[0001] La présente invention se rapporte au domaine de l'industrie textile et en particulier
à celui des produits chaussants.
[0002] Ella a plus précisément pour objet la production d'articles chaussants, notamment
de chaussettes, à faible potentiel d'abrasion et exempts de phénomènes d'allergie.
[0003] Elle a spécifiquement pour objet un procédé d'obtention d'articles chaussants, notamment
de chaussettes, qui ne sont pas susceptibles de provoquer des phénomènes d'allergie,
caractérisés en ce qu'ils sont fabriqués à partir de fibres naturelles ou semi-synthétiques
formant des fils à faible coefficient de friction, en maintenant une longueur de fil
absorbé (LFA) adéquate qui permet une extension nécessaire et suffisante de la largeur
de la chaussette, en teignant les fils ou articles chaussants à partir de colorants
sélectionnés dont la nature chimique n'est pas susceptible de générer des dermatites
de contact, en procédant au rinçage desdits articles pour éliminer les colorants résiduels
qui ne seraient pas liés chimiquement à la fibre et pour finir, en séchant puis formant
les produits.
[0004] La fabrication d'une chaussette repose sur le tricotage de fils, l'un formant la
surface extérieure de la chaussette, l'autre le fil de vanisage, formant la surface
intérieure de la chaussette. Ces fils, de nature identique ou différente, présentent
des propriétés physico-chimiques non inertes par rapport à la peau. Les irritations
induites peuvent être d'ordre chimique ou physique, voire pathologique.
[0005] Les irritations physiques résultent en partie de l'état de surface du fil ainsi que
de la quantité de LFA, [Longueur de Fil Absorbé] adoptée lors du tricotage, qui détermine
la souplesse de la chaussette. Ces deux paramètres exercent une action mécanique sur
la peau dont l'effet abrasif peut être mis en évidence par des tests sur peau de synthèse.
[0006] Les irritations physiques de la peau proviennent également des propriétés thermiques
de la fibre. De par leur nature chimique, notamment leur caractère hydrophile-lipidique,
certaines fibres favorisent un accroissement de la température du pied et par voie
de conséquence de la moiteur de la peau. Ce phénomène est à l'origine de transpiration,
de développement de bactéries, voire d'apparition de champignons. Chacune de ces manifestations
contribue à irriter la peau.
[0007] Les irritations chimiques résultent de la présence de molécules sensibilisantes à
la surface de la fibre. Les molécules chimiques, apportées par la teinture ou par
les divers procédés d'ennoblissement du fil ou de l'article chaussant, entrent en
contact avec la peau. Sous l'action de la sueur, elles peuvent pénétrer l'épiderme
et atteindre le derme. Certaines molécules à l'origine inertes, comme des molécules
azoïques, se sont alors révélées sensibilisantes en raison de la rupture de certaines
de leurs liaisons chimiques. Ce contact ou la pénétration de molécules colorantes,
explique certaines agressions de la peau, dont le symptôme clinique peut être de type
eczéma, démangeaisons, rougeurs.
[0008] Le procédé de fabrication de l'invention permet de remédier à ces inconvénients en
réduisant au maximum l'ensemble des phénomènes irritatifs de la peau.
Il consiste :
- à réduire les irritations provoquées par le caractère abrasif de certains fils, en
optant pour des fils à faible coefficient de friction,
- à réduire les irritations provoquées par une construction trop comprimante de la chaussette,
en maintenant une LFA adéquate autorisant une extension, d'au moins 40 %, de préférence
d'au moins 50 % et mieux encore de plus de 60% de la largeur de la chaussette au niveau
du bord-côte, de la tige et de la semelle,
- à réduire les phénomènes de transpiration excessive grâce à l'utilisation de fibres
suffisamment hydrophiles, au titre desquelles le coton, le lin et notamment des fibres
naturelles,
- à réduire les risques de formations de dermatite de contact en utilisant des colorants
non sensibilisants dont la propriété est déterminée à l'aide de leur formule par étude
du caractère toxicologique de chacun des groupements chimiques constituant la molécule.
Cette étude est complétée par un test de validation, suivant la méthode de Marzulli
Maibach, évaluant le pouvoir irritant et sensibilisant du colorant à l'état pur,
- à supprimer les risques de formation de dermatites de contact provoquées par la présence
de colorants résiduels non liés chimiquement à la fibre, en augmentant le nombre de
rinçages du produit fini après teinture. Le nombre de rinçages est fonction du coloris
et de la recette de teinture. Il est évident que pour une teinture foncée avec un
épuisement plus faible, il sera nécessaire d'avoir recours à 2 ou 3 rinçages supplémentaires.
Pour une teinture plus claire le nombre de rinçages sera plus faible.
[0009] Dans le cas de chaussettes contenant un fil ou unfilament élastique, l'invention
consiste à réduire le contact de la peau avec des fils ou filaments synthétiques,
tels que ceux issus de la pétrochimie, en utilisant un fil dont l'âme élastique, généralement
en élasthanne, est guipée avec un fil aux propriétés hydrophiles (tel le coton, le
lin et la viscose) suivant l'un des procédés existants dans la filière textile tout
en proscrivant au contraire, les polyamides traditionnellement utilisé en raison de
leurs propriétés hydrophobes.
[0010] Le caractère hypoallergénique du produit fini est ensuite vérifié par des tests permettant
d'évaluer le pouvoir irritant et sensibilisant du produit, tels que la méthode de
Marzulli et Maibach (KLIGMAN A.M. The identification of contact allergens by human
assay J. of Investigative Dermatol. 1996, 47, 393-409 - KLIGMAN A.M., EPSTEIN W. Updating
the maximisation test for identifying contact allergens, Contact Dermatites 1975,
1, 231-239 - MARZULLI F.N., MAIBACH H.I. 1974b The use graded concentrations in studying
skin sensitizers : Experimental contact sensitisation in man. Food Cosmet. Toxicol.
12:219-227. Human patch tests, Proc. Sci. Sect. Toilet Goods Assoc., 19:46-49,1953
- MARZULLI F.N., MAIBACH H.I. Contact allergy : predictive test in man. Contact Dermatites
1976, 2, 1-17 - AUFFRANC J.C., BERBIS Ph. Les tests prédictifs cutanés J.Med. Esth.
et Chir. Dermatol. 1986, 49, 39-42 - GROSSHANS E., FOUSSEREAU J. Complications et
complexités de la lecture des tests épicutanés. Ann.Dermatol. Venerol 1983, 110, 509-268.
[0011] La construction de la chaussette s'effectue par tricotage sur un métier circulaire.
On peut également concevoir le tricotage de la chaussette à plat en effectuant ensuite
une couture ou toute autre opération de confection.
[0012] Les matériaux utilisés pour le tricotage sont des fils obtenus à partir des fibres
hydrophiles, de préférence d'origine naturelle ou semi synthétiques comme des fibres
cellulosiques et notamment des mélanges de plusieurs fibres.
[0013] Le procédé selon l'invention se définit par les modalités suivantes, préférées ou
nécessaires pour réaliser des chaussettes ne présentant pas de propriétés allergisantes
: en utilisant pour le tricotage un fil à faible coefficient de friction, de préférence
cardé ou peigné et en réalisant une construction permettant d'obtenir des extensions
de la chaussette égales ou supérieures à 50 % au niveau des zones de compression telle
que bord-côte, tige et semelle.
[0014] Lorsque le produit contient un fil élastique, le fil de guipage de l'âme élastique
est de préférence une fibre cellulosique comme par exemple le coton. L'âme peut être
constituée d'élasthanne ou d'autres fibres élastiques comme le téréphtalate de dibutyle
(PBT) et le téréphtalate de polytrimethylène (PTT).
[0015] Le procédé selon l'invention, se caractérise également par le fait que le ou les
colorants, utilisé(s) pour teindre le fil ou l'article chaussant, présentent une formule
chimique qui ne soit pas susceptible de provoquer des phénomènes de sensibilisation
au contact de la peau ou après pénétration dans la peau.
[0016] Les colorants utilisés dépourvus de propriétés irritants et/ou allergisants sont
de préférence des colorants du type Cibacron et en particulier les colorants suivants
:
- le jaune Cibacron LSR,
- le jaune Cibacron HR,
- le jaune Cibacron LG4S,
- le bleu Cibacron LS3R,
- l'écarlate Cibacron LS2G,
- le rouge Cibacron LSB
- le rouge Cibacron HD,
- le rouge Cibacron HF,
- le marine Cibacron H2G.
[0017] D'autres colorants appartenant a des classes chimiques voisines peuvent également
convenir comme par exemple des colorants du type naturel comme l'alizarine ou l'indicagotine.
On peut également utiliser des colorants à action directe en présence d'activateurs
ou de ralentisseurs de la montée du colorant.
[0018] L'article chaussant peut être tricoté soit à partir de fil teint, soit à partir de
fil écru suivi d'une teinture en plongée. On préférera cette deuxième option afin
de débarrasser le produit fini, lors du processus de teinture, des différents produits
d'ensimage déposés sur le fil afin d'en faciliter son passage sur métier à tricoter.
[0019] La teinture du fil ou de l'article chaussant s'effectue par trempage après addition
de différents adjuvants nécessaires à sa montée sur la fibre.
[0020] On procède ensuite à un ou plusieurs rinçages supplémentaires éventuellement après
addition de savon. Dans le cas de coloris clairs, le nombre de rinçages supplémentaires
sera plus faible. Un seul rinçage sera suffisant en général. De toutes façons le nombre
de rinçages sera fonction de la nature chimique du colorant et de son comportement
tinctorial. Les chaussettes sont ensuite séchées par exemple en tambour rotatif de
type Tumbler avec ou sans circulation d'air.
[0021] Les chaussettes selon l'invention sont ultérieurement formées à chaud et sous pression.
[0022] Les chaussettes obtenues selon le procédé de l'invention, sont en définitive soumises
à des tests de vérification du caractère non allergisant comme par exemple le test
de Marzulli-Maibach. On prélève à cette fin un échantillon de chaussette que l'on
broie pour obtenir un patch. Ce patch est appliqué sur la peau, notamment de volontaires
humains sains.
[0023] Les tests ont montré l'absence totale de phénomènes d'allergie sur un lot important
et significatif de volontaires sains.
[0024] Il va de soi pour l'homme de métier que le présent procédé peut s'appliquer à la
production d'autres articles chaussants que les chaussettes et notamment des mi-chaussettes,
socquettes, mi-bas, collants et similaires pour peu qu'ils soient réalisés en matériau
hydrophile et qu'ils utilisent un ou des colorants du type mentionné ci-dessus.
[0025] L'invention concerne en outre, les articles chaussants non abrasifs et non allergisants
obtenus par le procédé selon l'invention.
[0026] Les chaussettes de l'invention trouvent un emploi en bonneterie pour assurer la protection,
l'isolement et l'esthétique des jambes. Elles s'adressent aussi bien aux hommes,qu'aux
femmes,et aux enfants, aux adolescents comme aux bébés. Elles peuvent présenter une
gamme très extensive de coloris, en étant soit monochromes soit polychromes. La nature
du coloris peut être variée et l'article peut présenter des dessins du type Jacquard
ou chiné.
[0027] L'invention se trouve définie plus précisément dans les revendications ci-annexées.
1. Procédé de fabrication d'articles chaussants, notamment de chaussettes, destinés à
présenter des propriétés hypoallergéniques, caractérisé en ce qu'on met en oeuvre des fils à faible coefficient de friction du type cardé ou peigné,
et filés à partir de fibres hydrophiles d'origine naturelle ou semi synthétiques,
en ce que l'article chaussant est réalisé par une construction non comprimante au niveau des
bord-côtes, des tiges et des semelles, et en ce que les fils ou l'article chaussant sont teints par un ou plusieurs colorants non sensibilisants
au contact ou après pénétration dans la peau, puis on sèche et forme ledit article.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel les fils à faible coefficient de friction
sont choisis parmi les fibres cellulosiques, le coton, la soie, la laine, le lin et
le chanvre.
3. Procédé selon la revendication 1 et la revendication 2, dans lequel la construction
non comprimante de l'article chaussant est effectué en maintenant une longueur de
fils absorbé (LFA) suffisante pour obtenir des extensions supérieures à 40 %.
4. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la LFA est suffisante
pour obtenir des extensions supérieures à 50 %.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel la LFA est suffisante
pour obtenir des extensions supérieures à 60 %.
6. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel les fibres hydrophiles
d'origine naturelle sont choisies parmi le coton, le lin, le chanvre, la soie, la
laine et les mélanges de ceux-ci.
7. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel les fibres hydrophiles
d'origine semi-synthétique sont la viscose et la rayonne.
8. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel le fil ou filament
élastique, comme l'élasthanne, éventuellement présent dans l'article, est guipé par
un fil de matière hydrophile, afin d'en constituer l'âme et ainsi éviter tout contact
avec la peau.
9. Procédé selon l'une des revendications précédentes, dans lequel les fils ou l'article
chaussant sont teints par un ou des colorants dépourvus de pouvoir irritant et sensibilisant.
10. Procédé selon l'une des revendications précédentes dans lequel le colorant non irritant
et non sensibilisant est un Cibacron choisi dans le groupe formé par :
- le jaune Cibacron LSR
- le jaune Cibacron HR
- le jaune Cibacron LS4G
- le bleu Cibacron LS3R
- l'écarlate Cibacron LS2G
- le rouge Cibacron LSB
- le rouge Cibacron HD
- le rouge Cibacron HF
- le marine Cibacron H2G
11. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par l'ajout d'un post-traitement de teinture destiné à supprimer tout colorant résiduel
non lié chimiquement à la fibre, qui consiste en la mise en oeuvre de phases de rinçage
du produit fini, dont le nombre est fonction du coloris et de la recette de teinture
adoptée ou encore en un épuisement par des vapeurs de solvant.
12. Procédé de fabrication d'article chaussants selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte en outre une procédure de validation de l'effet hypoallergénique du produit
fini, par des tests d'évaluation du pouvoir irritant et sensibilisant et notamment
par la méthode de Marzulli-Maibach.
13. Les articles chaussants, notamment les chaussettes, obtenus selon le procédé défini
selon l'une des revendications 1 à 12.