire d'hydrogène induite par
l'hydrogénation du benzène).
[0080] La température relevée en sortie du premier réacteur est alors de 193°C. Il y a donc
eu une augmentation de température de 13°C dans ce réacteur, due à la forte quantité
de chaleur dégagée par l'hydrogénation du supplément de benzène présent dans la charge
n°2. A terme, cette augmentation de température dans le premier réacteur risque non
seulement d'endommager le catalyseur et l'unité, mais également de diminuer les rendements
de la réaction d'isomérisation (meilleurs à basse température).
[0081] Cet exemple montre donc combien les procédés de l'art antérieur s'avèrent peu adaptés
à l'isomérisation de charges à forte teneur en benzène.
Exemple 2
[0082] Dans cet exemple, la charge riche en benzène décrite ci-avant (charge n°2) est traitée
cette fois-ci selon le procédé d'isomérisation conforme à l'invention. Un fluide d'appoint
est donc introduit dans le lit catalytique du premier réacteur, au niveau du premier
tiers du lit catalytique (aux 2/7 de ce lit, exactement), et avec un débit de 30Nm3
par m3 de charge. Deux températures d'introduction du fluide d'appoint ont été testées:
30°C (température inférieure à celle du milieu réactionnel) et 145°C (température
de l'ordre de celle du milieu réactionnel).
[0083] Différentes compositions de fluide d'appoint, mentionnées dans le Tableau I ci-après,
ont été testées successivement.
Tableau I
Fluide |
Composition (en % en poids) |
Densité (40°C, 1,0134 Pa) |
F1 |
2 % H2 + 12 % CH4 + 18 % C2H6 + 25 % C3H8 + 43 % C4H10 |
1,04.10-3 |
F2 |
2 % H2 + 80 % CH4 + 16 % C2H6 +2 % C3H8 |
0,59.10-3 |
F3 |
100 % H2 |
0,08.10-3 |
F4 |
100 % CH4 |
0,62.10-3 |
F5 |
100 % C2H6 |
1,16.10-3 |
F6 |
100 % C3H8 |
1,72.10-3 |
F7 |
100 % nC4H10 |
2,28.10-3 |
F8 |
100 % % nC5H12 |
2,87.10-3 |
[0084] Le fluide F1 correspond à un mélange gazeux du type de ceux que l'on peut récupérer
en tête d'une colonne de fractionnement située en aval de l'unité d'isomérisation
(colonne dite de stabilisation).
[0085] A 40°C, sous une pression de 1,0134.10
5 Pa (1 atmosphère), tous les fluides considérés se trouvent à l'état gazeux et ont
une densité inférieure ou égale à celle du pentane (C
5H
12, fluide F8) considéré dans les mêmes conditions.
[0086] Pour le test d'isomérisation, les conditions opératoires sont identiques à celles
décrites dans l'Exemple 1 pour le traitement de la charge n°2, et la température d'entrée
du mélange réactionnel dans le premier réacteur d'isomérisation est notamment maintenue
à 133°C.
[0087] Le Tableau II ci-après rassemble les résultats obtenus en terme de température de
sortie du premier réacteur.
Tableau II
|
Température de sortie du premier réacteur |
Fluide d'appoint |
(1) |
(2) |
F1 |
180 °C |
183 °C |
F2 |
180 °C |
181 °C |
F3 |
181 °C |
182°C |
F4 |
179 °C |
180 °C |
F5 |
180 °C |
182°C |
F6 |
179 °C |
184 °C |
F7 |
181 °C |
187 °C |
F8 |
184 °C |
189 °C |
(1) Température d'introduction du fluide d'appoint dans le premier réacteur : 30°C. |
(2) Température d'introduction du fluide d'appoint dans le premier réacteur : 145°C |
[0088] Des résultats identiques à ceux exposés ci-avant ont été obtenus en introduisant
le fluide d'appoint immédiatement en amont du premier réacteur d'isomérisation, entre
le dispositif de réchauffement du mélange réactionnel le plus en aval et le point
d'injection dudit mélange dans le premier réacteur.
[0089] Comme le montre le Tableau II ci-dessus, l'introduction d'un fluide d'appoint léger
permet de compenser l'excès de chaleur qui se dégage dans le premier réacteur en présence
d'une charge riche en benzène. On parvient ainsi à abaisser la température régnant
dans ce réacteur et, notamment, à ramener sa température de sortie à une valeur identique
à, ou proche de, la température observée en isomérisation de charges à teneur limitée
en benzène (charge n°1).
[0090] Par ailleurs, des résultats différents sont obtenus selon le fluide d'appoint utilisé.
En particulier, lorsque le fluide d'appoint est introduit à une température élevée,
l'abaissement de la température du premier réacteur est plus important avec des fluides
légers. Il est donc possible d'adapter la composition du fluide introduit à la teneur
en benzène de la charge à isomériser, avec pour conséquence, une excellente flexibilité
du procédé selon l'invention.
Exemple 3
[0091] Dans cet exemple, dans les essais 2 à 4, la charge riche en benzène (charge n°2 de
l'Exemple 1) est isomérisée, en appliquant le procédé conforme à l'invention et dans
des conditions opératoires identiques à celles de l'Exemple n°2, mais en faisant varier
le débit du fluide d'appoint. Les trois essais mentionnés dans le Tableau III ci-dessous
ont été effectués avec le même fluide F2, introduit dans le lit catalytique du premier
réacteur à une température de 145°C.
[0092] L'essai 1 correspond à un débit de fluide d'appoint nul (art antérieur).
Tableau III
Essai |
Débit du fluide d'appoint (Nm3 par m3 de charge) |
Température de sortie du premier réacteur (°C) |
1 |
0 |
193 |
2 |
10 |
188 |
3 |
30 |
181 |
4 |
60 |
173 |
[0093] Cet exemple illustre l'excellent contrôle thermique auquel permet d'accéder l'invention.
Ce contrôle est extrêmement précis et flexible, puisque le débit du fluide d'appoint
peut être optimisé en fonction des caractéristiques de la charge à traiter et, notamment,
de sa teneur en benzène.
Exemple 4
[0094] Cet exemple permet de préciser les conditions dans lesquelles le procédé conforme
à l'invention doit être mis en oeuvre, et notamment la nature des fluides d'appoint
susceptibles d'être employés.
[0095] Les conditions opératoires sont identiques à celles de l'Exemple 2.
[0096] Différents fluides d'appoint ont été testés successivement :
- F1, F5 et F8 sont les fluides déjà mentionnés dans l'Exemple 2 et correspondent aux
conditions de l'invention : fluides gazeux à 40°C, sous une pression de 1,0134.Pa
(1 atmosphère) et de densité inférieure ou égale à celle du pentane (C5H12, fluide F8) considéré dans les mêmes conditions.
- F9 et F10 sont des fluides plus lourds que le pentane. Ces fluides sont tous injectés
dans le lit catalytique du premier réacteur à une température de 145°C, et un débit
de 30Nm3 par m3 de charge.
[0097] Le Tableau IV ci-après expose les natures des fluides testés ainsi que les résultats
obtenus lors des essais d'isomérisation de la charge n°2 riche en benzène.
Tableau IV
Fluide |
Composition |
Etat physique (densité) à 40°C, 1,0134.105Pa |
Température sortie 1er réacteur (°C) |
F1 |
Mélange (H2, C1 à C4) |
gazeux (1,04.10-3) |
183 |
F5 |
100% C2H6 |
gazeux (1,16.10-3) |
182 |
F8 |
100% nC5H12 |
gazeux (2,87.10-3) |
189 |
F9 |
100% nC6H14 |
liquide |
192 |
F10 |
100% nC9H20 |
liquide |
196 |
[0098] Ces résultats soulignent la validité des critères retenus pour sélectionner les fluides
d'appoint susceptibles d'être employés dans l'invention.
[0099] Pour des fluides trop lourds , et en particulier plus lourds que le pentane, l'effet
thermodynamique décrit ne se produit plus et l'injection de fluide.d'appoint ne permet
plus d'abaisser la température du premier réacteur. On constate même que, lorsqu'un
tel fluide est introduit à une température supérieure ou égale à la température d'entrée
dans le réacteur, comme c'est le cas dans le présent exemple, l'on risque d'aboutir
à une élévation supplémentaire de la température de ce réacteur (voir cas du fluide
F10).
1. Procédé d'isomérisation d'une charge hydrocarbonée contenant une quantité substantielle
d'hydrocarbures paraffiniques à 5 ou 6 atomes de carbone et du benzène à une teneur
supérieure ou égale à 2 % en poids, dans lequel la charge à traiter passe, en présence
d'hydrogène, à une pression totale supérieure ou égale à 10.105 Pa (10 bars) et à une température moyenne comprise entre 100 et 200°C, dans au moins
un réacteur (5) contenant un catalyseur d'isomérisation d'hydrocarbures paraffiniques,
ce procédé étant caractérisé en ce que l'on introduit, dans la partie amont de la
zone réactionnelle, un fluide d'appoint qui, à 40°C et sous pression atmosphérique
(1,0134.105 Pa), se trouve à l'état gazeux et possède une densité inférieure ou égale
à celle du normal-pentane considéré dans les mêmes conditions.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que du fluide d'appoint est injecté
dans la partie amont du premier réacteur d'isomérisation (5), à savoir dans la zone
s'étendant du niveau d'introduction dans ce réacteur du mélange réactionnel (charge
et hydrogène) jusqu'à mi-hauteur du lit catalytique (6).
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
du fluide d'appoint est injecté immédiatement en amont du premier réacteur, c'est-à-dire
après préchauffage complet du mélange réactionnel (charge et hydrogène) et avant injection
dudit mélange dans le premier réacteur (5).
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
ledit fluide d'appoint contient une quantité substantielle d'hydrogène et/ou d'hydrocarbures
comportant de un à cinq atomes de carbone.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que ledit fluide d'appoint contient
une quantité substantielle d'hydrogène et/ou d'hydrocarbures comportant de un à quatre
atomes de carbone.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 4 et 5, caractérisé en ce que ledit
fluide d'appoint comprend également, en quantité minoritaire, des hydrocarbures à
six ou sept atomes de carbone, et/ou des gaz inertes tels que de l'azote, ou tout
autre fluide léger approprié.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
ledit fluide d'appoint contient une quantité substantielle de composés légers issus
d'une colonne de fractionnement (20) des effluents de l'unité d'isomérisation.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
la composition et/ou le débit dudit fluide d'appoint sont optimisés en fonction des
caractéristiques de la charge à traiter, notamment de sa teneur en benzène.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
ledit fluide d'appoint est injecté à un débit de 5 à 150 Nm3 par m3 de charge.
10. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que ledit fluide d'appoint est
injecté à un débit de 5 à 60 Nm3 par m3 de charge.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
ledit fluide d'appoint est injecté à une température inférieure ou égale à celle du
milieu réactionnel et, de préférence, comprise entre 20 et 180°C.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel l'unité
d'isomérisation comprend plusieurs réacteurs en série (5, 8), caractérisé en ce qu'une
coupe riche en paraffines non isomérisées à 5 ou 6 atomes de carbone et qui contient
généralement des naphtènes, provenant de la séparation et du traitement des effluents
de l'unité d'isomérisation, est recyclée immédiatement en aval du premier réacteur
(5).
13. Dispositif d'isomérisation d'une charge hydrocarbonée contenant une quantité substantielle
d'hydrocarbures paraffiniques à 5 ou 6 atomes de carbone et du benzène à une teneur
supérieure ou égale à 2% en poids, ledit dispositif comprenant au moins un réacteur
(5) chargé avec un catalyseur en lit fixe (6), une ligne (33) d'amenée au réacteur
(5) du mélange réactionnel constitué par la charge en mélange avec un gaz riche en
hydrogène, au moins un système (3,4) de réchauffement dudit mélange réactionnel en
amont du réacteur (5), et une ligne (10) d'évacuation du réacteur (5) de la charge
enrichie en isoparaffines, ledit dispositif étant caractérisé en ce que, dans la partie
amont de la zone réactionnelle débouche au moins un moyen (11) d'introduction d'un
fluide d'appoint, qui se trouve à l'état gazeux à 40°C, sous pression atmosphérique
(1,0134.105 pa).
14. Dispositif selon la revendications 13, caractérisé en ce qu'une ligne (11d) d'alimentation en fluide d'appoint débouche dans la ligne (33) d'arrivée au premier
réacteur (5) du mélange réactionnel (charge et hydrogène), entre le dispositif de
réchauffement du mélange réactionnel le plus en aval (4) et le point d'injection dudit
mélange dans le premier réacteur (5).
15. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 13 et 14, caractérisé en ce qu'au
moins un moyen (11, 11a, 11b, 11c) d'introduction du fluide d'appoint débouche dans le premier réacteur (5), en amont
du lit dense de catalyseur (6) et/ou au sein de la première moitié de ce dernier.
16. Dispositif selon la revendication 15, caractérisé en ce qu'au moins un moyen (11)
d'introduction du fluide d'appoint est constitué dune canne ou d'un tube pourvu(e)
de fentes latérales ou de plusieurs orifices, afin de permettre une meilleure distribution
du fluide d'appoint.
17. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 15 et 16, caractérisé en ce qu'au
moins un moyen (11) d'introduction du fluide d'appoint est constitué d'un diffuseur
permettant d'introduire le fluide d'appoint de manière homogène sur toute la section
du réacteur (5).
18. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 15 à 17, caractérisé en ce qu'au
moins un moyen (11, 11a, 11b) d'introduction du fluide d'appoint débouche de manière transversale dans le réacteur
(5), sensiblement perpendiculairement à l'axe de ce dernier.
19. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 15 à 18, caractérisé en ce qu'au
moins un moyen (11c) d'introduction de fluide d'appoint débouche dans le réacteur (5) de manière sensiblement
parallèle à l'axe de ce dernier et pénètre dans le réacteur (5) par l'orifice permettant
l'introduction du mélange réactionnel.
20. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 13 à 19, caractérisé en ce que
le lit catalytique du premier réacteur d'isomérisation (5) est séparé en une section
amont (12) et une section aval (13) distinctes, un moyen (11a) d'introduction du fluide d'appoint pénétrant au sein du réacteur (5) entre les deux
sections catalytiques (12) et (13).
21. Utilisation du procédé selon l'une des revendications 1 à 12 ou du dispositif selon
l'une des revendications 13 à 20 pour l'isomérisation d'essences légères issues du
réformage et/ou du craquage catalytique, seules ou en mélange avec d'autres charges.