[0001] La présente invention se rapporte au domaine des papiers absorbants à usage sanitaire
ou domestique, et vise un produit comprenant au moins un pli gaufré, destiné à la
réalisation de papier toilette essentiellement mais aussi de mouchoirs, serviettes
de table ou éventuellement d'essuie-tout.
[0002] Dans l'industrie des papiers à usage sanitaire et domestique, on utilise pour la
réalisation de ce type de produits, un produit absorbant généralement crêpé, de faible
grammage, désigné : ouate de cellulose ou tissu ouaté. On profite de la capacité d'allongement
de la structure, conférée par exemple par le crêpage, pour gaufrer la feuille. Cette
opération consiste à déformer cette dernière de façon permanente entre un cylindre
non déformable pourvu de reliefs et un contre-cylindre, par exemple à revêtement résilient.
On obtient ainsi des protubérances sur une face correspondant à des cavités sur l'autre
face.
[0003] En effet la tendance de ces dernières années, en ce qui concerne les produits d'hygiène
en ouate de cellulose a été de les rendre plus doux, plus moelleux en travaillant
leurs caractéristiques d'épaisseur et de résistance, notamment par le gaufrage. Ce
dernier permet en outre d'améliorer l'attrait visuel du produit. L'opération de gaufrage
s'effectue sur du papier à faible taux d'humidité, c'est-à-dire en transformation.
On travaille alors une feuille sèche, déroulée d'une bobine mère provenant de la machine
à papier.
[0004] Les motifs de gaufrage les plus répandus sont constitués d'une répétition sur une
base géométrique de protubérances élémentaires de faible section transversale et de
forme géométrique simple. Un exemple est décrit dans le brevet US 3 414 459 qui porte
sur une feuille stratifiée constituée d'une pluralité de feuilles élémentaires, appelées
plis, collées ensemble. On a gaufré les plis avec une fréquence de répartition et
une hauteur des protubérances adaptées à la réalisation des produits absorbant l'eau,
essuie-tout par exemple. Le nombre d'éléments va de 5 à 30 par cm
2.
[0005] De son côté la Demanderesse a développé, pour du papier toilette notamment, des motifs
dont le nombre d'éléments est supérieur, allant de 30 à 80 par cm
2. On qualifie habituellement ce type de gaufrage « microgaufrage ». Les éléments en
relief formant le gaufrage ont nécessairement une surface élémentaire au sommet très
faible, inférieure à 1 mm
2. On obtient pour ces dernières réalisations un aspect qui imite celui d'un produit
tissé. On en a décrit un exemple dans le brevet EP 426 548.
[0006] Ce type de produit présente toutefois un attrait visuel limité. En outre lorsqu'on
associe par collage deux plis ainsi gaufrés, la douceur du produit obtenu n'est pas
optimale.
[0007] La solution présentée dans le brevet FR 2 728 152 permet d'améliorer la douceur d'une
feuille à double pli avec ce type de gaufrage, en réalisant un motif combiné, comprenant
un motif graphique et un motif de fond. Le premier est composé de protubérances dont
la forme est linéaire avec une largeur comprise entre 0,1 et 2 mm, et le second comprend
des petites protubérances généralement tronconiques réparties à raison d'au moins
30 par cm
2 (microgaufrage). On associe les plis sur le motif de forme linéaire, limitant ainsi
l'étendue des surfaces collées entre elles et la rigidification induite.
[0008] Conformément à cette réalisation, la proportion de surface gaufrée selon le motif
de fond est largement majoritaire : 80% de la surface en pratique. C'est lui qui assure
l'essentiel des caractéristiques fonctionnelles liées au gaufrage, à savoir épaisseur
et absorption.
[0009] On connaît par ailleurs le brevet US 5 620 776 qui décrit des feuilles de papier
absorbant gaufré selon un motif formant un réseau de losanges dont l'intérieur comprend
un motif soit formé d'éléments linéaires, soit formés d'alignements de protubérances.
Il s'agit dans cette invention d'obtenir des feuilles au gonflant amélioré vis-à-vis
de feuilles non gaufrées, et dont les motifs ressortent bien. Cependant, les densités
de protubérances mises en oeuvre ne concernent pas des microgaufrages.
[0010] On connaît encore la demande de brevet EP 1 073 797 qui décrit une feuille de papier
absorbant, présentant un motif uniquement formé de protubérances de même taille, réparties
selon des densités quasi identiques de façon à obtenir un marquage homogène et une
bonne définition dudit motif, tout en ayant des caractéristiques d'épaisseur et de
résistance comparables à celles d'une feuille ayant un gaufrage uniforme.
[0011] Le motif de gaufrage divulgué dans ce brevet comprend un réseau de cellules dont
l'intérieur est peu ou pas gaufré.
[0012] Il s'agit donc le plus souvent de trouver un compromis entre la densité du ou des
éléments formant motifs, la surface qu'ils occupent, leur forme, leur marquage...
[0013] Selon les effets que l'on cherche à obtenir : douceur, épaisseur, absorption, esthétique,
résistance, on peut agir sur les paramètres évoqués ci-dessus.
[0014] Les microgaufrages connus présentent des densités égales et/ou sensiblement égales
sur toute la surface des produits.
[0015] Conformément à la présente invention, on cherche à obtenir un produit gaufré présentant
en lui-même un relief amélioré, sans pour autant que ses autres propriétés ne soient
diminuées ou altérées.
[0016] Selon l'invention, le relief amélioré est obtenu essentiellement grâce à un gaufrage
caractéristique.
[0017] Par ailleurs, le produit selon l'invention présente avantageusement une épaisseur
relativement importante et ne donne en aucun cas une impression (ni visuelle ni au
toucher) d'écrasement, ou d'aplatissement.
[0018] Ainsi l'invention a pour objet un produit en papier absorbant, notamment en ouate
de cellulose comprenant au moins deux plis dont l'un au moins est gaufré suivant un
motif de gaufrage comprenant des protubérances de densité supérieure ou égale à 30
par cm
2.
[0019] Conformément à l'invention, ledit motif de gaufrage comprend au moins deux zones
juxtaposées dont les protubérances présentent respectivement une densité différente
et/ou une surface au sommet différente afin d'obtenir un effet de relief sur ledit
produit.
[0020] Sans sortir du cadre de l'invention, le ratio entre la surface occupée par les sommets
desdites protubérances et la surface gaufrée, c'est-à-dire occupée par une ou plusieurs
zones gaufrées de la feuille est compris entre 1 et 60 % de préférence entre 7 et
45%.
[0021] Avantageusement, la différence de densité et/ou de surface au sommet des protubérances
est supérieure à 7 et de préférence supérieure à 15 %.
[0022] En outre, la surface au sommet des plus petites protubérances est au moins égale
à 0,03 mm
2.
[0023] Par ailleurs, la surface au sommet des plus grosses protubérances est au plus de
l'ordre de 0,80 mm
2.
[0024] Selon un mode de réalisation de l'invention, le motif de gaufrage comprend au moins
une première zone dont les protubérances présentent une première densité, ladite zone
étant entourée d'au moins une seconde zone dont les protubérances présentent une seconde
densité supérieure à la première densité.
[0025] Selon une caractéristique additionnelle de l'invention, le motif de gaufrage comprend
en outre des éléments linéaires.
[0026] Plus particulièrement, les éléments linéaires définissent un second réseau géométrique
et/ou des motifs esthétiques.
[0027] Préférentiellement, les plis sont assemblés entre eux par collage.
[0028] Selon un mode préféré de réalisation de l'invention, le produit comprend au moins
deux plis gaufrés.
[0029] Sans sortir du cadre de l'invention, le produit peut comprendre trois plis : deux
plis extérieurs gaufrés et un pli central non gaufré.
[0030] D'autres caractéristiques, détails, avantages, de l'invention apparaîtront mieux
à la lecture de la description qui suit faite à titre illustratif et nullement limitatif
en référence aux dessins annexés sur lesquels :
- la figure 1 illustre une vue de dessus d'un produit gaufré selon un mode de réalisation
de l'invention ;
- la figure 2 illustre une vue de dessus d'un produit gaufré selon un autre mode de
réalisation de l'invention ;
- la figure 3 a trait à une vue de dessus d'un produit gaufré selon encore un autre
mode de réalisation de l'invention ;
- la figure 4 est un graphique montrant la relation entre l'épaisseur et l'empreinte
pour des produits de même densité ayant des protubérances de surface au sommet différente
; et
[0031] la figure 5 est un graphique montrant la relation entre l'épaisseur et l'empreinte
pour des produits de densités différentes ayant des protubérances de surface au sommet
identique.
[0032] Dans la suite de ce texte, comme dans le langage habituel de la technique papetière
en question, les « protubérances » sont des éléments en relief sur la feuille ou le
pli en ouate de cellulose, tandis que les « picots » sont des éléments en relief sur
le cylindre destiné à former les protubérances sur le produit en ouate de cellulose.
[0033] Par ailleurs, un microgaufrage comprend habituellement des protubérances de densité
supérieure à 30 voire à 50 protubérances/cm
2.
[0034] La figure 1 concerne un motif de gaufrage réalisé sur un produit selon l'invention.
[0035] Plus précisément ce motif comprend une première zone 1 munie d'un microgaufrage ayant
une première densité, ladite première zone étant entourée d'autres zones microgaufrées
2,3 ayant respectivement une seconde densité différente de la première densité et
une troisième densité encore différente.
[0036] De même, les surfaces au sommet des protubérances des zones juxtaposées peuvent être
de valeurs différentes.
[0037] Conformément au mode de réalisation de la figure 1:
- le premier microgaufrage 1 présente par exemple une densité de 32 protubérances/cm2 et forme des hexagones ;
- le deuxième microgaufrage 2 est doté d'une densité de protubérances de 72 protubérances/cm2 et est inscrit dans des étoiles.
- le troisième microgaufrage 3 est le plus dense puisque les protubérances ont ici une
densité de 157 protubérances/cm2.
[0038] Le troisième microgaufrage est inscrit dans des losanges.
[0039] Les trois types de gaufrage 1, 2, 3 sont juxtaposés sur au moins un pli, et ils permettent
d'obtenir une feuille au relief bien prononcé.
[0040] Pour le calcul de la densité, la méthode de calcul suivante a été utilisée :
[0041] La « surface gaufrée » correspond à la zone délimitée par une ligne passant par le
centre de gravité des protubérances formant le contour extérieur de la zone choisie.
[0042] Le « nombre de protubérances » est égal au nombre de protubérances situées à l'intérieur
de la zone, auquel on ajoute la moitié du nombre de protubérances se trouvant sur
la ligne de contour précitée.
[0043] La densité est égale au ratio du « nombre de protubérances » sur la « surface gaufrée
».
[0044] Dans le contexte de l'invention, une « zone » comprend au moins 10 protubérances
alignées selon au moins deux rangées.
[0045] La figure 2 illustre un autre mode de réalisation de l'invention selon lequel le
motif de gaufrage comprend deux types de microgaufrage : le premier est formé de premières
zones 1 dotées de protubérances ayant une première densité de 61 protubérances/cm
2 et une première surface au sommet de 0,23 mm
2 ; ces zones sont ici en forme d'octogone.
[0046] Intercalées entre les premières zones on trouve des secondes zones microgaufrées
2, de forme carrée et dont les protubérances présentent une deuxième densité (81 1
protubérances/cm
2) et une deuxième surface au sommet : 0,13 mm
2.
[0047] Les deux types de zones sont juxtaposés. On obtient ainsi un relief bien marqué sur
chaque feuille de ouate de cellulose.
[0048] Il n'y a pas de protubérance linéaire dans ce motif de gaufrage.
[0049] La figure 3 montre encore un autre motif de gaufrage selon l'invention.
[0050] Le motif ici représenté est composé de zones 3 juxtaposées délimitées à la fois par
des premiers éléments linéaires 5 et des secondes zones 2 constituées de protubérances
ayant une forte densité.
[0051] Sur tout ou partie de leur surface, les zones 3 comprennent des protubérances uniformément
réparties de densité inférieure à la densité des protubérances formant les zones 2.
[0052] Conformément à l'invention, la différence de densité des protubérances entre les
différentes zones est supérieure à 15 %.
[0053] Par ailleurs, des seconds éléments linéaires 4 définissent à l'intérieur de certaines
zones 3, des motifs esthétiques, ici en forme de tulipes.
[0054] Bien entendu, le motif illustré par la figure 3 n'est qu'un exemple nullement limitatif.
[0055] Notamment, les éléments linéaires 1,4 ne sont pas nécessairement présents. Lorsqu'ils
sont présents, ils renforcent le relief.
[0056] Dans tous les cas , on réalise un microgaufrage tel que la feuille présente un relief
bien visible et bien défini.
[0057] En outre, un collage peut avoir lieu pour assembler les plis : préférentiellement
le collage est réalisé sur tout ou partie des zones microgaufrées et/ou du motif linéaire.
[0058] Par ailleurs, des essais ont été réalisés en gaufrant une feuille (ou pli) de ouate
de cellulose entre un cylindre gravé avec un motif selon l'invention et un cylindre
en caoutchouc. Cette feuille a ensuite été associée par collage à une feuille non
gaufrée. L'épaisseur de la structure ainsi obtenue a été mesurée à l'aide d'un appareil
micromètre LORENTZEN & WETTRE référence SE050 utilisé suivant la norme NF EN 12625-3.
[0059] On a appliqué cinq pressions de gaufrage différentes entre l'acier et le caoutchouc,
ces pressions ont été relevées à l'aide de papier carbone. Pour chaque pression, une
feuille de papier carbone a été placée entre le cylindre gravé et le caoutchouc. Le
caoutchouc s'écrase au contact du cylindre gravé et vient « imprimer » le motif sur
le papier carbone. Le NIP ou empreinte correspond à la largeur de la marque laissée
par le cylindre gravé sur le papier carbone. Cette marque sera plus ou moins large
en fonction de la pression de gaufrage appliquée.
[0060] La figure 4 illustre une première série d'essais destinés à montrer l'effet de la
surface au sommet (ou dimension) des picots du cylindre sur l'épaisseur du produit
obtenu. Partant d'une même densité de picots, ici 60 picots/cm
2, des essais ont été effectués sur des motifs ayant la même profondeur et respectivement
des picots de diamètre au sommet égal à 0,4 mm et 0,6 mm. En ordonnée, on trouve des
épaisseurs des produits et en abscisse le NIP ou empreinte laissée par le cylindre
sur le papier carbone.
[0061] La courbe A correspond à des produits formés sur des cylindres ayant des picots de
diamètre au sommet sensiblement égal à 0,4 mm tandis que la courbe B est relative
à des produits formés sur des cylindres dont les picots présentent un diamètre sensiblement
égal à 0,6 mm. La comparaison de ces courbes montre que pour une même empreinte, on
obtient une épaisseur de la structure plus importante lorsqu'elle est obtenue avec
un cylindre gravé dont les picots présentent la surface au sommet la moins importante.
[0062] Sur la figure 5, résultant d'une deuxième série d'essais tels que définis ci-avant,
les courbes C, D et E ont été obtenues pour trois produits dont les motifs de gaufrage
présentent trois densités de protubérances différentes. Trois cylindres différents
ont été utilisés.
[0063] Partant de picots de même diamètre sur les cylindres, ici 0,4 mm, des essais ont
été effectués sur des motifs ayant la même profondeur et respectivement des densités
de picots de 50, 60 et 80 protubérances/cm
2.
[0064] On observe que, à empreinte égale, plus la densité des picots diminue plus l'épaisseur
du produit obtenu augmente.
[0065] Ainsi, en juxtaposant des zones de motifs de gaufrage ayant des densités et/ou des
surfaces au sommet différentes, on peut obtenir des épaisseurs de produits différentes,
permettant d'avoir l'effet de relief souhaité, sur le produit final.
[0066] La relation entre la variation d'épaisseur du produit et l'effet de relief est donc
bien établie.
1. Produit en papier absorbant, notamment en ouate de cellulose comprenant au moins deux
plis dont l'un au moins est gaufré suivant un motif de gaufrage comprenant des protubérances
(1,2,3) de densité supérieure ou égale à 30 par cm2, caractérisé en ce que ledit motif de gaufrage comprend au moins deux zones juxtaposées dont les protubérances
(1,2,3) présentent respectivement une densité différente et/ou une surface au sommet
différente afin d'obtenir un effet de relief sur ledit produit.
2. Produit selon la revendication 1 caractérisé en ce que le ratio entre la surface occupée par les sommets desdites protubérances (1,2,3)
et la surface gaufrée de la feuille est compris entre 1 et 60 %.
3. Produit selon la revendication 2 caractérisé en ce que le ratio entre la surface occupée par les sommets desdites protubérances et la surface
gaufrée de la feuille est compris entre 7 et 45 %.
4. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que la différence de densité et/ou de surface au sommet des protubérances est supérieure
à 7 % et de préférence supérieure à 15 %.
5. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que la surface au sommet des plus petites protubérances est au moins égale à 0,03 mm2.
6. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que la surface au sommet des plus grosses protubérances est au plus de l'ordre de 0,80
mm2.
7. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que le motif de gaufrage comprend au moins une première zone (1) dont les protubérances
présentent une première densité, ladite zone étant entourée d'au moins une seconde
zone (2,3) dont les protubérances présentent une seconde densité supérieure à la première
densité.
8. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que le motif de gaufrage comprend en outre des éléments linéaires (4,5).
9. Produit selon la revendication 8 caractérisé en ce que les éléments linéaires (5) définissent un réseau géométrique.
10. Produit selon l'une quelconque des revendications 9 ou 10 caractérisé en ce que les éléments linéaires (4) définissent des motifs esthétiques.
11. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce que les plis sont assemblés entre eux par collage.
12. Produit selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce qu'il comprend au moins deux plis gaufrés.
13. Produit selon la revendication 12 caractérisé en ce qu'il comprend en outre un troisième pli non gaufré disposé entre les deux plis gaufrés.