[0001] La présente invention concerne la correction active de l'acoustique des salles de
spectacle, auditoriums, salles de conférences et amphithéâtres, etc. L'idée du réflecteur
sonore actif (où « abat-son actif ») dérive de celle des abat-sons traditionnels (passifs),
sorte de réflecteur généralement placé au dessus de l'avant-scène pour renvoyer vers
l'auditoire de l'énergie sonore en provenance de la scène. Cette énergie « précoce
», arrivant peu après le « son direct » (son se propageant directement de la source
vers les auditeurs), vient renforcer l'intelligibilité et la clarté des messages perçus
par les auditeurs. Lorsque les réflecteurs sonores actifs sont placés sur les côtés
d'une salle, le renfort de l'énergie précoce se traduit aussi par une sensation agréable
d'élargissement de la source sur scène. Grâce à l'utilisation des techniques de l'électroacoustique
(microphones, filtres, amplificateurs, haut-parleurs), les abat-sons actifs présentent
une efficacité nettement supérieure à celle des abat-sons passifs. Leurs dimensions
peuvent être beaucoup plus réduites, et leur comportement (par exemple l'intensité
avec laquelle ils réfléchissent le son) peut être ajusté par l'utilisateur en fonction
des exigences de chaque type de spectacle. Un ensemble de réflecteurs sonores actifs
permettra en outre d'augmenter la réverbération de la salle dans laquelle ils sont
placés, avec ou sans l'aide de filtres électroniques réverbérateurs.
[0002] Voici quelques applications typiques des réflecteurs sonores actifs :
- Renfort du son direct, grâce à des réflecteurs sonores actifs placés au dessus de
l'avant scène, ou à proximité du cadre de scène.
- Conque de scène active. Amélioration de l'acoustique sur scène grâce à des réflecteurs
sonores placés autour des musiciens.
- Augmentation de la durée de réverbération d'une salle grâce à un ensemble de réflecteurs
sonores actifs.
- Création d'un effet de salle dans un spectacle en extérieur.
- Renforcement local du niveau sonore dans la salle, grâce à l'utilisation d'un ou plusieurs
réflecteurs sonores actifs placés à proximité de la zone à renforcer.
[0003] Les réflecteurs sonores actifs se distinguent radicalement de la sonorisation en
ce qu'ils opèrent essentiellement une modification de l'acoustique de la salle, plutôt
qu'une diffusion massive d'énergie sonore. Ainsi, dans une salle équipée d'un ensemble
de réflecteurs sonores actifs bien réglés, l'auditeur a l'impression d'une acoustique
naturelle non amplifiée.
[0004] Les abat-sons passifs sont utilisés dans les salles depuis de nombreuses années.
Ils se présentent sous forme de panneaux réfléchissants, plans ou galbés, généralement
suspendus au dessus de la scène ou de l'avant-scène. Leur dimensions typiques sont
de l'ordre de un à quelques mètres carrés. L'idée de réflecteur sonore actif est décrite
dans la demande de brevet français FR 2 449 318 déposé le 11-02-1980 par Philips Gloeilampenfabrieken
NV où l'on parle d'un « réflecteur amplificateur du son » comprenant un microphone,
un amplificateur et un haut-parleur dont le rayonnement direct est peu capté par le
microphone associé, le tout étant assemblé en une « unité mécanique ». Dans ledit
brevet, on ne parle pas explicitement de l'amplification de l'énergie précoce, mais
plutôt de l'utilisation d'un certain nombre de ces réflecteurs pour le renfort de
la réverbération dans une salle. Par ailleurs, les depuis les années 1960, un certain
nombre de réalisations commerciales de systèmes électroacoustiques de renfort de réverbération
ont vu le jour, dont on trouve un descriptif succinct dans : M. Kleiner, P. Svensson,
Review of active systems in room acoustics and electroacoustics. Proc. of ACTIVE 95, Newport Beach, CA, USA, 1995, 39-54. Citons entre autres les
systèmes MCR (Multichannel Reverberation de Philips : décrit dans S. H. De Koning,
The MCR system : multiple-channel amplification of reverberation. Philips Tech. Rev. , vol. 41, no. 1, pp 12-23, 1983/84), ACS (Acoustic Control System,
décrit dans : A. J. Berkhout, D. D. De Vries, P. Vogel,
Acoustic control by wave field synthesis. J. Acoust. Soc. Am., vol 93, no. 5, pp 2764-2778, 1993 ; et dans la demande de brevet
européen EP 0 335 468 A1 déposée par Birch Wood Acoustics Nederland B.V.), SIAP (System
for Improved Acoustic Performance, décrit dans : W.C.J.M. Prinssen, M. Holden,
System for improved acoustic performance. Proc. I.O.A., pp 93-101, 1992 ; et dans la demande de brevet européen EP 0 386 846
A1 déposée par Prinssen En Bus Raadgevende Ingenieurs V.O.F.), LARES (Lexicon Acoustic
Reverberation Enhancement System, décrit dans : D. Griesinger,
Improving room acoustic through time-variant synthetic reverberation. Audio Eng. Soc. 90
th Convention, Preprint 3014 (B-2), 1991 ; et dans le brevet américain US 5,109,419
de Lexicon Inc.), et VRA (Variable Room Acoustic, décrit dans : M. A. Poletti.
On controlling the apparent absorption and volume in assisted reverberation system. Acta Acustica, vol. 78, pp 61-73, 1993 ; et dans les brevets américains US 5,729,613
et US 5,862,233 de Industrial Research Limited). Tous ces systèmes se composent d'un
certain nombre de microphones associés à des haut-parleurs par l'intermédiaire d'une
chaîne électronique multicanale d'amplification et de filtrage. Ce sont des systèmes
bouclés puisque les signaux captés par les microphones sont envoyés aux haut-parleurs,
dont le rayonnement acoustique est capté par ces mêmes microphones. Les microphones
sont répartis dans la salle et/ou à proximité de la scène, et les haut-parleurs répartis
dans la salle (et parfois aussi sur la scène). Cependant, dans ces systèmes le son
capté par un microphone est envoyé par la chaîne électronique vers un haut-parleur
situé loin de ce microphone. En effet, dans le cas contraire, l'énergie importante
de l'onde acoustique directe se propageant du haut-parleur vers le microphone imposerait
un gain d'amplification électronique très faible afin que le système bouclé ne devienne
pas instable (effet Larsen), compromettant ainsi l'efficacité du système. Seul le
système Carmen (CSTB-France) utilise le concept de « réaction de proximité ». Dans
ce système, le signal issu d'un microphone est envoyé (
via une chaîne électronique) vers un haut-parleur situé à proximité du microphone, et
l'énergie de l'onde acoustique directe haut-parleur→microphone est limitée par un
principe de découplage acoustique : les directivités et positions du microphone et
du haut-parleur associé sont choisies de telle sorte que le microphone ne capte que
peu d'énergie directe en provenance du haut-parleur. On parle ici de « réaction de
proximité » lorsque la distance entre le microphone et le haut-parleur associé est
petite en regard des distances de propagation typiques dans les salles, mais tout
de même supérieure aux plus petites longueurs d'ondes considérées (quelques centimètres
aux très hautes fréquences). Bien que cette définition ne soit pas explicitement mentionnée
dans la demande de brevet FR 2 449 318, on peut considérer qu'elle est implicite à
la notion de réflexion sonore qui y est mentionnée. Lorsque la distance microphone
- haut-parleur est inférieure aux plus petites longueurs d'ondes considérées, on parle
de « réaction locale », comme c'est le cas dans les applications de contrôle actif
d'impédance telle par exemple celle décrite dans : X. Meynial,
Active Materials for applications in room acoustics, 3rd ICIM/ECSSM '96, Lyon '96, 968-973. Dans le cas du réflecteur sonore actif, ladite
distance est typiquement de l'ordre de 20cm à 2m.
[0005] La figure 1 illustre le synoptique du réflecteur sonore actif. Le microphone (1)
est connecté à l'entrée d'un préamplificateur (2) dont la sortie est reliée à un circuit
de contrôle (3). Le signal de sortie du circuit de contrôle (3) est amplifié par un
amplificateur de puissance (4) chargé par un haut-parleur (5). Le microphone (1) et
le haut-parleur (5) sont assujettis à un écran (6). La distance séparant le microphone
(1) du haut-parleur (5) est de l'ordre de 20cm à 2m typiquement. Le réflecteur sonore
actif peut comporter plusieurs microphones (1) et plusieurs préamplificateurs (2),
et plusieurs haut-parleurs (5) et plusieurs amplificateurs de puissance (4). Dans
ce cas, le réflecteur sonore actif est caractérisé par la moyenne des distance entre
tous les couples (haut-parleur - microphone) du réflecteur ; cette distance étant
comprise entre 20cm et 2m. Le fonctionnement de chaque réflecteur actif est indépendant
dans la mesure où il ne reçoit pas de signaux électriques en provenance d'autres réflecteurs
actifs.
[0006] Le dispositif suivant l'invention correspond à la description ci-dessus et est caractérisé
par les fonctions assurées par le circuit de contrôle (3). Il peut s'agir de découplage
électronique entre les haut-parleurs (5) et les microphones (1), de filtrage directionnel,
et de réverbérateur. Ces fonctions vont être explicitées dans la suite.
[0007] Les microphones (1) peuvent être plus généralement des capteurs sonores, mais nous
garderons l'appellation de microphone dans la suite. L'appellation « fonction de transfert
» indique dans la suite une fonction de la fréquence, bien que la variable ne soit
pas mentionnée pour ne pas alourdir les explications.
[0008] Le réflecteur sonore actif ne peut fonctionner que si on limite le couplage acoustique
entre les haut-parleurs (5) et les microphones (1), faute de quoi le système deviendrait
instable (effet Larsen) même pour de faible valeurs de gain de la chaîne d'amplification
(2,3,4). Dans la suite, on expose le problème du couplage acoustique pour un seul
haut-parleur et un seul microphone, le problème étant essentiellement identique lorsque
plusieurs microphones et/ou plusieurs haut-parleurs sont utilisés.
[0009] La limitation du couplage acoustique peut se faire de deux manières : découplage
acoustique, et découplage électronique. On utilise l'une ou l'autre, ou encore une
combinaison des deux dans le réflecteur sonore actif. Le découplage final doit être
tel que l'énergie du son direct haut-parleur(5) → microphone (1) soit inférieure à
l'énergie réverbérée par la salle en provenance du haut-parleur (5), et captée par
le microphone (1). C'est à cette condition qu'un ensemble de quelques réflecteurs
sonores actifs pourra réfléchir sur l'auditoire des ondes sonores dont l'amplitude
soit comparable à celle de l'onde directe parvenant aux auditeurs en provenance de
la scène.
[0010] Le découplage acoustique consiste à jouer sur les caractéristiques de directivité
du haut-parleur (5) et/ou du microphone (1) et sur la symétrie du dispositif, de sorte
que le son direct capté par le microphone en provenance du haut-parleur soit d'amplitude
faible. Un certain nombre de combinaisons sont possibles, telles par exemple celles
illustrées par la figure 2 qui utilisent soit un microphone bidirectionnel (figure
2a), soit un microphone omnidirectionnel (figure 2b), soit un microphone cardioïde
(figure 2c). Le réflecteur est vu de face sur la figure 2a, et en coupe sur les figures
2b et 2c. Sur les figures 2a et 2c, la flèche en pointillés représente la direction
du maximum de sensibilité du microphone. L'idée du découplage acoustique est présentée
dans la demande de brevet FR 2 449 318, qui décrit le mise en oeuvre correspondant
à la figure 2c. Il est important de noter que certaines de ces solutions font appel
à des microphones directionnels, ce qui permet, si on fait pointer l'axe de sensibilité
maximale de ceux-ci vers la scène, de privilégier la captation du son direct en provenance
de la scène par rapport à la captation du son réverbéré par la salle, et ce d'autant
plus que le réflecteur est proche de la scène. L'efficacité du réflecteur en termes
de renfort de l'énergie précoce en est augmentée. L'utilisation judicieuse de plusieurs
microphones (formant une antenne microphonique) peut permettre une captation encore
plus sélective de la source sur scène. De même, l'utilisation de plusieurs haut-parleurs
peut permettre de privilégier la propagation directe entre les haut-parleurs et les
auditeurs par rapport à la propagation réverbérée par la salle.
[0011] Dans le dispositif suivant l'invention, le découplage électronique vient éventuellement
compléter le découplage acoustique pour atténuer l'influence des réflexions sonores
en provenance d'obstacles situés à proximité du réflecteur actif, des ondes diffractées
sur le bord de l'écran (6), ou encore des ondes réfléchies par d'autres réflecteurs
sonores actifs voisins. Le découplage électronique consiste à atténuer le signal électrique
délivré par le microphone (1) en provenance du haut-parleur (5) à l'aide d'un filtre
annulateur d'écho (7) compris dans le circuit de contrôle (3), et tel que celui qui
est présenté en figure 3. Dans ce filtre, la fonction de transfert K=-V
m/V
hp doit être estimée (en l'absence de contre-réaction : X=G=0) alors que le réflecteur
est installé dans la salle, et l'estimation X injectée dans le filtre annulateur d'écho
(7). La fonction de transfert K peut être soit mesurée préalablement en appliquant
un signal de test à l'entrée de l'amplificateur de puissance (4), soit estimée en
continu durant le fonctionnement du réflecteur suivant les techniques adaptatives
bien connues en sonorisation ou en téléphonie. L'annulateur d'écho (7) annule la partie
la plus énergétique de la réponse haut-parleur(5)→microphone(1), c'est à dire le début
de la réponse impulsionnelle correspondante (typiquement les premières millisecondes).
La fonction de transfert G de la figure 3 détermine les caractéristiques du son réfléchi
par le réflecteur actif.
[0012] L'utilisation de plusieurs haut-parleurs (5) excités par des signaux retardés et
filtrés de façon adéquate par le circuit de contrôle (3) peut permettre de contrôler
le diagramme de directivité (c'est à dire le niveau sonore émis en fonction de la
direction considérée) du réseau de haut-parleurs (5), selon les principes d'antennerie
bien connus. Ainsi par exemple, un réseau linéaire vertical de haut-parleurs séparés
par une distance d (supposée inférieure aux demi-longueurs d'onde considérées) et
indicés de 1 à p en partant du haut, rayonne un maximum d'énergie dans la direction
θ si on affecte un retard τ
n=n.sin(θ).d/c au signal envoyé au nième haut-parleur, c étant la célérité des ondes
sonores, et θ=0 désignant l'horizontale. Ce principe élémentaire s'étend aisément
à un réseau bi-dimensionnel. On peut alors définir la « direction d'émission » du
réseau comme la direction angulaire correspondant au maximum d'énergie émise. Ainsi,
le dispositif suivant l'invention muni de plusieurs haut-parleurs (5) permet de générer
plusieurs réflexions caractérisées chacune par un retard, une atténuation, et une
direction d'émission.
[0013] La figure 4 représente un mode de réalisation de l'invention consistant en un dispositif
utilisant un microphone (1), un réseau de haut-parleurs (5), et un nombre n de réverbérateurs
(9) dont les signaux de sortie sont affectés à autant de directions d'émission, grâce
à une « matrice directionnelle » (10). Le découplage électronique correspondant à
la direction d'émission i est assuré par le filtre annulateur d'écho (7) de fonction
de transfert X
i. En notant V
m la tension délivrée par le préamplificateur (2) du microphone (1), et V
Ri la tension de sortie du réverbérateur i, alors la fonction de transfert H
i = V
m/V
Ri représente l'émission du réflecteur dans la direction i et la propagation acoustique
dans la salle jusqu'au microphone (1). Notons que cette fonction tient compte du filtre
annulateur d'écho X
i : H
i=K
i+X
i. Le gain en boucle ouverte du système {réflecteur + salle} s'écrit donc

où R
i est la fonction de transfert en tension du réverbérateur i, Or, il est bien connu
en acoustique des salles que les distributions fréquentielles des modules des fonctions
H
i sont régies par la loi de Rayleigh si le son direct haut-parleurs(5)→ microphone(1)
est de faible énergie par rapport au son réverbéré par la salle (condition qui est
assurée par les découplages acoustiques et électroniques). Plus le rayonnement du
réseau de haut-parleur (5) pour une direction d'émission donnée (correspondant à un
des réverbérateurs) se distingue du rayonnement correspondant aux autres directions
d'émission (correspondant aux autres réverbérateurs), moins les fonctions H
i sont corrélées entre elles. Par ailleurs, les distributions des modules des fonctions
de transfert R
i sont également régies par la loi de Rayleigh puisqu'elles traduisent aussi un phénomène
de réverbération. Alors, par application de la loi des grands nombres, la variance
de |T| diminue et sa distribution tend vers une loi de Rayleigh à mesure que le nombre
n de réverbérateurs (9) augmente, et ce d'autant plus que les fonctions H
i sont décorrélées entre elles. Ceci présente un grand intérêt en pratique, puisque
le gain de la chaîne d'amplification (2,3,4) peut être d'autant plus fort que la distribution
de |T| approche la loi de Rayleigh. A la limite. le gain sera le même que s'il n'y
avait pas de réverbérateur, mais l'utilisation de ceux-ci permettra de prolonger efficacement
la réverbération de la salle. Un tel réflecteur sonore actif permet donc à la fois
de générer des réflexions précoces de forte amplitude (en tirant parti de la directivité
du réseau de haut-parleurs), et d'augmenter la durée de réverbération d'une salle.
On peut encore faire varier lentement le filtrage effectué par la matrice directionnelle
(10) de sorte à faire évoluer dans le temps la direction d'émission assignée à chaque
réverbérateur, ce qui permettra d'améliorer la stabilité du système et de réduire
la coloration liée au rebouclage acoustique des haut-parleurs (5) vers les microphones
(1). Un mise en oeuvre efficace de ce principe consiste à effectuer une rotation lente
des affectations des sorties des réverbérateurs vers les directions d'émission. Le
réseau de haut-parleurs (5) peut prendre diverses formes, comme par exemple le réseau
plan ou le réseau linéaire. Une combinaison particulièrement avantageuse est obtenue
avec un réseau linéaire vertical de haut-parleurs (5) et un microphone bidirectionnel
(1) dont la membrane se situe dans un plan contenant les haut-parleurs (5), assurant
ainsi un excellent découplage acoustique selon le principe de la figure 2a. Une version
simplifiée du dispositif consiste à supprimer la matrice directionnelle (10), et affecter
la sortie de chaque réverbérateur (9) directement à un ou plusieurs haut-parleurs
du réseau (5). Outre l'intérêt qui vient d'être discuté, le fait d'utiliser plusieurs
haut-parleurs (5) permet de répartir l'énergie sonore émise par le réflecteur sur
une plus grande surface, et par là même d'éviter qu'un auditeur ne soit gêné par une
trop forte densité d'énergie sonore en provenance d'un seul haut-parleur (5). Si l'on
retire les réverbérateurs (9), on conserve ce dernier avantage, mais on perd le bénéfice
de ceux-ci pour l'augmentation de la durée de réverbération de la salle. Le réflecteur
aura cependant toujours tendance à augmenter la réverbération par simple rebouclage
acoustique des haut-parleurs (5) vers le microphone (1)
via la salle. Dans la suite, le cas où il n'y a pas de réverbérateur est considéré comme
un cas particuliers de réverbérateur de fonction de transfert unitaire R=1.
[0014] La figure 5 illustre un autre mode de réalisation du dispositif suivant l'invention.
De manière similaire à ce qui précède, l'utilisation d'un réseau de microphones (1)
et d'une matrice directionnelle (10) placée entre les préamplificateurs microphoniques
(2) et les réverbérateurs (9) permet de capter les ondes incidentes selon plusieurs
diagrammes de directivités (on parlera de « voies capteur »). chacune de ces voies
capteur étant affectée à un réverbérateur (9) distinct. Le filtre d'annulation d'écho
a été omis pour plus de clarté. Les sorties des réverbérateurs (9) sont envoyées à
un sommateur (10) dont la sortie excite le haut-parleur (5)
via l'amplificateur de puissance (4). La fonction de transfert en boucle ouverte du système
est de la même forme que celle donnée au paragraphe précédent, et présente donc les
mêmes avantages en termes de renfort de la réverbération. Comme dans le cas précédent,
une mise en oeuvre simplifiée du dispositif consiste à supprimer la matrice directionnelle
(10) et à affecter la sortie de chaque microphone (1) directement à un ou plusieurs
réverbérateurs (9). La directivité de la captation est alors déterminée par la directivité
propre de chaque microphone (1).
[0015] Enfin, il est bien sûr possible de combiner comme le montre la figure 6 les systèmes
décrits dans les deux derniers paragraphes : on utilise alors un réseau de microphones
(1) connectés via leurs préamplificateurs (2) à une matrice directionnelle de captation
(10a), et un réseau de haut-parleurs (5) excités via leurs amplificateurs de puissance
(4) par les sorties d'une matrice directionnelle d'émission (10b) ; les réverbérateurs
(9) étant placés entre les sorties de la matrice directionnelle de captation (10a)
et les entrées de la matrice directionnelle d'émission (10b). Avec ce dernier mode
de réalisation du dispositif suivant l'invention, on peut assigner à chaque onde captée
suivant une voie donnée un nombre quelconque d'ondes éventuellement retardées et atténuées
les unes par rapport aux autres à chaque voie de rayonnement.
[0016] La figure 7 illustre de manière simple ce type de possibilité, avec un réflecteur
basé sur 2 microphones cardioïdes (1) pointant dans les directions +θ et -θ, et un
réseau de haut-parleurs (5) séparés par une distance d, réfléchissant les ondes de
façon « pseudo-spéculaire » grâce à une matrice directionnelle d'émission (10b) constituée
de sommateurs (8) et de retards (11) τ=d/c.sin(θ) : à la direction incidente +θ correspond
la direction réfléchie -θ (et vis versa), mais seules deux directions sont considérées.
Dans cet exemple, il n'y a pas de matrice directionnelle de captation car les directivités
de deux voies de captation résultent simplement de la directivité des microphones
(1). On peut éventuellement introduire des réverbérateurs entre les sorties des préamplificateurs
microphoniques (2) et les entrées de la matrice directionnelle d'émission (10b).
[0017] Sur les figures 5 à 7, le filtre annulateur d'écho a été omis pour plus de clarté.
Il est clair que la structure et la réponse de celui-ci ont tendance à devenir plus
complexes à mesure que le nombre de microphones ou de haut-parleurs est augmenté et
que le nombre de réflexions émises pour chaque onde incidente augmente. Il convient
cependant de préciser que, hormis toute considération liée à la directivité d'un microphone
ou des haut-parleurs, la multiplication du nombre de haut-parleurs (qui ne s'accompagne
pas d'une multiplication de la puissance totale émise car le gain en boucle ouverte
moyen <T> doit rester constant) tend à diminuer l'énergie du son direct capté par
le microphone en provenance de tous les haut-parleurs si les haut-parleurs ajoutés
sont situés plus loin du microphone que ceux existants.
[0018] Outre la fonction de découplage électronique et les opérations liées à l'utilisation
de plusieurs microphones et/ou haut-parleurs, le circuit de contrôle (3) assure diverses
fonctions de filtrage, comme le contrôle de gain, l'égalisation (correction fréquentielle),
la compression de la dynamique du signal pour limiter l'amplitude maximale des signaux
envoyés au haut-parleur (5) via l'amplificateur de puissance (4), ou encore un filtrage
variant dans le temps (modulation lente de la phase ou du retard du signal, ou modulation
plus complexe) qui permet éventuellement d'augmenter encore le seuil de gain du circuit
de contrôle correspondant à l'instabilité (effet Larsen). L'essentiel des opérations
de filtrage du circuit de contrôle (3) est effectué par un ou plusieurs processeurs
numériques de signal (DSP). Ces fonctions de filtrage, qui n'ont pas été explicitement
mentionnées dans les paragraphes précédents et les figures afférentes dans un souci
de clarté, peuvent être considérées comme faisant partie des réverbérateurs (9).
L'utilisateur règle le comportement du réflecteur sonore actif en modifiant (à l'aide
d'une télécommande) les paramètres de filtrage du circuit de contrôle (3).
[0019] L'ensemble de l'électronique {préamplificateur (2), circuit de contrôle (3). amplificateur
de puissance (4)} peut être intégré physiquement dans le réflecteur, par exemple au
dos de l'écran (6), ou déporté. Les préamplificateurs (2) peuvent éventuellement assurer
la fonction d'alimentation pour les microphones (1), notamment si ceux-ci sont de
type électrostatique. Ils peuvent éventuellement faire partie de la même unité mécanique
que le circuit de contrôle (3), tout comme les amplificateurs de puissance (4). Selon
le type de directivité souhaité pour les haut-parleurs (5), ceux-ci pourront être
montés dans une enceinte close ou bass-réflex, ou simplement placés dans un écran,
ou tout autre type de charge acoustique. Les microphones (1) sont soit placés sur
l'écran, soit déportés (comme c'est le cas sur la figure 2c) à l'aide d'une perchette
par exemple. L'écran (6) peut être de dimensions et de formes variées (rectangulaire,
elliptique, ou autre), pourvu que le découplage soit suffisant. Si les haut-parleurs
sont montés dans une enceinte, l'écran peut se réduire à la face avant de l'enceinte.
Il n'est pas nécessairement plan.
[0020] Bien que le fonctionnement de chaque réflecteur actif soit autonome, plusieurs réflecteurs
sonores actifs seront souvent associés, comme c'est le cas dans les quatre premiers
exemples d'utilisation mentionnés plus haut. Dans ce cas, la commande des paramètres
de contrôle est commune à l'ensemble des réflecteurs sonores associés, et transmise
par un réseau partagé par ces réflecteurs sonores .
[0021] La forme des réflecteurs sonores pourra être conçue en vue de l'assemblage de plusieurs
d'entre eux, par exemple pour former un large réflecteur actif au dessus du cadre
de scène.
1. Dispositif actif réfléchissant les ondes sonores et destiné à l'amélioration des conditions
d'écoute dans les salles de spectacle et de congrès, théâtres et amphithéâtres, studios
d'enregistrement etc, comprenant un ou plusieurs capteurs sonores (1) et leurs préamplificateurs
(2), et un ou plusieurs haut-parleurs (5) et leurs amplificateurs de puissance (4),
caractérisé en ce que la moyenne des distances entre capteur et haut-parleur pour tous les couples (capteur
- haut-parleur) est comprise entre vingt centimètres et deux mètres, et
en ce que les entrées des amplificateurs (4) sont reliées aux sorties des préamplificateurs
(2) par l'intermédiaire d'un circuit électronique de contrôle (3) assurant notamment
au moins une des fonctions suivantes :
- annulation d'écho réduisant le couplage acoustique entre les haut-parleurs (5) et
les capteurs sonores (1),
- contrôle de la directivité de l'ensemble des capteurs sonores (1),
- contrôle de la directivité de l'ensemble des haut-parleurs (5),
- filtre réverbérateur.
2. Dispositif selon la revendication 1, comprenant un réseau de plusieurs haut-parleurs
(5) et un circuit de contrôle (3) pourvu d'une entrée et de plusieurs sorties connectées
aux haut-parleurs (5) par l'intermédiaire de plusieurs amplificateurs de puissance
(4), caractérisé en ce que ledit circuit de contrôle (3) permet à partir d'une onde captée par le ou les capteurs
(1) d'émettre un nombre quelconque d'ondes selon plusieurs diagrammes de directivité
du réseau de haut-parleurs (5), et éventuellement retardées et atténuées les unes
par rapport aux autres.
3. Dispositif selon la revendication 1, comprenant un réseau de plusieurs capteurs sonores
(1) et un circuit de contrôle (3) pourvu d'une sortie et de plusieurs entrées connectées
aux capteurs (1) par l'intermédiaire de plusieurs préamplificateurs (2), caractérisé en ce que ledit circuit de contrôle (3) permet une captation des ondes selon plusieurs diagrammes
de directivités du réseau de capteurs correspondant chacun à une « voie capteur »,
et émettant un nombre quelconque d'ondes éventuellement retardées et atténuées les
unes par rapport aux autres pour chaque onde captée par chaque voie capteur.
4. Dispositif selon la revendication 1, comprenant :
- un réseau de plusieurs capteurs sonores (1),
- un réseau de plusieurs haut-parleurs (5),
- et un circuit de contrôle (3) pourvu de plusieurs entrées connectées aux capteurs
(1) par l'intermédiaire de plusieurs préamplificateurs (2), et plusieurs sorties connectées
aux haut-parleurs (5) par l'intermédiaire de plusieurs amplificateurs de puissance
(4),
caractérisé en ce que ledit circuit de contrôle (3) permet une captation des ondes selon plusieurs diagrammes
de directivités du réseau de capteurs (1) correspondant chacun à une « voie capteur
», une émission des ondes selon plusieurs diagrammes de directivité du réseau de haut-parleurs
(5) correspondant chacun à une « voie de rayonnement », et comprend une matrice de
réverbérateurs dont les entrées proviennent des voies capteurs et les sorties sont
affectées aux voies de rayonnement.
5. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce qu'il utilise plusieurs haut-parleurs (5) alignés verticalement et montés dans une enceinte
de type colonne, un capteur sonore (1) consistant en un microphone bidirectionnel
assujetti à l'enceinte colonne et placé de sorte que sa membrane décrive un plan contenant
les haut-parleurs (5).
6. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que le circuit de contrôle (3) contient plusieurs filtres réverbérateurs excités par
le même signal issu du préamplificateur (2), est pourvu d'autant de sorties qu'il
y a de filtres réverbérants, chacune de ces sorties étant connectée à un amplificateur
de puissance (4) chargé par un ou plusieurs haut-parleurs (5), l'affectation entre
les sorties des réverbérateurs et les sorties du circuit de contrôle (3) pouvant éventuellement
varier lentement au cours du temps.
7. Dispositif selon la revendication 5, caractérisé en ce que le circuit de contrôle (3) contient plusieurs filtres réverbérateurs excités par
le même signal issu du préamplificateur (2), et est pourvu d'autant de sorties qu'il
y a de filtres réverbérants, chacune de ces sorties étant connectée à un amplificateur
de puissance (4) chargé par un ou plusieurs haut-parleurs (5), l'affectation entre
les sorties des réverbérateurs et les sorties du circuit de contrôle (3) pouvant éventuellement
varier lentement au cours du temps.
8. Dispositif selon la revendication 2, caractérisé en ce que le circuit de contrôle (3) contient plusieurs retards excités par le même signal
issu du préamplificateur (2), est pourvu d'autant de sorties qu'il y a de retards,
chacune de ces sorties étant connectée à un amplificateur de puissance (4) chargé
par un ou plusieurs haut-parleurs (5), l'affectation entre les sorties des retards
et les sorties du circuit de contrôle (3) pouvant éventuellement varier lentement
au cours du temps.
9. Dispositif suivant la revendication 4 caractérisé en ce que les caractéristiques des voies capteur et des voies de rayonnement, ainsi que les
propriétés de la matrice de réverbérateurs peuvent éventuellement varier lentement
dans le temps.
10. Dispositif suivant la revendication 9, caractérisé en ce que les voies capteurs ne sont constituées chacune que par le signal issu d'un capteur
sonore ou d'un groupe de capteurs sonores (1) spécifique.
11. Dispositif suivant la revendication 9, caractérisé en ce que les voies de rayonnement ne sont constituées chacune que par un haut-parleur ou un
groupe de haut-parleurs (1) spécifique.
12. Dispositif suivant la revendication 10, caractérisé en ce que les voies de rayonnement ne sont constituées chacune que par un haut-parleur ou un
groupe de haut-parleurs (1) spécifique.
13. Dispositif suivant la revendication 10 caractérisé en ce qu'il utilise un réseau plan de haut-parleurs (5) et deux capteurs sonores (1) consistant
en deux microphones cardioïdes pointant dans deux directions symétriques par rapport
à la normale au plan des haut-parleurs (5).