DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention concerne le séchage de coupes pétrolières faiblement chargées
en eau, destinées à être traitées dans des unités dont le fonctionnement est sensible
à la présence d'eau dans leurs charges.
ETAT DE LA TECHNIQUE ANTERIEURE
[0002] Un procédé de réduction de la quantité d'eau, dans la charge d'une unité d'isomérisation
d'hydrocarbures paraffiniques ayant une teneur en eau comprise entre 0,5 et 5 ppm,
est décrit dans le document GB 1 426 401 A du 25 février 1976.
[0003] Selon ce procédé, pour réduire la teneur en eau en dessous de 0,5 ppm, la charge
d'hydrocarbures paraffiniques est mise en contact avec un agent chimique solide séchant,
qui présente une surface active comprise entre 1 et 500 m
2/g.
[0004] La charge séchée est ensuite isomérisée à une température de 50 à 350°C, en présence
d'hydrogène, par passage sur un catalyseur.
[0005] Selon un des modes de mise en oeuvre de ce procédé, l'agent chimique séchant est
un support chimiquement inerte à l'eau, à la surface duquel on a déposé des composés
chimiques qui se combinent facilement avec l'eau. Les composés chimiques peuvent être
soit des métaux alcalins, tels que le potassium ou le sodium, soit des chlorures métalliques
facilement hydrolysables, tels que le chlorure d'aluminium.
[0006] Ce procédé présente l'inconvénient de nécessiter pour sa mise en oeuvre des équipements
coûteux et volumineux, difficiles à loger sur des unités existantes.
[0007] De plus, lorsque l'agent chimique solide a réagi avec l'eau de la charge d'hydrocarbures,
il ne peut être régénéré et il doit être changé.
[0008] Un autre procédé de séchage d'une charge hydrocarbonée consiste à faire passer cette
charge dans des sécheurs au travers d'un lit de produit adsorbant, qui retient l'eau
par interaction moléculaire.
[0009] Le produit adsorbant est généralement de l'alumine ou du tamis moléculaire. Il se
sature progressivement en eau et doit être régénéré périodiquement.
[0010] Généralement, deux sécheurs sont disposés en parallèle, l'un étant en régénération,
pendant que l'autre effectue le séchage.
[0011] Au cours du passage de la charge hydrocarbonée dans le sécheur, l'eau qu'elle contient
est adsorbée sur une zone de transfert, qui se déplace de l'entrée vers la sortie
du sécheur au fur et à mesure de la saturation de l'adsorbant.
[0012] La largeur de cette zone de transfert est fonction des conditions opératoires, de
la périodicité de la régénération de l'adsorbant et de son vieillissement.
[0013] En début de cycle d'adsorption, la zone de transfert est proche de l'entrée du sécheur
et la teneur en eau de la charge en sortie est très faible. A la fin de la phase d'adsorption,
la zone de transfert est proche de la sortie du sécheur et il peut arriver que la
charge ne rencontre plus que de l'adsorbant saturé d'eau.
[0014] Ce phénomène se traduit par une augmentation très rapide de la teneur en eau de la
charge en sortie du sécheur.
[0015] La limite de détection des appareils de mesure de la teneur en eau de la charge étant
de l'ordre de 0,1 ppm en poids, lorsqu'une telle teneur est détectée, il s'est déjà
produit des effets nuisibles au bon fonctionnement de l'unité de traitement de la
charge hydrocarbonée, tels qu'une désactivation très importante du catalyseur dans
le cas d'une unité d'isomérisation.
EXPOSE DE L'INVENTION
[0016] La présente invention a précisément pour objet de remédier à ces inconvénients et
de fournir un procédé économique, efficace et sûr, de séchage d'une charge hydrocarbonée.
[0017] A cette fin, elle propose un procédé de séchage de la charge d'une unité de traitement
d'une coupe pétrolière faiblement chargée en eau, caractérisé en ce que l'on injecte
dans cette charge une quantité d'un composé chimique choisi dans le groupe constitué
de :
- un halogénure de métal substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M1XyR1nR2m, dans laquelle M1 est un métal choisi dans le groupe constitué de l'aluminium, du
gallium et de l'indium, X est un halogène, R1 et R2 sont des radicaux hydrocarbonés,
y a la valeur 1, 2 ou 3, et m et n ont la valeur 0 ou 1, la somme de n et m étant
différente de zéro et la somme de y, n et m étant égale à 3,
- un halogénure de métal substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M2XzR1jR2kR3l, dans laquelle M2 est un métal choisi dans le groupe constitué du titane, de l'étain,
du germanium et du zirconium, X est un halogène, R1, R2 et R3, sont des radicaux hydrocarbonés,
z a la valeur 1 ou 2 et j, k et l ont la valeur 0 ou 1, la somme de j, k et l étant
différente de zéro et la somme de z, j, k et l étant égale à 4,
- un composé métallique substitué par des radicaux hydrocarbonés répondant à la formule
M3R1R2R3R4, dans laquelle M3 est un métal choisi dans le groupe constitué du titane,
de l'étain, du germanium et du zirconium, et R1, R2 et R3, sont des radicaux hydrocarbonés,
- un composé métallique substitué par des radicaux hydrocarbonés répondant à la formule
M4R1R2R3, dans laquelle M4 est un métal choisi dans le groupe constitué de l'aluminium,
du gallium et de l'indium, R1, R2 et R3, sont des radicaux hydrocarbonés,
la quantité du composé chimique injectée étant au moins égale à la quantité nécessaire
pour que la totalité de l'eau contenue dans ladite charge réagisse par hydrolyse avec
ledit composé chimique.
[0018] Les radicaux hydrocarbonés R1, R2, R3 et R4, sont choisis de préférence dans les
groupes alkyle ou aryle.
[0019] Lorsque la teneur en eau de la charge, exprimée en poids, est inférieure à 1ppm,
la quantité de composé chimique injectée est avantageusement inférieure à 1% en poids
de cette charge.
[0020] De préférence, la quantité de composé chimique injectée est inférieure à 100 ppm
en poids et, encore plus préférablement, inférieure à 1 ppm en poids de ladite charge.
[0021] Dans un mode de réalisation avantageux, le procédé de l'invention est mis en oeuvre
en diluant préalablement la quantité de composé chimique injectée dans au moins un
hydrocarbure.
[0022] L'hydrocarbure de dilution peut notamment être choisi parmi les hydrocarbures paraffiniques
qui comportent 5 ou 6 atomes de carbone.
[0023] Alternativement, l'hydrocarbure de dilution peut être choisi parmi les hydrocarbures
naphténiques qui comportent 5 ou 6 atomes de carbone.
[0024] Lorsque l'unité de traitement de la coupe pétrolière est une unité d'isomérisation
comportant une section de séchage de la charge et une section réactionnelle, reliées
par une canalisation de connexion, le composé chimique peut être injecté dans ladite
canalisation.
[0025] Enfin, dans cette forme de mise en oeuvre, la canalisation de connexion peut avantageusement
être pourvue d'un dispositif mélangeur disposé en aval du point d'injection du composé
chimique.
[0026] Le procédé de l'invention fournit donc un moyen efficace et économique de séchage
des charges d'hydrocarbures en entrée des unités de traitement sensibles à la présence
d'eau.
[0027] D'une part, il ne nécessite pas d'investissements supplémentaires importants dans
les raffineries. Et d'autre part, les composés chimiques injectés dans la charge d'hydrocarbures
selon le procédé de l'invention possèdent des radicaux hydrocarbonés qui leur permettent
de mieux se solubiliser dans la charge et donc de faciliter et améliorer la déshydratation
recherchée.
BREVE DESCRIPTION DES DESSINS
[0028] Une telle forme de mise en oeuvre de l'invention va être décrite ci-après plus en
détail, en référence à la figure 1 du dessin annexé, qui représente schématiquement
une unité d'isomérisation d'une essence, dont la charge est séchée selon le procédé
conforme au descriptif de l'invention.
EXPOSE DETAILLE DE L'INVENTION
[0029] L'unité représentée schématiquement sur la figure 1 est une unité d'isomérisation
d'une coupe pétrolière contenant des hydrocarbures paraffiniques à 5 ou 6 atomes de
carbone et ayant une teneur en eau inférieure à 50 ppm en poids.
[0030] La coupe pétrolière à isomériser arrive par la ligne 1 dans un sécheur 2, qui renferme
du tamis moléculaire 3.
[0031] Au cours de son passage dans ce sécheur 2, la coupe pétrolière est mise en contact
avec le tamis moléculaire 3, qui adsorbe la majeure partie de l'eau qu'elle renferme.
[0032] A la sortie 4 du sécheur 3, la teneur en eau résiduelle est mesurée au moyen d'un
hygromètre 5.
[0033] Selon un mode préférentiel de réalisation du procédé de l'invention, en aval de la
prise de mesure de l'hygromètre 5, on injecte par la ligne 6 dans la ligne 4, au moyen
d'une pompe 7, un mélange 8 de dichlorure d'éthyle aluminium (AlCl
2C
2H
5) et d'hydrocarbures comportant 5 ou 6 atomes de carbone, contenu dans un réservoir
9.
[0034] Le mélange de dichlorure d'éthyle aluminium et d'hydrocarbures s'ajoute à la charge
qui circule dans la ligne 4 pour alimenter un mélangeur 10 statique, dont la sortie
est reliée par une ligne 12 à l'entrée d'un premier réacteur 13 d'isomérisation, qui
renferme un catalyseur composé d'alumine fortement chlorée (teneur en chlore supérieure
à 3% en poids) et de platine.
[0035] De l'hydrogène sec est injecté par la ligne 11 dans la ligne 12, entre la sortie
du sécheur 3 et l'entrée du réacteur 13.
[0036] La sortie de ce premier réacteur 13 est reliée par la ligne 14 à l'entrée d'un deuxième
réacteur 15 d'isomérisation, chargé d'un catalyseur identique au catalyseur du premier
réacteur 13. La charge traitée est évacuée du réacteur 15 par la ligne 16.
[0037] L'unité d'isomérisation comporte aussi un sécheur 17 régénéré en attente et, non
représentés sur la figure 1, des moyens de commutation des deux sécheurs 3 et 17,
ainsi que des moyens d'asservissement du débit du mélange de dichlorure d'éthyle aluminium
et d'hydrocarbures dans la ligne 6 au débit de la charge dans la ligne 4, pour assurer
la proportionnalité de ces deux débits.
[0038] Le dichlorure d'éthyle aluminium dilué dans les hydrocarbures injecté par ligne 6
dans la ligne 4 réagit par hydrolyse avec l'eau résiduelle contenue dans la charge
issue du sécheur 3, notamment dans le mélangeur 10, et, au cours de son passage dans
la ligne 12, il réagit également avec les traces d'eau éventuellement apportées par
l'hydrogène injecté.
[0039] Pour être certain d'éliminer toute trace d'eau inférieure à un seuil donné dans la
charge, avant son entrée dans le réacteur 13, on injecte une quantité de dichlorure
d'éthyle aluminium supérieure, par exemple, de 20 % à la quantité strictement nécessaire
à l'élimination de ces traces, laquelle correspond à la quantité stoechiométrique
pour réaliser l'hydrolyse totale du dichlorure d'éthyle aluminium, déterminée à partir
de l'équation chimique suivante :

[0040] Grâce à l'invention, il est possible d'éliminer les traces d'eau inférieures à une
valeur donnée dans la charge, avant l'entrée dans les réacteurs, tout en prenant une
marge de sécurité, et de maintenir ainsi l'activité du catalyseur à son meilleur niveau.
[0041] Il est aussi possible d'éliminer les pointes temporaires de teneur en eau consécutives
à la saturation du tamis moléculaire dans le sécheur, le temps par exemple de couper
l'alimentation en charge du sécheur 2 ou de la basculer sur le deuxième sécheur régénéré
17.
[0042] L'invention présente aussi l'avantage de permettre l'élimination de produits polluants,
tels que l'hydrogène sulfuré, les mercaptans et les alcools, par réaction avec le
composé chimique injecté conformément aux équations chimiques générales suivantes
:


dans lesquelles Y représente un des radicaux suivants : -OH, -OR,-Cl, -SH,-SR.
[0043] L'invention n'est pas limitée à l'injection de dichlorure d'éthyle aluminium pour
sécher une coupe pétrolière à isomériser, mais, selon d'autres modes de réalisation
à la portée de l'homme du métier de l'invention, elle permet de sécher bien d'autres
types de coupes pétrolières et, notamment, les charges d'unités d'alkylation du type
solide.
1. Procédé de séchage de la charge d'une unité de traitement d'une coupe pétrolière faiblement
chargée en eau,
caractérisé en ce que l'on injecte dans cette charge une quantité d'un composé chimique choisi dans le
groupe constitué de :
- un halogénure de métal substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M1XyR1nR2m, dans laquelle M1 est un métal choisi dans le groupe constitué de l'aluminium, du
gallium et de l'indium, X est un halogène, R1 et R2 sont des radicaux hydrocarbonés,
y a la valeur 1, 2 ou 3, et m et n ont la valeur 0 ou 1, la somme de n et m étant
différente de zéro et la somme de y, n et m étant égale à 3,
- un halogénure de métal substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M2XzR1jR2kR3l, dans laquelle M2 est un métal choisi dans le groupe constitué du titane, de l'étain,
du germanium et du zirconium, X est un halogène, R1, R2 et R3, sont des radicaux hydrocarbonés,
z a la valeur 1 ou 2 et j, k et l ont la valeur 0 ou 1, la somme de j, k et l étant
différente de zéro et la somme de z, j, k et l étant égale à 4,
- un composé métallique substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M3R1R2R3R4, dans laquelle M3 est un métal choisi dans le groupe constitué
du titane, de l'étain, du germanium et du zirconium, et R1, R2, R3 et R4, sont des
radicaux hydrocarbonés,
- un composé métallique substitué par des radicaux hydrocarbonés satisfaisant à la
formule M4R1R2R3, dans laquelle M4 est un métal choisi dans le groupe constitué de
l'aluminium, du gallium et de l'indium, et R1, R2 et R3, sont des radicaux hydrocarbonés,
la quantité du composé chimique injectée étant au moins égale à la quantité nécessaire
pour que la totalité de l'eau contenue dans ladite charge réagisse par hydrolyse avec
ledit composé chimique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que les radicaux hydrocarbonés R1, R2, R3 et R4, sont choisis dans les groupes alkyle
ou aryle.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le composé chimique injecté dans la charge est le dichlorure d'éthyle aluminium.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que, la teneur en eau de la charge étant inférieure à 1ppm exprimée en poids, la quantité
de composé chimique injectée est inférieure à 1% en poids de cette charge.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que la quantité de composé chimique injectée est inférieure à 100 ppm en poids et de
préférence inférieure à 1 ppm en poids de ladite charge.
6. Procédé selon une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'on dilue préalablement la quantité de composé chimique injectée dans au moins un
hydrocarbure.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'hydrocarbure de dilution est choisi parmi les hydrocarbures paraffiniques qui comportent
5 ou 6 atomes de carbone.
8. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que l'hydrocarbure de dilution est choisi parmi les hydrocarbures naphténiques qui comportent
5 ou 6 atomes de carbone.
9. Procédé selon une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que, l'unité de traitement étant une unité d'isomérisation comportant une section de
séchage (2, 17) de la charge et une section réactionnelle (13, 15), reliées par une
canalisation (4) de connexion, le composé chimique est injecté dans ladite canalisation
(4).
10. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que le composé chimique est injecté dans la canalisation (4) de connexion en amont d'un
dispositif mélangeur (10) équipant cette canalisation (4).