[0001] La présente invention concerne un élément résistif pour initiateur électro-pyrotechnique
d'allumage ou de détonation.
[0002] Les initiateurs pyrotechniques sont de plus en plus utilisés dans les dispositifs
de sécurité automobile, notamment pour commander le fonctionnement de coussins gonflables
ou de tensionneurs de ceinture de sécurité, et sont généralement constitués par un
récipient contenant une composition pyrotechnique qui est portée à sa température
de déflagration par contact avec un filament ou une couche électriquement résistants
chauffés par effet joule. Le filament ou la couche électriquement résistants sont
généralement fixés sur un substrat isolant et connectés à des bornes d'amenée de courant
électrique. Ces initiateurs pyrotechniques doivent à la fois consommer très peu d'énergie
et être peu sensibles aux stimuli extérieurs pour répondre à des normes de fiabilité
de fonctionnement et de sécurité.
[0003] La figure 1 représente un initiateur pyrotechnique de l'art antérieur comportant
une traversée verre-métal 2, un élément résistif 4 relié à des connexions de sortie,
un premier récipient 6 contenant une charge explosive primaire 8, et un deuxième récipient
10 confinant une charge explosive secondaire 12. L'élément résistif est représenté
schématiquement en figure 2 et comporte un substrat 14 en alumine, une couche résistive
16 déposée sur le substrat 14, une couche d'adhérence 18 sur laquelle est déposée
une couche conductrice 20 et un revêtement de soudage 22 recouvrant la couche conductrice
20 pour établir le contact électrique avec des bornes d'amenée de courant 23. La figure
3 illustre un autre élément résistif selon l'art antérieur constitué par un substrat
en silicium 24 sur lequel est réalisée une résistance diffusée 26, et est déposée
une couche de contact 28.
[0004] Les échanges thermiques entre la couche résistive et le milieu qui l'environne dépendent
:
- du substrat sur lequel est déposée la couche résistive ;
- de la composition pyrotechnique ;
- du boîtier contenant cet ensemble.
[0005] L'alumine et le silicium, formant respectivement les substrats 14, 24 des éléments
résistifs des figures 2 et 3, présentent une conductibilité thermique élevée, respectivement
égale à 0,3 w/cm°C et à 1,46 w/cm°C. De ce fait, une partie importante de la chaleur
dissipée par les couches résistives 16, 26 est transmise au substrat 14, 24 et n'est
plus disponible pour chauffer la composition pyrotechnique. L'énergie consommée par
l'initiateur pyrotechnique est alors beaucoup plus élevée que l'énergie requise pour
initier la composition pyrotechnique et l'exigence de faible consommation n'est pas
satisfaite.
[0006] Par ailleurs, le cahier des charges de ces initiateurs pyrotechniques impose un intervalle
" non-feu ", " tout-feu " de plus en plus étroit. En effet, lorsqu'on applique à un
initiateur pyrotechnique une impulsion de courant spécifiée " tout-feu " l'initiateur
doit fonctionner avec une probabilité proche de 1. Par contre, lorsqu'on applique
à cet initiateur une impulsion spécifiée " non-feu ", représentant une impulsion parasite,
l'initiateur ne doit pas fonctionner. Or, la chaleur dissipée par la couche résistive
16, 26 est transmise au substrat 14, 24 de telle sorte que l'énergie dissipée par
effet joule ne chauffe pas uniquement la couche résistive 16, 26, mais l'ensemble
constitué par cette couche résistive 16, 26 et le substrat 14, 24 dont la masse thermique
équivalente dépend de la conductibilité thermique et de la chaleur spécifique du substrat
14, 24. Plus ces deux grandeurs sont élevées, plus la masse thermique est élevée et
plus il faut d'énergie pour atteindre, au niveau de la couche résistive 16, 26, la
température nécessaire au fonctionnement " tout-feu " de la composition pyrotechnique.
Ainsi, pour un substrat donné, pour réduire le niveau d'énergie requis, il faut réduire
la surface de la couche résistive 16, 26. Cependant, en réduisant la surface de la
couche résistive 16, 26, on diminue la surface d'échange thermique entre cette dernière
et le substrat 14, 24. Ceci a pour conséquence de nuire à la reproductibilité du fonctionnement,
particulièrement, lorsque l'on atteint des tailles voisines de la granulométrie de
la composition pyrotechnique. En outre, la réduction de la surface d'échange entre
le filament et le substrat abaisse le seuil de déclenchement "non-feu" de la composition
pyrotechnique.
[0007] Le but de cette invention est de pallier les inconvénients de l'art antérieur cités
ci-dessus.
[0008] Ce but est atteint au moyen d'un élément résistif comportant un substrat sur lequel
est fixée une couche résistive recouverte partiellement par une couche conductrice
assurant le contact électrique avec deux bornes d'amenée de courant électrique.
[0009] Selon l'invention, le substrat est réalisé dans un matériau ayant une conductivité
thermique et électrique et un état de surface, comparables à ceux du verre.
[0010] Comme le verre présente une très faible conductivité thermique, l'énergie thermique
dissipée par effet Joule par la couche résistive est canalisée vers l'explosif. En
outre, comme le verre présente un très bon état de surface, il se prête tout à fait
à l'utilisation de procédés de dépôt de couches minces à haute résolution pour la
réalisation de la couche résistive.
[0011] La couche -conductrice entoure la couche résistive et le substrat de manière à former
deux zones de contact reliées par une portion centrale de la couche résistive.
[0012] Ce mode de réalisation est rendu possible grâce à l'utilisation d'un matériau comme
le verre qui présente une très faible conductivité électrique (autrement le filament
résistif serait court-circuité par la résistance de fuite du substrat).
[0013] Préférentiellement, la couche résistive est réalisée sur le substrat par un procédé
de réalisation de couches minces à haute résolution.
[0014] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description
qui va suivre, prise à titre d'exemple non limitatif, en référence aux figures annexées
dans lesquelles:
- la figure 1, décrite précédemment, représente schématiquement en vue en coupe transversale
un initiateur pyrotechnique selon l'art antérieur ;
- les figures 2 et 3 représentent schématiquement en vue en coupe transversale deux
éléments résistifs de l'art antérieur destinés à équiper l'initiateur pyrotechnique
de la figure 1;
- la figure 4 représente schématiquement en vue en coupe transversale un élément résistif
selon l'invention ;
- les figures 5 et 6 représentent schématiquement en vue en coupe transversale trois
modes de réalisation d'un initiateur électro-pyrotechnique d'allumage ou de détonation,
muni de l'élément résistif de la figure 4 ;
- la figure 7 représente en vue dessus un troisième mode de réalisation d'un initiateur
électro-pyrotechnique d'allumage ou de détonation, muni de l'élément résistif de la
figure 4.
[0015] Des références identiques sont utilisées pour désigner les éléments remplissant les
mêmes fonctions dans les dispositifs illustrés respectivement par les figures 2 et
3 de l'art antérieur et par les figures 4 à 6 représentant l'invention.
[0016] La figure 4 représente schématiquement un élément résistif 4 pour initiateur électro-pyrotechnique
d'allumage ou de détonation comportant un substrat 14 sur lequel est fixée une première
couche résistive 16. La couche résistive 16 est recouverte partiellement par une couche
conductrice 20 assurant le contact électrique avec deux bornes 23 d'amenée de courant
électrique. La couche conductrice 20 entoure la couche résistive 16 et le substrat
14 en deux zones de contact reliées à la couche résistive 16 par une couche de liaison
16a. La couche conductrice 20 assure ainsi la connexion électrique de la couche résistive
16 avec les bornes 23 d'amenée de courant électrique représentées dans les figures
5 à 7.
[0017] Le substrat 14 est réalisé en verre ou dans un matériau ayant des conductivités électrique
et thermique (par exemple 0,01 W/Cm °C) très faibles, comparables à celles du verre,
ainsi qu'un état de surface tel que celui du verre, de manière à permettre la mise
en oeuvre de procédés de réalisation de couches minces à haute résolution.
[0018] Selon un premier mode de réalisation de l'invention, la couche résistive 16 est constituée
par une couche mince.
[0019] Dans une première variante de ce premier mode de réalisation, la couche mince est
en matériau homogène par exemple en NiCr, Ta2N ou CrSi. Dans ce cas, la chaleur dissipée
par effet joule par la couche résistive est transmise à la composition pyrotechnique
par conduction thermique.
[0020] Dans une deuxième variante du premier mode de réalisation de l'invention, la couche
résistive 16 est constituée par une couche mince en matériau composite, par exemple
en Ta2n-Zr, NiCr-Zr ou Ta2N-Ti. Dans ce cas, à des températures voisines de la température
d'excitation de la composition pyrotechnique, la couche conductrice, chauffée par
la couche résistive supérieure 16, se sublime et entraîne la formation d'un plasma
qui se condense sur la composition pyrotechnique et augmente sa température. La chaleur
dissipée par effet joule par la couche résistive 16 est transmise à la composition
pyrotechnique par conduction thermique et par effet plasma.
[0021] Selon un deuxième mode de réalisation de l'invention, la couche résistive 16 est
en silicium, par exemple en silicium amorphe déposé sur du verre.
[0022] Sur les figures 5 à 7, l'élément résistif 4 est monté sur une embase 30 traversée
par deux bornes d'amenée de courant 23.
[0023] L'embase peut être réalisée en un matériau électriquement isolant. Si elle est constituée
d'une pièce métallique, une rondelle isolante 29 doit être insérée entre l'embase
30 et l'élément résistif 4.
[0024] Les figures 5 à 7 illustrent trois modes de connexion de l'élément résistif 4 avec
les bornes d'amenée de courant 23.
[0025] Sur la figure 5, le contact électrique entre l'élément résistif 4 et les bornes 23
est réalisé par soudage sur traversées dépassantes verre-métal.
[0026] Sur la figure 6, le contact électrique entre l'élément résistif 4 et les bornes 23
est réalisé par report sur traversées non dépassantes verre-métal.
[0027] Les connexions de l'élément résistif 4 avec les bornes 23 d'amenée de courant se
font par la tranche permettant ainsi de rendre l'élément résistif compatible avec
des techniques de montage en surface. L'élément résistif peut alors être monté sur
des supports intermédiaires avec des supresseurs de surtension, des condensateurs
de stockage d'énergie et des circuits intégrés de contrôle.
[0028] Il est à noter que la connexion électrique de la couche résistive 16 avec les bornes
23 peut être directe ou effectuée au travers d'un circuit intermédiaire, par exemple
un circuit imprimé 32, qui comporte d'autres composants 31 utiles au fonctionnement
du dispositif, tels qu'une varistance, un condensateur, etc. (figure 7).
[0029] Ainsi, sur la figure 7, la fixation de l'élément résistif 4 et le contact électrique
entre celui-ci et les bornes 23 est effectué par l'intermédiaire du circuit imprimé
32 fixé sur l'embase 30. Le circuit imprimé comporte une couche de cuivre 33 formant
deux zones distinctes en contact électrique respectivement avec les bornes 23 et les
zones de contact de l'élément résistif 4 et du composant 31, lesquels sont soudés
sur le circuit imprimé.
[0030] L'utilisation d'un substrat en verre permet d'utiliser des éléments chauffants de
très faible volume, et de très faible masse en vue de leur intégration dans des initiateurs
pyrotechniques de très faible énergie, 0,1mJ par exemple. Elle permet également d'utiliser
des éléments chauffants de faible volume, et de faible masse en vue de leur intégration
dans des initiateurs pyrotechniques de moyenne énergie, 1mJ par exemple. Dans ce cas,
l'énergie qui n'est plus dissipée en pure perte dans le substrat permet de chauffer
une masse de matériau résistif plus importante. L'augmentation de la masse du matériau
résistif se traduisant par une augmentation de la surface résistive, permet d'utiliser
des compositions pyrotechniques de plus forte granulométrie et facilite le procédé
de fabrication des initiateurs pyrotechniques.
1. Élément résistif (4) pour initiateur électro-pyrotechnique d'allumage ou de détonation
comportant un substrat (14) sur lequel est fixée une couche résistive (16) recouverte
partiellement par une couche conductrice (20) assurant le contact électrique avec
deux bornes d'amenée de courant électrique (23), caractérisé en ce que le substrat est réalisé dans un matériau ayant une conductivité thermique et électrique
et un état de surface, comparables à ceux du verre.
2. Élément résistif selon la revendication 1, caractérisé en ce que le contact électrique entre la couche conductrice (20) et les bornes (23) est effectué
par les tranches de l'élément résistif.
3. Élément résistif selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que ladite couche conductrice (20) entoure la couche résistive (16) et le substrat (14)
en deux zones de contact reliées par une couche de liaison (16a) à la couche résistive
(16).
4. Élément résistif selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la couche résistive (16) est déposée sur le substrat par un procédé de réalisation
de couches minces à haute résolution.
5. Élément résistif selon la revendication 4, caractérisé en ce que la couche résistive (16) est réalisée sur le substrat par dépôt sous vide et photolithographie.
6. Élément résistif selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que ladite couche résistive (16) est constituée par une couche mince en matériau homogène
de manière à assurer la transmission de la chaleur à la composition pyrotechnique
par conduction thermique.
7. Élément résistif selon la revendication 4 ou 5, caractérisé en ce que la couche résistive (16) est constituée par une couche mince en matériau composite
de manière à assurer la transmission de la chaleur à la composition pyrotechnique
par conduction thermique et par effet plasma.
8. Élément résistif selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que la couche résistive (16) est en silicium.
9. Élément résistif selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que la connexion de la couche résistive (16) avec les bornes d'amenée (23) de courant
est réalisée par soudure sur traversée verre-métal.
10. Élément résistif selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que la connexion de la couche résistive (16) avec les bornes d'amenée de courant (23)
est réalisée par soudure sur traversée verre-métal.
11. Initiateur électro-pyrotechnique d'allumage ou de détonation, caractérisé en ce qu'il comporte un élément résistif (4) selon l'une des revendications 1 à 10.