[0001] L'invention concerne des fluides fonctionnels pour véhicules automobiles et plus
particulièrement des fluides fonctionnels permettant une lubrification durable des
moteurs.
[0002] Chaque véhicule automobile contient actuellement une variété de fluides remplissant
différentes fonctions comme les huiles lubrifiantes de moteur et/ou d'engrenage, les
huiles hydrauliques comme les huiles pour direction assistée, le liquide de frein
ou le fluide d'amortisseur et le liquide de refroidissement.
[0003] Tous ces fluides présentent une instabilité thermique et oxydative à l'usage. Cette
instabilité entraîne une modification de leurs propriétés physiques et chimiques.
Les fluides ne remplissent plus leur rôle de manière satisfaisante, ce qui peut être
à l'origine de dysfonctionnements mécaniques graves du véhicule. Ces fluides doivent
alors être retirés et mis en décharge, ce qui pose des problèmes d'ordre financier
et environnemental.
[0004] Parmi ces fluides fonctionnels, le plus problématique est sans doute le lubrifiant
de moteur. Les vidanges fréquentes de ces huiles de moteur dégradées, actuellement
majoritairement à base d'huiles minérales ou synthétiques, peu ou pas biodégradables
et toxiques, sont à l'origine d'une pollution non négligeable liée au stockage et
à la non maîtrise du recyclage de ces huiles.
[0005] On a proposé alors d'utiliser des fluides de base non toxiques et rapidement biodégradables
comme les polyalkylèneglycols (ultérieurement PAG dans le texte), obtenus notamment
à partir d'oxyde d'éthylène et d'oxyde de propylène (DE-P-196 47 554 C1 et FR 2792
326).
[0006] Or, il s'avère que le phénomène de dégradation thermique et oxydative des lubrifiants
comprenant des PAG comme fluides de base est particulièrement important.
[0007] En effet, on a observé, en utilisant des PAG comme fluides de base dans des lubrifiants
de moteur la formation de dépôts et/ou d'encrassement autour de pièces comme les segments
racleurs et/ou les bossages des pistons.
[0008] Les moteurs à combustion interne actuels produisent notamment des oxydes d'azote
NO
x. Ces oxydes d'azote qui se forment pendant la combustion peuvent se dissoudre dans
le film lubrifiant PAG existant sur la chemise. En effet, le PAG contient par nature
ou attire une certaine quantité d'eau, qui peut augmenter pendant le fonctionnement
du moteur. Ainsi, les acides azotés, formés par dissolution des oxydes d'azote, oxydent
l'éthylèneglycol et le propylèneglycol des PAG pour former de l'acide oxalique, puis,
à un stade ultérieur. des acides dicarboxyliques comme l'acide maléique ou malonique.
[0009] L'acide oxalique est un acide cristallin qui se dépose sur les parties du moteur
dont la température est inférieure à sa température de décomposition (de l'ordre de
189°C) et les encrasse.
[0010] La présence d'acide maléique, malonique et oxalique stimule par ailleurs une réaction
d'estérification avec les polyalkylèneglycols (diols). Les chaînes de polyalkylèneglycol
contiennent des groupes hydroxyles terminaux qui sont susceptibles de réagir par estérification
avec un acide dicarboxylique en formant de l'eau et des polyesters. La formation de
polyesters se manifeste par une perte volatile de l'huile lubrifiante de base et une
augmentation de l'indice d'acide total et de la viscosité du fluide lubrifiant dégradant
ainsi les qualités de ce dernier.
[0011] Jusqu'à présent, afin de limiter autant que se peut l'oxydation dans les fluides
fonctionnels, on a utilisé comme additifs des agents antioxydants tels que les phénols
et les amines (voir US 4 701 273 et DE 28 06 133). Toutefois ces produits ne sont
pas toujours satisfaisants tant du point de vue de leur efficacité que du point de
vue de leur écotoxicité ou de leur biodégradabilité.
[0012] Il existe donc un besoin de limiter davantage ou plus efficacement ces phénomènes
d'oxydation dans les fluides fonctionnels, notamment accrus avec l'utilisation de
PAG comme huile de base, afin de garantir une stabilité thermique et oxydative à ces
fluides.
[0013] Il existe également un besoin de fournir un fluide fonctionnel de véhicule automobile
qui permette une lubrification durable du moteur.
[0014] En outre, il apparaît de plus en plus incontournable de devoir fournir un fluide
fonctionnel de véhicule automobile qui surmonte également les problèmes liés à l'écotoxicité
et au recyclage des fluides fonctionnels et notamment des lubrifiants de moteur.
[0015] La demanderesse a découvert à présent d'une manière surprenante qu'il était possible
de surmonter les problèmes liés à la stabilité thermique et oxydative dans les fluides
fonctionnels en introduisant dans ceux-ci un agent réducteur. Lorsque le fluide est
un lubrifiant de moteur, l'adjonction de cet additif réducteur permet d'assurer une
lubrification à long terme du moteur.
[0016] L'utilisation d'agents réducteurs présents directement dans le fluide fonctionnel
s'est avérée particulièrement efficace pour garantir la stabilité thermique et oxydative
de fluides lubrifiants comprenant comme fluides de base des polyalkylèneglycols.
[0017] On entend par agent ou additif réducteur un composé capable de réduire les oxydes
d'azote émis lors de la combustion, les acides nitrique et nitreux présents dans le
moteur dans les conditions de fonctionnement normal de ce dernier.
[0018] Par ailleurs, l'utilisation de tels agents réducteurs présente l'avantage supplémentaire,
lorsque du fluide lubrifiant les contenant parvient dans la chambre de combustion,
de réduire à la source les oxydes d'azote émis par la combustion ou par les guides
de soupapes, de manière à diminuer la concentration de ces oxydes nocifs dans les
gaz d'échappement.
[0019] La présente invention a donc pour objet un nouveau type de fluides fonctionnels pour
véhicules automobiles caractérisé en ce qu'il comprend un additif réducteur.
[0020] L'invention a également pour objet l'utilisation d'un agent réducteur pour diminuer,
limiter et/ou supprimer l'oxydation dans les fluides fonctionnels de véhicules automobiles.
[0021] Selon une mise en oeuvre avantageuse de l'invention, le fluide fonctionnel comprend,
comme fluide de base, au moins un polyalkylèneglycol et/ou un éther de polyalkylèneglycol
tel que ceux décrits dans les demandes de brevets EP 0570 121 et EP 0 355 977. Plus
particulièrement, le fluide fonctionnel peut être un lubrifiant pour moteur.
[0022] Selon une mise en oeuvre préférentielle de l'invention, on préfère utiliser l'urée
comme agent réducteur.
[0023] En effet, il a été constaté que l'utilisation d'urée comme agent réducteur donnait
d'excellents résultats notamment sur la diminution de l'oxydation des fluides lubrifiants
comprenant des polyalkylèneglycols comme fluides de base.
[0024] Un autre avantage de l'urée est sa solubilité dans les PAG.
[0025] En outre, l'utilisation d'urée dans des fluides à base de polyalkylèneglycol contribue,
du fait de sa biodégradabilité et de sa faible toxicité (DL
50 d'environ 8.500 mg/kg, administration par voie orale à des rats), aux efforts en
matière d'écotoxicité qui ont mené à l'utilisation de polyalkylèneglycols comme fluides
de base.
[0026] Bien que pouvant s'appliquer de façon générale à tout type de fluides fonctionnels
pour véhicules automobiles, l'invention sera plus particulièrement décrite dans le
cadre d'un fluide lubrifiant de moteur et plus particulièrement d'un fluide lubrifiant
de moteur utilisant comme fluide de base des polyalkylèneglycols.
[0027] Les polyalkylèneglycols utilisés comme fluide de base pour la fabrication de fluides
fonctionnels et plus particulièrement de lubrifiants de moteur, sont généralement
des copolymères statistiques contenant de 30 à 90 % en poids de motif dérivés d'oxyde
d'éthylène et de 70 à 10 % en poids de motif dérivés d'oxyde de propylène, ayant une
masse moléculaire moyenne en poids comprise entre 300 et 1200.
[0028] Selon la présente invention, le fluide lubrifiant est additionné d'un agent réducteur
capable de réduire les oxydes d'azote émis lors de la combustion, et l'acide nitreux
et l'acide nitrique dissous dans le fluide lubrifiant dans des conditions normales
de fonctionnement du moteur.
[0029] L'action réductrice de l'additif permet ainsi de palier à la réaction d'oxydation
par les acides nitriques et nitreux des PAG qui conduit à la formation d'acide oxalique
cristallin responsable de l'encrassement ou des dépôts observés sur les pièces "froides",
dont la température n'excède pas celle de décomposition de l'acide oxalique.
[0030] L'utilisation de cet agent réducteur permet également de palier à la réaction d'estérification
initiée par les acides dicarboxylique sur les groupes terminaux hydroxyles des chaînes
de polyalkylèneglycols. Cette réaction d'estérification était responsable d'un épaississement
du fluide lubrifiant.
[0031] On préfère plus particulièrement utiliser l'urée comme agent antioxydant notamment
du fait d'une action réductrice sélective.
[0032] En outre, l'utilisation d'urée comme agent réducteur présente les avantages supplémentaires
que l'urée est une substance naturelle, biodégradable et de faible toxicité (l'urée
est classée en Allemagne en tant que composé à faible pouvoir polluant, c'est-à-dire
dans la classe de pollution 1 (
Wassergefährdungsklasse 1)) et n'est pas corrosive envers les alliages en aluminium ou les fontes grises.
[0033] En effet, le lubrifiant peut comprendre outre le fluide de base, un mélange d'additifs
très variés. Or l'urée, mélangée au lubrifiant, réagit de préférence avec les oxydes
d'azote, l'acide nitreux et l'acide nitrique en les transformant en eau, gaz carbonique
et azote. En d'autres termes, l'urée réagit de sélectivement avec les composés responsables
de la dégradation oxydative du fluide lubrifiant et agit ainsi comme un consommateur
de radicaux libres.
[0034] On utilise généralement l'urée dans des concentrations inférieures ou égales à 10
% en poids par rapport au poids total du lubrifiant. Plus particulièrement, l'urée
est présente dans le fluide lubrifiant dans des concentrations inférieures comprises
entre 0,01 et 5 % en poids par rapport au poids total du lubrifiant, encore plus particulièrement
entre 0,5 et 2 % en poids par rapport au poids total du lubrifiant.
[0035] Il s'avère que l'utilisation de l'urée, même en faible quantité, dans des lubrifiants
de la présente invention à base de polyalkylèneglycols, garantit une stabilité thermique
et oxydative du lubrifiant sur une distance parcourue par le véhicule automobile qui
équivaut environ au triple de celle parcourue en n'utilisant pas d'agent réducteur
dans le fluide lubrifiant.
[0036] Le fluide fonctionnel selon l'invention, lorsqu'il est un lubrifiant, permet une
lubrification à long terme du moteur, car même une faible quantité d'urée ralentit
considérablement les phénomènes d'encrassement et d'augmentation de la viscosité du
fluide lubrifiant.
[0037] De manière générale, le fluide fonctionnel fabriqué par adjonction d'agents réducteurs
à des fluides de base tels que les polyalkylèneglycols peut être par exemple, une
huile de moteur, une huile d'engrenage, une huile pour transmission automatique, une
huile pour direction assistée, un fluide hydraulique pour amortisseurs, un liquide
de freins ou un liquide de refroidissement.
[0038] D'autres additifs peuvent être ajoutés au fluide fonctionnel final suivant la nature
du fluide fonctionnel. Il s'agit d'additifs usuels de préférence biodégradables et
de faible toxicité.
1. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles, caractérisé en ce qu'il comprend un additif réducteur.
2. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend, comme fluide de base, au moins un polyalkylèneglycol et/ou un éther de
polyalkylèneglycol.
3. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon la revendication 2, caractérisé en ce que le fluide de base est un copolymère d'oxyde d'éthylène (OE) et d'oxyde de propylène
(OP) avec un rapport en poids OE/OP compris entre 30/70 et 90/10 et ayant une masse
moléculaire moyenne en poids entre 300 et 1200.
4. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon l'une quelconque des revendications
1 à 3, caractérisé en ce qu'il s'agit d'un fluide lubrifiant de moteur.
5. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon l'une quelconque des revendications
1 à 4, caractérisé en ce que l'additif réducteur est l'urée.
6. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon la revendication 5, caractérisé en ce que la quantité d'urée est inférieure ou égale à 10 % en poids par rapport au poids total
de fluide fonctionnel.
7. Fluide fonctionnel pour véhicules automobiles selon la revendication 6, caractérisé en ce que la quantité d'urée est comprise entre 0,01 et 5 % en poids par rapport au poids total
de fluide fonctionnel, et de préférence entre 0,5 et 2 % en poids par rapport au poids
total de fluide fonctionnel.
8. Utilisation d'un agent réducteur pour diminuer, limiter ou supprimer l'oxydation par
les oxydes d'azote, l'acide nitrique et l'acide nitreux dans un fluide fonctionnel
d'un véhicule automobile.
9. Utilisation selon la revendication 8, caractérisée en ce que le fluide fonctionnel comprend des polyalkylèneglycols comme fluide de base.
10. Utilisation selon la revendication 8 ou 9, caractérisée en ce que le fluide fonctionnel est un lubrifiant de moteur.
11. Utilisation selon la revendication 8 ou 10, caractérisée en ce que l'agent réducteur est l'urée.