(19)
(11) EP 0 968 667 A1

(12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

(43) Date de publication:
05.01.2000  Bulletin  2000/01

(21) Numéro de dépôt: 99110025.6

(22) Date de dépôt:  21.05.1999
(51) Int. Cl.7A43B 7/12, A43B 7/06, A43B 19/00, A43B 23/07
(84) Etats contractants désignés:
AT BE CH CY DE DK ES FI FR GB GR IE IT LI LU MC NL PT SE
Etats d'extension désignés:
AL LT LV MK RO SI

(30) Priorité: 29.06.1998 FR 9808492

(71) Demandeur: Salomon S.A.
74370 Metz-Tessy (FR)

(72) Inventeurs:
  • Barthelemy, Antoine
    74940 Annecy le Vieux (FR)
  • Tholin, Jacques
    74000 Annecy (FR)

   


(54) Chaussure munie de moyens de drainage et d'évacuation de l'humidité


(57) L'invention concerne une chaussure constituée d'une tige externe (110) et d'une doublure interne (120), caractérisée en ce que la doublure interne (110) est constituée d'un tissu complexé comportant deux faces textiles (124, 126) parallèles reliées ensemble par une couche (125) de fils, s'étendant essentiellement perpendiculairement au plan constitué par chacune des deux faces, et définissant un espace compressible entre les deux faces parallèles (124, 126), en ce qu'elle s'étend depuis le bas (121) jusqu'à l'extrémité supérieure (122) de la tige externe (110), et en ce qu'elle n'est reliée à la tige externe (110) que par une couture périphérique haute (123).




Description


[0001] La présente invention a pour objet une chaussure, notamment chaussure de sport, telle que chaussure de randonnée, munie de moyens de drainage et d'évacuation de l'humidité.

[0002] Le problème de ventilation de l'intérieur d'une chaussure et de l'évacuation de l'air est un problème qui se pose depuis longtemps et n'a jamais été résolu de manière totalement satisfaisante.

[0003] Ainsi, la chaussure d'alpinisme connue sous la dénomination commerciale "CLIMA-COMPREX" de Koflach comporte une enveloppe externe étanche et un chausson intérieur muni sur sa paroi externe de canaux longitudinaux communiquant avec des trous traversants dudit chausson et destinés à l'évacuation de l'air chargé d'humidité.

[0004] Le problème d'une telle chaussure est que le débit d'évacuation d'air est très limité et que par conséquent l'aération reste insuffisante pour éliminer l'humidité. Par ailleurs, l'éloignement du pied de la paroi extérieure du chausson provoque des problèmes de condensation, d'autant plus que l'enveloppe extérieure est exposée au froid.

[0005] Différentes constructions ont également été essayées avec des matériaux dits "imper-respirants", c'est-à-dire des matériaux perméables à la vapeur d'eau mais imperméables à l'eau. Les constructions permettent certes une excellente étanchéité vis à vis de l'extérieur mais présentent l'inconvénient d'une respirabilité ou évacuation d'air humide insuffisante.

[0006] En effet, les matériaux ou membranes dits "imper-respirants" fournissent une respirabilité malgré tout réduite et ne couvrant en fait que 10 % des besoins d'évacuation en humidité du pied.

[0007] Plus récemment, et ainsi que le montrent les figures 1 et 2, la société Boréal a mis au point une chaussure de montagne constituée d'une tige externe 1 en cuir et d'une doublure 2 en forme de chausson, destinée à évacuer l'humidité et constituée d'une partie inférieure 21 entourant la partie pied proprement dite et d'une partie supérieure 22 entourant la partie cheville.

[0008] Comme montré plus en détail sur la figure 1A, la partie inférieure 21 de la doublure 2 est en un matériau multicouche comportant, depuis l'intérieur vers l'extérieur :
  • un tissu tridimensionnel 25,
  • une membrane "imper-respirante", du type connu sous la dénomination commerciale "Sympatex", collée sur une couche textile de protection 26 (résistance à l'abrasion),
  • une couche de cuir constituant la tige externe 1.


[0009] La partie supérieure 22 de la doublure est constituée d'une couche de cuir 27 et de mousse 28.

[0010] Les deux parties 21-22 sont reliées par une couture périphérique haute 23, de même une couture périphérique basse 24 réalise l'assemblage de la partie inférieure 21 du chausson.

[0011] L'utilisation du tissu tridimensionnel 25 est destinée à permettre une évacuation de la vapeur d'eau vers l'extérieur en direction transversale et verticale.

[0012] En pratique cette évacuation est stoppée en direction verticale par la présence de la couture périphérique haute 23 et de la couture périphérique basse 24.

[0013] De ce fait, la transpiration peut seulement être évacuée en direction transversale dans la partie inférieure 21 de la doublure, à travers la membrane "imper-respirante" 26 et la paroi externe en cuir de la tige externe 1.

[0014] Or, comme indiqué précédemment, les matériaux "imper-respirants" ne permettent pas une évacuation suffisante de l'humidité et l'effet obtenu n'est donc pas satisfaisant.

[0015] Le but de la présente invention est donc de remédier à ces inconvénients et de fournir une construction de chaussure améliorée et permettant une meilleure évacuation de l'humidité produite par la transpiration.

[0016] Ce but est atteint dans la chaussure selon l'invention qui est du type constituée d'une tige externe et d'une doublure interne, par le fait que la doublure interne est constituée d'un tissu complexé comportant deux faces textiles parallèles reliées ensemble par une couche de fils s'étendant essentiellement perpendiculairement au plan constitué par chacune des deux faces textiles, et définissant un espace compressible entre ces deux faces textiles, par le fait qu'elle s'étend depuis le bas jusqu'à l'extrémité supérieure de la tige externe, et qu'elle n'est reliée à la tige externe que par une couture périphérique haute.

[0017] Le tissu complexé, plus connu sous la dénomination tissu tridimensionnel, définit une couche d'air entourant le pied sur toute la surface de la chaussure et monte jusqu'en haut de la tige de la chaussure, permettant ainsi une évacuation optimale de l'air humide depuis le pied jusqu'en haut de la chaussure, et ce par l'intermédiaire d'une surface d'échange maximale.

[0018] Une telle construction résout le problème de surface d'échange trop limitée comme dans le cas des constructions employant une couche "imper-respirante" ou des systèmes de canaux et de trous traversants décrits précédemment.

[0019] De plus, l'assemblage de la doublure à la tige externe par une seule couture périphérique haute garantit que l'air humide peut être évacué dans une direction essentiellement verticale, c'est-à-dire du bas jusqu'en haut de la chaussure.

[0020] Selon un mode de réalisation avantageux, la doublure interne forme un chausson assemblé par une seule couture longitudinale médiane. Cette construction garantit également une bonne circulation de l'air humide puisque celui-ci peut être évacué depuis la couture médiane de la semelle vers les côtés du chausson.

[0021] De toute façon, l'invention sera mieux comprise et d'autres caractéristiques de celle-ci seront mises en évidence à l'aide de la description qui suit en référence au dessin schématique annexé.

La figure 1 est une vue en perspective arrière avec arraché partiel d'une chaussure selon l'art antérieur.

La figure 1A est une vue de détail de la figure 1.

La figure 2 est une vue en perspective arrière d'un chausson selon l'art antérieur.

La figure 3 est une vue similaire à la figure 1 d'une chaussure selon l'invention.

La figure 3A est une vue de détail de la figure 3.

La figure 3B est une vue de détail de la figure 3.

La figure 3C est une vue de détail similaire à la figure 3B selon un autre mode de réalisation.

La figure 4 est une vue similaire à la figure 2 d'un chausson selon l'invention.



[0022] Ainsi que le montrent notamment les figures 3 et 4, la chaussure 100 selon l'invention est constituée d'une tige externe 110, d'une semelle 101 et d'une doublure intérieure en forme de chausson 120.

[0023] Contrairement au chausson 2 de l'art antérieur connu, le chausson 120 selon l'invention présente une structure continue depuis le bas, c'est-à-dire sa semelle 121 jusqu'à son extrémité supérieure 122.

[0024] Comme montré en figure 3A, le chausson 120 est constitué d'un tissu complexé tridimensionnel, à savoir : deux faces ou nappes textiles parallèles respectivement interne 124 et externe 126, ces deux faces 124 et 126 étant reliées ensemble par une couche de fils 125 s'étendant essentiellement perpendiculairement au plan constitué par chacune de ces faces et définissant un espace d'air compressible élastiquement entre ces deux faces 124, 126. Un tel tissu tridimensionnel est généralement constitué au cours d'une même étape de fabrication. Il peut également être constitué à l'aide de deux nappes textiles réalisées indépendamment l'une de l'autre et reliées ensuite par une couche aérée selon son épaisseur. Les deux faces 124, 126, sont de préférence constituées par des nappes de jersey, elles peuvent également être constituées par des nappes de fils tissés ou non tissés.

[0025] Dans tous les cas, les matériaux constituant le tissu tridimensionnel sont de préférence des matériaux synthétiques hydrophobes.

[0026] De préférence, la face interne 124, située le plus près du pied de l'utilisateur, est formée par un jersey à larges mailles destiné à permettre une évacuation optimale en direction radiale (c'est-à-dire sensiblement perpendiculairement au plan de ladite couche 124) de la transpiration générée par le pied.

[0027] La face externe 126 est de préférence, quoique non nécessairement, associée à une couche supplémentaire 127 munie d'une membrane "imper-respirante" (cf. figure 3C) telle que celles connues sous les dénominations commerciales "Gore Tex", "Sympatex" ou "Clima Dry".

[0028] Dans ce cas, la couche supplémentaire 127 est de préférence constituée par un tissu à mailles serrées pour former un support efficace à ladite membrane et la protéger contre l'abrasion.

[0029] Comme montré sur la figure 4 le chausson 120 est constitué à partir de deux pièces découpées de tissu complexé, assemblées le long d'une seule couture longitudinale 123 disposée sensiblement selon un plan longitudinal médian dudit chausson 120.

[0030] De ce fait, la transpiration émise par le pied peut circuler librement depuis la semelle 121 de la doublure, de part et d'autre de la couture longitudinale 123, et remonter le long des parois verticales de la doublure, sans être arrêtée par des coutures horizontales (comme les coutures 23 du chausson de la figure 2), jusqu'à l'extrémité supérieure 122 de ladite doublure comme montré par les flèches V.

[0031] De ce fait, toute la surface de la doublure 120 peut servir à évacuer, par effet de convection, l'humidité résultant de la transpiration du bas vers le haut, par une circulation verticale de l'air chaud humide à travers la couche d'air définie par la couche 125.

[0032] Comme l'évacuation de l'humidité s'effectue essentiellement dans une direction longitudinale, c'est-à-dire dans le plan ou l'épaisseur du matériau constituant la doublure, par contraste avec une évacuation en direction radiale à travers la paroi du matériau comme dans le cas de la chaussure connue des figures 1 et 2, l'adjonction d'une couche 127 avec membrane "imper-respirante" ne gène pas l'évacuation de l'humidité et permet de plus d'obtenir l'étanchéité souhaitée pour une construction réellement "respiro étanche".

[0033] Ainsi que le montre la figure 3A, la doublure 120 est reliée à son extrémité supérieure 122 - bord à bord - à la tige externe 120 par une couture périphérique 123 qui est ensuite retournée, cette couture 123 ne gène donc pas la circulation d'air humide jusque vers l'extrémité supérieure 122 de la doublure.

[0034] Une couture 130 "traversante" peut être également prévue entre la doublure 120 et la tige 110 externe de façon à définir un bourrelet de confort à l'arrière de la chaussure. Dans la mesure où cette couture 130 ne s'étend que sur une partie du périmètre de l'extrémité supérieure 122 de la doublure, elle ne gène pas outre mesure l'évacuation de la transpiration vers le haut.

[0035] La tige 110 est de préférence constituée d'un matériau respirant tel que du cuir 111, associé à un matériau de confort tel que de la mousse 112. Bien entendu, tous types de matériaux, y compris des matériaux étanches, peuvent être utilisés pour tout ou partie de la tige.

[0036] On notera que la structure tridimensionnelle de la doublure permet également de limiter la quantité et l'épaisseur de mousses de confort 112 pour la tige, puisque la couche d'air définie par la structure tridimensionnelle apporte elle-même un certain confort.

[0037] La circulation de l'air V décrite ci-avant s'effectue notamment par effet de pompage (contraction/extension des matériaux) liés avec déformations de la chaussure lors de la marche.

[0038] De façon surprenante l'effet de circulation et d'évacuation d'air humide par la construction de doublure décrite ci-avant est extrêmement intéressant pour les raisons suivantes:
  • l'air humide reste à l'état gazeux dans la doublure car il reste très proche du pied, lui-même chaud, et ne se condense donc pas comme dans les structures de chausson avec canaux de ventilation prévus à l'extrémité dudit chausson,
  • le tissu tridimensionnel capte l'humidité par capillarité de sa face interne en contact avec la chaussette ou le pied de l'utilisateur et l'évacue, de sorte que l'humidité restant au contact du pied est quasi nulle.


[0039] Par ailleurs, cette construction offre d'autres avantages:
  • comme indiqué précédemment, le tissu tridimensionnel participe au confort par sa couche interne élastique qui peut se déformer ponctuellement et élastiquement en cas de compression. Par ailleurs, cette couche élastique revient toujours en position initiale et ne se tasse donc pas comme les mousses usuelles,
  • la couche d'air stockée dans le tissu tridimensionnel renforce l'isolation thermique de la chaussure et permet donc de supprimer des épaisseurs de mousse prévues à cet effet. A confort thermique égal, la chaussure comporte donc moins de mousses qui sont susceptibles de stocker l'humidité et qui augmentent son poids,
  • la doublure en tissu tridimensionnel sèche beaucoup plus rapidement que les doublures traditionnelles du fait de sa constitution à partir de matériaux hydrophobes et également de sa surface d'échange importante.


[0040] Bien entendu, la présente invention n'est pas limitée au mode de réalisation décrit ci-avant à titre d'exemple non limitatif mais en englobe tous les modes de réalisation similaires ou équivalents.

[0041] Elle n'est notamment pas limitée à une application à une doublure de type chausson, c'est-à-dire comportant une semelle, et peut fort bien fonctionner efficacement avec des portions de doublure s'étendant depuis le bas jusqu'à l'extrémité supérieure de la tige.


Revendications

1. Chaussure constituée d'une tige externe (110) et d'une doublure interne (120), caractérisée en ce que la doublure interne (110) est constituée d'un tissu complexé comportant deux faces textiles (124, 126) parallèles reliées ensemble par une couche (125) de fils, s'étendant essentiellement perpendiculairement au plan constitué par chacune des deux faces, et définissant un espace compressible entre les deux faces parallèles (124, 126), en ce qu'elle s'étend depuis le bas (121) jusqu'à l'extrémité supérieure (122) de la tige externe (110), et en ce qu'elle n'est reliée à la tige externe (110) que par une couture périphérique haute (123).
 
2. Chaussure selon la revendication 1, caractérisée en ce que la doublure (120) comporte une partie semelle (121) destinée à recevoir le pied.
 
3. Chaussure selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisée en ce que la doublure interne (120) forme un chausson assemblé par une seule couture longitudinale sensiblement médiane (123).
 
4. Chaussure selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que la doublure comporte une couche (127) munie d'une membrane "imper-respirante".
 
5. Chaussure selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que la tige externe (110) est au moins partiellement en un matériau respirant tel que du cuir.
 




Dessins










Rapport de recherche