[0001] La présente invention concerne un mouvement pour pièce d'horlogerie comportant notamment
une unité fonctionnelle comprenant des masses aimantées, ladite unité fonctionnelle
étant située au sein dudit mouvement et donc entourée au moins partiellement de parties
d'ébauche non magnétiques recouvertes d'un revêtement de finition.
[0002] En particulier, l'objet de la présente demande concerne une pièce d'horlogerie dont
ladite unité fonctionnelle est une microgénératrice.
[0003] Dans la suite de la présente demande, on entend par matériau "amagnétique" ou "non-magnétique"
un matériau qui n'est pas ferromagnétique, qui n'est pas ou que très faiblement paramagnétique,
et qui éventuellement présentera un diamagnétisme faible. De même, par "à proximité
de la microgénératrice" on entend toute la région périphérique de la microgénératrice
dans laquelle le flux magnétique des masses aimantées a une valeur significative.
[0004] Le principe de fonctionnement d'un tel mouvement d'horlogerie est décrit notamment
dans les fascicules de brevet CH 597636 et EP 851322, dont l'enseignement est incorporé
en référence dans la présente demande. Le brevet CH 597636, par exemple, décrit un
mouvement de montre dans lequel un ressort entraîne, au travers d'un jeu d'engrenages,
d'une part des aiguilles et d'autre part un générateur produisant un courant alternatif.
Le générateur permet d'alimenter un circuit électronique comprenant notamment un oscillateur
à quartz stabilisé et permettant de régler la marche du générateur et donc la marche
des aiguilles. Une telle montre combine par conséquent les avantages d'une montre
mécanique avec la précision d'une montre à quartz.
[0005] Cependant, en cherchant à développer un produit de ce type, la demanderesse a constaté
l'existence de sources de perturbations magnétiques à l'intérieur du mouvement d'horlogerie.
En effet, l'intérêt d'une telle pièce d'horlogerie augmente lorsque sa consommation
d'énergie diminue, c'est-à-dire lorsque par exemple le rendement de la génératrice
augmente. Partant de ce constat, la demanderesse a mis en évidence que non seulement
des masses ferromagnétiques, telles des parties d'ébauche ou des fournitures en acier,
mais également la présence de fines couches de revêtement ferromagnétique sur des
parties d'ébauche non magnétiques, situées à proximité de la génératrice, exercent
sur cette dernière une force magnétique parasite faisant ainsi diminuer son rendement.
[0006] La présente invention a donc pour but d'améliorer la pièce d'horlogerie susmentionnée
en évitant les inconvénients décrits ci-dessus, notamment grâce à un perfectionnement
simple et peu coûteux à la fabrication.
[0007] A cet effet, l'invention concerne une pièce d'horlogerie du type indiqué ci-avant,
caractérisée par le fait que ledit revêtement de finition recouvrant lesdites parties
d'ébauche situées à proximité de ladite unité fonctionnelle présente des propriétés
essentiellement non magnétiques.
[0008] Selon un mode de réalisation particulier de l'invention, les diverses parties de
l'ébauche sont recouvertes d'un alliage amagnétique à base de nickel assurant une
protection efficace contre les risques d'oxydation tout en garantissant une apparence
esthétique très correcte. Il est à noter que ce type d'alliages présente une excellente
adhérence sur la surface de l'ébauche.
[0009] Dans une autre variante de réalisation, ladite première couche à base de nickel est
recouverte d'une seconde couche métallique, notamment pour modifier l'aspect esthétique.
On peut, par exemple, utiliser un alliage à base d'or pour donner une coloration dorée
à l'ébauche, ce qui correspond généralement à un niveau de finition de la pièce d'horlogerie
plus luxueux. Dans ce cas, la première couche à base de nickel assure en outre une
fonction de barrière de diffusion, empêchant l'or de diffuser dans la masse de l'ébauche.
[0010] L'invention sera exposée plus en détail à l'aide de la description suivante d'un
exemple d'exécution faite en référence aux dessins annexés dans lesquels:
- la figure 1 est une vue de dessus simplifiée du mouvement partiellement monté d'une
pièce d'horlogerie comportant une génératrice, et
- la figure 2 est une vue en coupe transversale du mouvement selon la ligne II-II de
la figure 1.
[0011] La figure 1 représente une vue de la génératrice 1 comprenant un rotor 2 ayant deux
flasques 3, dont une seule est représentée, agencées de part et d'autre de trois bobines
plates 4 formant le stator et décalées sensiblement de 120 degrés l'une par rapport
à l'autre relativement à l'axe du rotor 2, dans un même plan orthogonal à celui-ci.
[0012] Six aimants 5 sont fixés radialement et à intervalles réguliers sur chaque flasque
3, en vis-à-vis des bobines 4. La polarité de deux aimants 5 consécutifs est opposée.
En outre, deux aimants 5 en regard l'un de l'autre se présentent mutuellement des
polarités opposées. Un circuit imprimé 6 sert de support notamment pour les bobines
4 et pour un circuit intégré 7.
[0013] L'alimentation du circuit intégré 7, à faible consommation d'énergie, est assurée
par la microgénératrice électrique 1 - constituée de l'ensemble arbre 8 du rotor 2,
flasques 3, aimants 5 et bobines 4 - entraînée via une liaison cinématique 9 par un
dispositif à barillet 10. Le passage des aimants 5 à proximité des bobines 4 génère
une tension induite substantiellement sinusoïdale aux bornes de ces bobines 4.
[0014] Sur la coupe transversale selon la ligne II-II de la figure 1 représentée en figure
2 apparaissent des parties d'ébauche 11 et 12 en laiton. En particulier, l'arbre 8
du rotor 2 est monté à pivot dans deux pierres 13, 14, dont l'une est chassée dans
un pont de rouage 11 et l'autre dans la platine 12 du mouvement. Il apparaît clairement
de cette figure 2 que, du fait de leur proximité immédiate avec les aimants 5, lesdites
parties d'ébauche 11, 12 sont partiellement baignées dans le champ magnétique de ces
aimants.
[0015] La demanderesse a mis en évidence au cours de ses recherches que le fait d'utiliser
un matériau magnétique conventionnel pour la réalisation du revêtement de finition
de l'ébauche a une influence significative sur le rendement de la microgénératrice.
Etonnamment, l'utilisation exclusive de matériaux non magnétiques pour le revêtement
opère une diminution sensible des perturbations magnétiques, le couplage magnétique
entre les masses aimantées 5 et les bobines 4 et donc le rendement de la microgénératrice
1 se trouvant ainsi augmentés.
[0016] Le mouvement d'horlogerie selon l'invention comporte ainsi au moins des parties de
l'ébauche 11, 12 réalisées en laiton ou en tout autre matériau approprié présentant
des propriétés non magnétiques. En outre, conformément à l'invention, l'ébauche est
recouverte d'un revêtement métallique de protection contre l'oxydation. Pour les raisons
précitées, ce revêtement métallique est également réalisé en un matériau ne présentant
pas de propriétés magnétiques, tel qu'un alliage amagnétique de nickel avec du phosphore
ou de l'étain. Lorsque le mouvement est destiné à être monté dans une pièce d'horlogerie
à forte valeur ajoutée, on peut utiliser un alliage amagnétique à base de rhodium
pour effectuer le revêtement desdites parties 11, 12 de l'ébauche.
[0017] Dans une variante de réalisation, il peut être souhaitable de réaliser un revêtement
comportant au moins deux couches de matériaux différents. En effet, si on souhaite
fabriquer un mouvement proposant une finition dorée de l'ébauche, il convient d'appliquer
auxdites parties 11, 12 d'ébauche un premier traitement afin de les recouvrir d'une
sous-couche de protection, généralement réalisée en nickel. On obtient ainsi une première
couche de protection contre l'oxydation qui remplit également une fonction de barrière
de diffusion, empêchant l'or de diffuser dans la masse de l'ébauche.
[0018] De manière surprenante, les recherches ont montré que même lorsque la couche apparente
est en or ou en rhodium qui sont des matériaux non ferromagnétiques, la seule sous-couche
à base de nickel magnétique diminue le rendement de la génératrice et donc la réserve
de marche disponible pour la pièce d'horlogerie. C'est pourquoi cette fine sous-couche
est constituée ici d'un alliage amagnétique préférentiellement à base de nickel, conformément
à l'invention.
[0019] On peut notamment utiliser à cet effet un alliage à base de nickel et comprenant
du phosphore, puisque pour certaines valeurs de sa composition l'alliage obtenu ne
présente pas de propriétés magnétiques. On peut éventuellement recourir à l'utilisation
d'autres métaux pour remplacer le nickel, tel que le palladium par exemple dont certains
alliages présentent également des propriétés amagnétiques. La réalisation du revêtement
de finition en tant que telle ne constituant pas le coeur de l'invention, elle ne
sera pas développée plus en détail dans la présente demande. L'homme de l'art pourra
notamment se référer au brevet US 6,099,624 divulguant des exemples d'alliages utilisés
dans la fabrication de revêtements métalliques de protection, également utilisés à
des fins esthétiques.
[0020] On peut imaginer de multiples applications, dans le domaine horloger, pour la sélection
de matériaux non magnétiques pour recouvrir l'ébauche conformément à l'invention.
En effet, on a décrit leur utilisation dans le cas d'une pièce d'horlogerie fonctionnant
avec une microgénératrice, mais on peut également prévoir l'utilisation de tels matériaux
dans tout autre type de pièce d'horlogerie présentant une sensibilité aux perturbations
magnétiques. On peut en particulier mettre l'invention en oeuvre dans une pièce d'horlogerie
dont l'unité fonctionnelle est une boussole, ou dans tout autre type de pièce d'horlogerie
mettant en oeuvre des moyens interagissant avec un champ magnétique externe, notamment
en vue de sa détection .
1. Mouvement pour pièce d'horlogerie comportant notamment une unité fonctionnelle (1)
comprenant des masses aimantées (5), ladite unité fonctionnelle (1) étant entourée
au moins partiellement de parties d'ébauche (11, 12) non magnétiques recouvertes d'un
revêtement de finition caractérisé en ce que le revêtement de finition recouvrant lesdites parties d'ébauche (11, 12) situées
à proximité de ladite unité fonctionnelle (1) présente des propriétés essentiellement
non magnétiques.
2. Mouvement pour pièce d'horlogerie selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit revêtement comporte au moins deux couches métalliques dont au moins celle qui
se trouve directement au contact desdites parties d'ébauche (11, 12) contient du nickel
en tant que constituant d'un alliage amagnétique.
3. Mouvement pour pièce d'horlogerie selon la revendication 2, caractérisé en ce que ladite unité fonctionnelle (1) est une microgénératrice.
4. Mouvement pour pièce d'horlogerie selon la revendication 3, caractérisé en ce que ladite microgénératrice (1) comporte un rotor (2) comprenant deux flasques (3) ayant
chacune sensiblement la forme d'un disque et portant chacune, sur sa face en regard
de l'autre flasque, un nombre pair de masses aimantées (5), ladite microgénératrice
comportant en outre un module électronique (6) comportant au moins une bobine statorique
(4) partiellement insérée entre les deux flasques (3) et en ce que ladite microgénératrice est au moins partiellement située dans un volume délimité
par les projections orthogonales desdites parties d'ébauche (11, 12) amagnétiques.
5. Mouvement pour pièce d'horlogerie selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ladite unité fonctionnelle permet de détecter la présence d'un champ magnétique externe.
6. Mouvement pour pièce d'horlogerie selon la revendication 5, caractérisé en ce que ladite unité fonctionnelle assure la fonction d'une boussole.