[0001] La présente invention concerne les fers à repasser électriques, dont la semelle est
composée d'une feuille métallique éventuellement relevée sur ses bords et dont la
face inférieure, le fer étant à plat en position de repassage, constitue avec l'extérieur
des bords la face de travail en contact avec le linge repassé. A ces semelles est
généralement associé un corps chauffant, le plus souvent en aluminium, qui inclut
l'élément chauffant du fer à repasser.
[0002] Les semelles doivent avoir une bonne présentation, une bonne résistance à la corrosion,
de bonnes propriétés de glissement sur le linge, et une dureté de surface qui les
rend résistantes à la rayure. Cette résistance à la rayure est nécessaire pour maintenir
les qualités de glisse et pour résister à des utilisations malencontreuses, comme
par exemple le passage du fer sur les fermetures éclair.
[0003] A cette fin de nombreux traitements de surface ont été proposés. On connaît entre
autres les traitements de semelles en aluminium ou en acier dans lesquels la surface
est recouverte d'un émail. On connaît également les surfaces revêtues d'une céramique
par projection plasma comme dans le brevet EP227111 ou par tout autre procédé par
exemple par anodisation comme dans le brevet FR2717833. Des surfaces ont été proposées
également avec un traitement chimique par exemple une phosphatation qui améliore la
résistance à la corrosion et facilite le glissement. On connaît aussi les surfaces
revêtues d'un produit tel que le PTFE (polytétrafluoroéthylène).
[0004] Le brevet EP726351 décrit un moyen plus spécialement adapté aux semelles en aluminium,
dans lequel la surface est traitée par "shot peening" c'est à dire qu'elle a été soumise
à un jet de particules entraînées dans un jet d'air, dans le seul but d'en améliorer
la planéité.
[0005] Ces traitements sont particulièrement utiles sur des surfaces tendres telles que
des surfaces d'aluminium, ou des surfaces d'acier pour aussi les protéger de la corrosion.
Le brevet FR2567929 montre une surface d'aluminium renforcée par une plaque en acier
inoxydable. Les surfaces d'acier inoxydable ne se corrodent pas facilement, ont une
bonne présentation qui peut être un fini brillant et ont des propriétés de glissement
acceptables, aussi sont elles le plus souvent employées sans traitement de surface,
autre qu'une éventuelle finition par polissage.
[0006] Cependant l'acier inoxydable bien que plus tenace reste tout de même à la longue
sensible à la rayure, et la finition peut être détériorée ce qui oblige aussi à protéger
les semelles sur les points de vente par un film plastique. En outre, il est souhaitable
d'améliorer le coefficient de frottement de la semelle sur le linge.
[0007] Le but de l'invention ci après est un fer à repasser dont la surface de travail de
la semelle métallique, de préférence en acier inoxydable, présente un coefficient
de frottement amélioré et une dureté élevée pour améliorer la résistance à la rayure
et le glissement sur le linge.
[0008] Principalement, l'objet de l'invention est atteint par une semelle métallique de
fer à repasser du fait que sa surface de travail présente des grains déformés par
compression perpendiculaire à la surface, le nombre de dislocations métalliques par
unité de volume étant supérieur d'au moins 40% à celle du métal au coeur de la semelle.
[0009] Par dislocations métalliques on entend des discontinuités de structure métalliques,
qu'elles soient entre grains métalliques ou constituées de défauts au sein des grains.
[0010] Le coeur de la semelle s'entend pour une région du métal éloignée des surfaces, à
une profondeur supérieure à 40 micromètres.
[0011] La compression superficielle de la surface la rend lisse, diminue le coefficient
de frottement de la surface sur le linge et bouche les pores qui pouvaient préexister.
La compression augmente aussi la dureté et engendre des contraintes internes qui s'opposent
à une agression de la surface extérieure.
[0012] De préférence l'épaisseur comprimée du métal, mesurée à partir de la surface, est
comprise entre 25 et 35 micromètres.
[0013] Cette épaisseur varie suivant le réglage du mode d'obtention de la compression. On
choisit un compromis entre la dureté élevée, qui nécessite une compression sur une
grande profondeur mais où un état de surface correct est difficile à obtenir, et un
bon état de surface qui conditionne le glissement.
[0014] De préférence, la semelle est en acier inoxydable et présente en surface de travail
une dureté Vickers supérieure d'au moins 25% à la dureté Vickers mesurée au coeur
du métal.
[0015] La dureté à coeur, ou au coeur du métal, s'entend pour une zone métallique située
en profondeur dans le métal, au-delà de l'épaisseur comprimée. Elle est égale à la
dureté du métal avant traitement.
[0016] Par exemple, la surface d'un acier inoxydable de dureté Vickers inférieure à 400
à coeur présente une dureté Vickers supérieure à 500 en surface, soit une augmentation
minimale de 25% de la dureté.
[0017] De préférence la rugosité de la surface de travail mesurée suivant la norme DIN4777
est inférieure à 3 micromètres
[0018] On obtient ainsi une semelle métallique de bonne résistance à la rayure et glissant
bien sur le linge.
[0019] De préférence, la compression de la surface en acier inoxydable est obtenue par un
procédé de "shot peening".
[0020] Ce procédé comporte la projection de particules essentiellement non abrasives sur
la surface, les particules étant entraînées dans un jet de détente d'air, l'air étant
préalablement à son utilisation comprimé à une pression de l'ordre de deux bars. Le
martelage de la surface par les particules produit la compression des grains métalliques
constituant l'acier inoxydable. Le nuage de particules produit un effet très régulier
et est beaucoup plus facile à contrôler qu'un galetage par exemple. Ce procédé s'applique
également de façon plus commode aux bords de la semelle que d'autres procédés mécaniques.
[0021] De préférence le traitement de la surface par "shot peening" s'effectue en une seule
opération.
[0022] En particulier il n'y a pas d'abrasion préliminaire, ni de traitement thermique de
l'acier inoxydable. La projection se fait à température ambiante. Ceci permet un traitement
peu coûteux.
[0023] De préférence, les particules utilisées sont un mélange de billes de verre, de billes
céramiques, et de matériaux granuleux organiques naturels.
[0024] Ce mélange permet de doser le martelage de la surface en produisant des impacts divers
produisant aussi bien le lissage de la surface que sa déformation en profondeur.
[0025] L'invention sera mieux comprise au vu de l'exemple ci après et des dessins annexés.
[0026] La figure 1 est une vue d'un fer à repasser selon l'invention, en section partielle
par un plan vertical longitudinal.
[0027] La figure 2 est un schéma du procédé d'obtention de la zone comprimée dans la semelle.
[0028] La figure 3 est une coupe micrographique de la semelle selon l'invention au voisinage
de la surface de travail.
[0029] Dans une réalisation particulière illustrée sur la figure 1 le fer à repasser à vapeur
1 comporte une semelle 2 composée d'une tôle d'acier inoxydable d'environ 0,5 millimètres
d'épaisseur. La semelle 2 est relevée sur ses bords 3. La face plane inférieure 4
principalement, et les bords 3, sont en contact avec le linge au repassage et constituent
la surface de travail. La semelle 2 est en contact intime par sa face supérieure 5
interne au fer avec un bloc de chauffe 6 muni d'un élément chauffant 7.
[0030] La semelle 2 vue en coupe micrographique par un microscope électronique comme illustré
sur la figure 3 présente à partir de la surface de travail 4 une zone où les grains
métalliques sont déformés et comprimés, ceci sur une profondeur de 30 à 32 micromètres.
[0031] A proximité immédiate de la surface 4 on voit bien que la densité des dislocations
est sensiblement 1,5 fois celle qu'on mesure vers l'intérieur de la semelle.
[0032] La rugosité obtenue dans cet exemple est de l'ordre de deux micromètres. Une rugosité
plus fine pourrait être atteinte par un temps de traitement plus long ou une action
de compression plus faible.
[0033] Dans une version préférentielle, pour obtenir ce type de résultat, la surface de
travail de la semelle est présentée, comme illustré en figure 2, après formage des
bords et des trous de vapeur sous un jet de particules 100 transportées par un jet
d'air issu d'une buse 101. La buse est à faible distance, environ à 100 millimètres,
de la semelle 2, qui est déplacée dans son plan longitudinalement suivant les flèches
102 et transversalement, de façon à ce que le jet intéresse toute la surface de travail
de la semelle. Dans une autre version le jet de particules 100 est plat, pouvant être
obtenu par plusieurs buses, sa largeur est supérieure ou égale à la largeur de la
semelle et le déplacement n'a lieu que dans le sens longitudinal.
[0034] Afin de compenser les déformations dues à la compression superficielle du métal la
surface inférieure de la semelle est rendue légèrement concave au formage, pour qu'après
traitement elle s'applique correctement contre le corps chauffant 6.
[0035] Dans une version préférentielle le mélange de particules comprend une majorité de
billes de verre, avec des compléments de billes céramiques par exemple en zircone
ou oxyde d'aluminium, et de particules broyées organiques par exemple de coquilles
de noix, de noix d'amande, de noix de coco. Ce mélange permet d'obtenir une surface
lisse et dure en une seule opération à température ambiante et sans préparation particulière
de la semelle.
[0036] De cette façon on obtient une surface en acier inoxydable de bonne présentation,
d'une dureté lui permettant de mieux résister à la rayure, et glissant sur le linge
comme les meilleurs revêtements connus.
[0037] De manière inattendue, on constate que l'utilisation de particules de matière organique
permet d'injecter dans les micro fissures résiduelles des composés huileux végétaux
qui ajoutent à l'amélioration de la glisse de la semelle.
1. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) caractérisée en ce que sa surface de
travail (4) présente des grains déformés par compression perpendiculaire à la surface,
le nombre de dislocations métalliques par unité de volume étant supérieur d'au moins
40% à celle du métal au coeur de la semelle.
2. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon la revendication 1 caractérisée
en ce que l'épaisseur comprimée du métal, mesurée à partir de la surface, est comprise
entre 25 et 35 micromètres.
3. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon la revendication 2 caractérisée
en ce que la semelle (2) est en acier inoxydable et présente en surface de travail
(4) une dureté Vickers supérieure d'au moins 25% à la dureté Vickers mesurée au coeur
du métal.
4. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon la revendication 3 caractérisée
en ce que la rugosité de la surface de travail mesurée suivant la norme DIN4777 est
inférieure à 3 micromètres
5. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon l'une des revendications précédentes
caractérisée en ce que la compression de la surface en acier inoxydable est obtenue
par un procédé de "shot peening".
6. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon la revendication 5 caractérisée
en ce que le traitement de la surface par "shot peening" s'effectue en une seule opération.
7. Semelle métallique (2) de fer à repasser (1) selon la revendication 6 caractérisée
en ce que les particules utilisées pour le "shot peening" sont un mélange de billes
de verre, de billes céramiques, et de matériaux granuleux organiques naturels.