Domaine technique
[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication d'une structure comprenant au moins
un tube et au moins une plaque en matériau composite à matrice métallique, assemblés
l'un à l'autre.
[0002] Un tel procédé peut notamment être utilisé pour la fabrication de structures destinées
à l'industrie spatiale, telles que des structures en treillis servant de support à
des instruments optiques embarqués de type télescopes spatiaux, ou autres.
Art antérieur
[0003] Lorsque des instruments optiques sont embarqués sur des engins spatiaux tels que
des télescopes spatiaux, ces instruments sont généralement montés sur des structures
en treillis.
[0004] Les structures en treillis comprennent habituellement une ou plusieurs plaques parallèles
entre elles et une pluralité de tubes reliant ces plaques selon des directions différentes,
de façon à assurer à l'ensemble une grande stabilité dimensionnelle.
[0005] En plus de ces exigences de stabilité, les tubes et les plaques qui constituent les
structures en treillis supportant les instruments optiques qui équipent engins spatiaux
doivent présenter des caractéristiques mécaniques adaptées, ainsi qu'une masse aussi
réduite que possible. Cela conduit fréquemment les concepteurs de ces engins spatiaux
à utiliser des matériaux composites à matrices métalliques pour réaliser les tubes
et les plaques des structures en treillis.
[0006] De façon plus précise, les tubes et les plaques sont habituellement réalisés séparément,
par injection d'un alliage métallique dans un moule contenant une préforme de fibres
tissées. Les tubes et les plaques sont ensuite assemblés selon différentes techniques
telles que le collage, le vissage ou le brasage.
[0007] Cependant, ces différentes techniques d'assemblage présentent toutes des inconvénients
notables.
[0008] Ainsi, lorsque les tubes et les plaques sont assemblées par collage, le matériau
différent ainsi introduit entre les pièces constitue une source d'instabilité thermomécanique,
notamment du fait de la faible raideur et de l'hygrométrie de la colle. En outre,
ce type d'assemblage entraîne des difficultés de mise en oeuvre liées par exemple
à la nécessité d'un traitement de surface et au temps de polymérisation de la colle.
[0009] Dans le cas où les tubes et les plaques sont assemblés par vissage, on introduit
également de l'instabilité mécanique du fait des frottements et des micro glissements
qui se produisent entre les pièces. De surcroît, l'ajout de vis et de rondelles se
traduit par une augmentation de la masse globale de la structure, indésirable dans
le domaine spatial.
[0010] Enfin, lorsque les tubes et les plaques sont assemblés par brasage, on rencontre
des difficultés de mise en oeuvre en raison des géométries respectivement cylindrique
et plane des pièces à assembler.
[0011] Comme l'illustre le document EP-A-0 610 020, il est connu d'assembler deux tubes
d'acier selon une configuration en T en formant, par moulage, une coquille en aluminium
ou en alliage d'aluminium autour de la zone de jonction entre les deux tubes
Exposé de l'invention
[0012] L'invention a précisément pour objet un procédé de fabrication d'une structure comprenant
au moins un tube et au moins une plaque en matériau composite à matrice métallique,
ne présentant pas les inconvénients des procédés existants et permettant notamment
de ne pas introduire d'instabilité thermomécanique à la jonction entre le tube et
la plaque.
[0013] Conformément à l'invention, ce résultat est obtenu au moyen d'un procédé de fabrication
d'une structure comprenant au moins un tube et au moins une plaque en matériau composite
à matrice métallique reliés l'un à l'autre, caractérisé en ce qu'il comprend les étapes
successives suivantes :
- dans une cavité d'un moule unique, mise en place d'une première préforme fibreuse
ayant sensiblement la forme du tube, d'une deuxième préforme fibreuse ayant sensiblement
la forme de la plaque et d'une troisième préforme fibreuse entourant une extrémité
de la première préforme fibreuse adjacente à la deuxième préforme fibreuse ;
- injection d'un métal ou d'un alliage métallique dans la cavité du moule.
[0014] La mise en oeuvre de ce procédé permet de s'affranchir des interfaces entre les tubes
et les plaques, communes à toutes les techniques de l'art antérieur. On préserve ainsi
la stabilité thermomécanique de la structure. En outre, on réalise un gain de masse
par rapport à la technique d'assemblage par vissage ainsi qu'une simplification de
la mise en oeuvre par rapport à la technique d'assemblage par collage. De plus, la
fabrication de plusieurs pièces identiques à partir d'un même moule se traduit par
une diminution du coût.
[0015] Dans le cas le plus courant où le tube est creux, on place également dans le moule,
à l'intérieur de la première préforme fibreuse, un mandrin de forme complémentaire
de l'intérieur du tube.
[0016] Selon un mode de réalisation préféré de l'invention, on réalise la troisième préforme
fibreuse sous la forme de deux demi coquilles dont chacune a la forme d'une demi couronne.
[0017] Avantageusement, on injecte le métal ou l'alliage métallique dans la cavité du moule
sensiblement selon un axe longitudinal de la première préforme fibreuse, sur une face
de la deuxième préforme fibreuse opposée à la première préforme fibreuse.
[0018] En outre, on réalise de préférence les première, deuxième et troisième préformes
fibreuses par drapage, de façon telle que certaines des fibres de chacune des préformes
fibreuses soient sensiblement alignées lorsque les préformes sont placées dans le
moule.
Brève description des dessins
[0019] On décrira à présent, à titre d'exemple illustratif et non limitatif, un mode de
réalisation préféré de l'invention, en se référant aux dessins annexés, dans lesquels
la figure unique représente schématiquement, en coupe partielle, un moule destiné
à la fabrication d'une structure comprenant un tube et une plaque par le procédé de
l'invention, ainsi que les préformes fibreuses et le mandrin utilisés pour la mise
en oeuvre de ce procédé.
Description détaillée d'un mode de réalisation préféré de l'invention
[0020] Le mode de réalisation illustré à titre d'exemple sur la figure unique concerne la
fabrication d'une structure en matériau composite à matrice métallique comprenant
un seul tube creux et une seule plaque. Toutefois, l'invention n'est pas limitée à
la fabrication de ce type de structure mais concerne, de façon générale, la fabrication
de toute structure en matériau composite à matrice métallique comprenant un ou plusieurs
tubes et une ou plusieurs plaques assemblés entre eux. De plus, l'invention peut être
utilisée aussi bien lorsque les tubes sont creux, comme c'est généralement le cas,
que lorsque les tubes sont pleins, c'est-à-dire lorsqu'ils sont remplacés par des
tiges.
[0021] Conformément à l'invention, le tube et la plaque de la structure à fabriquer sont
réalisés d'un seul tenant, par moulage, en incorporant à la structure une pièce de
renfort annulaire qui entoure la partie du tube adjacente à la plaque et forme également
une seule pièce avec la structure.
[0022] Dans le mode de réalisation représenté, la structure en matériau composite à matrice
métallique est fabriquée dans un moule unique 10 formé de deux parties 12 et 14. Pour
l'essentiel, la première partie 12 du moule 10 assure la fabrication du tube et la
deuxième partie 14 assure la fabrication de la plaque.
[0023] Le moule 10 délimite intérieurement une cavité 16 dont une première portion 18 est
formée dans la partie 12 du moule et dont une deuxième portion 20 est formée dans
la partie 14 du moule.
[0024] La première portion 18 de la cavité 16 présente une forme complémentaire de la forme
extérieure du tube que l'on désire fabriquer. En d'autres termes, la portion de cavité
18 a la forme d'un évidement cylindrique dont le diamètre est égal au diamètre extérieur
du tube et dont la longueur est égale à la longueur de la partie du tube située à
l'extérieur de la pièce de renfort annulaire entourant le tube dans sa zone de jonction
avec la plaque.
[0025] La deuxième portion 20 de la cavité 16 présente une forme complémentaire de la forme
extérieure de la plaque que l'on désire fabriquer et de la pièce de renfort annulaire
qui entoure le tube dans sa zone de jonction avec la plaque. Le plan de joint 22 entre
les deux portions 18 et 20 de la cavité 16 se trouve ainsi localisé au niveau de la
face de la pièce de renfort annulaire opposée à la plaque.
[0026] Conformément à l'invention, on place à l'intérieur de la cavité 16 du moule une première
préforme fibreuse 24 qui a sensiblement la forme du tube à fabriquer, une deuxième
préforme fibreuse 26 qui a sensiblement la forme de la plaque à fabriquer et une troisième
préforme fibreuse 28 qui a sensiblement la forme de la pièce de renfort annulaire
entourant le tube dans sa zone adjacente à la plaque.
[0027] De façon plus précise, la première préforme fibreuse 24 est placée dans la portion
de cavité 18 et fait saillie par l'une de ses extrémités dans la deuxième portion
de cavité 20. La deuxième préforme fibreuse 26 est placée dans la deuxième portion
de cavité 20 de telle sorte que l'extrémité précitée de la première préforme fibreuse
24 soit en appui contre elle. Enfin, la troisième préforme fibreuse 28 est également
placée dans la deuxième portion de cavité 20, autour de la partie en saillie de la
première préforme fibreuse 24 et en appui contre la deuxième préforme fibreuse 26.
[0028] Pour faciliter la mise en oeuvre, la troisième préforme fibreuse 28 est réalisée
de préférence sous la forme de deux demi coquilles dont chacune a la forme d'une demi
couronne.
[0029] Chacune des préformes fibreuses 24, 26 et 28 est constituée de fibres longues dont
la nature et l'orientation sont choisies selon les caractéristiques mécaniques désirées
pour la structure à fabriquer. Ces choix sont effectués par l'homme du métier par
la simple mise en oeuvre de ses connaissances habituelles. Il ne fait donc pas partie
de l'invention.
[0030] Cependant, afin d'améliorer la tenue mécanique de la pièce obtenue par le procédé
selon l'invention, les orientation des fibres dans les différentes préformes 24, 26
et 28 sont avantageusement déterminées afin que certaines des fibres de chacune des
préformes soient sensiblement alignées d'une préforme à l'autre lorsque toutes les
préformes sont placées dans la cavité 16 du moule 10.
[0031] Dans chacune des préformes 24, 26 et 28, les fibres sont assemblées les unes aux
autres par tout moyen approprié. Une technique d'assemblage consiste notamment à draper
les unes sur les autres un certain nombre de tissus secs réalisés dans les fibres
désirées, à lier les tissus entre eux, par exemple par couture, puis à compacter la
préforme ainsi obtenue, afin d'obtenir le taux de fibres désiré.
[0032] Dans le mode de réalisation représenté, qui concerne la fabrication d'un tube creux,
on place également dans le moule, à l'intérieur de la première préforme fibreuse 24,
un mandrin 30 présentant une forme complémentaire de l'intérieur du tube à fabriquer
[0033] Lors de l'étape suivante, on injecte dans la cavité 16 du moule 10 un métal ou un
alliage métallique choisi par l'homme du métier afin d'obtenir les caractéristiques
désirées pour la structure en cours de fabrication. Ce choix résulte de la simple
mise en oeuvre des connaissances habituelles de l'homme du métier. Il ne fait pas
partie de l'invention.
[0034] Comme on l'a représenté schématiquement par une flèche F sur la figure unique, le
métal ou l'alliage métallique est injecté dans la cavité 16 par un orifice 32 formé
dans la partie 14 du moule 10. De façon plus précise, l'orifice 32 débouche dans la
portion de cavité 20, selon l'axe longitudinal commun à la portion de cavité 18 et
à la première préforme fibreuse 24, sur une face de la deuxième préforme fibreuse
26 opposée à la première préforme fibreuse 24 et à la portion de cavité 18.
[0035] Les paramètres d'injection (température, pression, etc.) sont déterminés par l'homme
du métier en tenant compte notamment de l'inertie thermique et de la géométrie de
la structure. Ces données relèvent de la simple mise en oeuvre de ses connaissances
habituelles. Elles ne font donc pas partie de l'invention.
[0036] Lorsque l'injection du métal ou de l'alliage métallique est terminée et lorsque la
structure est solidifiée, on procède à l'ouverture du moule 10.
[0037] Conformément à l'invention, la structure extraite du moule est une pièce monolithique
qui intègre sans discontinuité le tube, la plaque et la pièce de renfort. En particulier,
il n'existe pas d'interface entre des matériaux différents, contrairement aux structures
comparables de l'art antérieur. Une grande stabilité thermomécanique est donc assurée.
[0038] De surcroît, la structure obtenue présente une masse plus faible que les structures
de l'art antérieur dans lesquelles le tube et la plaque sont assemblés par vissage.
[0039] En outre, la fabrication de la structure est assurée par une simple opération de
moulage, c'est-à-dire que la mise en oeuvre du procédé selon l'invention est sensiblement
plus simple que celle des procédés de l'art antérieur selon lesquels le tube et la
plaque sont assemblés par collage ou par soudage.
[0040] Bien entendu, lorsque la structure à fabriquer comprend plusieurs tubes et/ou plusieurs
plaques, le moule et les renforts fibreux sont modifiés en conséquence.
1. Procédé de fabrication d'une structure comprenant au moins un tube et au moins une
plaque en matériau composite à matrice métallique reliés l'un à l'autre,
caractérisé en ce qu'il comprend les étapes successives suivantes :
- dans une cavité (16) d'un moule unique (10), mise en place d'une première préforme
fibreuse (24) ayant sensiblement la forme du tube, d'une deuxième préforme fibreuse
(26) ayant sensiblement la forme de la plaque et d'une troisième préforme fibreuse
(28) entourant une extrémité de la première préforme fibreuse (24) adjacente à la
deuxième préforme fibreuse (26) ;
- injection d'un métal ou d'un alliage métallique dans la cavité (16) du moule (10).
2. Procédé selon la revendication 1, appliqué au cas où le tube est creux, dans lequel
on place également dans le moule (10), à l'intérieur de la première préforme fibreuse
(24), un mandrin (30) de forme complémentaire de l'intérieur du tube.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, dans lequel on réalise la
troisième préforme fibreuse (28) sous la forme de deux demi coquilles dont chacune
a la forme d'une demi couronne.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel on injecte
le métal ou l'alliage métallique dans la cavité (16) du moule (10) sensiblement selon
un axe longitudinal de la première préforme fibreuse (24), sur une face de la deuxième
préforme fibreuse (26) opposée à la première préforme fibreuse (24).
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel on réalise
les première (24), deuxième (26) et troisième (28) préformes fibreuses par drapage,
de façon telle que certaines des fibres de chacune des préformes fibreuses soient
sensiblement alignées lorsque les préformes sont placées dans le moule (10).