[0001] L'invention concerne le chauffage des fours à chargement continu, et notamment un
procédé de chauffage de fours destinés à porter à haute température, le plus uniformément
possible, des produits sidérurgiques pouvant être de forte section, par exemple des
brames, des billettes, des blooms ou des lingots, ainsi qu'un tel four de chauffage
(ou de réchauffage).
[0002] Une telle élévation de température des produits sidérurgiques est pratiquée par exemple
en vue du laminage de ces produits, car à haute température l'acier est plus malléable
et se prête mieux à l'opération.
[0003] Les fours auxquels est destiné ce procédé peuvent être des fours à longerons, des
fours poussants, des fours à sole tournante, notamment.
[0004] L'invention concerne également par exemple les fours pour traitement thermique 〈〈
au défilé 〉〉 notamment pour des produits demi-finis ou finis (bandes, tubes, fils,
pièces diverses).
[0005] Idéalement, un four performant est un four délivrant une température pratiquement
uniforme avec une bonne productivité, formant peu de calamine (ou d'oxydes) en surface,
car la calamine étant éliminée juste avant le laminage correspond à une perte de matière
importante, et pas de calamine adhérente, évitant les phénomènes de 〈〈 tapure 〉〉 ou
de brûlure des produits, et produisant peu d'oxyde d'azote et de gaz carbonique.
[0006] Les fours à chargement continu concernés par l'invention s'étendent généralement
longitudinalement entre une extrémité d'enfournement des produits et une extrémité
de défournement, les produits étant transportés d'une extrémité à l'autre pour défiler
tout le long de l'espace interne du four.
[0007] Le long de cet espace interne, ces fours comportent en succession des zones présentant
des fonctions différentes, parfois identifiables immédiatement par suite de l'existence
de murs internes ou de profils de voûte particuliers, mais parfois sans séparation
physique nette.
[0008] Plus précisément, en partant de l'extrémité d'enfournement, les fours conventionnels
de ce type comportent tout d'abord un tronçon qui n'est pas muni de brûleurs, puis
un tronçon muni de brûleurs air/combustible s'étendant approximativement jusqu'à l'extrémité
de défournement.
[0009] Le tronçon muni de brûleurs comprend ainsi une ou plusieurs zones de chauffage, par
exemple d'amont en aval une zone de préchauffage, une zone de chauffage proprement
dit, et une zone d'égalisation à proximité de l'extrémité de défournement d'où les
produits réchauffés sont dirigés vers une installation de laminage par exemple ; les
flammes développées par les brûleurs permettent le chauffage directement des produits
dans le four ou indirectement par suite de la chaleur de la paroi du four. Le mode
essentiel de transmission de la chaleur est de type radiatif dans les zones de chauffage
et d'égalisation (à plus de 90%).
[0010] C'est parce que la combustion au niveau des brûleurs avec un comburant tel que l'air
dégage un volume de fumées important à une température élevée (environ 1200° C), qu'il
a été jugé avantageux de prévoir du côté de l'extrémité d'enfournement une zone sans
brûleur dans laquelle les fumées sont mises en circulation en direction de l'extrémité
d'enfournement en vue d'être évacuées, après s'être en principe largement 〈〈 épuisées
〉〉 sur les produits froids entrants. Cependant, quoique le tronçon sans brûleur permette
d'utiliser une partie importante de l'énergie des fumées, il reste encore intéressant
de récupérer celles-ci afin d'utiliser une partie de leur énergie pour le préchauffage
de l'air de combustion au moyen d'un appareillage de récupération approprié.
[0011] On peut noter d'une part que le ratio air/combustible est réglé en léger excès d'air
pour assurer une combustion totale et ainsi éviter toute formation d'imbrûlés, et
d'autre part que la température dans la zone sans brûleur dite de récupération ou
d'épuisement des fumées est nettement moins élevée (900° C à 1000° C) que dans le
reste du four, ce qui entraîne que la part du chauffage convectif dans cette zone
cesse d'être négligeable (environ 30%) ; la température dans cette zone ne peut guère
à l'heure actuelle être augmentée car les pertes énergétiques seraient rédhibitoires.
[0012] L'invention a pour but de remédier à cet inconvénient et consiste à cette fin en
un procédé de chauffage pour porter à haute température des produits sidérurgiques,
dans un four du type à chargement continu dans lequel on fait défiler les produits
d'une extrémité d'enfournement à une extrémité de défournement, ce four présentant
au moins une zone de chauffage équipée de brûleurs air/combustible de chauffage que
l'on dope éventuellement à l'oxygène mais dont la combustion dégage un volume important
de fumées typique d'une combustion avec de l'air, du côté de l'extrémité de défournement,
et une zone dite de récupération ou épuisement des fumées, du côté de l'extrémité
d'enfournement dans la région de laquelle on évacue les fumées, procédé caractérisé
en ce que l'on incorpore aux fumées au moins un corps combustible à l'état gazeux
et on introduit du gaz oxygène en amont du brûleur air/combustible éventuellement
dopé qui est le plus en amont lorsque l'on se réfère au sens dans lequel on fait défiler
les produits, et on brûle au moins une partie du corps combustible à l'état gazeux
et ainsi on élève la température dans la zone de récupération.
[0013] Grâce à ces caractéristiques, on obtient un déplacement des flux thermiques dans
le four en faveur de la zone de récupération et, notamment, une réduction du volume
d'air de combustion, une réduction de l'énergie développée dans les zones de chauffage
et d'égalisation, l'apport d'un complément d'énergie développé en zone de récupération,
une réduction des flux volumiques des fumées et notamment des fumées sortant du four,
une réduction de la formation des oxydes d'azote grâce à la diminution des pressions
partielles d'oxygène et d'azote et de la température dans les zones de chauffage et
d'égalisation, et une meilleure homogénéité de la température dans les produits à
la sortie de la zone de chauffage.
[0014] Le procédé peut de plus présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes
:
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible à l'état gazeux, on règle
au moins un brûleur air/combustible à un ratio air/combustible sous-stoechiométrique
et on produit dans le four des fumées contenant des imbrûlés ;
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible à l'état gazeux, on règle
au moins un brûleur oxycombustible à un ratio oxygène/combustible sous-stoechiométrique
et on produit dans le four des fumées contenant des imbrûlés ;
- pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible à l'état gazeux, on injecte
ce corps combustible séparément ou conjointement à une injection d'oxygène en zone
de chauffage ou en entrée de zone de récupération (dans le sens de circulation des
fumées) ;
- on introduit de l'oxygène par au moins un moyen choisi dans le groupe de moyens suivants
: on injecte au moins un jet d'oxygène en lui imprimant une forte impulsion perpendiculaire
à la direction générale du parcours des fumées dans la zone de récupération ou d'épuisement
des fumées, on injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit uniformément
sur une section du four, on injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit
uniformément le long de la zone de récupération ou épuisement, on injecte au moins
un jet d'oxygène que l'on fait tourbillonner, on règle au moins un brûleur oxygaz
d'appoint de manière sur-stoechiométrique ;
- on introduit de l'oxygène à l'entrée de la zone de récupération ;
- on introduit de l'oxygène dans la zone de récupération ;
- on introduit de l'air et du combustible au niveau des brûleurs de la zone de chauffage
avec un ratio air/combustible sous-stoechométrique, correspondant à une valeur comprise
dans la gamme de 0,95 à 0,99 ;
- on ajuste le ratio air/combustible au niveau des brûleurs de la zone de chauffage
de telle sorte qu'il n'y ait pas d'imbrûlés sortant par des ouvertures du four ;
- on règle la pression à un niveau bas, de préférence en dépression de quelques millimètres
de colonne d'eau ;
- on régule le débit d'oxygène en fonction du débit total de combustible introduit dans
le four et de rapports de combustion choisis ;
- on mesure dans un conduit d'évacuation des fumées ou à l'entrée de celui-ci, la teneur
en au moins un gaz composant des fumées, et on régule le débit d'au moins l'un des
gaz introduits dans le four, en réponse à la mesure de la teneur en gaz composant
des fumées ;
- on mesure la teneur des fumées en oxygène ;
- on mesure la teneur des fumées en oxyde de carbone ;
- on régule le ratio air/gaz des brûleurs ;
- on régule le ratio oxygène/gaz de combustion retardée;
- on refroidit par un courant de fluide, de l'oxygène et/ou du combustible que l'on
introduit.
[0015] L'invention consiste également en un four de chauffage pour porter à haute température
des produits sidérurgiques, du type à chargement continu, dans lequel les produits
défilent d'une extrémité d'enfournement à une extrémité de défournement, et présentant
au moins une zone de chauffage équipée de brûleurs air/combustible de chauffage éventuellement
dopés à l'oxygène dont la combustion dégage un volume important de fumées typique
d'une combustion avec de l'air, du côté de l'extrémité de défournement, et une zone
dite de récupération ou épuisement des fumées, du côté de l'extrémité d'enfournement
dans la région de laquelle les fumées sont évacuées, four caractérisé en ce qu'il
comporte des dispositifs pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux, et des dispositifs d'introduction de gaz oxygène en amont du brûleur
air/combustible éventuellement dopé qui est le plus en amont lorsque l'on se réfère
au sens de défilement des produits, pour brûler au moins une partie du corps combustible
à l'état gazeux et ainsi élever la température dans la zone de récupération.
[0016] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description
qui va suivre, de modes et de formes de réalisation de l'invention donnés à titre
d'exemples non limitatifs, et des dessins joints dans lesquels :
- la figure 1 illustre le bilan thermique dans un four conventionnel représenté très
schématiquement en section longitudinale, et
- la figure 2 illustre le bilan thermique dans un four selon l'invention représenté
très schématiquement en section longitudinale.
[0017] Le four conventionnel de réchauffage à chargement continu représenté très schématiquement
sur la figure 1, au moyen duquel on porte à haute température des produits sidérurgiques,
comporte un espace interne dans lequel on fait défiler des produits sidérurgiques
1 d'une extrémité d'enfournement 2 à une extrémité de défournement 3.
[0018] Cet espace interne comporte une zone de chauffage 4, équipée de brûleurs air/combustible
de chauffage symbolisés en 41, du côté de l'extrémité de défournement, brûleurs au
niveau desquels, par suite de la combustion, sont dégagées des fumées à haute température
(de l'ordre de 1200° C) ; la zone de chauffage 4 peut être elle-même subdivisée en
plusieurs zones telles que, d'amont en aval, une zone de préchauffage, une zone de
chauffage proprement dit, et une zone d'égalisation. L'espace interne du four comporte
également une zone sans brûleur dite de récupération ou d'épuisement 5, dans laquelle
ont met en circulation les fumées chaudes dégagées au niveau des brûleurs afin de
récupérer une partie de leur énergie avant de les récupérer ellesmêmes à leur sortie
du four dans la région de l'extrémité d'enfournement 2 de celui-ci pour réchauffer
l'air envoyé aux brûleurs.
[0019] Par 〈〈 brûleurs air/combustible 〉〉 on entend non seulement des brûleurs air/combustible
conventionnels, mais également des brûleurs air/combustible que l'on dope à l'oxygène
mais dégageant cependant un volume important de fumées typique d'une combustion avec
de l'air.
[0020] Les énergies mises en jeu dans le four et symbolisées sur la figure 1 par des flèches
épaisses sont définies comme suit :
E = énergie entrant au niveau des brûleurs 41,
W1 = énergie transmise aux produits 1 dans la zone de chauffage 4,
E1 = énergie transmise dans la zone de récupération 5,
W2 = énergie transmise aux produits 1 dans la zone de récupération 5,
P1 = énergie perdue par les parois dans la zone de chauffage 4,
P2 = énergie perdue par les parois dans la zone de récupération 5,
E2 = énergie évacuée dans les fumées.
[0021] En vertu des lois de conservation de l'énergie :

[0022] Selon l'invention, le four représenté très schématiquement sur la figure 2 (où les
mêmes éléments que ceux de la figure 1 portent les mêmes repères numériques) comporte
de plus, dans la zone de récupération ou épuisement 5 des fumées, des dispositifs
d'introduction d'oxygène 51. Grâce au fait que l'on introduit de l'oxygène, on peut
mettre en oeuvre une combustion retardée, par laquelle on élève la température dans
cette zone ; à cette fin, on dose les gaz que l'on introduit au niveau des brûleurs
air/combustible 41 (que l'on a éventuellement dopés à l'oxygène) dans la zone de chauffage
4 de telle sorte que le ratio air/combustible soit à un niveau sous-stoechiométrique,
afin que les fumées produites que l'on fait pénétrer dans la zone de récupération
contiennent des imbrûlés susceptibles de réagir avec l'oxygène.
[0023] Il faut noter que le réglage des brûleurs air/combustible 41 à un ratio air/combustible
sous-stoechiométrique ne constitue qu'un exemple de moyens pour incorporer aux fumées
un corps combustible à l'état gazeux (ici des imbrûlés), et que l'on peut en variante
prévoir et régler en zone de chauffage un ou plusieurs brûleur(s) oxycombustible à
un ratio oxygène/combustible sous-stoechiométrique ou encore injecter un combustible
au moyen d'un injecteur de combustible en zone de chauffage ou en entrée de zone de
récupération (dans le sens de circulation des fumées).
[0024] De même, on peut introduire l'oxygène par des dispositifs d'introduction d'oxygène
51 comme ici nettement dans la zone de récupération 5 des fumées, ou à l'entrée de
cette zone 5 (si l'on considère le sens de déplacement des fumées, qui proviennent
de la zone de chauffage 4), ou même à proximité de celle-ci, c'est-à-dire, le plus
généralement, en amont du brûleur air/combustible de chauffage 41 de la zone de chauffage
4 qui est le plus en amont lorsque l'on se réfère au sens de défilement des produits
1 dans le four (de l'extrémité d'enfournement 2 à l'extrémité de défournement 3).
[0025] En fonction des conditions dans le four, et notamment de l'exposition au rayonnement
dans celui-ci, on peut refroidir les dispositifs d'introduction d'oxygène et/ou de
combustible par exemple au moyen d'air, d'azote ou d'eau.
[0026] Ici, de préférence, on règle le ratio air/combustible à un niveau sous-stoechiométrique
correspondant à une valeur comprise dans la gamme de 0,95 à 0,99. On ajuste ce ratio
sur chaque four, de telle sorte qu'il n'y ait pas d'imbrûlés sortant par les ouvertures
de celui-ci. On règle la pression à un niveau très faible, éventuellement légèrement
en dépression (de quelques millimètres de colonne d'eau).
[0027] On régule le débit d'oxygène lui-même en fonction du débit total de gaz combustible
que l'on désire injecter dans le four et des rapports de combustion choisis.
[0028] A cet égard, avantageusement, le four est muni d'un appareillage de régulation (non
représenté) ; cet appareillage comporte au moins une sonde au moyen de laquelle on
mesure la teneur des fumées en oxygène et/ou en oxyde de carbone en sortie du four,
par exemple dans un conduit d'évacuation, et un dispositif de régulation au moyen
duquel on régule l'un des ratios air/gaz des brûleurs ou le ratio oxygène/gaz de combustion
retardée.
[0029] Grâce à cette optimisation, qui assure en définitive la combustion totale des imbrûlés,
on évite une trop forte oxydation du produit, et/ou une consommation excessive d'oxygène.
[0030] Sur le plan pratique, les dispositifs d'introduction 51 par lesquels on introduit
l'oxygène doivent être conçus pour que l'on puisse faire réagir l'oxygène rapidement
avec les espèces imbrûlées de l'atmosphère du four. Ces dispositifs d'introduction
peuvent être constitués par un ou plusieurs appareils similaires ou différents, tels
que :
- une ou plusieurs lances par lesquelles on injecte au moins un jet d'oxygène en lui
imprimant une forte impulsion perpendiculaire au flux général des fumées (direction
générale des fumées dans le zone de récupération),
- une série de petites lances par lesquelles on injecte une série de petits jets d'oxygène
que l'on répartit uniformément sur une section du four,
- une série de petites lances par lesquelles on injecte une série de petits jets d'oxygène
que l'on répartit uniformément dans la chambre de récupération, le long de celle-ci,
- une ou plusieurs lances par lesquelles on injecte un petit jet d'oxygène que l'on
fait tourbillonner (dites lances à effet de 〈〈swirl〉〉 ),
- un ou plusieurs brûleurs oxygaz d'appoint à forte impulsion, que l'on règle de manière
très largement sur-stoechiométrique, par lesquels on apporte un complément d'oxygène
et un complément énergétique peu générateurs de fumées, que l'on dispose dans les
parois latérales ou dans la voûte du four.
[0031] Si l'on compare le four de la figure 2 à celui de la figure 1, par analogie avec
des fours d'autres domaines techniques, on peut faire valablement un certain nombre
d'approximations et d'hypothèses.
[0032] En première approximation, on peut estimer que la température des fumées que l'on
évacue en sortie de four est quasi-identique. En effet, ces fumées sont légèrement
plus chaudes, par suite de la combustion à l'oxygène, mais ont un temps de résidence
allongé (réduction des volumes de fumées) ; aux températures d'ambiance de cette zone,
on conserve une prédominance des échanges radiatifs, donc un épuisement des fumées
proportionnel à ce temps ; on peut appliquer cette hypothèse aussi aux fumées sortant
des zones équipées de brûleurs.
[0033] Les pertes par les parois peuvent être considérées comme étant identiques.
[0034] Si l'on applique au four de la figure 2 la même technique de bilan énergétique et
les mêmes notations que pour la figure 1, et si x est le rapport de combustion choisi
pour les zones équipées de brûleurs (x = 1 étant le rapport stoechiométrique parfait),
les énergies que l'on met en jeu sont définies comme suit :
xE = énergie entrant au niveau des brûleurs 41,
W1' = énergie transmise aux produits 1 dans la zone de chauffage 4,
E1' = xE1 = énergie transmise dans la zone de récupération 5,
W2' = énergie transmise aux produits 1 dans la zone de récupération 5,
P1' = P1 = énergie perdue par les parois dans la zone de chauffage 4,
P2' = P2 = énergie perdue par les parois dans la zone de récupération 5,
E' = (1 - x) E = énergie restituée par la combustion de l'oxygène provenant des moyens
d'introduction 51 dans la zone de récupération 5,
E2' = xE2 = énergie évacuée dans les fumées.
[0035] Compte tenu de ce qui précède, l'équation de conservation de l'énergie en zone de
récupération s'écrit donc :

au lieu, dans le premier cas, de :

on obtient donc par soustraction :

[0036] Ainsi, on a augmenté l'énergie transférée au produit en zone de récupération d'énergie.
[0037] L'équation en zone de chauffage s'écrit :

au lieu, dans le cas de 100 % d'air, de :

[0038] Par soustraction :

[0039] L'énergie transférée au produit a donc légèrement diminué en zones de chauffage et
d'égalisation.
[0040] L'énergie globale transférée au produit est :

[0041] Ce résultat est conforme à la théorie des combustions à l'oxygène : le terme (1-x)E2
correspond précisément à la réduction de l'énergie perdue par les fumées par suite
de la réduction du volume des fumées en sortie de four. Le surplus d'énergie peut
être mis à profit en réduisant la consommation de gaz combustible ou en augmentant
la cadence de production.
[0042] On répartit donc ainsi l'énergie dans le four de manière fondamentalement différente,
et on modifie notablement les propriétés physico-chimiques de l'atmosphère.
[0043] En zone de combustion, comme on réalise un réglage sous-stoechiométrique :
- on génère des fumées sans oxygène mais au contraire contenant des espèces réductrices
(CO, H2) notamment),
- on réduit légèrement la température de flamme,
- on maintient un potentiel énergétique résiduel dans les fumées.
[0044] En sortie des zones de chauffage ou directement en zone de récupération, on consomme
les imbrûlés par combustion retardée à l'oxygène, et ainsi on réalise un meilleur
transfert d'énergie au produit dans cette zone, sans provoquer une augmentation de
la température de sortie. Grâce au fait que l'on réduit le volume des fumées, on réduit
également l'énergie perdue au niveau de celles-ci.
[0045] De plus, on chauffe le produit beaucoup plus tôt, et comme on l'a vu, grâce à la
réduction du volume des fumées, on rend disponible un complément d'énergie au moyen
duquel on peut augmenter la production ou réduire la consommation d'énergie.
[0046] Il en résulte nombre d'avantages techniques dont certains peuvent être quantifiés.
[0047] Ainsi, on peut améliorer la productivité du four ; en effet, si l'on utilise le potentiel
d'énergie (1-x)E2 pour réduire l'énergie gaz-combustible entrante, le gain de productivité
est :

[0048] On peut aussi exploiter cette énergie par une augmentation de la production ; en
effet, grâce à cette technologie d'injection, l'installation n'a pas de limite thermique
particulière, car :
- on n'augmente pas les débits de gaz combustible,
- on n'affecte pas les températures du four les plus critiques (en zones très chaudes),
et au contraire, on abaisse légèrement les températures de flamme,
- comme on chauffe précocement les produits, on permet un meilleur transfert au coeur
de ceux-ci et ainsi on réduit le temps passé en zone d'égalisation.
[0049] L'augmentation de production peut être estimée à :

[0050] De plus, on réduit la production de CO
2, car si on se place à production constante, le gain de productivité G
productivité précédemment calculé correspond à une réduction de la consommation d'énergie ramenée
à la tonne d'acier, et la production de CO
2 suit exactement la même loi :

[0051] De la même manière, l'augmentation de production à consommation de combustible égale
permet de calculer une réduction de CO
2 émis à la tonne :

.
[0052] Parallèlement, on diminue les émission d'oxydes d'azote, car la production de ceux-ci
dans une flamme est essentiellement liée à la température de la flamme et à sa stoechiométrie
; or, dans la technique employée, comme ontravaille avec une flamme sous-stoechiométrique,
on réduit légèrement la température de flamme, et, par suite du caractère réducteur
de la flamme, on défavorise largement la production d'oxydes d'azote ; de plus, dans
la zone de récupération, on n'élève pas les températures suffisamment pour générer
des oxydes d'azote. Il en résulte que cette technique se distingue nettement des techniques
de dopage classiques par lesquelles on génère des émissions d'oxydes d'azote relativement
importantes.
[0053] De plus, on obtient une uniformisation de la température des produits. Or, certaines
nuances d'aciers ou certains formats sidérurgiques réclament une bonne uniformité
de température du produit au défournement ; le chauffage précoce du produit est un
facteur important de réalisation de cet objectif, car sur des demi-produits, l'épaisseur
et la conductivité ne sont pas négligeables, et le 〈〈 coeur 〉〉 est souvent plus froid
que la 〈〈 peau 〉〉 en sortie de four ; le procédé et le four selon l'invention favorisent
un transfert thermique plus tôt lors du cycle de réchauffage, et la limitation par
conduction du réchauffage est nettement réduite.
[0054] Par exemple, dans un four dit 〈〈 poussant 〉〉 classique au fond duquel on met en circulation
un lit de demi-produits en acier allié d'une douzaine de centimètres d'épaisseur auquel
on applique un flux surfacique uniforme de 150 kw/m
2, les demi-produits entrent dans la zone de chauffage à une température uniforme de
500°C et atteignent la température de 1050°C à mi-épaisseur au bout de 2450 secondes,
tandis que dans un four équivalent aménagé selon l'invention, les demi-produits entrent
dans la zone de chauffage vers 600°C et, grâce à la valorisation thermique de la zone
de récupération, atteignent la température de 1050°C à mi-épaisseur au bout de 1780
secondes.
[0055] On peut parvenir ainsi à une diminution des défauts des produits, car une partie
des défauts métallurgiques constatés sur les produits réchauffés est due à des surchauffes
locales, et par la technique de combustion retardée, on chauffe plus rêgulièrement
les produits, et on diminue les contraintes thermiques tout au long du cycle de réchauffage
; de plus, comme on réduit la température des flammes, on réduit également le risque
de surchauffe par des flammes trop proches du produit.
[0056] Au moyen de l'invention on peut donc soit réduire les différences coeur-peau à production
constante, soit réduire la durée de traitement dans le four.
[0057] On réduit également notablement la perte au feu des produits par oxydation superficielle.
Cette perte peut se situer entre 0,5% et 1,5%; l'oxydation qui la provoque est essentiellement
liée aux espèces oxydantes présentes dans le four, à savoir O
2 et CO
2 notamment ; cette oxydation est d'autant plus importante que le produit est chaud.
La technique selon l'invention permet d'effectuer un réglage réducteur dans les zones
chaudes, et de compléter en oxygène comburant jusqu'à la stoechiométrie alors que
le produit n'est pas encore très chaud ; la calamine formée est donc réduite car le
produit pendant une grande partie du cycle est en contact avec une atmosphère moins
agressive en termes d'oxydation. Le réglage réducteur est rendu possible par la combustion
retardée à l'oxygène, l'utilisation en zone de récupération permettant de réaliser
un transfert thermique supplémentaire à la charge tel que mentionné ci-dessus ; en
revanche, une combustion retardée à l'air se traduirait par des pertes fumées accrues.
On peut noter que cette technique se distingue des techniques traditionnelles de dopage
(do-page global ou par lance) que l'on pourrait envisager dans de tels fours, qui,
elles ne modifient pas l'atmosphère au contact du produit.
[0058] Un autre problème posé par la calamine est d'éviter que celle-ci soit adhérente ;
cette propriété se rencontre sur les produits fortement alliés, comme par exemple
les aciers spéciaux ou les aciers inoxydables ; elle est due à la conjonction des
migrations de certains éléments d'alliage entre la base métallique et la calamine,
à l'épaisseur de calamine et à des surchauffes superficielles du produit ; localement,
des mélanges eutectiques sont formés et sous l'action de la température ces mélanges
deviennent fusibles ; il en résulte une adhérence forte de la calamine en ces points.
Au moyen de l'invention on influe à la fois sur l'épaisseur de calamine et sur l'existence
de points très chauds dus aux brûleurs. On réduit donc le risque de calamine adhérente.
[0059] Enfin, comme on utilise les brûleurs en sous-stoechiométrie, on réduit légèrement
la température de flamme, et les difficultés d'exploitation dues à des points chauds
sur le four sont par conséquent moins critiques.
1. Procédé de chauffage pour porter à haute température des produits sidérurgiques, dans
un four du type à chargement continu dans lequel on fait défiler les produits (1)
d'une extrémité d'enfournement (2) à une extrémité de défournement (3) , ce four présentant
au moins une zone de chauffage (4) équipée de brûleurs air/combustible (41) de chauffage
que l'on dope éventuellement à l'oxygène mais dont la combustion dégage un volume
important de fumées typique d'une combustion avec de l'air, du côté de l'extrémité
de défournement, et une zone dite de récupération (5) ou épuisement des fumées, du
côté de l'extrémité d'enfournement dans la région de laquelle on évacue les fumées,
procédé caractérisé en ce que l'on incorpore aux fumées au moins un corps combustible
à l'état gazeux et on introduit du gaz oxygène en amont du brûleur air/combustible
(41) éventuellement dopé qui est le plus en amont lorsque l'on se réfère au sens dans
lequel on fait défiler les produits (1), et on brûle au moins une partie du corps
combustible à l'état gazeux et ainsi on élève la température dans la zone de récupération
(5).
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, pour incorporer aux fumées
au moins un corps combustible à l'état gazeux, on règle au moins un brûleur air/combustible
(41) à un ratio air/combustible sous-stoechiométrique et on produit dans le four des
fumées contenant des imbrûlés.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que pour incorporer aux fumées
au moins un corps combustible à l'état gazeux, on règle au moins un brûleur oxycombustible
à un ratio oxygène/combustible sous-stoechiométrique et on produit dans le four des
fumées contenant des imbrûlés.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que pour incorporer aux fumées
au moins un corps combustible à l'état gazeux, on injecte ce corps combustible séparément
ou conjointement à une injection d'oxygène en zone de chauffage ou en entrée de zone
de récupération (dans le sens de circulation des fumées).
5. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on introduit de l'oxygène
par au moins un moyen choisi dans le groupe de moyens suivants : on injecte au moins
un jet d'oxygène en lui imprimant une forte impulsion perpendiculaire à la direction
générale du parcours des fumées dans la zone de récupération ou d'épuisement des fumées,
on injecte une série de petits jet d'oxygène que l'on répartit uniformément sur une
section du four, on injecte une série de petits jets d'oxygène que l'on répartit uniformément
le long de la zone de récupération ou épuisement, on injecte au moins un jet d'oxygène
que l'on fait tourbillonner, on règle au moins un brûleur oxygaz d'appoint de manière
sur-stoechiométrique.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on introduit de l'oxygène
à l'entrée de la zone de récupération (5).
7. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on introduit de l'oxygène
dans la zone de récupération (5).
8. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on introduit de l'air et
du combustible au niveau des brûleurs (41) de la zone de chauffage (4) avec un ratio
air/combustible sous-stoechiométrique, correspondant à une valeur comprise dans la
gamme de 0,95 à 0,99.
9. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on ajuste le ratio air/combustible
au niveau des brûleurs (41) de la zone de chauffage (4) de telle sorte qu'il n'y ait
pas d'imbrûlés sortant par des ouvertures du four.
10. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on règle la pression à un
niveau bas, de préférence en dépression de quelques millimètres de colonne d'eau.
11. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on régule le débit d'oxygène
en fonction du débit total de combustible introduit dans le four et de rapports de
combustion choisis.
12. Procédé selon la revendication 1 pour un four comportant un conduit d'évacuation des
fumées, caractérisé en ce que l'on mesure, dans ce conduit ou à l'entrée de celui-ci,
la teneur en au moins un gaz composant des fumées, et on régule le débit d'au moins
l'un des gaz introduits dans le four, en réponse à la mesure de la teneur en gaz composant
des fumées.
13. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on mesure la teneur des
fumées en oxygène.
14. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on mesure la teneur des
fumées en oxyde de carbone.
15. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on régule le ratio air/gaz
des brûleurs (41).
16. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on régule le ratio oxygène/gaz
de combustion retardée.
17. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on refroidit par un courant
de fluide, de l'oxygène et/ou du combustible que l'on introduit.
18. Four de chauffage pour porter à haute température des produits sidérurgiques, du type
à chargement continu, dans lequel les produits (1) défilent d'une extrémité d'enfournement
(2) à une extrémité de défournement (3), et présentant au moins une zone de chauffage
(4) équipée de brûleurs air/combustible (41) de chauffage éventuellement dopés à l'oxygène
dont la combustion dégage un volume important de fumées typique d'une combustion avec
de l'air, du côté de l'extrémité de défournement, et une zone dite de récupération
(5) ou épuisement des fumées, du côté de l'extrémité d'enfournement dans la région
de laquelle les fumées sont évacuées, four caractérisé en ce qu'il comporte des dispositifs
(41) pour incorporer aux fumées au moins un corps combustible à l'état gazeux, et
des dispositifs d'introduction (51) de gaz oxygène en amont du brûleur air/combustible
(41) éventuellement dopé qui est le plus en amont lorsque l'on se réfère au sens de
défilement des produits (1), pour brûler au moins une partie du corps combustible
à l'état gazeux et ainsi élever la température dans la zone de récupération (5).