[0001] L'invention concerne un fil composite anti-feu et un textile comprenant au moins
une couche textile tissée ou tricotée formée avec un tel fil.
[0002] Le textile est typiquement destiné à la réalisation de vêtements de protection, notamment
de vêtements pour militaire, pour pompier ou utilisés dans l'industrie. De façon particulière,
l'utilisation du textile est adaptée lorsque le vêtement doit conférer à l'utilisateur
une certaine protection thermique.
[0003] Pour de telles applications, il est connu d'utiliser des fils comprenant des fibres
thermostables qui confèrent au vêtement de bonnes performances anti-feu et de résistance
mécanique -en particulier en terme de résistance à l'abrasion, de ténacité et de stabilité
lors de l'utilisation ou des différents lavages que le vêtement aura à subir-.
[0004] Toutefois, un problème qui se pose avec les fibres thermostables est leur impossibilité
à être teintes ou imprimées de façon simple, notamment avec une technique standard
de type fixé lavé.
[0005] C'est pourquoi, dans les applications considérées, les fils de l'art antérieur sont
colorés par une technique de type pigmentaire dans laquelle les colorants sont enduits
sur les fils.
[0006] Toutefois, cette technique ne permet pas d'obtenir une coloration suffisamment résistante,
notamment vis-à-vis de l'abrasion, puisque l'enduction n'est que faiblement liée aux
fils.
[0007] En outre, un autre problème qui se pose est celui du coût important des fibres thermostables.
[0008] C'est pourquoi, on a proposé d'utiliser des fils comprenant un mélange de fibres
thermostables et de fibres ignifugées de coût moindre.
[0009] Toutefois, pour obtenir un fil composite qui satisfait les contraintes spécifiques
des utilisations considérées, notamment en terme de résistance mécanique et de propriétés
anti-feu, l'art antérieur propose d'utiliser des fibres ignifugées qui doivent être
combinées à plus de 50% en poids de fibres thermostables.
[0010] Mais, dans un tel pourcentage, les contraintes de coloration mentionnées ci-dessus
demeurent, de sorte qu'on a proposé d'intégrer dans les fibres thermostables un colorant
spécifique qui est agencé pour se fondre dans les couleurs appliquées ultérieurement
sur le tissu.
[0011] Cette solution ne donne que partiellement satisfaction, notamment du fait du pourcentage
important de fibres thermostables, et est particulièrement limitante pour une application
militaire dans laquelle la qualité initiale ou après entretien des couleurs imprimées
ou teintes influe directement sur la qualité du camouflage conféré par le vêtement.
[0012] L'invention vise donc à remédier à cet inconvénient en proposant notamment un fil
composite comprenant un pourcentage moindre de fibres thermostables, et ce sans affecter
ni les propriétés mécaniques ni les propriétés anti-feu dudit fil.
[0013] Ainsi, lorsque le tissu est imprimé ou teint en une seule phase, c'est-à-dire en
utilisant un seul procédé de coloration et donc en utilisant par exemple des fibres
thermostables teintes dans la masse, le tissu présente un dichroïsme réduit en proportion
de la diminution de la quantité de fibres thermostables.
[0014] En outre, toujours du fait de la réduction du pourcentage des fibres thermostables,
le fil proposé présente un coût de production moindre par rapport à ceux de l'art
antérieur.
[0015] A cet effet, et selon un premier aspect, l'invention propose un fil composite anti-feu
comprenant :
- entre 70% et 90 % en poids de fibres ignifugées, lesdites fibres comprenant un matériau
polymérique à base d'alcool polyvinylique ;
- entre 10% et 30% en poids d'au moins un type de fibres thermostables qui sont formées
d'un matériau ininflammable.
[0016] Selon un deuxième aspect, l'invention propose un textile destiné à la réalisation
de vêtements de protection, ledit textile comprenant au moins une couche textile tissée
ou tricotée formée avec de tels fils.
[0017] D'autres objets et avantages de l'invention apparaîtront au cours de la description
qui suit.
[0018] L'invention concerne un fil composite anti-feu composé de la combinaison de fibres
spécifiques, ledit fil étant notamment utilisable pour la réalisation d'un textile
pour vêtement de protection, par exemple pour militaire, pour pompier ou utilisé dans
l'industrie. En effet, dans de telles applications, les contraintes, notamment en
terme de propriétés anti-feu et de résistance mécanique, sont de plus en plus sévères
de sorte qu'il existe une demande importante pour perfectionner les fils connus, et
ce dans un coût maîtrisé.
[0019] Le fil comprend des fibres qui comprennent un matériau polymérique à base d'alcool
polyvinylique.
[0020] Toutefois, ce type de matériau n'est pas ininflammable en tant que tel. C'est pourquoi,
pour obtenir un fil anti-feu, les fibres utilisées doivent être ignifugées.
[0021] A cet effet, les fibres ignifugées peuvent comprendre un matériau polymérique ignifugeant.
Dans un exemple particulier, le matériau ignifugeant peut être un polyhalogénure de
vinyle, notamment un polychlorure de vinyle qui, lors de sa combustion, dégage une
quantité de chlore suffisante pour rendre la fibre ininflammable.
[0022] Les fibres ignifugées ainsi obtenues présentent donc, lorsqu'elles sont soumises
à une flamme ou à une source importante de chaleur, la double propriété de ne pas
propager la flamme et de retarder l'augmentation en température du fil grâce à la
fusion partielle des fibres.
[0023] Le problème qui se pose avec de telles fibres ignifugées est celui de leur stabilité
thermique. En effet, l'absorption d'énergie thermique est obtenue grâce à la fusion
partielle des fibres, ce qui entraîne une déformation de celles-ci.
[0024] Pour pallier cet inconvénient, les fibres ignifugées sont associées à au moins un
type de fibres thermostables qui sont formées d'un matériau ininflammable. Par thermostable,
on entend des fibres qui conservent leurs propriétés physiques dans des températures
où les autres fibres les ont perdues.
[0025] Les fibres thermostables ont notamment pour fonction de renforcer, outre les propriétés
thermiques, les performances mécaniques du fil. En particulier, l'utilisation de ces
fibres permet d'obtenir une résistance à l'abrasion, une ténacité et une stabilité,
notamment lors de l'utilisation ou des différents lavages, qui est compatible avec
la réalisation de vêtements de protection. En outre, les fibres thermostables permettent
de limiter la formation de trous dans le tissu lorsque celui-ci est soumis à une flamme,
et donc d'améliorer la protection anti-feu conférée par le vêtement. Enfin, les fibres
thermostables ont également un effet avantageux sur la limitation du retrait thermique
du fil.
[0026] La demanderesse a fait des essais et a constaté que, en combinaison avec les fibres
ignifugées particulières utilisées, la contribution des fibres thermostables était
intéressante dès qu'elles étaient présentes en une quantité égale à 10% par rapport
au poids total du fil. Ce faible pourcentage est particulièrement intéressant du fait
d'une part du coût important de ces fibres thermostables et d'autre part de l'impossibilité
de les imprimer ou de les teindre avec des techniques simples, notamment avec les
techniques classiquement utilisées pour les fibres ignifugées. Cette contrainte est
particulièrement importante dans le domaine militaire du fait que la qualité des couleurs
imprimées ou teintes influe directement sur la qualité du camouflage conféré par le
vêtement. Et, le faible pourcentage minimum de fibres thermostables nécessaire dans
le fil suivant l'invention permet en outre d'utiliser des fibres thermostables dans
lesquelles est intégrée une couleur spécifique qui est agencée pour se fondre dans
les couleurs appliquées ultérieurement sur le tissu, et ce sans altérer notablement
la qualité du camouflage obtenu.
[0027] Dans le cas où l'on souhaite un fil composite à plus haute résistance mécanique,
il est également possible d'intégrer jusqu'à 30% de fibres thermostables par rapport
au poids total du fil.
[0028] Les fibres thermostables peuvent être réalisées à base d'un matériau polymérique
choisi dans le groupe comprenant les para aramides, les méta aramides, les polybenzimidazole-imides,
les polybenzooxazoles, les polyacrylates, les polyphénols, les polyamide-imides, les
poly-p-phenylènediamine-terephtalamides (PPTA ou M5).
[0029] Selon une réalisation, les fibres formant le fil sont mélangées de façon intime par
une technique de filature classique. Dans cette réalisation, le fil peut comprendre
entre 10% et 20% de fibres thermostables pour optimiser le rapport entre les avantages
techniques conférés par ces fibres par rapport à leur coût et à leur contrainte de
coloration.
[0030] Dans un exemple particulier de fil selon cette réalisation de l'invention, on peut
citer un fil formé de 85% en poids de fibres PVA FR commercial (c'est-à-dire de fibres
formées à base d'alcool polyvinylique et d'une inclusion de polychlorure de vinyle)
et de 15% en poids de fibres en meta aramide, qui présente des caractéristiques anti-feu
(en terme de LOI (Limit Oxygen Index) c'est-à-dire de concentration minimum d'oxygène
nécessaire pour entraîner l'inflammation du fil au contact d'une flamme), de résistance
mécanique et de capacité de coloration qui sont particulièrement intéressantes dans
le cadre des applications considérées. En particulier, le fil présente une LOI définie
selon la norme ISO 4589-2 qui est supérieure à 25%.
[0031] Selon une réalisation, notamment dans le cas où l'on souhaite un fil à ténacité renforcée,
le fil composite comprend deux types de fibres thermostables, l'un à ténacité standard
-par exemple en meta aramide- et l'autre à haute ténacité-par exemple en para aramide-.
Par le terme « haute ténacité » on entend typiquement une ténacité supérieure à 10cN/dtex,
notamment supérieure à 15cN/dtex.
[0032] Dans cette réalisation, le fil peut être formé par mélange intime des fibres tel
qu'exposé précédemment. A titre d'exemple, on peut citer un fil formé de 85% en poids
de fibres PVA FR commercial, de 10% en poids de fibres en meta aramide et de 5% en
poids de fibres en para aramide.
[0033] En variante, le fil peut être réalisé par une technique de type core-spun. Le fil
comprend alors un fil d'âme formé avec les fibres thermostables à haute ténacité et,
associé autour dudit fil d'âme, un enrobage formé des autres fibres. La quantité de
fibres thermostables peut alors être typiquement fixée entre 20% et 30% en poids du
fil.
[0034] Notons que dans cette réalisation, les contraintes de coloration des fibres thermostables
à haute ténacité ne se posent pas du fait qu'elles sont disposées dans le fil d'âme.
[0035] L'invention propose donc une combinaison particulière de fibres qui permet de remplir
de façon optimale notamment les contraintes de coloration mentionnées ci-dessus, et
ce sans affecter les performances tant anti-feu que mécaniques du fil. En outre, le
fil selon l'invention permet d'obtenir un textile de souplesse suffisante pour obtenir
un toucher avantageux, et ce dans un coût compatible avec une production industrielle.
[0036] C'est pourquoi, les fils selon l'invention sont notamment destinés à la réalisation
d'une couche textile tissée ou tricotée qui est utilisée dans un textile pour des
vêtements de protection.
[0037] Comme expliqué précédemment, la couche textile peut être avantageusement teint ou
imprimé avec un minimum de dichroïsme, notamment en une seule phase, c'est-à-dire
en utilisant un seul procédé de coloration, par exemple de type fixé lavé.
[0038] En outre, le textile peut comprendre, associé sur la couche textile, une couche imper-respirante
-c'est-à-dire imperméable à l'eau liquide et au vent mais perméable à la vapeur d'eau-
ininflammable de sorte à conférer cette propriété au vêtement de protection confectionné.
[0039] La couche imper-respirante peut être réalisée sous la forme d'une membrane ou d'une
enduction micro poreuse et/ou hydrophilique, par exemple en polyuréthane ou en polytétrafluoroéthylène
(PTFE), et être associée à la couche textile par enduction sérigraphie d'un réseau
de points adhésifs.
1. Fil composite anti-feu comprenant :
- entre 70% et 90 % en poids de fibres ignifugées, lesdites fibres comprenant un matériau
polymérique à base d'alcool polyvinylique ;
- entre 10% et 30% en poids d'au moins un type de fibres thermostables qui sont formées
d'un matériau ininflammable.
2. Fil selon la revendication 1, caractérisé en ce que les fibres ignifugées comprennent en outre un matériau polymérique ignifugeant.
3. Fil selon la revendication 2, caractérisé en ce que le matériau polymérique ignifugeant est formé à base de polyhalogénure de vinyle,
notamment de polychlorure de vinyle.
4. Fil selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que les fibres thermostables sont réalisées à base d'un matériau polymérique choisi dans
le groupe comprenant les para aramides, les méta aramides, les polybenzimidazole-imides,
les polybenzooxazoles, les polyacrylates, les polyphénols, les polyamide-imides, les
poly-p-phenylènediamine-terephtalamides.
5. Fil selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'il comprend un type de fibres thermostables à haute ténacité.
6. Fil selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que les fibres formant le fil sont mélangées de façon intime.
7. Fil selon la revendication 6, caractérisé en ce qu'il comprend entre 10% et 20% en poids de fibres thermostables.
8. Fil selon la revendication 5, caractérisé en ce qu'il comprend un fil d'âme formé des fibres à haute ténacité et, associé autour dudit
fil d'âme, un enrobage formé des autres fibres.
9. Fil selon la revendication 8, caractérisé en ce qu'il comprend entre 20% et 30% en poids de fibres thermostables.
10. Textile destiné à la réalisation de vêtements de protection, caractérisé en ce qu'il comprend au moins une couche textile tissée ou tricotée formée avec des fils selon
l'une quelconque des revendications 1 à 9.
11. Textile selon la revendication 10, caractérisé en ce que la couche textile est teinte ou imprimée.
12. Textile selon la revendication 10 ou 11, caractérisé en ce qu'il comprend, associée à la couche textile, une couche imper-respirante ininflammable.