[0001] L'invention est relative à un alliage magnétique doux économique ayant une bonne
stabilité en température de la perméabilité magnétique et une bonne résistance à l'oxydation
en atmosphère humide. Cet alliage est utilisable, notamment, pour la fabrication du
stator d'un micro moteur électrique pas à pas pour horlogerie.
[0002] Les micro moteurs électriques pour horlogerie comportent un stator généralement fabriqué
en alliage magnétique doux contenant environ 80 % de nickel, quelques % de molybdène
ou de cuivre, le reste étant du fer. Un tel alliage a une perméabilité magnétique
maximale de 200 000 à 300 000 sur toute la plage de température de fonctionnement
(- 20 °C, + 60 °C), de ce fait, les micro moteurs ainsi fabriqués ont une très faible
consommation d'énergie. Mais, les alliages à 80 % de nickel sont coûteux et s'oxydent
facilement dans des atmosphères humides, ce qui présente plusieurs inconvénients :
leur utilisation est délicate dans certaines régions chaudes et humides ; ils sont
mal adaptés à la fabrication de montres dont le mécanisme est visible ; ils sont trop
coûteux pour la fabrication de montres bon marché.
[0003] Afin de remédier à ces inconvénients, il a été proposé de remplacer les alliages
à 80 % de nickel par des alliages du type fer-nickel-chrome contenant moins de 50
% de nickel et quelques % de chrome pour la fabrication des moteurs de montre. Mais,
les alliages proposés ont, en général, une perméabilité magnétique à la fois insuffisante
et trop sensible à la température. Cette trop grande sensibilité de la perméabilité
magnétique à la température est un inconvénient. En effet, un moteur de montre doit
fonctionner de façon satisfaisante entre - 20 °C et + 60 °C, ce qui suppose que la
perméabilité magnétique ne varie pas trop sur cette plage de température.
[0004] Compte tenu de toutes les contraintes qui s'imposent à un micro moteur pas à pas
pour horlogerie, pour fabriquer le stator d'un tel moteur qui soit économique, il
est souhaitable de disposer d'un alliage magnétique doux qui a une induction à saturation
Bs supérieure ou égale à 5000 Gauss (0,5 tesla), une perméabilité maximale relative
en courant continu µ
cc,max supérieure à 70000, une résistivité ρ suffisante pour que µ
cc,max × ρ > 0,05 Ω.m, une stabilité suffisante de la perméabilité magnétique µ
cc,max entre - 20 °C et + 60 °C, une résistance améliorée à l'oxydation, et une teneur en
nickel relativement faible. Pour que la perméabilité magnétique ait une stabilité
suffisante, il est souhaitable que sa variation en valeur relative, par rapport à
sa valeur à 20 °C, reste inférieure à 30 % sur la plage de température considérée.
[0005] Le but de la présente invention est de proposer un alliage qui réponde à ces exigences.
[0006] A cet effet, l'invention a pour objet un alliage magnétique doux dont la composition
chimique comprends, en % en poids :
34 % ≤ Ni ≤ 40 %
7 % ≤ Cr ≤ 10 %
0,5 % ≤ Co ≤ 3%
0,1 % ≤ Mn ≤ 1 %
le reste étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration.
[0007] De préférence, les impuretés que sont O, S, N sont telles que :
O ≤ 0,007 %
S ≤ 0,002 %
N ≤ 0,004%
et :
N + S + O < 0,01%
[0008] II est également préférable que les impuretés Si, Al, Ca, Mg soient telles que :
Si ≤ 0,3 %
Al ≤ 0,05 %
Ca ≤0,03 %
Mg ≤ 0,03 %
et, que :
Si + Al + Ca + Mg + Mn ≤ 1%
[0009] Cet alliage peut être utilisé pour la fabrication d'une culasse magnétique, et en
particulier, pour fabriquer le stator d'un micro moteur électrique pas à pas pour
horlogerie.
[0010] L'invention va maintenant être décrite plus en détails et illustrée par des exemples.
[0011] La composition chimique de l'alliage magnétique doux comprend, en % en poids :
- plus de 34 % de nickel pour obtenir une induction à saturation et perméabilité magnétique
suffisantes. Mais, pour obtenir un alliage économique, et compte tenu notamment d'une
addition de chrome, la teneur en nickel doit rester inférieure à 40 %.
- de 7 % à 10 % de chrome pour améliorer la résistance à l'oxydation et augmenter la
perméabilité magnétique à basse température ; lorsque la teneur en nickel est comprise
entre 34 % et 40 %, une telle teneur en chrome améliore sensiblement la perméabilité
magnétique entre - 40 °C et 0 °C.
- de 0,5 % à 3 % de cobalt pour obtenir une stabilité en température suffisante de la
perméabilité magnétique. En effet, les inventeurs ont constaté de façon inattendue
que, pour des teneurs en nickel comprises entre 34 % et 40 % et des teneurs en chrome
comprises entre 7 % et 10 %, une addition modérée de cobalt améliorait sensiblement
la stabilité en température de la perméabilité magnétique, entre - 20 °C et + 60 °C.
- de 0,1 % à 1 % de manganèse, et de préférence plus de 0,2 %, pour désoxyder l'alliage
et fixer le soufre.
- le reste de la composition est constitué de fer et d'impuretés résultant de l'élaboration.
[0012] Les impuretés sont, notamment, l'oxygène, le soufre, l'azote, le silicium, l'aluminium,
le calcium et le magnésium.
[0013] Toutes ces impuretés ont un effet défavorable sur les propriétés magnétiques, aussi,
afin d'obtenir des propriétés magnétiques satisfaisantes, il est préférable que :
- la teneur en oxygène reste inférieure ou égale à 0,007 %, la teneur en azote reste
inférieure ou égale à 0,004 %, la teneur en soufre reste inférieure ou égale à 0,002
%, et la somme O + N + S des teneurs en oxygène, azote et soufre, reste inférieure
ou égale à 0,01 % ;
- les teneurs résiduelles en éléments désoxydants tels que Si, Al, Ca, Mg restent inférieures
ou égales à 0,3 % pour le silicium, 0,05 % pour l'aluminium, et 0,03 % pour le calcium
ou pour le magnésium ; le calcium et le magnésium ont l'avantage de permettre la formation
de petits oxydes qui rendent l'alliage plus facilement découpable.
[0014] De plus, il est préférable que la somme Mn + Si + Al + Ca + Mg des teneurs en manganèse,
silicium, aluminium, calcium et magnésium, reste inférieure ou égale à 1 %.
[0015] Les teneurs en d'autres impuretés comme le phosphore et le bore, doivent, également,
rester les plus faibles possibles.
[0016] L'alliage ainsi défini, qui est du type Fe-Ni- Cr- Co, peut être laminé à chaud,
puis à froid, et, éventuellement, soumis à un recuit sous hydrogène à une température
supérieure ou égale à 900 °C pendant plus d'une heure, et de préférence entre 1100
°C et 1200 °C pendant 1 à 4 heures. Le recuit à haute température sous hydrogène a
l'avantage d'éliminer, au moins partiellement, certains précipités de sulfures ou
de nitrures qui ont un effet défavorable sur les propriétés magnétiques.
[0017] Cet alliage a une induction à saturation Bs supérieure à 5000 Gauss, à 70 °C, une
perméabilité magnétique relative maximale en courant continu µ
cc,max supérieure à 70000 à 20 °C, une résistivité électrique p supérieure à 70 µΩ.cm à
20 °C, et une stabilité en température de la perméabilité magnétique relative maximale
définie pour une température T, par :

[0018] Dans cette formule, Δµ
cc,max(T) représente la variation de µ
cc,max entre 20 °C et T, et µ
cc,max(20 °C) représente la perméabilité en courant continu à 20 °C.
[0019] De plus, compte tenu de sa teneur en chrome, l'alliage a une bonne résistance à l'oxydation
en atmosphère humide.
[0020] A titre d'exemple on a fabriqué des rondelles de 20 mm de diamètre intérieur et 30
mm de diamètre extérieur, découpées dans des bandes laminées à froid de 0,6 mm d'épaisseur
en alliages selon l'invention et en alliages donnés à titre de comparaison, élaborés
par fusion sous vide de matières premières pures. Les rondelles ont été recuites sous
hydrogène à 1170 °C pendant 4 heures. On a mesuré l'induction à saturation Bs à 70
°C, le champ coercitif Hc à 20 °C, la résistivité électrique ρ à 20 °C, la perméabilité
magnétique relative maximale en courant continu µ
cc,max à 20 °C et la valeur maximale de sa variation relative |Δµ
cc,max(T)/µ
cc,max(20 °C)| sur la plage de température - 20 °C, + 60 °C (en abrégé, cette valeur maximale
de variation est appelée Δµ/µ).
[0021] Les compositions chimiques des alliages 1 à 4, correspondant à l'invention, et 5
à 17 donnés à titre de comparaison, sont indiquées au tableau 1 et les caractéristiques
magnétiques, au tableau 2.
Tableau 1
rep |
Ni |
Cr |
Co |
Mn |
C |
Si |
P |
N |
O |
S |
N+O+S |
1 |
35,79 |
8,92 |
3,03 |
0,29 |
0,009 |
0,03 |
0,002 |
0,001 |
0,0069 |
0,0005 |
0,0084 |
2 |
37,45 |
8,72 |
3,06 |
0,3 |
0,0089 |
0,03 |
0,002 |
0,0012 |
0,0068 |
0,0005 |
0,0085 |
3 |
37,75 |
9,54 |
1,02 |
0,3 |
0,0091 |
0,03 |
0,002 |
0,0007 |
0,0062 |
0,0005 |
0,0074 |
4 |
39,49 |
9,6 |
1,02 |
0,287 |
0,0096 |
0,021 |
0,003 |
0,0029 |
0,0029 |
0,001 |
0,0068 |
5 |
35,8 |
9,05 |
1,04 |
0,3 |
0,0083 |
0,03 |
0,002 |
0,0005 |
0,009 |
0,0005 |
0,0100 |
6 |
37,63 |
9,31 |
0,5 |
0,293 |
0,0086 |
0,01 |
0,003 |
0,0027 |
0,009 |
0,0008 |
0,0125 |
7 |
37,95 |
9,56 |
1,42 |
0,289 |
0,0083 |
0,017 |
0,003 |
0,003 |
0,0084 |
0,0009 |
0,0123 |
8 |
36,54 |
9,03 |
0,096 |
0,306 |
0,006 |
0,164 |
0,007 |
0,0027 |
0,008 |
0,0014 |
0,0121 |
9 |
36,97 |
9,02 |
0,04 |
0,293 |
0,0046 |
0,15 |
0,0057 |
0,0027 |
0,010 |
0,002 |
0,0147 |
10 |
37,82 |
8,95 |
0,002 |
0,48 |
0,005 |
0,013 |
0,004 |
0,0042 |
0,0066 |
0,0042 |
0,0150 |
11 |
35,85 |
5,89 |
2,85 |
0,308 |
0,0083 |
0,031 |
0,0034 |
0,0006 |
0,0052 |
0,0005 |
0,0063 |
12 |
37,69 |
3,14 |
1,06 |
0,296 |
0,009 |
0,031 |
0,0035 |
0,0005 |
0,0057 |
0,0005 |
0,0067 |
13 |
37,74 |
5,76 |
0,97 |
0,308 |
0,0092 |
0,033 |
0,0038 |
0,0008 |
0,0058 |
0,0005 |
0,0071 |
14 |
35,77 |
5,6 |
1,01 |
0,306 |
0,0094 |
0,035 |
0,004 |
0,0008 |
0,0075 |
0,0005 |
0,0088 |
15 |
37,77 |
5,8 |
2,87 |
0,287 |
0,0069 |
0,033 |
0,0037 |
0,0009 |
0,0083 |
0,0005 |
0,0097 |
16 |
33,96 |
2,64 |
1,96 |
0,259 |
0,0089 |
0,032 |
0,0035 |
0,0051 |
0,0085 |
0,0005 |
0,0141 |
17 |
37,86 |
10,55 |
0,96 |
0,299 |
0,0049 |
0,019 |
0,003 |
0,0027 |
0,014 |
0,001 |
0,0177 |
Tableau 2
rep |
Bs (G) |
Hc (Oe) |
ρ (µΩ.cm) |
µcc,max |
Δµ/µ (%) |
1 |
5800 |
27,4 |
92 |
92700 |
26 |
2 |
6800 |
24,5 |
94,4 |
87500 |
16 |
3 |
6000 |
21,9 |
93,2 |
95400 |
9 |
4 |
6500 |
20,6 |
98,5 |
72000 |
2 |
5 |
4800 |
23,9 |
91,1 |
70000 |
16 |
6 |
5500 |
22 |
92,9 |
67000 |
4 |
7 |
5800 |
25,7 |
93,5 |
67000 |
12 |
8 |
4300 |
23,3 |
95 |
78400 |
55 |
9 |
4700 |
22 |
96 |
67000 |
37 |
10 |
5400 |
15,5 |
95 |
76500 |
48 |
11 |
8400 |
45,4 |
90,9 |
53200 |
53 |
12 |
11000 |
54,3 |
82,6 |
54200 |
33 |
13 |
8700 |
33,9 |
90,2 |
83600 |
54 |
14 |
7600 |
44,5 |
90,5 |
49700 |
65 |
15 |
9400 |
44,2 |
90,9 |
57900 |
61 |
16 |
9200 |
85 |
83,5 |
20200 |
60 |
17 |
4700 |
21,9 |
96,2 |
62000 |
57 |
[0022] La comparaison des échantillons 1 à 7 d'une part et 8 à 17 d'autre part, montre que
une addition de 0,5 % à 3 % de cobalt combinée avec une teneur en nickel comprise
entre 34 % et 40 % et une teneur en chrome comprise entre 7 % et 10 %, améliore très
sensiblement la stabilité en température Δµ/µ de la perméabilité magnétique en courant
continu. En particulier, les échantillons 8 à 10, qui ont des teneurs en nickel et
chrome conformes à l'invention, mais qui ne contiennent pratiquement pas de cobalt,
ont toujours une valeur de Δµ/µ supérieure à 30, alors que pour les échantillons 1
à 7, Δµ/µ est toujours inférieur à 30.
[0023] De même, les échantillons 11 à 17, qui contiennent du cobalt, mais dont les teneurs
en chrome sont en dehors des limites de l'invention, ont des valeurs de Δµ/µ supérieures
à 30.
[0024] De plus, la comparaison des échantillons 1 à 4 (conformes à l'invention) dont les
teneurs en oxygène sont inférieures à 0,007 % et dont les sommes des teneurs en azote,
oxygène et soufre sont inférieures à 0,01 %, ont une induction à saturation Bs supérieure
à 5000 Gauss, et une perméabilité magnétique relative maximale en courant continu
µ
cc,max supérieure à 70000 à 20 °C, alors que les échantillons 5 à 7 qui ne satisfont pas
aux conditions de teneur en oxygène ou de somme N + O + S, ont soit une induction
à saturation inférieure à 5000 Gauss, soit une perméabilité magnétique en courant
continu inférieure à 70000 à 20 °C. Dans tous les cas, la résistivité est supérieure
à 90 µΩ.cm ; le produit µ
cc,max × ρ est supérieur à 0,05 Ω.m.
[0025] Avec l'alliage selon l'invention, on peut fabriquer des stators de micro moteurs
pas à pas pour horlogerie, à la fois économiques, ayant une bonne résistance à l'oxydation
par une atmosphère humide, et ayant de bonnes performances.
[0026] Du fait de l'induction à saturation supérieure à 5000 Gauss, le couple électromagnétique
appliqué au rotor est toujours très supérieur aux couples résistants.
[0027] Du fait de la perméabilité magnétique supérieure à 70000 (à 20 °C), la réluctance
magnétique du circuit reste faible, ce qui permet d'utiliser une bobine pas trop grosse.
[0028] Du fait de la résistivité électrique élevée, les courants induits sont limités, ce
qui permet d'obtenir des pertes d'énergie faibles.
[0029] Du fait de la présence de plus de 7 % de chrome, la résistance à l'oxydation est
bonne.
[0030] Enfin, cet alliage est sensiblement plus économique que les alliages à 80 % de nickel.
1. Alliage magnétique doux du type fer-nickel caractérisé en ce que sa composition chimique
comprends, en % en poids :
34 % ≤ Ni ≤ 40 %
7 % ≤ Cr ≤ 10 %
0,5 % ≤ Co ≤ 3%
0,1 % ≤ Mn ≤ 1 %
O ≤ 0,007 %
S ≤ 0,002 %
N ≤ 0,004%
avec N + S + O ≤ 0,01%
le reste étant du fer et des impuretés résultant de l'élaboration.
2. Alliage selon la revendication 1 caractérisé en ce que les impuretés que sont Si,
Al, Ca, Mg sont telles que :
Si ≤ 0,3 %
Al ≤ 0,05 %
Ca < 0,03 %
Mg ≤ 0,03 %
et,
Si + Al + Ca + Mg + Mn ≤ 1%
3. Utilisation d'un alliage selon l'une quelconque des revendications 1 à 2 pour la fabrication
d'une culasse magnétique.
4. Utilisation selon la revendication 3 caractérisée en ce que la culasse magnétique
constitue le stator d'un micro moteur électrique pas à pas pour horlogerie.