[0001] La présente invention concerne un procédé pour la fabrication de pièces coulées réalisées
en un alliage léger, notamment en alliage d'aluminium.
[0002] Les pièces coulées par moulage dans un moule sable ou métallique présentent une structure
eutectique grossière, des porosités ou inclusions et principalement des inclusions
de gaz, et un état de surface grossier.
[0003] Ceci affecte les caractéristiques mécaniques et donc la tenue en service de ces pièces.
[0004] C'est pourquoi de nombreux procédés ont été mis au point pour améliorer les caractéristiques
mécaniques des pièces coulées.
[0005] Ainsi, on connaît de nombreux procédés consistant à remplir un moule avec un alliage
à l'état liquide, à démouler la pièce obtenue après solidification et ensuite à soumettre
la pièce à un pressage entre deux empreintes métalliques.
[0006] Le document FR-2 614 814 décrit un procédé de ce type dans lequel l'opération de
pressage s'effectue à froid ou à basse température, les empreintes de matrice présentant
des dimensions légèrement inférieures à celles de la pièce.
[0007] Cependant, les procédés de fabrication de pièces coulées proposés plus récemment
ont souligné la nécessité de réaliser un pressage à chaud ou encore d'introduire une
étape intermédiaire entre le démoulage de la pièce et son pressage, consistant à chauffer
cette pièce.
[0008] On peut notamment citer le document EP-119 365 dans lequel la pièce est démoulée
aussitôt après la coulée et encore chaude, puis placée dans les empreintes d'une matrice.
[0009] Cette étape supplémentaire permet d'obtenir des pièces coulées présentant de meilleures
performances mécaniques, notamment en termes d'allongement et de résistance à la traction.
[0010] Par ailleurs, le document EP-816 042 prévoit un refroidissement et une solidification
de la pièce dans le moule, la pièce démoulée étant soumise ensuite à une étape de
chauffage pour obtenir une liquéfaction partielle de l'alliage, notamment à une température
comprise entre 500 et 550°C.
[0011] Ce réchauffage facilite l'écoulement des cristaux et permet donc d'obtenir une distribution
homogène, ce qui contribue également à améliorer les propriétés mécaniques de la pièce
coulée obtenue.
[0012] On citera encore le document EP-955 113, présenté comme un perfectionnement apporté
au procédé décrit dans le document EP-119 365, dans lequel on prévoit également de
placer la pièce coulée dans un four assurant sa mise en solution, avant de réaliser
le pressage de la pièce.
[0013] On connaît également un procédé consistant à remplir un moule avec un alliage à l'état
liquide, à effectuer un moulage sous pression à chaud, pendant la phase de solidification
après coulée.
[0014] Ainsi, les procédés actuels prévoient l'application d'une pression afin notamment
de réduire les espaces occupés par les inclusions dans la matière moulée. L'application
de cette pression s'effectue par ailleurs à chaud, certains procédés prévoyant même
une opération de réchauffage de la pièce avant pressage. Ceci permet sans doute d'améliorer
les propriétés mécaniques des pièces coulées obtenues mais rend ces procédés relativement
complexes, notamment lorsqu'il faut prévoir un four tunnel entre le poste de moulage
et le poste de pressage pour réchauffer les pièces.
[0015] Ces procédés sont donc nécessairement complexes et coûteux.
[0016] L'invention a pour objet de pallier ces inconvénients en proposant un procédé, très
simplifié par rapport aux procédés utilisés actuellement, ce procédé permettant par
ailleurs d'obtenir des pièces dont les caractéristiques mécaniques sont optimisées.
[0017] Ainsi, l'invention concerne un procédé pour fabriquer des pièces coulées, réalisées
en alliage léger, qui consiste à remplir un moule avec un alliage léger à l'état liquide,
à démouler la pièce après solidification et à soumettre la pièce à un pressage entre
les deux empreintes d'une matrice.
[0018] De plus, ce procédé comporte une étape intermédiaire réalisée après le démoulage
et avant le pressage, cette étape intermédiaire consistant à refroidir rapidement
la pièce démoulée, de façon à obtenir une structure homogène, le pressage étant ensuite
réalisé à température ambiante.
[0019] L'invention se démarque donc complètement des procédés actuellement utilisés dans
lesquels les pièces sont pressées à chaud, lors du moulage ou du forgeage.
[0020] Dans le procédé selon l'invention, les pièces sont pressées à froid, comme dans les
techniques plus anciennes illustrées par exemple dans le document FR-2 614 814 et,
de surcroît, la pièce démoulée est refroidie rapidement et subit donc un traitement
du type trempe avant le pressage.
[0021] Ce refroidissement rapide permet d'obtenir une pièce de structure homogène, grâce
à la mise en solution de l'alliage résultant du processus de coulée.
[0022] Le procédé selon l'invention utilise une propriété particulière des alliages légers,
entre autres d'aluminium, à l'état trempé: ceux-ci présentent une très bonne aptitude
au forgeage ou au formage en raison d'un accroissement de leur ductilité.
[0023] Ainsi, une pièce coulée en alliage léger et trempée présente une structure ductile
et peut être formée à froid.
[0024] De plus, avec un formage ou un forgeage à froid, la prédétermination des dimensions
de la pièce finale est facilement réalisable par le moyen d'une modélisation numérique
simple (calcul dans le domaine du forgeage à froid, en fonction du comportement élasto-plastique
du matériau sans nécessité de prise en compte d'effet thermique).
[0025] La pièce obtenue par ce type de formage, présente une précision dimensionnelle ainsi
qu'un état de surface, une structure de la matière et une réduction des porosités
ou inclusions très sensiblement améliorés par rapport à une pièce obtenue par un forgeage
à chaud.
[0026] La réduction, voire la disparition, des porosités ressort notamment de l'examen comparé
de micrographies de l'alliage brut de fonderie et de l'alliage après forgeage à froid.
[0027] On a pu également constater que le procédé selon l'invention écrouit les grains en
surface, affine et fibre la structure, ce qui améliore ainsi la tenue en service de
la pièce.
[0028] L'état de surface peut être apprécié au moyen de la rugosité. Les mesures effectuées
sur des pièces obtenues par le procédé selon l'invention ont donné une valeur d'environ
1,5 µm. A titre de comparaison, la rugosité d'une pièce brute de fonderie est comprise
entre 8 et 10 µm tandis que celle obtenue par un procédé du type décrit dans EP-199
365 ou EP-955 113 est d'environ 3 µm.
[0029] Par ailleurs, le forgeage à froid présente un autre avantage important par rapport
au forgeage à chaud, puisqu'il permet de réduire la masse de métal nécessaire pour
obtenir la pièce finie.
[0030] De façon générale, l'application d'une pression a pour but de déplacer la matière
pour fermer des zones de discontinuité dues aux inclusions.
[0031] L'expression de l'énergie à apporter pour déplacer la matière est de la forme:
E=Kxσxε
E: énergie de déformation
σ: contrainte de déformation du matériau
ε: déformation de la matière
K: constante due au frottement
[0032] Lors de pressage à chaud, la contrainte est plus faible qu'à froid. Pour obtenir
la même énergie de déformation, les déplacements et écoulements de matière à chaud
sont donc plus importants.
[0033] Il en résulte d'un point de vue pratique que les bavures, qui servent en particulier
à la régulation de ces écoulements lors du forgeage, sont plus importantes à chaud
qu'à froid.
[0034] A titre d'exemple, pour une pièce industrielle de masse 1 Kg à l'état fini, on obtient
les résultats suivants qui sont regroupés dans le Tableau 1:
Tableau 1
Procédé utilisé |
Procédé selon l'invention |
Procédé du type EP-955 113 |
Epaisseur de la bavure nécessaire au forgeage |
0 à 4 mm |
3 à 5 mm |
Masse de métal nécessaire pour obtenir la pièce/masse de métal de pièce finie (mise
au mille induite par le forgeage) |
1 à 1.1 |
≥ 1.4 |
Le procédé selon l'invention conduit donc à des économies de matière lors de l'obtention
des pièces.
[0035] Après le pressage entre les deux empreintes de la matrice, la pièce peut être maintenue
à température ambiante. Il s'agit d'un traitement de vieillissement en ambiance naturelle
(maturation).
[0036] L'alliage métallique a alors tendance à retrouver l'équilibre, phénomène qui est
responsable du durcissement structural par maturation à la température ambiante.
[0037] De façon préférée, après le pressage, la pièce est soumise à un traitement de revenu.
[0038] Un tel traitement de revenu permet d'accélérer le retour à l'équilibre de l'alliage
et il se traduit généralement par un durcissement plus important de l'alliage.
[0039] Il permet également de diminuer partiellement les tensions internes. Cette diminution
est fonction de l'alliage, mais également de la température de traitement.
[0040] De façon générale, ce traitement de revenu ou de maturation permet de donner à la
pièce de bonnes caractéristiques mécaniques.
[0041] Des mesures ont été réalisées sur différentes pièces pour déterminer leur résistance
mécanique (Rm)(limite de rupture de la pièce sollicitée en traction), leur limite
élastique (Re), leur capacité d'allongement (A%) ainsi que leur limite de fatigue
en flexion à 1 million de cycles (LF).
[0042] Elles montrent que le procédé selon l'invention améliore l'ensemble de ces caractéristiques
des pièces qui ont été soumises à ce procédé, par rapport à des pièces brutes de fonderie,
qu'elles aient ou non été soumises à un traitement thermique postérieur.
[0043] Ces mesures montrent que le procédé selon l'invention améliore également les caractéristiques
Re, Rm et LF par rapport à des pièces obtenues par un procédé de moulage sous pression
à chaud ou un procédé selon EP-199 365 ou EP-955 153 qui prévoit un forgeage à chaud.
[0044] Ces mesures sont indiquées dans le tableau ci-dessous:

[0045] L'amélioration de ces caractéristiques mécaniques est essentielle pour des pièces
de construction mécanique telles que, par exemple, les pièces de liaison au sol de
véhicules automobiles.
[0046] Enfin, les empreintes de la matrice peuvent présenter des dimensions légèrement inférieures
à celles du moule ce qui permet d'obtenir, lors du pressage, un pressage à coeur et
un corroyage.
[0047] On se réfère maintenant à la figure unique qui illustre très schématiquement, sous
forme d'un graphique donnant la température de la pièce en fonction du temps, les
différentes étapes du procédé selon l'invention.
[0048] Pendant la période A, est réalisée la coulée de la pièce à une température T
1 à laquelle l'alliage se présente sous forme liquide, puis la solidification de la
pièce jusqu'à une température inférieure T
2.
[0049] A titre d'exemple, pour des pièces réalisées en un alliage aluminium-silicium-magnésium,
la température T
1 est comprise entre 740 et 760° C.
[0050] Pendant la période B, est effectué le traitement de trempe, la température de la
pièce passant de la température T
2 à la température ambiante.
[0051] Pendant la période C, est effectué le pressage à température ambiante de la pièce.
Ce pressage est effectué entre deux empreintes de la matrice de façon à écrouir le
matériau et, par création de dislocations, à augmenter ses caractéristiques mécaniques.
[0052] Dans l'exemple illustré sur la figure, le procédé se poursuit pendant la période
D, par un traitement de revenu, la pièce est alors chauffée à une température T
3.
[0053] Ce traitement de revenu permet d'optimiser les caractéristiques mécaniques par précipitation
des éléments d'alliage, notamment dans le cas des alliages d'aluminium.
[0054] Les températures de revenu sont comprises typiquement entre 80°C et 200°C, selon
la nuance pour des alliages d'aluminium.
[0055] A titre d'exemple, pour des pièces réalisées en un alliage aluminium-silicium-magnésium,
la température T
3 est comprise, de préférence, entre 80° C et 140 ° C.
[0056] Ainsi, de façon générale, ce procédé de fabrication permet d'optimiser la qualité
des pièces coulées obtenues, et grâce à sa simplicité, il permet également d'en optimiser
le coût.
[0057] En effet, par rapport au procédé du type décrit dans le brevet EP-955 113 qui prévoit
un traitement thermique de durée importante consistant en pratique en un réchauffage
et en un maintien à une température d'environ 540° C et pendant une durée de l'ordre
de 6 heures, suivi d'une trempe et d'un revenu à environ 160° C pendant 6 heures,
le procédé selon l'invention évite tout traitement thermique tout en améliorant les
caractéristiques mécaniques des pièces obtenues. En effet, le procédé selon l'invention
ne nécessite pas de réchauffage des pièces et de maintien en température avant forgeage.
[0058] Dans la mise en oeuvre du procédé selon l'invention, on peut recourir à un traitement
de revenu pour s'affranchir de la durée requise par la maturation.
[0059] Cependant, le traitement de revenu dure entre 1 et 3 heures et s'effectue à une température
comprise entre 80° C et 200° C.
[0060] Ainsi, même avec un traitement de revenu, le procédé selon l'invention conduit à
une très forte réduction du cycle de fabrication (de l'ordre de 10 heures) et de la
consommation d'énergie (de l'ordre de 85%).
[0061] Le procédé selon l'invention entraîne également une réduction du nombre d'installations
de traitement thermique. A titre comparatif, la mise en oeuvre du procédé selon l'invention
nécessitera deux fours et celle d'un procédé du type EP-955 113 nécessitera quatre
fours.