[0001] La présente invention concerne un élément de boîte en métal obtenu par un procédé
permettant d'avoir, sur tout ou partie de sa surface des zones discontinues en relief
réalisées en un matériau synthétique, c'est-à-dire un objet bi-matière métal/matériau
synthétique.
[0002] Par la suite on se référera à titre d'exemple à une boîte de montre, et plus particulièrement
à une conception nouvelle de lunette tournante adaptée à une telle montre.
[0003] Dans la construction des boîtes de montre il existe toujours un choix difficile au
niveau des matériaux devant être utilisés. Le métal, voire un métal noble tel que
l'or, utilisé seul confère au produit fini solidité et garantie de qualité, mais a
l'inconvénient d'alourdir le produit fini, de mal se prêter à l'usinage de formes
complexes et d'avoir l'aspect "froid" du métal. Les matériaux synthétiques utilisés
seuls ont l'avantage de pouvoir être moulés ou injectés avec des formes très complexes
et des coloris variés et attrayants, mais provoquent chez le consommateur la crainte
de ne pas retrouver dans de tels produits les qualités auxquelles il pouvait prétendre
avec les produits antérieurs totalement en métal. Certaines constructions de boîte
sont toutefois bi-matière, en particulier pour abaisser le coût du produit. A titre
d'exemple le document CH 79 203 décrit une boîte en métal noble de très faible épaisseur
qui comporte sur tout son pourtour un évidemment renforcé par une garniture non apparente
en matière plastique. D'autres constructions faisant également appel à la fois à un
métal et à une matière plastique pour des raisons techniques peuvent être cités.
[0004] Dans le document EP 0 370 947 décrivant une montre à lunette tournante, ladite lunette
en métal est munie d'un anneau denté en matière synthétique fixé à cran entre la carrure
et un logement annulaire de la lunette tournante pour coopérer avec au moins un cliquet;
l'anneau en matière synthétique n'est donc pas visible et la montre a un aspect totalement
métallique.
[0005] Dans le document CH 575 616, qui concerne également une boîte de montre à lunette
tournante, un anneau extérieur métallique protège un anneau intérieur en matière plastique
destiné à retenir à cran la lunette dans la carrure et à laisser apparent à l'extérieur
un anneau en matière plastique apte à créer ou supporter divers éléments décoratifs.
[0006] Comme on le voit dans les exemples précités, la matière plastique utilisée en combinaison
avec le métal a toujours une forme annulaire continue, soit totalement visible, soit
totalement cachée.
[0007] La présente invention vise au contraire à procurer une construction bi-matière dans
laquelle les secteurs angulaires des parties visibles de la boîte ou des zones déterminées
desdits secteurs, présentent une alternance métal/matériau synthétique conférant au
produit un aspect esthétique moins froid que le métal et/ou pouvant procurer un avantage
technique telle qu'une meilleure préhension de l'objet concerné.
[0008] A cet effet, l'invention a pour objet un élément de boîte en métal ayant une paroi
dont la surface extérieure comporte des bossages disjoints formés par un matériau
synthétique, caractérisé en ce qu'une face en regard de la surface extérieure de l'élément
comprend une rainure reliée à ladite surface extérieure par des passages traversants
à des emplacements prévus pour les bossages et en ce que lesdits bossages proviennent
d'une garniture en un matériau synthétique faisant saillie sur la surface extérieur,
en étant liés entre eux à travers lesdits passages traversants à un cordon, également
en un matériau synthétique, maintenu au fond de la rainure.
[0009] Dans le cas d'une boîte de montre, les "éléments" auxquels l'invention peut s'appliquer
sont bien évidemment la carrure et la lunette, que cette dernière soit fixe ou mobile.
[0010] Les bossages apparents sur la paroi peuvent, selon l'invention, avoir des aspects
esthétiques variés, quant à la forme et quant à leur coloration. La forme dépend de
la section des passages traversants et de la coloration des variétés de matériaux
synthétiques utilisés. Dans le mode de réalisation le plus simple on peut utiliser
un unique matériau synthétique pour former, par des procédés de moulage ou injection
connus, le cordon et les bossages. Il est également possible d'obtenir des bossages
de différentes couleurs en effectuant un formage séquentiel du matériau synthétique,
c'est-à-dire en utilisant des matériaux synthétiques ayant la même composition de
base ou des compositions pouvant se lier entre elles, mais incorporant des pigments
différents. De même il est possible d'utiliser des matériaux synthétiques différents
pour les bossages et pour le cordon de façon à avoir un toucher doux pour les bossages
et bonne résistance mécanique pour le cordon.
[0011] Pour que les bossages, une fois mis en place, résistent à une pression extérieure,
il est nécessaire que le cordon auquel ils sont reliés soit fermement maintenu dans
la rainure. Selon un premier mode de réalisation chaque bossage peut s'étendre sur
la surface externe légèrement au-delà du passage traversant pour former un bec permettant
une immobilisation axiale. Selon un autre mode de réalisation, lorsque le cordon est
en un matériau synthétique facilement déformable, la rainure peut comporter un pincement
permettant la mise en force du cordon. Il est également possible que la rainure ouverte
de la gorge soit obturée par un autre élément de la boîte ou par une pièce rapportée
dans celle-ci, telle qu'un anneau rigide. Dans le cas d'une montre bracelet "l'autre
élément de la boîte" sera par exemple le bord supérieur de la carrure si les bossages
en matériau synthétique sont ménagés dans la lunette. La "pièce rapportée" sera par
exemple le cercle d'emboîtage si lesdits bossages sont ménagés dans la carrure. Dans
le cas où la rainure est située à proximité de la base ouverte d'une paroi, ladite
rainure peut, au droit de passages traversants être ouverte dans la base pour communiquer
avec la surface extérieure de la paroi.
[0012] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront plus clairement
à la lecture de la description ci-après d'une montre-chronographe à lunette tournante,
faite en référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue de dessus d'une montre chronographe à lunette tournante bi-matière,
- la figure 2 est une vue de dessus de la lunette seule avant montage sur la carrure,
- les figures 3 et 4 représentent, en vue de dessous respectivement la partie en métal
et la partie en matériau synthétique de la lunette,
- la figure 5 est une coupe agrandie selon la ligne V-V de la figure 2,
- les figures 6A, 6B, 6C sont des représentations agrandies en coupe selon les lignes
A-A, B-B et C-C de la figure 2, et
- la figure 7 est une coupe agrandie selon la ligne VII-VII de la figure 3.
[0013] La montre chronographe représentée en vue de dessus à la figure 1 comprend de façon
connue un boîtier à l'intérieur duquel est placé un mouvement de chronographe (non
représenté), et dont la carrure 1 comporte une couronne de mise à l'heure 2 et deux
poussoirs 3 pour les fonctions start/stop et remise à zéro, voire chronométrage d'un
temps intermédiaire pour les mouvements prévus à cet effet. Le cadran 4, de forme
circulaire, comprend un affichage analogique, pour l'heure courante par les aiguilles
heures/minutes 5 et la petite seconde 6, et pour le chronométrage par une seconde
au centre 7 et deux compteurs 8. Cette montre chronographe comprend en outre une lunette
tournante 9, très souvent utile dans ce type de pièce d'horlogerie pour faire un comptage
rétrograde du temps, par exemple pour donner des indications de sécurité sur un temps
de plongée.
[0014] Cette lunette tournante 9, représentée de façon séparée à la figure 2, est un exemple
illustratif d'une construction bi-matière selon l'invention. Elle comprend un profilé
annulaire 10 en métal, vu de dessous à la figure 3, et une garniture 20 en matériau
synthétique représentée à la figure 4. La garniture 20 forme à la surface 11 du profilé
10 six zones 23 régulièrement réparties et composées de bossage 23a, 23b, 23c, ces
bossages n'étant pas représentés sur la figure 2 à la position horaire 9h. pour une
meilleure compréhension de la forme du profilé 10. Entre chaque zone 23 de bossages,
la surface comprend des repérages 22 pour un fractionnement du tour d'heure de 10
minutes en 10 minutes.
[0015] En se référant plus particulièrement aux figures 3 et 5, on voit que le profilé annulaire
10 comprend une surface extérieure 11 inclinée vers l'extérieur jusqu'à un bord 11a,
une base 12, et une paroi interne 14 formée d'une surface brisée dont une portion
verticale 14a comprend une gorge circulaire 16 destinée à assujettir par des moyens
connus non représentés, la lunette tournante 9 à la carrure 1. La base 12 comprend
sur tout son pourtour une rainure 15 ayant pour section un trapèze rectangle dont
les côtés sont respectivement parallèles à la surface extérieure 11, à la base 12
et à la portion verticale 14a de la paroi interne 14. La base 12 possède également
deux petites extensions annulaires 17, 18 dont l'écartement radial est supérieur à
l'ouverture de la rainure 15 et dont les bords externes sont guidés par les parois
d'un chemin de rotation annulaire 31 ménagé dans le bord supérieur de la carrure 1.
Comme on le voit sur la figure 3 et sur la représentation en coupe de la figure 7
la base 12 comporte également deux zones 19 diamétralement opposées et renforcées
par deux petits tubes métalliques 19a à l'intérieur desquels viendront s'engager les
ailettes d'un ressort à cliquets 19b.
[0016] Le bord du profilé 10 comprend enfin six zones 13 régulièrement réparties et comportant
des encoches 13a, 13b, 13c dont le fond va au moins jusqu'à la rainure 15. Dans l'exemple
représenté à la figure 3, chaque zone 13 comprend cinq encoches.
[0017] Une encoche centrale 13c, exactement positionnée entre deux repères successifs divisant
le tour d'heure de 10 minutes en 10 minutes permettra après mise en place de la garniture
synthétique 20 d'avoir un repérage de 5 minutes en 5 minutes. Deux encoches 13b et
13a, de profondeurs décroissantes sont ménagées de part et d'autre de cette encoche
centrale 13c.
[0018] Le profilé annulaire 10 qui vient d'être décrit est celui qui correspond à l'usinage
le plus simple et le plus facilement automatisable. Il est bien évident que, de façon
équivalente les encoches 13a et 13b pourraient avoir, comme l'encoche médiane 13c
une orientation radiale, et/ou la même profondeur que ladite encoche médiane 13c.
De même les encoches 13a, 13b, 13c pourraient être remplacées par des passages traversants
joignant la surface 11 et la rainure 15, sans s'étendre jusqu'au bord 11a du profilé
10.
[0019] En se référant maintenant à la figure 4 on voit que la garniture 20 en matériau synthétique
se compose en fait de deux demi secteurs 21a, 21b qui ne sont pas jointifs et qui
présentent un petit décalage angulaire de l'ordre de 6° de part et d'autre des zones
19 renforcée pour le ressort à cliquet 19b.
[0020] Chaque demi secteur est formé d'un cordon 25, de même section que la rainure 15 rejoignant
les zones 23 de bossages 23a, 23b, 23c qui ont la même disposition que les encoches
13a, 13b, 13c. Ces zones de bossages sont réparties sur le cordon 25 de telle sorte
que, après mise en place dans le profilé 10, les six bossages médians 23c présentent
un décalage angulaire de 60°.
[0021] Les bossages 23a, 23b, 23c sont bien entendu reliés par de petites portions 25a de
cordon 25 et présentent des longueurs différentes adaptées à la longueur des encoches
13a, 13b, 13c. Comme on le voit sur les représentations en coupe de figures 6A à 6C,
chaque bossage comprend une partie verticale 24, une partie oblique 26a, 26b, 26c
sensiblement parallèle à la surface 11 du profilé 10 et un retour 28 contre la surface
11 s'étendant légèrement au-delà d'une encoche 13a, 13b ou 13c pour former un bec
29, ces différentes surfaces étant reliées par des arrondis. On observera que le bec
29 permet d'immobiliser axialement la garniture 20. Selon une variante de réalisation
cette immobilisation axiale peut être obtenue par pincement du cordon 25 à l'intérieur
de la rainure 15 dont les parois seraient par exemple légèrement inclinées pour que
la largeur de la rainure 15 soit un peu inférieure à la largeur du cordon 25. Les
différentes longueurs de bossage sont obtenues en faisant simplement varier la longueur
de la surface inclinée 26a, 26b ou 26c de chaque bossage. On observera enfin, en particulier
sur les figures 6B et 6C, que la base de chaque bossage et leur partie orientée contre
la lunette tiennent compte des caractéristiques techniques nécessaires à l'assemblage
de la lunette sur la carrure. A cet effet, il est prévu un dégagement 27 correspondant
à la gorge 16 du profilé 10.
[0022] La garniture 20 est par exemple réalisée en Pebax® par injection dans un moule permettant
d'avoir une pluralité d'empreintes.
[0023] Cette configuration de la garniture 20 en deux parties 21a, 21b, rendue nécessaire
par la présence des deux zones 19 à cliquets, présente l'avantage de rendre l'assemblage
plus facile sur le profilé 10 en faisant glisser les bossages 23a, 23b, 23c de chaque
partie 21a, 21b dans les encoches 13a, 13b, 13c jusqu'à encliquetage des portions
de cordon 25 dans la rainure 15.
[0024] Comme indiqué au début, il est possible de réaliser la garniture 20 en ayant un matériau
synthétique au toucher doux pour les bossages et un autre matériau présentant une
plus grande résistance mécanique pour le cordon. Dans un tel mode de réalisation il
est alors possible de réaliser le cordon en une seule pièce, soit en conservant les
petits tubes 19a à cliquets qui seront alors partiellement chassés dans ce deuxième
matériau, soit en les supprimant et en prévoyant une structure à crémaillère à la
base du cordon.
[0025] La lunette qui vient d'être décrite présente alors des bossages entièrement en matériau
synthétique, fermement liés entre eux et pouvant supporter de très nombreuses manipulations
sans dommages, résultat qu'il n'est pas possible d'obtenir avec une simple application
de produit synthétique sur des bossages préformés en métal. Sans sortir du cadre de
l'invention, l'homme de métier peut appliquer la même technique à d'autres partie
d'une boîte, voire à tout objet métallique, même s'il ne correspond pas à la définition
usuelle d'une boîte.
1. Elément de boîte (9) en métal ayant une paroi dont la surface extérieure (11) comporte
des bossages disjoints (23a, 23b, 23c) formés par un matériau synthétique, caractérisé
en ce qu'une face (12) en regard de la surface extérieure (11) de l'élément (9) comprend
une rainure (15) reliée à ladite surface extérieure (11) par des passages traversants
(13a, 13b, 13c) à des emplacements prévus pour les bossages (23a, 23b, 23c) et en
ce que lesdits bossages (23a, 23b, 23c) proviennent d'une garniture (20) en un matériau
synthétique faisant saillie sur la surface extérieur (11), en étant liés entre eux
à travers lesdits passages traversants (13a, 13b, 13c) à un cordon (25), également
en un matériau synthétique, maintenu au fond de la rainure (15).
2. Elément de boîte selon la revendication 1 correspondant à la lunette (9) d'une boîte
de montre à cadran (4) circulaire, caractérisé en ce que les passages traversants
sont formés par des encoches (13a, 13b, 13c), pratiquées dans un bord (11a) de la
lunette pour rejoindre la rainure (15), à travers lesquelles les bossages (23a, 23b,
23c) font saillie.
3. Elément de boîte selon les revendications 1 ou 2 caractérisé en ce que les bossages
(23a, 23b, 23c) sont regroupés en zones (23) régulièrement réparties sur la surface
(11).
4. Elément de boîte selon les revendications 2 et 3, caractérisé en ce que les bossages
de chaque zone (13) sont symétriques par rapport à un bossage médian (23c).
5. Elément de boîte selon les revendications 3 ou 4, caractérisé en ce que les bossages
(23a, 23b, 23c) d'une même zone (23) ont des configurations différentes.
6. Elément de boîte selon la revendication 1, caractérisé en ce que les bossages (23a,
23b, 23c) forment un bec (29) s'étendant sur la surface (11) au-delà des passages
traversants pour immobiliser axialement la garniture (20).
7. Elément de boîte selon la revendication 2, caractérisé en ce que la garniture (20)
est formée de deux demi secteurs (21a, 21b) correspondant chacun à un arc inférieur
à 180°.
8. Elément de boîte selon la revendication 1, caractérisé en ce que le même matériaux
synthétique est utilisé pour former la totalité de la garniture (20) comprenant le
cordon (25) et les bossages (23a, 23b, 23c).
9. Elément de boîte selon la revendication 1, caractérisé en ce que tout ou partie des
bossages (23a, 23b, 23c) sont réalisés en des matériaux synthétiques différents ou
en un même matériau incorporant différents pigments.