Art antérieur
[0001] La production d'essences reformulées répondant aux nouvelles normes d'environnement
nécessite notamment que l'on diminue faiblement la concentration en oléfines mais
de façon importante la concentration en aromatiques (surtout le benzène) et en soufre.
Les essences de craquage catalytique, qui peuvent représenter 30 à 50 % du pool essence,
présentent des teneurs en oléfines et en soufre élevées. Le soufre présent dans les
essences reformulées est imputable, à près de 90%, à l'essence de craquage catalytique
(FCC, " Fluid Catalytic Cracking " ou craquage catalytique en lit fluidisé). La désulfuration
(l'hydrodésulfuration) des essences et principalement des essences de FCC est donc
d'une importance évidente pour l'atteinte des spécifications. Outre l'essence de craquage
catalytique, d'autres essences, telles que les essences directement issues de la distillation
du pétrole brut, ou des essences de produit de conversion (coker, vapocraquage ou
autres) peuvent contribuer de façon significative au soufre dans l'essence.
[0002] L'hydrotraitement (hydrodésulfuration) de la charge envoyée au craquage catalytique
conduit à des essences contenant typiquement 100 ppm de soufre. Les unités d'hydrotraitement
de charges de craquage catalytique opèrent cependant dans des conditions sévères de
température et de pression, ce qui suppose un investissement élevé. De plus, la totalité
de la charge du procédé de craquage catalytique doit être désulfurée, ce qui entraîne
le traitement de volumes de charge très importants.
[0003] L'hydrotraitement (ou hydrodésulfuration) des essences de craquage catalytique, lorsqu'il
est réalisé dans des conditions classiques connues de l'homme du métier permet de
réduire la teneur en soufre de la coupe. Cependant, ce procédé présente l'inconvénient
majeur d'entraîner une chute très importante de l'indice d'octane de la coupe, en
raison de la saturation d'une partie significative des oléfines au cours de l'hydrotraitement.
La séparation de l'essence légère et de l'essence lourde avant hydrotraitement a déjà
été revendiquée dans le brevet US-A- 4 397 739. Ce type de séparation permet de séparer
une coupe légère, riche en oléfines, présentant une teneur en soufre faible, qui ne
sera plus compatible avec les spécifications futures et une fraction lourde riche
appauvrie en oléfines et contenant une proportion importante du soufre de l'essence
initiale. Dans ce brevet, il est revendiqué un procédé d'hydrodésulfuration des essences
comprenant un fractionnement de l'essence en une fraction légère et une fraction lourde
et une hydrodésulfuration spécifique de l'essence lourde, mais il n'est proposé aucune
solution pour éliminer le soufre présent dans l'essence légère.
[0004] D'autre part, dans le brevet US-A- 4 131 537 est enseigné l'intérêt de fractionner
l'essence en plusieurs coupes, de préférence trois, en fonction de leur point d'ébullition,
et de les désulfurer dans des conditions qui peuvent être différentes et en présence
d'un catalyseur comprenant au moins un métal du groupe VIB et/ou du groupe VIII. Il
est indiqué dans ce brevet que le plus grand bénéfice est obtenu lorsqu'on fractionne
l'essence en trois coupes, et lorsque la coupe présentant des points d'ébullition
intermédiaires est traitée dans des conditions douces.
[0005] La demande de brevet EP-A- 0 725 126 décrit un procédé d'hydrodésulfuration d'une
essence de craquage dans lequel l'essence est séparée en une pluralité de fractions
comprenant au moins une première fraction riche en composés faciles à désulfurer et
une seconde fraction riche en composés difficiles à désulfurer. Avant d'effectuer
cette séparation, il faut au préalable déterminer la distribution des produits soufrés
au moyen d'analyses. Ces analyses sont nécessaires pour sélectionner l'appareillage
et les conditions de séparation.
[0006] Dans cette demande il est ainsi indiqué qu'une fraction légère d'essence de craquage
voit sa teneur en oléfines et son indice d'octane chuter de manière importante lorsqu'elle
est désulfurée sans être fractionnée. Par contre, le fractionnement de ladite fraction
légère en 7 à 20 fractions suivi d'analyses des teneurs en soufre et en oléfines de
ces fractions permet de déterminer la ou les fractions les plus riches en composés
soufrés qui sont ensuite désulfurées simultanément ou séparément et mélangées aux
autres fractions désulfurées ou non. Une telle procédure est complexe et doit être
reproduite à chaque changement de la composition de l'essence à traiter.
[0007] Dans la demande de brevet français n°98/14480, il est enseigné l'intérêt de fractionner
l'essence en une fraction légère et une fraction lourde puis d'effectuer un hydrotraitement
spécifique de l'essence légère sur un catalyseur à base de nickel, et un hydrotraitement
de l'essence lourde sur un catalyseur comprenant au moins un métal du groupe VIII
et/ou au moins un métal du groupe Vlb.
[0008] Il a également été proposé, par exemple dans le brevet US-A- 5 290 427, des procédés
d'hydrotraitement des essences consistant à fractionner l'essence, puis à introduire
les fractions à différents niveaux d'un réacteur d'hydrodésulfuration et à convertir
les fractions désulfurées sur une zéolithe ZSM-5, afin de compenser la perte d'octane
enregistrée au moyen d'une isomérisation.
[0009] Dans ces procédés, les essences à traiter présentent en général un point initial
supérieur à 70°C, et là encore il est nécessaire de traiter séparément l'essence légère
(fraction correspondant aux composés de point d'ébullition compris entre les C5 (hydrocarbure
à 5 atomes de carbone) et 70°C) par exemple par un adoucissement.
Le brevet US-A-5 318 690 propose un procédé comprenant un fractionnement de l'essence
et un adoucissement de l'essence légère, tandis que l'essence lourde est désulfurée,
puis convertie sur ZSM-5 et désulfurée à nouveau dans des conditions douces. Cette
technique est basée sur une séparation de l'essence brute de façon à obtenir une coupe
légère pratiquement dépourvue de composés soufrés autres que les mercaptans. Ceci
permet de traiter ladite coupe uniquement au moyen d'un adoucissement qui enlève les
mercaptans.
[0010] De ce fait, la coupe lourde contient une quantité relativement importante d'oléfines
qui sont en partie saturées lors de l'hydrotraitement. Pour compenser la chute de
l'indice d'octane liée à l'hydrogénation des oléfines, le brevet préconise un craquage
sur zéolithe ZSM-5 qui produit des oléfines, mais au détriment du rendement. De plus,
ces oléfines peuvent se recombiner avec l'H
2S présent dans le milieu pour reformer des mercaptans. Il est alors nécessaire d'effectuer
un adoucissement ou une hydrodésulfuration supplémentaire.
Résumé de l'invention :
[0011] La présente invention concerne un procédé de désulfuration d'essence, c'est-à-dire
un procédé de production d'essences à faible teneur en soufre, qui permet de valoriser
la totalité d'une charge (en général une coupe essence) contenant du soufre, de préférence
une coupe essence issue d'un procédé de craquage catalytique, et de réduire les teneurs
en soufre dans ladite coupe essence à de très faibles niveaux, sans diminution sensible
du rendement en essence, et tout en minimisant la diminution de l'indice d'octane
due à l'hydrogénation des oléfines. De plus, le procédé selon l'invention permet de
restaurer au moins en partie les éventuelles pertes d'octane dues à l'hydrogénation
des oléfines via le reformage d'une des fractions de l'essences prélablement désulfurée.
[0012] Le procédé selon l'invention est un procédé de production d'essence à faible teneur
en soufre, à partir d'une charge contenant du soufre. Il comprend au moins les étapes
suivantes:
a1) au moins une hydrogénation sélective des dioléfines et des composés acétylèniques
présents dans la charge,
a2) éventuellement au moins une étape visant à augmenter le poids moléculaire des
produits soufrés légers présent dans la charge ou l'effluent de l'étape a1. Cette
étape peut être éventuellement réalisée simultanément à l'étape a1 sur au moins une
partie de la charge, dans le même réacteur ou un réacteur différent. Elle peut également
être effectuée de façon séparée sur au moins une partie de la charge hydrogénée à
l'étape a1.
b) au moins une séparation (également appelée ci-après fractionnement) de l'essence
obtenue à l'étape a1 ou a2 en au moins trois fractions (ou coupes), une fraction légère
contenant les oléfines les plus légères de l'essence initiale (essence légère ou fraction
légère), une fraction lourde dans laquelle la majeure partie des composés soufrés
initialement présents dans l'essence initiale est concentrée (essence ou fraction
lourde), et au moins une fraction intermédiaire présentant une teneur en oléfines
et une teneur en aromatiques relativement faibles et donc un indice d'octane bas par
rapport aux fractions légères et lourdes de cette essence.
c1) au moins un traitement de l'essence lourde séparée à l'étape b sur un catalyseur
permettant de décomposer ou d'hydrogéner au moins partiellement les composés soufrés
insaturés, notamment les composés soufrés cycliques, voire aromatiques tels que par
exemple les composés thiophéniques, en se plaçant dans des conditions telles que l'hydrogénation
des oléfines sur ce catalyseur est limitée. La fraction lourde peut éventuellemment
être mélangée avant ou après cette étape c1, avec au moins une partie d'une fraction
intermédiaire issue de l'étape b de séparation et préférentiellement non désulfuré.
c2) l'étape c1 est éventuellement suivie par une étape c2 de traitement de l'effluent
de l'étape c1 sur un catalyseur qui permet de décomposer les composés soufrés et plus
préférentiellement les composés soufrés saturés linéaires et/ou cycliques, avec une
hydrogénation limitée des oléfines.
d) au moins une étape visant à baisser de façon significative la teneur en soufre
et en azote d'au moins une des fractions intermédiaires. Cette étape de désulfuration
et déazotation est accompagnée de préférence d'une hydrogénation pratiquement totale
des oléfines présentes dans cette fraction. La fraction ainsi obtenue est alors traitée
par reformage catalytique afin d'augmenter l'indice d'octane de la (des) dîte(s) coupe(s)
intermédiaire(s).
e) éventuellement une étape e de mélange d'au moins deux fractions dont au moins une
a subit un traitement de désulfuration à l'étape c1 et éventuellement c2 et/ou à l'étape
d.
[0013] Les traitements catalytiques des étapes c1 et/ou c2 peuvent être réalisés soit dans
un seul réacteur contenant les deux catalyseurs, soit dans au moins deux réacteurs
différents. Quand le traitement est réalisé à l'aide de deux réacteurs, ces deux derniers
sont de préférence placés en série, le second réacteur traitant de préférence intégralement
l'effluent en sortie du premier réacteur, de préférence sans séparation du liquide
et du gaz entre le premier et le second réacteur. Il est également possible d'utiliser
plusieurs réacteurs en parallèle ou en série pour l'une et/ou l'autre des étapes c1
ou c2.
Par ailleurs une étape e est de préférence effectuée après l'étape d, cette étape
consiste à mélanger les essences séparées à l'étape b qu'elles aient ou non subi des
traitements de désulfuration.
[0014] La charge du procédé selon l'invention est généralement une coupe essence contenant
du soufre, telle que par exemple une coupe issue d'une uinté de cokéfaction (coking),
de viscoréduction (visbreaking), de vapocraquage, ou de craquage catalytique (FCC).
Ladite charge est de préférence constituée d'une coupe essence issue d'une unité de
craquage catalytique, dont la gamme de points d'ébullition s'étend typiquement depuis
environ les points d'ébullitions des hydrocarbures à 5 atomes de carbone (C
5) jusqu'à environ 250°C. Cette essence peut éventuellement être composée d'une fraction
significative d'essence d'autres origines telles que les essences directement issues
de la distillation atmosphérique du pétrole brut (essence straight run) ou de procédé
de conversion (essence de coker ou de vapocraquage par exemple). Le point final de
la coupe essence dépend de la raffinerie dont elle est issue et des contraintes du
marché, mais reste généralement dans les limites indiquées ci-avant.
Description détaillée l'invention :
[0015] Il est décrit dans la présente invention un procédé permettant l'obtention d'une
essence contenant des composés soufrés, préférentiellement issue d'une unité de craquage
catalytique, dans lequel l'essence subit tout d'abord un traitement d'hydrogénation
sélective des dioléfines et des composés acétyléniques, puis éventuellement une étape
visant à alourdir les composés soufrés les plus légers, éventuellement présents dans
l'essence et qui devrait, en l'absence de cette étape, se trouver dans l'essence légère
après fractionnement, au moins une séparation de l'essence en au moins trois fractions,
un traitement d'au moins une des fractions intermédiaires visant à désulfurer et déazoter
de façon significative cette coupe avant de lui faire subir un traitement de reformage
catalytique, un traitement de l'essence lourde éventuellement en mélange avec au moins
une partie d'une des fractions intermédiaires, au moyen d'un catalyseur connu pour
favoriser la transformation des composés insaturés du soufre présents dans l'essence,
tels que par exemple les composés thiophéniques, en composé saturés du soufre tel
que les thiophane, les mercaptans, puis éventuellement d'un deuxième catalyseur favorisant
la transformation sélective des composés saturés du soufre, linéaires ou cycliques
déjà présents dans la coupe lourde ou produits lors du traitement précédent. Les fractions
lourdes et intermédiaires ainsi traitées, et éventuellement la fraction essence légère
peuvent ensuite être mélangées afin d'obtenir une essence désulfurée.
[0016] Cet enchaînement permet d'obtenir in fine une essence désulfurée avec un contrôle
de la teneur en oléfines ou de l'indice d'octane et ce même pour des taux de désulfuration
élevés. Grâce à ce procédé, des taux d'hydrodésulfuration importants sont atteints,
dans des conditions opératoires raisonnables précisées ci-aprés. De plus, en optimisant
les points de coupes des fractions intermédiaires et en sélectionnant celles qui sont
envoyées à l'étape de reformage catalytique, il est possible de minimiser la teneur
en benzène de l'essence finale (par exemple à des teneurs inférieures à 5% poids dans
le mélange final des fractions essence désulfurées), de maitriser la teneur en oléfines,
et de maintenir des valeurs d'indice d'octane recherche et moteur élevées.
[0017] Les espèces soufrées contenues dans les charges traitées par le procédé de l'invention
peuvent être des mercaptans ou des composés hétérocycliques, tels que par exemple
les thiophènes ou les alkyl-thiophènes, ou des composés plus lourds, comme par exemple
le benzothiophène ou le dibenzothiophène. Lorsqu'une l'essence contenant des composés
soufrés légers est fractionnée en deux coupes, une coupe légère riche en oléfines
et une coupe lourde appauvrie en oléfines, les composés soufrés légers (par exemple:
éthyl mercaptan, propylmercaptan et éventuellement le thiophène) peuvent être en partie
voire en totalité présents dans l'essence légère. Il est alors souvent nécessaire
d'appliquer un traitement supplémentaire à cette fraction légère pour diminuer la
teneur en soufre qu'elle contient. De façon conventionnelle, ce traitement est par
exemple un adoucissement extractif qui permet d'éliminer de l'essence les composés
légers du soufre présents sous la forme de mercaptan. Outre le fait que ce traitement
alourdit fatalement le coût de l'opération, il n'est opérationnel que si le soufre
est sous la forme de mercaptan. Le point de fractionnement de l'essence doit donc
être préférentiellement limité afin de ne pas entraîner la présence de thiophène dans
l'essence légère. Ce dernier forme en effet des azéotropes avec un certain nombre
d'hydrocarbures, on ne pourra séparer dans l'essence légère que les oléfines en C
5 et une faible partie des oléfines en C
6 sous peine d'entraîner une fraction trop importante de thiophène dans cette coupe.
Dans le procédé selon l'invention, pour permettre de recouvrer une fraction plus importante
des oléfines présentes dans l'essence légère tout en limitant la teneur en soufre
de cette fraction sans traitement supplémentaire, il est proposé de manière préférée
de traiter la charge, après une première étape d'hydrogénation sélective, dans des
conditions et sur des catalyseurs qui permettent de transformer les composés soufrés
légers en composés soufrés de point d'ébullition plus élevés afin qu'ils se retrouvent
après l'étape de séparation, dans les fractions plus lourdes. L'essence est ensuite
fractionnée en au moins trois coupes : une fraction légère qui contient une fraction
significative des oléfines initialement présentes dans l'essence à traiter mais une
très faible quantité de composés soufrés, au moins une fraction intermédiaire qui
est désulfurée et déazotée, puis traitée sur un catalyseur de reformage et une fraction
lourde qui est désulfurée dans des conditions définies et au moyen d'un catalyseur
ou d'un enchaînement de catalyseurs permettant d'atteindre des taux de désulfuration
élevés tout en limitant le taux d'hydrogénation des oléfines et donc la perte en octane.
Afin de minimiser la teneur en benzène de l'essence finale un des modes plus préféré
de réalisation de l'invention consiste à traiter la charge dans des conditions et
sur des catalyseurs qui permettent de transformer les composés soufrés légers en composés
soufrés de point d'ébullition plus élevés se retrouvant après l'étape de séparation,
dans les fractions plus lourdes. L'essence est ensuite séparée en 4 coupes :
- une fraction légère qui contient la fraction principale des molécules à 5 atomes carbone
(C5) et une fraction significative des molécules à 6 atomes de carbone (C6) initialement présentes dans l'essence à traiter. Cette fraction est caractérisée
par une concentration importante en oléfines et une très faible teneur en soufre,
- une première fraction intermédiaire composée essentiellement (c'est-à-dire à plus
de 60 % poids de préférence plus de 80 % poids) de molécules à six atomes de carbone
(C6) et d'une partie des molécules présentant 7 atomes de carbone (C7) ainsi que la plus grande partie des composés soufrés ayant un point d'ébulition
voisin de celui de l'azéotrope qu'il forme avec des hydrocarbures, à environ 20 %
près. Cette fraction est de préférence mélangée à l'essence lourde avant hydrodésulfuration
(étapes c1 et c2) ou après décomposition ou hydrogénation au moins partielle des composés
soufrés insaturés (étape c1) mais avant décomposition des composés soufrés saturés
(étape c2), afin d'être désulfurée dans des conditions permettant de limiter l'hydrogénation
des oléfines. Cette essence n'est de préférence pas envoyée au reformage catalytique
car elle contient un ensemble de composés qui lors du traitement de reformage, conduiraient
à la formation de benzène. Ces composés sont connus par l'homme du métier comme étant
des "précurseurs de benzène" et peuvent par exemple être le méthylcyclopentane, le
cyclohexane, le n-hexane ou le benzène lui-même. Lorsque la législation locale le
permet, cette coupe intermédiaire peut toutefois éventuellement être envoyée vers
l'unité de traitement de la deuxième coupe intermédiaire;
- une deuxième fraction intermédiaire qui est désulfurée et déazotée sur un catalyseur
d'hydrotraitement conventionnel afin d'éliminer la quasi totalité du soufre et de
l'azote initialement présents dans cette coupe (c'est-à-dire d'abaisser leur teneur
à moins de 5 ppm, de préférence moins de 1 ppm). Ce traitement s'accompagne de l'hydrogénation
pratiquement totale des oléfines de cette coupe, qui permet d'abaisser la teneur en
oléfine à des valeurs de préférence inférieures à 10% poids, et de manière plus préférée
inférieures à 5 % poids. Cette coupe est ensuite traitée sur une catalyseur de reformage
catalytique permettant l'isomérisation et la déhydrocyclisation des paraffines et
des naphtènes avec formation de paraffines branchées et de composés aromatiques.
- la coupe lourde, de préférence mélangée avec la première fraction intermédiaire, est
désulfurée dans des conditions définies et au moyen d'un enchaînement de catalyseurs
permettant d'atteindre des taux de désulfuration élevés tout en limitant le taux d'hydrogénation
des oléfines et donc la perte en octane.
[0018] Ainsi, lorsque les coupes esences légère, intermédiaires, et lourdes sont mélangées
après les traitements de désulfuration selon l'invention, la perte en octane recherche
ou moteur, exprimée sous la forme de la différence entre la valeur moyenne (RON+MON)/2
observée dans ce mélange et la valeur moyenne (RON+MON)/2 de la charge initiale, est
limitée à moins de 2 points d'octane, de préférence moins de 1,7 points d'octane,
et de manière plus préférée moins de 1,5 points d'octane, et de manière très préférée
moins de 1 point d'octane. Dans certains cas, la valeur moyenne (RON+MON)/2 de l'essence
désulfurée au moyen du procédé selon l'invention peut même diminuer de moins de 0,5
point d'octanes par rapport à la valeur moyenne (RON+MON)/2 de la charge, voire même
au contraire augmenter d'au moins 0,5 point.
[0019] La teneur en soufre des coupes essences produites par craquage catalytique (FCC)
dépend de la teneur en soufre de la charge traitée au FCC, ainsi que du point final
de la coupe. Généralement, les teneurs en soufre de l'intégralité d'une coupe essence,
notamment celles provenant du FCC, sont supérieures à 100 ppm en poids et la plupart
du temps supérieures à 500 ppm en poids. Pour des essences ayant des points finaux
supérieurs à 200°C, les teneurs en soufre sont souvent supérieures à 1000 ppm en poids,
elles peuvent même dans certains cas atteindre des valeurs de l'ordre de 4000 à 5000
ppm en poids.
[0020] Le procédé selon l'invention s'applique notamment lorsque des taux de désulfuration
élevés de l'essence sont requis, c'est à dire lorsque l'essence désulfurée doit contenir
au plus 10 % du soufre de l'essence initiale et éventuellement au plus 5 % voire au
plus 2 % du soufre de l'essence initiale ce qui correspond à des taux de désulfuration
supérieurs à 90 % voire supérieurs à 95 ou à 98 %.
[0021] Le procédé selon l'invention comprend au moins les étapes suivantes:
a1) au moins une étape consistant à faire passer la charge, constituée de préférence
par l'ensemble de la coupe essence, sur un catalyseur permettant d'hydrogéner sélectivement
les dioléfines et les composés acétyléniques de l'essence sans hydrogéner les oléfines,
a2) éventuellement au moins une étape optionnelle consistant à faire passer au moins
une partie de l'essence initiale ou de l'essence hydrogénée à l'étape a1, de préférence
l'ensemble de l'essence initiale ou hydrogénée à l'étape a1, sur un catalyseur permettant
de transformer au moins en partie les composés soufrés légers (par exemple : ethylmercaptan,
propyl mercaptan, thiophène) avec au moins une partie des dioléfines ou oléfines en
composés soufrés plus lourds. Cette étape est de préférence réalisée simultanément
à l'étape a1 en passant par exemple l'essence initiale sur un catalyseur capable à
la fois d'hydrogéner les dioléfines et acétyléniques et de transformer les composés
soufrés légers et une partie des dioléfines ou des oléfines en composés soufrés plus
lourds, ou sur un catalyseur distinct mais permettant de réaliser cette transformation
dans le même réacteur que l'étape a1. Il est éventellement possible d'observer sur
certains types de charges une augmentation de la teneur en mercaptans à l'issue de
a1) ou a2), cette augmentation de la teneur en mercaptans est probablement due à une
hydrogenolyse des disulfures de poids moléculaire élevé. Au cours de cette étape,
l'ensemble des composés soufrés légers, c'est à dire les composés dont le point d'ébulition
est inférieur à celui de thiophène, peuvent être transformé. On peut citer parmis
ces composés le CS2, le diméthylsulfure, le methyléthylsulfure ou le COS.
b) au moins une étape visant à séparer l'essence initiale en au moins une essence
légère (fraction légère) au moins une essence intermédiaire (fraction intermédiaire)
et une essence lourde (fraction lourde). Le point de coupe de l'essence légère est
déterminé afin de limiter la teneur en soufre de l'essence légère et de permettre
son utilisation dans le pool essence, de préférence sans aucun traitement supplémentaire,
notamment sans désulfuration. Le point de coupe de l'essence intermédiaire est généralement
conditionné par les restrictions qu'impose le procédé de reformage dans lequel cette
dernière sera traitée. Une des configurations préférée consiste à fractionner l'essence
afin d'obtenir une fraction légère, une fraction lourde, et deux essences intermédiaires
: une première essence intermédiaire principalement constituée de composés à six atomes
de carbone, qui est ensuite de préférence mélangée à la fraction lourde de l'essence,
de préférence avant l'étape c1 ou éventuellement entre le traitement de saturation
des composés soufrés insaturés (étape c1) et la décomposition de ces composés (étape
c2) et une seconde essence intermédiaire constituée principalement des molécules contenant
7 ou 8 atomes de carbone (C7 ou C8) qui est traitée dans l'étape d.
c1) au moins une étape comprenant le traitement d'au moins une partie de l'essence
lourde et éventuellement d'au moins une partie des coupes intermédiaires sur un catalyseur
permettant la transformation d'au moins une partie des composés soufrés insaturés
présents dans ladite charge, tels que par exemple les composés thiophéniques, en composés
soufrés saturés, tels que par exemple les thiophanes (ou thiacyclopentane) ou les
mercaptans, selon une succession de réactions décrites ci-après :

La réaction de décomposition totale avec libération d'H2S est également possible et accompagne généralement de façon significative les réactions
de saturation des composés soufrés insaturés.
Cette réaction d'hydrogénation peut être réalisée sur tout catalyseur favorisant ces
réactions tel que par exemple un catalyseur comprenant au moins un métal du groupe
VIII et/ou au moins un métal du groupe Vlb, de préférence au moins en partie sous
la forme de sulfures. Quand un tel catalyseur est utilisé, les conditions opératoires
sont ajustées afin de pouvoir hydrogéner au moins en partie les composés insaturés,
tels que les composés thiophéniques, tout en limitant l'hydrogénation des oléfines.
c2) après ce traitement il peut être réalisé éventuellement au moins une étape c2
dans laquelle les composés soufrés saturés présents dans l'essence initiale ou obtenus
à l'issue de la réaction de saturation (étape c1) sont convertis en H2S selon les exemples de réactions :

Ce traitement peut être réalisé sur tout catalyseur permettant la conversion des
composés saturés du soufre (principalement les composés de type thiophanes ou de type
mercaptans). Il peut par exemple être effectué sur un catalyseur à base d'au moins
un métal du groupe VIII de l'ancienne classification périodique (groupes 8, 9 ou 10
de la nouvelle classification périodique).
L'essence lourde ainsi désulfurée est ensuite éventuellement strippée (c'est-à-dire
qu'un courant gazeux, de préférence contenant un ou des gaz inertes est passé au travers
de cette essence), afin d'éliminer l'H2S produit lors de la hydrodésulfuration. L'essence légère séparée à l'étape b et l'essence
lourde désulfurée à l'étape c1 et/ou à l'étape c2 peuvent ensuite soit éventuellement
être mélangées et envoyées dans le pool essence de la raffinerie, soit valorisées
séparément sans être mélangées.
d) le traitement d'au moins une des coupes intermédiaires par un procédé visant à
éliminer la quasi totalité des composés soufrés et azotés de cette fraction, et préférentiellement
à hydrogéner la totalité des oléfines, puis à traiter l'effluent ainsi hydrotraité
sur un catalyseur de reformage qui permet l'isomérisation et la déshydrocyclisation
des paraffines.
e) éventuellement une étape e de mélange d'au moins deux fractions dont au moins une
a subi un traitement de désulfuration à l'étape c1 et éventuellement c2 et/ou à l'étape
d.
[0022] Les différentes étapes du procédé selon l'invention sont décrites plus en détail
ci après.
- Hydrogénation des dioléfines et acétylèniques (étape a1):
[0023] L'hydrogénation des diènes est une étape qui permet d'éliminer, avant hydrodésulfuration,
la presque totalité des diènes présents dans la coupe essence contenant du soufre
à traiter. Elle se déroule préférentiellement en première étape (étape a1) du procédé
selon l'invention, généralement en présence d'un catalyseur comprenant au moins un
métal du groupe VIII, de préférence choisi dans le groupe formé par le platine, le
palladium et le nickel, et un support. On emploiera par exemple un catalyseur à base
de nickel ou de palladium déposé sur un support inerte, tel que par exemple de l'alumine,
de la silice ou un support contenant au moins 50 % d'alumine.
La pression employée est suffisante pour maintenir plus de 60 %, de préférence 80
%, et de manière plus préférée de 95 % en poids de l'essence à traiter en phase liquide
dans le réacteur ; elle est le plus généralement comprise entre environ 0,4 et environ
5 MPa et de préférence supérieure à 1 MPa, de manière plus préférée comprise entre
1 et 4 MPa. La vitesse spatiale horaire du liquide à traiter est comprise entre environ
1 et environ 20 h
-1(volume de charge par volume de catalyseur et par heure), de préférence entre 3 et
10 h
-1, de manière très préférée entre 4 et 8 h
-1. La température est comprise le plus généralement entre environ 50 et environ 250
°C, et de préférence entre 80 et 230 °C, et de manière plus préférée entre 150 et
200 °C, pour assurer une conversion suffisante des dioléfines. De façon très préférée
elle est limitée à au plus 180°C. Le rapport hydrogène sur charge exprimé en litre
est généralement compris entre 5 et 50 litres par par litre, de préférence entre 8
et 30 litres par litre.
Le choix des conditions opératoires est particulièrement important. On opérera le
plus généralement sous pression et en présence d'une quantité d'hydrogène en faible
excès par rapport à la valeur stoechiométrique nécessaire pour hydrogéner les dioléfines
et acétyléniques. L'hydrogène et la charge à traiter sont injectés en courants ascendants
ou descendants dans un réacteur comprenant de préférence un lit fixe de catalyseur.
Un autre métal peut être associé au métal principal pour former un catalyseur bimétallique,
tel que par exemple le molybdène ou le tungstène. L'utilisation de telles formules
catalytiques a par exemple été revendiquée dans le brevet FR 2 764 299.
L'essence de craquage catalytique peut contenir jusqu'à quelques % poids de dioléfines.
Après hydrogénation, la teneur en dioléfines est généralement réduite à moins de 3000
ppm, voire moins de 2500 ppm et de manière plus préférée moins de 1500 ppm. Dans certains
cas, il peut être obtenu moins de 500 ppm. La teneur en diènes après hydrogénation
sélective peut même si nécessaire être réduite à moins de 250 ppm.
Selon une réalisation particulière du procédé selon l'invention, l'étape d'hydrogénation
des diènes se déroule dans un réacteur catalytique d'hydrogénation qui comprend une
zone réactionnelle catalytique traversée par la totalité de la charge et la quantité
d'hydrogène nécessaire pour effectuer les réactions désirées.
- Transformation des composés légers du soufre en composés plus lourds (étape a2):
[0024] Cette étape optionnelle consiste à transformer les composés légers du soufre, qui
à l'issue de l'étape b de séparation se trouveraient dans l'essence légère en l'absence
de cette étape. Elle s'effectue préférentiellement sur un catalyseur comprenant au
moins un élément du groupe VIII (groupes 8, 9 et 10 de la nouvelle classification
périodique), ou comprenant une résine. En présence de ce catalyseur, les composés
légers du soufre sont transformés en composés soufrés plus lourds, entraînés dans
l'essence lourde.
[0025] Cette étape optionnelle peut être éventuellement réalisée en même temps que l'étape
a1. Par exemple, il peut être particulièrement avantageux d'opérer, lors de l'hydrogénation
des dioléfines et acétyléniques, dans des conditions telles qu'au moins une partie
des composés sous forme de mercaptan soient transformés. Ainsi une certaine réduction
de la teneur en mercaptans est obtenue. Pour ce faire, on peut utiliser la procédure
d'hydrogénation des diènes décrite dans la demande de brevet EP-A-0 832 958, qui utilise
avantageusement un catalyseur à base de palladium, ou celle décrite dans le brevet
FR 2 720 754.
Une autre possibilité est d'utiliser un catalyseur à base de nickel identique ou différent
du catalyseur de l'étape a1, tel que par exemple le catalyseur préconisé dans le procédé
du brevet US-A-3 691 066, qui permet de transformer les mercaptans (butylmercaptan)
en composés soufrés plus lourds (méthyl thiophène).
Une autre possibilité pour réaliser cette étape, consiste à hydrogéner au moins en
partie le thiophène en thiophane dont le point d'ébullition est supérieur à celui
du thiophène (point d'ébullition 121°C). Cette étape peut être réalisée sur un catalyseur
à base de nickel, de platine ou de palladium. Dans ce cas les températures sont généralement
comprises entre 100 et 300°C et de préférence entre 150 et 250°C. Le rapport H2/charge
est ajusté entre 1 et 20 litres par litres, de préférence entre 2 et 15 litres par
litres, pour permettre l'hydrogénation désirée des composés thiophéniques tout en
minimisant l'hydrogénation des oléfines présentes dans la charge. La vitesse spatiale
est généralement comprise entre 1 et 10 h
-1, de préférence entre 2 et 4 h
-1 et la pression comprise entre 0,5 et 5 MPa, de préférence entre 1 et 3 MPa. Lors
de cette étape, et ce quelque soit le procédé utilisé, une partie des composés soufrés
légers tels que les sulfures (diméthyl sulfure, méthyl-ethylsulfure), le CS
2, le COS peuvent également être transformés.
Une autre possibilité pour réaliser cette étape consiste à faire passer l'essence
sur un catalyseur présentant une fonction acide qui permet de réaliser l'addition
des composés soufrés sous forme de mercaptans sur les oléfines et de réaliser la réaction
d'alkylation du thiophène par ces mêmes oléfines. Il est par exemple possible de faire
passer l'essence à traiter sur une résine échangeuse d'ions, telles qu'une résine
sulfonique. Les conditions d'opération seront ajustées pour réaliser la transformation
désirée tout en limitant les réactions parasites d'oligomérisation des oléfines. On
opère généralement en présence d'une phase liquide, à une température comprise entre
10 et 150°C et de préférence entre 10 et 70°C. La pression opératoire est comprise
entre 0,1 et 2 MPa et de préférence entre 0,5 et 1 MPa. La vitesse spatiale est généralement
comprise entre 0,5 et 10 h
-1 et de préférence entre 0,5 et 5 h
-1. Dans cette étape le taux de conversion des mercaptans est généralement supérieur
à 50 % et le taux de transformation du thiophène est généralement supérieur à 20 %.
[0026] Pour minimiser l'activité oligomérisante du catalyseur acide éventuellement utilisé,
l'essence peut être additivée d'un composé connu pour inhiber l'activité oligomérisante
des catalyseurs acides tel que par exemple les alcools, les éthers ou l'eau.
- Séparation de l'essence en au moins trois fractions (étape b):
[0027] Dans cette étape l'essence est fractionnée en au moins trois fractions :
- une fraction légère présentant une teneur en soufre résiduelle de préférence limitée
à 50 ppm, de manière plus préférée limitée à 25 ppm, et de manière très préférée limitée
à 10 ppm, et permettant de préférence d'utiliser cette coupe sans autre traitement
visant à diminuer sa teneur en soufre,
- au moins une fraction intermédiaire présentant une teneur en oléfines et une teneur
en aromatiques relativement faibles,
- une fraction lourde dans laquelle la majeure partie du soufre, initialement présent
dans la charge, est concentrée.
[0028] Cette séparation est réalisée de préférence au moyen d'une colonne de distillation
classique appelée aussi splitter. Cette colonne de fractionnement doit permettre de
séparer une fraction légère de l'essence contenant une faible fraction du soufre,
au moins une fraction intermédiaire composée principalement de composés présentant
de 6 à 8 atomes de carbone et une fraction lourde contenant la majeure partie du soufre
initialement présent dans l'essence initiale.
[0029] Cette colonne opère généralement à une pression comprise entre 0,1 et 2 MPa et de
préférence entre 0,2 et 1 MPa. Le nombre de plateaux théoriques de cette colonne de
séparation est généralement compris entre 10 et 100 et de préférence entre 20 et 60.
Le taux de reflux, de la colonne exprimé par le rapport entre le débit de liquide
dans la colonne et le débit de charge est généralement inférieur à l'unité et de préférence
inférieur à 0,8, lorsque ces débits sont mesurés en kilogramme par heure (kg/h).
[0030] L'essence légère obtenue à l'issue de la séparation contient généralement au moins
l'ensemble des oléfines en C
5, de préférence les composés en C
5 et au moins 20 % des oléfines en C
6. Généralement, cette fraction légère présente une faible teneur en soufre (par exemple
inférieure à 50 ppm), c'est à dire qu'il n'est pas en général nécessaire de traiter
la coupe légère avant de l'utiliser comme carburant. Toutefois, dans certains cas
cas extrêmes, un adoucissement de l'essence légère peut être envisagé.
- Hydrogénation des composés insaturés du soufre (étape c1):
[0031] Cette étape, qui s'applique à l'essence lourde éventuellement mélangée avec au moins
une partie d'une fraction intermédiaire obtenue à l'issue de l'étape b de séparation.
De préférence cette fraction intermédiaire est composée essentiellement (c'est-à-dire
à plus de 60 % poids, de préférence plus de 80 % poids) de molécules en C
6 ou en C
7 ainsi que de la plus grande partie des composés soufrés ayant un point d'ébullition
voisin de celui de l'azéotrope du thiophène avec des paraffines, à environ 20 % près.
Cette étape consiste à transformer au moins une partie des composés insaturés du soufre
tels que les composés thiophéniques, en composés saturés par exemple en thiophanes
(ou thiacyclopentanes) ou en mercaptans, ou encore éventuellement à hydrogénolyser
au moins partiellement ces composés soufrés insaturés pour former de l'H
2S.
Cette étape peut par exemple être réalisée par passage de la fraction lourde, éventuellement
mélangée avec au moins une partie d'une fraction intermédiaire sur un catalyseur comprenant
au moins un élément du groupe VIII et/ou au moins un élément du groupe Vlb au moins
en partie sous forme sulfure, en présence d'hydrogène, à une température comprise
entre environ 200°C et environ 350°C, de préférence entre 220°C et 290°C, sous une
pression généralement comprise entre environ 1 et environ 4 MPa, de préférence entre
1,5 et 3 MPa. La vitesse spatiale du liquide est comprise entre environ 1 et environ
20 h
-1 (exprimée en volume de liquide par volume de catalyseur et par heure), de préférence
entre 1 et 10 h
-1, de manière très préférée entre 3 et 8 h
-1. Le rapport H
2/HC est compris entre 50 à 600 litres par litre et préférentiellement entre 300 et
600 litres par litre.
Pour réaliser, au moins en partie, l'hydrogénation des composés soufrés insaturés
de l'essence selon le procédé de l'invention, on utilise en général au moins un catalyseur,
comprenant au moins un élément du groupe VIII (métaux des groupes 8, 9 et 10 de la
nouvelle classification, c'est-à-dire le fer, le ruthénium, l'osmium, le cobalt, le
rhodium, l'iridium, le nickel, le palladium ou le platine) et/ou au moins un élément
du groupe Vlb (métaux du groupe 6 de la nouvelle classification, c'est-à-dire le chrome,
le molybdène ou le tungstène), sur un support approprié.
[0032] La teneur en métal du groupe VIII exprimée en oxyde est généralement comprise entre
0,5 et 15 % poids, préférentiellement entre 1 et 10 % poids. La teneur en métal du
groupe Vlb est généralement comprise entre 1,5 et 60 % poids, préférentiellement entre
3 et 50 % poids.
L'élément du groupe VIII, lorsqu'il est présent, est de préférence le cobalt, et l'élément
du groupe Vlb, lorsqu'il est présent, est généralement le molybdène ou le tungstène.
Des combinaisons telles que cobalt-molybdène sont préférées. Le support du catalyseur
est habituellement un solide poreux, tel que par exemple une alumine, une silice-alumine
ou d'autres solides poreux, tels que par exemple de la magnésie, de la silice ou de
l'oxyde de titane, seuls ou en mélange avec de l'alumine ou de la silice-alumine.
Pour minimiser l'hydrogénation des oléfines présentes dans l'essence lourde il est
avantageux d'utiliser préférentiellement un catalyseur dans lequel la densité de molybdène,
exprimée en % poids de MoO
3 par unité de surface est supérieure à 0,07 et de préférence supérieure à 0,10. Le
catalyseur selon l'invention présente de préférence une surface spécifique inférieure
à 190 m
2/g, de manière plus préférée inférieure à 180m
2/g, et de manière très préférée inférieure à 150 m
2/g.
Après introduction du ou des éléments et éventuellement mise en forme du catalyseur
(lorsque cette étape est réalisée sur un mélange contenant déjà les éléments de base),
le catalyseur est dans une première étape activé. Cette activation peut correspondre
soit à une oxydation puis à une réduction, soit à une réduction directe, soit à une
calcination uniquement. L'étape de calcination est généralement réalisée à des températures
allant d'environ 100 à environ 600 °C et de préférence comprises entre 200 et 450
°C, sous un débit d'air. L'étape de réduction est réalisée dans des conditions permettant
de convertir au moins une partie des formes oxydées du métal du groupe VIII et/ou
du groupe VI b à l'état métallique. Généralement, elle consiste à traiter le catalyseur
sous un flux d'hydrogène à une température de préférence au moins égale à 300 °C.
La réduction peut aussi être réalisée en partie au moyen de réducteurs chimiques.
[0033] Le catalyseur est de préférence utilisé au moins en partie sous sa forme sulfurée.
L'introduction du soufre peut intervenir avant ou après toute étape d'activation,
c'est-à-dire de calcination ou de réduction. De préférence, aucune étape d'oxydation
n'est réaliséeaprès que le soufre ou un composé soufré ait été introduit sur le catalyseur.
Il est donc par exemple préférable lorsque le catalyseur est sulfuré après séchage
de ne pas calciner le catalyseur, par contre une étape de réduction peut éventuellement
être réalisée après la sulfuration.
[0034] Le soufre ou un composé soufré peut être introduit
ex situ, c'est-à-dire en dehors du réacteur où le procédé selon l'invention est réalisé, ou
in situ, c'est-à-dire dans le réacteur utilisé pour le procédé selon l'invention. Dans ce
dernier cas, le catalyseur est de préférence réduit dans les conditions décrites précédemment,
puis sulfuré par passage d'une charge contenant au moins un composé soufré, qui une
fois décomposé conduit à la fixation de soufre sur le catalyseur. Cette charge peut
être gazeuse ou liquide, par exemple de l'hydrogène contenant de l'H
2S, ou un liquide contenant au moins un composé soufré.
[0035] D'une façon préférée, le composé soufré est ajouté sur le catalyseur
ex situ. Par exemple, après l'étape de calcination, un composé soufré peut être introduit
sur le catalyseur en présence éventuellement d'un autre composé. Le catalyseur est
ensuite séché, puis transféré dans le réacteur servant à mettre en oeuvre le procédé
selon l'invention. Dans ce réacteur, le catalyseur est alors traité sous hydrogène
afin de transformer au moins une partie du métal principal en sulfure. Une procédure
qui convient particulièrement à l'invention est celle décrite dans les brevets FR-B-
2 708 596 et FR-B- 2 708 597.
[0036] Dans le procédé selon l'invention la conversion des composés soufrés insaturés est
supérieure à 15 % et de préférence supérieure à 50 %. Dans le même temps le taux d'hydrogénation
des oléfines est de préférence inférieur à 50 %, de façon plus préférée inférieure
à 40 %, et de manière très préférée inférieure à 35 %, au cours de cette étape.
[0037] Dans le procédé selon l'invention, l'essence traitée dans l'étape c1 peut éventuellement
contenir au moins une partie d'au moins une fraction intermédiaire obtenue dans l'étape
b. Par exemple il peut être avantageux de traiter dans cette étape une fraction de
l'essence qu'il n'est pas souhaitable d'envoyer dans le procédé de reformage catalytique.
[0038] L'effluent issu de cette première étape d'hydrogénation est éventuellement ensuite
envoyé, vers l'étape c2 qui permet de décomposer les composés soufrés saturés en H
2S.
- Décomposition des composés saturés du soufre (étape c2) :
[0039] La charge de cette étape est constituée soit uniquement de l'effluent issu de l'étape
c1, soit d'un mélange comprenant l'effluent de l'étape c1 et au moins une partie d'au
moins une fraction intermédiaire. De préférence cette fraction intermédiaire est composée
essentiellement (c'est-à-dire à plus de 60 % poids, de préférence plus de 80 % poids)
de molécules en C
6 ou en C
7 ainsi que de la plus grande partie des composés soufrés ayant un point d'ébullition
voisin de celui de l'azéotrope du thiophène avec des hydrocarbures à 20 % près.
[0040] Dans cette étape, les composés saturés du soufre sont transformés en présence d'hydrogène,
sur un catalyseur adapté. La décomposition des composés insaturés non hydrogénés lors
de l'étape c1 peut également avoir lieu simultanément. Cette transformation est réalisée,
sans hydrogénation importante des oléfines, c'est à dire qu'au cours de cette étape
la quantité d'oléfines hydrogénées est généralement limitée à moins de 20 % en volume
par rapport à la teneur en oléfines de l'essence initiale, et de préférence limitée
à 10 % en volume par rapport à la teneur en oléfines de l'essence initiale.
[0041] Les catalyseurs qui peuvent convenir à cette étape du procédé selon l'invention,
sans que cette liste soit limitative, sont des catalyseurs comprenant généralement
au moins un élément (métal) de base choisi parmi les éléments du groupe VIII, et de
préférence choisi dans le groupe formé par le nickel, le cobalt, le fer, le molybdène,
le tungstène. Ces métaux peuvent être utilisés seuls ou en combinaison, ils sont de
préférence supportés et utilisés sous leur forme sulfurée. Il est également possible
d'ajouter au moins un promoteur à ces métaux, par exemple de l'étain. On utilisera
de préférence des catalyseurs comprenant du nickel, ou du nickel et de l'étain, ou
du nickel et du fer, ou du cobalt et du fer, ou encore du cobalt et du tungstène.
Lesdits catalyseurs sont de manière plus préférée sulfurés, et de manière très préférée
présulfurés in-situ ou ex-situ. Le catalyseur de l'étape c2 est de préférence de nature
et/ou de composition différente de celui utilisé dans l'étape c1.
La teneur en métal de base du catalyseur selon l'invention est généralement comprise
entre environ 1 et environ 60 % poids, de préférence entre 5 et 20 % poids, et de
manière très préférée entre 5 et 9 % poids. De façon préférée, le catalyseur est généralement
mis en forme, de préférence sous forme de billes, de pastilles, d'extrudés, par exemple
de trilobes. Le métal peut être incorporé au catalyseur par dépôt sur le support préformé,
il peut également être mélangé avec le support avant l'étape de mise en forme. Le
métal est généralement introduit sous forme d'un sel précurseur, généralement soluble
dans l'eau, tel que par exemple les nitrates, les heptamolybdates. Ce mode d'introduction
n'est pas spécifique à l'invention. Tout autre mode d'introduction connu de l'homme
du métier peut convenir.
[0042] Les supports des catalyseurs utilisés dans cette étape du procédé selon l'invention
sont généralement des solides poreux choisis parmi les oxydes réfractaires, tels que
par exemple, les alumines, les silices et les silices-alumines, la magnésie, ainsi
que l'oxyde de titane et l'oxyde de zinc, ces derniers oxydes pouvant être utilisés
seuls ou en mélange avec de l'alumine ou de la silice-alumine. De préférence, les
supports sont des alumines de transition ou des silices dont la surface spécifique
est comprise entre 25 et 350 m
2/g. Les composés naturels, tels que par exemple le kieselguhr ou le kaolin, peuvent
également convenir comme supports des catalyseurs utilisés dans cette étape du procédé.
[0043] Selon un mode préféré de préparation du catalyseur, après introduction d'au moins
un métal ou précurseur dudit métal et éventuellement mise en forme du catalyseur,
le catalyseur est dans une première étape activé. Cette activation peut correspondre
soit à une oxydation, puis à une réduction, soit à une réduction après séchage sans
calcination, soit encore uniquement à une calcination. L'étape de calcination lorsqu'elle
est présente est généralement réalisée à des températures allant d'environ 100 °C
à environ 600 °C et de préférence comprises entre 200 °C et 450 °C, sous un débit
d'air. L'étape de réduction est réalisée dans des conditions permettant de convertir
au moins une partie des formes oxydées du métal de base à l'état métallique. Généralement,
elle consiste à traiter le catalyseur sous un flux d'hydrogène à une température au
moins égale à 300 °C. La réduction peut aussi être réalisée en partie au moyen de
réducteurs chimiques.
[0044] Le catalyseur est de préférence utilisé au moins en partie sous sa forme sulfurée,
ce qui présente l'avantage de limiter au maximum les risques d'hydrogénation des composés
insaturés tels que les oléfines ou les composés aromatiques pendant la phase de démarrage.
L'introduction du soufre peut intervenir entre différentes étapes d'activation. De
préférence, aucune étape d'oxydation n'est réalisée lorsque le soufre ou un composé
soufré a été introduit sur le catalyseur. Le soufre ou un composé soufré peut être
introduit
ex situ, c'est-à-dire en dehors du réacteur où le procédé selon l'invention est réalisé, ou
in situ, c'est-à-dire dans le réacteur utilisé pour le procédé selon l'invention. Dans ce
dernier cas, le catalyseur est de préférence réduit dans les conditions décrites précédemment,
puis présulfuré par passage d'une charge contenant au moins un composé soufré, qui
une fois décomposé conduit à la fixation de soufre sur le catalyseur. Cette charge
peut être gazeuse ou liquide, par exemple de l'hydrogène contenant de l'H
2S, ou un liquide contenant au moins un composé soufré.
[0045] D'une façon préférée, le composé soufré est ajouté sur le catalyseur
ex situ. Par exemple, après l'étape de calcination, un composé soufré peut être introduit
sur le catalyseur en présence éventuellement d'un autre composé. Le catalyseur est
ensuite éventuellement séché, puis transféré dans le réacteur servant à mettre en
oeuvre le procédé de l'invention. Dans ce réacteur, le catalyseur est alors traité
sous hydrogène afin de transformer au moins une partie du métal de base et éventuellement
d'un autre métal en sulfure. Une procédure qui convient particulièrement à l'invention
est celle décrite dans les brevets FR-B- 2 708 596 et FR-B- 2 708 597.
Après sulfuration, la teneur en soufre du catalyseur est en général comprise entre
0,5 et 25 % poids, de préférence entre 4 et 20 % poids et de manière très préférée
entre 4 et 10 % poids. L'hydrodésulfuration réalisée au cours de cette étape c2 a
pour but de convertir en H
2S les composés soufrés saturés de l'essence qui ont déjà subi au moins une hydrogénation
préalable des composés insaturés du soufre lors de l'étape c1. Elle permet d'obtenir
un effluent répondant aux spécifications désirées en terme de teneur en composés soufrés.
L'essence ainsi obtenue ne présente qu'une perte d'octane (diminution de l'indice
d'octane recherche et/ou moteur) faible.
[0046] Le traitement visant à décomposer les composés soufrés saturés issu de l'étape c1
du procédé est effectué en présence d'hydrogène, avec un catalyseur comprenant au
moins un métal de base choisi dans le groupe formé par le nickel, le cobalt, le fer,
le molybdène, le tungstène, utilisés seuls ou en mélange entre eux, à une température
comprise entre environ 100°C et environ 400°C, de préférence entre environ 150°C et
environ 380°C, de manière plus préférée entre 210°C et 360°C, et de manière très préférée
entre 220°C et 350°C, sous une pression généralement comprise entre environ 0,5 et
environ 5 MPa, de préférence comprise entre 1 et 3MPa, de manière plus préférée entre
1,5 et 3 MPa. La vitesse spatiale du liquide est comprise entre environ 0,5 et environ
10 h
-1 (exprimée en volume de liquide par volume de catalyseur et par heure), de préférence
entre 1 et 8 h
-1. Le rapport H
2/HC est ajusté en fonction des taux d'hydrodésulfuration désirés dans la gamme comprise
entre environ 100 et environ 600 litres par litres, de préférence entre 20 et 300
litres par litres. Tout ou partie de cet hydrogène peut éventuellement provenir de
l'étape c1 (hydrogène non converti) ou d'un recyclage de l'hydrogène non consommé
dans les étapes a1, a2, c2 ou d.
[0047] Il a été trouvé que la mise en oeuvre de ce second catalyseur dans cette étape, dans
des conditions opératoires particulières, permet de décomposer les composés saturés,
contenus dans l'effluent issu de l'étape c1, en H2S. Cette mise en oeuvre permet d'atteindre
un niveau global élevé d'hydrodésulfuration à l'issu de l'ensemble des étapes du procédé
selon l'invention, tout en minimisant la perte en octane résultant de la saturation
des oléfines, car la conversion des oléfines au cours de l'étape c1 est généralement
limitée à au plus 20 % en volume des oléfines, de préférence au plus 10 % en volume.
- Hydrotraitement d'au moins une coupe intermédiaire (étape d) :
[0048] Ce traitement d'au moins une des coupes intermédiaires vise à éliminer la quasi totalité
des composés soufrés et azotés de cette fraction et à traiter l'effluent ainsi hydrotraité
sur un catalyseur de reformage permettant l'isomérisation et la déshydrocyclisation
des paraffines. Cette étape s'applique à au moins une partie d'une fraction intermédiaire
obtenue dans l'étape b.
[0049] Elle consiste à traiter ladite fraction sur un catalyseur ou un ensemble de catalyseurs
permettant de désulfurer et de déazoter totalement la fraction considérée, c'est à
dire d'obtenir une fraction contenant une teneur en soufre et en azote de préférence
inférieure à 5 ppm, et de manière plus préférée inférieure à 1 ppm poids par transformation
des composés soufrés ou azotés respectivement en H
2S et ammoniac.
[0050] Cette étape est généralement réalisée par passage de la fraction sur au moins un
catalyseur d'hydrotraitement conventionnel dans des conditions permettant d'éliminer
soufre et azote. Les catalyseurs qui conviennent particulièrement sont par exemple
les catalyseurs à base d'un métal du goupe VIII tel que le cobalt ou le nickel et
d'un métal du groupe VI, tel que le tungstène ou le molybdène. Typiquement, sans que
ces conditions soient limitatives, ce traitement peut-être réalisé sur une catalyseur
de type HR 306 ou HR448 commercialisé par la société Procatalyse, à une température
comprise généralement entre 250 et 350°C, une pression opératoire généralement comprise
entre 1 et 5 MPa, de préférence entre 2 et 4 MPa, et une vitesse spatiale comprise
géneralement entre 2 et 8 h
-1 (exprimée en volume de charge liquide par volume de catalyseur et par heure). Lors
de ce traitement la quasi totalité des oléfines présentes dans cette fraction est
hydrogénée.
[0051] L'effluent ainsi obtenu est refroidi, les produits de décompositions sont alors séparés
au moyen de toute technique connue de l'homme du métier. On peut par exemple citer
les procédés de lavage, les procédés de stripage ou encore d'extraction.
[0052] L'effluent correspondant à une des fractions intermédiaires désulfurées et déazotées
est ensuite traité sur un catalyseur ou un enchainement de catalyseur permettant le
reformage de la dîte fraction, c'est à dire de réaliser au moins en partie la déshydrogénation
des composés cycliques saturés, l'isomérisation des paraffines et la déshydrocyclisation
des parafines présentes dans la fraction intermédiaire traitée. Ce traitement vise
à augmenter l'indice d'octane de la fraction considérée. Ce traitement se fait au
moyen de procédé classique de reformage catatalytique. Il peut être avantageux d'utiliser
par exemple pour ce faire des procédés dît à "lit fixe" ou à "lit mobile", c'est-à-dire
des procédés dans lesquels le catalyseur est respectivement disposé en lit fixe ou
au contraire fluidisé et eventuellement mis en circulation dans au moins un réacteur
et dans une boucle de circulation externe comprenant éventuellement d'autres réacteurs
et/ou au moins un régénérateur. Dans le procédé mise en oeuvre, l'effluent désulfuré
est mis en contact avec un catalyseur de reformage, généralement à base de platine
supporté sur alumine, à une température comprise entre 400°C et 700°C, avec une vitesse
spatiale horaire (kg de charge traitée par heure et par kg de catalyseur) comprise
entre 0,1 et 10. La pression opératoire peut être comprise entre 0,1 et 4 MPa. Une
partie de l'hydrogène produit lors des différentes réactions peut être recyclé dans
un rapport compris entre 0,1 et 10 moles d'hydrogène par mole de charge.
[0053] La figure 1 présente un exemple de réalisation du procédé selon l'invention. Dans
cet exemple, une coupe essence (essence initiale) contenant du soufre est introduite
par la conduite 1 dans un réacteur d'hydrogénation catalytique 2, qui permet d'hydrogèner
sélectivement les dioléfines et/ou les composés acétylèniques présents dans ladite
coupe essence (étape a1 du procédé). L'effluent 3 du réacteur d'hydrogénation est
envoyé dans un réacteur 4, qui comprend un catalyseur capable de réaliser la transformation
des composés soufrés légers avec des dioléfines ou oléfines en composés soufrés plus
lourds (étape a2). L'effluent 5 du réacteur 4 est ensuite envoyé vers la colonne de
fractionnement 6, qui permet de réaliser une séparation de l'essence en 3 fractions
(étape b).
[0054] La première fraction obtenue est une coupe légère 7. Cette coupe légère comprend
de préférence moins de 50 ppm de soufre et ne nécessite pas de désulfuration, puisque
les composés soufrés légers présents dans l'essence initiale ont été transformés en
composés plus lourds à l'étape a2.
[0055] Une seconde fraction 8 (fraction intermédiaire) est obtenue qui est tout d'abord
envoyée vers un réacteur de désulfuration catalytique 10, puis via la ligne 11 vers
un réacteur de réformage catalystique (étape d).
[0056] Une troisième fraction (fraction lourde) est obtenue via la ligne 9. Cette coupe
est tout d'abord traitée dans un réacteur 14 sur un catalyseur permettant de transformer
au moins une partie des composés soufrés insaturés présents dans la charge en composés
soufrés saturés (étape c1). L'effluent 15 du réacteur 14 est envoyé vers le réacteur
16 (étape c2) qui contient un catalyseur favorisant la décomposition en H
2S des composés soufrés saturés initialement présents dans la charge et/ou formés dans
le réacteur 14.
[0057] La coupe légère 7 ainsi que l'effluent 13 (issu du réacteur de réformage 14) et l'effluent
17 (issu du réacteur de décomposition 13), sont mélangés pour former l'essence désulfurée
18 (étape e).
[0058] Selon d'autres modes de réalisation préférés, présentés figure 1, il est également
possible d'envoyer au moins une partie de la fraction intermédiaire non désulfurée
(ligne 8), soit via la ligne 19 puis en mélange avec la fraction lourde 9 vers le
réacteur 14 (étape c1), soit via la ligne 20 puis en mélange avec l'effluent 15 vers
le réacteur 16 (étape c2).
[0059] Les exemples qui suivent illustrent l'invention.
Exemple 1 (comparatif)
[0060] Une essence de craquage catalytique dont les caractéristiques sont regroupées dans
le tableau 1 est traitée dans l'objectif d'atteindre une spécification du pool essence
en sortie de raffinerie telle sue la teneur en soufre est inférieure à 10 ppm, ce
qui nécessite de diminuer la teneur en soufre d'une essence issue d'une unité de craquage
catalytique à moins de 20 ppm poids.
[0061] L'essence est séparée en trois coupes une coupe légère dont l'intervalle de distillation
est compris entre 35°C et 95°C, une coupe intermédiaire dont l'intervalle de distillation
est compris entre 95°C et 150°C et une coupe lourde dont l'intervalle de distillation
est compris entre 150°C et 250°C.
[0062] La teneur en soufre de l'essence légère, qui représente 38 % volume de l'essence
totale, est de 210 ppm poids.
[0063] Les coupes intermédiaires et lourdes sont traitées sur un catalyseur HR306 de la
société Procatalyse. Le catalyseur (20 ml) est d'abord sulfuré par traitement pendant
4 heures sous une pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée
de 2 % de soufre sous forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane. L'étape de désulfuration
se fait à 300°C sous 35 bar avec un H2/HC de 150 I/I et un VVh de 3 h
-1. Dans ces conditions de traitement les effluents obtenus après strippage de l'H
2S contiennent 1 ppm de soufre. Le mélange de ces deux coupes désulfurées avec la coupe
la plus légère conduit à une essence contenant 81 ppm poids de soufre.

Exemple 2 :
[0064] L'essence issue d'une unité de craquage catalytique dont les caractéristiques sont
décrites dans l'exemple 1 est soumise à un traitement d'hydrogénation des dioléfines
dans des conditions où les composés légers soufrés présents dans la charge sont en
partie convertis en composés plus lourds (étapes a1 et a2 simultanées).
Ce traitement est réalisé dans un réacteur fonctionnant en continu et en courant ascendant.
Le catalyseur est à base de nickel et de molybdène (catalyseur HR945 commercialisé
par la société procatalyse). Le catalyseurs sont tout d'abord sulfurés par traitement
pendant 4 heures sous une pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée
de 2% de soufre sous forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane. La réaction est
conduite à 160°C sous une pression totale de 1,3 MPa, avec une vitesse spatiale de
6 h
-1. Le rapport H2/charge, exprimé en litre d'hydrogène par litre de charge et de 10.
L'essence est ensuite séparée en deux coupes, l'une présentant un intervalle de distillation
entre 35°C et 80°C et représentant 29 % volume et l'autre distillant entre 80°C et
240°C représentant 71 % volume de la coupe essence. La teneur en soufre de l'essence
légère est de 22 ppm poids.
L'essence lourde est soumise à une hydrodésulfuration sur un enchaînement de catalyseurs
en réacteur tubulaire isotherme. Le premier catalyseur (catalyseur A, étape c1) est
obtenu par imprégnation « sans excès de solution » d'une alumine de transition, se
présentant sous forme de billes, de surface spécifique de 130 m2/g et de volume poreux
de 0,9 ml/g, par une solution aqueuse contenant du molybdène et du cobalt sous forme
d'heptamolybdate d'ammonium et de nitrate de cobalt . Le catalyseur est ensuite séché
et calciné sous air à 500°C. La teneur en cobalt et en molybdène de cette échantillon
est de 3 % de CoO et 10 % de MoO3.
Le second catalyseur (catalyseur B, étape c2) est préparé à partir d'une alumine de
transition de 140 m2/g se présentant sous forme de billes de 2 mm de diamètre. Le
volume poreux est de 1 ml/g de support.1 kilogramme de support est imprégné par 1
litre de solution de nitrate de nickel. Le catalyseur est ensuite séché à 120°C et
calciné sous courant d'air à 400°C pendant une heure. La teneur en nickel du catalyseur
est de 20 % poids.
25 ml de catalyseur A, et 50 ml de catalyseur B, sont placés dans un même réacteur
d'hydrodésulfuration, de manière à ce que la charge à traiter (fraction lourde) rencontre
tout d'abord le catalyseur A (étape c1) puis le catalyseur B (étape c2). Une zone
de prélèvement de l'effluent issu de l'étape c1 est prévue entre les catalyseur A
et B. Les catalyseurs sont tout d'abord sulfurés par traitement pendant 4 heures sous
une pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée de 2% de soufre
sous forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane.
[0065] Les conditions opératoires de l'hydrodésulfuration sont les suivantes : VVH = 1,33
h
-1 par rapport à l'ensemble du lit catalytique H2/HC = 360 I/I, P = 1,8 MPa. La température
de la zone catalytique comprenant le catalyseur A est de 260°C, la température de
la zone catalytique contenant le catalyseur B est de 350°C. Le produit obtenu contient
19 ppm de soufre.
Le produit désulfuré est recombinée à l'essence légère. La mesure de la teneur en
soufre de l'essence ainsi obtenue conduit à une teneur de 20 ppm poids. Elle présente
un RON de 88,1 et un MON de 79,6 soit une perte de (RON+MON)/2 par rapport à la charge
de 2,2 point. La teneur en oléfine de cette essence est de 22 % vol.
Exemple 3 (selon l'invention) :
[0066] L'essence issue d'une unité de craquage catalytique dont les caractéristiques sont
décrites dans l'exemple 1 est soumise à un traitement d'hydrogénation des dioléfines
dans des conditions où les composés légers soufrés présents dans la charge sont en
partie convertis en composés plus lourds (étapes a1 et a2 simultanées).
Ce traitement est réalisé dans un réacteur fonctionnant en continu et en courant ascendant.
Le catalyseur est à base de nickel et de molybdène (catalyseur HR945 commercialisé
par la société procatalyse). Le catalyseurs sont tout d'abord sulfurés par traitement
pendant 4 heures sous une pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée
de 2 % de soufre sous forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane. La réaction est
conduite à 160°C sous une pression totale de 1,3 MPa, avec une vitesse spatiale de
6 h
-1. Le rapport H2/charge, exprimé en litre d'hydrogène par litre de charge et de 10.
L'essence est ensuite séparée en quatre coupes:
- l'une présentant un intervalle de distillation entre 35°C et 80°C et représentant
28 % vol et présentant une teneur en soufre de 20 ppm poids;
- une deuxième coupe distillant entre 80°C et 95°C et représentant 10 % volume de l'essence
de de départ et contenant 250 ppm poids de soufre;
- une troisième coupe distillant entre 95°C et 150°C, représentant 30 % volume de l'essence
de départ et contenant 1000 ppm poids de soufre. Le RON et le MON de cette coupe sont
respectivement de 90 et 79.
- une quatrième coupe distillant entre 150°C et 240°C représentant 32 % volume de l'essence
de départ et contenant 4600 ppm poids de soufre.
[0067] L'essence lourde et mélangée à la deuxième coupe et est soumise à une hydrodésulfuration
sur un enchaînement de catalyseurs en réacteur tubulaire isotherme. Le premier catalyseur
(catalyseur A, étape c) est obtenu par imprégnation « sans excès de solution » d'une
alumine de transition, se présentant sous forme de billes, de surface spécifique de
130 m2/g et de volume poreux de 0,9 ml/g, par une solution aqueuse contenant du molybdène
et du cobalt sous forme d'heptamolybdate d'ammonium et de nitrate de cobalt . Le catalyseur
est ensuite séché et calciné sous air à 500°C. La teneur en cobalt et en molybdène
de cette échantillon est de 3 % de CoO et 10 % de MoO3.
Le second catalyseur (catalyseur B, étape d) est préparé à partir d'une alumine de
transition de 140 m2/g se présentant sous forme de billes de 2 mm de diamètre. Le
volume poreux est de 1 ml/g de support.1 kilogramme de support est imprégné par 1
litre de solution de nitrate de nickel. Le catalyseur est ensuite séché à 120°C et
calciné sous courant d'air à 400°C pendant une heure. La teneur en nickel du catalyseur
est de 20 % poids.
25 ml de catalyseur A, et 50 ml de catalyseur B, sont placés dans un même réacteur
d'hydrodésulfuration, de manière à ce que la charge à traiter (fraction lourde) rencontre
tout d'abord le catalyseur A (étape c) puis le catalyseur B (étape d). Une zone de
prélèvement de l'effluent issu de l'étape c est prévue entre les catalyseurs A et
B. Les catalyseurs sont tout d'abord sulfurés par traitement pendant 4 heures sous
une pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée de 2% de soufre
sous forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane.
[0068] Les conditions opératoires de l'hydrodésulfuration sont les suivantes : VVH = 1,33
h
-1 par rapport à l'ensemble du lit catalytique H2/HC = 360 I/I, P = 1,8 MPa. La température
de la zone catalytique comprenant le catalyseur A est de 260°C, la température de
la zone catalytique contenant le catalyseur B est de 350°C. Le produit obtenu contient
37 ppm de soufre.
[0069] La troisième coupe est traité sur un catalyseur HR306 de la société Procatalyse.
Le catalyseur (20 ml) est d'abord sulfuré par traitement pendant 4 heures sous une
pression de 3,4 MPa à 350°C, au contact d'une charge constituée de 2% de soufre sous
forme de diméthyldisulfure dans du n-heptane. L'étape de désulfuration se fait à 300°C
sous 3,5 MPa avec un H2/HC de 150 I/I et un VVH de 3 h
-1. Dans ces conditions de traitement l'effluent obtenu après strippage de l'H2S contient
moins de 1 ppm de soufre. La teneur en oléfine est de 0,9 % volume et les valeurs
d'octane sont de 68,7 pour le RON et 68,3 pour le MON. L'essence obtenue est ensuite
traité sur un catalyseur de reformage CR201 commercialisée par la société Procatalyse.
Le catalyseur (30 ml) est d'abord réduite à 500°C sous courant d'hydrogène avnat utilisation.
Le traitement de reformage se fait à 470°C sous une pression de 7 bar. Le rapport
H2/HC est de 500 I/I. La VVH est de 2 h
-1.
L'effluent est stabilisé par élimination des composés ayant moins de 5 atomes de carbone.
Le reformat obtenu, qui représente 86 % de la fraction de l'essence traitée, présente
une teneur en soufre inférieure à 1 ppm poids, un RON de 97 et un MON de 86.
[0070] Les fractions issues des différentes coupes traitées sont remélangées. La teneur
en soufre est de 20 ppm poids. La valeur moyenne (RON+MON)/2 de l'essence totale désulfurée
a augmenté de 1,3 points par rapport à celle de l'essence de départ. De plus, l'hydrogène
produit lors de l'étape de reformage catalytique peut être utilisé pour les sections
réactionnelles d'hydrotraitement ce qui est un avantage évident du procédé.