Domaine technique
[0001] L'invention concerne un procédé de purification du sodium de qualité industrielle
pour réduire notablement sa teneur en calcium.
Etat de la technique
[0002] Le sodium produit de manière industrielle par électrolyse du chlorure de sodium fondu
présente généralement une teneur en calcium de 400 à 500 ppm. Cette teneur est supérieure
à la limite de solubilité du calcium dans le sodium fondu aux températures usuelles
d'utilisation dans l'industrie, de sorte qu'on risque un dépôt de calcium dans les
installations véhiculant le sodium liquide. De plus, pour certaines applications,
comme par exemple dans le domaine nucléaire, cette pureté est insuffisante et, pour
cette raison, différents procédés de purification ont été proposés et mis en oeuvre
depuis plusieurs décennies.
[0003] Le brevet FR1484647, déposé en 1965 par le Commissariat à l'Energie Atomique, a décrit
l'utilisation du peroxyde de sodium pour éliminer le calcium. Le procédé consiste
à mélanger le sodium et le peroxyde dans un réacteur à une température comprise entre
200 et 300°C avec une agitation vigoureuse, et à éliminer les particules solides de
chaux par filtration. On peut ainsi obtenir un sodium à moins de 10 ppm de calcium.
[0004] Le brevet FR 2251627 de la demanderesse, déposé en 1973, a perfectionné le procédé
précédent pour remédier à certains inconvénients comme le caractère discontinu du
procédé, les dépôts solides sur les parois du réacteur et la consommation très élevée
de peroxyde.
[0005] Un tel procédé n'est cependant pas économiquement adapté à la purification de sodium
pour des applications plus courantes, pour lesquelles on souhaite une réduction plus
ou moins importante de la teneur en calcium, sans être lié par les normes rigoureuses
de l'industrie nucléaire.
[0006] Le brevet FR 1214176 de du Pont de Nemours, publié en 1960, décrit un procédé de
purification du sodium consistant à mélanger le sodium en fusion à une température
inférieure à 300°C avec un gaz inerte, notamment l'azote, contenant de 0,1 à 2%, et
de préférence de 0,1 à 0,5% d'oxygène, le gaz étant recyclé après passage. Le brevet
indique que l'ajout de vapeur d'eau dans le gaz inerte à la place de l'oxygène est
inefficace, car il ne contribue pas à rendre le calcium insoluble pour le séparer
par filtration, décantation ou centrifugation.
Objet de l'invention
[0007] L'invention a pour but d'offrir un procédé de purification du sodium par oxydation
du calcium plus simple, moins coûteux et au moins aussi efficace que les procédés
de l'art antérieur.
[0008] L'objet de l'invention est un procédé de purification du sodium technique consistant
à mettre en contact le sodium liquide à une température égale ou supérieure à 150°C,
à l'intérieur d'un mélangeur statique, avec un courant de gaz inerte vis-à-vis du
sodium chargé de vapeur d'eau en quantité stoechiométrique nécessaire pour oxyder
le calcium de manière à abaisser sa teneur à la teneur souhaitée, et à séparer ensuite
le sodium purifié du gaz inerte, et de l'hydrogène et de la chaux produits par la
réaction.
Description de l'invention
[0009] L'invention repose sur la constatation faite par la demanderesse que, dans certaines
conditions de mise en oeuvre, et contrairement à l'enseignement du brevet FR 1214176,
l'utilisation de vapeur d'eau comme oxydant du calcium pouvait conduire à une purification
simple et efficace du sodium.
[0010] Le procédé est basé sur la réaction d'oxydation : Ca + H
2O → CaO + H
2. En fait, il est probable que la réaction se passe en deux temps par l'intermédiaire
de l'oxyde de sodium, soit : Na + H
2O → NaO + H
2 et NaO + Ca → Na + CaO. La quantité d'eau nécessaire pour une quantité donnée de
sodium est la quantité stoechiométrique correspondant au calcium qu'on veut éliminer,
c'est-à-dire la différence entre la teneur de calcium de départ et celle qu'on vise
à l'arrivée. Le procédé étant continu, cela suppose de maintenir à peu près constant
le rapport K entre le débit d'eau et le débit de sodium. L'opération se fait dans
un mélangeur statique favorisant un bon échange entre le sodium liquide et les gaz.
Le gaz inerte, qui est de préférence l'azote, mais peut être également l'argon, a
pour fonction d'une part de diluer la vapeur d'eau et de l'amener au contact du sodium,
et d'autre part d'assurer l'évacuation de l'hydrogène formé par la réaction. La quantité
d'azote nécessaire par gramme d'eau est comprise de préférence entre 30 et 40 dm
3/g. Cette quantité est nettement plus faible que celle mentionnée dans le brevet FR
1214176, qui préconise un rapport du volume de gaz de dispersion au volume de sodium
compris entre 20 et 200, alors que la quantité mentionnée plus haut conduit, pour
une purification quasi-complète en calcium, à un rapport de l'ordre de 6. Ceci permet
d'éviter le recyclage du gaz, ce qui simplifie fortement l'installation.
[0011] La température du sodium liquide dans le mélangeur doit être égale ou supérieure
à 150°C pour éviter tout risque d'encrassement du mélangeur. Il est préférable d'éviter
des températures trop élevées, par exemple supérieures à 250°C, à la fois pour des
raisons de sécurité et pour éviter la corrosion de l'installation.
[0012] A la sortie du mélangeur, on sépare le sodium épuré d'abord des gaz à travers un
dégazeur, puis de la chaux par filtration.
Description des figures
[0013] La figure unique est un schéma de principe du procédé selon l'invention.
Exemple de réalisation
[0014] L'exemple concerne une installation pilote utilisant le procédé selon l'invention.
Le sodium technique est véhiculé vers le mélangeur statique (1) à l'aide d'une pompe
(2) L'eau est envoyée, à l'aide d'une pompe (3) vers un évaporateur (4) à une température
régulée à 130°C. A la pompe (3) est associée une régulation en fonction du débit de
sodium mesuré par un débitmètre, de manière à maintenir constant le rapport K. L'azote
sec est envoyé, à travers un débitmètre (5) vers l'évaporateur (4).
[0015] L'azote humide est dirigé ensuite vers le mélangeur statique (1) dans une conduite
tracée et calorifugée pour éviter la condensation de l'eau. De plus, un clapet anti-retour
sur cette même conduite empêche le passage du sodium vers l'évaporateur (4). Le sodium
épuré contenant la chaux précipitée et l'azote avec l'hydrogène issu de la réaction
passe à travers un dégazeur (6), où il libère l'azote et l'hydrogène, puis à travers
des filtres (7) pour séparer la chaux.
[0016] Le démarrage de l'installation se fait avec de l'azote sec, l'eau n'étant introduite
qu'une fois le débit normal de sodium atteint. Pour arrêter l'installation, on arrête
d'abord la pompe à eau (3), puis la pompe à sodium (2) et enfin le débit d'azote.
[0017] En marche normale, on a un débit de sodium de 700kg/h, un débit d'eau de 122 g/h
et un débit d'azote de 4000 l/h. La température dans le mélangeur est de 150°C. La
teneur en calcium du sodium de départ est de 410 ppm et celle du sodium purifié de
27 ppm.
1. Procédé de purification du sodium pour diminuer sa teneur en calcium consistant à
mettre en contact le sodium liquide, à une température égale ou supérieure à 150°C,
à l'intérieur d'un mélangeur statique, avec un courant de gaz inerte vis-à-vis du
sodium chargé de vapeur d'eau en quantité stoechiométrique nécessaire pour oxyder
le calcium de manière à abaisser sa teneur à la teneur souhaitée, et à séparer ensuite
le sodium purifié du gaz inerte, et de l'hydrogène et de la chaux produits par la
réaction.
2. Procédé selon la revendication 1 dans lequel le gaz inerte est l'azote ou l'argon.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 ou 2, dans lequel le sodium est filtré pour
séparer la chaux.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3 dans lequel le débit d'eau est régulé
en fonction du débit de sodium de manière à maintenir leur rapport constant.