DESIGNATION DU DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention concerne une méthode pour déterminer par simulation numérique
les conditions optimales à imposer dans un puits horizontal (ou complexe) foré au
travers d'un gisement souterrain, pour éliminer progressivement (restaurer) par balayage
naturel au moyen des fluides de production issus du gisement, des dépôts ou cakes
qui se sont formés dans au moins une zone à la périphérie du puits, suite aux opérations
de forage et de complétion.
[0002] Les gens de l'art savent que l'on distingue les cakes dits internes formés par envahissement
des pores de la roche par la boue et les cakes dits externes constitués d'un revêtement
de boue sur la paroi externe du puits.
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0003] Les dommages causés aux formations environnant les puits horizontaux (ou complexes),
souvent des trous ouverts équipés pour la production, constitue un point critique
pour les champs pétroliers en offshore profond où, pour obtenir des coûts de développement
acceptables, on ne met en production qu'un nombre limité de puits très productifs.
[0004] Les essais que l'on peut faire pour caractériser l'endommagement des formations au
voisinage d'un puits sont d'une importance primordiale. Ils permettent de choisir
le fluide de forage le mieux approprié pour minimiser ou réduire la détérioration
de la perméabilité au voisinage des puits et aussi d'optimiser les techniques de nettoyage
des puits.
[0005] Au cours des cinq dernières années, le demandeur a mis au point un équipement spécifique
d'essai en laboratoire et des procédures destinées à caractériser l'endommagement
des formations dû au forage au cours d'opérations en surpression et à quantifier les
performances de différentes techniques de nettoyage mises en oeuvre dans l'industrie
comme en témoignent les publications suivantes
- Alfenore, J. et al, « What Really Matters in our Quest of Minimizing Formation Damage
in Open Hole Horizontal Wells », 1999, SPE 54731 ;
- Longeron, D. et al, « Experimental Approach to Characterize Drilling Mud Invasion,
Formation Damage and Cleanup Efficiency in Horizontal Wells with Openhole Completions
» 2000, SPE 58737 ; ou
- Longeron, D. et al, « an Integrated Experimental Approach for Evaluating Formation
Damages due to Drilling and Completion Fluids », 1995, SPE 30089.
[0006] Cependant les études menées en laboratoire s'avèrent souvent insuffisantes à elles
seules, pour modéliser de façon réaliste, les conditions de production à appliquer
dans les puits pour restaurer au mieux la perméabilité des formations environnantes,
sans pour autant provoquer des venues de sable. La modélisation des processus de restauration
des formations environnant un puits présentent un grand intérêt économique pour la
mise en exploitation des champs.
LA METHODE SELON L'INVENTION
[0007] La méthode selon l'invention permet de simuler au mieux les conditions optimales
à imposer dans un puits foré au travers d'un gisement souterrain à une trajectoire
quelconque, pour l'élimination progressive par des fluides issus du gisement, des
dépôts ou cakes qui se sont formés dans au moins une zone à la périphérie du puits,
suite aux opérations de forage.
[0008] Elle comporte l'acquisition de données initiales obtenues par des mesures en laboratoire
des valeurs de perméabilité initiale (ki) des formations entourant le puits, de l'épaisseur
des cakes ainsi que des valeurs de perméabilité endommagée (kd) et de perméabilité
restaurée (kf) de la zone, en fonction de la distance (r) à la paroi du puits, la
discrétisation de la zone endommagée par un maillage cylindrique en 3D formant des
blocs d'épaisseur radiale faible relativement au diamètre du puits et la résolution
dans ce maillage, d'équations de diffusivité modélisant les écoulements des fluides
au travers des cakes en tenant compte des données initiales mesurées et en modélisant
l'évolution de la perméabilité en fonction des débits (Q) de fluides s'écoulant au
travers des cakes, et on en déduit les conditions optimales à appliquer pour la mise
en production du puits.
[0009] On modélise la restauration de la perméabilité en tout point à distance (r) de la
paroi en considérant par exemple que la perméabilité varie proportionnellement à l'écart
entre la perméabilité endommagée (kd) et la perméabilité restaurée (kf), le coefficient
de proportionnalité dépendant d'une loi empirique de variation de la perméabilité
en fonction de la quantité de fluides au travers des cakes.
[0010] La simulation opérée suivant la méthode permet aux ingénieurs de réservoir de mieux
prévoir le meilleur schéma d'exploitation du gisement en évitant les inconvénients
tels que les venues de sable. Elle permet aussi aux foreurs, compte tenu de données
de perméabilité connues ou estimées, de choisir des fluides convenant plus particulièrement
pour le forage des puits et la mise en place des équipements.
PRESENTATION SOMMAIRE DES FIGURES
[0011] D'autres caractéristiques et avantages de la méthode et du dispositif selon l'invention,
apparaîtront à la lecture de la description ci-après d'un exemple non limitatif de
réalisation, en se référant aux dessins annexés où :
- la Fig.1 montre les courbes de variation en fonction de la distance r à la paroi du
puits endommagé, d'un premier coefficient multiplicateur c1(r) de la perméabilité d'endommagement et d'un deuxième coefficient multiplicateur
c2(r) de la perméabilité restaurée ;
- la Fig.2 montre une loi empirique de variation d'un coefficient de variation de la
perméabilité à la distance r de la paroi du puits endommagé, en fonction du débit
de fluides Qs au travers des cakes ;
- la Fig.3 montre un exemple de maillage radial pour la résolution des équations de
diffusivité ;
- la Fig.4 illustre le calcul du flux F avec un maillage radial ;
- les Fig.5a et 5b illustrent le calcul de l'IP numérique respectivement sans cake externe
et avec cake externe Cext, autravers d'une maille Wcell ;
- la Fig.6 montre schématiquement une portion de puits de longueur L et de rayon rw
comportant 4 zones de profondeur r centrées autour du puits, avec des perméabilités
k différentes 100mD ou 1000mD et un cake interne d'épaissseur rint ;
- les Fig.7, 8 montrent les variations en fonction de la distance d au puits, des coefficients
multiplicateurs respectivement de perméabilité endommagée C1(r) et de perméabilité
restaurée ou de retour c2(r), qui ont été mesurées au laboratoire dans différentes
zones et utilisées dans les exemples ;
- la Fig.9 montre la courbe de variation de la perméabilité c(r) dans le cake interne
en fonction du volume cumulé q de fluide par unité de surface offerte à l'écoulement,
mesuré au laboratoire et utilisée dans les exemples ;
- les Fig. 10a à 10c montrent respectivement les variations en fonction du temps t(d)
exprimé en jours, des débits d'huile FR (en m3/j) dans différentes zones perforées
le long du puits, correspondant à 3 simulations différentes SM1 à SM3, dans l'exemple
1 (cas a);
- les Fig. 11a et 11b montrent les variations en fonction du temps t(d) exprimé en jours,
du coefficient de perméabilité c(r) du cake interne dans deux zones différentes le
long du puits (exemple 1) ;
- la Fig. 12 montre la variation en fonction du temps du débit total FR(m3/d) dans le
cas c de l'exemple 1, pour trois simulations différentes SM1 à SM3 ;
- la Fig. 13 montre la distribution du cake externe le long de la portion de puits,
dans l'exemple 2 ;
- les Fig. 14a à 14c montrent respectivement, dans l'exemple 2, la distribution sur
la longueur L(m) du puits, du cake externe (Fig.14a) et du débit FR le long du puits
au temps t=0.5 j (Fig.14b) et au temps t=5j (Fig.14c);
- les Fig.15a à 15f montrent respectivement, dans l'exemple 2, la distribution sur la
longueur L(m) du puits, du cake externe (Fig.15a) et du débit FR le long du puits,
respectivement au temps t = 0.1j (Fig.15b), t = 0.3j (Fig.15c), t = 0 .5j (Fig.15d),
t = 1j (Fig.15e), et t = 5j (Fig.15f);
- la Fig. 16 montre le débit total du puits FR en fonction du temps exprimé en jours,
dans l'exemple 2, pour les deux cas c1 et c2 ; ;
- la Fig.17 est un tableau montrant un exemple de maillage avec NX mailles réparties
le long du puits, progressivement plus épaisses en s'éloignant radialement de la paroi
du puits (direction r(m)) ; et
- la Fig.18 est un tableau montrant la durée d'application t(d) exprimée en jours, d'une
pression de fond de puits P(bar) imposée.
DESCRIPTION DETAILLEE DE LA METHODE
1) Acquisition de données de laboratoire
[0012] Les essais d'endommagement des formations sont d'une importance primordiale pour
minimiser ou pour réduire la détérioration de la perméabilité au voisinage des puits
en choisissant le fluide de forage le mieux approprié et en optimisant les techniques
de nettoyage des puits. Au cours des cinq dernières années, le demandeur a mis au
point un équipement spécifique d'essai en laboratoire et des procédures destinées
à caractériser l'endommagement des formations dû au forage au cours d'opérations en
surpression et à quantifier les performances de différentes techniques de nettoyage
mises en oeuvre dans l'industrie comme le témoignent les publications suivantes :
- Alfenore, J. et al, « What Really Matters in our Quest of Minimizing Formation Damage
in Open Hole Horizontal Wells », 1999, SPE 54731 ;
- Longeron, D. et al, « Experimental Approach to Characterize Drilling Mud Invasion,
Formation Damage and Cleanup Efficiency in Horizontal Wells with Openhole Completions
» 2000, SPE 58737 ; ou
- Longeron, D. et al, « an Integrated Experimental Approach for Evaluating Formation
Damages due to Drilling and Completion Fluids », 1995, SPE 30089.
[0013] Les essais de pression de fuite sont effectués avec une cellule de filtration dynamique
qui peut recevoir des carottes d'un diamètre de 5 cm et d'une longueur pouvant atteindre
40 cm. La cellule est équipée par exemple de cinq prises de pression situées à 5,
10, 15, 20 et 25 cm de la face d'entrée de la carotte. Les prises de pression permettent
de surveiller les chutes de pression à travers six sections de la carotte pendant
que l'on fait circuler la boue et circuler en retour l'huile afin de simuler la production
du puits. En vue de reproduire le processus dynamique d'invasion de la boue et du
filtrat de la boue, les essais de laboratoire sont réalisés dans des conditions de
puits représentatives (température, surpression et taux de cisaillement appliqué à
la boue, carottes saturées en huile et en eau connée, etc.). De l'huile est ensuite
injectée en sens inverse (courant de retour) à débit constant afin de simuler la production
du puits. L'évolution des perméabilités de retour est calculée, pour chaque section,
en fonction du volume cumulé d'huile injectée. La valeur finale stabilisée de la perméabilité
de retour est ensuite comparée à la perméabilité initiale non détériorée afin d'évaluer
la détérioration résiduelle en fonction de la distance par rapport à la face d'entrée
de la carotte. D'une manière générale, on a observé qu'une quantité totale de 10 à
20 PV (maximum une centaine de PV) d'huile injectée était suffisante pour obtenir
une valeur stabilisée de la perméabilité de retour après endommagement avec une boue
à base d'huile.
II - Modèle numérique simplifié pour supprimer les dommages au voisinage du puits
[0014] Considérant un puits foré dans la zone pétrolière avec une boue à base d'huile, on
admet que les propriétés de l'huile dans le réservoir sont identiques à celles observées
dans le filtrat. L'équation de l'écoulement au voisinage du puits est ainsi régie
par une équation monophasique qui s'écrit comme suit :

où p représente la pression, k, la perméabilité absolue, µ, la viscosité, c, la compressibilité
et φ, la porosité. La viscosité µ et la compressibilité c dans le filtrat sont considérées
comme identiques à celles observées dans l'huile qui sature le réservoir. On considère
que la pression initiale dans le réservoir est hydrostatique au début de la production.
II. 1 Modélisation du cake de filtration interne
[0015] Le cake de filtration interne réduit la perméabilité du réservoir au voisinage du
puits. Comme nous l'avons indiqué plus haut, les réductions de la perméabilité à l'issue
de la période de forage et à la fin d'un nettoyage complet peuvent être obtenues à
partir de mesures effectuées en laboratoire. Pour la modélisation, nous utilisons
le facteur de réduction de la perméabilité sous forme adimensionnelle pour représenter
la variation de la perméabilité. L'utilisation de la forme adimensionnelle présente
l'avantage de permettre de regrouper les données par zones géologiques.
[0016] Soient k
i la perméabilité initiale, k
d la perméabilité après endommagement et k
f la perméabilité finale de retour ; la perméabilité après endommagement et la perméabilité
finale de retour sont généralement fonction de r la distance au puits.
c1(
r)=
et c2(
r) =

étant les courbes du facteur de réduction de la perméabilité en fonction de r avant
le nettoyage et après le retour de fluide respectivement (Figure 1), la variation
de la perméabilité au voisinage du puits est généralement limitée par ces deux courbes
au cours de la période de retour de fluide. c
1(r) correspond à la courbe de perméabilité après endommagement et c
2(r) correspond à la courbe de perméabilité de retour stabilisée.
[0017] Comme nous l'avons indiqué plus haut, la variation de la perméabilité dans la zone
occupée par le cake de filtration interne au cours de la période de retour de fluide
dépend de la quantité d'huile produite qui s'écoule vers le puits. Nous utilisons
la forme adimensionnelle suivante pour décrire cette variation (Figure 2) :

où Q est le débit d'écoulement total à travers le milieu poreux dans le sens de l'écoulement
divisé par la surface poreuse (surface des pores offerte à l'écoulement). Cette courbe
représente la variation de la perméabilité par rapport à l'écoulement à travers une
unité de surface poreuse. Elle correspond généralement à un sens d'écoulement donné.
En pratique, le sens de l'écoulement est la direction radiale vers le puits. Lorsque
Q = 0, il n'y a aucun écoulement permettant de nettoyer le cake de filtration, la
perméabilité correspond à la perméabilité après endommagement avec k(0)=k
d. Nous avons donc c
0(0) = 0. Lorsque Q est très grand, le cake de filtration est entièrement nettoyé,
la perméabilité correspond à la perméabilité de retour finale avec k(+∞)=k
f. Dans ce cas, nous avons c
0(+∞)=1.
[0018] La courbe de variation de la perméabilité peut être mesurée à partir de données de
laboratoire et elle peut être considérée comme indépendante de l'emplacement dans
une carotte. Ainsi, une courbe est utilisée pour chaque zone géologique. Cette courbe
est monotone. Son maximum est généralement atteint pour plusieurs m
3 (ou plusieurs dizaines de m
3) de fluide traversé par unité de surface poreuse.
[0019] La perméabilité k à la distance r du puits au cours de la période de retour de fluide
peut s'écrire sous la forme triviale suivante :

[0020] En utilisant les courbes adimensionnelles définies ci-dessus et en prenant en compte
l'équation (2), le facteur de réduction de la perméabilité c(r,Q) est exprimé par
:

[0021] Initialement, Q = 0, la réduction de la perméabilité correspond à celle obtenue après
invasion du filtrat (perméabilité après endommagement) :

[0022] A la fin du retour de fluide, lorsque la quantité de fluide en écoulement Q est très
importante avec c
0(Q) ≈ 1, la réduction de la perméabilité correspond à l'état restauré avec la perméabilité
de retour stabilisée :

[0023] La variation de la perméabilité dans la zone occupée par le cake de filtration interne
est modélisée avec l'équation (3). Contrairement au cake de filtration interne, l'impact
du cake de filtration externe décrit ci-après est modélisé sous la forme d'un coefficient
de paroi dans le modèle numérique discrétisé.
II.2 Maillage et schémas numériques
[0024] Un maillage cylindrique rθx est utilisé pour la modélisation de l'écoulement du fluide
au voisinage d'un puits horizontal (Figure 3) : r est la direction radiale, perpendiculaire
à l'axe du puits, θ est la direction angulaire et x est la direction le long du puits.
Avec ce maillage, les limites du puits sont discrétisées et des mailles de très petite
taille peuvent être utilisées pour discrétiser la zone occupée par le cake de filtration
interne. En général, le rayon du puits est de l'ordre de quelques centimètres, et
l'épaisseur du cake de filtration interne varie entre quelques centimètres et quelques
décimètres. En vue d'obtenir une bonne description du phénomène d'élimination du cake
de filtration, les mailles utilisées au voisinage du puits varient entre quelques
millimètres et quelques centimètres.
[0025] Pour des mailles cylindriques, un schéma standard numérique pour l'approximation
du flux entre deux points peut être utilisé pour modéliser

l'écoulement. Par exemple, le flux entre deux mailles voisines i et i+1 dans la direction
radiale est calculé par (Figure 4) :

où j et k sont les indices des mailles considérées dans les directions θ et x, r
i représente la distance de la maille i au puits, r
i+1/2 est la distance de l'interface des mailles considérées au puits, k
r,i est la perméabilité de la maille i dans la direction radiale, Δθ et Δx sont les longueurs
des mailles dans les directions θ et x et Ti la transmissivité entre mailles.
[0026] Le terme « mailles de puits » désignant les mailles qui discrétisent les limites
du puits, les conditions aux limites du puits sont traitées dans les mailles de puits.
La pression interne du puits p
w et le débit du puits q
i sur une maille i considérée peuvent être reliés par la formule de discrétisation
suivante (Figure 5a) :


où r
w est le rayon du puits. Cette discrétisation aux limites du puits est similaire à
l'approximation de l'écoulement du fluide entre deux mailles. Cependant, pour la discrétisation
des limites du puits, le coefficient de discrétisation est désigné par l'index de
productivité numérique IP et non par la transmissivité T, et le flux F est remplacé
par le débit du puits q
i. Cette notation est cohérente par rapport au modèle numérique de puits couramment
utilisé, et le coefficient de paroi peut être intégré dans le terme de l'index de
productivité numérique IP.
[0027] La perméabilité k
r,i varie au cours du retour de fluide dans la zone occupée par le cake de filtration
interne selon la formule présentée dans la section précédente. Ainsi, la transmissivité
et l'index de productivité numérique IP varient également dans la simulation au cours
de la période de retour de fluide.
II.3 Modélisation du cake de filtration externe
[0028] La présence du cake de filtration externe peut être prise en compte dans la formule
de discrétisation via l'indice numérique IP. Dans le cas de la présence d'un cake
de filtration externe d'épaisseur d
e et de perméabilité k
e, la pression du puits p
w correspond à la pression sur le rayon r
w - d
e et non pas sur le rayon r
w. La chute de pression est élevée à travers le cake de filtration externe qui se trouve
dans la zone située entre r
w - d
e et r
w. En utilisant une nouvelle fois l'équation (9) pour relier la pression du puits p
w, la pression des mailles de puits p
i et le débit du puits q
i, le coefficient de discrétisation IP devrait intégrer l'impact du cake de filtration
externe comme suit (Figure 5b) :

[0029] On admet que le cake de filtration externe est éliminé si la différence de pression
au travers de son épaisseur est supérieure à un seuil donné. Ainsi, au début du retour
de fluide, le coefficient numérique IP est calculé en utilisant l'équation (11) qui
intègre la présence du cake externe si ce dernier existe. Une fois que la différence
de pression au travers du cake de filtration est supérieure au seuil donné, l'index
de productivité numérique IP est calculé avec l'équation (10).
[0030] La perméabilité k
e du cake de filtration externe pourrait généralement être très inférieure à la perméabilité
au sein du réservoir ou dans la zone occupée par le cake de filtration interne. Ainsi,
en présence du cake de filtration externe, le coefficient numérique IP est très petit.
[0031] Pour réaliser les simulations on peut utiliser un outil de modélisation d'écoulements
tel que le modèle ATHOS par exemple (ATHOS est un modèle de modélisation numérique
développé par l'IFP). Le schéma de discrétisation utilisé est un schéma à 5-points
classique pour modéliser l'équation de diffusivité en maillage cylindrique. Dans les
mailles au voisinage immédiat du puits, un IP numérique est utilisé pour relier la
pression dans ces mailles, la pression au fond du puits et le débit d'écoulement vers
le puits. Comme la perméabilité au voisinage du puits change pendant la période de
dégorgement, les transmissivités autour du puits et l'IP changent aussi en fonction
de la variation des perméabilités.
[0032] Les courbes qui définissent les coefficients multiplicateurs de perméabilités en
fonction de la distance au puits, c
1(r) et c
2(r), sont entrées dans le simulateur sous forme de tableaux de valeurs. Les valeurs
correspondantes dans chaque maille sont calculées à partir de ces courbes en utilisant
une interpolation linéaire comme expliqué précédemment. Le volume poreux cumulé de
fluide traversant une interface entre deux mailles dans la direction radiale r est
utilisé pour calculer le coefficient multiplicateur de transmissivité entre ces deux
mailles à chaque instant considéré.
III Résultats numériques
[0033] Nous présentons deux exemples pour illustrer les capacités de la méthode qui a été
développée: le premier concerne le dégorgement d'un cake interne sans cake externe
et le deuxième le dégorgement en présence d'un cake interne et également d'un cake
externe.
Exemple 1 : Dégorgement en présence du cake interne seul
[0034] On considère une partie d'un puits horizontal d'une longueur de 20 m, qui traverse
4 zones représentatives alternativement de deux types d'hétérogénéités différentes
(Figure 6). Les perméabilités k des milieux correspondants, initialement sans aucun
endommagement, sont de 1000 et 100 mD. La longueur de chaque milieu traversé est de
5 m. Les valeurs de la perméabilité dans les mailles où s'est formé le cake interne
dû à l'endommagement sont entrées manuellement dans le jeu de données. Les courbes,
par zones, du coefficient multiplicateur de la perméabilité endommagée en fonction
de la distance à la paroi du puits c
1(r) sont données dans la Figure 7. Les courbes de la perméabilité retour c
2(r) sont présentées dans la Figure 8. Ces courbes sont discontinues car les données
fournies par laboratoire sur seulement quelques points. Plus le nombre de points est
important, et mieux la courbe de laboratoire est représentée. La variation de la perméabilité
pendant le nettoyage en fonction de la quantité de fluide écoulé à l'unité de surface
poreuse, c
0(V), est présentée à la Figure 9. En pratique, le plateau maximum peut être atteint
avec quelques mètres cubes de fluide passé par unité surface.
[0035] Comme on l'a vu, un maillage cylindrique est utilisé pour les simulations. Le réservoir
est très grand dans la direction radiale avec un rayon extérieur de 1750 m où la condition
limite est de flux nul. Sur les frontières aux deux extrémités du puits, la condition
est aussi de flux nul. Les nombres et les tailles de mailles dans les directions r
et x sont donnés dans la Fig.17 (θ=360°). Le puits est discrétisé en 80 mailles suivant
sa longueur. Chaque zone de perméabilité constante est ainsi discrétisée en 20 mailles
de 0.25 m. La pression initiale dans le réservoir à la cote du puits est sensiblement
de 320 bar.
[0036] Deux simulations ont été faites avec différentes conditions imposées au puits :
a). Un débit de 20m3/j est imposé au puits pendant 1.5 jours. L'écoulement au voisinage du puits simulé
avec la méthode présentée ci-dessus tenant compte de la variation de la perméabilité
en cours du temps est notée SM1. Cette simulation est comparée à deux autres simulations
en utilisant le modèle d'écoulement classique avec des perméabilités inchangées, égales
d'une part aux perméabilités après endommagement c1(r), et d'autre part aux perméabilités retour c2(r). Ces deux simulations sont notées SM2 et SM3.
Les résultats de simulations sont présentés pour les mailles des puits 31 et 40 situées
au milieu et à la limite d'une des zones peu perméables, et pour les mailles 41 et
50 situées en limite et au milieu de la zone plus perméable suivante. La Figure 10
montre les débits d'huile au niveau de ces mailles pour les trois scénarios simulés
: SM1, SM2 et SM3. Les simulations avec des perméabilités fixées, SM2 et SM3, donnent
des débits constants par maille, ce qui est normal puisque la limite dans la direction
r n'est pas atteinte pour le temps court simulé (1.5 jours). Par contre, les débits
varient quand on modélise les variations de perméabilités dans le cake interne pendant
la remise en production. Au temps 0, ces débits sont identiques à ceux des simulations
avec les perméabilités consécutives à l'endommagement. Ensuite, ils se différencient
en raison des perméabilités qui augmentent dans le cake interne suite au nettoyage
par l'huile de la formation. Très rapidement, au bout d'une journée, ces débits rejoignent
ceux simulés avec les perméabilités retour.
Les variations de perméabilité dans les mailles 31 et 50 sont présentées aux Fig.11a,
11b respectivement. Ces variations correspondent à celles dans les deux zones. Les
perméabilités dans les états d'endommagement et de retour sont aussi représentées.
La variation de perméabilité au cours du nettoyage est bornée par ces valeurs. Au
bout d'un jour, la perméabilité dans la zone la plus perméable (maille 50) rejoint
presque la valeur de perméabilité retour, et celle dans la zone moins perméable (maille
31) ne change pas beaucoup. Mais, comme la variation entre la perméabilité d'endommagement
et celle de retour est très faible dans la zone peu perméable, les résultats de simulation
dépendent principalement de la variation de perméabilité dans la zone la plus perméable.
Sur les résultats présentés à la Fig.10, les débits augmentent dans les zones plus
perméables et ils rejoignent très rapidement ceux de la simulation SM3. Les débits
dans les zones peu perméables diminuent car les simulations sont faites avec un débit
total imposé au puits.
Avec cette modélisation, nous pouvons également obtenir la variation de vitesse locale
due au dégorgement du cake.
b). Une différence de pression de 1 bar est imposée pendant 1.5 jour.
La Fig.12 montre la variation en fonction du temps t exprimé en jours, des débits
simulés FR (exprimés en m3/j) correspondants au puits. Dans le cas de perméabilité
inchangée (SM2 et SM3), les débits diminuent avec le temps. Par contre, la modélisation
d'un dégorgement progressif donne un débit croissant jusqu'à un jour environ, avant
de diminuer. L'augmentation de débit pendant la période initiale est due à l'augmentation
de perméabilité dans le cake interne au cours de la remise en production.
Les résultats dans les mailles de puits 31, 40, 41 et 50 sont très similaire aux ceux
du cas a. Les débits avec la modélisation du nettoyage de cake au temps t=0 sont égaux
à ceux simulés avec les perméabilités d'endommagement, et ensuite ils varient et rejoignent
les débits simulés avec les perméabilité de retour.
Dans cet exemple, nous observons que le nettoyage du puits est assez rapide quel que
soit le scénario modélisé. Dans tous les cas, les résultats de simulation du dégorgement
progressif SM1 sont très proches au bout d'un jour de ceux obtenus avec les perméabilités
retour SM3. Il est possible de fournir les détails des résultats aux temps courts,
comme par exemple les débits le long du puits, les pressions et les vitesses au voisinage
du puits, pour mieux connaître ce qui se passe au cours du dégorgement. Toutefois,
les performances du puits aux temps longs, après quelques jours, sont quasi identiques,
quelles que soient les configurations étudiées, sachant que les aspects géomécaniques
ne sont pas pris en compte. Dans cette hypothèse, il semble donc que les impacts du
cake interne sur la performance du puits soient très limités en temps et qu'il suffise
en général d'étudier cette performance en considérant la perméabilité restaurée, c'est-à-dire
celle de la configuration notée SM3.
Exemple 2. Présence d'un cake externe non uniforme le long du drain
[0037] On considère la même géométrie de puits que dans l'exemple précédent. Dans cet exemple,
le réservoir est homogène avec une perméabilité de 1000mD dans le milieu poreux. Le
cake externe n'a pas une présence homogène le long du puits. Dans certains endroits,
il n'y pas de cake externe, et dans les endroits où le cake externe est présent, celui-ci
a une perméabilité kext de 1 mD et une épaisseur r
ext de 4 mm comme dans l'exemple précédent. La distribution de la présence du cake externe
est donnée dans la Fig.13. La différence de pression nécessaire pour l'arrachement
du cake externe est toujours fixée à 0.5 bar.
[0038] Deux types de conditions aux limites sont utilisés dans les simulations. Pour le
premier cas, une pression de 318.2 bar est imposée au fond du puits, soit une différence
de pression entre le réservoir et le puits de 1.8 bar. Pour le deuxième cas, nous
imposons plusieurs paliers consécutifs de pression pour arriver à une chute totale
de pression de 1.8 bar (Tableau 2).
[0039] Les Figures 14 et 15 présentent la distribution du cake externe et la répartition
du débit le long du puits pour ces deux cas à différents temps de production. Dans
le premier cas, les débits sont uniformes le long du puits, car les cakes externes
sont entièrement arrachés dès le début. Dans le deuxième cas, la répartition de débit
varie en fonction du temps, car les cakes externes sont arrachés non uniformément
à des temps différents. De plus, il y a toujours des cakes externes qui ne peuvent
pas être arrachés au bout de 5 jours. La Fig.16 montre la production du puits pour
ces deux cas. Dans le premier cas, la production du puits est plus forte, car tous
les cakes externes sont arrachés dès le début. Mais, le maximum du débit local le
long du puits est toujours inférieur à
3m3/
m.jour. Dans le deuxième cas, le débit du puits est plus faible, mais le débit local peut
être très fort avec un maximum de
4.5m3/
m.jour. Les cakes ne peuvent toujours pas être arrachés à certains endroits. La performance
du puits est largement réduite dans ce cas. Cet exemple montre que les procédures
de dégorgement peuvent influencer la performance du puits même dans un réservoir homogène.
[0040] Bien qu'il paraisse tentant de vouloir imposer une forte différence de pression entre
le puits et la formation, puisque c'est la procédure qui permet d'arracher le plus
vite et le plus uniformément le cake externe qui limite le débit du puits, il peut
être dangereux pour l'intégrité du puits d'agir ainsi si la formation est non consolidée
et que des venues de sable risquent de se produire avec comme conséquence le bouchage
du puits. C'est l'un des intérêts de la présente invention que de pouvoir définir
la meilleure procédure de dégorgement du puits sans provoquer le risque évoqué dès
lors que l'on connaît la vitesse du fluide à partir de laquelle le sable perd sa cohésion.