Obiet de l'invention
[0001] La présente invention concerne un procédé destiné à permettre la mesure de la vitesse
d'un véhicule circulant sur une voie de type ferroviaire.
[0002] La présente invention se rapporte également à l'installation destinée à la mise en
oeuvre de ce procédé.
Arrière-plan technologique à la base de l'invention
[0003] Différents systèmes de détermination de la vitesse d'un train circulant sur une voie
ont déjà été proposés. En particulier, on a suggéré l'utilisation d'un capteur présent
sur un essieu qui permet la détermination de la vitesse du train circulant sur la
voie. Néanmoins, cette vitesse n'est pas toujours suffisamment précise, et en particulier,
elle pourrait ne pas tenir compte d'un risque qui se produit lorsque la roue patine
pour des raisons telles que les conditions climatiques (gel, neige) ou la présence
de feuilles sur les rails.
[0004] On a également proposé de placer deux ou trois capteurs sur des essieux différents
afin d'obtenir une meilleure précision. Ceci reste néanmoins insuffisant du point
de vue de la gestion du risque.
[0005] Il est également connu de disposer des balises le long des voies de chemin de fer
afin d'effectuer une mesure de la vitesse du véhicule circulant sur ces voies. Dans
ce cas, des balises qui sont disposées à des distances connues et fixes émettent un
signal. Le véhicule passant près de cette balise détecte à l'aide d'une antenne le
passage au-dessus de la première balise et effectue une mesure de temps jusqu'au passage
de la seconde balise. On déduit aisément la vitesse à partir de la distance connue
entre les deux balises et du temps mis par le véhicule pour parcourir cette distance.
Néanmoins, les balises sont placées à des distances relativement importantes, et il
s'agit essentiellement de mesurer des vitesses moyennes sur la distance parcourue.
[0006] Il a également été proposé par le document WO97/12796 d'utiliser une balise calibrée
pour déterminer la vitesse quasi instantanée d'un véhicule passant dans son voisinage.
Cette balise émet un champ magnétique, et par une antenne placée sous le véhicule,
ce véhicule peut détecter l'entrée et la sortie de ce champ d'influence magnétique.
On en déduit le temps que le véhicule met à traverser le champ d'influence magnétique
et on calcule ainsi la vitesse du véhicule. Ce procédé présente l'inconvénient de
devoir disposer de manière régulière des balises le long des voies.
[0007] D'autre part, il est connu d'organiser une voie en sections de voie appelées "cantonnements"
séparées par des joints électriques. Un joint électrique est constitué de deux blocs
d'accord servant au couplage énergétique des sections de voie adjacentes à chaque
bloc d'accord et de la courte distance de voie située entre ces deux blocs d'accord
(15 à 30 mètres). Habituellement, le premier bloc d'accord sert d'émetteur à une fréquence
donnée tandis que le second bloc d'accord sert de récepteur à une autre fréquence.
Les fonctions du joint électrique sont d'une part d'empêcher la propagation du signal
d'un circuit de voie vers le circuit de voie adjacent et d'autre part de réaliser
le couplage de l'émetteur et du récepteur avec la voie.
[0008] Il est déjà connu d'utiliser un joint électrique pour détecter le passage d'un train.
En effet, au passage des essieux du train, un court-circuit entre les deux rails est
créé via les essieux du train et permet ainsi de détecter la position dudit train
par rapport à l'émetteur d'après l'évolution du courant dans la voie. On observe en
effet que le courant à la fréquence F1 dans un rail devant l'essieu est élevé avant
le passage de l'essieu au droit de la connexion de l'émetteur et subit une forte discontinuité
au moment du passage de l'essieu.
Buts de l'invention
[0009] La présente invention vise à fournir une solution qui puisse offrir le maximum de
garanties de sécurité au sens ferroviaire du terme dans la mesure d'une vitesse d'un
véhicule se déplaçant sur une voie de type ferroviaire.
[0010] La présente invention vise plus particulièrement à proposer un procédé qui permet
une estimation de la vitesse moyenne de manière indépendante des causes d'erreurs
dues par exemple au patinage et à l'embrayage des essieux, et qui est basé sur la
détection au passage d'un train de joints séparant les différents circuits de voie.
[0011] La présente invention vise à proposer un système qui peut s'affranchir du placement
de balises le long des voies.
[0012] Plus particulièrement, la présente invention vise à utiliser des équipements déjà
présents qui permettent la localisation du train et qui sont constitués par des circuits
de voie à joints électriques.
Principaux éléments caractéristiques de l'invention
[0013] La présente invention se rapporte à un procédé de mesure de la vitesse d'un véhicule
muni d'une antenne et circulant sur une voie à deux rails se présentant sous la forme
de sections de voie appelées "cantonnements" séparées par des joints électriques,
chaque joint électrique étant constitué de deux blocs d'accord et de la section de
voie prédéterminée située entre eux, chacun des blocs d'accord permettant le couplage
en énergie pour la section de voie adjacente servant de cantonnement, caractérisé
en ce que l'on détecte au moins deux discontinuités en courant ou en tension du signal
vu par une antenne présente dans le véhicule circulant sur la voie aux abords des
régions des premier et second blocs d'accord d'un même joint électrique, en vue de
mesurer la vitesse du véhicule circulant sur la voie.
[0014] La première discontinuité est obtenue lors du passage de l'essieu au droit du premier
bloc d'accord pour la fréquence de ce premier bloc d'accord.
[0015] La seconde discontinuité est obtenue en exerçant une action électrique à la fréquence
du premier bloc d'accord. Cette seconde discontinuité est obtenue en créant un champ
électrique ou magnétique dans la région du second bloc d'accord. Ce champ électrique
ou magnétique est engendré au moyen d'un courant proportionnel au courant émis par
la tension injectée au premier bloc d'accord. Ce champ est engendré directement par
le courant émis par ladite tension.
[0016] Selon une autre forme d'exécution, l'action électrique est une tension injectée en
série avec la tension à la deuxième fréquence du deuxième bloc d'accord. Cette tension
injectée en série est proportionnelle à celle qui est injectée au premier bloc d'accord.
[0017] Selon une autre forme d'exécution, l'action électrique est l'injection d'un courant
dans un générateur de tension présent dans le second bloc d'accord, ce courant parcourant
une boucle disposée entre les rails, ledit courant étant proportionnel au courant
émis par la tension injectée au premier bloc d'accord.
[0018] Le signal détecté par l'antenne qui se trouve à bord du véhicule circulant sur la
voie est filtré à la fréquence de la tension injectée au premier bloc d'accord.
[0019] La présente invention se rapporte également à une installation pour la mise en oeuvre
du procédé tel que décrit précédemment, dans laquelle la voie est organisée sous forme
de cantonnements séparés par des joints électriques, chaque joint électrique étant
constitué d'au moins deux blocs d'accord et de la courte section de voie située entre
eux. Cette installation comprend des moyens pour générer au moins deux discontinuités
en courant ou en tension dans le signal vu par l'antenne présente dans le véhicule
circulant sur la voie aux abords des régions des premier et second blocs d'accord
d'un même joint électrique.
Brève description des figures
[0020]
- La figure 1
- représente le schéma électrique équivalent d'un joint électrique.
- La figure 2
- représente le schéma équivalent d'un circuit de voie entre deux joints électriques
tels que décrits à la figure 1.
- La figure 3
- indique l'influence des essieux sur le courant dans les rails devant les essieux avant
le passage de l'essieu.
- La figure 4
- indique l'influence des essieux sur le courant dans les rails après passage de l'essieu.
- La figure 5
- représente le diagramme du courant dans les rails devant les essieux selon l'état
de la technique.
- Les figures 6, 7 et 8
- représentent plusieurs formes d'exécution différentes de l'invention.
- La figure 9
- représente le diagramme du courant dans les rails devant l'essieu selon l'invention.
Description détaillée de plusieurs formes d'exécution préférées de l'invention
[0021] Un joint électrique tel que représenté à la figure 1 se compose d'un premier bloc
d'accord TU.F1 situé d'un premier côté (à gauche), qui servira d'émetteur en vue de
générer une tension dans la voie à la fréquence F1 et permet le couplage en énergie
de ce premier côté (à gauche) de la voie adjacente au bloc d'accord. Un second bloc
d'accord TU.F3, disposé à une distance de 15 à 30 mètres, permet le couplage en énergie
de l'autre partie de la voie (à droite) adjacente à ce bloc d'accord. Ce second bloc
d'accord sert de récepteur pour une fréquence F3. Il pourrait éventuellement également
s'agir d'un émetteur qui permettrait de générer une tension à la fréquence F3.
[0022] La figure 2 représente un circuit de voie comprenant plusieurs sections de voie organisées
en cantonnements et séparées par des joints électriques constitués chacun de deux
blocs d'accord couplés deux à deux. Pour une fréquence F1, les deux blocs d'accord
TU.F1 et TU.F1' sont équivalents à une capacité qui réalise l'accord de la section
de voie (cantonnement 1) comprise entre ces deux blocs, alors que les deux blocs d'accord
TU.F3 et TU.F3' sont équivalents à des courts-circuits à cette même fréquence (F1).
A la fréquence (F3) des circuits de voie adjacents, la fonction des blocs d'accord
est alors inversée.
[0023] Comme représenté aux figures 3 et 4, le passage de l'essieu 3 crée un shunt ou court-circuit
entre les rails 1 et 2. Plus précisément, le comportement du courant I généré à la
fréquence F1 et présent dans le rail 1 devant l'essieu 3 est modifié.
[0024] Comme représenté à la figure 5, on observe que le courant I à la fréquence F1 reste
élevé jusqu'au moment où l'essieu approche de l'émetteur TU.F1 qui génère le signal
à la fréquence F1. Au droit dudit émetteur, on observe que le courant I à la fréquence
F1 chute brusquement en créant une première discontinuité 7 à cet endroit. La figure
5 représente en détails le comportement du courant I devant l'essieu, en tenant compte
de la position de l'émetteur TU.F1 à l'abscisse -18 m alors que TU.F3 sert de référence
(0).
[0025] La présente invention consiste à créer une deuxième discontinuité 8U aux abords du
second bloc d'accord TU.F3 et à utiliser ces deux discontinuités survenant à une distance
connue afin de pouvoir calculer la vitesse moyenne du train entre les deux positions
où se produisent lesdites discontinuités.
[0026] A cette fin, on prévoit de détecter à bord du train un signal résultant du champ
magnétique généré par le courant I. Plus précisément, la tension V obtenue en filtrant
de manière connue les signaux d'antenne sera proportionnelle au courant I présent
dans les rails en amont de l'essieu 3. Ce signal est capté à l'aide d'au moins une
antenne de type connu disposée en amont du premier essieu 3. Le signal est filtré
à la fréquence F1 en vue de permettre la détection des deux discontinuités 7 et 8
du courant I. Un ou plusieurs autres signaux à la fréquence F3 ou à d'autres fréquences
peuvent être également utilisés pour la détection d'autres paires de discontinuités
apparaissant sur d'autres circuits de voie.
[0027] Selon une première forme d'exécution de la présente invention, qui est plus particulièrement
représentée à la figure 6, on suggère de disposer une boucle 4 entre les rails 1 et
2 à proximité du bloc TU.F3 constituant récepteur et équivalent à un court-circuit
à la fréquence F3. Cette boucle 4 est alimentée par un courant à la fréquence F1 qui
est de préférence proportionnel au courant du bloc TU.F1. Elle est de préférence raccordée
en série avec ce bloc. De manière avantageuse, le champ magnétique engendré par la
boucle 4 crée la seconde discontinuité 8 nécessaire à la mise en oeuvre du procédé
selon la présente invention.
[0028] Selon une autre forme d'exécution préférée de l'invention, qui est plus particulièrement
représentée à la figure 7, on propose de connecter un générateur de tension 5 à la
fréquence F1 en série avec le bloc TU.F3. Dans ce cas, le bloc TU.F3 est équivalent
à un court-circuit pour la fréquence F1. Le générateur 5 est de préférence alimenté
à partir de l'alimentation du bloc TU.F1.
[0029] La seconde discontinuité 8 sera obtenue lors du passage au droit du bloc TU.F3 (abscisse
= 0), la tension étant proportionnelle à celle du bloc TU.F1 (émetteur à la fréquence
F1).
[0030] Selon une autre variante d'exécution, représentée à la figure 8, un générateur de
courant 6 est branché en parallèle aux bornes du bloc TU.F3. Le courant ainsi généré
parcourt la boucle 9 disposée entre les deux rails 1 et 2, créant ainsi un champ magnétique
détectable à cet endroit. Le générateur 6 à la fréquence F1 est avantageusement disposé
en série avec le bloc TU.F1 et crée ainsi la seconde discontinuité recherchée 8.
[0031] On a représenté à la figure 9 le courant I en fonction de la distance parcourue sur
les rails en positionnant le bloc TU.F1 créant la première discontinuité à -18 m et
le bloc TU.F3 créant la seconde discontinuité au point 0. On pourra détecter un signal
à bord par filtrage des signaux d'antenne à la fréquence F1 et détecter la présence
des deux discontinuités 7 et 8 dont les flancs descendants sont liés à la position
précise des blocs TU.F1 et TU.F3.
[0032] De manière classique, la détection de ces deux discontinuités détectées sera traitée
à l'aide d'un microprocesseur, qui permet de définir l'intervalle de temps entre la
détection desdites discontinuités. De manière classique, la connaissance de la distance
précise entre les blocs TU.F1 et TU.F3 permettra de calculer la vitesse moyenne du
véhicule circulant sur ladite voie entre les deux blocs TU.F1 et TU.F3.
[0033] De manière particulièrement avantageuse, on observe que le coût d'installation du
dispositif supplémentaire est relativement réduit et permet ainsi d'obtenir une mesure
relativement précise de la vitesse du train circulant sur une voie. En outre, la mesure
de cette vitesse reste indépendante d'un positionnement précis de balises, par exemple,
dont le déplacement pourrait intervenir en cas d'interventions d'entretien de la voie,
de phénomènes climatiques, de l'enrayage des roues, etc.
1. Procédé de mesure de la vitesse d'un véhicule muni d'une antenne et circulant sur
une voie à deux rails se présentant sous la forme de sections de voie appelées "cantonnements"
(1,2,3) séparées par des joints électriques, chaque joint électrique étant constitué
de deux blocs d'accord (TU.F1 et TU.F3) et de la section de voie prédéterminée située
entre eux, chacun des blocs d'accord permettant le couplage en énergie pour la section
de voie adjacente servant de cantonnement, caractérisé en ce que l'on détecte au moins
deux discontinuités en courant ou en tension du signal vu par une antenne présente
dans le véhicule circulant sur la voie aux abords des régions des premier et second
blocs d'accord (TU.F1 et TU.F3) d'un même joint électrique, en vue de mesurer la vitesse
du véhicule circulant sur la voie.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la première discontinuité
est obtenue lors du passage de l'essieu au droit du premier bloc d'accord pour la
fréquence (F1) de ce premier bloc d'accord (TU.F1).
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la seconde discontinuité
est obtenue en exerçant une action électrique à la fréquence (F1) du premier bloc
d'accord (TU.F1).
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que la seconde discontinuité est
obtenue en créant un champ électrique ou magnétique dans la région du second bloc
d'accord (TU.F3).
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que
le champ électrique ou magnétique est engendré au moyen d'un courant proportionnel
au courant émis par la tension injectée au premier bloc d'accord (TU.F1).
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que le champ est engendré par
le courant émis par ladite tension.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'action
électrique est une tension injectée en série avec la tension à la deuxième fréquence
(F3) du deuxième bloc d'accord (TU.F3).
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que la tension injectée en série
est proportionnelle à celle qui est injectée au premier bloc d'accord (TU.F1).
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'action
électrique est l'injection d'un courant dans un générateur de tension (TU.F3) présent
dans le second bloc d'accord et en ce que ce courant parcourt une boucle disposée
entre les rails.
10. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que ledit courant est proportionnel
au courant émis par la tension injectée au premier bloc d'accord (TU.F1).
11. Procédé selon la revendication 11, caractérisé en ce que ledit signal est filtré à
la fréquence (F1) de la tension injectée au premier bloc d'accord (TU.F1).
12. Installation pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
précédentes, dans laquelle la voie est organisée sous forme de cantonnements séparés
par des joints électriques, chaque joint électrique étant constitué d'au moins deux
blocs d'accord (TU.F1 et TU.F3) et de la courte section de voie située entre eux,
caractérisée en ce que l'on prévoit des moyens pour générer au moins deux discontinuités
en courant ou en tension dans le signal vu par l'antenne présente dans le véhicule
circulant sur la voie aux abords des régions des premier et second blocs d'accord
(TU.F1 et TU.F3) d'un même joint électrique.
13. Installation selon la revendication 12, caractérisée en ce que ledit dispositif est
constitué d'une boucle (4) disposée près du second bloc d'accord (TU.F3) et pourvue
d'une alimentation par un courant à la fréquence (F1) du premier bloc d'accord (TU.F1).
14. Installation selon la revendication 13, caractérisée en ce que la boucle (4) est disposée
en série avec l'émetteur du premier bloc d'accord (TU.F1).
15. Installation selon la revendication 12, caractérisée en ce que ledit dispositif est
un générateur de tension (5) à la fréquence de l'émetteur du premier bloc d'accord
(TU.F1) connecté en série avec l'émetteur du deuxième bloc d'accord (TU.F3).
16. Installation selon la revendication 12, caractérisée en ce que ledit dispositif est
un générateur de courant (6) connecté en parallèle à l'émetteur du deuxième bloc d'accord
(TU.F3) via une boucle disposée entre les rails.
17. Installation selon l'une quelconque des revendications 12 à 16, caractérisée en ce
que, à bord du véhicule, est placée une antenne en avant du premier essieu (3) ainsi
qu'un circuit récepteur connecté à l'antenne et pourvu d'un filtre réglé à la fréquence
F1.