Objet de l'invention
[0001] La présente invention se rapporte à un dispositif et un procédé destiné à la production
de radio-isotopes tels que le
18F, par irradiation à l'aide d'un faisceau de protons d'un matériau cible comprenant
un précurseur dudit radio-isotope.
[0002] Une des applications de la présente invention concerne la médecine nucléaire.
Arrière-plan technologique et état de la technique
[0003] La tomographie par émission de positons est une technique d'imagerie médicale précise
et non invasive. En pratique, on injecte dans l'organisme d'un patient un radiopharmaceutique
marqué par un radio-isotope émetteur de positons dont la désintégration
in situ conduit à l'émission de rayonnements γ. Ces rayonnements γ sont détectés par un dispositif
d'imagerie et analysés en vue de reconstruire en trois dimensions la biodistribution
du radio-isotope injecté et d'obtenir sa concentration tissulaire.
[0004] Le fluor 18 (T
1/2 = 109,6 min) est le seul des quatre radio-isotopes légers d'intérêt (
13N,
11C,
15O,
18F), émetteur de positons, qui présente une demi-vie suffisamment longue pour permettre
une utilisation en dehors de son lieu de production.
[0005] Parmi les nombreux radiopharmaceutiques synthétisés à partir du radio-isotope d'intérêt
qu'est le fluor 18, le 2-[
18F]fluoro-2-déoxy-D-glucose (FDG), est le plus utilisé en tomographie par émission
de positons. Il permet d'analyser le métabolisme du glucose dans les tumeurs, en cardiologie,
et dans diverses pathologies du cerveau.
[0006] Pour produire le
18F, on utilise généralement un dispositif d'irradiation qui comprend une cavité « creusée
» dans une pièce métallique et destinée à recevoir le matériau cible. Le
18F est généralement produit à l'aide de ce dispositif de production, par bombardement
d'un faisceau de particules chargées, et plus particulièrement de protons, sur le
matériau cible préalablement disposé dans ladite cavité. Ce faisceau de particules
chargées provient d'un accélérateur tel qu'un cyclotron. La cavité dans laquelle est
situé le matériau cible étant fermée par une fenêtre dite « fenêtre d'irradiation
» qui peut est traversée par les protons du faisceau d'irradiation, lesdits protons
rencontrent le matériau cible et c'est l'interaction desdits protons avec le matériau
cible qui génère la réaction nucléaire destinée à la production du radio-isotope d'intérêt.
[0007] Dans le cas particulier de la production de
18F, le matériau cible est constitué d'eau enrichie en
18O (H
218O).
[0008] A l'heure actuelle, en raison d'une demande toujours plus importante de radio-isotopes,
le matériau cible doit toujours produire davantage de radio-isotope. Cet accroissement
de production suppose soit de modifier l'énergie du faisceau de particules chargées
(protons), et dans ce cas on augmente la section efficace de la réaction nucléaire,
soit de modifier l'intensité dudit faisceau, et dans ce cas il s'agit de modifier
le nombre de particules accélérées heurtant le matériau cible.
[0009] Pour autant, la puissance dissipée par le matériau cible irradié par le faisceau
de particules limite l'intensité et/ou l'énergie du faisceau de particules que l'on
peut espérer utiliser.
[0010] En effet, la puissance dissipée par un matériau cible est liée à l'énergie et l'intensité
du faisceau de particules par la relation (1) suivante :

avec :
- P = puissance exprimée en watt
- E = énergie du faisceau exprimée en MeV (million d'électron Volt)
- I = intensité du faisceau exprimée en µA (micro Ampère).
[0011] En d'autres termes, la puissance dissipée par un matériau cible est donc d'autant
plus importante que l'intensité et/ou l'énergie du faisceau de particules est importante.
[0012] On comprendra dès lors que l'on ne puisse augmenter l'énergie et/ou l'intensité du
faisceau de particules chargées, sans générer rapidement, au niveau de la cavité du
dispositif de production, et notamment au niveau de la fenêtre d'irradiation, des
pressions et/ou températures importantes susceptibles de l'endommager.
[0013] Dans le cas de la production de
18F, étant donné le coût particulièrement élevé de l'eau enrichie en
18O, on ne dispose dans la cavité qu'un petit volume de ce matériau cible, tout au plus
quelques millilitres. De ce fait, le problème de la dissipation de la chaleur produite
par l'irradiation du matériau cible sur un tel petit volume constitue un problème
majeur à surmonter. Typiquement, pour un volume d'eau enrichie H
218O de 0,2 à 4 ml, la puissance à dissiper est comprise entre 900 et 1800 watts, pour
des courants de 50 à 100 µA de protons accélérés à 18 MeV et pour des durées d'irradiation
pouvant aller de quelques minutes à quelques heures.
[0014] De façon plus générale, étant donné ce problème de dissipation de chaleur par le
matériau cible, les intensités d'irradiation en vue de la production de radio-isotopes
sont de nos jours limitées à 40 µA pour un volume de matériau cible de 2ml. Or les
cyclotrons actuels utilisés en médecine nucléaire sont cependant théoriquement capables
d'accélérer des courants de protons de 80 à 100 µA, voire plus. Les possibilités des
cyclotrons actuels sont donc incontestablement sous-exploitées et il convient de résoudre
de façon urgente ce problème.
[0015] Des solutions ont été proposées dans l'état de la technique en vue de surmonter le
problème de la dissipation de la chaleur par le matériau cible dans la cavité au sein
du dispositif de production du radio-isotope. Il a notamment été proposé des dispositifs
munis de moyens de refroidissement du matériau cible.
[0016] Ainsi, le brevet belge n° 1011263 A6 décrit une cellule d'irradiation comprenant
une cavité fermée par une fenêtre et dans laquelle est disposée le matériau cible,
ladite cavité étant entourée d'une double paroi permettant la circulation d'un fluide
frigorifique pour refroidir ledit matériau cible, la fenêtre étant refroidie à l'hélium.
[0017] Néanmoins, dans ce dispositif, le matériau cible est statique, ce qui confère audit
dispositif ainsi configuré une série d'inconvénients dans la mesure où la dissipation
de la chaleur dans cette configuration a des limites physiques liées au coefficient
d'échange thermique du liquide avec son contenant. Par ailleurs, du fait des températures
élevées qui sont atteintes, il est nécessaire de prévoir une pressurisation à des
niveaux élevés de l'ensemble du dispositif. Dans les faits, un « monitoring » de la
quantité de
18F produite à l'aide d'un tel dispositif est pratiquement impossible, et le résultat
en termes d'activité et de rendement n'est donc connu qu'
a posteriori.
[0018] Il a également été proposé d'utiliser (publication de Jongen et Morelle, Symposium
international « Proceedings of the third workshop on targetry and target chemistry
»,
http://www.triumf.ca/wttc/proceedings.html, Vancouver, juin 1989) un dispositif comprenant une cellule d'irradiation avec une
cavité contenant un matériau cible et un échangeur de chaleur externe dans lequel
ledit matériau cible H
218O est recirculé pour être refroidie. Par rapport au dispositif de l'état de la technique
précédemment cité, ce dispositif présente donc l'avantage d'utiliser un matériau cible
que l'on peut qualifier de « dynamique » puisqu'il est recirculé. Pour autant, ce
dispositif et procédé n'ont cependant pas été détaillés et se heurtent en pratique
à des difficultés techniques majeures.
Buts de l'invention
[0019] La présente invention vise à proposer un dispositif et un procédé destinés à la production
de radio-isotopes, et en particulier de
18F, à partir d'un matériau cible irradié par un faisceau de particules chargées qui
ne présentent pas les inconvénients des dispositifs et procédés de l'état de la technique.
[0020] En particulier, la présente invention vise à fournir un dispositif destiné à la production
de radio-isotopes, et en particulier de
18F, et capable de fonctionner avec un faisceau de protons dont l'intensité de courant
est élevée, c'est-à-dire supérieure à 40 µA.
[0021] Un autre but de l'invention est de fournir un dispositif qui assure en fonctionnement,
c'est-à-dire lors de la production de radio-isotope, un échange thermique suffisant
avec le milieu extérieur, pour que sa température moyenne reste inférieure à une température
moyenne seuil, ladite température moyenne seuil étant de préférence située autour
de 130°C.
Éléments caractéristiques de l'invention
[0022] La présente invention se rapporte à un dispositif de production d'un radio-isotope
à partir d'un matériau cible irradié à l'aide d'un faisceau de particules chargées,
ledit dispositif comprenant :
- une cellule d'irradiation comprenant un insert avec une fenêtre d'irradiation et une
cavité destinée à recevoir un matériau cible, ladite cavité comprenant au moins un
conduit d'entrée et au moins un conduit de sortie;
- des moyens de refroidissement externes à ladite cellule d'irradiation se présentant
sous la forme d'au moins un échangeur externe de chaleur;
- une pompe;
- et un moyen de pressurisation,
caractérisé en ce que :
- ladite pompe génère un débit suffisant pour maintenir ledit matériau cible à une température
inférieure à 130°C,
- et ledit moyen de pressurisation, permet audit matériau cible de rester essentiellement
à l'état liquide.
[0023] De préférence, ce dispositif comprend en outre des moyens de refroidissement internes
à ladite cellule d'irradiation, lesdits moyens de refroidissement internes prenant
la forme d'une double paroi remplie d'un liquide de refroidissement et qui équipe
ladite cellule d'irradiation.
[0024] De préférence, l'échangeur de chaleur externe est essentiellement constitué d'un
matériau choisi parmi le groupe constitué par l'argent, le titane, le tantale, le
niobium et/ou le palladium.
[0025] De préférence, l'insert est essentiellement constitué d'un matériau sélectionné parmi
le groupe constitué par le Niobium, le Niobium/Palladium, l'argent ou le titane.
[0026] De préférence, ledit conduit d'entrée est positionné de façon essentiellement tangentielle
à ladite cavité afin de créer un vortex d'écoulement dans celle-ci. On entend par
« essentiellement tangentielle » le fait que le conduit d'entrée forme avec la tangente
de la cavité assimilée à une sphère, un angle de plus ou moins 25°.
[0027] De préférence, ledit conduit de sortie n'est pas situé dans le même plan, mais du
même côté que le conduit d'entrée.
[0028] De préférence, ladite cavité est capable de contenir un volume de matériau cible
compris entre 0.25 et 2.4 mL.
[0029] De préférence, ladite cavité a un diamètre inférieur à 25 mm et une profondeur minimale
de 3,5 mm.
[0030] De préférence, le dispositif selon l'invention est configuré pour contenir dans son
ensemble un volume global du matériau cible qui est inférieur à 20 mL.
[0031] De préférence, les différents éléments dudit dispositif sont interconnectés entre
eux par des tuyaux (17) ayant un diamètre intérieur compris entre 0.5 et 2 mm.
[0032] De préférence, le dispositif est tel que le sens de circulation du matériau cible
à l'intérieur du dispsoitif peut être inversé en fonction de la disposition des différents
éléments constitutifs de celui-ci.
[0033] De préférence, lesdits tuyaux reliant les différents éléments du dispositifs sont
essentiellement constitués d'un matériau choisi parmi le groupe du tantale, du titane,
du niobium, du palladium, de l'inox et/ou de l'argent.
[0034] La présente invention se rapporte également à un procédé de fabrication de radio-isotopes
par l'intermédiaire d'une cellule d'irradiation dans laquelle on a placé un insert
avec une fenêtre et une cavité contenant un matériau cible, caractérisé en ce que
ledit matériau cible est recirculé à travers au moins un conduit d'entrée et au moins
un conduit de sortie de la cavité en y créant un vortex d'écoulement et à travers
un échangeur de chaleur externe à ladite cellule d'irradiation, par une pompe ayant
un débit suffisant pour refroidir le matériau cible cible, le dispositif étant pressurisé
de façon à maintenir la cible essentiellement à l'état liquide.
[0035] De préférence, le sens de circulation du matériau cible dans le dispositif peut être
inversé de façon à ce que le conduit d'entrée devienne le conduit de sortie et que
le conduit de sortie devienne le conduit d'entrée (4) du matériau cible.
[0036] De préférence, ladite pompe débite au moins 200mL/min pendant toute la durée de l'irradiation.
[0037] Enfin, la présente invention concerne également l'utilisation du dispositif et/ou
du procédé selon l'invention pour la fabrication de radio-isotopes.
Brève description des figures
[0038] La figure 1 représente une vue en plan de la cellule d'irradiation de la présente
invention, vue dans le sens de la flèche X des figures 2 et 3.
[0039] La figure 2 représente une coupe selon les plans A-A de la cellule d'irradiation.
[0040] La figure 3 représente une coupe selon les plans B-B de la cellule d'irradiation.
[0041] La figure 4 représente un schéma d'ensemble d'un dispositif de production de radio-isotopes
comprenant le dispositif de la présente invention.
[0042] La figure 5 A représente la procédure de remplissage du dispositif selon l'invention.
[0043] La figure 5 B représente le schéma de flux de la cible durant le remplissage
[0044] La figure 5 C représente l'acheminement de la cible après irradiation vers le module
FDG.
Description détaillée de l'invention
[0045] Ainsi qu'illustré sur les figures 1 à 3, le dispositif selon la présente invention
comprend une cellule d'irradiation 1 et qui constitue l'ensemble mécanique qui, lors
du fonctionnement dudit dispositif, est soumis à l'irradiation.
[0046] La cellule d'irradiation 1 comprend un insert 2 qui est une pièce métallique dans
laquelle est « creusée » un volume correspondant à une cavité 8. L'insert 2 comprend
donc la cavité 8. Cette cavité 8 a une configuration telle qu'elle peut recevoir le
matériau cible à partir duquel le dispositif est capable de produire le radio-isotope
d'intérêt, c'est-à-dire le
18F en l'occurrence ici.
[0047] La cellule d'irradiation 1 est par ailleurs munie de conduits d'arrivée 5,6 et de
départ 6,5 pour l'acheminement ou la circulation du matériau cible. Les conduits d'arrivée
5,6/de départ 6,5 permettent l'arrivée/le départ du matériau cible ou inversement,
selon le sens de circulation du matériau cible au sein du dispositif en fonctionnement
(arrivée et départ inversés).
[0048] On notera que de préférence la cavité 8 destinée à contenir le matériau cible est
obturée par une fenêtre dite fenêtre d'irradiation 7.
[0049] Le dispositif est conçu pour fonctionner avec un matériau cible à l'état de fluide
c'est-à-dire liquide et/ou gazeux.
[0050] Dans la présente invention, le dispositif comprend également des moyens externes
de refroidissement destinés à refroidir le matériau cible lorsque le dispositif fonctionne.
[0051] De manière particulièrement avantageuse, ces moyens de externe de refroidissement
du matériau cible prennent la forme d'un échangeur de chaleur externe 15. Cet échangeur
externe de chaleur 15 est de préférence couplé à une pompe 16 à haut débit, qui est
de préférence une pompe volumétrique spécifique.
[0052] L'ensemble échangeur externe de chaleur 15/pompe 16 est tel que lorsque le dispositif
fonctionne et est pressurisé, cet ensemble permet de maintenir le matériau cible en
circulation essentiellement dans son état initial, c'est-à-dire essentiellement liquide
dans le cas de l'eau enrichie en
18O pour la production de
18F.
[0053] En d'autres termes, dans la présente invention, la configuration des moyens externes
de refroidissement du matériau cible par rapport aux autres éléments du dispositif
est telle qu'elle permet en fonctionnement une vitesse de circulation dudit matériau
cible suffisamment élevée pour permettre un échange de chaleur suffisant entre ledit
dispositif et le milieu extérieur pour que la température interne moyenne du dispositif
se situe en dessous de 130° C.
[0054] L'échangeur de chaleur externe 15 peut être constitué de tuyaux en argent ainsi que
d'autres matériaux résistant aux rayonnements, à la pression et aux ions fluorures.
Pour cette application, le cuivre est inutilisable et le Nb paraît difficile à usiner,
l'argent ou le titane étant donc le meilleur compromis. L'utilisation de tantale,
niobium ou palladium étant cependant possible.
[0055] Selon une forme préférée d'exécution de l'invention, le dispositif de production
comprend avantageusement en outre des moyens internes de refroidissement destinés
à refroidir le matériau cible lorsque le dispositif fonctionne. Ces moyens internes
de refroidissement prennent ici la forme d'une double paroi 9 qui délimite la cellule
d'irradiation 1 et qui peut contenir à l'intérieur un fluide frigorifique en circulation.
[0056] Il faut par ailleurs noter que le choix des inserts 2 dans le dispositif selon l'invention
est particulièrement important. En effet, selon le type d'insert 2 choisi, des produits
secondaires non désirables sont susceptibles d'être générés par l'irradiation, lors
du fonctionnement du dispositif. Celle-ci peut en effet produire des radio-isotopes
se désintégrant par émission de particule γ énergétique et limitant les réparations
sur la cellule 1. Elle peut aussi donner des produits secondaires ayant une influence
sur la synthèse ultérieure du radiotraceur à marquer par le
18F ainsi produit.
[0057] Un paramètre déterminant également dans le choix du type de matériau des inserts
du dispositif selon l'invention est la conductivité thermique de ce matériau. C'est
ainsi que l'argent est un bon conducteur mais présente l'inconvénient qu'après plusieurs
irradiations, il se produit une formation d'oxyde d'argent contaminante. Le titane
est inerte chimiquement mais produit du
48V ayant un temps de demi-vie de 16 jours. Par conséquent, dans le cas du titane, s'il
y a bris d'une fenêtre de la cible, son remplacement posera de sérieux problèmes d'exposition
aux rayonnements ionisants aux ingénieurs chargés de la maintenance.
[0058] On utilise également pour les inserts 2 le Nb qui est deux fois et demi plus conducteur
que le titane mais moins que l'argent. Le Nb produit peu d'isotopes à long temps de
demi-vie, un exemple étant le
92mNb (réaction nucléaire parasite
93Nb (p, d)
92mNb) dont le temps de demi-vie est d'une dizaine de jours. L'activation globale de
l'insert 2, mesurée après irradiation pour production, est toutefois faible en comparaison
des valeurs mesurées avec un insert en titane comparable.
[0059] Dans le cas d'utilisation d'inserts 2 en Nb, ceux-ci peuvent être recouverts de palladium,
ce dernier catalysant la réaction de formation de
18H
2O à partir de H
2 et
18O
2, eux-mêmes issus de la radiolyse de l'
18H
2O pendant l'irradiation.
Exemple préféré de réalisation
[0060] Dans cet exemple de réalisation, le dispositif de production de radio-isotope est
un dispositif de production de
18F à partir d'eau enrichie en
18O et d'un faisceau de protons.
[0061] Le dispositif peut fonctionner avec des faisceaux de protons accélérés à des vitesses
comprises entre 5 et 30 MeV, une intensité de courant allant de 1 à 150 µA avec une
durée d'irradiation de 1 minute à 10 heures.
[0062] Le dispositif présente un système de recirculation à grande vitesse de l'eau enrichie
qui inclut un échangeur externe 15 de chaleur avantageusement combiné à des moyens
de refroidissement internes 9 à la cellule d'irradiation, ainsi qu'une pompe volumétrique
spécifique 16 permettant de générer un débit suffisant pour maintenir l'eau enrichie
(matériau cible) à l'état liquide, c'est-à-dire environ 200 à 500 ml par minute, le
passage (transfert) de l'eau enrichie à travers l'échangeur de chaleur externe 15
et les moyens internes de refroidissement permettant d'obtenir un refroidissement
de 70° de l'eau enrichie.
[0063] On notera que la pompe utilisée dans l'exemple de réalisation décrit est la série
120, fournie par la société Micropump, Inc. (
http://www.micropump.com). Cette pompe est une pompe à engrenages. Munie des engrenages N21, elle est capable
de débiter 900 ml/min, sous une pression de 5,6 bar.
[0064] Dans le présent exemple de réalsisation, le dispositif comprend en outre des moyens
externes de refroidissement supplémentaires qui prennent la forme d'un autre échangeur
de chaleur externe au dispositif et destiné à refroidir le fenêtre d'irradiation 7
à l'hélium.
[0065] Par ailleurs, la fenêtre 7 est en Havar ou en niobium et d'une épaisseur comprise
entre 50 et 200 µm.
[0066] Il faut noter que l'on peut envisager de façon intéressante en termes de performances
que dans le dispositif, le refroidissement du matériau cible puisse aussi se faire
uniquement par l'échange de chaleur externe. Mais il faut noter qu'avec les seuls
moyens 9 de refroidissement internes 9 à la cellule d'irradiation 1, l'irradiation
serait limitée à environ 40 µA et donc d'un intérêt tout relatif.
[0067] On évacue donc le liquide cible de la cellule 1 par l'intermédiaire d'un circuit
17 vers un échangeur de chaleur 15 se trouvant à l'extérieur de cette cellule 1 pour
ensuite ramener le liquide cible refroidi vers la cellule d'irradiation 1. Les tuyaux
utilisés ont un diamètre intérieur compris entre 0.5 et 2 mm. Il s'agit ici d'une
recirculation à très haute vitesse pouvant aller jusqu'à plus de un tour complet de
circuit par seconde. La recirculation est assurée par une pompe 16 pouvant fournir
un débit entre 0.2 et 0.5 L/min avec un gradient de pression important. Une telle
vitesse de circulation nécessite un positionnement judicieux du conduit d'entrée 4
et du conduit de sortie 5 dans la cavité contenant le liquide cible. Le but est de
créer une circulation forcée par l'intermédiaire d'un vortex dans ce petit volume
pour éviter la subsistance de zones « statiques » où le matériau cible circulerait
peu.
[0068] Le conduit d'entrée 4 du matériau cible a donc été positionné du même coté que le
conduit de sortie 5 du matériau cible mais sur un plan décalé. Ceci est bien visible
sur la figure 1. Si les deux conduits avaient été positionnés face à face, on aurait
inévitablement créé une zone « statique » au sein de la cavité 8 contenant le matériau
cible.
[0069] Pour entraîner la formation du vortex mentionné plus haut, le conduit d'entrée 4
de la cible est positionné de façon tangentielle dans le sens de l'arrondi de la cavité
8.
[0070] La circulation de la cible au sein du circuit 17 et donc de la cavité 8 peut également
être inversée de façon à ce que le conduit d'entrée devienne le conduit de sortie.
Le sens de rotation du liquide au sein du dispositif de la présente invention est
surtout déterminé en fonction des pressions générées dans le circuit et des différents
éléments constitutifs de celui-ci.
[0071] Par ailleurs, le remplissage et la vidange de la cavité 8 se font également par ces
conduits et à ce titre le conduit 5 peut servir d'entrée pour le remplissage, et de
sortie pour la recirculation. La sortie 6 sert de trop plein lors du remplissage et
est connectée au vase d'expansion durant l'irradiation. Ceci est schématiquement représenté
dans la figure 4. La vanne multivoie V5 peut être placée dans deux positions. Dans
la première position, elle permet le remplissage et dans la seconde, la circulation
à haute vitesse durant l'irradiation et l'évacuation vers le module FDG. Ceci est
montré dans la figure 5A, 5B et 5C. La vanne V6 permet de fournir une contre pression
d'hélium, d'argon ou d'azote pour la formation d'un « coussin de gaz » fonctionnant
comme vase d'expansion. L'hélium, l'argon ou l'azote permettent de façon générale
une pressurisation de tout le circuit qui se fait notamment par l'intermédiaire des
vannes V1 et V3. Les vannes V2 et V4 servent au remplissage du système.
[0072] Le volume global de cible contenu dans l'entièreté du dispositif de l'invention ne
doit pas dépasser 20 mL ce qui signifie que le volume mort de la pompe doit être réduit
au maximum. L'échangeur de chaleur externe 15 qui contient également un très petit
volume de liquide cible, normalement inférieur à 10 mL, et de préférence inférieur
à 5 mL est généralement raccordé à un circuit de refroidissement secondaire (non représenté)
permettant de dissiper la chaleur produite par l'irradiation du liquide cible dans
la cellule d'irradiation 1.
[0073] La cellule d'irradiation 1 est nécessairement positionnée dans l'axe du faisceau
incident. Les matériaux dont elle est constituée doivent donc pouvoir résister au
rayonnement ionisant. Il est cependant possible d'agencer la pompe 16, l'échangeur
de chaleur externe 15 et la vanne V5 de manière à ce que ceux-ci soient déportés pour
être à l'abri de ce rayonnement. L'inventeur a pu concevoir une solution dans laquelle
ces composants peuvent être mis à l'abri du rayonnement ionisant par les retour de
flux de l'aimant du cyclotron, sans pour autant que la longueur des canalisations
n'excède 20 cm.
[0074] Différentes formes d'échangeur bien connues de l'homme de métier peuvent être utilisées.
Sans être limitatif, nous citerons les échangeurs à serpentin ou avec un tuyau à double
paroi ou encore un échangeur à tube ou à plaques. Les seules contraintes d'un tel
échangeur étant un volume mort très faible ne dépassant pas quelques mL, une perte
de charge minime et bien entendu un pouvoir d'échange maximalisé (entre 1 et 2.5 kW)
tout en résistant à des pH acides (compris entre 2 et 7), à de l'eau oxygénée ou à
d'autres produits résultant de l'irradiation.
[0075] En résumé, le dispositif selon l'invention permet de produire des radio-isotopes
à partir d'un matériau cible irradié par un faisceau de particules chargées produites
par un cyclotron. Grâce à sa conception, le dispositif selon l'invention présente
l'avantage d'optimiser l'utilisation des capacités d'irradiation des cyclotrons actuels.
En effet, alors que les fenêtres d'irradiation 7 ne résistent actuellement pas à des
pressions entraînées par des intensités d'irradiation supérieures à 45 µA, le dispositif
permet cependant d'utiliser les intensités maximales disponibles sur les cyclotrons
utilisés actuellement en médecine nucléaire, c'est à dire environ 100 µA.
[0076] De manière générale, le dispositif permet d'utiliser les capacités maximales des
cyclotrons actuels pouvant produire des intensités d'irradiation dépassant 100 µA
tout en maîtrisant l'élévation de température. La cible reste donc essentiellement
à l'état liquide ce qui permet une recirculation à grande vitesse sans désamorçage
de la pompe.
[0077] Le fait de pouvoir irradier un matériau cible à 80 µA plutôt qu'à 40µA permet de
produire davantage de
18F ce qui est économiquement très intéressant.
Légende
[0078]
1. Cellule d'irradiation
2. Insert en Nb ou Nb/Pd
3. Port pour l'entrée d'eau de refroidissement interne à la cellule d'irradiation.
4. Conduit d'entrée d'H218O pour la recirculation durant l'irradiation
5. Conduit de sortie d'H218O pour la recirculation durant l'irradiation et entrée pour le remplissage de la cavité
6. Trop plein d'H218O connecté au vase d'expansion
7. Fenêtre d'irradiation de la cellule
8. Cavité contenant la cible à irradier
9. Liquide de refroidissement interne à la cellule d'irradiation
10. Réservoir accueillant le trop plein
11. Seringue
12. Réservoir d' H218O
13. Sortie vers un module de synthèse de chimie, tel que par exemple le module FDG
14. Vase d'expansion- moyen de pressurisation
15. Échangeur de chaleur externe
16. Pompe
17. Tuyaux de connexion



1. Dispositif de production d'un radio-isotope à partir d'un matériau cible irradié à
l'aide d'un faisceau de particules chargées, ledit dispositif comprenant :
- une cellule d'irradiation (1) comprenant un insert (2) avec une fenêtre (7) et une
cavité (8) destinée à recevoir un matériau cible, ladite cavité (8) comprenant au
moins un conduit d'entrée (4) et au moins un conduit de sortie (5) ;
- des moyens de refroidissement externes à ladite cellule d'irradiation (1) se présentant
sous la forme d'au moins un échangeur externe de chaleur (15);
- une pompe (16) ;
- et un moyen de pressurisation (14),
caractérisé en ce que :
- ladite pompe (16) génère un débit suffisant pour maintenir ledit matériau cible
à une température inférieure à 130° C,
- et ledit moyen de pressurisation (14), permet audit matériau cible de rester essentiellement
à l'état liquide.
2. Dispositif selon la revendication 1 caractérisé en ce qu'il comprend en outre des moyens de refroidissement internes à ladite cellule d'irradiation
(1), lesdits moyens de refroidissement internes prenant la forme d'une double paroi
qui équipe ladite cellule d'irradiation (1).
3. Dispositif selon la revendication 1 ou 2 caractérisé en ce que l'échangeur de chaleur externe (15) est essentiellement constitué d'un matériau choisi
parmi le groupe constitué par l'argent, le titane, le tantale, le niobium et/ou le
palladium.
4. Dispositif selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que l'insert(2) est essentiellement constitué d'un matériau choisi parmi le groupe du
Niobium, du Niobium/Palladium, de l'argent et/ou du titane.
5. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que ledit conduit d'entrée (4) est positionné de façon essentiellement tangentielle à
ladite cavité (8) afin de créer un vortex d'écoulement dans celle-ci.
6. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que ledit conduit de sortie (5) n'est pas situé dans le même plan, mais du même côté
que le conduit d'entrée (4).
7. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que ladite cavité (8) est capable de contenir un volume de matériau cible compris entre
0.25 et 2.4 mL.
8. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que ladite cavité (8) a un diamètre inférieur à 25 mm et une profondeur minimale de 3,5
mm.
9. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'il est configuré pour contenir dans son ensemble un volume global du matériau cible
qui est inférieur à 20 mL.
10. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que les différents éléments dudit dispositif sont interconnectés entre eux par des tuyaux
(17) ayant un diamètre intérieur compris entre 0.5 et 2 mm.
11. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce que le sens de circulation de la cible dans le dispositif peut être inversé en fonction
de la disposition des différents éléments constitutifs de celui-ci.
12. Dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
lesdits tuyaux (17) reliant les différents éléments du dispositifs sont essentiellement
constitués d'un matériau choisi parmi le groupe du tantale, du titane, du niobium,
du palladium, de l'inox et/ou de l'argent.
13. Procédé de fabrication de radio-isotopes par l'intermédiaire d'une cellule d'irradiation
dans laquelle on a placé un insert (2) avec une fenêtre (7) et une cavité (8) contenant
un matériau cible, caractérisé en ce que ledit matériau cible est recirculé à travers au moins un conduit d'entrée (4) et
au moins un conduit de sortie (5) de la cavité (8) en y créant un vortex d'écoulement
et à travers un échangeur de chaleur externe (15) à ladite cellule d'irradiation (1),
par une pompe (16) ayant un débit suffisant pour refroidir le matériau cible cible,
le dispositif étant pressurisé de façon à maintenir la cible essentiellement à l'état
liquide.
14. Procédé selon la revendication 13 caractérisé en ce que le sens de circulation du matériau cible dans le dispositif peut être inversé de
façon à ce que le conduit d'entrée (4) devienne le conduit de sortie et que le conduit
de sortie (5) devienne le conduit d'entrée (4) du matériau cible.
15. Procédé selon la revendication 13 caractérisé en ce que ladite pompe débite au moins 200mL/min pendant toute la durée de l'irradiation.
16. Utilisation du dispositif selon l'une quelconque des revendications précédentes pour
la fabrication de radio-isotopes.