[0001] La présente invention concerne une installation et un procédé de mise à l'air des
gaz résiduels des unités de distillation ou de liquéfaction d'air, et notamment est
utilisable dans celles de ces installations de mise à l'air qui comprennent une cheminée
par exemple en béton et une tour eau-azote.
[0002] Dans ce texte le mot 'oxygène' doit être interprété pour comprendre les fluides comprenant
au moins 75% mol. d'oxygène et de préférence au moins 95% mol. d'oxygène, le mot 'azote'
doit être interprété pour comprendre les fluides comprenant au moins 90% mol. d'azote,
de préférence au moins 95% mol. d'azote et le mot 'argon' doit être interprété pour
comprendre les fluides comprenant au moins 60% mol. d'argon.
[0003] En effet, lors de la mise en oeuvre des processus de distillation et de liquéfaction
d'air dans les unités traitant de grandes quantités d'air (sensiblement égales ou
supérieures à 1 000 tonnes par jour), l'eau qui est destinée à refroidir l'air entrant
en amont des appareils d'épuration est elle-même refroidie dans une tour eau-azote,
à la partie supérieure de laquelle elle est injectée, par échange thermique avec de
l'azote sec. L'azote humide résultant est ensuite mis à l'air en permanence ou au
moins en quasi-permanence au sommet de la tour. Par ailleurs, pour la mise à l'air
des produits pollués ou non issus de la distillation ou de la liquéfaction de l'air,
dont l'oxygène, ceux-ci sont collectés dans une cheminée en béton et évacués par le
sommet de la cheminée.
[0004] Pour rendre l'installation de mise à l'air plus compacte et faciliter sa construction,
il est possible d'accoler la cheminée et la tour eau-azote.
[0005] Une telle installation de mise à l'air est schématisée sur la figure 1, montrant
une section de cette installation par un plan vertical.
[0006] Sur cette figure 1, une installation de mise à l'air des gaz résiduels d'une unité
de distillation ou de liquéfaction d'air comprend une tour eau-azote 1 et une cheminée
2 accolées par une cloison commune 3.
[0007] La tour eau-azote comporte, à proximité de sa base, une conduite d'arrivée d'azote
sec 11, et, dans sa partie supérieure, une conduite d'arrivée d'eau chaude à refroidir
12, eau qui est elle-même destinée à refroidir ensuite de l'air comme mentionné plus
haut ; ainsi, l'azote suit dans la tour 1 un trajet globalement vertical vers le haut
jusqu'à une enceinte supérieure 13, comportant à son sommet une bouche d'évacuation
14 d'azote humide dans l'atmosphère, tandis que l'eau froide 16, pompée à la partie
inférieure de la tour, est dirigée vers les appareils où elle est mise en contact
avec l'air à refroidir. La cheminée 2 comporte, à proximité de sa base, des conduits
d'arrivée de gaz résiduels à évacuer dans l'atmosphère, par exemple un conduit d'air
21, un conduit d'azote 22 et un conduit d'oxygène 23 ; la cheminée 2 comporte à son
sommet une bouche d'évacuation 24 de gaz résiduels.
[0008] On peut noter que l'azote humide mis à l'air par la tour eau-azote 1 est rejeté en
permanence. En revanche, à différentes étapes du processus, il est possible qu'un
seul gaz résiduel soit mis à l'air par la cheminée 2. Le dimensionnement de la cheminée
doit être naturellement choisi pour que celle-ci puisse mettre à l'air simultanément
les trois gaz, circonstance qui peut survenir ; ainsi, la cheminée est dimensionnée
pour mettre à l'air le débit total maximal des gaz à une vitesse de sortie typiquement
d'environ 20 m/s. Cette conception n'est cependant pas dénuée d'inconvénient : si
un seul gaz est mis à l'air, par suite du faible débit, la vitesse de mise à l'air
est très inférieure à la valeur choisie, ici 20 m/s ; cela peut avoir des conséquences
très fâcheuses dans le cas où le gaz mis à l'air seul est de l'oxygène : comme l'oxygène
est plus lourd que l'air, peu après sa sortie de la cheminée, il a tendance à redescendre
vers le sol, et dans certaines conditions climatiques (par exemple vent presque nul)
son taux de concentration au sol peut devenir localement supérieur à 25%, ce qui est
excessif car dangereux par suite notamment des propriétés comburantes de ce gaz.
[0009] L'invention exposée dans la suite remédie à cet inconvénient et consiste à cette
fin en une installation de mise à l'air de gaz résiduels d'un processus de distillation
ou de liquéfaction d'air, caractérisée en ce qu'elle comprend une cheminée d'évacuation
de gaz résiduels débouchant dans l'atmosphère et adaptée pour évacuer notamment de
l'oxygène au moins par intermittence, et des moyens pour réduire le taux de concentration
en oxygène des gaz évacués par la cheminée, éventuellement constitués par des moyens
de mélanger un gaz inerte, miscible avec l'oxygène et de plus faible densité que l'oxygène
dans les mêmes conditions de température et de pression, de préférence de plus faible
densité que l'air dans les mêmes conditions de température et de pression, aux gaz
évacués.
[0010] De préférence, l'installation comprend une enceinte d'évacuation quasi-permanente
dans l'atmosphère du gaz inerte miscible avec l'oxygène et de plus faible densité
que l'air dans les mêmes conditions de température et de pression, et des moyens de
liaison des espaces intérieurs respectifs de l'enceinte d'évacuation et de la cheminée
pour transmettre dans la cheminée au moins une partie dudit gaz inerte de manière
qu'au moins à l'oxygène de la cheminée soit mélangé du gaz inerte, et ainsi le taux
de concentration en oxygène des gaz évacués par la cheminée soit réduit.
[0011] Grâce à cet agencement, il est possible de réduire notablement le taux de concentration
en oxygène du gaz émis en sortie de cheminée, même si uniquement de l'oxygène est
introduit à proximité de la base de la cheminée.
[0012] L'installation peut en outre présenter une ou plusieurs des caractéristiques suivantes
:
- l'enceinte d'évacuation est une enceinte appartenant à une tour eau-azote ;
- le gaz inerte est l'azote ou l'argon ou de l'air ou un mélange de ces gaz ;
- l'enceinte d'évacuation appartient à une tour eau-azote accolée à la cheminée, et
les espaces intérieurs de l'enceinte et de la cheminée sont séparés par une cloison
comportant, en tant que moyens de liaison des espaces intérieurs, une bouche d'évacuation
dans la cheminée, d'azote humide contenu dans l'enceinte ;
- la cheminée est équipée intérieurement d'un ensemble de buses par où transite une
partie ou la totalité du gaz introduit à la base de la cheminée ;
- les moyens de liaison comportent une bouche d'évacuation ménagée dans une cloison
séparant les espaces internes de l'enceinte et de la cheminée, et la cheminée est
équipée intérieurement d'un ensemble de buses disposé de telle sorte que son sommet
soit à un niveau inférieur au sommet de la bouche d'évacuation ;
- l'enceinte d'évacuation appartient à une tour eau-azote comportant, à proximité de
sa base, une conduite d'arrivée d'azote sec, et, dans sa partie supérieure, une conduite
d'arrivée d'eau chaude à refroidir, au-dessus du niveau de laquelle est ménagée une
bouche d'évacuation d'azote humide, s'ouvrant dans la cheminée ; et
- la cheminée comporte, à proximité de sa base, des conduits d'arrivée d'air, et/ou
d'arrivée d'azote, et/ou d'arrivée d'oxygène et/ou d'arrivée d'un autre gaz issu de
la distillation.
[0013] L'invention consiste également en un procédé de mise à l'air par une bouche d'évacuation
d'une cheminée d'une unité de distillation ou de liquéfaction d'air, de gaz résiduels
comprenant de l'oxygène, caractérisé en ce que l'on mélange au moins à l'oxygène,
de l'azote humide ou sec, et on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une
vitesse au moins égale à approximativement 7 m/s au niveau de la bouche d'évacuation.
[0014] En variante :
- on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à approximativement
10m/s au niveau de la bouche d'évacuation ;
- on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à approximativement
12 m/s au niveau de la bouche d'évacuation ; ou
- on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à approximativement
20 m/s au niveau de la bouche d'évacuation.
[0015] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront de la description
qui va suivre, d'une forme de réalisation de cette invention donnée à titre d'exemple
non limitatif, illustrée par la figure 2 jointe qui est une section schématique d'une
installation selon l'invention, selon un plan vertical.
[0016] Les éléments de la figure 2 qui correspondent à des éléments de la figure 1 déjà
décrite portent les mêmes références numériques.
[0017] Sur la figure 2, la tour eau-azote 1 comporte, à proximité de sa base, une conduite
d'arrivée d'azote sec 11 et, dans sa partie supérieure, une conduite d'arrivée d'eau
chaude à refroidir 12, eau qui est elle-même destinée à refroidir ensuite de l'air
circulant dans l'unité ; ainsi, l'azote suit dans la tour tout d'abord un trajet globalement
vertical jusqu'à l'enceinte supérieure 13; cependant, le sommet de la tour ne comporte
pas de bouche d'évacuation d'azote humide; en revanche, une bouche d'évacuation 15
d'azote humide est percée dans la cloison 3 commune à la tour 1 et à la cheminée 2,
par exemple à proximité du sommet de la tour 1 et en tout cas naturellement au-dessus
du niveau de la conduite d'arrivée d'eau chaude 12 dans l'enceinte 13 ; ainsi, cette
bouche 15 s'ouvre dans la partie supérieure de la cheminée 2 et l'azote suit dans
l'enceinte 13 un trajet qui se termine approximativement horizontalement ; l'eau froide
16 est comme précédemment dirigée vers les appareils où elle est mise en contact avec
l'air à refroidir. La cheminée 2, également comme précédemment, comporte, à proximité
de sa base, des conduits d'arrivée de gaz résiduels à évacuer dans l'atmosphère, à
savoir ici un conduit d'air 21, un conduit d'azote 22 et un conduit d'oxygène 23 ;
la cheminée 2 comporte à son sommet, ici approximativement au même niveau que celui
de la tour 1, une bouche d'évacuation 24. En outre, la cheminée 2 est équipée intérieurement,
approximativement au niveau de la bouche d'évacuation 15 d'azote humide, d'un ensemble
de buses 25 dont le sommet est à un niveau inférieur au sommet de la bouche d'évacuation
15, de telle manière que, quel que soit le gaz introduit à la base de la cheminée
2, d'une part il ait transité par les buses de l'ensemble 25 avant d'arriver au niveau
du sommet de la bouche d'évacuation 15 d'azote humide, et d'autre part il soit au
moins partiellement et si possible totalement mélangé à de l'azote humide avant de
parvenir à la bouche d'évacuation 24 de la cheminée ; de plus, l'ensemble de buses
25 est calculé et conçu pour permettre d'une part d'évacuer de préférence le débit
total, et d'autre part d'obtenir une vitesse d'évacuation d'au moins 7 m/s environ,
de préférence au moins 10 m/s, avantageusement au moins 12 m/s, ou, mieux, au moins
20 m/s, dans le cas d'un débit initial d'oxygène seul, au niveau de la bouche d'évacuation
24 de la cheminée 2. Les buses ainsi définies permettent naturellement en alternative
de passer un débit inférieur au débit total, le reste du débit ayant été alors évacué
par des moyens d'évacuation intermédiaires.
[0018] Ainsi, l'azote humide sortant de la tour 1 par la bouche d'évacuation 15, dont la
densité est plus faible que celle de l'air, entraîne le flux de gaz provenant de la
base de la cheminée, vers le haut, tout en se mélangeant à ce flux de gaz. De plus,
le balayage permanent par l'azote ou le mélange d'azote, de la cheminée de mise à
l'air, assure une protection contre toutes les impuretés émanant de l'extérieur. En
outre, grâce au mélange de l'azote sortant en continu, avec l'oxygène initialement
approximativement pur de l'installation, on s'affranchit de la sur-oxygénation de
l'air et on réduit le risque que la concentration dans l'air au niveau du sol, de
l'oxygène gazeux, s'élève au-delà d'environ 25%. Enfin, alors que dans les installations
conventionnelles, les tours eau-azote nécessitent rarement une hauteur supérieure
à une douzaine de mètres, tandis que les rejets des cheminées imposent à celles-ci
couramment une hauteur de 16 mètres à 18 mètres environ, grâce à la sous-oxygénation
du mélange évacué, il est possible de réduire la hauteur de la cheminée à la hauteur
de la tour eau-azote, soit une douzaine de mètres.
[0019] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée à la forme de réalisation ci-dessus décrite
et représentée, et on pourra en prévoir d'autres sans sortir de son cadre, et notamment
on pourra prévoir d'utiliser l'invention dans des installations sans tour eau-azote,
mais où il existe un surplus d'azote résiduaire (par exemple impur ou plus généralement
non valorisable tel quel) que l'on transfère dans une chambre de mise à l'air, ou
encore de mélanger l'oxygène avec non pas de l'azote mais un autre gaz miscible avec
lui et de plus faible densité que l'air, pourvu que ce gaz soit inerte au moins dans
les conditions opératoires, c'est-à-dire en particulier ne soit ni toxique, ni explosif,
ni carburant, ni comburant, seul ou en mélange avec l'oxygène. Il est également possible
de prévoir, en variante, une tour eau-azote 1 dont l'enceinte supérieure 13 comporterait
à son sommet, comme sur la figure 1, une bouche d'évacuation 14, par laquelle seraient
évacués le ou les gaz de la cheminée 2, mais cette technique serait un peu moins efficace
en terme de dilution.
1. Installation de mise à l'air de gaz résiduels d'un processus de distillation ou de
liquéfaction d'air, caractérisée en ce qu'elle comprend une cheminée (2) d'évacuation de gaz résiduels débouchant dans l'atmosphère
et adaptée pour évacuer notamment de l'oxygène au moins par intermittence et des moyens
pour réduire le taux de concentration en oxygène des gaz évacués par la cheminée,
éventuellement constitués par des moyens (13, 15) de mélanger un gaz inerte, miscible
avec l'oxygène et de plus faible densité que l'oxygène dans les mêmes conditions de
température et de pression, de préférence de plus faible densité que l'air dans les
mêmes conditions de température et de pression, aux gaz évacués.
2. Installation selon la revendication 1 comprenant une enceinte (13) d'évacuation quasi-permanente
dans l'atmosphère du gaz inerte miscible avec l'oxygène et de plus faible densité
que l'air dans les mêmes conditions de température et de pression, et des moyens de
liaison (15) des espaces intérieurs respectifs de l'enceinte (13) d'évacuation et
de la cheminée (2) pour transmettre dans la cheminée (2) au moins une partie dudit
gaz inerte de manière qu'au moins à l'oxygène de la cheminée soit mélangé du gaz inerte,
et ainsi le taux de concentration en oxygène des gaz évacués par la cheminée soit
réduit.
3. Installation selon la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce que l'enceinte (13) d'évacuation est une enceinte appartenant à une tour eau-azote (1).
4. Installation selon l'une quelconque des revendications 1,2 et 3, caractérisée en ce que le gaz inerte est l'azote, de l'argon, de l'air ou un mélange de ces gaz.
5. Installation selon la revendication 2,3 ou 4, caractérisée en ce que l'enceinte (13) d'évacuation appartient à une tour eau-azote (1) accolée à la cheminée
(2), et les espaces intérieurs de l'enceinte (13) et de la cheminée (2) sont séparés
par une cloison (3) comportant, en tant que moyens de liaison des espaces intérieurs,
une bouche (15) d'évacuation dans la cheminée, d'azote humide contenu dans l'enceinte.
6. Installation selon l'une quelconque des revendications 1 et 5, caractérisée en ce que la cheminée (2) est équipée intérieurement d'un ensemble de buses (25) par où transite
une partie ou la totalité du gaz introduit à la base de la cheminée.
7. Installation selon l'une quelconque des revendications 1 et 6, caractérisée en ce que les moyens de liaison (15) comportent une bouche d'évacuation ménagée dans une cloison
(3) séparant les espaces internes de l'enceinte (13) et de la cheminée (2), et la
cheminée est équipée intérieurement d'un ensemble de buses (25) disposé de telle sorte
que son sommet soit à un niveau inférieur au sommet de la bouche d'évacuation (15).
8. Installation selon l'une quelconque des revendications 1 et 7, caractérisée en ce que l'enceinte d'évacuation (13) appartient à une tour eau-azote (1) comportant, à proximité
de sa base, une conduite d'arrivée d'azote (11) sec, et, dans sa partie supérieure,
une conduite d'arrivée d'eau chaude à refroidir (12), au-dessus du niveau de laquelle
est ménagée une bouche d'évacuation d'azote humide (15), s'ouvrant dans la cheminée
(2).
9. Installation selon l'une quelconque des revendications 1 et 8, caractérisée en ce que la cheminée (2) comporte, à proximité de sa base, des conduits d'arrivée d'air (21),
et/ou d'arrivée d'azote (22), et/ou d'arrivée d'oxygène (23) et/ou d'arrivée d'un
autre gaz issu de la distillation.
10. Procédé de mise à l'air par une bouche d'évacuation (24) d'une cheminée (2) d'une
unité de distillation ou de liquéfaction d'air, de gaz résiduels comprenant de l'oxygène,
caractérisé en ce que l'on mélange au moins à l'oxygène, de l'azote humide ou sec, et on évacue le mélange
d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à approximativement 7 m/s
au niveau de la bouche d'évacuation (24).
11. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que l'on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à
approximativement 10 m/s au niveau de la bouche d'évacuation (24).
12. Procédé selon la revendication 10, caractérisé en ce que l'on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à
approximativement 12 m/s au niveau de la bouche d'évacuation (24).
13. Procédé selon la revendication 11, caractérisé en ce que l'on évacue le mélange d'oxygène et d'azote obtenu à une vitesse au moins égale à
approximativement 20 m/s au niveau de la bouche d'évacuation (24).