[0001] La présente invention concerne un papier transparent et/ou translucide de couleur
fluorescente, plus particulièrement un papier calque de couleur fluorescente, mais
aussi d'autres papiers transparents ou translucides comme les papiers sulfurisés,
les papiers transparentisés par imprégnation ou les papiers dits "cristal", auxquels
on a conféré une couleur fluorescente par les moyens décrits ci-dessous.
[0002] Les termes utilisés dans le domaine de la couleur comme dans celui de la transparence
prêtant parfois à équivoque, les inventeurs précisent ci-dessous le sens qu'ils leur
assignent :
MATIERES COLORANTES FLUORESCENTES
[0003] Les "matières colorantes fluorescentes" sont des matières colorantes, généralement
synthétiques, qui se distinguent des matières colorantes conventionnelles en ce qu'elles
absorbent certaines fréquences du spectre lumineux (en particulier dans le bleu et
l'ultraviolet) et restituent une partie de l'énergie lumineuse dans des bandes étroites
des fréquences visibles (surtout le jaune, l'orangé et le rouge).
[0004] Lorsqu'elles sont éclairées par une source lumineuse polychromatique, ces matières
présentent dans le spectre des fréquences visibles une courbe de réémission particulière,
caractérisée par la présence d'un maximum aigu dont la valeur peut dépasser 100% de
l'intensité lumineuse reçue pour la fréquence considérée. A ces fréquences, la matière
peut donc émettre plus de lumière qu'elle n'en reçoit. Ceci est impossible pour les
matières colorantes conventionnelles, qui réfléchissent ou transmettent seulement
une partie de la lumière incidente. Seul un miroir parfait atteint 100% en réflexion,
un milieu parfaitement transparent 100% en transmission. La plupart des matières colorantes
fluorescentes actuellement sur le marché dépassent largement 100% au maximum de réémission.
Cette propriété leur confère des couleurs extrêmement pures et lumineuses, donc un
effet visuel extraordinaire.
COLORANTS - PIGMENTS
[0005] Sans relation avec leur nature chimique propre ou leur origine, les matières colorantes
peuvent être classées en deux familles suivant la forme sous laquelle elles sont utilisées
:
- lorsque la matière colorante est dissoute dans la matière à colorer, on parlera de
colorant,
- lorsque la matière colorante est utilisée à l'état de poudre dispersée dans la matière
à colorer, on parlera de pigment.
[0006] Les colorants peuvent être solubles dans l'eau ou en milieu organique. La plupart
des pigments peuvent être utilisés aussi bien en milieu aqueux qu'en milieu organique.
[0007] Il n'existe pas actuellement sur le marché de pigment fluorescent vrai, mais seulement
des colorants fluorescents dont les plus intéressants sont organosolubles. Les producteurs
de pigments contournent la difficulté en introduisant ces colorants dans des résines
qu'ils polymérisent avant de les broyer. La poudre fine obtenue, brillament colorée,
est insoluble dans l'eau et dans certains solvants, et peut donc être assimilée à
un pigment. Les pigments fluorescents dont il est question dans l'invention sont de
ce type.
[0008] L'industrie des pigments, qui s'adresse à de nombreuses industries mais plus particulièrement
à celle des peintures et des encres, fournit des produits colorés pour lesquels l'opacité
est une qualité essentielle. (Lorsque la transparence est recherchée pour la couleur,
l'utilisateur se tourne vers les colorants qui sont naturellement transparents). Tous
les moyens utilisables pour améliorer cette opacité sont employés par les fabricants,
en particulier l'augmentation de la finesse du broyage. Dans toutes les industries,
les pigments, et parmi eux les pigments de couleur fluorescente, sont donc considérés
comme des matières colorantes opaques.
MATIERE TRANSPARENTE - TRANSLUCIDE - OPAQUE
[0009] Une matière transparente est une matière que la lumière peut traverser sans grande
déperdition. Une matière transparente colorée est traversée sans grande déperdition
par certaines fréquences de la lumière visible, alors que d'autres fréquences sont
fortement absorbées. La couleur transmise par transparence est la résultante des fréquences
qui traversent la matière.
[0010] Lorsque la matière n'est pas homogène et que de petites particules étrangères, opaques
ou transparentes mais d'indice de réfraction différent y sont disséminées, elle n'est
plus parfaitement transparente. A partir d'une certaine épaisseur on ne peut plus
distinguer les contours d'un objet situé de l'autre côté parce que la lumière est
brouillée en la traversant. On parle alors de matière translucide. Lorsque la quantité
de particules dépasse un certain seuil, la grande majorité des rayons lumineux ne
peut plus traverser la matière sans être absorbé ou réfléchi. La matière est alors
opaque. Cela peut se produire quand le nombre de particules étrangères par unité de
volume est élevé, ou bien quand l'épaisseur de la matière translucide à traverser
est assez grande.
PAPIER TRANSPARENT ET/OU TRANSLUCIDE
[0011] On considèrera qu'un papier est transparent si, lorsqu'une feuille de ce papier est
posée sur un document comportant texte ou dessin présentant un minimum de contraste,
l'on peut distinguer le dessin ou lire le texte à travers le papier.
[0012] Contrairement à une idée communément répandue, un papier transparent peut être intensément
coloré sans perdre sa transparence car un texte en noir reste parfaitement visible
lorsqu'un tel papier est posé dessus.
[0013] On considèrera qu'un papier est translucide si dans les mêmes conditions il ne permet
pas la lecture du texte mais si l'on peut distinguer les zones claires et les zones
foncées du dessin.
[0014] L'industrie des papiers destinés à l'impression/écriture a toujours cherché à produire
des papiers opaques, parce que la lisibilité des textes ne doit pas être gênée par
le texte des pages suivantes. Seuls certains papiers techniques possèdent une transparence
(papier cristal ou sulfurisé pour l'emballage, papier calque pour la réalisation de
plans superposables et reproductibles par le procédé diazo). L'homme du métier, dans
le domaine de la fabrication du papier pour l'impression/écriture, ne cherchait donc
pas, jusqu'à présent, à produire des papiers transparents colorés. L'invention de
papiers transparents et/ou translucides de couleur vive destinés à l'impression/écriture
a fait l'objet d'un dépôt de brevet par la demanderesse (PCT/FR/9800930). Ces papiers
calque sont caractérisés en ce qu'ils ont une intensité de couleur (ou saturation)
c et une luminosité L telles que le rapport de c à L est supérieur à 50%, ou L est
inférieur ou égal à 60, ou le rapport de c à L est supérieur à 50%, et L est inférieur
ou égal à 60. Ces papiers sont destinés à l'impression et/ou l'écriture. Le papier
décrit dans ce document comporte en outre un colorant fluorescent soluble dans l'eau,
en masse ou en size press.
[0015] La présente invention constitue donc une amélioration a cette précédente invention.
[0016] En effet, lorsque l'on utilise un colorant, la fluorescence obtenue n'est pas toujours
satisfaisante et la présente invention cherche à améliorer la qualité de la fluorescence.
[0017] On connaît par ailleurs un papier transparent extra blanc comportant un azurant en
masse en combinaison avec un agent opacifiant. Un tel papier transparent est décrit
dans la demande de brevet européen No. 0 919 664 déposée par la demanderesse. Ce papier
n'a pas une couleur intense. L'azurant optique est un colorant fluorescent qui est
soluble dans l'eau et qui émet une lumière bleutée lorsqu'il est excité par la lumière
du jour ou sous une lampe UV. Il ne permet pas d'obtenir une couleur intense. Il permet
d'augmenter la luminance L des papiers blancs et donc réduit le rapport c/L.
[0018] On a décrit dans le document FR-A-2 348 317 (CIBA-GEIGY) des nouveaux azurants optiques
insolubles en milieu aqueux qui sont utilisés en suspension pour effectuer un couchage
d'un papier opaque. Ces azurants ont pour objectif de conférer un aspect de blancheur
supérieur au papier opaque.
[0019] Le document GB-A-1 369 202 (CIBA-GEIGY) décrit un procédé de blanchiment d'un papier
opaque à l'aide d'une solution acide d'un azurant optique.
[0020] Le document FR-A-2 660 944 décrit une composition de couchage pour papier opaque
contenant un azurant optique dissous dans des solvants polaires organiques comme l'éthylèneglycol,
le diéthylèneglycol, le propylèneglycol, le diméthylformamide.
[0021] Le document EP-A1-0 712 960 décrit une composition liquide contenant un azurant optique
dissous dans du polyéthylèneglycol de masse moléculaire faible dans la plage de 150
à 500. Cette composition est utilisée pour le couchage d'un papier classique opaque.
[0022] Il existe couramment dans le commerce des papiers opaques qui ont une couleur fluorescente
intense. Ces papiers sont principalement destinés à la fabrication d'affiches ou d'étiquettes
pour lesquelles la transparence constituerait un défaut gênant ; les fabricants s'efforcent
donc de les rendre opaques. Ces papiers ne sont donc pas transparents.
[0023] Il n'existe donc pas actuellement un papier translucide et/ou transparent qui possède
une couleur fluorescente, intense et utilisable dans le domaine de l'impression et/ou
l'écriture.
[0024] La présente invention vise donc à fournir un papier translucide et/ou transparent
qui possède une couleur fluorescente intense et utilisable pour l'impression et/ou
l'écriture.
[0025] La présente invention vise en outre à fournir un procédé de fabrication d'un papier
translucide et/ou transparent possédant une couleur fluorescente intense.
[0026] L'homme du métier dans le domaine de la fabrication du papier sait que pour obtenir
une coloration de celui-ci, on peut soit introduire des colorants ou des pigments
en masse lors de la fabrication du papier, soit recouvrir le papier par une composition
contenant des colorants ou des pigments en suspension.
[0027] Le papier étant fabriqué en suspension dans l'eau, il est commode d'utiliser en masse
un colorant hydrosoluble. Certains de ces colorants se fixent spontanément sur la
cellulose alors que d'autres demandent l'intervention d'additifs pour leur fixation.
Les pigments, insolubles en milieu aqueux, peuvent aussi être utilisés de manière
à effectuer la coloration en masse du papier, mais on doit ajouter un agent de fixation
qui permet de retenir les pigments sur les fibres. Ceci n'empêche pas une certaine
déperdition des pigments dans les eaux rejetées de la machine à papier. L'homme du
métier pour colorer un papier possède donc d'une part une gamme de colorants transparents
solubles dans l'eau et d'autre part une gamme de pigments opaques insolubles dans
l'eau.
[0028] L'homme du métier qui cherche à réaliser du papier de couleur fluorescente peut trouver
dans le commerce des colorants fluorescents solubles dans l'eau. Ces produits sont
transparents mais, assez peu fluorescents; en outre, leur gamme de couleurs est pauvre,
c'est-à-dire qu'il existe dans le commerce très peu de colorants fluorescents solubles
dans l'eau. Avec ces colorants fluorescents solubles, il n'est pas possible d'obtenir
une gamme de couleurs vives et saturées, fluorescentes, ayant un rapport c/L supérieur
à 50.
[0029] L'homme du métier peut trouver aussi dans le commerce des colorants fluorescents
organosolubles de couleurs vives et variées. Ces colorants n'étant pas utilisables
dans l'eau ne peuvent être employés ni en masse dans la fabrication du papier, ni
en surface dans une enduction hydrosoluble. Ils sont utilisables seulement dans des
vernis ou des encres en solvants applicables sur le papier, et en raison de leur pouvoir
de réflexion réduit ils ne confèrent pas au papier une couleur satisfaisante, sur
le plan de la fluorescence notamment.
[0030] Au contraire, l'homme du métier a, à sa disposition dans le commerce, des pigments
fluorescents aux couleurs très vives et saturées dans une gamme variée. Etant des
pigments insolubles et non des colorants solubles, ces produits sont considérés comme
opaques. Pour conférer une coloration fluorescente au papier l'homme du métier qui
souhaite réaliser une gamme de couleurs dispose donc de pigments de couleurs fluorescentes
variées mais opaques.
[0031] On connaît par ailleurs des peintures à base de pigments fluorescents qui sont constitués
de particules de résine transparentes. Or, dans la fiche technique P.P.V. No. 166
de PEINTURES-Pigments-vernis, il est mentionné que ces pigments doivent être déposés
sur une sous-couche blanche pour bénéficier au maximum de leur luminosité et de leur
pureté et faire en sorte que les rayons lumineux qui ont traversé la couche de peinture
fluorescente ne soient pas absorbés par le subjectile mais réfléchis par lui et retraversent
la couche fluorescente pour participer à l'effet visuel. Selon la technique antérieure,
il est donc admis que pour obtenir une bonne fluorescence, il est nécessaire que le
fond soit aussi blanc et opaque que possible de manière à réfléchir au maximum la
lumière.
[0032] Par conséquent, l'homme du métier estimait avant la réalisation de la présente invention
qu'il n'était pas possible d'obtenir un papier transparent de couleur fluorescente
vive et en outre dans une gamme de couleurs variées. Ce préjugé provient du fait que
si on veut obtenir une gamme de couleurs fluorescentes variées, l'homme du métier
est dans l'obligation d'utiliser des pigments fluorescents non solubles dans l'eau,
qui peuvent être déposés à la surface du papier ou incorporés sans la masse du papier.
Or les pigments fluorescents sont considérés par l'homme du métier comme supprimant
la transparence du papier. Un autre préjugé de l'homme du métier est que, pour obtenir
une fluorescence efficace, il est indispensable que le fond soit réflecteur et non
transparent. Donc l'homme du métier estime qu'il n'est pas possible d'obtenir un papier
transparent ayant une certaine fluorescence.
[0033] Les présents inventeurs ont trouvé de manière surprenante qu'il était possible de
conférer à un papier transparent et/ou translucide une couleur fluorescente intense
en utilisant des pigments fluorescents, sans que ces pigments réduisent de manière
significative la transparence du papier finalement obtenu.
[0034] Les présents inventeurs ont en outre trouvé de manière surprenante qu'en déposant
par couchage et/ou impression une composition aqueuse de pigments fluorescents sur
un fond transparent, à savoir entre autre un papier transparent classique, on obtient
à la fois une couleur fluorescente intense et une bonne transparence.
[0035] Ils ont en outre trouvé de manière surprenante qu'en introduisant en masse des pigments
fluorescents dans la pâte d'un papier transparent, la transparence du papier obtenu
n'est pas réduite d'une manière significative.
[0036] La présente invention concerne donc un papier caractérisé en ce qu'il comprend au
moins un pigment fluorescent et qu'il présente les caractéristiques physiques suivantes
:
- il est transparent et/ou translucide,
- il possède une intensité de couleur (ou saturation) c et une luminosité L, mesurées
en unités CIELAB selon la norme DIN 53237, telles que le rapport de c à L soit supérieur
à 50%,
- il possède, pour une longueur d'onde λmax donnée, un coefficient de réflexion ΔR supérieur à 100%, tel que mesuré sur un papier
placé sur un fond blanc.
[0037] La présente invention concerne également un procédé de fabrication d'un papier translucide
et/ou transparent possédant une couleur fluorescente intense, caractérisé en ce que
:
- on choisit une cellulose ou un papier que l'on traite de manière à obtenir un papier
transparent et/ou translucide ;
- on choisit un pigment de la longueur d'onde souhaitée, que l'on mélange à la cellulose
ou que l'on dépose à la surface du papier issu du traitement de la cellulose.
[0038] Un papier selon l'invention peut être utilisée pour l'écriture ou pour imprimer,
notamment, des caractères typographiques.
[0039] Selon l'un des modes de réalisation de l'invention, le papier transparent ou translucide
reçoit sur chaque face une couche superficielle comportant un pigment fluorescent
insoluble dans l'eau.
[0040] La couche, au moment de son application sur le papier, peut contenir environ 20 à
30% de pigment fluorescent en poids.
[0041] La couche sèche résultant de cette application peut comprendre de 1 à 10 g/m
2, de préférence de 3 à 6 g/m
2 de pigment fluorescent sur chaque face du papier.
[0042] Selon un autre mode de réalisation de la présente invention, on introduit en masse
un pigment fluorescent non soluble dans l'eau et opaque en une quantité de 5 à 20%
en poids sec de pigment par rapports au poids sec de papier.
[0043] Le papier selon l'invention peut être choisi dans le groupe formé par le papier calque,
le papier sulfurisé, le papier cristal (ou "glassine"), le papier transparentisé par
imprégnation.
[0044] La présente invention, en regard des figures et des exemples annexés à titre non
limitatif, permettra de mieux comprendre comment l'invention peut être mise en pratique.
[0045] La figure 1 est une échelle permettant de mesurer commodément la transparence d'un
papier.
[0046] La figure 2 est une courbe schématique du coefficient de transmission en fonction
de la longueur d'onde de la lumière réfléchie.
[0047] La figure 3 est une courbe selon la figure 2 obtenue (courbe A) en posant un papier
selon l'exemple 2 de l'invention sur un fond blanc et obtenue (courbe B) en posant
le papier selon l'exemple 2 de l'invention sur un fond noir.
[0048] Le papier selon la présente invention est un papier qui est transparent et/ou translucide,
qui possède une intensité de couleur, c'est-à-dire une saturation c, et une luminosité
L mesurées en unités CIELAB selon la norme DIN 53237, telles que le rapport de c à
L soit supérieur à 50%, il possède pour une longueur d'onde λ
max donnée un coefficient de réflexion ΔR supérieur à 100%, lorsque la mesure est faite
sur un papier reposant sur un fond blanc (courbe A).
[0049] Le papier transparent et/ou translucide peut être un papier calque obtenu avec des
fibres de cellulose raffinées à un degré Schöpper élevé, au moins supérieur à 80 ou
un papier transparentisé au moyen d'une composition chimique. Le papier transparent
et/ou translucide peut aussi être un papier appelé "papier sulfurisé" ou "parchemin
végétal" rendu transparent en immergeant un papier de base opaque dans un bain d'acide
sulfurique qui dissout une partie de la cellulose des fibres. Ce bain est suivi de
nombreux rinçages à l'eau permet d'éliminer l'acide excédentaire est éliminé.
[0050] Le papier transparent et/ou translucide selon la présente invention peut aussi être
un papier dit "glassine". Un tel papier a un lissé Bekk supérieur à 2000 s et est
obtenu par un calandrage poussé d'un papier opaque. On peut prévoir un papier transparentisé
par tout autre moyen chimique et/ou mécanique connu ou qui sera connu à l'avenir.
[0051] Le papier transparent et/ou translucide selon la présente invention possède une intensité
de couleur (ou saturation c) et une luminosité L, mesurées en unités CIELAB selon
la norme DIN 53237, telle que de rapport c/L est supérieur à 50%. Le papier selon
l'invention possède donc une couleur intense.
[0052] Le papier selon la présente invention peut être constitué d'un papier transparent
et/ou translucide qui comporte, sur au moins une de ses faces, une couche superficielle
de pigment fluorescent insoluble dans l'eau.
[0053] Cette couche de pigment fluorescent peut être présente sur chacune des faces du papier.
[0054] Le papier, selon l'invention, possède, pour une gamme de longueur d'onde λ
max donnée, un coefficient de réflexion ΔR supérieur à 100%.
[0055] Le papier selon l'invention est en outre caractérisé en ce qu'il peut être obtenu
par dépôt sur un papier transparent d'une composition aqueuse ne comportant pas ou
comportant une quantité infime de charges.
[0056] Les pigments fluorescents pouvant être mis en oeuvre dans le cadre de la présente
invention peuvent être choisis parmi ceux commercialisés par la société CIBA sous
la marque MIGLO®
, par la société RADIANT COLOR sous la marque Jst® ou les pigments de la série SX commercialisés
par la société NOVAGLO.
[0057] La quantité de pigment déposée est réglée pour conserver la transparence du papier
tout en obtenant une couleur vive désirée et d'une fluorescence suffisante. La quantité
de pigment déposée sur le papier est comprise, par face, selon l'invention entre 3
et 6 g/m
2, en poids sec. Si la quantité est inférieure à 3 g/m
2, la transparence du papier est bonne, tandis que la fluorescence et l'intensité de
couleur sont insuffisantes. Si la quantité de pigment est supérieure à 6 g/m
2, la transparence du papier est insuffisante, sans pour autant que la fluorescence
et l'intensité de couleur soient augmentées de manière remarquable.
[0058] La transparence du papier selon l'invention peut être mesurée commodément à l'aide
d'un dispositif conçu par la demanderesse (représenté sur la figure 1), de la manière
suivante :
[0059] Sur un ruban rigide transparent 1, on trace des cercles 2 de 1 cm de diamètre qui
sont remplis d'un quadrillage de traits. Un premier cercle 2a comporte un léger quadrillage
pour apparaître de couleur claire à l'oeil nu. Le deuxième cercle 2b, rempli d'un
quadrillage de traits plus serrés, apparaît plus sombre à l'oeil nu que le cercle
2a. Le troisième cercle 2c, rempli d'un quadrillage de traits plus serrés, apparaît
plus sombre à l'oeil nu que le cercle 2b. Le quatrième cercle 2d, rempli d'un quadrillage
de traits plus serrés, apparaît plus sombre à l'oeil nu que le cercle 2c. Le quatrième
cercle 2e, rempli d'un quadrillage de traits plus serrés, apparaît plus sombre à l'oeil
nu que le cercle 2d, etc. Les quadrillages sont réglés de manière que si le papier
selon l'invention 1 ne laisse voir que le cercle 2e, il sera noté 5, s'il laisse voir
le cercle plus clair 2d, il sera noté 4, etc., le papier laissant apparaître le cercle
2a étant le meilleur en transparence, et donc noté 1.
[0060] On peut aussi mesurer l'opacité du papier par la méthode selon une norme DIN 53147
ou une norme telle que JIS P 8138 ou ISO 2469.
[0061] Sur la figure 2, on a représenté une courbe schématique du coefficient de réflexion
(ou réflectance) en ordonnées et de la longueur d'onde de la lumière réfléchie (nm),
en abscisses. On mesure la réflectance ou coefficient de réflexion par spectrocolorimétrie
à l'aide d'un appareil DATACOLOR CS3.
[0062] On obtient une courbe comportant un pic. Le coefficient de réflexion est plus important
dans cette zone et la courbe forme un pic. Le coefficient de réflexion est supérieur
à 100% dans le cas d'un pigment fluorescent puisque qu'il y a émission de lumière
par le pigment fluorescent.
[0063] Sur la figure 3, on a représenté une courbe obtenue réellement, la courbe A étant
obtenue lorsque le papier selon l'invention est placé sur un support de couleur blanche
et la courbe B étant obtenue lorsque le papier est placé sur un support de couleur
noire.
[0064] Sur la courbe A on voit que la réflectance atteint presque 180%.
EXEMPLES
Exemple 1
[0065] On couche sur chaque face un papier calque de 92 g/m
2 avec une barre Meyer. La formulation de la couche contient 22,5% en poids sec de
pigment fluorescent insoluble dans l'eau dispersé dans un mélange aqueux contenant
un agent dispersant, un agent épaississant et un agent mouillant, et un liant acrylique.
Ces agents et ce liant sont analogues à ceux utilisés couramment dans la technique
pour un couchage de papier. Le pigment est un pigment jaune fluorescent du commerce
dont la granulométrie moyenne est comprise entre 2 et 3 µm. On dépose 4,5 g/m
2 par face de couche en poids sec et la quantité en pigment de la couche en poids sec
est d'environ 3 g/m
2 par face.
Exemples 2 à 5
[0066] On dépose les mêmes couches que celle de l'exemple 1, mais on change de colorant,
comme indiqué dans le Tableau I suivant. Les mesures de la couleur des papiers obtenus
ont été réalisés avec un appareil de mesure commercialisé par la Société HUNTERLAB.
[0067] Un tel appareil permet de mesurer les coordonnées cartésiennes en trois directions
a, b, L d'un point P d'une couleur. Ainsi, le point P est repéré en fonction des quatre
couleurs bleu, rouge, jaune et vert. Si a est positif, la couleur tire vers le rouge,
si a est négatif, la couleur est plus verte. Si b est positif, la couleur tire vers
le jaune, si b est négatif, la couleur est plus bleue.
[0068] L'appareil HUNTERLAB permet aussi de mesurer les coordonnées polaires du point P.
La distance entre le centre O et le point P est c et appelée chroma. Elle représente
l'intensité de la couleur. L'angle H permet de situer le point P par rapport aux quatre
couleurs jaune, rouge, bleu, vert.
[0069] La transparence a été mesurée au moyen du dispositif conçu par la demanderesse, décrit
plus haut, et représentée à la figure 1.

Exemple 6
[0070] On couche sur chaque face une bobine de papier calque de 92 g/m
2sur les deux faces avec une composition contenant une faible quantité de silice et
une teneur en pigment fluorescent de 24% en poids sec. La couche déposée en poids
sec est de 5,5 g/m
2 par face.
Exemple 7
[0071] On applique la même composition que celle de l'exemple 6, mais sur du papier sulfurisé.
La couche en poids sec est de 7,4 g/m
2 par face, soit environ 4 g/m
2 par face de pigment.
Exemple 8
[0072] On applique la même composition que celle de l'exemple 1, et dans les mêmes conditions,
mais sur du papier glassine. La couche en poids sec est de 3,5 g/m
2 par face de pigment et de liant, soit 2,45 g/m
2 par face de pigment.
[0073] Tous les exemples ci-dessus permettent d'obtenir un papier transparent de couleur
vive et fluorescent.
[0074] Par ailleurs, bien que les couches de pigment fluorescent ne contiennent pas de charges,
le papier selon l'invention est facilement imprimable, ce qui prouve que les charges
ne sont pas nécessaires. Ceci constitue un avantage supplémentaire de l'invention,
car de cette manière la formulation des couches de pigment fluorescent sont plus faciles
à réaliser.
1. Papier
caractérisé en ce qu'il comprend au moins un pigment fluorescent et qu'il présente les caractéristiques
physiques suivantes :
- il est transparent et/ou translucide,
- il possède une intensité de couleur (ou saturation) c et une luminosité L, mesurées
en unités CIELAB selon la norme DIN 53237, telles que le rapport de c à L soit supérieur
à 50%,
- il possède, pour une longueur d'onde λmax donnée, un coefficient de réflexion ΔR
supérieur à 100%, tel que mesuré sur un papier placé sur un fond blanc.
2. Papier selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il est constitué d'un papier transparent qui comporte, sur au moins une de ses deux
faces, une couche superficielle de pigment fluorescent insoluble dans l'eau.
3. Papier, selon la revendication 2, caractérisé en ce qu'il comporte une couche de pigment fluorescent insoluble dans l'eau sur chacune de
ses faces.
4. Papier selon l'une des revendications 2 et 3, caractérisé en ce que la couche superficielle sur chaque face comprend en poids sec de 1 à 10g/m2, de préférence 3 à 6 g/m2 de pigment fluorescent.
5. Papier selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte, en masse, un pigment fluorescent en une quantité de 5 à 20% en poids
sec de pigment par rapport au poids sec de papier.
6. Papier selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que le papier transparent est choisi dans le groupe formé par le papier calque obtenu
avec des fibres de cellulose ayant un degré de raffinage Schôpper supérieur à 80,
un papier sulfurisé, un papier "cristal" ou "glassine" un papier transparentisé chimiquement
ou autre papier transparentisé chimiquement et/ou mécaniquement.
7. Papier selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, et 6, caractérisé en ce qu'il est obtenu par dépôt sur un papier transparent d'une composition aqueuse contenant
un pigment fluorescent, en une quantité d'environ 20 à 30% en poids humide.
8. Papier selon la revendication 7, caractérisé en ce qu'il est obtenu par dépôt sur un papier transparent d'une composition aqueuse ne comportant
pas ou comportant une quantité infime de charges.
9. Papier selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, 6 et 7, caractérisé en ce qu'il est obtenu par dépôt d'une composition aqueuse contenant un pigment fluorescent
par couchage, impression héliographique, flexographique, offset ou sérigraphique.
10. Application d'un papier selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, à l'impression
et/ou l'écriture.
11. Procédé de fabrication d'un papier translucide et/ou transparent possédant une couleur
fluorescente intense,
caractérisé en ce que :
- on choisit une cellulose ou un papier que l'on traite de manière à obtenir un papier
transparent et/ou translucide ;
- on choisit un pigment de la longueur d'onde souhaitée, que l'on mélange à la cellulose
ou que l'on dépose à la surface du papier issu du traitement de la cellulose.