[0001] La présente invention concerne l'obtention d'une pièce mécanique présentant une direction
principale le long de laquelle s'étendent une zone de coeur formant un noyau et une
zone périphérique formant une enveloppe qui entoure ledit noyau, ledit noyau et ladite
enveloppe présentant entre eux une liaison métallurgique, ledit noyau étant réalisé
dans un premier matériau présentant au moins une matrice métallique et ladite enveloppe
étant réalisée dans un deuxième matériau présentant au moins une matrice métallique.
[0002] Elle concerne plus précisément:
- une pièce mécanique réalisée avec deux parties formées d'un noyau réalisé dans un
premier matériau présentant au moins une matrice métallique et d'une enveloppe réalisée
dans un deuxième matériau présentant au moins une matrice métallique; et
- un procédé de fabrication qui permet l'obtention, par sa mise en oeuvre, de ladite
pièce mécanique précitée.
[0003] En particulier, de manière non limitative, la présente invention concerne l'obtention
d'une pièce mécanique pour laquelle la matrice métallique du premier matériau et/ou
du deuxième matériau présente l'aluminium comme métal de base.
[0004] Dans une application préférée, mais non limitative, la présente invention concerne
une pièce mécanique utilisée dans le secteur aéronautique, en particulier comme aube
mobile ou fixe d'un compresseur, notamment basse pression, ou bien comme aube de soufflante
(« fan ») de turboréacteur.
[0005] Toutefois, la présente invention n'est pas destinée à être limitée à la réalisation
d'aubes ni à n'être appliquée seulement au secteur aéronautique : d'autres types de
pièces mécaniques peuvent être envisagées, notamment dans les secteurs des machines-outils
ou dans le secteur automobile, comme des carters, des tubes, des cylindres ou des
pièces d'usure dans le domaine du freinage.
[0006] Spécifiquement, des pièces mécaniques de plus en plus légères et présentant de bonnes
caractéristiques de résistance mécanique et de tenue en température sont requises,
pour des applications de divers types.
[0007] Ainsi, en particulier dans le domaine aéronautique, et plus précisément dans les
turboréacteurs, sont recherchés des matériaux avec des caractéristiques de résistance
mécanique et de tenue à la température optimales, notamment pour la fabrication des
aubes fixes et/ou mobiles.
[0008] A l'heure actuelle, les alliages de titane sont largement utilisés à cet effet, ce
qui a notamment pour inconvénients des coûts important de matière première ainsi qu'un
poids parfois encore considéré comme trop important.
[0009] Des solutions visant à la réalisation de pièces creuses en titane permettant d'alléger
les structures sont aussi utilisées, ce qui engendre des techniques de fabrication
relativement sophistiquées et coûteuses.
[0010] On peut se référer au document US 6 218 026 qui propose la réalisation d'une pièce
mécanique hybride composée notamment de deux alliages différents de titane respectivement
disposés à l'emplacement de parties interne et externe de la pièce. Selon ce document
de l'art antérieur, la partie interne et la partie externe sont reliées entre elles
par une liaison métallurgique obtenue par pressage isostatique à chaud.
[0011] En tout état de cause, on vise à obtenir une pièce mécanique dont le module d'élasticité
est plus important dans la partie interne que dans la partie externe afin d'améliorer
les propriétés mécaniques de la pièce sans altérer particulièrement sa densité.
[0012] Toutefois, l'intervention d'un alliage de titane est par ailleurs préjudiciable du
point de vue de la masse de la pièce mécanique et du coût de matière première tandis
que la technique de pressage isostatique à chaud est lourde à mettre en oeuvre.
[0013] La présente invention a pour objectif de pallier les inconvénients de ces techniques
de l'art antérieur en proposant une pièce mécanique et son procédé de fabrication
à l'aide de techniques métallurgiques simples à mettre en oeuvre.
[0014] Selon un de ses aspects, la présente invention concerne donc une pièce mécanique
présentant une direction principale le long de laquelle s'étendent une zone de coeur
formant un noyau et une zone périphérique formant une enveloppe qui entoure ledit
noyau, ledit noyau et ladite enveloppe présentant entre eux une liaison métallurgique,
ledit noyau étant réalisé dans un premier matériau présentant au moins une matrice
métallique et ladite enveloppe étant réalisée dans un deuxième matériau présentant
au moins une matrice métallique.
[0015] De façon caractéristique, lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième
matériaux présentent le même métal de base et l'un au moins parmi lesdits premier
et deuxième matériaux est formé d'un composite à matrice métallique comprenant des
éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique.
[0016] De cette manière, on comprend qu'il est possible d'obtenir une pièce présentant un
noyau et une enveloppe entre lesquelles est formée une interface formée d'une liaison
physico-chimique de très bonne qualité du fait de la similitude entre les premier
et deuxième matériaux qui comportent le même métal de base.
[0017] Les caractéristiques de l'interface entre deux matériaux formant une pièce, que l'on
peut donc qualifier de complexe, sont d'une grande importance, en particulier lorsque
l'un au moins de ces matériaux est un composite à matrice métallique : l'identité
entre le métal de base rentrant dans la composition des premier et deuxième matériaux
est à cet égard d'une grande importance dans l'obtention d'un noyau et d'une enveloppe
formant entre eux une liaison métallurgique présentant une grande résistance mécanique.
[0018] En outre, cet agencement permet, par la présence des éléments de renforcement, dans
l'un au moins parmi le premier matériau et le deuxième matériau, d'améliorer les propriétés
de résistance mécanique et, éventuellement de tenue en température, de la pièce dans
la partie que l'on souhaite renforcer, tout en conservant globalement une densité
similaire à celle de la matrice métallique.
[0019] On note incidemment que selon l'application envisagée pour la pièce mécanique, soit
l'un seulement parmi le premier matériau (noyau) et le deuxième matériau (enveloppe),
soit à la fois le premier matériau et le deuxième matériau (noyau et enveloppe), est
(sont) constitué(s) d'un composite à matrice métallique comprenant des éléments de
renforcement dispersés dans ladite matrice métallique.
[0020] Dans ce dernier cas, la composition du premier matériau est différente de celle du
deuxième matériau, au moins en ce qui concerne la proportion des éléments de renforcement.
[0021] Les dispositions suivantes sont de préférence adoptées, de manière indépendante ou
combinée :
- ledit métal de base est l'aluminium ;
- lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième matériaux sont respectivement
formées d'un premier alliage et d'un deuxième alliage, ledit premier alliage et ledit
deuxième alliage appartenant aux alliages à base d'aluminium des séries 2000, 5000,
6000 ou 7000 selon les normes ASTM ; de préférence, ledit premier alliage et ledit
deuxième alliage appartiennent à la même série d'alliage à base d'aluminium parmi
lesdites séries 2000, 5000, 6000 ou 7000 selon les normes ASTM, en particulier à la
série 2000 ;
- éléments de renforcement sont des particules de carbure de silicium (SiC), d'alumine
(Al2O3) ou de carbure métallique tel que carbure de tungstène, de bore ou de titane ;
- lesdits éléments de renforcement représentent au plus 50% en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique ; de préférence, lesdits éléments de renforcement
représentent entre 5 et 35%, de préférence entre 10 et 20%, et de préférence de l'ordre
de 15% en poids de la composition dudit composite à matrice métallique ;
- l'un parmi lesdits premier et deuxième matériaux est formé dudit composite à matrice
métallique comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice
métallique, l'autre parmi lesdits premier et deuxième matériaux étant formé seulement
de ladite matrice métallique ;
- ledit premier matériau est formé seulement de ladite matrice métallique qui comporte
l'aluminium comme métal de base et ledit deuxième matériau est formé dudit composite
à matrice métallique comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite
matrice métallique, ladite matrice métallique ayant l'aluminium comme métal de base
et lesdits éléments de renforcement étant formés de particules de carbure de silicium
(SiC) : ce choix préférentiel permet de bénéficier de la bonne tenue à l'érosion et
à l'impact de l'Al/SiC et de sa rigidité plus importante ;
- lesdits premier et deuxième matériaux sont formés dudit composite à matrice métallique
comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique,
lesdits éléments de renforcement représentant un pourcentage en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique différent dans ledit noyau et dans ladite enveloppe
;
- lesdits éléments de renforcement représentent un pourcentage en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique progressif dans ledit premier matériau et dans
ledit deuxième matériau, depuis le centre dudit noyau vers la périphérie de ladite
enveloppe ;
- ledit premier matériau présente, pour lesdits éléments de renforcement, un pourcentage
en poids de la composition dudit composite à matrice métallique plus important que
dans ledit deuxième matériau;
- ledit deuxième matériau présente, pour lesdits éléments de renforcement, un pourcentage
en poids de la composition dudit composite à matrice métallique plus important que
dans ledit premier matériau.
[0022] Selon une application préférentielle, mais non limitative, de la pièce mécanique
selon l'invention, on considère une aube constituée de ladite pièce mécanique.
[0023] Une telle aube peut appartenir à un compresseur, en particulier basse pression, que
ce soit en tant qu'aube fixe ou en tant qu'aube mobile.
[0024] Egalement, une telle aube peut s'appliquer à la réalisation d'une soufflante de turboréacteur.
[0025] Selon un autre aspect, la présente invention concerne le procédé de fabrication qui
permet l'obtention, par sa mise en oeuvre, de ladite pièce mécanique précitée.
[0026] De manière générale, le procédé de fabrication selon la présente invention permet
l'obtention d'une pièce mécanique, par la mise en oeuvre des étapes suivantes :
a) on réalise par compactage un demi-produit contenant un noyau et une enveloppe,
ledit noyau et ladite enveloppe présentant entre eux une liaison métallurgique, ledit
noyau étant réalisé dans un premier matériau présentant au moins une matrice métallique
et ladite enveloppe étant réalisée dans un deuxième matériau présentant au moins une
matrice métallique, lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième matériaux
présentant le même métal de base et en l'un au moins parmi lesdits premier et deuxième
matériaux étant formé d'un composite à matrice métallique comprenant des éléments
de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique,
b) on réalise le forgeage du demi-produit pour obtenir une ébauche, et
c) on usine ladite ébauche pour aboutir à un produit fini formant ladite pièce mécanique.
[0027] Concernant la réalisation de l'étape a), plusieurs solutions sont possible sans sortir
du cadre de la présente invention.
[0028] Selon une première solution, ladite étape a) consiste à former conjointement le noyau
et l'enveloppe par la technique de métallurgie des poudres. Selon cette technique,
qui met en ouvre la compression d'une poudre dans une matrice, suivie d'un traitement
thermique dit « frittage», il est ainsi possible d'obtenir une pièce métallique formant
directement le demi-produit.
[0029] Cette première solution est en particulier bien adaptée à la situation dans laquelle
on souhaite obtenir une pièce mécanique où lesdits éléments de renforcement représentent
un pourcentage en poids de la composition dudit composite à matrice métallique progressif
dans ledit premier matériau (noyau) et dans ledit deuxième matériau (enveloppe), depuis
le centre dudit noyau vers la périphérie de ladite enveloppe, soit en diminuant depuis
le centre, soit en augmentant depuis le centre, entre par exemple, un minimum de 0%
à 10% et un maximum inférieur ou égale à 50% en poids.
[0030] Cette première solution ne se limite toutefois pas au cas de figure qui précède et
il peut s'appliquer également aux deux cas mentionnés ci-après :
- lesdits premier et deuxième matériaux sont formés dudit composite à matrice métallique
comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique,
lesdits éléments de renforcement représentant un pourcentage en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique différent dans ledit noyau et dans ladite enveloppe,
- l'un parmi lesdits premier et deuxième matériaux est formé dudit composite à matrice
métallique comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice
métallique, l'autre parmi lesdits premier et deuxième matériaux étant formé seulement
de ladite matrice métallique.
[0031] Selon une deuxième solution, ladite étape a) consiste à réaliser successivement les
sous-étapes suivantes :
a1) former une tige s'étendant selon une direction longitudinale dans ledit premier
matériau, ladite tige étant destinée à former ledit noyau placé au coeur de la pièce
mécanique ;
a2) former un manchon s'étendant selon une direction longitudinale dans ledit deuxième
matériau, ledit manchon étant destinée à former l'enveloppe de la pièce mécanique
en entourant ledit noyau ;
a3) introduire la tige dans le manchon pour former un ensemble, et
a4) passer à travers un orifice de section réduite ledit ensemble pour diminuer au
moins une dimension dudit ensemble selon une direction perpendiculaire à ladite direction
longitudinale et afin de créer une liaison métallurgique entre ladite tige et le dit
manchon.
[0032] Cette deuxième solution est en particulier bien adaptée à la situation dans laquelle
on souhaite obtenir une pièce mécanique où lesdits éléments de renforcement ne sont
présents que dans l'un parmi lesdits premier et deuxième matériaux, l'autre parmi
lesdits premier et deuxième matériaux étant formé seulement de ladite matrice métallique.
On privilégie alors la réalisation de celui parmi le noyau (premier matériau) et l'enveloppe
(deuxième matériau) qui comporte les éléments de renforcement par la technique de
métallurgie des poudres.
[0033] La sous-étape a4) de la deuxième solution de l'étape a), consiste à effectuer, de
préférence, un laminage ou un filage de l'ensemble, c'est-à-dire par passages successifs,
en force et à chaud, entre des paires de cylindres de plus en plus rapprochés ou dans
des filières de section de plus en plus petite.
[0034] D'une manière générale, cette étape a) utilise une technique réalisant le compactage,
en particulier la mise sous pression entre le noyau et l'enveloppe, soit au moment
de leur formation conjointe (première solution), soit au moment de leur formation
initiale en tant que pièces séparées (deuxième solution), de manière à créer entre
les matériaux les constituant une liaison de type métallurgique engendrant une bonne
interface.
[0035] Il est entendu que cette liaison de type métallurgique forme un contact plus intime
qu'une liaison mécanique, les premier et deuxième matériaux étant si proches que les
forces inter-atomiques entrent en jeu. Une telle interface permettra à la pièce mécanique
de résister de manière satisfaisante aux différentes contraintes auxquelles elle est
soumise.
[0036] Concernant la réalisation de l'étape b) de forgeage, plusieurs solutions sont possible
sans sortir du cadre de la présente invention.
[0037] En effet, le forgeage consiste d'une manière générale en une opération métallurgique
qui a pour objet de transformer les lingots en ébauches de forme déterminée par déformation
d'un métal porté à une température où il est suffisamment malléable, la déformation
étant obtenue soit par choc (pilon, mouton), soit par pression (presses avec matrice
fermée) entre deux outils.
[0038] Selon une solution préférentielle, cette étape de forgeage consiste en un matriçage
ou estampage. D'autres possibilités de forgeage peuvent également être utilisées seules,
ou en combinaison avec le matriçage : forgeage sous presse, par pilon...
[0039] En particulier, le procédé de fabrication selon la présente invention s'applique
à un premier matériau qui est formé seulement de ladite matrice métallique qui comporte
l'aluminium comme métal de base et à un deuxième matériau qui est formé dudit composite
à matrice métallique comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite
matrice métallique, ladite matrice métallique ayant l'aluminium comme métal de base
et lesdits éléments de renforcement étant formés de particules de carbure de silicium
(SiC) : ce choix préférentiel permet de bénéficier d'une très bonne interaction entre
un alliage d'aluminium et des particules de SiC, comme il est expliqué dans US 6 135
195, pour un matériau dont le prix est plus faible que celui du titane.
[0040] En outre, le choix de l'aluminium comme métal de base permet de bénéficier de ses
bonnes propriétés d'allongement, notamment pour l'étape de forgeage et également,
dans le cas de la deuxième solution de l'étape a), lors de l'étape a4) de passage
dans un orifice de section plus réduite (laminage ou filage), ainsi que de sa bonne
tenue à la corrosion.
[0041] L'invention sera mieux comprise, et les caractéristiques secondaires et leurs avantages
apparaîtront au cours de la description de modes de réalisation de la pièce mécanique
selon l'invention donnée ci-dessous à titre d'exemple.
[0042] Il est entendu que la description et les dessins ne sont donnés qu'à titre indicatif
et non limitatif.
[0043] Il sera fait référence aux dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est une vue en section longitudinale partielle d'un turboréacteur double-flux
montrant une soufflante et un accélérateur illustrant à titre d'exemple des applications
possibles de la pièce mécanique selon la présente invention,
- la figure 2 est une vue en coupe longitudinale de l'agencement permettant la réalisation
de l'une des étapes du procédé de fabrication selon la présente invention selon l'une
des solutions possibles,
- les figures 3 et 4 sont des vues en perspective d'aubes tronquées à leur extrémité
radialement externe qui illustrent des applications possibles de la pièce mécanique
selon la présente invention, et
- la figure 5 est une vue en perspective partielle avec coupe selon la direction longitudinale
d'une autre aube pouvant former la pièce mécanique selon la présente invention.
[0044] Un exemple des applications possibles de la pièce mécanique selon la présente invention
est représenté à la figure 1 sous la forme d'un turboréacteur double-flux 100.
[0045] Ce turboréacteur 100 comprend une structure conventionnelle qui comporte différents
éléments disposés axialement autour de l'axe longitudinal 102, en communication de
fluide entre eux, à savoir notamment une soufflante 104 et un accélérateur 106.
[0046] Il est entendu qu'un tel turboréacteur comprend les autres éléments conventionnels
d'une telle structure, à savoir un compresseur haute pression, une chambre de combustion,
une turbine haute pression et une turbine basse pression, ces différents éléments
supplémentaires n'étant pas représentés pour des raisons de clarté.
[0047] La soufflante 104 et l'accélérateur 106 sont menés en rotation par la turbine basse
pression grâce à l'axe de rotor 108.
[0048] La soufflante 104 comprend une série d'aubes 110 s'étendant radialement qui sont
montées sur un disque annulaire 112 : une seule de ces aubes apparaît sur la figure
1. Il est entendu que le disque 112 et les aubes 110 sont montés en rotation autour
de l'axe 102 du moteur 100.
[0049] Le moteur 100 comporte en outre un carter de soufflante 114.
[0050] L'accélérateur 106 comprend plusieurs séries d'aubes mobiles 116 en rotation montées
sur un disque 118 et entre lesquelles sont montées des séries d'aubes fixes 120.
[0051] La présente invention concerne l'obtention d'une pièce mécanique pouvant constituer
en particulier chacune des aubes 110 de la soufflante 104 et/ou chacune des aubes
mobiles 116 et/ou des aubes fixes 120 de l'accélérateur 106.
[0052] Egalement, la pièce mécanique selon la présente invention peut également constituer
les aubes fixes et/ou mobiles d'autres éléments d'un turboréacteur, identique ou différent
de celui illustré sur la figure 1, tel qu'un compresseur, en particulier un compresseur
basse pression.
[0053] Comme il a été mentionné précédemment, il convient de rappeler que la pièce mécanique
selon la présente invention peut également trouver application dans d'autres domaines
que celui de l'aéronautique pour la formation d'éléments structurels devant résister
mécaniquement tout en présentant une structure relativement légère.
[0054] Un exemple de réalisation du procédé de fabrication selon la présente invention permettant
l'obtention des aubes mentionnées précédemment va maintenant être décrit.
[0055] Dans cet exemple de réalisation non limitatif, on considère la réalisation d'une
aube composé d'un noyau réalisé dans un premier matériau formé d'un alliage à base
d'aluminium et d'une enveloppe réalisée dans un deuxième matériau formé d'un composite
à matrice métallique dans lequel la matrice métallique est un alliage à base d'aluminium
et les éléments de renforcement sont des particules de carbure de silicium (SiC).
[0056] Dans ce cas, est tout d'abord formée une tige 10 en aluminium par les techniques
classiques de fabrication des alliages en aluminium.
[0057] Est également fabriqué un manchon 20 réalisé dans le deuxième matériau précité formant
un composé à matrice métallique qui peut être obtenu par la technique de métallurgie
des poudres.
[0058] La prochaine étape consiste à introduire la tige 10 à l'intérieur du manchon 20 afin
de former un ensemble 30 : il est clair qu'à ce stade il existe un jeu, voire un espace
entre la surface extérieure de la tige 10 et la surface intérieure de la paroi du
manchon 20.
[0059] Afin de solidariser entre eux la tige 10 et le manchon 20 de l'ensemble 30, tout
en réalisant une bonne interface entre ces deux éléments, on choisit d'effectuer un
filage qui est représenté sur la figure 2.
[0060] Sur cette figure 2, l'ensemble 30 apparaît comme étant introduit dans l'entrée 40
d'une filière 42. Cette entrée 40 présente une forme de tronc de cône avec un angle
au centre α formant l'angle de réduction. Cette entrée 40 présente un diamètre amont
supérieur au diamètre extérieur du manchon 20, tandis que le diamètre aval de l'entrée
40 présente un diamètre inférieur au diamètre de la tige 10.
[0061] En conséquence, l'ensemble 30 est, lors du passage en force et à chaud au niveau
de l'entrée 40 de la filière 42, réduit en section par allongement, une interface
étant créée entre la tige 10 et le manchon 20 qui forment conjointement de cette manière
un demi-produit complexe 32 à la sortie 44 de la filière 42.
[0062] Il est entendu que l'étape de filage illustrée sur la figure 2 peut comporter plusieurs
passages successifs dans des filières présentant des diamètres de plus en plus petits.
[0063] Dans l'exemple de réalisation illustré, l'angle de réduction α est égal à 30°, cet
angle de réduction pouvant varier d'une manière générale entre 1° et 45° et de préférence
entre 5 et 35°.
[0064] De cette manière, on obtient une réduction de section entre l'ensemble 30 et le demi-produit
complexe 32 de l'ordre de 10 à 70 % et, de préférence, entre 20 et 60 %.
[0065] On peut relever que cette technique de filage, notamment lorsqu'elle est effectuée
par le passage successif dans des filières en série, permet, par la pression exercée
entre les surfaces en contact par friction, une bonne cohésion entre les matériaux
constituant le noyau et l'enveloppe.
[0066] Cet exemple de réalisation a été réalisé avec une tige 10 présentant un diamètre
de 30 mm réalisée dans un alliage d'aluminium de série 2024 T4, tandis que le manchon
20 présentait un diamètre extérieur de 70 mm et un diamètre intérieur de 40 mm en
étant réalisé dans un deuxième matériau formant un composite à matrice métallique,
la matrice métallique étant un alliage d'aluminium de série 2024 T4 et l'élément de
renforcement étant composé de particules de carbure de silicium d'une taille moyenne
de 5 µm à hauteur de 15 % en poids.
[0067] Un tel filage peut être effectué à température ambiante ou bien à chaud, en particulier
avec une température de l'ordre de 400°C.
[0068] Après le filage, l'étape ultérieure de l'exemple de réalisation décrit de manière
détaillée consiste à effectuer un forgeage par matriçage en vue de donner la forme
quasi-définitive de l'aube.
[0069] Ce matriçage est réalisé par des étapes successives dans des matrices tendant progressivement
à présenter la forme définitive de l'aube dans des conditions de pression et de température
adaptées aux matériaux pour maintenir une bonne interface et une bonne adhésion entre
le noyau et l'enveloppe : une température de l'ordre de 430°C et une pression de l'ordre
de 100 MPa ont notamment été utilisées.
[0070] A l'issue de ces étapes de forgeage par matriçage du demi-produit 32, on obtient
une ébauche (non représentée) qui est ensuite usinée pour aboutir à un produit fini
formant la pièce mécanique selon l'invention, en particulier une aube telle que celles
qui sont représentées sur les figures 3 à 5.
[0071] Sur ces figures, l'aube 50 qui est représentée conformément à différentes formes
comporte un noyau 52 réalisé dans le premier matériau constituant initialement la
tige 10, tandis que l'enveloppe 54 entourant le noyau 52 est réalisée dans le deuxième
matériau formant initialement le manchon 20 de l'ensemble 30 de la figure 2.
[0072] Comme on peut le voir sur les parties en coupe transversale des figures 3 et 4 ainsi
que sur la zone en coupe longitudinale de la figure 5, l'aube 50 présente une régularité
de répartition du premier matériau et du deuxième matériau entre le noyau 52 et l'enveloppe
54.
[0073] Ce résultat très satisfaisant est obtenu, contre toute attente, par des techniques
relativement simples à mettre en oeuvre, ce qui génère des propriétés mécaniques homogènes,
notamment dans les différentes parties du voile 50a de l'aube, ainsi qu'une continuité
entre les propriétés mécaniques de l'aube entre la voile 50a et le pied 50b de l'aube
(voir figure 5).
[0074] Dans cet exemple de réalisation, on comprend qu'on a placé l'alliage en aluminium
dans la partie centrale de l'aube, ce qui permet de bénéficier des propriétés de flexion
de l'aluminium alors qu'en surface, le composite à matrice métallique Al/SiC permet
une plus grande rigidité et une meilleure tenue à l'impact et à l'érosion.
[0075] Il est bien entendu que, selon l'application à laquelle est destinée la pièce mécanique
obtenue selon la présente invention, notamment de la partie requérant la rigidité
la plus importante, on peut choisir de placer le composite à matrice métallique Al/SiC
dans le noyau (au coeur de la pièce mécanique) ou bien dans l'enveloppe (en surface
de la pièce mécanique).
[0076] La présente invention n'est pas limitée à l'utilisation d'éléments de renforcement
sous la forme de particules de carbure de silicium, des particules d'alumine (Al
2O
3) ou des carbures métalliques, tels que le carbure de tungstène, le carbure de tungstène,
le carbure de bore ou le carbure de titane, pouvant également être utilisés.
[0077] Egalement, comme il a été exposé dans la partie d'introduction, la présente invention
s'applique également à la réalisation d'une pièce mécanique réalisée entièrement en
un composite à matrice métallique, lequel présente une composition progressive en
éléments de renforcement depuis le centre du noyau vers la périphérie de l'enveloppe.
1. Pièce mécanique (50, 110) présentant une direction principale le long de laquelle
s'étendent une zone de coeur formant un noyau (52) et une zone périphérique formant
une enveloppe (54) qui entoure ledit noyau (52), ledit noyau (52) et ladite enveloppe
(54) présentant entre eux une liaison métallurgique, ledit noyau (52) étant réalisé
dans un premier matériau présentant au moins une matrice métallique et ladite enveloppe
(54) étant réalisée dans un deuxième matériau présentant au moins une matrice métallique,
caractérisée en ce que lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième matériaux présentent le même
métal de base et en ce que l'un au moins parmi lesdits premier et deuxième matériaux est formé d'un composite
à matrice métallique comprenant des éléments de renforcement dispersés dans ladite
matrice métallique.
2. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 1, caractérisée en ce que ledit métal de base est l'aluminium.
3. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 2, caractérisée en ce que lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième matériaux sont respectivement
formées d'un premier alliage et d'un deuxième alliage, ledit premier alliage et ledit
deuxième alliage appartenant aux alliages à base d'aluminium des séries 2000, 5000,
6000 ou 7000 selon les normes ASTM.
4. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 3, caractérisée en ce que ledit premier alliage et ledit deuxième alliage appartiennent à la même série d'alliage
à base d'aluminium parmi lesdites séries 2000, 5000, 6000 ou 7000 selon les normes
ASTM, en particulier à la série 2000.
5. Pièce mécanique (50, 110) selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisée en ce que lesdits éléments de renforcement sont des particules de carbure de silicium (SiC),
d'alumine (Al2O3) ou de carbure métallique tel que carbure de tungstène, de bore ou de titane.
6. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 5, caractérisée en ce que lesdits éléments de renforcement représentent au plus 50% en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique.
7. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 6, caractérisée en ce que lesdits éléments de renforcement représentent entre 5 et 35%, de préférence entre
10 et 20%, et de préférence de l'ordre de 15% en poids de la composition dudit composite
à matrice métallique.
8. Pièce mécanique (50, 110) selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisée en ce que l'un parmi lesdits premier et deuxième matériaux est formé dudit composite à matrice
métallique comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice
métallique, l'autre parmi lesdits premier et deuxième matériaux étant formé seulement
de ladite matrice métallique.
9. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 8, caractérisée en ce que ledit premier matériau est formé seulement de ladite matrice métallique qui comporte
l'aluminium comme métal de base et en ce que ledit deuxième matériau est formé dudit composite à matrice métallique comprenant
lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique, ladite
matrice métallique ayant l'aluminium comme métal de base et lesdits éléments de renforcement
étant formés de particules de carbure de silicium (SiC).
10. Pièce mécanique (50, 110) selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisée en ce que lesdits premier et deuxième matériaux sont formés dudit composite à matrice métallique
comprenant lesdits éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique,
lesdits éléments de renforcement représentant un pourcentage en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique différent dans ledit noyau (52) et dans ladite
enveloppe (54).
11. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 10, caractérisée en ce que lesdits éléments de renforcement représentent un pourcentage en poids de la composition
dudit composite à matrice métallique progressif dans ledit premier matériau et dans
ledit deuxième matériau, depuis le centre dudit noyau (52) vers la périphérie de ladite
enveloppe (54).
12. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 10 ou 11, caractérisée en ce que ledit premier matériau présente, pour lesdits éléments de renforcement, un pourcentage
en poids de la composition dudit composite à matrice métallique plus important que
dans ledit deuxième matériau.
13. Pièce mécanique (50, 110) selon la revendication 10 ou 11, caractérisée en ce que ledit deuxième matériau présente, pour lesdits éléments de renforcement, un pourcentage
en poids de la composition dudit composite à matrice métallique plus important que
dans ledit premier matériau.
14. Aube (50, 110) constituée d'une pièce mécanique selon l'une quelconque des revendications
1 à 13.
15. Compresseur basse pression comprenant des aubes fixes et/ou mobiles selon la revendication
14.
16. Soufflante (104) de turboréacteur comprenant des aubes (110) selon la revendication
14.
17. Procédé de fabrication d'une pièce mécanique (50, 110) selon l'une quelconque des
revendications 1 à 13,
caractérisé en ce qu'il comporte successivement les étapes suivantes :
a) on réalise par compactage un demi-produit contenant un noyau (52) et une enveloppe
(54), ledit noyau (52) et ladite enveloppe (54) présentant entre eux une liaison métallurgique,
ledit noyau (52) étant réalisé dans un premier matériau présentant au moins une matrice
métallique et ladite enveloppe (54) étant réalisée dans un deuxième matériau présentant
au moins une matrice métallique, lesdites matrices métalliques du premier et du deuxième
matériaux présentant le même métal de base et l'un au moins parmi lesdits premier
et deuxième matériaux étant formé d'un composite à matrice métallique comprenant des
éléments de renforcement dispersés dans ladite matrice métallique,
b) on réalise le forgeage du demi-produit pour obtenir une ébauche, et
c) on usine ladite ébauche pour aboutir à un produit fini formant ladite pièce mécanique
.
18. Procédé de fabrication selon la revendication 17 en vue de l'obtention d'une pièce
mécanique selon la revendication 11, caractérisé en ce que ladite étape a) consiste à former conjointement le noyau (52) et l'enveloppe (54)
par la technique de métallurgie des poudres.
19. Procédé de fabrication selon la revendication 17 en vue de l'obtention d'une pièce
mécanique selon l'une quelconque des revendications 1 à 10,
caractérisé en ce que ladite étape a) consiste à réaliser successivement les sous-étapes suivantes :
a1) former une tige (10) s'étendant selon une direction longitudinale dans ledit premier
matériau, ladite tige (10) étant destinée à former ledit noyau (52) placé au coeur
de la pièce mécanique ;
a2) former un manchon (20) s'étendant selon une direction longitudinale dans ledit
deuxième matériau, ledit manchon (20) étant destinée à former l'enveloppe (54) de
la pièce mécanique en entourant ledit noyau (52) ;
a3) introduire la tige (10) dans le manchon (20) pour former un ensemble (30), et
a4) passer à travers un orifice de section réduite ledit ensemble (30) pour diminuer
au moins une dimension dudit ensemble selon une direction perpendiculaire à ladite
direction longitudinale et afin de créer une liaison métallurgique entre ladite tige
(10) et le dit manchon (20).
20. Procédé selon l'une quelconque des revendications 17 à 19, caractérisé en ce que ladite sous-étape a4) consister à effectuer un laminage ou un filage.
21. Procédé selon l'une quelconque des revendications 17 à 20, caractérisé en ce que ladite étape b) consister à effectuer un matriçage.