Domaine de l'invention
[0001] L'invention concerne des éléments de structure d'avion, notamment des tôles pour
fuselage d'avions commerciaux de grande capacité, réalisés à partir de produits laminés,
filés ou forgés en alliage AlCuMg à l'état traité par mise en solution, trempe et
écrouissage à froid, et présentant, par rapport aux produits de l'art antérieur utilisés
pour la même application, un compromis amélioré entre les différentes propriétés d'emploi
requises.
Etat de la technique
[0002] Le fuselage d'avions commerciaux de grande capacité est typiquement constitué d'une
peau en tôles en alliage de type AlCuMg, ainsi que de raidisseurs longitudinaux et
de cadres circonférentiels. On utilise le plus souvent un alliage de type 2024 qui
a, selon la désignation de l'Aluminum Association ou la norme EN 573-3 la composition
chimique suivante (% en poids) :
Si < 0,5 Fe<0,5 Cu : 3,8 - 4,9 Mg : 1,2-1,8 Mn : 0,3 - 0,9
Cr<0,10 Zn<0,25 Ti<0,15.
[0003] On utilise également des variantes de cet alliage. On demande à ces éléments structuraux
un compromis entre plusieurs propriétés telles que : la résistance mécanique (i.e.
les caractéristiques mécaniques statiques), la tolérance aux dommages (ténacité et
vitesse de fissuration en fatigue), la résistance à la fatigue (notamment oligocyclique),
la résistance aux différentes formes de corrosion, l'aptitude à la mise en forme.
Dans certains cas, notamment pour les avions supersoniques, la résistance au fluage
peut être critique.
[0004] Dans le but d'améliorer le compromis entre les différentes propriétés requises, notamment
la résistance mécanique et la ténacité, diverses solutions alternatives ont été proposées.
Boeing a développé l'alliage 2034 de composition :
Si <0,10 Fe<0,12 Cu : 4,2 - 4,8 Mg : 1,3 - 1,9
Mn : 0,8 - 1,3 Cr<0,05 Zn<0,20 Ti<0,15 Zr : 0,08 - 0,15
[0005] Cet alliage a fait l'objet du brevet EP 0 031 605 (= US 4 336 075). Il présente,
par rapport au 2024 à l'état T351, une meilleure limite d'élasticité spécifique due
à l'augmentation de la teneur en manganèse et à l'ajout d'un autre antirecristallisant
(Zr), ainsi qu'une ténacité et une résistance à la fatigue améliorées.
[0006] Le brevet US 5 652 063 (Alcoa) concerne un élément de structure d'avion réalisé à
partir d'un alliage de composition (% en poids) :
Cu: 4,85-5,3 Mg : 0,51-1,0 Mn : 0,4-0,8 Ag : 0,2 - 0,8
Si < 0,1 Fe < 0,1 Zr < 0,25 avec Cu/Mg compris entre 5 et 9.
La tôle de cet alliage à l'état T8 présente une limite d'élasticité > 77 ksi (531
MPa). L'alliage est particulièrement destiné aux avions supersoniques.
[0007] Le brevet EP 0 473 122 (= US 5 213 639) d'Alcoa décrit un alliage, enregistré à l'Aluminum
Association comme 2524, de composition : Si <0,10 Fe <0,12 Cu : 3,8 - 4,5 Mg :
1,2 - 1,8 Mn : 0,3 - 0,9 pouvant contenir éventuellement un autre antirecristallisant
(Zr, V, Hf, Cr, Ag ou Sc). Cet alliage est destiné plus particulièrement aux tôles
minces pour fuselage et présente une ténacité et une résistance à la propagation de
fissures améliorées par rapport au 2024.
[0008] La demande de brevet EP 0 731 185 de la demanderesse concerne un alliage, enregistré
ultérieurement sous le n° 2024A, de composition : Si < 0,25 Fe < 0,25 Cu : 3,5 -
5 Mg : 1 - 2 Mn < 0,55 avec la relation : 0 < Mn- 2Fe < 0,2
Les tôles épaisses en cet alliage présentent à la fois une ténacité améliorée et un
niveau réduit de contraintes résiduelles, sans perte sur les autres propriétés.
[0009] Le brevet US 5 593 516 (Reynolds) concerne un alliage pour applications aéronautiques
contenant de 2,5 à 5,5% Cu et 0,1 à 2,3% Mg, dans lequel les teneurs en Cu et Mg sont
maintenues en dessous de leur limite de solubilité dans l'aluminium, et sont liées
par les équations :

L'alliage peut contenir également : Zr < 0,20% V < 0,20% Mn < 0,80%
Ti<0,05% Fe<0,15% Si<0,10%.
[0010] Les brevets US 5 376 192 et US 5 512 112, issus de la même demande initiale, concernent
des alliages de ce type contenant de 0,1 à 1% d'argent. On peut remarquer que l'utilisation
d'argent dans ce type d'alliage conduit à une augmentation du coût d'élaboration et
des difficultés pour le recyclage des chutes de fabrication.
[0011] La demande de brevet EP 1 170 394 A2 (Alcoa) décrit quatre alliages de type AlCu
qui ont, respectivement, la composition
Cu 4,08 , Mn 0,29 , Mg 1,36 , Zr 0,12, Fe 0,02 , Si 0,01 ;
Cu 4,33 , Mn 0,30 , Mg 1,38 , Zr 0,10 , Fe 0,01 , Si 0,00 ;
Cu 4,09 , Mn 0,58 , Mg 1,35 , Zr 0,11 , Fe 0,02 , Si 0,01 ; et
Cu 4,22 , Mn 0,66 , Mg 1,32 , Zr 0,10 , Fe 0,01 , Si 0,01.
Le brevet enseigne comment transformer ces produits en tôles présentant une structure
à grains allongés, dans laquelle les grains montrent un rapport de longueur sur épaisseur
supérieur à 4. En respectant à la fois une microstructure et une texture bien spécifiques,
ce produit a de bonnes caractéristiques de résistance mécanique et de tolérance aux
dommages. Un des inconvénients de ces alliages est d'être basé sur un aluminium de
grande pureté (très faible teneur en silicium et fer), qui est cher. Un autre brevet
du même demandeur, US 5,630,889, divulgue une tôle à l'état T6 ou T8 en alliage AlCuMg
contenant :
Cu 4,66 , Mg 0,81 , Mn 0,62 , Fe 0,06 , Si 0,04 , Zn 0,36 %.
Un ajout d'argent améliore les propriétés de cet alliage. Toutefois, l'argent est
un élément coûteux, et il limite les possibilités de recyclage des produits ainsi
obtenus ainsi que de leurs chutes de production, ce qui contribue à augmenter encore
plus le coût de revient desdits produits.
[0012] La présente invention a pour but d'obtenir des éléments de structure d'avion, et
notamment des éléments de fuselage, en alliage AlCuMg, présentant, par rapport à l'art
antérieur, une tolérance aux dommages améliorée, une résistance mécanique au moins
égale, une résistance à la corrosion améliorée, et ceci sans recourir à des éléments
d'addition coûteux et gênants pour le recyclage.
Objet de l'invention
[0013] L'invention a pour objet un produit corroyé, notamment un produit laminé, filé ou
forgé, en alliage de composition (% en poids) :
Cu 3,80-4,30 , Mg 1,25-1,45 , Mn 0,20-0,50 , Zn 0,40-1,30 , Zr ≤ 0,05 , Fe < 0,15
, Si < 0,15 , Ag < 0,01
autres éléments < 0,05 chacun et < 0,15 au total, reste Al,
le dit produit pouvant être traité par mise en solution, trempe, et écrouissage à
froid, avec une déformation permanente comprise entre 0,5 % et 15 %, préférentiellement
entre 1 % et 5 %, et encore plus préférentiellement entre 1,5 % et 3,5 %. L'écrouissage
à froid peut être obtenu par traction contrôlée et/ou transformation à froid, par
exemple laminage ou étirage.
[0014] L'invention a également pour objet un élément de structure pour construction aéronautique,
notamment un élément de fuselage d'aéronef, fabriqué à partir d'un tel produit corroyé,
et notamment à partir d'un tel produit laminé.
Description de l'invention
[0015] Sauf mention contraire, toutes les indications relatives à la composition chimique
des alliages sont exprimées en pourcent massique. Par conséquent, dans une expression
mathématique, « 0,4 Zn » signifie : 0,4 fois la teneur en zinc, exprimée en pourcent
massique ; cela s'applique mutatis mutandis aux autres éléments chimiques. La désignation
des alliages suit les règles de The Aluminum Association. Les états métallurgiques
sont définis dans la norme européenne EN 515. Sauf mention contraire, les caractéristiques
mécaniques statiques, c'est-à-dire la résistance à la rupture R
m, la limite élastique R
p0,2, et l'allongement à la rupture A, sont déterminées par un essai de traction selon
la norme EN 10002-1. Le terme « produit filé » inclut les produits dits « étirés »,
c'est-à-dire des produits qui sont élaborés par filage suivi d'un étirage.
[0016] Dans les alliages AlCuMg de l'art antérieur les plus performants pour la fabrication
d'éléments de structure de fuselage d'avion, un bon niveau de ténacité est obtenu
en spécifiant des niveaux très bas en fer et en silicium, et en limitant les teneurs
en cuivre et en magnésium pour faciliter la mise en solution des particules intermétalliques
grossières. Pour obtenir un niveau suffisant de résistance mécanique, l'homme de métier
est enclin à maintenir une teneur significative en manganèse, puisque celui-ci contribue
au durcissement de l'alliage. La quasi-totalité des alliages de la série 2xxx ne contiennent
pas plus que 0,25 % de zinc.
[0017] La teneur en cuivre de l'alliage selon l'invention est comprise entre 3,80 et 4,30
%, et de préférence entre 4,05 et 4,30 % ; elle se situe donc dans la moitié basse
de l'intervalle de teneur de l'alliage 2024, de manière à limiter la fraction volumique
résiduelle de particules grossières au cuivre. Pour la même raison, l'intervalle de
la teneur en magnésium, qui doit être comprise entre 1,25 et 1,45 % et de préférence
entre 1,28 et 1,42 %, est décalé vers le bas par rapport à celui du 2024. La teneur
en manganèse est maintenue entre 0,20 et 0,50 %, de préférence entre 0,30 et 0,50
, et encore plus préférentiellement entre 0,35 et 0,48 %. La mise en oeuvre de l'invention
ne nécessite pas d'ajout significatif de zirconium à une teneur supérieure à 0,05
%.
[0018] La présente invention nécessite un contrôle soigneux de la teneur en zinc, l'alliage
étant déchargé en cuivre, magnésium et manganèse. La teneur en zinc doit être comprise
entre 0,40 et 1,30 %, préférentiellement entre 0,50 et 1,10 %, et encore plus préférentiellement
entre 0,50 et 0,70 %. Dans un mode de réalisation avantageux, lorsque les teneurs
en cuivre, magnésium et manganèse sont inférieures à, respectivement, 4,20 %, 1,38
% et 0,42 %, il est préférable que la teneur en zinc soit au moins égale à (1,2Cu
- 0,3Mg + 0,3Mn - 3,75).
[0019] Selon les constatations de la demanderesse, ce déchargement de la teneur en cuivre,
magnésium et manganèse et l'ajout d'une quantité exactement contrôlée de zinc conduit,
en utilisant des procédés de mise en oeuvre appropriés, à des tôles qui ont approximativement
la même résistance mécanique, mais une meilleure tolérance aux dommages par rapport
aux tôles qui ne contiennent pas cet ajout de zinc, à une formabilité au moins aussi
bonne, et à une meilleure résistance à la corrosion.
[0020] Les teneurs en silicium et en fer sont maintenues chacune en dessous de 0,15%, et
de préférence en dessous de 0,10%, pour avoir une bonne ténacité. L'homme du métier
sait que la diminution de la teneur en fer et silicium améliore la tolérance aux dommages
des alliages AlCuMg et AlZnMgCu utilisés en construction aéronautique (voir l'article
de J.T. Staley, « Microstructure and Toughness of High Strength Aluminium Alloys »,
paru dans « Properties Related to Fracture Toughness », ASTM STP605, ASTM, 1976, pp.
71-103). Toutefois, ce n'est que dans des cas très particuliers (en fonction du type
d'alliage et de l'application visée) que le gain en tolérance aux dommages lié à l'utilisation
d'un aluminium contenant moins de 0,06 % de fer et silicium chacun est suffisamment
important pour pouvoir être valorisé. La mise en oeuvre de la présente invention n'exige
pas que la teneur en fer et silicium soit inférieure à 0,06% chacun, car dans l'intervalle
de composition sélectionné, la tolérance aux dommages est très bonne.
[0021] Enfin, contrairement aux alliages décrits dans les brevets US 5 376 192, US 5 512
112 et US 5 593 516, l'alliage ne contient aucune addition d'argent, ni d'un autre
élément susceptible d'augmenter le coût de production de l'alliage et de polluer les
autres alliages produits sur le même site par recyclage des chutes de fabrication.
[0022] Le procédé de fabrication préféré comporte la coulée de plaques, dans le cas où le
produit à fabriquer est une tôle laminée, ou de billettes dans le cas où il s'agit
d'un profilé filé ou d'une pièce forgée. La plaque ou la billette est scalpée, puis
homogénéisée entre 450 et 500 °C. On effectue ensuite la transformation à chaud par
laminage, filage ou forgeage, éventuellement complétée par une étape de transformation
à froid. Le demi-produit laminé, filé ou forgé est ensuite mis en solution entre 480
et 505°C, de manière à ce que cette mise en solution soit aussi complète que possible,
c'est-à-dire que le maximum de phases potentiellement solubles, notamment les précipités
Al
2Cu et Al
2CuMg, soient effectivement remises en solution. La qualité de la mise en solution
peut être appréciée par analyse enthalpique différentielle (AED) en mesurant l'énergie
spécifique à l'aide de l'aire du pic sur le thermogramme. Cette énergie spécifique
doit être, de préférence, inférieure à 2 J/g.
[0023] Puis on procède à la trempe à l'eau froide, et ensuite à un écrouissage à froid conduisant
à un allongement permanent compris entre 0,5 % et 15%. Cet écrouissage à froid peut
être une traction contrôlée avec un allongement permanent compris entre 1 et 5 % amenant
le produit à un état T351. On préfère une traction contrôlée avec un allongement permanent
compris entre 1,5 % et 3,5 %. Ce peut être aussi une transformation à froid par laminage
dans le cas des tôles ou par étirage dans le cas des profilés, avec un allongement
permanent pouvant aller jusqu'à 15%, amenant le produit à l'état T39, ou à l'état
T3951 si on combine le laminage ou l'étirage avec la traction. Le produit subit enfin
un vieillissement naturel à température ambiante. La microstructure finale est en
général largement recristallisée, avec des grains relativement fins et assez équiaxes.
[0024] Le produit selon la présente invention se prête bien pour l'utilisation en tant qu'élément
de structure d'aéronef, par exemple en tant qu'élément de peau de fuselage, et notamment
comme élément pour la tôle de revêtement (peau) de fuselage. Ces tôles, de préférence
plaquées, sont d'une épaisseur comprise entre 1 et 16 mm, et présentent une bonne
résistance à la corrosion intergranulaire ainsi qu'à la corrosion sur assemblage riveté.
Elles présentent une résistance à la rupture au sens L et / ou sens TL supérieure
à 430 MPa, et préférentiellement supérieure à 440 MPa, et une limite d'élasticité
en sens L et / ou TL supérieure à 300 MPa, et préférentiellement supérieure à 320
MPa. Elles présentent une bonne formabilité (allongement à rupture au sens L et /
ou TL supérieur à 19 % et préférentiellement supérieur à 20 %), et une tolérance aux
dommages Kr, calculée à partir d'une courbe R obtenue selon ASTM E 561 pour une valeur
Δa
eff de 60 mm, supérieure à 165 MPa√m dans les sens T-L et L-T, supérieure à 180 MPa√m
dans le sens L-T, ainsi qu'une vitesse de propagation de fissures da/dN, déterminée
selon la norme ASTM E 647 dans le sens T-L ou L-T pour une valeur ΔK de 50 MPa√m,
inférieure à 2,5.10
-2 mm / cycle (et préférentiellement inférieure à 2,0 10
-2 mm / cycle) et un rapport de charges R=0,1. Ce type de compromis de propriétés est
particulièrement adéquat pour le revêtement de fuselage. La tôle selon l'invention
peut être une tôle plaquée d'au moins une face avec un alliage de la série 1xxx, et
préférentiellement avec un alliage sélectionné dans le groupe constitué par les alliages
1050, 1070, 1300 et 1145.
[0025] Compte tenu du fait que le rivetage est le mode d'assemblage le plus fréquemment
utilisé pour des peaux de fuselage, on préfère pour l'application comme revêtement
de fuselage des tôles plaquées selon l'invention qui résistent particulièrement bien
à la corrosion par couplage galvanique dans un assemblage riveté. Plus particulièrement,
on préfère des tôles plaquées qui montrent un courant de corrosion galvanique inférieur
à 4µA/cm
2, et préférentiellement inférieur à 2,5µA/cm
2, pour une exposition allant jusqu'à 200 heures, pendant des essais de corrosion dans
un assemblage riveté, en plaçant l'alliage d'âme dans un solution non désaérée contenant
0,06 M de NaCl et l'alliage de placage dans une solution à 0,02 M de AlCl
3 désaérée par barbotage d'azote.
[0026] Dans les exemples qui suivent on décrit à titre d'illustration des modes de réalisation
avantageux de l'invention. Ces exemples n'ont pas de caractère limitatif.
Exemples
Exemple 1
[0027] On a élaboré quatre alliages N0, N1, N2 et N3 dont la composition chimique était
conforme à l'invention. Le métal liquide a été traité d'abord dans le four de maintien
par injection de gaz à l'aide d'un rotor de type connu sous la marque IRMA, et puis
dans une poche de type connu sous la marque Alpur. L'affinage a été fait en ligne,
c'est-à-dire entre le four de maintien et la poche Alpur, avec du fil AT5B (0,7 kg/t
pour N0, N1 et N3, 0,3 kg/t pour N2). On a coulée des plaques de 3,0 m de long et
de section 1450 mm x 377 mm (sauf pour N3 : section 1450 x 446 mm). Elles ont été
détendues pendant 10h à 350°C.
[0028] Des plaques en alliage 2024 selon l'art antérieur (références E et F) ont également
été élaborés selon le même procédé.
[0029] Les compositions chimiques des alliages N0, N1, N2, N3, E et F, mesurées sur un pion
de spectrométrie prélevé dans le chenal de coulée, sont rassemblées dans le tableau
1 :
Tableau 1 :
| Composition chimique |
| Alliage |
Si |
Fe |
Cu |
Mn |
Mg |
Zn |
Cr |
| N0 |
0,03 |
0,08 |
4,16 |
0,41 |
1,35 |
0,59* |
0,001 |
| N1 |
0,03 |
0,08 |
4,00 |
0,40 |
1,22 |
0,63 |
|
| N2 |
0,03 |
0,07 |
3,98 |
0,39 |
1,32 |
0,59 |
|
| N3 |
0,06 |
0,07 |
4,14 |
0,43 |
1,26 |
1,28 * |
|
| E |
0,06 |
0,19 |
4,14 |
0,51 |
1,36 |
0,11 |
0,007 |
| F |
0,06 |
0,16 |
4,15 |
0,51 |
1,38 |
0,12 |
0,014 |
| Placage 1050 |
0,14 |
0,25 |
0,003 |
0,029 |
0,001 |
0,017 |
|
| * analyse chimique effectuée sur solutions |
[0030] Dans tous les cas, le placage en alliage 1050 correspond à environ 2 % de l'épaisseur.
[0031] Pour les alliages selon l'art antérieur (alliages E et F), les plaques ont été réchauffées
aux alentours de 450°C, puis laminées à chaud au laminoir réversible jusqu'à une épaisseur
d'environ 20 mm. Les bandes ainsi obtenues ont été laminées sur un laminoir tandem
à trois cages jusqu'à une épaisseur finale voisine de 5 mm, puis bobinées (à des températures
de 320°C et 260°C, respectivement pour les alliages F et E). Dans le cas de l'alliage
F, la bobine ainsi obtenue a été laminée à froid jusqu'à une épaisseur de 3,2 mm.
Des tôles ont été découpées, mise en solution en four à bain de sel à une température
de 498,5°C pendant une durée de 30 min (tôle E d'épaisseur 5 mm) ou 25 min (tôle F
d'épaisseur 3,2 mm), puis parachevées (défripage suivi d'une traction contrôlée avec
un allongement permanent compris entre 1.5 et 3%).
[0032] S'agissant des alliages selon l'invention, la plaque N0 a subi le cycle d'homogénéisation
suivant :

alors que les alliages N1, N2 et N3 ont subi une homogénéisation de 12 h à 500 °C.
Après un réchauffage (environ 18 h entre 425 et 445 °C), les plaques ont été laminées
à chaud (température d'entrée : 413 °C) jusqu'à une épaisseur d'environ 90 mm. La
bande N0 ainsi obtenue a été coupée en deux dans le sens perpendiculaire à la direction
de laminage. On a ainsi obtenu deux bandes, repérées N01 et N02. Ces bandes ont été
laminées sur un laminoir à chaud tandem 3 cages jusqu'à une épaisseur finale de 6
mm (température de bobinage environ 320 - 325 °C).
[0033] Une plaque de l'alliage N1 et N3 et une plaque de l'alliage N3 ont été laminées à
chaud à 5.5 mm avant d'être laminées à froid à l'épaisseur finale de 3.2 mm, et une
autre plaque de l'alliage N1 a été laminée à chaud à 4.5 mm avant d'être laminée à
froid à l'épaisseur finale de 1.6 mm.
Une plaque de l'alliage N2 a été laminée à chaud à l'épaisseur finale de 6 mm (température
de bobinage tandem 270°C).
[0034] La bobine N01 n'a pas subi d'autre passe de laminage, tandis que la bobine N02 a
été laminée à froid jusqu'à une épaisseur finale de 3,2 mm.
[0035] Les tôles une fois débitées ont été mises en solution dans un four à bain de sel
(épaisseur 6 mm : 60 minutes à 500 °C ; épaisseur 3,2 mm : 40 minutes à 500 °C ; épaisseur
1 ,6 mm : 30 minutes à 500 °C) suivie d'une trempe à l'eau à environ 23 °C. Après
trempe, les tôles ont subi un défripage et une traction avec un allongement permanent
cumulé compris entre 1,5 et 3,5 %. Le temps d'attente entre trempe et défripage ne
dépassait pas 6 heures.
[0036] On a mesuré la résistance à la rupture R
m (en MPa), la limite d'élasticité conventionnelle à 0,2% d'allongement R
p0,2 (en MPa) et l'allongement à la rupture A (en %) par un essai de traction selon EN
10002-1.
[0037] Les résultats des mesures des caractéristiques mécaniques statiques à l'état T351
sont présentés dans le tableau 2 :
Tableau 2 :
| Caractéristiques mécaniques statiques |
| Tôle |
Ep [mm] |
Sens L |
Sens TL |
| |
|
Rm[MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
Rm [MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
| N01 |
6,0 |
442 |
336 |
22,8 |
442 |
323 |
23,5 |
| N02 |
3,2 |
456 |
353 |
20,3 |
449 |
318 |
24,7 |
| N1 |
1,6 |
455 |
359 |
20,2 |
434 |
298 |
21,8 |
| N1 |
3,2 |
460 |
360 |
19,3 |
438 |
308 |
22,3 |
| N2 |
6 |
471 |
384 |
19,8 |
462 |
343 |
19,9 |
| N3 |
3,2 |
453 |
360 |
21,3 |
443 |
317 |
24,2 |
| E |
5,0 |
Non mesuré |
456 |
341 |
17.7 |
| F |
3,2 |
454 |
318 |
19.2 |
[0038] L'aptitude à la mise en forme caractérisée par la ductilité en traction (valeur de
l'allongement A) semble meilleure pour l'alliage selon l'invention, et ce, pour les
deux épaisseurs considérées. La formabilité des tôles d'épaisseur supérieure à 4mm
a été également caractérisée à l'aide de l'essai LDH (Limit Dome Height) sur des formats
de 500 mm x 500 mm à l'état T351. Les résultats suivants ont été obtenus :
| Tôle N01 (ép. 6 mm) |
LDH = 81 mm |
| Tôle E (ép. 5 mm) |
LDH = 75 mm |
Cela confirme la meilleure aptitude à la mise en forme de l'alliage selon l'invention.
[0039] La tolérance au dommage a été caractérisé de plusieurs façons. La courbe R a été
mesurée selon la norme ASTM E 561 sur des éprouvettes de type CCT, de largeur W =
760 mm, 2a0 = 253 mm, e = épaisseur de la tôle, avec un pilotage en déplacement de
piston et une vitesse de traction de 1 mm/min, en utilisant un montage anti-voilage
en acier. Les éprouvettes étaient prélevées au sens T-L et au sens L-T. On a calculé
la valeur de K
r [MPa√m] pour différentes valeurs de Δ a
eff [mm].
[0040] Les résultats sont indiqués dans le tableau 3 :
Tableau 3 :
| Résultats de l'essai de courbe R |
| Tôle |
Ep [mm] |
sens |
Kr [MPa√m] pour une valeur Δ aeff de |
| |
|
|
10 mm |
20 mm |
30 mm |
40 mm |
50 mm |
60 mm |
| N02 |
3,2 |
T-L |
81 |
108 |
129 |
148 |
164 |
180 |
| N01 |
6,0 |
T-L |
77 |
105 |
127 |
144 |
159 |
173 |
| N1 |
1,6 |
T-L |
102 |
123 |
138 |
152 |
164 |
175 |
| N1 |
3,2 |
T-L |
85 |
110 |
130 |
147 |
161 |
175 |
| N2 |
6 |
T-L |
89 |
117 |
137 |
153 |
167 |
179 |
| N3 |
3,2 |
T-L |
91 |
119 |
139 |
155 |
168 |
181 |
| F |
3,2 |
T-L |
82 |
107 |
125 |
139 |
151 |
162 |
| E |
5,0 |
T-L |
83 |
105 |
120 |
132 |
142 |
151 |
| N2 |
3,2 |
L-T |
84 |
119 |
145 |
166 |
184 |
199 |
| N1 |
6,0 |
L-T |
90 |
122 |
145 |
163 |
179 |
193 |
| N1 |
1,6 |
L-T |
92 |
118 |
138 |
157 |
174 |
191 |
| N1 |
3,2 |
L-T |
88 |
119 |
142 |
162 |
179 |
196 |
| N2 |
6 |
L-T |
87 |
121 |
145 |
164 |
180 |
194 |
| N3 |
3,3 |
L-T |
93 |
125 |
148 |
168 |
184 |
199 |
| E |
5,0 |
L-T |
104 |
126 |
141 |
154 |
165 |
174 |
[0041] On constate que pour des fortes valeurs de Δ a
eff [mm], le produit selon l'invention dépasse le produit standard en alliage 2024.
[0042] Le produit selon l'invention présente donc une meilleure résistance à la rupture
dans le cas d'un panneau fissuré.
[0043] La vitesse de fissuration da/dN (en mm/cycle) pour différents niveaux de ΔK (exprimés
en MPa√m) a été déterminée selon la norme ASTM E 647 sur des éprouvettes de type CCT
prélevées dans le sens T-L et dans le sens L-T, de largeur W = 400 mm, 2ao = 4 mm,
e = épaisseur de la tôle, dans des conditions de R = 0,1 et avec une contrainte maximale
de 120 MPa et un dispositif anti-voilage pour les éprouvettes d'épaisseur inférieure
à 3,2 mm. Les résultats sont indiqués dans le tableau 4.
Tableau 4 :
| Résultats de l'essai de vitesse de propagation |
| Tôle |
Ep [mm] |
sens |
da/dN [mm / cycle] pour Δ K [MPa√m] de |
| |
|
|
10 |
20 |
30 |
40 |
50 |
| N02 |
3,2 |
T-L |
1,5 10-4 |
6,5 10-4 |
1,5 10-3 |
0,4 10-2 |
1,0 10-2 |
| N01 |
6,0 |
T-L |
1,5 10-4 |
9,3 10-4 |
1,8 10-3 |
0,6 10-2 |
1,4 10-2 |
| N1 |
1.6 |
T-L |
1.6 10-4 |
4.6 10-4 |
1.4 10-3 |
0.4 10-2 |
1.0 10-2 |
| N1 |
3.2 |
T-L |
1.8 10-4 |
7.2 10-4 |
1.6 10-3 |
0.4 10-2 |
1.0 10-2 |
| N2 |
6 |
T-L |
2.1 10-4 |
8.7 10-4 |
2.3 10-3 |
0.6 10-2 |
1.6 10-2 |
| N3 |
3.2 |
T-L |
1.6 10-4 |
7.0 10-4 |
1.4 10-3 |
0.4 10-2 |
0.8 10-2 |
| F |
3,2 |
T-L |
1,4 10-4 |
8,2 10-4 |
3,2 10-3 |
1,0 10-2 |
2,9 10-2 |
| E |
5,0 |
T-L |
1,9 10-4 |
14,0 10-4 |
6,1 10-3 |
1,9 10-2 |
4,4 10-2 |
| N02 |
3,2 |
L-T |
1,5 10-4 |
5,4 10-4 |
1,8 10-3 |
0,5 10-2 |
1,4 10-2 |
| N01 |
6,0 |
L-T |
1,8 10-4 |
8,8 10-4 |
1,4 10-3 |
0,5 10-2 |
1,1 10-2 |
| N1 |
1.6 |
L-T |
1.2 10-4 |
4.42 10-4 |
1.2 10-3 |
0.3 10-2 |
0.8 10-2 |
| N1 |
3.2 |
L-T |
1.7 10-4 |
4.9 10-4 |
1.8 10-3 |
0.6 10-2 |
1.6 10-2 |
| N2 |
6 |
L-T |
1.9 10-4 |
10.4 10-4 |
2.5 10-3 |
0.7 10-2 |
1.3 10-2 |
| N3 |
3.2 |
L-T |
1.66 10-4 |
5.1 10-4 |
1.6 10-3 |
0.4 10-2 |
1.0 10-2 |
| E |
5,0 |
L-T |
1,5 10-4 |
7,6 10-4 |
2,4 10-3 |
0,8 10-2 |
2,2 10-2 |
[0044] On constate que les tôles de 2024, notamment pour ΔK ≥ 20 MPa√m, présentent une vitesse
de fissuration deux à trois fois plus élevée que pour le produit selon l'invention.
Ce dernier permet donc des intervalles d'inspection plus longs (à masse de structure
donnée) ou bien des allègements de la structure à intervalle d'inspection fixé.
[0045] En ce qui concerne les courbes R et les valeurs de ΔK, il convient de noter que les
valeurs les plus significatives vis à vis du comportement de la structure réelle d'un
aéronef se situent dans le domaine compris entre 15 et 60 MPa√m.
[0046] En effet, les contraintes de fatigue dans une peau de fuselage sont généralement
de l'ordre de 50 à 100 MPa, pour des défauts détectables de l'ordre de 20 à 50 mm,
sachant que K = σ √(πa), où σ est la contrainte et le paramètre a signifie la taille
du défaut.
[0047] Pour un espacement entre raidisseurs supérieur à 100 mm, les valeurs de K à rupture
pour une charge limite supérieure à 200 MPa sont supérieures à environ 120 MPa√m pour
les courbes R décrites, avec des K apparents (K
r) supérieurs à environ 110 MPa√m. Ceci signifie que la portion dimensionnante de la
courbe R est constituée de points correspondant à une avancée de fissure statique
Δ a
eff de plus de 20 mm.
[0048] On a également caractérisé la résistance à la corrosion des tôles. On constate que
l'alliage selon l'invention montre intrinsèquement, c'est-à-dire après déplacage par
usinage, une résistance à la corrosion intergranulaire, mesurée selon la norme ASTM
G 110, sensiblement comparable à celle du 2024 de référence.
[0049] Sur des tôles plaquées, la mesure du potentiel de corrosion dans l'âme et dans le
placage selon la norme ASTM G 69 a donné les résultats donnés dans le tableau 5 ci-après.
Ces résultats ne montrent pas de différence significative en ce qui concerne l'écart
de potentiel entre âme et placage (caractéristique du pouvoir de protection cathodique
d'un placage). Cela est surprenant dans la mesure où, conformément aux données publiées
(voir notamment « ASM Handbook », 9
th Edition, Volume 13, « Corrosion », page 584, figure 5), l'ajout de zinc dans un alliage
d'aluminium diminue significativement le potentiel de corrosion, ce qui aurait dû
avoir comme effet de limiter l'écart de potentiel entre âme et placage de l'alliage
selon l'invention.
Tableau 5 :
| Potentiels [mV/ECS] et écarts de potentiel [mV] |
| Tôle |
Ep [mm] |
Potentiel de l'âme [mV/ECS] |
Potentiel du placage [mV/ECS] |
Ecart de potentiel [mV] |
| N02 |
3.2 |
-620 |
-768 |
148 |
| N01 |
6.0 |
-611 |
-801 |
190 |
| N1 |
1.6 |
-634 |
-772 |
138 |
| N1 |
3.2 |
-632 |
-775 |
143 |
| N2 |
6 |
-636 |
-770 |
134 |
| N3 |
3.2 |
-636 |
-755 |
119 |
| E |
5.0 |
-609 |
-775 |
166 |
[0050] En revanche, et de façon surprenante, on constate que lors d'un essai de corrosion
par couplage galvanique dans un assemblage riveté, le produit selon l'invention se
comporte de façon significativement meilleure. Selon les constatations de la demanderesse,
cet essai, qui a été décrit par exemple dans le brevet EP 0 623 462 B1, est particulièrement
pertinent pour évaluer l'aptitude de tôles plaquées à l'usage en construction aéronautique.
L'essai consiste à mesurer le courant qui s'établit naturellement entre l'anode (alliage
de placage placé dans une cellule contenant une solution de AlCl
3 (0,02 M, désaérée par barbotage d'azote)) et la cathode (alliage d'âme placée dans
une cellule contenant une solution de NaCl (0,06 M, aérée)), un pont salin assurant
le contact électrolytique entre les deux cellules. Les deux éléments (placage et âme)
ont la même surface (2,54 cm
2). On enregistre les densités de courant de couplage pendant toute la durée de l'essai.
On observe que le courant atteint un plateau après environ 55 heures et n'évolue pratiquement
plus pendant la durée des essais (200 h ou 15 jours, selon l'échantillon). Les résultats
sont résumés dans le tableau 6.
Tableau 6 :
| Simulation électrochimique de l'assemblage |
| |
Tôle N2 |
Tôle N1 |
Tôle F |
Tôle E |
| Courant plateau après 55 heures [µA/cm2] |
1,6 |
1,2 |
2,8 |
2,4 |
| Perte de masse mesurée [mg/cm2] après 5 jours d'essai |
1,06 |
0,79 |
1,57 |
Non mesurée |
[0051] A titre de comparaison, les exemples décrits dans le fascicule de brevet EP 0 623
462 B1 donnent pour l'alliage standard 2024 plaqué avec un alliage 1070 un courant
plateau de 3,1 µA/cm
2.
[0052] On constate que le produit selon l'invention (N1 et N2) présente un courant de corrosion
et une perte de masse beaucoup plus faibles que le produit standard selon l'art antérieur.
Pour certaines applications, par exemple des éléments structuraux pour aéronef, cela
procure un avantage très significatif en termes de durée de vie.
Exemple 2
[0053] A partir de tôles laminées à chaud et éventuellement à froid (état F) de l'alliage
selon l'invention (voir exemple 1), on a élaboré plusieurs autres états métallurgiques
sous forme de format de dimensions 600 mm (sens L) x 160 mm (sens TL) x épaisseur.
Les tôles brutes de laminage d'épaisseur 3,2 mm (brut de laminage à froid) ou 6,0
mm (brut de laminage à chaud) ont été soumises à une mise en solution suivie d'une
trempe, une maturation et une traction contrôlée, comme indiqué dans le Tableau 7
:
Tableau 7 :
| Conditions d'élaboration des tôles de l'exemple 2 |
| Repère |
Epaisseur [mm] |
Durée de mise en solution à 500°C [min] |
Durée de maturation |
Traction contrôlée |
| N0A |
3,2 |
30 |
< 2 h |
2% |
| N0B |
3,2 |
30 |
< 2 h |
4% |
| N0C |
3,2 |
30 |
< 2 h |
6% |
| N0D |
3,2 |
30 |
24 h |
2% |
| N0E |
3,2 |
30 |
24 h |
6% |
| N0F |
6,0 |
40 |
< 2 h |
2% |
| N0G |
6,0 |
40 |
< 2 h |
4% |
| N0H |
6,0 |
40 |
< 2 h |
6% |
| N0I |
6,0 |
40 |
24 h |
2% |
| N0J |
6,0 |
40 |
24 h |
6% |
[0054] Les repères se terminant par A, D, F et I correspondent à des états T351. Les différents
échantillons ont été caractérisés par des essais de traction (sens L et TL) ainsi
que par des essais de ténacité.
[0055] La ténacité a tout d'abord été évaluée dans les sens T-L et L-T à l'aide de la contrainte
maximale R
e (en MPa) et de l'énergie d'écoulement E
ec selon l'essai Kahn. La contrainte Kahn est égale au rapport de la charge maximale
F
max que peut supporter l'éprouvette sur la section de l'éprouvette (produit de l'épaisseur
B par la largeur W). L'énergie d'écoulement est déterminée comme l'aire sous la courbe
Force-Déplacement jusqu'à la force maximale F
max supportée par l'éprouvette. L'essai est décrit dans l'article « Kahn-Type Tear Test
and Crack Toughness of Aluminum Alloy Sheet », paru dans la revue Materials Research
& Standards, Avril 1964, p. 151- 155. L'éprouvette utilisée pour l'essai de ténacité
Kahn est décrite, par exemple, dans le « Metals Handbook », 8
th Edition, vol. 1, American Society for Metals, pp. 241-242.
[0056] La ténacité a également été abordée pour les tôles d'épaisseur 6mm, à l'aide d'un
essai de type courbe R, dans le sens T-L, mais sur des éprouvettes de taille plus
restreinte que celle décrite dans l'exemple 1. On a utilisé des eprouvettes de type
CT, de largeur W = 127 mm, a
0 = 38.5 mm, e = épaisseur de la tôle, avec un pilotage en déplacement de piston et
une vitesse de traction de 1 mm/min.
[0057] Les différents résultats sont donnés dans les tableaux 8 et 9 ci-après.
Tableau 8 :
| Caractéristiques mécaniques statiques |
| Repère |
Maturation |
Traction |
Caractéristiques statiques sens L |
Caractéristiques statiques sens TL |
| |
|
|
Rm [MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
Rm [MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
| N0A |
< 2 h |
2% |
450 |
345 |
21.6 |
444 |
307 |
23.7 |
| N0B |
< 2 h |
4% |
456 |
369 |
21.4 |
448 |
322 |
21.1 |
| N0C |
< 2 h |
6% |
464 |
394 |
17.6 |
453 |
339 |
18.2 |
| N0D |
24 h |
2% |
457 |
351 |
22.1 |
449 |
313 |
23.2 |
| N0E |
24 h |
6% |
473 |
413 |
18.7 |
464 |
352 |
18.6 |
| N0F |
< 2 h |
2% |
433 |
334 |
22.5 |
432 |
297 |
21.5 |
| N0G |
< 2 h |
4% |
437 |
353 |
22.3 |
436 |
308 |
21.1 |
| N0H |
< 2 h |
6% |
443 |
375 |
19.5 |
443 |
324 |
20.9 |
| N0I |
24 h |
2% |
440 |
338 |
24.1 |
443 |
308 |
23.1 |
| N0J |
24 h |
6% |
459 |
399 |
20.2 |
460 |
347 |
18.6 |
√
Tableau 9 :
| Caractéristiques de ténacité |
| Repère |
Maturation |
Traction |
Essai sur éprouvette « Kahn » |
Essai de courbe R sur éprouvette CT127 |
| |
|
|
Re [MPa] / Eec [J] |
Sens T-L |
| |
|
|
Sens T-L |
Sens L-T |
Kapp [MPa√m] |
Keff [MPa√m] |
| N0A |
< 2 h |
2% |
163 / 15,0 |
166 / 15,4 |
Non mesuré |
| N0B |
< 2 h |
4% |
164 / 13,3 |
169 / 13,7 |
Non mesuré |
| N0C |
< 2 h |
6% |
167 / 12,3 |
172 / 12,9 |
Non mesuré |
| N0D |
24 h |
2% |
164 / 14,3 |
168 / 15,5 |
Non mesuré |
| N0E |
24 h |
6% |
172 / 12,0 |
176 / 12,4 |
Non mesuré |
| N0F |
< 2 h |
2% |
160 / 29,0 |
163 / 30,7 |
99,3 |
149,2 |
| N0G |
< 2 h |
4% |
165 / 28,4 |
166 / 27,8 |
99,9 |
137,6 |
| NOH |
< 2 h |
6% |
167 / 25,5 |
167/25,1 |
93,8 |
125,5 |
| NOI |
24 h |
2% |
165 / 30,0 |
165 / 28,9 |
99,6 |
149,3 |
| NOJ |
24 h |
6% |
172 / 24,0 |
172 / 24,2 |
101,1 |
137,1 |
Exemple 3 :
[0058] Des tôles élaborées selon l'exemple 2 ont été soumis à un écrouissage de 5 % (par
traction contrôlée) après la trempe. Les tableaux 10 et 11 montrent les résultats
des caractérisations. √
Tableau 10 :
| Caractéristiques mécaniques statiques |
| Tôle |
Ep [mm] |
Sens L |
Sens TL |
| |
|
Rm [MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
Rm [MPa] |
Rp0,2 [MPa] |
A [%] |
| N1 |
1.6 |
468 |
404 |
20.1 |
456 |
341 |
20.6 |
| N1 |
3.2 |
472 |
408 |
18.2 |
464 |
348 |
19.3 |
| N2 |
6 |
488 |
422 |
19.1 |
475 |
368 |
20.2 |
Tableau 11 :
| Résultats de l'essai de courbe R sur tôles tractionnées 5% |
| Tôle |
Ep [mm] |
Sens |
Kr [MPa√m] pour une valeur Δ aeff de |
| |
|
|
10 mm |
20 mm |
30 mm |
40 mm |
50 mm |
60 mm |
| N1 |
1.6 |
T-L |
66 |
91 |
112 |
130 |
148 |
164 |
| N1 |
3.2 |
T-L |
96 |
124 |
144 |
160 |
173 |
186 |
| N2 |
6 |
T-L |
84 |
111 |
131 |
147 |
161 |
173 |
| N1 |
1.6 |
L-T |
86 |
111 |
132 |
152 |
171 |
189 |
| N1 |
3.2 |
L-T |
101 |
133 |
157 |
178 |
195 |
212 |
| N2 |
6 |
L-T |
82 |
112 |
136 |
157 |
175 |
192 |
1. Produit corroyé, notamment laminé, filé ou forgé, en alliage de type AlCuMg, caractérisé en ce qu'il comporte (% en poids) :
Cu 3,80-4,30 , Mg 1,25-1,45 , Mn 0,20-0,50 , Zn 0,40 - 1,30 , Fe<0,15 , Si < 0,15
, Zr ≤ 0,05 , Ag<0,01
autres éléments <0,05 chacun et < 0,15 au total, reste Al.
2. Produit selon la revendication 1, dans lequel Cu 4,05 - 4,30.
3. Produit selon la revendication 1 ou 2, dans lequel Mg 1,28 - 1,42.
4. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, dans lequel
Mn 0,30 - 0,50 et préférentiellement Mn 0,35 - 0,48.
5. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, dans lequel Zn 0,50-1,10
et préférentiellement Zn 0,50 - 0,70.
6. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, dans lequel Fe < 0,10.
7. Produit selon l'une quelconque des revendication 1 à 6, dans lequel Si < 0,10.
8. Produit selon la revendication 1, dans lequel
Cu < 4,20 , Mg < 1,38 , Mn < 0,42 , Zn ≥ (1,2 Cu - 0,3 Mg + 0,3 Mn- 3,75).
9. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce qu'il a été mis en solution, trempé et écroui à froid avec une déformation permanente
comprise entre 0,5 % et 15 %, préférentiellement comprise entre 1 % et 5 %, et encore
plus préférentiellement entre 1,5 % et 3,5 %.
10. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisé en que ledit produit est une tôle avec une épaisseur compris entre 1 et 16 mm.
11. Produit selon l'une quelconque des revendication 1 à 10, caractérisée en ce que ladite tôle est une tôle plaquée d'au moins une face avec un alliage de la série
1xxx, et préférentiellement avec un alliage sélectionné dans le groupe constitué par
les alliages 1050, 1070, 1300 et 1145.
12. Produit selon l'une quelconque des revendication 1 à 11, caractérisé en ce que sa résistance à la rupture au sens L et / ou sens TL est supérieure à 430 MPa, et
préférentiellement supérieure à 440 MPa.
13. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 12, caractérisé en ce que sa limite d'élasticité au sens L et / ou sens TL est supérieure à 300 MPa, et préférentiellement
supérieure à 320 MPa.
14. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 13, caractérisé en ce que son allongement à rupture au sens L et / ou sens TL est supérieur à 19 % et préférentiellement
supérieur à 20 %.
15. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 14, caractérisé en ce que sa tolérance aux dommages Kr, calculée à partir d'une courbe R obtenue selon ASTM
E 561 pour une valeur Δ a eff de 60 mm, est supérieure à 165 MPa√m dans les sens T-L et L-T.
16. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 15, caractérisé en ce que sa tolérance aux dommages Kr, calculée à partir d'une courbe R obtenue selon ASTM
E 561 pour une valeur Δ a eff de 60 mm, est supérieure à 180 MPa√m dans le sens L-T.
17. Produit selon l'une quelconque des revendications 1 à 16, caractérise en ce que sa vitesse de propagation de fissures da/dn, déterminée selon la norme ASTM E 647
dans le sens T-L ou L-T pour un rapport de charge R=0,1 et une valeur Δ K de 50 MPa√m,
est inférieure à 2,5 10-2 mm / cycle, et préférablement inférieure à 2,0 10-2 mm / cycle.
18. Tôle plaquée selon l'une quelconque des revendications 1 à 17, caractérisé en ce que le courant de corrosion galvanique est inférieur à 4µA/cm2 pour une exposition allant jusqu'à 200 heures, pendant des essais de corrosion dans
un assemblage riveté, en plaçant l'alliage d'âme dans une solution aérée contenant
0,06 M de NaCl et l'alliage de placage dans une solution à 0,02 M de AlCl3 désaérée par barbotage d'azote.
19. Tôle plaquée selon la revendication 18, caractérisée en ce que ledit courant de corrosion galvanique est inférieur à 2,5µA/cm2.
20. Elément de structure d'aéronef réalisé à partir d'au moins un produit selon l'une
quelconque des revendications 1 à 19.
21. Elément de structure selon la revendication 20, caractérisé en ce que ledit élément de structure est un élément de peau de fuselage.
22. Procédé de fabrication d'un produit corroyé selon l'une des revendications 1 à 19,
comprenant les étapes suivantes :
(a) coulée d'une plaque ou billette,
(b) homogénéisation entre 450 °C et 500 °C,
(c) transformation à chaud par filage, laminage ou forgeage,
(d) éventuellement une transformation à froid,
(e) mise en solution entre 480 °C et 505 °C,
(f) trempe,
(g) écrouissage à froid conduisant à une déformation permanente comprise entre 0,5
% et 15 %.
23. Procédé selon la revendication 22, dans lequel l'écrouissage est effectué de façon
à conduire à une déformation permanente comprise entre 1 et 5 %, et préférentiellement
entre 1,5 et 3,5 %.