[0001] L'invention a pour objet un procédé et un dispositif pour fabriquer un produit de
coton hydrophile destiné notamment à un usage cosmétique : le maquillage et/ou le
démaquillage de la peau.
[0002] La plupart des produits en coton présents sur le marché sont sous la forme de formats
découpés : ronds, ovales ou carrés à démaquiller et ont des surfaces extérieures de
composition fibreuse identique. Lors de l'utilisation de ces produits, il n'est pas
possible de faire une différentiation d'usage entre les deux faces du produit si l'on
souhaite utiliser une face particulière pour le maquillage par exemple en appliquant
un liquide : lait, lotion ou crème, et l'autre face pour le démaquillage en nettoyant
la peau par essuyage et légère friction.
[0003] La demande de brevet N° 0 750 062 décrit des articles nettoyant la peau, qui sont
à la fois doux pour la peau et suffisamment résistants pour permettre le frottement
sur la peau sans provoquer d'irritations ou de lésions sur cette dernière. L'action
de frotter permet l'élimination des impuretés et des cellules mortes de la surface
de la peau. Ces articles comportent un substrat en non-tissé de préférence hydrolié
ayant un grammage de 20 à 150 g/m
2, caractérisé par un coefficient de frottement spécifique. Le substrat comprend de
préférence au moins en partie des fibres longues capables de se dégager de la surface
principale sous l'action du frottement tout en restant attachées au substrat. Il peut
être composé d'un mélange de fibres hydrophiles et hydrophobes ou de fibres purement
hydrophiles ou purement hydrophobes.
[0004] Au moins une face de l'article ou du substrat utilisé assure essentiellement la fonction
de nettoyage de la peau. Elle sert également de support pour des produits nettoyants
ou démaquillants tels que des lotions ou des laits de toilette. Dans le cas où l'article
nettoyant la peau ne serait constitué que de ce substrat, les deux faces de l'article
ne se distinguent pas et peuvent être utilisées indifféremment l'une de l'autre pour
nettoyer la peau.
[0005] La demande de brevet européen N° 0 851 052 révèle un tampon à démaquiller en coton
à usage notamment cosmétique comprenant au moins deux couches. Afin d'éviter la perte
des fibres tout en maintenant une qualité de douceur et d'absorption, les fibres des
couches extérieures sont plus longues que celles de la ou des couches centrales. L'épaisseur
de la ou des couches centrales est de préférence supérieure à l'épaisseur des couches
extérieures. De tels produits ne présentent pas non plus de faces distinctes permettant
une utilisation spécifique par face.
[0006] Les produits de coton de démaquillage sont le plus souvent composés d'un mélange
de fibres de coton de différentes qualités ou d'un mélange de fibres de coton et d'autres
fibres selon le produit recherché ou le procédé de fabrication utilisé. De tels produits
sont de composition homogène dans toute leur épaisseur. Certains autres produits sont
constitués de plusieurs couches ou nappes. Mais il ressort effectivement de ce qui
précède que les deux couches extérieures sont toujours de composition identique et
ne peuvent pas être différentiées.
[0007] Il existe un besoin en produits de coton présentant deux faces différentes permettant
une différentiation d'usage entre les deux faces, en particulier d'usage cosmétique
: une face pour le démaquillage ou nettoyage de la peau et une face pour le maquillage
par application de produit sur la peau.
[0008] Dans le domaine de l'essuyage industriel, la demande de brevet européen N° 0 826
811 propose un matériau complexe non-tissé absorbant comportant une face souple et
une face rugueuse. Ce matériau est constitué d'au moins deux nappes fibreuses superposées,
liées entre elles par interpénétration des fibres dans le sens de l'épaisseur. Mais
la première nappe est constituée pour tout ou partie de fibres synthétiques thermofusibles
sélectionnées de préférence dans la classe des polyoléfines et la seconde nappe est
constituée de fibres naturelles et/ou artificielles et/ou synthétiques plus fines
que les fibres de la première nappe. Les fibres synthétiques entrant dans la composition
de la première nappe permettent de réaliser la surface grattante de l'article. Cet
effet grattant est obtenu par réorientation des fibres synthétiques afin de présenter
des extrémités libres ou bouclettes apparentes sur une face extérieure et par fusion
des extrémités libres des fibres synthétiques.
[0009] Ce produit n'est pas destiné à un usage cosmétique mais est adapté pour réaliser
des produits d'essuyage semi-décapants ou très absorbants.
[0010] L'invention a pour objet un procédé pour fabriquer un produit de coton hydrophile
dont les couches extérieures comportent en surface des stries formées par liage hydraulique.
Le liage hydraulique est réalisé au moyen de jets d'eau.
[0011] Ce procédé est caractérisé par le fait que les jets d'eau du moyen de liage hydraulique
forment des groupes avec des jets espacés entre eux d'une distance comprise entre
0,4 et 1,2 mm, les groupes de jets étant espacés les uns des autres d'une distance
comprise entre 1,2 et 4 mm.
[0012] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'un produit de coton
hydrophile à partir d'une nappe à au moins deux couches selon lequel on applique un
premier moyen de liage hydraulique des fibres sur une face puis un second moyen de
liage hydraulique sur l'autre face de la nappe. Ce procédé est caractérisé par le
fait que les jets d'eau du premier moyen de liage hydraulique sont espacés d'une distance
comprise entre 0,4 et 1,2 mm et les jets d'eau du second moyen de liage hydraulique
forment des groupes dans lesquels les jets espacés sont espacés les uns des autres
d'une distance comprise entre 0,4 et 1,2 mm, les groupes de jets étant espacés les
uns des autres d'une distance comprise entre 1,2 et 4 mm.
[0013] Selon une caractéristique de ce procédé, chaque couche extérieure est hydroliée au
moyen de jets d'eau dont les axes sont espacés les uns des autres d'une distance donnée,
cette distance étant différente entre les jets utilisés pour la première couche et
les jets utilisés pour la seconde couche de manière à obtenir des couches extérieures
comportant en surface des stries avec un écartement différent.
[0014] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront plus en détails
dans la description qui suit et en référence aux dessins annexés dans lesquelles :
- la figure 1 représente un produit présentant de plus des faces comportant des stries
d'écartement différent ; et
- la figure 2 représente schématiquement la surface d'une lame perforée d'un dispositif
d'hydroliage dans lequel la lame est perforée de trous suivant une séquence.
[0015] Les couches ou nappes de coton formant le produit selon l'invention peuvent être
de grammage identique ou différent. Par exemple, la première couche constituée de
fibres douces et ayant un indice micronaire faible peut être d'un grammage compris
entre 10 et 40 g/m
2 et la seconde couche constituée de fibres ayant un effet grattant peut être d'un
grammage compris entre 10 et 300 g/m
2. Inversement, la couche constituée de fibres douces peut avoir un grammage compris
entre 10 et 300 g/m
2 et la couche constituée de fibres ayant un effet grattant, un grammage compris entre
10 et 40 g/m
2.
[0016] Le produit peut également comporter plus de deux couches. Une ou plusieurs couches
centrales sont alors disposées entre les deux couches extérieures Le procédé de fabrication
des produits, consiste à préparer au moins deux nappes de fibres de coton formant
les deux couches extérieures du produit l'une d'indice micronaire faible, l'autre
d'indice micronaire plus élevé. La différence entre les indices micronaires des deux
couches extérieures est au moins égale à 1 µg/pouce. Les nappes peuvent être constituées
directement à partir de coton hydrophile et blanchi. Elles peuvent aussi être obtenues
à partir de coton brut écru, puis traitées chimiquement afin d'obtenir l'hydrophilie
et le blanchiment. Après formation des nappes ou nappage, les nappes de coton sont
superposées et sont ensuite associées. On associe les nappes par hydroliage, c'est
à dire au moyen de jets d'eau à haute pression combinés à un exprimage par le vide.
Une telle association peut être effectuée sur un dispositif commercialisé par la société
ICBT-PERFOJET, Grenoble, France. Cette dernière technique permet à la fois l'association
des deux nappes entre-elles et la liaison d'au moins une surface de la nappe diminuant
ainsi le peluchage des produits.
[0017] Cette étape d'hydroliage, dans le cas d'une fibre écrue qui va être traitée chimiquement,
peut intervenir juste après l'étape d'imprégnation de la nappe comme cela est décrit
dans la demande de brevet européen n° 0 735 175. Elle peut aussi être placée en phase
finale de rinçage suivant le brevet européen n° 0 805 888 au nom de la demanderesse.
[0018] Des produits en formats sont ensuite découpés dans les nappes, ainsi associées, par
tout moyen classique.
[0019] En prenant et en touchant le produit, l'utilisatrice peut différencier la face douce
de la face la plus grattante.
[0020] Afin d'accentuer cette différence, on peut pulvériser un agent adoucissant uniquement
sur la face douce du produit. De ce fait, la composition de la première couche extérieure
de coton ayant un faible indice micronaire comprendra un agent adoucissant réparti
essentiellement en surface de cette couche.
[0021] Il est possible de prévoir une différentiation visuelle du produit
[0022] On utilise la technique d'hydroliage déjà utilisée pour associer les nappes et éviter
le peluchage, pour différencier visuellement les deux faces du produit.
[0023] Ceci permet au moyen d'une seule technique de remplir trois fonctions différentes.
[0024] Les différentes couches sont préparées, puis superposées ; l'ensemble est imprégné.
Les deux couches extérieures sont ensuite hydroliées l'une après l'autre sur des toiles
sans fin ou des cylindres.
[0025] Le procédé d'hydroliage permet de traiter différemment les deux faces. En effet,
les jets d'eau à haute pression utilisés pour entrelacer les fibres des couches extérieures,
marquent la surface de ces couches de stries visibles à l'oeil nu, dont l'écartement
correspond à la distance entre les axes des jets. Plus précisément, le dispositif
d'hydroliage comprend une pompe à haute pression alimentant un injecteur placé transversalement
au défilement de la nappe ou couche de fibres, sur toute sa largeur. L'injecteur consiste
en un volume d'eau sous pression, fermé par une lame d'acier qui est perforée de trous
calibrés produisant des jets sous la forme de fines aiguilles d'eau à haute pression
projetées perpendiculairement à la surface de la nappe de fibres. Ces fins jets emmêlent
les fibres. Les trous perforés dans cette lame d'acier (communément dénommée "strip")
ont un diamètre allant de 100 à 200 µm de préférence 120 à 140 µm et sont régulièrement
espacés. La distance entre les axes de deux trous consécutifs de la lame d'acier est
en général comprise entre 0,5 et 3 mm, le plus souvent entre 0,6 et 1 mm. La position
de l'injecteur étant fixe et la nappe ou couche de coton défilant sous ce dernier,
on observe sur la surface de la couche, une série de stries ou sillons parallèles
correspondant au passage sous les jets.
[0026] Il est ainsi possible de modifier la distance entre les axes des trous de la lame
d'un dispositif d'hydroliage utilisé pour le traitement d'une couche extérieure par
rapport à l'autre dispositif utilisé pour le traitement de l'autre couche.
[0027] Afin d'obtenir un aspect différent entre les deux faces du produit, on peut par exemple
utiliser pour une face, un dispositif d'hydroliage dont la lame est perforée avec
une distance importante entre les trous de 1,2 à 3 mm, de préférence de 1,6 à 2,5
mm, et pour l'autre face, un dispositif dont la lame est perforée avec une distance
entre les trous comprise entre 0,4 et 1,2 mm, de préférence entre 0,5 et 0,8 mm. Les
stries ou sillons ayant un écartement de 1,2 à 3 mm seront plus visibles sur la face
ainsi traitée que les stries de l'autre face.
[0028] On obtient alors une face finement striée et l'autre plus grossièrement.
[0029] Un exemple de produit présentant cette différentiation est illustrée par la figure
1.
[0030] Ce produit 21 comprend une première couche extérieure 22 d'un indice micronaire de
3,4 µg/pouce et d'un grammage de 25 g/m
2, une seconde couche extérieure 23 d'un indice micronaire de 6,8 µg/pouce et d'un
grammage de 25 g/m
2 et une couche centrale 24 de 200 g/m
2.
[0031] La face 25 de la couche extérieure 22 présente des stries 26 ayant un écartement
d
1 de 0,6 mm et la face 27 de la couche extérieure 23 présente des stries 28 ayant un
écartement d
2 de 2 mm.
[0032] L'utilisatrice est ainsi guidée pour discerner la face douce de la face plus grattante
du produit afin d'utiliser chacune des faces du produit dans sa bonne destination
: maquillage et/ou démaquillage.
[0033] Cependant, l'augmentation de la distance entre les trous de la lame perforée a pour
conséquence directe une diminution du nombre de trous et donc un apport d'énergie
plus faible sur la nappe qu'il n'est pas toujours possible de compenser par une augmentation
de la pression d'eau dans l'injecteur. Cette diminution de l'énergie transmise à la
nappe peut provoquer une augmentation du peluchage par rapport au résultat obtenu
sur une nappe ayant subi une étape d'hydroliage au moyen d'une lame perforée dont
la distance entre les trous est faible et uniforme.
[0034] Afin de limiter cette augmentation du peluchage, on utilise, conformément à l'invention,
une lame perforée de trous selon une séquence, par exemple des groupes de 6 trous
espacés de 0,6 mm, chaque groupe étant espacé du suivant de 1,8 mm. On obtient ainsi
une face où les stries sont bien visibles car elles apparaissent avec un écartement
large : le pas est important de l'ordre de 4,8 mm. L'augmentation du peluchage est
ainsi limitée grâce à une fréquence moyenne de trous supérieure à celle d'une lame
régulièrement perforée par exemple à une distance de 1,8 mm. Dans cet exemple de séquence,
le nombre moyen de trous par mètre est de 1250, alors que dans le cas de trous régulièrement
espacés à une distance de 1,8 mm, ce nombre est de 555. Pour un diamètre de trou et
une pression donnés, on pourra donc apporter plus du double de l'énergie avec la lame
perforée selon cette séquence, par rapport à la lame régulièrement perforée à une
distance de 1,8 mm.
[0035] La figure 2 illustre une lame perforée de trous selon une séquence, ici par groupes
de 5 trous espacés d'une distance e
1 égale à 0,6 mm, chaque séquence ou groupe de trous étant espacé de la suivante d'une
distance e
2 égale à 1,8 mm.
[0036] Ceci se traduit au niveau du produit par une première couche extérieure qui comporte
des stries avec un certain écartement compris entre 0,4 et 1,2 mm (ici 0,6 mm) et
une seconde couche extérieure qui comporte des stries selon une séquence comprenant
plusieurs groupes de stries, chaque groupe de stries ayant un certain écartement entre
les stries, cet écartement étant compris entre 0,4 et 1,2 mm (ici 0,6 mm) et chaque
groupe étant espacé du groupe suivant d'une distance comprise entre 1,2 et 4 mm (ici
1,8 mm).
[0037] L'utilisatrice dispose ainsi d'un produit de coton dont les deux faces se distinguent,
qui garde ses qualités de résistance mécanique, résistance au peluchage, cohésion
(résistance au délaminage) et douceur même si l'une des faces a un effet plus grattant
que l'autre pour le nettoyage.
1. Procédé de fabrication d'un produit de coton hydrophile, comportant une étape avec
liage hydraulique des fibres au moyen de jets d'eau, caractérisé par le fait que les jets d'eau forment des groupes dans lesquels les jets d'eau sont espacés les
uns des autres d'une distance comprise entre 0,4 et 1,2 mm, les groupes de jets d'eau
étant espacés les uns des autres d'une distance comprise entre 1,2 et 4 mm.
2. Procédé de fabrication selon la revendication 1 d'un produit de coton hydrophile à
partir d'une nappe avec deux couches extérieures selon lequel on applique un premier
moyen de liage hydraulique par jets d'eau des fibres sur une face puis un second moyen
de liage hydraulique par jets d'eau sur l'autre face de la nappe, caractérisé par le fait que les jets d'eau du premier moyen de liage hydraulique sont espacés d'une distance
comprise entre 0,4 et 1,2 mm et les jets d'eau du second moyen de liage hydraulique
forment des groupes dans lesquels les jets espacés sont espacés les uns des autres
d'une distance comprise entre 0,4 et 1,2 mm, les groupes de jets étant espacés les
uns des autres d'une distance comprise entre 1,2 et 4 mm.
3. Procédé selon la revendication précédente, caractérisée par le fait les jets du premier moyen de liage hydraulique sont espacés les uns des autres
de 0,6 mm et les jets d'un groupe du second moyen sont espacés de 0,6 mm, les groupes
étant espacés de 1,8 mm.
4. Procédé selon l'une des revendications 2 et 3, caractérisé par le fait que la première couche est constituée de fibres fines présentant un indice micronaire
faible formant une face douce et la seconde couche est constituée de fibres présentant
un indice micronaire plus élevé formant une face grattante.
5. Dispositif d'hydroliage comportant des lames perforées pour former les jets d'eau,
caractérisé par le fait que les trous sont disposés par groupes la distance entre groupes étant supérieure à
la distance entre trous d'un même groupe.
6. Dispositif d'hydroliage selon la revendication précédente, caractérisé par le fait que la distance entre jets d'un même groupe est comprise entre 0,4 et 1,2 mm.
7. Dispositif selon la revendication 5 ou 6, caractérisé par le fait que la distance entre groupes est comprise entre 1,2 et 4 mm.
8. Dispositif selon l'une des revendications 5 à 7, caractérisé par le fait que le diamètre des trous est compris entre 100 et 200µm et de préférence entre 120 et
140 µm.