[0001] L'invention concerne un procédé de réglage de la teneur en vapeur d'eau dans un four
à très haute température, et notamment dans un four de cuisson de céramiques et de
produits carbonés.
[0002] Il a été constaté dans la fabrication de céramiques techniques et de produits carbonés
à des températures de 1 300 à 1 800°C dans des fours à brûleurs que la présence de
la vapeur d'eau résultant de la combustion des combustibles hydrocarbonés par les
brûleurs a des conséquences nuisibles sur la qualité des céramiques et des produits
carbonés obtenus.
[0003] A des températures inférieures, on remédie à cet inconvénient en utilisant des fours
électriques ou des fours à brûleurs radiants, fours dans lesquels n'est pas produite
de la vapeur d'eau. Mais il est techniquement et économiquement difficile d'atteindre
des températures de 1 300 à 1 800°C avec de tels fours et les fours à brûleurs à combustible
s'imposent.
[0004] L'invention fournit donc un procédé de réglage de la teneur en vapeur d'eau dans
un four à très haute température, qui consiste à utiliser comme combustible essentiel
du monoxyde de carbone CO et comme comburant de l'oxygène ou de l'air enrichi en oxygène.
[0005] On peut utiliser du CO seul ou lui combiner une faible quantité d'un combustible
hydrocarboné (gaz naturel par exemple), la faible quantité étant calculée pour donner
une quantité déterminée de vapeur d'eau dans le four.
[0006] Les équations mises en oeuvre dans la combustion sont les suivantes :


(des équations semblables à 2) s'écrivent pour les divers hydrocarbures C
nH
2n+2 autres que le méthane).
[0007] Dans le cas de l'équation 1), il n'y a pas production d'eau tandis que l'équation
2) correspondant schématiquement à l'utilisation du gaz naturel comme combustible
montre la formation d'une quantité importante d'eau.
[0008] Par contre si on introduit un faible débit de gaz naturel dans le brûleur, on peut
déterminer et régler la quantité d'eau présente dans le four.
[0009] En outre l'utilisation de CO présente d'autres avantages par rapport à l'utilisation
du gaz naturel et permet de limiter le volume des fumées et aussi d'améliorer le rendement
thermique.
[0010] On voit d'après les équations 1 et 2 que, en combustion stoechiométrique, le rapport
volumique du comburant au combustible est en faveur du monoxyde de carbone par rapport
au méthane (gaz naturel) que l'on utilise de l'oxygène pur ou de l'air comme comburant.

alors que

[0011] Le même rapport avantageux se retrouve au niveau de la production de fumées :

[0012] Par ailleurs l'énergie libérée par la combustion d'un m3 de CO (avec de l'air à 20°C)
est de 12 MJ/m3 et donne une température adiabatique théorique de 2 468°C (hors énergie
de dissociation) ou de 1 958°C (avec énergie de dissociation).
[0013] Cette température est donc suffisante pour que le four et le produit à chauffer atteignent
une température de 1 800°C.
[0014] L'énergie libérée par la combustion d'un m3 de CH
4 dans les mêmes conditions étant de 33,9 MJ/m
3 "net heating value", la quantité de fumées dégagée par MJ est également favorable
pour la combustion de CO

[0015] On notera que le rendement thermique pour la combustion de CO pur est encore amélioré
par l'absence de formation d'eau car on économise l'énergie de vaporisation de cette
eau.
[0016] Le monoxyde de carbone est un combustible plus coûteux que le gaz naturel ou les
autres combustibles habituels mais les avantages qu'il procure et la très grande difficulté
technique pour obtenir des températures de 1 800°C avec des fours électriques ou à
brûleurs radiants à l'échelle industrielle compensent cet inconvénient.
[0017] Le comburant est constitué par l'air qui peut être séché si on souhaite obtenir une
atmosphère exempte d'eau ou par de l'air enrichi en oxygène jusqu'à de l'oxygène pur.
[0018] On va maintenant décrire un exemple de réalisation d'une installation de mise en
oeuvre du procédé avec référence à la figure unique qui est une représentation schématique
d'un dispositif de mise en oeuvre de la présente invention.
[0019] Un four de cuisson 1 contient un produit à chauffer 2 et est équipé d'une cheminée
3 pour l'évacuation des produits de combustion et d'un brûleur 4.
[0020] Le brûleur 4 est alimenté en monoxyde de carbone par une conduite 5 sur laquelle
sont montés un détecteur D
1 de mesure du débit de CO et une vanne de réglage V
1 du débit de CO. Le comburant (O
2 ou air) est amené au brûleur par une conduite 6 équipée d'un détecteur D
2 de mesure du débit de comburant et d'une vanne de réglage V
2 de ce débit. Une troisième conduite 7 elle aussi équipée d'un détecteur de débit
D
3 et d'une vanne de réglage V
3 du débit permet d'alimenter le brûleur 4 en combustibles hydrocarbonés symbolisés
sur la figure par CH
4 mais qui peuvent comprendre des hydrocarbures supérieurs C
nH
2n+2.
[0021] Des lignes de transfert 8, 9, 10 envoient les informations fournies par les détecteurs
D1, D2 et D3 respectivement à un calculateur 11 qui reçoit par la ligne de transfert
12 une indication de la température dans le four à l'aide d'un capteur 20. La connaissance
de la température dans le four est utile pour la conduite du processus de chauffage
mais n'intervient pas dans le réglage de la teneur en eau.
[0022] Le calculateur 11 calcule les différents paramètres et en fonction de la teneur en
eau voulue règle le débit de CH
4 par l'intermédiaire de la vanne de réglage V3 via la liaison 13.
[0023] Des liaisons 14 et 15 permettent également de régler les débits de comburant et de
combustible respectivement par l'intermédiaire des vannes V2 et V1.
[0024] A titre d'exemple, on trouvera ci-dessous les équations de combustion d'un mélange
de CO et CH
4 qui fournissent la base de l'algorithme utilisé par le calculateur



où EAIR : excès d'air est la quantité d'air sec fournie en excès de la quantité
nécessaire pour une combustion stoechiométrique. EAIR = 0 pour une combustion stoechiométrique.
[0025] Le réglage de l'excès d'air, donc de la teneur en oxygène, est réalisable par cet
algorithme qui montre également qu'en mesurant le débit de CO, le débit de CH
4 et le débit et la composition du comburant, il est possible de connaître et donc
de réguler le volume d'H2O par rapport au volume des produits de combustion et d'en
améliorer la concentration en eau.
[0026] Cet algorithme est donné pour une réaction à l'équilibre et peut être affiné pour
tenir compte des valeurs d'équilibre. Des algorithmes similaires peuvent être calculés
pour les autres hydrocarbures présents dans le combustible hydrogéné.
1. Procédé de réglage de la teneur en vapeur d'eau dans un four fonctionnant à très haute
température entre 1 300 et 1 800°C et chauffé par des brûleurs à combustible, caractérisé
en ce qu'on utilise comme combustible du monoxyde de carbone CO et comme comburant
de l'oxygène ou de l'air éventuellement séché et/ou enrichi en oxygène.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on utilise avec le monoxyde
de carbone une faible proportion de combustible hydrocarboné calculée pour obtenir
une teneur déterminée en vapeur d'eau dans le produit de combustion.
3. Installation de mise en oeuvre du procédé selon l'une ou l'autre des revendications
1 et 2, caractérisée en ce qu'elle comprend :
- un four (1) contenant un produit à chauffer (2),
- un brûleur (4) alimenté en monoxyde d'azote CO par une conduite (5) équipée soit
d'un détecteur de débit (D1) et d'une vanne (V1) de réglage du débit de CO, en comburant par une conduite (6) équipée d'un détecteur
de débit (D2) et d'une vanne (V2) de réglage du débit de comburant et un combustible hydrocarboné par une conduite
(7) équipée d'un détecteur de débit (D3) et d'une vanne (V3) de réglage du débit du combustible hydrocarboné,
- un calculateur (11) relié fonctionnellement aux détecteurs de débit (D1, D2, D3) et aux vannes (V1, V2, V3) pour régler les débits du ou des combustibles ou du comburant selon la teneur en
vapeur d'eau souhaitée dans le four.
4. Installation selon la revendication 3, caractérisée en ce que le four de cuisson (1)
est un four de cuisson pour céramiques ou de produits carbonés.