[0001] L'invention concerne le formage à froid de pièces à partir d'ébauches, notamment
métalliques. Elle s'applique en particulier aux ébauches en matériau pressé-fritté.
[0002] On entend par "formage à froid" une déformation du métal de l'ébauche à température
ambiante ou à mi-chaud (jusqu'à une température de 300 à 500°C suivant le métal de
l'ébauche), en dessous de sa température de fusion.
[0003] Il convient de distinguer le formage à froid par roulage de révolution (en bref "roulage"),
qui utilise des outils rotatifs ou équivalents, par opposition à d'autres modes de
formage à froid, comme l'usinage, l'estampage, l'emboutissage, ou encore l'extension.
[0004] Il existe plusieurs configurations de formage par roulage:
- formage externe de l'ébauche, à l'aide d'un outil, l'ébauche étant tenue par ailleurs,
ou bien de deux outils ou plus, régulièrement répartis autour de la périphérie externe
de l'ébauche;
- formage interne d'une ébauche creuse, à l'aide d'au moins un outil interne et d'au
moins un outil externe, ou d'un support externe tournant avec l'ébauche.
[0005] Par ailleurs, l'ébauche est souvent entraînée par le ou les outils ; mais elle peut
aussi faire l'objet d'un entraînement séparé, synchronisé ou non.
[0006] Le pilotage en position des outils par rapport à l'ébauche est une opération particulièrement
délicate. On utilise en général une commande de position hydraulique (vérin) ou mécanique
(vis-écrou). Mais il s'est avéré que les techniques connues de pilotage ne donnaient
pas toujours satisfaction, notamment dans le cas d'ébauches en matériau pressé-fritté,
comme on le verra.
[0007] La présente invention vient améliorer la situation.
[0008] Tel que proposé, le procédé de formage à froid par roulage d'une ébauche en matériau
pressé-fritté est du type dans lequel on approche de l'ébauche au moins un outil de
géométrie périphérique pré-déterminé, pour faire rouler ensuite l'outil sur l'ébauche
en les sollicitant l'un vers l'autre.
[0009] Selon un aspect de l'invention, ce procédé comprend, après une phase (a) d'approche
de l'ébauche, une phase de pénétration (b), avec:
(bn) au moins une phase de roulage sous effort sensiblement constant, jusqu'à une position
choisie, cet effort, la position choisie, et le nombre de passages correspondant étant
déterminés pour contrôler la densification de surface et les dimensions de la pièce
roulée.
[0010] Selon un autre aspect de l'invention, il est prévu, après une phase (a) d'approche
de l'ébauche, une phase de pénétration (b), avec:
(b1) au moins une phase de montée en effort de roulage, bornée par une valeur maximum
de cet effort de roulage.
La phase (bn) de roulage sous effort sensiblement constant peut alors se dérouler ensuite, le
cas échant.
[0011] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à l'examen de
la description détaillée ci-après, et des dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 représente schématiquement une machine de formage à froid, possédant un
premier type d'entraînement d'outils,
- la figure 2 représente schématiquement une variante applicable notamment à la machine
de la figure 1,
- la figure 3 représente schématiquement une machine de formage à froid, possédant un
second type d'entraînement d'outils,
- la figure 4 représente schématiquement et partiellement une machine du même type que
celle de la figure 1, mais dans laquelle l'un des outils travaille à l'intérieur d'une
ébauche annulaire,
- les figures 5A à 5G illustrent différentes variantes de la disposition géométrique
des outils de formage,
- la figure 6 est un schéma de principe d'une commande de machine connue, à maîtrise
de position,
- la figure 7 est un schéma de principe d'une commande de machine utilisée selon l'invention,
à maîtrise de force,
- la figure 8 est un diagramme d'étapes illustrant un exemple de mise en oeuvre de l'invention,
- les figures 9A et 9B sont respectivement des diagrammes temporels schématiques de
force et de position, dans un exemple d'application de l'invention,
- les figures 10 à 13 sont des diagrammes mesurés, de force et de position, dans différents
exemples de mise en oeuvre de l'invention, et
- la figure 14 illustre schématiquement une ébauche et une pièce pour un exemple particulier
de roulage.
[0012] En outre, l'annexe 1 exprime, sous forme de tableau, des caractéristiques de la commande
de machines de formage à froid, selon l'invention.
[0013] La description détaillée ci-après, la ou les annexes, et les dessins contiennent,
pour l'essentiel, des éléments de caractère certain. Ils pourront donc non seulement
servir à mieux faire comprendre la description, mais aussi contribuer à la définition
de l'invention, le cas échéant.
[0014] Le formage à froid permet notamment de réaliser une forme très précise (formage proprement
dit), et/ou d'ajuster un état de surface, ce que l'on appelle souvent galetage, ou
encore "superfinition".
[0015] Classiquement, l'ébauche est ce qui entre dans la machine de formage, avec ou sans
préforme, et la pièce, ce qui en sort. On utilisera indifféremment ou ensemble les
mots "ébauche" et "pièce", pour les états intermédiaires à l'intérieur de la machine.
[0016] Des indications détaillées sur le formage à froid par roulage de révolution, ou roulage,
peuvent être trouvées sur le site
www.escofier.com, aux pages "métier procédé", ainsi que dans la documentation technique imprimée correspondante.
[0017] L'invention concerne a priori les procédés utilisant des machines dites "à entr'axe
variable", avec des outils de profil sensiblement constant sur leur périphérie, et
travaillant "en plongée", c'est-à-dire en se rapprochant de la pièce ou ébauche. Ceci
se distingue des machines du type "Incrémental" (marque déposée), lesquelles ont des
outils avec un profil variable, généralement progressif, sur leur périphérie, et travaillent
à entr'axe fixe, c'est-à-dire sans mouvement relatif de rapprochement des axes de
révolution des outils et de la pièce, ou des machines travaillant "à l'enfilade",
impliquant une circulation axiale de la pièce par rapport aux outils dont l'entr'axe
de travail est constant.
[0018] La figure 1 concerne une machine de roulage à deux outils O1 et O2, qui travaillent
sur une ébauche à former EB (que l'on peut appeler aussi "pièce"). La machine comprend,
sur un bâti général (non représenté), deux demi-bâtis F1 et F2, qui supportent à rotation
les outils O1 et O2, autour d'axes sensiblement parallèles A1, A2. Un moteur M1, électrique
par exemple, entraîne deux systèmes vis sans fin/galet fileté SCR1 -G1 et SCR2-G2
(ou un seul), dont le mouvement de sortie est appliqué aux outils O1 et O2 pour les
faire tourner dans le même sens en synchronisme. Les axes A1 et A2 définissent les
axes de référence respectifs des outils pour le formage de l'ébauche. La machine comprend,
sur le bâti général, un support (non représenté) de l'ébauche EB, de sorte qu'elle
puisse se déplacer en rotation, en sens opposé des outils, autour d'un axe sensiblement
coplanaire aux deux axes de rotation A1 et A2.
[0019] Les deux demi-bâtis F1 et F2 sont mobiles l'un par rapport à l'autre, ici sous l'effet
d'un système vérin, à piston P1 et cylindre C1, placé sur l'un des demi-bâtis, tandis
que l'extrémité de la tige de piston est fixée en P10 sur l'autre demi-bâti. La latéralité
de cette commande peut être compensée par un symétriseur mécanique, non représenté.
[0020] La machine comprend en outre, illustré schématiquement, un capteur XS de la position
relative des deux demi-bâtis, donc des axes A1 et A2. Les deux chambres du vérin,
de part et d'autre du piston P1, sont alimentées en fluide depuis une centrale hydraulique
HG, à travers une servo-valve SV. Celle-ci est pilotée par un contrôleur de commande
numérique NC. Le contrôleur NC reçoit une indication des pressions Pa, Pb dans les
deux chambres du vérin. Il reçoit également l'indication de la position X du capteur
XS. Il adresse à la servo-valve une commande SVC, en correspondance de données de
programme PRG, et de ses entrées.
[0021] La figure 1 correspond par exemple aux machines des séries
Hxx CN d'ESCOFIER TECHNOLOGIE, où xx correspond à deux chiffres indiquant une dimension.
[0022] Après mise en place de l'ébauche, les deux axes A1 et A2 étant suffisamment éloignés,
les données de programme sont mises en oeuvre pour réaliser le formage de l'ébauche
EB, par avance relative des axes A1 et A2, compte-tenu de la géométrie périphérique
des outils, et de nombreux autres paramètres. Dans le processus de formage, on peut
distinguer trois grandes phases : pénétration, calibrage, décompression.
[0023] La machine schématisée à la Figure 2 est du même genre, sauf qu'au lieu d'être mue
seulement par les outils O1 et O2, l'ébauche est entraînée positivement par un moteur
M2, par exemple électrique. Cette variante peut aussi s'appliquer aux modes de réalisation
ci-après.
[0024] Cet entraînement supplémentaire ou complémentaire de la pièce par rapport aux outils
peut être aussi mis en oeuvre lorsque les circonstances ou le procédé le nécessitent
(indexage automatique de pièces dentées, division précise de profils, notamment):
- entraînement indépendant dans la machine dite H40 CN galetage d'ESCOFIER TECHNOLOGIE,
- entraînement synchronisé dans la machine dite Syncroll d'ESCOFIER TECHNOLOGIE., Le moteur M2 est alors maintenu dans le synchronisme voulu
avec le moteur M1, compte-tenu notamment du rapport de synchronisme requis. Ce rapport
peut être pris entre la vitesse angulaire ω1 des outils et celle ω2 de l'ébauche,
plus exactement pour préserver l'égalité de leurs vitesses tangentielles respectives
à leurs diamètres de fonctionnement. S'agissant de profils à dents, on peut prendre
un rapport de nombre de dents.
[0025] La figure 3 est semblable à la figure 1, et l'entraînement des outils O1 et O2 n'est
pas répété. La différence réside en ce que le bâti général B apparaît, sur lequel
les demi-bâtis F1 et F2 sont montés par l'intermédiaire d'entraînements par systèmes
vis/écrou BSD1 et BSD2, lesquels sont actionnés, par deux transmissions homologues,
depuis un moteur électrique M3 fixé au bâti. Le contrôleur NC reçoit des grandeurs
d'état du moteur, notamment les informations sur la vitesse angulaire (ω) et la position
du rotor (α) ; il pilote le moteur M3 en conséquence, sur la base de données de programme
PRG, et de la position instantanée X, qui est une fonction de la position angulaire
α.
[0026] La figure 3 correspond par exemple aux machines des séries
NT d'ESCOFIER TECHNOLOGIE.
[0027] La figure 4 illustre partiellement une autre variante. Ici, l'ébauche EB, annulaire,
est logée dans un porte-pièce PP. et l'outil O1 est à l'intérieur, entraîné par le
moteur M1, tandis qu'à l'extérieur, un galet G entraîné en rotation par contact avec
le porte-pièce permet l'application de l'effort de roulage. Dans l'exemple, il n'y
aplus qu'un chariot F2 logé dans le bâti général B. Le capteur de position XS est
à l'intérieur, entre F2 et B. Les éléments de contrôle de la figure 1 (SV, HG, NC,
PRG) sont transposables à la figure 4, seule la servo-valve SV (ou équivalent) étant
représentée sur la figure 4.
[0028] Une variante de la figure 4 consiste à utiliser pour l'entraînement l'un des systèmes
d'entraînement de la figure 3, par exemple celui illustré en BSD1, et ses auxiliaires,
avec les éléments de commande correspondants (M3, NC, PRG).
[0029] La figure 4 correspond par exemple aux machines des séries
ALS d'ESCOFIER TECHNOLOGIE.
[0030] Généralement, ce sont les outils qui entraînent la pièce en rotation. Mais la pièce
peut aussi être entraînée, comme dans le cas de la figure 2. Une machine peut comporter
de un à n outils, dont la configuration, c'est-à-dire l'implantation géométrique et
le support sont susceptibles de différentes variantes:
- 2 outils externes tous deux mobiles en translation relative (Figure SA), comme déjà
décrit à propos des figures 1 à 3 ;
- 2 outils externes dont l'un O1 est d'axe fixe, et l'autre O2 d'axe mobile en translation
(Figure 5B);
- plus de deux outils externes, en principe régulièrement distribués, mobiles en translation
relative, par exemple 3 outils (Figure 5C), ou 4 outils (Figure 5D) ;
- un outil interne et l'autre externe, pour une ébauche annulaire (Figure 5E);
- des variantes à un seul outil, qui peut être interne (Figure 5F), l'ébauche étant
tenue sur un support EBS mobile en rotation, comme décrit par exemple à propos de
la figure 4, ou externe (Figure 5G), l'ébauche étant montée sur un support rotatif.
[0031] Par ailleurs, différentes géométries périphériques d'outils sont utilisées, notamment
pour former des cannelures, un moletage, un filetage, un engrenage, ou toute autre
forme de base cylindrique.
[0032] Dans la suite du texte, le terme "les outils" désignera indifféremment un ou plusieurs
outils, que l'on appelle aussi "molettes".
[0033] Dans ces machines, l'action de déformation de la pièce par les outils est la conséquence
du mouvement relatif radial créé entre eux par un dispositif de déplacement. Comme
on l'a vu, cela peut être un moyen hydraulique (Vérin), ou mécanique (système vis/écrou
associé à un moteur électrique ou hydraulique). On peut aussi envisager des moteurs
linéaires.
[0034] La déformation de la pièce, en accord avec la forme périphérique des outils, demande
une action variable selon de nombreux paramètres ou facteurs:
- les matériaux de la pièce et des outils,
- les formes réalisées,
- les diamètres respectifs de la pièce et des outils (ou autre dimension critique),
- la surface de contact entre la pièce et chaque outil, résultant de la profondeur de
pénétration à chaque action ou passe des outils.
[0035] Les grandeurs physiques relatives aux paramètres précédents (dureté matière, surface
en contact, vitesse de pénétration des outils dans la pièce, etc.) déterminent à chaque
instant l'effort résultant, nécessaire et suffisant, qui est mis en jeu lors de la
déformation.
[0036] Cet effort doit devenir suffisamment important et être appliqué suffisamment longtemps
(nombre de révolutions de pièces), pour atteindre la déformation souhaitée, sans provoquer
une rupture de la pièce ou créer des défauts la rendant impropre à l'utilisation.
Si l'effort doit être modifié, il sera nécessaire de modifier l'une des grandeurs
physiques, qui sera souvent la vitesse de pénétration des outils dans la pièce.
[0037] Au fur et à mesure du roulage de la pièce, sa résistance à la déformation locale
à l'endroit où elle est en contact avec les outils s'accroît, pour différentes raisons,
dont un phénomène d'écrouissage de la matière, induit par les déformations successives
provoquées à chaque contact outils/pièce.
[0038] La pression nécessaire à la déformation s'accroît donc avec ces phénomènes.
[0039] La surface déformée par l'outil s'accroît également au cours du roulage, tandis que
l'ébauche prend peu à peu la forme conjuguée du ou des outils.
[0040] L'effort de roulage est le produit de la pression de contact du ou des outils, par
la surface d'action de ceux-ci. En supposant (pour simplifier) une vitesse de pénétration
constante des outils, l'effort de roulage augmente donc avec l'avancement du roulage,
et ce au moins aussi vite, en général plus vite, que cette vitesse de pénétration.
[0041] Pour que la déformation locale requise puisse s'effectuer, il faut que, du début
à la fin, la pièce dans son ensemble résiste à l'effort total que les outils lui impriment,
jusqu'à obtenir une pièce finale conforme aux critères géométriques et structurels
souhaités à ce stade de sa fabrication.
[0042] Dans le même temps, les outils de roulage sont soumis à des efforts importants. L'intensité
et la répétition de ceux-ci détermineront la durée d'utilisation d'un outil. A son
tour, le coût de l'outil est une partie importante du coût de l'opération de roulage,
et peut même en compromettre le caractère rentable ou compétitif.
[0043] Les machines précitées travaillent en général sur des ébauches de pièces en métal
massif. Les asservissements qui commandent l'appui des outils sur la pièce sont commandés
en position, et appliquent l'effort requis - quel qu'il soit - pour maintenir à tout
moment la position relative prévue entre les outils et la pièce, au cours du processus
de formage. Il n'existe pas actuellement de modèle permettant de représenter le phénomène,
même pour un matériau massif. En conséquence, les programmes de commande sont établis
de manière expérimentale.
[0044] Différent facteurs font qu'il est parfois souhaité d'utiliser des ébauches en matériau
pressé-fritté.
[0045] Par ébauche pressée-frittée, on entend une pièce obtenue à une étape antérieure par
frittage de poudres métalliques, c'est à dire une pièce dont la densité relative reste
inférieure à 100 %. Une ébauche pressée-frittée peut être obtenue par pressage mécanique
uni-axial de poudres, et frittage en phase solide. Les ébauches ainsi obtenues sont
incomplètement densifiées, leur densité allant de 80 à 95 % de celle d'un matériau
massif (densité relative), typiquement de 90 à 92 %.
[0046] Les pièces obtenues directement par pressage-frittage sont très économiques à réaliser.
Cependant, la précision dimensionnelle sur leur forme peut être insuffisante, pour
certaines applications exigeantes. De plus, des problèmes peuvent se poser au niveau
de la tenue en service des zones fortement sollicitées, du fait de la densification
incomplète des pièces en matériau pressé-fritté.
[0047] Actuellement, on n'utilise que peu ou pas le formage à froid d'ébauches pressées-frittées
non formées, malgré différentes propositions existantes:
- US-A-5,711,187 et US-A-5,884,527 décrivent un ré-usinage superficiel d'engrenages
en fritté déjà préformés, en roulage classique, c'est-à-dire sans comporter de préoccupations
ni d'enseignements spécifiques en ce qui concerne les conditions du roulage, et leurs
conséquences;
- US-A-5,659,955 part également d'ébauches frittées, sur lesquelles il exécute soit
un usinage qui progresse en longueur (dans la direction de l'axe de rotation de l'ébauche),
soit là aussi un ré-usinage superficiel d'engrenages en fritté déjà préformés, dont
le principe est du type "enfilade", sur une machine à entr'axe fixe.
- d'autres brevets, comme US-A-4,708,912 ou encore DE-A-3 140 189 tentent d'appliquer
un roulage classique, essentiellement pour l'obtention d'engrenages fortement sollicités.
[0048] La Demanderesse s'est intéressée à nouveau au roulage de pièces en matériau pressé-fritté.
Elle a observé que, lorsqu'une technique de roulage est appliquée à des ébauches pressées-frittées,
les limites et conditions de réalisation des pièces à partir de ces ébauches sont
très différentes de celles qui seraient rencontrées pour des pièces identiques roulées
à partir d'une ébauche massive du même matériau. En effet, la densité et la résistance
du matériau pressé-fritté sont inférieures à celles du matériau solide, et les distributions
des caractéristiques dimensionnelles des ébauches sont plus étalées, notamment l'excentration,
la rotondité.
[0049] Il a été constaté notamment que:
- le coeur de la pièce en pressé-fritté possède une résistance aux différentes contraintes
mécaniques inférieure à celle d'une pièce solide,
- par contre, la pression de surface nécessaire à la déformation va croître en même
temps que la densification périphérique qui résulte de cette déformation, jusqu'à
atteindre une valeur proche de celle du matériau solide.
[0050] On appelle ici "épaisseur de densification" la distance entre la surface extérieure
de la pièce et sa limite à coeur, où le matériau pressé-fritté conserve la densité
initiale de l'ébauche (densité obtenue à la dernière opération du frittage).
[0051] Avec les techniques de roulage classiques, il a été observé que cette "épaisseur
de densification" est faible, et généralement inférieure à 1 mm. Ceci peut suffire
pour améliorer la tenue en service d'engrenages assez fortement sollicités. C'est
ce que décrivent les brevets US-A-5,711,187 ou US-A-5,884,527, qui montrent qu'une
densification de 90 à 100 % sur une épaisseur de 0,38 à 1 mm en pied de denture et/ou
sur les flancs des dents d'un engrenage peut convenir, sans toutefois décrire précisément
comment obtenir cela industriellement.
[0052] En général, cette couche densifiée, localement plus résistante, ne suffit pas à résister
à l'effort global de déformation lorsqu'il devient important; ensuite, le coeur n'est
lui-même pas assez résistant. Ceci engendre différentes détériorations. Il en résulte
notamment un éclatement local ou complet de la pièce, par exemple à partir du coeur,
pour les pièces pleines, ou à partir des surfaces, pour les bagues de roulements à
billes. La Demanderesse a observé que se produisent des contraintes tri-axiales excessives
sur des zones insuffisamment résistantes à la rupture, car non complètement densifiées.
Ont été également observés des phénomènes d'effondrement du matériau ou de désagrégation
de celui-ci en surface, qui part alors en poussière ou menus fragments, ce qui rend
impossible la poursuite du roulage. A encore été observée une instabilité de la déformation,
qui semble propre au matériau pressé-fritté; il en résulte qu'un réglage des paramètres
classiques du roulage fait sur une ébauche donnée, peut ne pas convenir aux ébauches
suivantes, d'où des résultats aléatoires et donc inacceptables, du fait de leur manque
de reproductibilité, face aux tolérances inhérentes à la production d'ébauches en
pressé-fritté.
[0053] En d'autres termes, de par sa nature granulaire, le matériau pressé-fritté présente
des variations d'homogénéité significatives, qui sont augmentées par le processus
de fabrication des ébauches. Ces variations sont suffisamment importantes pour contribuer
à accroître les difficultés de maîtrise des conditions de roulage, telles qu'elles
sont nécessaires pour engendrer des pièces conformes aux souhaits géométriques et
fonctionnels de l'utilisateur.
[0054] Par ailleurs, une technique de roulage appliquée à des matériaux frittés aura sur
les outils la même conséquence qu'elle a lorsqu'elle est appliquée à un matériau solide
en le soumettant aux mêmes contraintes de roulage, en particulier sur leur durée d'utilisation.
Il est clair que les difficultés précitées, notamment les risques d'éclatement de
pièces sont de nature à diminuer nettement la durée de vie des outils.
[0055] La Demanderesse a constaté qu'il est possible d'améliorer les choses en partant d'une
démarche inverse de celle suivie jusqu'à présent.
[0056] Classiquement, dans le cas d'une servo-valve ou d'un servo-distributeur (figure 1),
la commande NC s'effectue comme indiqué schématiquement sur la figure 6. L'étage de
sortie NC90 qui commande la servo-valve est lui-même commandé par un étage NC 10 qui
définit le débit de la servo-valve en fonction de la position X actuelle, et éventuellement
de ses valeurs précédentes (ou de sa dérivée). On agit donc en fait sur la vitesse
d'avance du ou des outils, et par conséquent sur les positions.
[0057] On peut procéder différemment, comme indiqué schématiquement sur la figure 7. L'étage
de sortie NC90 qui commande la servo-valve ou le servo-distributeur est lui-même commandé
par un étage NC20 qui définit une variation du débit de la servo-valve ou du servo-distributeur,
de manière à maîtriser les forces ou efforts transmis à la pièce ou ébauche pendant
le cycle de roulage, en fonction de l'effort actuel. En l'espèce, cet effort est calculé
à partir de valeurs de capteurs de pression, tels que Pa, Pb, précités, compte-tenu
des surfaces exposées au fluide de part et d'autre du piston. L'effort peut aussi
être mesuré.
[0058] Il s'est avéré que ceci améliore les caractéristiques du roulage, ainsi que de la
pièce obtenue; en outre, cela prolonge la durée de vie des outils, et préserve leur
intégrité en évitant les surcharges.
[0059] Autrement dit, dans le but de rouler des pièces frittées, il est proposé un procédé
de roulage par efforts ou forces contrôlés, de préférence via un asservissement, ou,
plus généralement, une réaction.
[0060] Comme pour les asservissements en position antérieurs, le comportement d'une ébauche
soumise à roulage sous asservissement en force ou effort n'est pas actuellement modélisables,
même pour un matériau massif, a fortiori pour un matériau pressé-fritté. En conséquence,
les programmes de commande sont établis de manière expérimentale, au moins pour la
phase (b).
[0061] Sur la Figure 7, la maîtrise de l'effort délivré par le moyen de roulage (machine)
est obtenue en référence à un asservissement d'un système hydraulique de déplacement
des outils. L'homme de métier sait transposer une tel asservissement à d'autres systèmes
de déplacement, notamment un système à moteurs électriques comme illustré sur la Figure
3.
[0062] Les moyens de mesure des variables physiques d'effort et de position, nécessaires
au contrôle et à l'asservissement, telles que par exemple distance de déplacement,
angle de rotation d'un système vis écrou, pression d'un fluide, intensité tension
fréquence d'un courant, contrainte sur une jauge correspondante, sont choisis en accord
avec les solutions retenues pour la conception des différents types de machines concernés.
[0063] Il s'est avéré que le contrôle ou asservissement en effort ou force est nettement
supérieur au contrôle ou asservissement en position. En l'absence de modèle, les phénomènes
en cause sont difficiles à analyser. Il semble cependant que cette supériorité tienne
en partie au fait que l'asservissement en effort ou force assure une meilleure tolérance
des éventuels problèmes liés aux ébauches en pressé-fritté, compte-tenu de la réponse
de la chaîne d'asservissement. Cette supériorité compense largement les inconvénients
liés au côté paradoxal de l'usage d'un asservissement en effort ou force, alors qu'il
s'agit finalement d'obtenir une position précise (en absolu, ou en relatif).
[0064] Par ailleurs, il s'est avéré que, toutes autres données par ailleurs égales, l'épaisseur
de densification obtenue avec un asservissement en "effort" est généralement un peu
plus importante que celle que l'on obtient en asservissement de position. Ceci semble
du à une meilleure "régularité" de l'action de roulage, en présence d'imperfections.
En même temps, l'écrouissage peut être mieux contrôlé. Il en est de même pour les
effets des variations de la température ambiante sur la machine, ainsi que de la température
de ses éléments internes, notamment les éléments moteurs (comme le fluide). Il en
est également de même pour les effets de l'échauffement superficiel de la pièce ou
ébauche, qui sont également mieux contrôlés. En outre, cet échauffement est moins
grand, du fait du meilleur contrôle de l'écrouissage.
[0065] De façon plus détaillée, les avantages suivants sont apparus pour le contrôle ou
asservissement en effort. Il permet :
a) de ne plus subir les variations de position réelle des outils, par rapport à la
position mesurée, conséquences des variations d'effort sur des éléments mécaniques
qui (machine comprise) se comportent de fait comme de gros ressorts (de constante
K).
b) de pouvoir pleinement bénéficier au début du roulage des avantages d'une matière
pas encore affectée par l'écrouissage, lequel est utile à la résistance mécanique
finale, mais défavorable à la déformation, et à sa progressivité, et tend à engendrer
des échauffements locaux de la pièce ou ébauche.
[0066] La difficulté tient non seulement aux effets de petites irrégularités de toutes sortes,
mais aussi au fait que l'interaction entre une zone donnée de l'ébauche et les outils
actifs s'effectue de façon "hachée",
n fois par tour de l'ébauche, où
n est le nombre d'outils actifs.
[0067] Une exemple de réalisation sera maintenant décrit en référence à la Figure 8, ainsi
qu'au tableau 1 de l'annexe 1. Dans ce tableau 1 , les cases grisées indiquent, à
chaque phase, la ou les grandeurs essentielles sur lesquelles s'appuie la commande
numérique. Les outils sont en permanence en rotation, comme indiqué dans la colonne
des vitesses angulaires ω.
[0068] Dans cet exemple, on met en oeuvre des cycles de roulage comprenant les opérations
décrites ci-après.
[0069] De façon générale, les positions X sont considérées comme décroissantes lorsque les
outils se rapprochent de la pièce (puisque les outils se rapprochent alors l'un de
l'autre, et en même temps de la pièce).
[0070] Une opération initiale d'approche 80 ou (a
0), non représentée sur le tableau 1, peut être réalisée de toute manière désirée,
jusqu'à une position des outils à faible distance de la pièce.
[0071] Ensuite, la phase 82 ou (a
1) - (a) dans le tableau 1 - réalise un accostage de la pièce. Elle comporte une avance
lente à vitesse Ca, et sous un effort faible Fa, lié au déplacement des chariots.
L'accostage s'effectue en recherchant la position Xa, comprise entre Xa
1 et Xa
2, pour laquelle l'effort nécessaire pour avancer s'accroît sensiblement jusqu'à une
valeur Fa
1, indiquant un contact entre outils et pièce. On peut borner l'avance par une position
minimale XMINa.
[0072] La valeur du seuil d'effort Fa
1 est convenablement ajustée pour éviter une empreinte néfaste des outils sur la pièce
au premier contact. Cet ajustement est plus délicat avec une ébauche pressée-frittée,
et peut devoir être réalisé par tâtonnements préalables, lors d'essais de mise au
point.
[0073] Il est important de noter qu'à l'accostage, la pièce commence à tourner (sauf éventuellement
le cas où elle est mue séparément).
[0074] A l'opération (b) ou 84+86, l'effort appliqué aux outils, en conséquence de leur
déplacement relatif par rapport à la pièce, croît ensuite progressivement de façon
contrôlée jusqu'à un niveau souhaité Fb. Une limite est fixée à l'avance X, pour éviter
les éventuelles conséquences désastreuses d'un commencement d'effondrement du matériau
pressé-fritté sur lui-même (à la manière d'un pied humain sur la neige non damée).
Par "effondrement", on entend ici un saut brutal de position inattendu.
[0075] De préférence, la ou les phases initiales 84 de l'opération (b) s'effectuent avec
un ou plusieurs paliers de taux de croissance de l'effort. Dans l'exemple représenté,
on prévoit deux taux de croissance, sensiblement égaux à (Fb
1 - Fa
1)/Tb
1, puis (F
b2 - Fb
1)/Tb
2, pour atteindre les niveaux Fb
1 et Fb
2, respectivement.
[0076] Ainsi, la progression de l'effort appliqué à l'ébauche peut être maintenue sous une
valeur limite définie, pour ne pas faire naître d'état critique pendant la déformation
(en particulier un déclenchement de l'effondrement précité). Ceci étant, l'accroissement
de l'effort est choisi aussi rapide que possible, pour limiter les effets de l'écrouissage
consécutif aux contacts successifs outil/pièce. En effet, un écrouissage excessif
se traduit par un durcissement superficiel, qui fait augmenter l'effort requis pour
continuer le formage, et par conséquent augmente aussi le risque d'encourir un état
critique, rappel étant fait que les ébauches ont des tolérances dimensionnelles, des
irrégularités superficielles, et aussi une inhomogénéïté intrinsèque.
[0077] Ces phases initiales (b) sont importantes pour obtenir une déformation aussi régulière
et progressive que possible au début du roulage alors que, en particulier:
* L'ébauche frittée a toujours des défauts de dimension, de circularité, de concentricité,
et d'homogénéité
* La profondeur d'action des outils dans la pièce évolue entre une valeur nulle (contact
outils/pièce du début) et une profondeur résultant de leur pénétration progressive
au cours de la rotation de la pièce avant que le point de contact d'origine ne rencontre
à nouveau les outils (un demi tour de pièce par exemple sur une machine à deux molettes)
* Les parties mécaniques de la machine subissent des déformations variables en relation
avec la variation de l'effort de travail.
[0078] A la phase finale 86 de l'opération (b), l'effort est ensuite asservi (F) pendant
une ou plusieurs phases successives, de telle manière que son évolution continue de
respecter un cycle prédéfini, jusqu'à atteindre une position finale relative outils/pièce
(Xb) en accord avec la dimension finale de la pièce.
[0079] Le plus simple est une seule phase avec un asservissement sous effort constant (donc
Xb = Xb
2) jusqu'à obtenir la position finale souhaitée. A l'opposé, le plus compliqué peut
être une succession de phases avec effort asservi évoluant progressivement, régulièrement
ou par paliers successifs, de manière contrôlée. De manière générale, les valeurs
d'effort asservi Fb restent proches de l'effort Fb
2 atteint à la fin de l'étape b
2 (ou plus généralement b
n).
[0080] On peut également inclure des phases intermédiaires pour par exemple changer le sens
de rotation des outils. Bien entendu, de nombreuses solutions intermédiaires sont
envisageables.
[0081] Dans toutes les phases en effort contrôlé des opérations (b) et/ou (c), la position
relative outils/pièce à chaque instant "t" est une conséquence de la maîtrise de l'effort
asservi, tel que programmé jusqu'à cet instant "t".
[0082] Au cours de la phase (b), appelée généralement "pénétration", on obtient une densification
superficielle de l'ébauche, sur une épaisseur de densification choisie. Cette épaisseur
de densification dépend de la densité de l'ébauche avant roulage, de la nature de
son matériau constitutif, ainsi que de la modification géométrique imposée par les
outils pendant le roulage, compte-tenu des valeurs d'efforts d'asservissement appliquées.
Là aussi, les conditions requises pour obtenir une épaisseur de densification choisie
peuvent être déterminées par essais préalables.
[0083] Optionnellement, on peut procéder à une phase finale de calibrage, notée 88 ou (c).
Cette phase peut utiliser un asservissement de position, pour fixer une position relative
outils/pièce (Xc). Ceci peut par exemple permettre d'obtenir une pièce répondant à
des critères de circularité prédéfinis par l'utilisateur. L'effort n'est plus la grandeur
de base de l'asservissement pour cette phase, et il varie de manière générale sensiblement
décroissante, jusqu'à une valeur faible, liée à la valeur limite de déformation plastique,
au dessous de laquelle la pièce ne subit plus que des déformations élastiques. Dans
cette phase (c) de finition, on maintient sensiblement constante la position relative
ébauche/outil pendant un temps choisi, défini pour obtenir une pièce de géométrie
acceptable, en particulier en circularité.
[0084] Dans les derniers pas d'asservissement de la commande en effort, il convient de maîtriser
la transition avec la suite, de façon à éviter un "débordement en position" et/ou
un "débordement en effort", qui pourraient compromettre la qualité de la pièce.
[0085] En principe, la périphérie du ou des outils de roulage est sensiblement circulaire
(en section droite) ou globalement cylindrique (par rapport à un diamètre moyen, en
présence de dents, ou d'un filetage). L'ébauche peut être pré-formée, en particulier
avec des dents, auquel cas, en principe, le ou les outils sont munis de dents homologues.
En variante, l'ébauche peut être pré-formée en bague, notamment de roulement, auquel
cas, en principe, le ou les outils ont une périphérie externe uniforme (non nécessairement
cylindrique de révolution).
[0086] Une phase terminale (d) ou 88 de décompression est prévue pour éloigner les outils
de la pièce. Cette phase peut être classiquement déterminée en termes de vitesse de
recul, ou mieux contrôlée, sous la forme d'un effort décroissant de façon asservie.
[0087] Dans ce qui précède, la ou les phases de pénétration se déroulent sous asservissement
en effort. S'agissant d'atteindre une position programmée Xb, on termine l'asservissement
lorsque la position voulue est atteinte (86). L'ensemble peut donc être nommé asservissement
effort/position (effort puis position).
[0088] Des variantes sont envisageables. Par exemple, on peut réaliser un asservissement
en effort/excursion, dans lequel l'asservissement en effort est maintenu jusqu'à parcourir
une excursion ou distance programmée. Dans ce cas, la position finale est une conséquence
programmée de la position initiale (point d'accostage), en relatif, plutôt que comme
une position en absolu. Ceci peut servir par exemple à réduire d'une valeur sensiblement
constante des ébauches qui ont un diamètre de départ variable. On peut aussi prévoir
d'autres conditions pour l'asservissement en effort, comme par exemple un asservissement
"effort/temps", en temps fixé. Ceci peut convenir notamment là où le contrôle du diamètre
de pièce n'est pas critique, par exemple:
- pour des opérations spéciales, comme le galetage, ou encore,
- lorsque le cycle roulage d'une ébauche contient plusieurs sous-cycles, avec ou sans
inversion du sens de rotation entre sous-cycles, pour les sous-cycles qui précèdent
le sous-cycle final.
[0089] On a vu que le procédé décrit réalise un formage à froid par roulage d'une ébauche
en matériau pressé-fritté, dans lequel on approche de l'ébauche au moins un outil
de géométrie périphérique pré-déterminé, pour faire rouler ensuite l'outil sur l'ébauche
en les sollicitant l'un vers l'autre. Après une phase (a) d'approche de l'ébauche,
le procédé comprend une phase de pénétration (b).
[0090] Selon un aspect de l'invention, cette phase de pénétration comporte, vers sa fin
(b
n), au moins une phase de roulage sous effort sensiblement constant, jusqu'à une position
choisie, cet effort, la position choisie, et le nombre de passages correspondant étant
déterminés pour contrôler la densification de surface et les dimensions de la pièce
roulée. L'effort sensiblement constant peut être défini par rapport à une valeur critique,
maintenue sous le seuil de détérioration, lequel peut être déterminé expérimentalement
et/ou d'une autre manière (par exemple par extrapolation à partir de pièces semblables).
Par "sensiblement constant", on entend une variation qui peut être de l'ordre de 10%
de la valeur critique. Les 10% sont de préférence pris sous la valeur critique, ce
qui peut permettre de rapprocher celle-ci du seuil de détérioration, si on le désire.
Par là même, on peut diminuer le temps de roulage, et, ensuite, avoir un meilleur
contrôle de l'écrouissage.
[0091] Autrement dit, la phase (b) peut comprendre le maintien de l'effort appliqué à l'ébauche
sous une valeur limite définie par rapport à un seuil de détérioration de l'ébauche
pressée-frittée. La détérioration peut tenir à un éclatement du coeur, à une désagrégation
de surface, et/ou à un écrouissage indu. Le seuil de détérioration dépend de différents
facteurs, comme les contraintes acceptables par l'ébauche en regard de la conformité
désirée pour la pièce finie, ainsi que les contraintes liées à la longévité désirée
de l'outil. La phase (b) peut aussi comprendre le maintien de l'effort appliqué à
l'ébauche à une valeur suffisamment voisine de ladite limite, pour éviter un écrouissage
excessif en minimisant le temps de roulage (dont dépend le coût de production). Cependant,
il existe des applications comme le "galetage" (correction de la géométrie d'une pièce)
, où l'écrouissage est moins critique, voire recherché.
[0092] Selon un autre aspect de l'invention, qui peut être déconnecté du précédent, la phase
de pénétration (b) s'effectue au moins partiellement sous asservissement en effort.
[0093] Selon encore un autre aspect de l'invention, la phase (b
n) de roulage sous effort sensiblement constant peut être précédée de (b
1) au moins une phase de montée en effort de roulage, bornée par une valeur maximum
de cet effort de roulage. Il est actuellement préféré que la montée en effort de la
phase (b
1) soit également bornée en termes de progression de l'effort dans le temps. Plus précisément
encore, la montée en effort de la phase (b
1) peut être effectuée selon une loi critique tendant à rapprocher la progression d'une
valeur limite admissible, déterminée expérimentalement, compte-tenu des caractéristiques
géométriques et mécaniques de l'ébauche et de la pièce finie. Ceci permet de se rapprocher
de l'idéal consistant (sauf cas particuliers) à effectuer la montée en effort aussi
rapidement que les caractéristiques de l'ébauche et de la pièce finie peuvent l'admettre.
[0094] La périphérie des outils peut être uniforme ou lisse, afin de former , des bagues
ou des portées, ce qui est particulièrement avantageux en matériau pressé-fritté,
puisque la matière peut se densifier, sans s'étaler longitudinalement dans le sens
des axes A1 et A2, comme le ferait un matériau massif. En bénéficiant au moins partiellement
du même avantage, elle peut aussi revêtir différentes autres formes prédéterminées
: filets, ou gorges annulaires, ou dentures droites ou hélicoïdales, notamment, pour
former des cannelures, un moletage, un filetage, ou un engrenage.
[0095] En outre, les ébauches peuvent elles-mêmes comporter des formes issues de l'élaboration
pressée-frittée, par exemple des dentures.
[0096] Les Figures 9A et 9B illustrent des allures générales des courbes de force et de
position que l'on peut observer selon l'invention. Ici, il est prévu deux phases (b
1) et (b
2), qui comportent, avant le palier F = Fb, des taux de croissance différents de l'effort,
ici constants à:

[0097] Les figures 10 à 13 illustrent des courbes réelles de position (échelle à gauche)
et force (échelle à droite). La remontée de position à droite correspond à l'éloignement
des outils, en phase (d). On peut commenter ces diagrammes comme suit:
- figure 10 : approche (a0 , a1) semi-rapide, montée en effort (b1) rapide, roulage (b2) sous effort sensiblement constant, pas de phase (c), phase (d) très courte;
- figure 11 : se distingue de la figure 10 par une approche (a0 , a1) plus rapide, montée en effort (b1, b2) en deux temps, d'abord lente, puis plus rapide; roulage (b3) sous effort sensiblement constant, pas de phase (c), phase (d) très courte;
- figure 12 : se distingue de la figure 11 par une approche (a0 , a1) encore plus rapide; la montée en effort (b1, b2) est aussi en deux temps, avec des taux différents ; la phase (c), présente un effort
globalement décroissant, mais avec des fluctuations dues, en présence d'un entr'axe
fixe, aux imperfections géométriques, légères mais inévitables, au contact outil/pièce,
notamment quant à la circularité de la pièce (avec deux outils, une zone donnée de
la pièce rencontre un outil deux fois par tour);
- Figure 13 : généralement semblable à la figure 10, mais avec un dédoublement en deux
parties 1a0 à 1d, et 2a0 à 2d ; une inversion du sens de rotation des outils peut être effectuée entre les
deux parties, au début de 2a0. Autrement dit, les phases (a) d'approche et (b) de pénétration sont réitérées après
inversion du sens de rotation du ou des outils. Ceci peut être fait plusieurs fois.
[0098] La figure 14 est une vue en coupe schématique qui fait apparaître l'ébauche EB, et
la pièce finalement souhaitée PI. La zone en trait hachuré simple correspond à la
partie de l'ébauche qui n'est pas modifiée par le roulage. La zone en trait hachuré
double indique la géométrie finale de la pièce, tandis que l'ébauche est de dimensions
un peu supérieures, comme illustré. Une telle pièce est connue sous la dénomination
"galet biconique", et peut posséder par exemple un diamètre de 30 mm (ébauche).
[0099] Une telle pièce peut être fabriquée par une méthode classique, utilisant un asservissement
de position (exprimé en vitesse et en position finale), pour obtenir un diamètre extérieur
final de 29,5 mm. En pratique, on observe des variations sur le diamètre final qui
sont supérieures à 30 µ, et de même un défaut de circularité supérieur à 30 µ. Cela
est accompagné d'un écrouissage superficiel.
[0100] Ces dispersions dans la pièce obtenue tiennent d'une part à la dispersion des diamètres
d'ébauche, d'autre part à la dispersion dans la forme des ébauches (en ce qui concerne
la largeur de la partie cylindrique et la largeur des cônes), d'une autre part encore
à une dispersion de dureté lorsque l'on passe d'une ébauche à une autre, et d'autre
part enfin à des variations d'homogénéité dans le pressé-fritté constitutif de l'ébauche.
[0101] Il a été observé que les dispersions précitées se traduisaient par des variations
de l'effort moyen appliqué, lorsque l'on passe d'une ébauche à une autre, ainsi que
par des fluctuations d'effort en cours de cycle, avec un accroissement globalement
continu de l'effort appliqué.
[0102] Il en découle des conséquences secondes, qui sont des fluctuations de l'entr'axe
réel des outils, par rapport à l'entr'axe asservi en position. On peut exprimer ceci
par une relation de la forme ΔX = f(F)/K, où K peut être considéré comme une constante
de ressort pour les parties mécaniques concernées, dans la machine de roulage.
[0103] Le même genre de pièce a été préparé par un roulage selon l'invention, avec un asservissement
d'effort, suivi d'une commande finale en position, pour la superfinition.
[0104] En ce qui concerne les pièces, la variation du diamètre fini est maintenant au plus
égale à 15 µ. Les variations de circularité sont au plus égales à 10 µ. Ceci illustre
clairement les avantages que l'on peut obtenir, en utilisant la présente invention,
en particulier une bien meilleure reproductibilité.
[0105] Il a été également observé qu'à temps de cycles équivalents, l'effort moyen obtenu
par l'asservissement selon l'invention est inférieur à l'effort maximum que l'on a
pu observer dans l'asservissement en position selon la technique antérieure.
[0106] A côté de cela, en utilisant l'invention, on peut rencontrer un temps de cycle variable,
d'une ébauche à l'autre. Mais, dans tous les cas, le temps de cycle qui est nécessaire
avec l'asservissement en effort reste inférieur au temps de cycle que l'on obtenait
précédemment avec les asservissements classiques en position.
[0107] La mise en oeuvre de l'invention se traduit également par une variation de la vitesse
d'avance des outils, en fonction de la résistance réelle de l'ébauche en cours de
roulage.
[0108] De tout cela, il résulte des conséquences induites. La première est l'absence de
fluctuation entre l'entr'axe réel et l'entr'axe mesuré, car on a ΔX = f(F)/K, ce qui
peut être considéré comme une constante, dans la mesure où l'effort est constant.
On observe également un moindre écrouissage du matériau pressé fritté, à réduction
de diamètre équivalente, puisque le temps de cycle est plus court.
[0109] Par ailleurs, les fluctuations de vitesse sont suffisamment faibles pour maîtriser
convenablement la circularité. En conséquence, il y a moins de dispersion, d'une ébauche
à l'autre, dans les pièces obtenues, autrement dit une meilleure reproductibilité
du roulage.
[0110] D'autres expériences ont été faites.
[0111] On considère d'abord le roulage d'engrenages, par exemple un engrenage hélicoïdal
de 28 dents, avec un module réel m
n = 2, un angle de pression réel α
n = 15°, et un angle d'hélice β = 32° (notation internationale).
[0112] Ces pièces sont difficiles à réaliser en roulage avec asservissement de position.
Différents essais ont été effectués par roulage en asservissement d'effort, avec phase
terminale de planage sur asservissement de position.
[0113] La Demanderesse a recherché des conditions correspondant à une réduction du diamètre
sur le flanc ainsi que du diamètre de pied de dent, pour atteindre les diamètres fixés
au plan de définition, à partir d'ébauches préformées de différentes natures et géométries.
Il en découle des variations de l'épaisseur de densification.
[0114] En recherchant les limites maximales, la Demanderesse a observé, pour une diminution
de diamètre s'élevant à 0,5 mm en pied de dent, une casse prématurée des outils de
roulage, après roulage de quelques dizaines de pièces (ce qui est économiquement inacceptable),
tandis que de son côté, l'effort de roulage programmé atteignait environ 3500 daN.
Cela tient à l'existence de contraintes mécaniques trop élevées sur les dents des
outils, d'où une rupture en pied de dents.
[0115] A partir de là, la Demanderesse a observé qu'il existe un effort critique, relatif
notamment à l'intégrité des outils. Cet effort critique peut être atteint par modification
de l'effort utile nécessaire, que l'on a fixée en l'espèce à une valeur maximum de
2300 daN. A été également effectuée une modification des ébauches pour réduire l'épaisseur
de densification, restreinte à 0,3 mm en pied de dent, dans l'exemple. Après ces modifications,
des conditions de roulage satisfaisantes ont pu être obtenues.
[0116] Si, avec ces nouveaux paramètres de roulage, on introduit une ébauche trop grande:
- le temps (c'est-à-dire le nombre de révolutions de la pièce ou ébauche) sera augmenté
;
- une sécurité peut stopper la machine si le cycle devient trop long ;
- les outils ne cassent pas.
[0117] D'autre expériences ont été faites pour le roulage de disques, par exemple de diamètre
de 35 mm pour une largeur de 10 mm.
[0118] Un roulage classique a été effectué en asservissement de positions, en vue d'obtenir
une dimension finale de 34,50 mm. Le résultat a été une casse de pièces, qui ont éclaté
en fragments multiples. La cause analysée a été une dispersion de dureté entre ébauches.
Il en résulte un effort final variable d'une pièce à l'autre, prenant occasionnellement
des valeurs trop grandes qui produisent la casse précitée. Le remède éventuel (connu
en asservissement de position) consiste en pareil cas à diminuer la vitesse d'avance.
Mais il en résulte un temps de roulage (ou nombre de révolutions de pièces) trop important,
qui se traduit par un écrouissage superficiel excessif de l'ébauche ou pièce, et une
décohésion de celle-ci.
[0119] En utilisant au contraire l'asservissement d'effort selon la présente invention,
on obtient des pièces satisfaisantes. L'effort maximum est limité mais constant. La
conséquence est une réduction de diamètre plus rapide au début de roulage, sur une
matière non encore écrouie. On peut travailler ensuite sur un nombre de révolutions
moyennement moins important, donc avec moins d'écrouissage, globalement.
[0120] L'invention n'est pas limitée aux modes de réalisation décrits. Ainsi, on peut utiliser
des variantes des machines décrites aux figures 1 à 4, notamment:
- deux moteurs respectifs pour entraîner les outils O1 et O2, avec ou sans liaison mécanique
entre leurs réducteurs,
- deux moteurs pour entraîner les systèmes vis/écrou BSD1 et BSD2 sur la figure 3, deux
vérins pour déplacer les deux chariots F1 et F2 par rapport au bâti B sur les figures
1 et 2,
- adaptations pour des machines à 3 outils ou plus.
[0121] Plus généralement, la commande en effort décrite peut être appliquée au roulage de
pièces selon des mises en oeuvre et moyens variables, sur la bases des techniques
actuellement employées, ou d 'autres à venir dans le domaine, comme les moteurs linéaires,
par exemple. Bien entendu, on peut accompagner cela de différentes techniques pour
obtenir l'asservissement en effort. Les grandeurs de mesure ne sont pas nécessairement
des efforts: on a vu que l'on peut, notamment partir de pressions, ce qui n'est qu'un
exemple non limitatif. Les grandeurs d'action ne sont pas non plus nécessairement
des efforts, dès lors que l'on saura les relier à des efforts ou forces, avec la précision
requise.
[0122] L'invention couvre également l'élément essentiel que constitue un programme pour
piloter une machine à commande numérique, pour la mise en oeuvre du procédé, dans
toutes ses variantes décrites.
