DOMAINE TECHNIQUE
[0001] L'invention concerne les dispositifs réducteurs d'encrassement des échangeurs thermiques
tubulaires.
[0002] Elle trouve son application dans l'industrie pétrolière, la pétrochimie, qui mettent
en oeuvre des échangeurs de chaleur tubulaires dans lesquels circulent des fluides
corrosifs.
ETAT DE LA TECHNIQUE ANTERIEURE
[0003] Des échangeurs thermiques tubulaires équipés de dispositifs réducteurs d'encrassement
sont décrits dans le brevet EP 0 174 254 du 09.11.86.
[0004] Selon ce document, les réducteurs d'encrassement montés à l'intérieur des tubes des
échangeurs comprennent un élément générateur de turbulences, mobile, comportant un
enroulement métallique en forme de solénoïde indéformable, maintenu en position par
un système d'accrochage tel que l'élément générateur de turbulences puisse être entraîné
en rotation par le fluide qui circule dans l'échangeur.
[0005] Pour que les éléments mobiles soient indéformables, ils sont généralement réalisés
en acier du type corde à piano, dénommé aussi acier à ressort.
[0006] Lorsque ces éléments générateurs de turbulences sont en contact avec des fluides
corrosifs, comme c'est le cas par exemple dans les échangeurs tubulaires utilisés
pour réchauffer le pétrole brut dans les unités de distillation atmosphérique dans
les raffineries de pétrole, ils sont l'objet de différents types de corrosion, qui
conduisent à leur destruction.
[0007] Dans ces échangeurs, le pétrole brut qui circule dans les tubes est faiblement chargé
en eau et contient des sels minéraux, dont des chlorures, des composés sulfurés, tels
que l'hydrogène sulfuré ou des mercaptans et des acides naphténiques, ce qui lui confère
les propriétés d'un milieu particulièrement corrosif.
[0008] En dessous de 150°C, une attaque de l'acier à ressort par les ions hydrogène conduit
à une rapide fragilisation inter-granulaire qui entraîne une rupture des éléments
générateurs de turbulences.
[0009] Au-dessus de 220°C, après le passage du pétrole brut au dessaleur, le taux de chlorures
encore présents est de 0,1 à 0,2%. La présence d'acide chlorhydrique provenant de
l'hydrolyse des chlorures encore présents conduit à une lente corrosion des éléments
mobiles.
[0010] A partir de 250°C, les acides naphténiques conduisent également à une lente corrosion
des éléments générateurs de turbulences.
[0011] L'hydrogène sulfuré, issu de la combinaison de l'hydrogène avec le soufre organique
contenu dans la charge d'hydrocarbures, favorise la rupture par fragilisation des
éléments générateurs de turbulences. La présence de mercaptans dans la charge d'hydrocarbures
accélère la corrosion.
[0012] D'autres réducteurs d'encrassement pour échangeurs thermiques tubulaires sont décrits
dans le brevet FR 2 479 964 du 8 avril 1980.
[0013] Selon ce document, les réducteurs d'encrassement montés à l'intérieur des tubes des
échangeurs comprennent chacun un élément générateur de turbulences comportant un enroulement
métallique en forme de solénoïde élastique, s'étendant sur toute la longueur des tubes,
qui est mis en agitation par le fluide qui circule dans l'échangeur.
[0014] Ces éléments mobiles élastiques sont obtenus généralement par étirage d'un ressort
réalisé en corde à piano.
[0015] Comme les éléments mobiles décrits dans le document EP 0 174 254, ils sont fragilisés
par la corrosion, mais, étant mis sous tension, ils présentent un risque supplémentaire
de corrosion sous tension, notamment lorsqu'ils sont en présence de chlorures, même
présents à de faibles teneurs de l'ordre de 30 mg par litre dans le liquide en circulation
à l'intérieur des tubes des échangeurs.
[0016] Une solution connue, pour diminuer les risques de corrosion, consiste à réaliser
les éléments mobiles et leurs systèmes d'accrochage en titane écroui.
[0017] Toutefois, ce métal présente l'inconvénient d'avoir une résistance à la traction
insuffisante pour conférer aux éléments mobiles la raideur nécessaire à leur bon fonctionnement.
[0018] D'autres réducteurs connus d'encrassement des tubes d'un échangeur thermique tubulaire,
comportant au moins un élément générateur de turbulences, fixe, logé à l'intérieur
d'un des tubes, présentent les mêmes inconvénients.
EXPOSE DE L'INVENTION
[0019] La présente invention vise à remédier à ces inconvénients et notamment à fournir
des dispositifs réducteurs d'encrassement pour des échangeurs thermiques tubulaires,
qui résistent à la corrosion.
[0020] A cette fin, la présente invention propose un dispositif réducteur d'encrassement
des tubes d'un échangeur thermique tubulaire du type comportant au moins un élément
générateur de turbulences logé à l'intérieur d'un des tubes dudit échangeur et appelé,
en cours d'utilisation, à être en contact avec un milieu comprenant des hydrocarbures,
notamment du pétrole brut, caractérisé en ce que ledit élément destiné à être en contact
avec les hydrocarbures est réalisé en un alliage métallique ayant une teneur en nickel
supérieure à 50% en poids et comportant en outre au moins un métal choisi dans le
groupe constitué par le chrome et le molybdène, pour améliorer sa résistance à la
corrosion.
[0021] Selon une autre caractéristique de l'élément générateur de turbulences du dispositif
de l'invention, afin que celui-ci résiste à la corrosion sous tension, l'alliage métallique
en lequel il est réalisé a des teneurs en chrome, TCr, et en molybdène, TMo, exprimées
en % en poids de l'alliage, telles que la relation suivante soit vérifiée :

en poids de l'alliage métallique.
[0022] Selon une autre caractéristique de cet élément du dispositif de l'invention, l'alliage
métallique en lequel il est réalisé comprend les métaux suivants, dans les gammes
de teneurs indiquées :
- nickel : de 55 à 65 % en poids,
- chrome : de 20 à 25 % en poids,
- molybdène : de 5 à 10 % en poids,
- niobium de : 2,5 à 4 % en poids,
- fer : complément à 100 %.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0023] D'une manière générale le dispositif de l'invention est utilisé pour réduire l'encrassement
des échangeurs thermiques tubulaires dans lesquels circulent des fluides corrosifs.
[0024] C'est le cas notamment des échangeurs thermiques utilisés pour réchauffer le pétrole
brut dans les unités de distillation atmosphérique des usines de traitement du pétrole
brut.
[0025] Ce pétrole brut contient de l'eau en faible quantité, des sels minéraux et des composés
soufrés, ce qui le rend particulièrement corrosif.
[0026] Selon un mode préférentiel de réalisation de l'invention, les réducteurs d'encrassement
de ces échangeurs sont réalisés en un alliage métallique constitué des matériaux suivants
(en % en poids) :
- Nickel : 64,9,
- Chrome : 22,16,
- Molybdène : 8,75,
- Niobium : 3,62,
- Fer : 0,19,
- Titane : 0,18,
- Aluminium : 0,089,
- Silicium : 0,057,
- Magnésium : 0,022,
- Carbone : 0,012,
- Cuivre : 0,010,
- Cobalt : 0,005,
- Phosphore : 0,003,
- Soufre : 0,002.
[0027] Avec cet alliage, l'expression TCr + 3,3TMo, dans laquelle TCr représente la teneur
en chrome et TMo le teneur en molybdène, vaut 22,16 + 3,3 x 8,75, soit 51,03 % en
poids.
[0028] La relation TCr + 3,3TMo > 36% en poids est donc vérifiée.
[0029] Grâce à cet alliage, le dispositif réducteur d'encrassement résiste à la corrosion
de type inter-granulaire et à la corrosion sous tension.
[0030] De plus, cet alliage présente une résistance à la traction de 1 650 Mpa, très supérieure
à celle du titane, qui est de l'ordre de 700 MPa, et largement suffisante pour que
les dispositifs réducteurs d'encrassement fonctionnent correctement.
[0031] La présente invention n'est pas limitée aux échangeurs dans lesquels circule du pétrole
brut, elle trouve aussi son application pour les échangeurs d'unités pétrochimiques
dans lesquels circulent d'autres hydrocarbures corrosifs.
EXEMPLE
[0032] Cet exemple concerne des dispositifs réducteurs d'encrassement d'échangeurs thermiques
utilisés pour réchauffer du pétrole brut de type arabe léger, dans une unité de distillation
atmosphérique d'une usine de traitement du pétrole brut qui n'est pas équipée d'un
dispositif de dessalage.
[0033] Chaque échangeur comporte une calandre, à l'intérieur de laquelle sont montés 564
tubes de diamètre intérieur égal à 20,2 mm et de longueur d'environ 6 100 mm. Côté
calandre circule du résidu de distillation atmosphérique provenant du fond de la colonne
de distillation atmosphérique, qui réchauffe à une température de 260 °C le pétrole
brut non dessalé qui circule à l'intérieur des tubes. A l'intérieur de ces tubes sont
montés des dispositifs réducteurs d'encrassement du type de ceux décrits dans le brevet
FR 2 479 964.
[0034] Ces dispositifs réducteurs d'encrassement se présentent sous la forme de solénoïdes
réalisés à partir d'un fil d'un alliage métallique de diamètre égal à 1,2 mm, contenant
64,9% de nickel et 8,75% de molybdène, tel que celui défini ci-dessus.
[0035] Lorsque le pétrole brut circule dans les tubes, les réducteurs d'encrassement sont
étirés et présentent alors un diamètre extérieur d'environ 15 mm.
[0036] Le pétrole brut qui circule dans les tubes des échangeurs a une teneur moyenne en
eau de 0,8%, exprimée en volume, une teneur moyenne en chlorure de sodium de 30 mg
par litre et une teneur moyenne en produits soufrés de 1,8% en poids, exprimée en
soufre total.
[0037] Dans ces conditions, la durée de vie des dispositifs réducteurs d'encrassement réalisés
conformément à l'invention est d'environ 2 ans, alors qu'elle n'est que de 12 mois
pour des réducteurs d'encrassement réalisés en acier à ressort.
[0038] Les dispositifs réducteurs d'encrassement d'échangeurs thermiques selon l'Exemple,
mis en place dans des échangeurs d'une unité pétrochimique de vapocraquage, montrent
également un allongement significatif de leur durée de vie.
1. Dispositif réducteur d'encrassement des tubes d'un échangeur thermique tubulaire du
type comportant au moins un élément générateur de turbulences logé à l'intérieur d'un
des tubes dudit échangeur et appelé, en cours d'utilisation, à être en contact avec
un milieu comprenant des hydrocarbures, notamment du pétrole brut, caractérisé en ce que ledit élément, destiné à être en contact avec les hydrocarbures est réalisé en un
alliage métallique ayant une teneur en nickel supérieure à 50% en poids et comportant
en outre au moins un métal choisi dans le groupe constitué par le chrome et le molybdène,
pour améliorer sa résistance à la corrosion.
2. Dispositif selon la revendication 1,
caractérisé en ce que l'alliage métallique en lequel il est réalisé a des teneurs en chrome, TCr, et en
molybdène, TMo, exprimées en % de poids de l'alliage, telles que la relation suivante
soit vérifiée :

en poids de l'alliage métallique.
3. Dispositif selon l'une des revendications 1 ou 2,
caractérisé en ce que l'alliage métallique en lequel il est réalisé comprend les métaux suivants, dans
les gammes de teneurs indiquées, en % de poids :
- nickel : de 55 à 65 %,
- chrome : de 20 à 25 %,
- molybdène : de 5 à 10 %,
- niobium de : 2,5 à 4 %,
- fer : complément à 100 %.
4. Application du dispositif selon une quelconque des revendications 1 à 3, aux échangeurs
utilisés dans les raffineries de pétrole brut.