[0001] La présente invention concerne un véhicule ferroviaire à déplacement transversal
du pivot de bogie d'un wagon.
[0002] De manière habituelle, un véhicule ferroviaire comprend un châssis muni, à chacune
de ses extrémités, d'un bogie qui est monté pivotant autour d'un axe et assure l'auto-alignement
du véhicule ferroviaire sur la voie rectiligne, du fait de l'interaction des roues
avec les rails.
[0003] L'invention vise plus particulièrement à optimiser l'utilisation du gabarit des voies
par les véhicules ferroviaires. Dans l'invention, le terme de véhicule ferroviaire
englobe des wagons de transport de marchandises, de transport de véhicules routiers
ou de containers, ou bien encore des wagons de voyageurs, dans la mesure où ces derniers
sont également soumis au respect des gabarits. Un gabarit de voie ferrée est défini
par une ligne enveloppe perpendiculaire à l'axe de la voie ferrée, le véhicule ferroviaire
étant astreint à demeurer entièrement à l'intérieur de ce gabarit.
[0004] Il est déjà connu, par EP-A-0 749 881, un véhicule ferroviaire muni de moyens d'articulation
du bogie par rapport au châssis du véhicule, permettant au bogie de pivoter, dans
une courbe, autour d'un axe vertical appelé pivot fictif, l'axe longitudinal médian
du véhicule étant décalé vers l'extérieur de la courbe par rapport à ce pivot fictif.
Ceci permet, pour un gabarit donné, d'utiliser un véhicule ferroviaire dont l'empattement,
à savoir l'espace séparant les deux bogies, est supérieur à celui d'un véhicule ferroviaire
classique. Cette disposition permet de surbaisser le châssis ou le plancher de la
partie centrale du véhicule pour permettre un chargement maximal, étant entendu que
les extrémités du châssis du véhicule sont disposées en intégralité au-dessus du bogie.
[0005] Les moyens d'articulation décrits dans ce document sont formés par deux paires de
biellettes, disposées aux extrémités en regard de deux véhicules ferroviaires voisins.
Ces biellettes relient les bords latéraux d'une plaque de support s'étendant d'un
wagon à l'autre, un bogie correspondant étant monté à pivotement à chaque extrémité
de cette plaque.
[0006] L'enseignement de EP-A-0 749 881 prévoit en outre des moyens permettant l'amortissement
des chocs et des tractions survenant, en ligne droite, entre deux véhicules ferroviaires
voisins. Ces moyens sont constitués par des systèmes à ressorts intégrés dans la plaque
de support des bogies, de manière à permettre un certain débattement longitudinal
entre les deux parties de cette plaque, dont chacune est solidaire d'un véhicule ferroviaire
correspondant.
[0007] Cette solution présente cependant un premier inconvénient lié à sa complexité. De
plus, dans les courbes, un tel agencement n'est pas adapté pour amortir les chocs
et les tractions, dans la mesure où ces derniers induisent des efforts dirigés selon
une direction qui n'est pas alignée avec la direction principale des systèmes à ressorts.
Ces derniers sont donc soumis à des gauchissements qui sont à même de porter atteinte
à leur intégrité mécanique.
[0008] La présente invention se propose de réaliser un véhicule ferroviaire permettant de
pallier l'ensemble des inconvénients de l'art antérieur évoqués ci-dessus.
[0009] A cet effet, elle a pour objet un véhicule ferroviaire comprenant un châssis qui
comporte un bogie vers chacune de ses extrémités, le véhicule étant pourvu de moyens
d'articulation du bogie par rapport au châssis, permettant au bogie de pivoter, dans
une courbe, autour d'un axe de pivot de bogie, un axe longitudinal médian du véhicule
étant décalé vers l'extérieur de cette courbe par rapport audit axe de pivot de bogie,
caractérisé en ce que les moyens d'articulation comprennent :
- un organe de support du bogie, libre de pivoter par rapport au châssis autour d'un
axe de pivot d'organe de support solidaire du châssis, l'axe de pivot de bogie étant
solidaire dudit organe de support en un emplacement de celui-ci espacé de l'axe de
pivot d'organe de support,
- deux bielles destinées à être articulées, à une première extrémité, à un véhicule
ferroviaire voisin,
- deux leviers articulés, à une première extrémité, à une seconde extrémité des bielles,
les secondes extrémités des leviers étant adjacentes l'une de l'autre, les leviers
étant en outre articulés, en des points médians et autour d'axes médians, à l'organe
de support ou à un organe intermédiaire monté pivotant par rapport au châssis autour
d'un axe de pivot d'organe intermédiaire et relié à l'organe de support pour pivoter
en synchronisme avec celui-ci,
- les leviers étant libres de pivoter par rapport à leurs axes médians, sensiblement
sans action sur l'organe de support, lorsque les bielles sont soumises à des actions
longitudinales dirigées selon un même sens, et
- les secondes extrémités des leviers étant reliées l'une à l'autre de telle manière
que, lorsque les bielles sont soumises à des actions longitudinales dirigées selon
des sens opposés, les leviers sont alors entraînés en rotation autour d'un axe de
pivotement des leviers, voisin des secondes extrémités, de manière à provoquer la
rotation de l'organe de support autour de son axe.
[0010] Selon d'autres caractéristiques de l'invention :
- les secondes extrémités des leviers comprennent des secteurs dentés engrenant l'un
avec l'autre, propres à tourner l'un par rapport à l'autre lorsque les bielles sont
soumises auxdites actions longitudinales de même sens, et propres à se bloquer mutuellement,
en une zone de blocage, lorsque les bielles sont soumises auxdites actions longitudinales
de sens opposés ;
- l'axe de pivotement des leviers passe par ladite zone de blocage des secondes extrémités
desdits leviers ;
- les leviers sont disposés à l'opposé de l'organe de support par rapport au véhicule
ferroviaire voisin et sont articulés directement à l'organe de support ;
- les secondes extrémités des leviers sont reliées mutuellement par une biellette articulée
à chacune desdites secondes extrémités ;
- la biellette est orientée sensiblement suivant l'axe médian du véhicule ;
- l'axe de pivotement des leviers passe sensiblement par un point médian de ladite biellette
;
- les leviers sont disposés entre le véhicule voisin et l'organe de support du bogie,
les leviers étant articulés audit organe intermédiaire et ce dernier étant relié à
l'organe de support par une paire de biellettes ;
- l'axe de pivot du bogie est disposé entre l'axe de pivot de l'organe de support et
le véhicule ferroviaire voisin.
[0011] L'invention va être décrite ci-dessous, en référence aux dessins annexés, donnés
uniquement à titre d'exemples non limitatifs et dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en perspective des différents éléments permettant l'articulation
d'un bogie à un véhicule ferroviaire conforme à un premier mode de réalisation de
l'invention ;
- la figure 2 est une vue schématique illustrant deux véhicules ferroviaires adjacents,
tels que représentés à la figure 1, en ligne droite et dans une position dite de marche
normale ;
- les figures 3 et 4 sont des vues analogues à la figure 2, illustrant les deux véhicules
ferroviaires en ligne droite, respectivement éloignés puis rapprochés l'un de l'autre,
par rapport à la position de marche normale de la figure 2 ;
- la figure 5 est une vue analogue à la figure 2, illustrant les deux véhicules ferroviaires
inscrits dans une courbe ;
- la figure 6 est une vue en perspective des différents éléments permettant l'articulation
d'un bogie à un véhicule ferroviaire conforme à un deuxième mode de réalisation de
l'invention ;
- la figure 7 est une vue schématique illustrant deux véhicules ferroviaires, tels que
représentés à la figure 6, en ligne droite et dans une position dite de marche normale
;
- les figures 8 et 9 sont des vues analogues à la figure 7, illustrant les deux véhicules
ferroviaires en ligne droite, respectivement rapprochés puis éloignés l'un de l'autre
par rapport à la position de marche normale de la figure 7, et
- la figure 10 est une vue analogue à la figure 7, illustrant les deux véhicules ferroviaires
inscrits dans une courbe.
[0012] La figure 1 représente deux véhicules ferroviaires 2, 2', ou wagons, pourvus de moyens
conformes à l'invention permettant l'articulation du bogie par rapport au châssis.
Seuls les moyens d'articulation dont est muni le véhicule 2 ont été représentés sur
cette figure, mais il doit être entendu que des moyens analogues équipent le véhicule
2', comme cela ressort des figures 2 à 5.
[0013] En faisant à nouveau référence à la figure 1, le bogie 4, circulant sur des rails
5, et le châssis 6 du véhicule 2 sont représentés de manière schématique. Deux tiges
8, 10, formant bielles, sont articulées sur le châssis du véhicule 2'. Cette articulation
est par exemple de type rotule, de sorte que de légers déports entre les châssis des
véhicules 2 et 2' sont autorisés.
[0014] Les tiges 8, 10 sont articulées, à leur extrémité opposée au véhicule 2', à des leviers
désignés respectivement par la référence 12 et 14. Ces derniers sont articulés aux
tiges par une première extrémité 12A, 14A, et sont adjacents l'un de l'autre à leur
seconde extrémité 12B, 14B. Ces secondes extrémités affectent un profil de secteur
angulaire denté et sont susceptibles d'engrener l'une par rapport à l'autre lorsqu'elles
sont soumises à des actions longitudinales de même sens, en faisant référence à l'axe
principal du véhicule.
[0015] Les moyens d'articulation équipant le véhicule 2 comprennent également un organe
de support 16 du bogie 4, dont la fonction sera explicitée dans ce qui suit. Cet organe
est de forme triangulaire et se trouve libre de pivoter par rapport à un axe 18 solidaire
du châssis 6 du véhicule ferroviaire 2. Le bogie 4 est articulé par rapport à cet
organe de support 16, selon un axe 19 situé à proximité d'un sommet 16A de cet organe
16.
[0016] L'organe 16 est en outre articulé au levier 12, 14 en un point médian 12C, 14C de
ces derniers. Cette liaison est assurée par des axes correspondants 20, 22, dits médians,
qui s'étendent entre les points médians 12C, 14C évoqués ci-dessus et le voisinage
des sommets 16B, 16C de l'organe de support.
[0017] Dans un but de simplicité, on ne décrira pas en détail les moyens d'articulation
du bogie équipant le wagon 2' mais, comme cela ressort des figures 2 à 5, ces moyens
d'articulation sont identiques à ceux explicités ci-dessus.
[0018] La figure 2 montre les deux véhicules ferroviaires 2, 2' en marche normale dans une
ligne droite. Dans cette configuration, l'axe 19 de pivotement du bogie 4 est situé
sur la droite (D) qui matérialise l'axe médian des véhicules ferroviaires 2, 2'. Les
tiges 8 et 10 sont disposées de manière sensiblement parallèle à cette droite D, alors
que les leviers 12, 14 lui sont perpendiculaires, leurs extrémités respectives se
rejoignant au niveau du milieu des secteurs dentés 12B, 14B.
[0019] La figure 3 représente les deux véhicules 2, 2' de la figure 2, soumis à une traction
par rapport à la position matérialisée sur cette figure 2.
[0020] Une telle traction peut par exemple être due au démarrage, à une accélération du
train ou à un passage en côte de ce dernier. Cette traction provoque un éloignement
entre les wagons, qui est absorbé mécaniquement par un crochet de traction non représenté,
de type connu, et qui contribue à exercer des forces de traction F et F' sur les tiges
8, 10. Ces forces de traction, qui sont d'intensités sensiblement égales et s'exercent
selon le même sens longitudinal, ont pour effet de rapprocher l'extrémité 12A, 14A
des leviers par rapport au véhicule 2', de sorte que ces leviers 12, 14 pivotent autour
de leur axe médian respectif 20, 22. Leurs extrémités dentées 12B, 14B se déplacent,
par engrènement mutuel, selon les flèches respectives G, G'. Ces secteurs dentés se
trouvent alors en contact par leurs extrémités longitudinales les plus proches de
l'axe 19.
[0021] L'ensemble de ces déplacements est globalement sans effet sur l'organe de support
16. En effet, ce dernier assure seulement une double fonction de pivot, par l'intermédiaire
des axes médians 20, 22. L'axe 19 de pivotement du bogie 4 reste donc placé sur la
droite D médiane du véhicule 2. Du fait que les tiges 8, 10 sont articulées aux extrémités
12A, 14A des leviers 12, 14, ces tiges 8, 10 ne sont plus strictement parallèles à
cette droite D, leurs extrémités d'articulation aux leviers 12, 14 étant déportées
en direction de cette droite D.
[0022] La figure 4 représente les véhicules 2, 2' de la figure 2, rapprochés l'un de l'autre
par rapport à la position de marche normale illustrée sur cette figure 2. Un tel rapprochement
peut être dû à un freinage, à une décélération du train ou lorsque ce dernier se déplace
dans une dénivellation.
[0023] Ce rapprochement, qui est absorbé mécaniquement par des tampons non représentés,
de type connu, contribue à exercer des forces de compression H, H' sur les tiges 8,
10. Ces forces, qui sont d'intensités sensiblement égales et s'exercent selon le même
sens, tendent à faire pivoter les leviers 12, 14 autour de leurs axes médians 20,
22, ce qui a pour effet de faire pivoter les extrémités 12B, 14B de ces leviers selon
les flèches respectives I, I'. Ces secteurs dentés 12B, 14B engrènent l'un avec l'autre
et sont en contact mutuel par l'intermédiaire de leurs extrémités longitudinales respectives,
opposées à l'axe 19 de pivotement du bogie 4.
[0024] Comme dans le cas d'une traction, illustrée à la figure 3, le rapprochement entre
les deux véhicules 2, 2' n'a pas d'action sur l'organe de support 16, qui assume uniquement
une fonction de pivot pour les leviers 12, 14. L'axe 19 de pivotement du bogie 4 reste
donc sensiblement sur la droite D. Les tiges 8, 10, du fait du pivotement des leviers
12, 14, ne sont plus parallèles à cette droite D, leurs extrémités articulées à ces
leviers étant déportées en direction de cette droite D.
[0025] La figure 5 illustre les deux véhicules 2, 2' inscrits dans une courbe. Dans cette
configuration, la tige 8 est soumise à une force de traction s'exerçant selon la flèche
J alors que la tige 10 subit une force de compression matérialisée par la flèche J'.
Ces forces, qui sont d'intensités à peu près égales, sont exercées selon des sens
différents. Elles ont pour effet d'induire des contraintes sur les extrémités dentées
12B, 14B des leviers 12, 14, matérialisées par les flèches H et H'.
[0026] Contrairement aux situations de traction et de rapprochement illustrées par les figures
3 et 4, ces contraintes exercées sur ces extrémités dentées 12B, 14B ne provoquent
pas un mouvement relatif entre ces dernières. De la sorte, les leviers 12, 14 ne pivotent
pas autour de leurs axes médians 20, 22 mais, du fait du blocage réalisé entre les
extrémités dentées 12B, 14B, sont astreints à pivoter autour de ce point de blocage.
Les leviers restent donc alignés l'un par rapport à l'autre et subissent une déviation
d'angle α par rapport à la perpendiculaire à la droite D.
[0027] Etant donné que les leviers 12, 14 sont solidarisés à l'organe de support 16, par
l'intermédiaire des axes médians 20, 22, le pivotement global de ces leviers provoque
la rotation de l'organe 16 autour de l'axe de pivotement 19 du bogie en entraînant
le déplacement de l'axe D vers l'extérieur de la courbe. La droite reliant les axes
18 et 19 est inclinée du même angle α que celui relatif au pivotement des leviers
12, 14.
[0028] Lors de rapprochements ou d'éloignements mutuels des deux véhicules 2, 2', les moyens
d'articulation du bogie subissent des déplacements relatifs analogues à ceux décrits
en référence aux figures 3 et 4, l'inclinaison selon l'angle α, due au passage en
courbe, étant conservée.
[0029] La figure 6 représente les moyens d'articulation d'un bogie d'un véhicule ferroviaire
suivant un second mode de réalisation de l'invention.
[0030] Sur cette figure ont été silhouettés deux véhicules voisins 102, 102'. Seuls le bogie
104, monté sur des rails 105, le châssis 106 et les moyens d'articulation du bogie
104, relatifs au véhicule 102 ont été représentés. Il doit être entendu que le véhicule
102' est pourvu de moyens d'articulation analogues à ceux décrits ci-dessous, comme
cela ressort des figures suivantes.
[0031] Les moyens d'articulation du bogie 104 comprennent deux tiges 108, 110 articulées
au niveau de l'extrémité du véhicule 102', adjacente au véhicule 102. Il est à noter
que les tiges 108, 110 possèdent une longueur nettement inférieure à celle des tiges
8, 10 décrites en référence aux figures précédentes. A ces tiges 108, 110 sont articulés
deux leviers 112, 114, au niveau d'une première extrémité 112A, 114A de ces derniers.
Ces leviers 112, 114 sont en outre reliés l'un à l'autre au voisinage de leur seconde
extrémité 112B, 114B, par l'intermédiaire d'une pièce 116 formant biellette.
[0032] Il est à noter que les emplacements des articulations, sur cette biellette 116, de
ces deux extrémités 112B, 114B sont décalés longitudinalement l'un par rapport à l'autre,
de sorte que la biellette 116 est disposée sensiblement selon la direction longitudinale
du wagon. Le point 116A médian de la biellette 116 constitue, dans certaines configurations,
un axe de pivotement des deux leviers 112, 114, comme cela sera explicité dans ce
qui suit.
[0033] Les moyens d'articulation du bogie 104 comprennent également un palonnier 118, de
forme allongée et libre de pivoter par rapport au châssis 106, selon un axe 120 passant
par le milieu de ce palonnier 118. Ce dernier est également articulé, à ses deux extrémités,
aux deux leviers 112, 114, autour d'axes 122, 124 passant par une zone médiane 112C,
114C de ces leviers. Ces axes 122, 124 seront dénommés dans ce qui suit axes médians.
[0034] Un organe de liaison 126 est prévu à distance du palonnier 118, à l'opposé du véhicule
voisin 102'. Cet organe 126 est libre de pivoter par rapport au châssis 106, autour
d'un axe 128. Le bogie 104 est lui-même articulé par rapport à cet organe de liaison
126, autour d'un axe 130. Ce dernier est disposé à distance de l'axe 128, en direction
du véhicule ferroviaire voisin 102'. L'organe de support 126 et le palonnier 118 sont
en outre reliés l'un à l'autre, au moyen de deux barres 132, 134. Ces dernières sont
articulées, à une première extrémité, au niveau des axes 122, 124 d'articulation des
leviers par rapport au palonnier et, à leur autre extrémité, de part et d'autre de
l'axe 128. Le palonnier est dit synchronisé en rotation avec l'organe de support,
puisque le pivotement du palonnier autour de son axe 120 entraîne un pivotement, selon
le même sens, de l'organe 126 autour de son axe 128.
[0035] Lorsque le véhicule ferroviaire 102 est en marche normale dans une ligne droite,
comme illustré à la figure 7, les tiges 108, 110 s'étendent de manière sensiblement
parallèle à la droite D' qui matérialise l'axe médian de ce véhicule 102. Le palonnier
118 s'étend de manière perpendiculaire à cette droite D', et l'axe 130 de pivotement
du bogie 104 par rapport au châssis 106 est situé sur cette droite D'.
[0036] La figure 8 illustre le rapprochement des deux véhicules adjacents 102, 102', de
manière analogue à ce qui a été décrit à propos du mode de réalisation précédent en
référence à la figure 4. Les tiges 108, 110 sont soumises, sous l'effet d'un tel rapprochement,
à des forces de compression représentées par des flèches F, F' d'intensités sensiblement
identiques et s'exerçant selon un même sens. Ceci contribue à faire pivoter chacun
des leviers 112, 114 autour de son axe médian respectif 122, 124.
[0037] Les extrémités 112B, 114B des leviers 112, 114 sont alors contraintes à se déplacer
selon les flèches G, G', sur un cercle dont le centre correspond à la trace des axes
médians 122, 124 sur les leviers 112, 114. La biellette 116, articulée aux deux leviers
112, 114, est donc astreinte à suivre le mouvement des extrémités 112B, 114B de ces
leviers. Etant donné que la distance entre ces extrémités 112B, 114B n'est pas constante,
il est nécessaire de prévoir de légers jeux fonctionnels au niveau de l'articulation
entre la biellette et ces leviers 112, 114. Le rapprochement mutuel des deux véhicules
102, 102' induit un léger pivotement de cette biellette 116 autour de son point médian
116A suivant la flèche H.
[0038] En revanche, ce rapprochement est sans incidence sur la position du palonnier 118,
dans la mesure où ce dernier constitue uniquement un pivot pour chacun des leviers
112, 114. Par voie de conséquence, les barres 132, 134 et donc l'organe de support
126 demeurent globalement immobiles, de sorte que l'axe 130 de pivotement du bogie
104 par rapport à l'organe de support 126 reste situé sur la droite D.
[0039] La figure 9 représente une phase de traction entre les deux wagons 102, 102' à partir
de la position illustrée à la figure 7. Deux forces de traction, représentées par
les flèches I et I', s'exercent sur les tiges 108, 110. Ces forces sont sensiblement
identiques quant à leur intensité et s'exercent selon le même sens. Elles contribuent
à faire pivoter les leviers 112, 114 autour de leurs axes médians respectifs 122,
124, selon les flèches J, J'.
[0040] De manière analogue à ce qui a été décrit ci-dessus dans le cas d'un rapprochement
des deux véhicules, la biellette 116 est astreinte à suivre le mouvement décrit par
les extrémités 112B, 114B des leviers 112, 114. Cette biellette 116 pivote donc légèrement
autour de son point médian 116A, selon la flèche K.
[0041] Comme dans le cas du rapprochement, une traction entre les deux véhicules 102, 102'
reste globalement sans effet sur la position du palonnier 118 ainsi que sur celle
des barres 132, 134 et de l'organe de support 126. L'axe 130 de pivotement du bogie
104 par rapport à cet organe 126 reste donc placé sensiblement sur la droite D'.
[0042] La figure 10 représente les véhicules ferroviaires 102, 102' inscrits dans une courbe.
Dans cette configuration, les tiges 108, 110 sont soumises à des forces respectives
de compression L et de traction L', d'intensités sensiblement identiques mais s'exerçant
selon deux sens opposés. Etant donné que les leviers 112, 114 sont en théorie libres
de pivoter autour de l'axe médian 122, 124, la présence de ces forces L, L' tend théoriquement
à déplacer les extrémités 112B, 114B des leviers selon des flèches respectives N,
N'. Or, N et N' sont représentatives de forces sensiblement identiques et s'exerçant
en sens opposés, de sorte que la rotation des leviers 112, 114 autour des axes médians
122, 124 est empêchée du fait de la présence de la biellette 116.
[0043] Cela étant, puisque les forces L, L' s'exercent en permanence au sein de cette courbe,
il se produit un pivotement global de l'ensemble formé par la biellette 116 et les
deux leviers 112, 114, autour du point médian 116A de cette biellette. Ce pivotement
s'exerce selon la flèche N". Ainsi, la droite reliant les extrémités 112A et 114A
des leviers 112, 114 est inclinée dans cette courbe, par rapport à la perpendiculaire
à la droite D, selon un angle α'.
[0044] Le palonnier 118, qui se trouve articulé à ses deux extrémités aux leviers 112, 114
est également astreint à pivoter autour de son axe 120 le reliant au châssis 106.
[0045] Le pivotement du palonnier 118 induit des actions respectives sur les barres 132,
134, matérialisées par les flèches O et O'. Ces actions, qui s'exercent sensiblement
selon deux sens opposés, sont à l'origine d'un couple tendant à faire tourner l'organe
de support 126 autour de l'axe 130 de pivotement du bogie 104, selon la flèche P.
Ceci contribue à décaler l'axe longitudinal médian du véhicule, matérialisé par la
droite D', vers l'extérieur de la courbe par rapport à l'axe 130.
[0046] Lors de rapprochements ou d'éloignements mutuels des deux véhicules 102, 102', les
moyens d'articulation du bogie subissent des déplacements relatifs analogues à ceux
décrits en référence aux figures 8 et 9, l'inclinaison selon l'angle α', due au passage
en courbe, étant conservée.
[0047] L'invention permet de réaliser les objectifs précédemment mentionnés. En effet, les
moyens d'articulation du bogie qu'elle met en oeuvre, tout en assurant de manière
fiable le déport de l'axe du véhicule vers l'extérieur d'une courbe, garantissent
un amortissement satisfaisant des chocs et tractions intervenant entre deux véhicules
voisins, que ces derniers se trouvent en courbe ou en ligne droite.
1. Véhicule ferroviaire (2 ; 102) comprenant un châssis (6 ; 106) qui comporte un bogie
(4 ; 104) vers chacune de ses extrémités, ledit véhicule étant pourvu de moyens d'articulation
du bogie par rapport au châssis, permettant au bogie de pivoter, dans une courbe,
autour d'un axe de pivot (19 ; 130) de bogie, un axe longitudinal médian (D ; D')
du véhicule (2 ; 102) étant décalé vers l'extérieur de cette courbe par rapport audit
axe du pivot (19 ; 130) de bogie (4 ; 104), caractérisé en ce que lesdits moyens d'articulation
comprennent :
- un organe de support (16 ; 126) du bogie (4 ; 104), libre de pivoter par rapport
au châssis (6 ; 106) autour d'un axe de pivot (18 ; 128) d'organe de support solidaire
du châssis, ledit axe de pivot (19 ; 130) de bogie étant solidaire dudit organe de
support (16 ; 126) en un emplacement de celui-ci espacé de l'axe de pivot d'organe
de support,
- deux bielles (8, 10 ; 108, 110) destinées à être articulées, à une première extrémité,
à un véhicule ferroviaire voisin (2' ; 102'),
- deux leviers (12, 14 ; 112, 114) articulés, à une première extrémité (12A, 14A ;
112A, 114A), à une seconde extrémité desdites bielles (8, 10 108, 110), les secondes
extrémités (12B, 148 ; 112B, 114B) des leviers étant adjacentes l'une de l'autre,
lesdits leviers étant en outre articulés, en des points médians (12C, 14C ; 112C,
114C) et autour d'axes médians (20, 22 ; 122, 124), audit organe de support (16) ou
à un organe intermédiaire (118) monté pivotant par rapport au châssis (106) autour
d'un axe de pivot (120) d'organe intermédiaire et relié à l'organe de support (126)
pour pivoter en synchronisme avec celui-ci,
- les leviers (12, 14 ; 112, 114) étant libres de pivoter par rapport à leurs axes
médians (20, 22 ; 122, 124), sensiblement sans action sur l'organe de support (16,
126), lorsque les bielles (8, 10 ; 108, 110) sont soumises à des actions longitudinales
(F, F' ; H, H') dirigées selon un même sens, et
- les secondes extrémités (12B, 14B ; 112B, 114B), des leviers (12, 14 ; 112, 114)
étant reliées l'une à l'autre de telle manière que, lorsque les bielles (8, 10 ; 108,
110) sont soumises à des actions longitudinales (J, J') dirigées selon des sens opposés,
lesdits leviers sont alors entraînés en rotation autour d'un axe de pivotement (116A)
des leviers, voisin desdites secondes extrémités, de manière à provoquer la rotation
de l'organe de support (16 ; 128) autour de son axe (18 ; 128).
2. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 1, caractérisé en ce que les secondes
extrémités (12B, 14B) des leviers (12, 14) comprennent des secteurs dentés engrenant
l'un avec l'autre, propres à tourner l'un par rapport à l'autre lorsque les bielles
(8, 10) sont soumises auxdites actions longitudinales (F, F' ; H, H') de même sens,
et propres à se bloquer mutuellement, en une zone de blocage, lorsque les bielles
sont soumises auxdites actions longitudinales (J, J') de sens opposés.
3. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 2, caractérisé en ce que l'axe de pivotement
des leviers (12, 14) passe par ladite zone de blocage des secondes extrémités (12B,
14B) desdits leviers.
4. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 2 ou 3, caractérisé en ce que lesdits
leviers sont disposés à l'opposé de l'organe de support (16) par rapport au véhicule
ferroviaire voisin (2') et sont articulés directement à l'organe de support (16).
5. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 1, caractérisé en ce que les secondes
extrémités (l12B, 114B) des leviers (112, 114) sont reliées mutuellement par une biellette
(116) articulée à chacune desdites secondes extrémités.
6. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 5, caractérisé en ce que la biellette
(116) est orientée sensiblement suivant l'axe médian (D) du véhicule.
7. Véhicule ferroviaire suivant la revendication 5 ou 6, caractérisé en ce que l'axe
de pivotement des leviers (112, 114) passe sensiblement par un point médian (116A)
de ladite biellette (116).
8. Véhicule ferroviaire suivant l'une des revendications 5 à 7, caractérisé en ce que
les leviers (112, 114) sont disposés entre le véhicule voisin (102') et l'organe de
support (126) du bogie (104), lesdits leviers étant articulés audit organe intermédiaire
(118) et ce dernier étant relié à l'organe de support (126) par une paire de biellettes
(132, 134).
9. Véhicule ferroviaire suivant l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé
en ce que l'axe de pivot (19 ; 130) du bogie (4 ; 104) est disposé entre l'axe de
pivot (18 ; 128) de l'organe de support (16 ; 126) et le véhicule ferroviaire voisin
(2' ; 102').