[0001] La présente invention concerne les tôles en acier dual-phase laminées à froid.
[0002] Dans le domaine de l'automobile, les aciers dual-phase (c'est à dire à structure
mixte ferrite-martensite-austénite) ont connu un grand développement car ils allient
une résistance très élevée à des possibilités importantes de déformation. Leur limite
d'élasticité à l'état de livraison est relativement basse comparée à la valeur de
résistance à la rupture, ce qui leur confère un rapport limite d'élasticité/résistance
très favorable lors des opérations de formage. On peut réaliser ainsi des formes de
pièces aussi complexes qu'avec des aciers conventionnels, mais avec des propriétés
mécaniques beaucoup plus élevées, ce qui autorise une diminution d'épaisseur pour
tenir un cahier des charges fonctionnel identique. De la sorte, ces aciers sont une
réponse efficace aux exigences d'allégement et de sécurité des véhicules. Dans le
domaine des tôles laminées à froid (épaisseur allant de 0.5 à 3 mm), ce type d'aciers
trouve notamment application pour des éléments tels que pièces de renfort, pièces
d'absorption d'énergie en cas de choc.
[0003] Le niveau de résistance des aciers dual-phase dépend étroitement de la proportion
de martensite et d'austénite. En l'absence de refroidissement très rapide après laminage
à chaud sur les lignes de fabrication, il est nécessaire d'augmenter la teneur en
éléments d'addition si l'on souhaite accroître la proportion de martensite. Cette
démarche trouve cependant ses limites dans la mesure où des additions excessives d'éléments
d'alliage réduisent la ductilité à chaud (et donc les possibilités de fabrication
au train à bandes à chaud), diminuent la soudabilité et la revêtabilité, et favorisent
la formation de structures en bandes.
[0004] Une solution consiste donc à superposer au durcissement d'origine microstructurale
(proportion plus ou moins importante de martensite) un durcissement par précipitation
de carbonitrures dans la matrice ferritique.
[0005] Déjà connue dans le domaine des aciers dual phase laminés à chaud, cette approche
l'est cependant beaucoup moins pour les produits laminés à froid et recuits. Le document
EP 0 969 112 A1 décrit par exemple un procédé de production d'acier dual phase micro-allié
laminé à chaud ou à froid, reposant en particulier sur une température de bobinage
inférieure à 350°C. Cette gamme de températures basses présente cependant l'inconvénient
d'entraîner la formation de phases dures, bainitiques ou martensitiques, nécessitant
des efforts plus importants lors du laminage à froid ultérieur. A capacités de laminage
données, on comprend donc que cette solution présente l'inconvénient de limiter la
gamme d'épaisseur accessible par la fabrication.
[0006] Le but de la présente invention est de proposer un procédé de fabrication d'aciers
dual-phase à résistance supérieure à 600 MPa, laminés à froid avec recuit continu
ou recuit de galvanisation ou recuit d'aluminiage, ne présentant pas les inconvénients
mentionnés précédemment.
[0007] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé de fabrication de tôle d'acier dual-phase
laminée à froid possédant une résistance supérieure à 600 MPa : On réchauffe à une
température supérieure à 1000°C et inférieure à 1250°C une brame d'acier dont la composition
chimique comprend : (teneurs exprimées en poids) 0,05% ≤ C ≤ 0,5%, 1%≤ Mn ≤ 2,5%,
0,05% ≤ Si ≤ 1,5%, 0,01 % ≤ Al ≤ 1,5%, Cr ≤ 0,75%, S ≤ 0,01%, P≤ 0,1%, N ≤0,01% et
au moins un élément d'alliage choisi parmi Ti, Nb, Zr, V, satisfaisant à : 0,01% ≤
(Ti-3,4N)≤0,2%, 0,01% ≤ (Nb-6,5N) ≤ 0,15% 0,01% ≤ (Zr-6,5N) ≤ 0,15%, 0,01%≤( Ti +
Nb -3,4 N )≤0,35%, 0,01% ≤ (V -3,6 N) ≤ 0,20%, 0,01% < (Ti + V -3,4N) ≤0,40%, le reste
de la composition étant constitué de fer et d'impuretés résultant de l'élaboration.
On lamine à chaud cette brame de telle sorte que la température de fin de laminage
soit supérieure ou égale à Ar3. On refroidit la tôle ainsi obtenue à une vitesse v
R telle que v
R≥10°C/s, puis on la bobine à une température comprise entre 400 et 700°. Après laminage
à froid de la tôle, celle-ci est soumise à un recuit continu associé ou non à un cycle
de galvanisation ou d'aluminiage.
[0008] Selon une autre caractéristique de l'invention, la température de recuit est comprise
entre Ac1 et 810°C.
[0009] Selon une autre caractéristique de l'invention, la vitesse de refroidissement après
recuit est supérieure à 2°C/s.
[0010] L'invention va maintenant être décrite de façon plus précise, mais non limitative,
en considérant ses différents éléments caractéristiques:
[0011] La fabrication d'aciers dual-phase laminés à froid puis recuits comporte un certain
nombre d'étapes successives : réchauffage des brames, laminage à chaud, refroidissement
après laminage, bobinage, laminage à froid, recuit. Des phénomènes de dissolution-précipitation,
éventuellement de transformation de phases ou de recristallisation, peuvent intervenir
au cours de ces différentes étapes. Si l'obtention de hautes caractéristiques mécaniques
passe par un durcissement microstructural et par micro-alliage le plus important possible,
son optimisation doit être considérée de manière globale et non sur chacune de ces
différentes étapes prises individuellement.
[0012] Les inventeurs ont mis en évidence de façon nouvelle qu'un durcissement optimal est
obtenu dans les conditions suivantes :
- En fin de laminage à chaud, il convient de ne pas tirer le plein parti de l'affinement
de grain potentiel lié à une précipitation massive des éléments de micro-alliage .
Au contraire, ceux-ci doivent être maintenus en solution solide afin de favoriser
leur précipitation au niveau du recuit continu. Une précipitation trop importante
des éléments de micro-alliage au stade du laminage à chaud conduirait à un grossissement
et/ou à une coalescence des précipités au maintien lors du recuit, ce qui ferait chuter
rapidement le durcissement structural en découlant.
- Le meilleur compromis (résistance mécanique-allongement) après laminage à froid et
recuit est obtenu en observant des conditions de recuit qui correspondent notamment
à une précipitation fine des éléments de micro-alliage dans la ferrite ainsi qu'à
une recristallisation pratiquement complète, ce qui est obtenu en minimisant la température
de recuit continu.
[0013] Différents éléments doivent être pris en considération en ce qui concerne la composition
des aciers mis en oeuvre dans l'invention :
- Le carbone est un élément qui joue un rôle primordial sur la formation de la microstructure.
Au-dessous de 0,05%, la trempabilité est cependant insuffisante pour obtenir les caractéristiques
de haute résistance souhaitées. Au-delà de 0,5%, les propriétés d'emboutissabilité
et de soudabilité sont très limitées.
- Outre un effet durcissant par solution solide, le manganèse est un élément qui stabilise
l'austénite et procure une trempabilité satisfaisante. Une teneur minimale de 1% est
nécessaire pour obtenir les propriétés mécaniques désirées. Cependant, au-delà de
2,5%, son caractère gammagène conduit à la formation trop marquée d'une structure
en bandes.
- Le silicium est un élément participant à la désoxydation de l'acier liquide et au
durcissement en solution solide. De plus, cet élément joue un rôle important en empêchant
la précipitation des carbures et en favorisant donc la formation de phase martensitique.
Il joue un rôle effectif au-delà de 0,05%. Cependant, au-delà d'une teneur en Si de
1,5%, la formation d'oxydes adhérents à la surface des produits devient excessive,
et la soudabilité est réduite.
- Le chrome est également un élément qui procure une trempabilité importante en stabilisant
l'austénite. Au-delà de 0,75%, on observe une augmentation du risque de poudrage lors
de l'emboutissage, ainsi qu'une dégradation du compromis entre la résistance et la
ductilité.
- L'aluminium est un élément efficace pour la désoxydation de l'acier liquide. De plus,
cet élément joue un rôle important en empêchant la précipitation des carbures et en
favorisant donc la formation des phases martensitiques. Il joue un rôle effectif au-delà
de 0,01%. Au-delà de 1,5% la soudabilité est dégradée.
- Au-delà d'une teneur en soufre de 0,01%, la ductilité est réduite en raison de la
présence excessive de sulfures qui diminuent l'aptitude à la déformation, en particulier
lors de l'essai d'expansion de trou.
- Le phosphore est un élément qui diminue l'aptitude au soudage par points et la ductilité
à chaud, particulièrement en raison de son aptitude à la ségrégation ou à la co-ségrégation
avec le manganèse. Pour ces raisons, sa teneur doit être limitée à 0,1%.
- Le titane, avec le niobium, le vanadium et le zirconium, fait partie de la catégorie
des éléments de micro-alliage, éléments efficaces même pour de faibles quantités ajoutées
(quelques 10-3 à quelques 10-2%). II peut précipiter sous diverses formes: TiN, TiC, Ti(CN)... Cet élément est notamment
utile pour le piégeage de l'azote, le contrôle de la forme des sulfures et de la taille
de grains au réchauffage avant laminage. La composition de l'invention, combinée avec
le schéma de fabrication exposé plus loin, permet d'obtenir les résultats suivants:
- Un maintien de la précipitation fine de TiN et de Ti(CN) lors du réchauffage des brames
avant laminage à une température inférieure à 1250°C, ce qui permet de contrôler la
taille du grain austénitique.
- Une limitation de la précipitation du titane sous forme de TiC lors du laminage à
chaud, du refroidissement et du bobinage à chaud dans les conditions exposées plus
loin.
- Une optimisation de la précipitation du titane restant lors d'une éventuelle précipitation
ultérieure lors du recuit continu.
- La précipitation des TiN, se produisant à un stade très en amont du procédé, n'aura
aucun pouvoir durcissant dans l'acier final. II convient donc d'ajouter le titane
en surstoechiométrie par rapport à N, pour garantir que tout le titane ne sera pas
piégé sous forme de TiN. Le titane libre, c'est-à-dire non piégé sous forme de TiN,
est égal à (Ti -3,4N). Ainsi, on limitera d'une part la teneur en N à 0,01%, et on
s'assurera d'autre part que la teneur en titane libre est supérieure à 0,01% pour
garantir le durcissement souhaité sous forme de TiC.
- Il convient cependant de ne pas dépasser une teneur en titane libre de 0,20%, pour
laquelle il se forme des nitrures de titane grossiers précipités dès l'état liquide,
qui tendent à réduire la ductilité.
- Le zirconium est très efficace pour former de fins précipités de Zr(CN) dans l'austénite
ou dans la ferrite lors du laminage à chaud, ou encore lors du maintien au recuit
dans une gamme de température voisine de l'intervalle de transformation intercritique.
La présente invention vise à éviter la précipitation complète du zirconium après bobinage
et à favoriser la précipitation du zirconium résiduel lors du recuit continu. Cet
effet ne peut être obtenu que si une quantité suffisante de zirconium libre (n'ayant
pas précipité sous forme de ZrN) est présente, soit quand (Zr-6,5N) ≥0,01%. Cependant,
lorsque la quantité de zirconium libre est supérieure à 0,15 %, on assiste à une précipitation
importante de carbonitrures lors du laminage, ce qui diminue la teneur en Zr libre
avant recuit continu et réduit la possibilité d'obtenir des caractéristiques mécaniques
élevées du fait de la diminution de la trempabilité. De plus, une quantité excessive
en zirconium libre dégradant la soudabilité, il convient de limiter celle-ci à 0,15%.
- Le niobium est très efficace pour former de fins précipités de Nb(CN) dans l'austénite
ou dans la ferrite lors du laminage à chaud, ou encore lors du maintien au recuit
dans une gamme de température voisine de l'intervalle de transformation intercritique.
En tant qu'élément de micro-alliage, le niobium peut être utilisé seul, ou en combinaison
avec le titane. Dans le premier cas, la présente invention vise à éviter la précipitation
complète du niobium après bobinage et à favoriser la précipitation du niobium résiduel
lors du recuit continu. Cet effet ne peut être obtenu que si une quantité suffisante
de niobium libre, non combiné à l'azote, est présente, soit quand (Nb-6,5N) ≥0,01%.
Cependant, lorsque la quantité de niobium libre est supérieure à 0,15%, on assiste
à une précipitation importante de carbonitrures lors du laminage, ce qui diminue la
teneur en Nb libre avant recuit continu et réduit la possibilité d'obtenir des caractéristiques
mécaniques élevées du fait de la diminution de la trempabilité. De plus, une quantité
excessive en niobium libre dégradant la soudabilité, il convient de limiter celle-ci
à 0,15%.
- Une combinaison du titane et du niobium est particulièrement intéressante en vue de
la fabrication d'aciers dual-phase laminés à froid à haute résistance. En association
avec les caractéristiques du procédé décrites plus loin, il est alors possible :
- de limiter la croissance du grain lors du réchauffage avant laminage, grâce aux précipités
stables de nitrures de titane.
- Grâce à la faculté du titane à précipiter facilement au début du laminage sous forme
de TiC, d'abaisser la teneur en carbone en solution solide, et donc de réduire la
possibilité de précipitation du niobium. Ce dernier élément peut alors être utilisé
pour obtenir un durcissement structural plus efficace lors du recuit après laminage
à froid. De la sorte, la précipitation de titane protégera et décalera la précipitation
de niobium jusqu'au recuit continu. Ces effets ne peuvent être obtenus que la teneur
totale en titane et en niobium non liés à l'azote est suffisante, c'est à dire lorsque
(Ti + Nb - 3,4N) est supérieur à 0,01%. Cette quantité doit cependant être limitée
à 0,35% afin de garantir une bonne soudabilité et d'assurer que la recristallisation
intervient de façon pratiquement complète lors du recuit.
- Le vanadium est très efficace pour former de fins précipités de V(CN) dans l'austénite
ou dans la ferrite lors du laminage à chaud, ou encore lors du maintien au recuit
dans une gamme de température voisine de l'intervalle de transformation intercritique.
La présente invention vise à éviter la précipitation complète du vanadium après bobinage
et à favoriser la précipitation du vanadium résiduel lors du recuit continu. Cet effet
ne peut être obtenu que si une quantité suffisante de vanadium libre (n'ayant pas
précipité sous forme de VN, exprimé par la quantité : (V - 3,6N)) est présente, soit
quand V ≥0,01%. La teneur en azote, quant à elle, doit être limitée à 0,01% pour éviter
la formation de nitrures grossiers.
Cependant, lorsque la quantité de vanadium libre est supérieure à 0,20 %, on assiste
à une précipitation importante de carbonitrures lors du laminage et du bobinage, ce
qui diminue la teneur en V libre avant recuit continu et réduit la possibilité d'obtenir
des caractéristiques mécaniques élevées du fait de la diminution de la trempabilité.
De plus, une quantité en vanadium excessive dégradant la soudabilité, il convient
de limiter celle-ci à 0,20%.
- Le vanadium est sensiblement plus soluble dans l'austénite que le titane, le niobium
ou le zirconium. Sa précipitation intervient donc faiblement lors du laminage à chaud,
mais plus fortement à des températures plus basses, typiques du bobinage (vers 500-700°C)
qui correspondent en pratique au « nez » de précipitation de V(CN). Dans un acier
contenant seulement du vanadium comme élément de micro-alliage, une large partie du
V risque d'être précipitée au bobinage et de coalescer ultérieurement sans effet bénéfique
lors du recuit après laminage à froid. Une amélioration de la solution avec V seul
est d'utiliser cet élément conjointement avec le titane dans les conditions du procédé
détaillé ci-dessous : en effet, comme dans le cas du niobium, la présence de titane
permet d'accroître la solubilité du vanadium lors de la phase de fabrication à chaud,
puis de favoriser la précipitation du titane et du vanadium lors de la phase de recuit
après laminage. Ces effets ne peuvent être obtenus que si la teneur totale en titane
et en vanadium non liés à l'azote est suffisante, c'est à dire lorsque (Ti + V - 3,4N)
est supérieur à 0,01%. Cette quantité doit cependant être limitée à 0,40% afin de
garantir une bonne soudabilité et d'assurer que la recristallisation intervient de
façon pratiquement complète lors du recuit.
[0014] Les conditions de mise en oeuvre du procédé de l'invention sont les suivantes :
- Des brames d'acier sont tout d'abord réchauffées à une température comprise entre
1000 et 1250°C. Le réchauffage des brames a pour but d'atteindre en tout point les
domaines de température favorables aux fortes déformations que va subir l'acier lors
du laminage, ainsi que de remettre en solution les carbures formés après solidification.
Cependant, si la température de réchauffage est trop importante, les grains austénitiques
croissent de façon indésirable. Dans ce domaine de température, les seuls précipités
susceptibles de contrôler efficacement la taille du grain austénitique sont les nitrures
de titane, et il convient de limiter la température de réchauffage à 1250°C afin de
maintenir une précipitation fine des TiN et un grain austénitique fin à ce stade.
- Afin de précipiter le moins possible d'éléments de micro-alliage (tout particulièrement
le niobium et le titane) à ce stade, la température de fin de laminage doit être supérieure
à la température de transformation ferritique Ar3. Outre l'intérêt d'utiliser le potentiel d'une précipitation ultérieure lors du recuit,
la limitation de la précipitation sous forme de carbures lors du laminage à chaud
présente l'avantage de réduire les efforts de laminage à chaud ou à froid.
- La vitesse de refroidissement après laminage doit être supérieure à 10°C/s pour éviter
une précipitation des éléments de micro-alliage, notamment de NbC.
- Pour des raisons similaires, la température de bobinage doit être inférieure à 700°C
afin d'éviter que celle-ci ne corresponde à un domaine de précipitation intense du
niobium ou du vanadium. Celle-ci doit être supérieure à 400°C pour ne pas former des
phases durcissantes en quantité excessive.
- Le laminage à froid sera réalisé dans des conditions identiques à celles des aciers
conventionnels, par exemple avec un taux de réduction compris entre 30 et 80%.
- La température de maintien au recuit continu doit être peu élevée afin de précipiter
les carbonitrures très finement dans la ferrite, et située au-dessus de Ac1 afin de
former une proportion d'austénite favorable à la formation de phases durcissantes
après refroidissement. La troisième condition est de pratiquer ce maintien à une température
supérieure à la température de recristallisation de l'acier afin de relaxer l'énergie
interne stockée lors du laminage à froid. La combinaison de ces trois conditions permet
d'obtenir simultanément un optimum de durcissement structural par la précipitation
et de trempabilité de l'austénite intercritique, trempabilité due à l'effet d'épinglage
des fins précipités. On aboutit ainsi à une combinaison résistance-allongement optimale.
En fonction des propriétés souhaitées, on pourra adapter la température de maintien
au-dessus de Ac1 et de la température de recristallisation. Elle ne doit pas être
toutefois supérieure à 810°C sous peine de perdre le bénéfice lié à la structure formée
grâce à la présente invention.
- La vitesse de refroidissement après maintien au recuit doit être supérieure à 2°C/s
pour assurer la transformation de l'austénite intercritique en martensite ou sa stabilisation
éventuelle jusqu'à température ambiante. Il est à noter que de faibles vitesses de
refroidissement (de 2 à 5°C/s) sont envisageables grâce à la trempabilité induite
par la fine microstructure de précipitation formée.
[0015] La présente invention va être maintenant illustrée à partir des exemples suivants
:
Exemple 1: Le tableau 1 indique la composition chimique d'un acier correspondant au domaine
de l'invention (analyse en % pondéral)
[0016]
Tableau 1 :
Composition chimique d'acier conforme à la présente invention |
C |
Mn |
Si |
S |
P |
Al |
Cr |
Nb |
N |
0,08 |
1,9 |
0,35 |
0,002 |
0,007 |
0,035 |
0,2 |
0,032 |
0,002 |
[0017] Après réchauffage à 1100°C, cet acier a été laminé à chaud jusqu'à une épaisseur
de 3 mm, avec une température de fin de laminage de 910°C (nota :Ar3=820°C pour cet
acier) et une vitesse de refroidissement de 25°C/s après laminage. Une partie des
tôles d'acier a été bobinée à une température de 500°C, une autre partie à 700°C.
[0018] Les tôles obtenues ont été ensuite laminées à froid jusqu'à une épaisseur de 0,7mm.
Elles ont été soumises à un recuit continu soit à 770°C, 790°C, ou 810°C (nota : Ac1=700°C)
pendant 3 minutes, puis refroidies à 20°C/s.
[0019] Le tableau 2 indique les caractéristiques de résistance à la rupture en traction
obtenues après mise en oeuvre de l'invention, par comparaison avec un procédé de fabrication
selon l'art antérieur. Dans le tableau, T
bob et T
m désignent respectivement les températures de bobinage après laminage à chaud, et
de recuit après laminage à froid.

[0020] A composition d'acier donnée, il apparaît ainsi clairement que la mise en oeuvre
de l'invention permet un gain de résistance très significatif par rapport à un procédé
conventionnel (par exemple T
bob=700°C, T
m=810°C). En effet :
- A température de recuit donnée, le choix adéquat de la température de bobinage permet
un gain de 160 à 350 MPa sur la résistance.
- A température de bobinage donnée, l'accroissement de la résistance peut atteindre
130 MPa grâce à une sélection de la température de recuit selon l'invention proposée.
Exemple 2 :
[0021] Un second exemple illustre les avantages présentés par l'invention :
Des tôles d'aciers dual-phase laminées à froid, dont la composition figure au tableau
3, ont été fabriquées.
Tableau 3 :
Composition chimique d'aciers (analyses en % pondéral) utilisés pour la fabrication
de tôles dual phase laminées à froid |
Acier |
Caracté- ristiques |
C |
Mn |
Si |
S |
P |
Al |
Ti |
Nb |
N |
A |
Référence |
0,25 |
1,8 |
0,45 |
0,001 |
0,01 |
0,03 |
(*) |
(*) |
0,002 |
B |
0,3 |
1,85 |
0,45 |
0,001 |
0,01 |
0,03 |
(*) |
(*) |
0,002 |
C |
0,35 |
1,85 |
0,45 |
0,001 |
0,01 |
0,03 |
(*) |
(*) |
0,002 |
D |
Invention |
0,15 |
1,9 |
0,35 |
0,001 |
0,01 |
0,03 |
0,1 |
|
0,002 |
E |
0,15 |
1,9 |
0,35 |
0,001 |
0,01 |
0,03 |
0,085 |
0,015 |
0,002 |
(*) : Elément non-conforme à l'invention |
[0022] Dans ce tableau, les aciers D et E correspondent aux conditions de l'invention. Les
aciers A à C, sans élément de micro-alliage, ont été pris comme référence. On observera
que la teneur en carbone et en silicium de ces derniers aciers est notablement supérieure
à celle des aciers de l'invention.
[0023] Après réchauffage à 1250°C, ces aciers ont été laminés à chaud jusqu'à une épaisseur
de 3 mm, avec une température de fin de laminage de 910°C (note : Ar3≤820°C pour ces
aciers), une vitesse de refroidissement de 25°C/s après laminage. Les tôles d'aciers
ont été bobinées à 500 °C. Dans un cas particulier (acier D), on a également effectué
un bobinage à une température de 180°C, c'est-à-dire en dehors des conditions définies
par l'invention.
[0024] Les tôles ont été ensuite laminées à froid jusqu'à une épaisseur de 1 mm, soumises
à un recuit continu à 770°C (note : Ac1=700°C) pendant 3 minutes puis refroidies à
20°C/s.
[0025] Le tableau 4 illustre les propriétés mécaniques de traction (résistance à la rupture,
allongement) mesurées sur les tôles ainsi fabriquées (T
bob=500°C)
Tableau 4 :
Propriétés mécaniques des aciers du tableau 3 mesurées sur tôles laminées à froid
et recuites |
Acier |
Caractéristiques |
Rm (MPa) |
A (%) |
A |
Référence |
830 |
14 |
B |
900 |
12 |
C |
1075 |
8,5 |
D |
Invention |
1050 |
9 |
E |
1050 |
14 |
[0026] Il apparaît nettement que la maîtrise du durcissement par précipitation grâce au
procédé dévoilé par l'invention permet d'obtenir des caractéristiques mécaniques identiques,
à analyse beaucoup moins chargée. Ainsi, les teneurs en carbone et en silicium peuvent
être abaissées respectivement de 0,2 et 0,1%, tout en gardant des caractéristiques
mécaniques similaires. Cet abaissement est bien entendu très favorable aux différentes
propriétés de fabrication ou de mise en oeuvre (emboutissabilité, soudabilité...)
[0027] Pour un niveau de résistance comparable (aciers C et E), l'invention permet d'obtenir
des caractéristiques d'allongement supérieures, ce qui contribue donc significativement
à l'allégement des structures lors de la mise en oeuvre.
[0028] Par ailleurs, dans le cas de l'acier D, les niveaux de résistance mécanique obtenus
sur tôles à chaud sont les suivantes :
- Dans le cas d'un bobinage à chaud à 500°C (invention): Rm= 800 MPa
- Dans le cas d'un bobinage à 180°C (référence) : Rm= 960 MPa
[0029] La facilité de laminage à froid diminuant avec Rm, la mise en oeuvre de l'invention
permet une réduction des efforts de laminage et donc d'accroître la gamme d'épaisseur
accessible lors de la fabrication.
1. Procédé de fabrication de tôle d'acier dual-phase laminée à froid possédant une résistance
supérieure à 600 MPa, dont la composition chimique comprend, les teneurs étant exprimées
en poids :
0,05% ≤ C ≤ 0,5%
1%≤ Mn ≤ 2,5%
0,05% ≤ Si ≤ 1,5%
0,01 % ≤ Al ≤ 1,5%
Cr ≤ 0,75%
S ≤ 0,01%
P≤ 0,1%
N ≤0,01%
et au moins un élément d'alliage pris parmi Ti, Nb, Zr et V, satisfaisant à
0,01% ≤ (Ti-3,4N)≤0,2%
0,01% ≤ (Nb-6,5N) ≤ 0,15%
0,01% ≤ (Zr-6,5N) ≤ 0,15%
0,01%≤( Ti + Nb -3,4 N )≤0,35%
0,01% ≤ (V -3,6 N) ≤ 0,20%
0,01% < (Ti + V -3,4N) ≤0,40%
le reste de la composition étant constitué de fer et d'impuretés résultant de l'élaboration,
caractérisé en ce que :
- On réchauffe à une température supérieure à 1000°C et inférieure à 1250°C une brame
d'acier de composition ci-dessus,
- On lamine à chaud ladite brame, la température de fin de laminage à chaud étant
supérieure ou égale à la température de transformation Ar3,
- On refroidit la tôle ainsi obtenue à une vitesse vR≥10°C/s,
- On bobine ladite tôle à une température Tbob telle que 400°C≤Tbob≤ 700°C,
- On lamine à froid ladite tôle,
- On soumet ladite tôle laminée à froid à un recuit continu ou recuit de galvanisation
ou recuit d'aluminiage.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la température de maintien au recuit Tm est telle que : Ac1≤Tm<810°C.
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2 caractérisé en ce que la vitesse de refroidissement après recuit vR est telle que :vR≥2°C/s.