DOMAINE TECHNIQUE DE L'INVENTION
[0001] L'invention concerne le domaine technique des mâts optroniques comportant une pluralité
d'antennes.
[0002] L'invention concerne plus particulièrement les architectures électromécaniques intégrant
un mât optronique de veille avec une antenne de détection radar et une antenne de
communication et d'écoute.
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0003] Les systèmes périscopiques des sous-marins ont connu des développements pour répondre
notamment aux besoins de furtivité accrue du sous-marin dans des opérations militaires.
[0004] En effet, en plus du mât de périscopie permettant une observation visuelle et une
télémétrie du théâtre des opérations se déroulant à la surface, un sous-marin a besoin
de moyens de détection radar permettant de localiser les navires, ainsi qu'une antenne
de communication avec et/ou d'écoute de la surface.
[0005] Ainsi, pour éviter le hissage de plusieurs mâts ou de plusieurs antennes, qui sont
autant de moyens susceptibles de trahir la présence du sous-marin et de permettre
son repérage par un navire ennemi, on a fixé sur le mât optronique les antennes de
détection radar et de communication et d'écoute. On ne hisse ainsi qu'un seul mât,
et non deux ou trois.
[0006] A l'heure actuelle, les mâts optroniques remplacent les systèmes périscopiques optiques.
Ils permettent en effet d'éviter de pratiquer des ouvertures dans la carène du sous-marin,
nécessaires pour l'entrée et la sortie d'un tube de périscope. Les mâts optroniques
permettent au contraire un hissage télescopique sans ouverture dans la carène du sous-marin,
ce qui renforce l'étanchéité de ce dernier.
[0007] Les figures 1 et 2 représentent une vue de face et de profil d'une partie extrémale
supérieure d'un mât optronique selon l'état de l'art.
[0008] Le mât optronique 1 comporte ainsi une partie 2, fixe en gisement, mais qui peut
être hissée à la surface par un sous-marin, par un système télescopique par exemple.
On fixe une partie mobile en gisement 3 sur cette partie fixe 2, afin d'effectuer
une observation en gisement sur 360°. Cette partie mobile 3 comporte ainsi la tête
optronique 4 d'observation du théâtre des observations à la surface. On fixe sur la
tête 4, de façon solidaire, un système de détection radar 5 et une antenne de communication
6, également solidaire de la tête 4 et donc de la partie mobile 3. Ainsi, l'ensemble
des éléments référencés par 4, 5 et 6 tournent en même temps par rapport à la partie
fixe 2.
[0009] L'antenne 6 de communication et d'écoute explore les fréquences de communications
radio (HF, VHF, SHF...). L'antenne 5 de détection radar explore les fréquences d'émission
radar (bandes E à J).
[0010] Cette structure de mât optronique comportant deux antennes présente cependant des
inconvénients.
[0011] Premièrement, les modules de communication, de détection radar et la tête optronique
du mât dépendent les uns des autres. Ceci est particulièrement gênant lorsque les
caractéristiques des antennes ne sont pas identiques.
[0012] Par exemple, le module de détection radar est directionnel. Or, il tourne avec la
tête du mât optronique. Par conséquent, en fonctionnement, un tel module requiert
des informations de gisement concernant la tête du mât optronique pour corriger sa
position angulaire de l'angle de la direction de visée optronique. C'est seulement
une fois que cette opération de correction est effectuée qu'il peut fournir à l'opérateur
la direction d'arrivée « absolue » des signaux radar détectés. En cas de panne du
mât optronique, le module de détection radar ne dispose plus de l'information de position
angulaire et ne peut plus indiquer les directions d'émission radar.
[0013] De plus, si l'antenne de détection radar est envoyée en réparation, le mât optronique
et le module de communication sont inutilisables. En effet, dans les dispositifs selon
l'état de l'art, l'antenne de communication ne se fixe qu'avec l'antenne de détection
radar et ne peut venir se fixer directement sur le haut du mât optronique, en lieu
et place du module de détection radar.
[0014] Deuxièmement, les signaux radiofréquences de l'antenne radar 5 doivent traverser
un collecteur tournant et des cloisons entre les différentes enceintes du mât 1. La
traversée des éléments se traduit par des pertes en transmission. Ces pertes sont
par exemple de l'ordre de 4 à 6 décibels à 18 GHz. Elles dégradent significativement
la sensibilité de l'équipement radar.
[0015] Troisièmement, l'intégration de deux antennes sur la tête d'un mât pose plusieurs
problèmes techniques. En effet, l'implantation de nombreux (de l'ordre de quatre ou
cinq) câbles compatibles avec les radiofréquences est difficile. D'une part, ils sont
encombrants et rigides de par leur conception. Les câbles nécessitent de plus une
connectique spécifique. D'autre part, le collecteur tournant pour l'antenne radar
est compliqué et également encombrant. Son installation nécessite en effet de quatre
à cinq joints tournants hyperfréquence.
[0016] De plus, il existe un risque important de diaphonie entre les câbles véhiculant les
radiofréquences. Une émission sur l'antenne de communication risque de perturber le
module de détection des fréquences radar. Tout cela fait que l'assemblage selon l'état
de la technique a un volume important qui peut avoir des conséquences non négligeables
sur le comportement général du mât optronique. Par exemple, l'asservissement en gisement
doit être performant pour contrecarrer le couple inertiel important de la tête optronique.
Le mât doit de plus avoir une bonne tenue mécanique car le dispositif comporte un
porte à faux important supérieur à 1 mètre, qui doit être mis en regard des contraintes
imposées qui sont importantes, du fait des chocs et des paquets de mer. Ceci augmente
notamment le coût de production des mâts optroniques de l'art antérieur.
PRESENTATION DE L'INVENTION
[0017] L'invention a pour but de pallier ces inconvénients.
[0018] L'invention a notamment pour but de fournir un ensemble comportant un mât optronique,
un module de détection radar et un module de communication et d'écoute permettant
d'éviter les pertes en transmission.
[0019] Un des autres buts de l'invention est de proposer un mât optronique bi-antennaire
dont la conception et le montage sont grandement simplifiés, notamment grâce à un
nombre de pièces réduit.
[0020] Un des autres buts de l'invention est de proposer un mât optronique bi-antennaire
qui évite la diaphonie entre les modules de détection et/ou d'écoute et de communication.
[0021] Un des autres buts de l'invention est de proposer un mât optronique bi-antennaire
dont chaque module est indépendant des autres. Une telle indépendance permet d'augmenter
le taux d'utilisation du mât, notamment en cas d'avarie d'un des modules du mât.
[0022] Enfin, un autre but de l'invention est de proposer un mât optronique dont le volume
est sensiblement réduit, ce qui augmente la furtivité du mât, tout en diminuant les
contraintes de tenue mécanique et d'asservissement en gisement de la tête de mât.
[0023] A cet effet, l'invention propose un mât de sous-marin comportant un stator et un
rotor mobile en gisement par rapport au stator, le rotor comportant une tête optronique
d'observation, caractérisé en ce qu'il comporte en outre une antenne de détection
radar fixée sur le stator.
[0024] L'invention est avantageusement complétée par les caractéristiques suivantes, prises
seules ou en une quelconque de leur combinaison techniquement possible :
- l'antenne de détection radar est fixée en collier sur le stator ;
- il comporte une antenne de communication et d'écoute, fixée sur la tête optronique
;
- les câbles d'alimentation de l'antenne de détection radar et les câbles de transferts
d'informations entre le sous-marin et l'antenne de détection radar sont à l'extérieur
du mât ;
- les câbles d'alimentation de la tête optronique et les câbles de transferts d'informations
entre le sous-marin d'une part et la tête optronique d'autre part sont à l'intérieur
du mât ;
- les câbles d'alimentation de l'antenne de communication et les câbles de transferts
d'informations entre le sous-marin d'une part et l'antenne de communication d'autre
part sont à l'intérieur du mât ;
- l'antenne de détection radar est de forme tubulaire, le diamètre intérieur de l'ouverture
du tube constitutif de l'antenne étant adapté par excès au diamètre extérieur du rotor
;
- le stator est fixé sur une structure télescopique apte à permettre son hissage et
son affalement par rapport au sous-marin ;
- l'antenne de communication et d'écoute est fixée sur la partie supérieure de la tête
optronique.
[0025] L'invention concerne également un sous-marin comportant une antenne selon l'invention.
PRESENTATION DES FIGURES
[0026] D'autres caractéristiques, buts et avantages de l'invention ressortiront de la description
qui suit, qui est purement illustrative et non limitative, et qui doit être lue en
regard des dessins annexés sur lesquels :
Les figures 1 et 2 déjà commentées, représentent une vue de face et de profil d'un
système de mât optronique bi-antennaire selon l'état de l'art ;
La figure 3 représente schématiquement un mât optronique selon l'invention monté sans
l'antenne de communication et sans l'antenne de détection radar ;
La figure 4 représente schématiquement un mât optronique selon l'invention comportant
une antenne radar et une antenne de communication et d'écoute ;
La figure 5 représente schématiquement une vue en élévation d'une antenne de détection
radar pouvant se fixer sur un mât optronique selon l'invention.
[0027] Sur l'ensemble des figures 1 à 5, les éléments de fonctions similaires portent des
références numériques identiques.
DESCRIPTION DETAILLEE DE L'INVENTION
[0028] La figure 3 représente schématiquement une vue de face d'une partie extrémale d'un
exemple de mât optronique 1 selon l'invention.
[0029] Le mât optronique 1 comporte principalement deux parties, toutes deux de forme sensiblement
tubulaire. Une partie 2 appelée 'stator' représente l'embase support d'une partie
3 appelée 'rotor'. Le rotor 3 est fixé sur le stator 2 de façon à pouvoir pivoter
en gisement par rapport au stator, sur un angle de 360° par exemple.
[0030] Le stator 2 est monté sur un mât de hissage solidaire de la carène du sous-marin,
il est fixe en gisement par rapport à la ligne de foi du sous-marin. Le mât optronique
1 peut ainsi être hissé ou affalé par rapport au sous-marin en conservant la référence
de l'orientation du sous-marin.
[0031] La partie 3 comporte à son extrémité supérieure (la plus éloignée du sous-marin)
une tête de détection optronique 4, permettant l'observation de la surface, dans le
spectre visible et l'infrarouge par exemple. L'observation de ces deux spectres permet
une observation de navires à la surface, ainsi qu'une éventuelle télémétrie permettant
d'évaluer la distance entre le sous-marin et des navires à la surface. La tête de
détection optronique 4 est connue en elle-même et ne sera pas décrite en détail dans
la présente description.
[0032] La figure 3 montre également les câbles 7 étanches permettant la transmission des
informations entre l'intérieur du sous-marin et la tête du mât optronique, ainsi que
l'alimentation en énergie des modules de la tête optronique 4. Les câbles 7 sont disposés
à l'intérieure du mât 1, de façon longitudinale au mât 1.
[0033] La figure 4 montre l'ensemble de la partie supérieure du mât optronique 1 selon l'invention.
Le mât comporte ainsi deux antennes en plus de la tête 4 de détection optronique.
Une première antenne référencée par 5 représente une antenne de détection radar. Une
seconde antenne référencée par 6 représente une antenne de communication et d'écoute.
[0034] L'antenne 6 explore les fréquences de communication radio (HF, VHF, SHF,...). L'antenne
5 de détection radar explore les fréquences d'émission radar (bandes E à J).
[0035] L'antenne 6 de communication et d'écoute est montée sur la partie supérieure extrémale
de la tête optronique 4. Cette antenne 6 de communication et d'écoute tourne ainsi
en même temps que la partie optronique 4 du mât 1. Le fait que cette antenne 6 est
solidaire de la tête optronique et tourne en même temps qu'elle n'est pas gênant,
puisque les antennes de communication et d'écoute sont omnidirectionnelles.
[0036] Les câbles étanches 7 permettant les transferts d'information entre l'intérieur du
sous-marin et l'antenne 6, ainsi que l'alimentation de cette dernière sont montés
en interne par rapport au mât optronique et sont ainsi également référencés par 7
sur la figure 4.
[0037] L'antenne de détection radar 5 est quant à elle fixée en collier sur le stator 2
du mât optronique 1. Par exemple, comme le montre la figure 5, l'antenne de détection
radar est de forme tubulaire. On entend par fixation « en collier » le fait que les
parois longitudinales d'émission/réception des ondes radars sont sensiblement parallèles
à la direction d'extension du mât 1. Les parois longitudinales de l'antenne 5 font
ainsi face à l'environnement du mât 1 sur 360°. De par son montage en collier, le
radar possède une vue panoramique de l'environnement du mât 1. Le diamètre intérieur
de l'ouverture du tube constitutif de l'antenne 5 est adapté par excès au diamètre
extérieur du rotor 3 visible sur la figure 3, de façon à permettre au rotor 3 de tourner
au centre de l'antenne 5 fixe sur le stator 2. L'antenne 5 est montée fixe sur le
stator 2 par tout moyen approprié. Comme le montrent les figures 3 et 4, l'antenne
radar 5 peut être fixée au stator 2 grâce à des vis montées sur sa base.
[0038] Ainsi, l'antenne 5 est fixée rigidement sur l'embase support 2, en dessous de la
tête optronique 4.
[0039] On rencontre ainsi, en partant du sous-marin vers la tête du mât optronique, premièrement
l'antenne 5 fixée sur le stator 2, puis, dans une partie supérieure, la tête optronique
4 et, en partie extrémale, l'antenne 6 de communication et d'écoute. La tête 4 et
l'antenne 6 sont solidaires l'une de l'autre et tournent en même temps.
[0040] Par conséquent, l'antenne radar 5 n'est plus mobile par rapport au sous-marin, mais
statique. De part sa situation, en dessous de la tête optronique 4, ses signaux ne
traversent plus le mât optronique 1. Ainsi, les câbles étanches permettant le transfert
d'informations et l'alimentation entre le sous-marin et l'antenne 5 peuvent être montés
en externe par rapport au mât optronique 1 et sont référencés par 8 sur la figure
4. Les câbles étanches 8 passent à l'extérieur du tube du mât 1, ce qui évite toute
diaphonie entre les différents signaux des différents modules.
[0041] Ainsi, l'architecture du mât 1 optronique bi-antennaire de l'invention présente de
nombreux avantages.
[0042] Tout d'abord, dans l'architecture « collier », l'antenne 5 de détection radar ne
tourne pas. Elle est fixée rigidement sur la partie stator 2 du mât optronique. Cette
implantation permet de connecter directement l'antenne 5 aux câbles 8 immergeables
qui lient le mât hissable à la coque épaisse du sous-marin. Il n'y a plus de traversée
électrique du mât optronique 1. La transmission des ondes radiofréquences n'est que
meilleure.
[0043] De plus, dans la nouvelle architecture, les éléments de transmission radiofréquences
internes au mât optronique sont moins nombreux. Par exemple, le dispositif selon l'invention
ne comporte que deux à trois pistes radiofréquences limitées aux bandes de communication
radio. En outre, ces fréquences plus basses que celles de l'écoute radar se prêtent
mieux à une intégration de ce type. On a notamment moins de perte en transmission
et des câbles de section plus réduite.
[0044] On rappelle que le risque de diaphonie entre les voies radar et de communication
est très faible, dans la mesure où le cheminement de leurs câbles respectifs est clairement
séparé. Le cheminement des câbles de l'antenne 5 de détection radar est effectué en
externe, tandis que le cheminement des câbles de l'antenne 6 de communication est
effectué en interne par rapport au mât optronique.
[0045] La partie tournante du mât composée de la tête optronique 4 et de l'antenne 6 de
communication est également plus compacte et moins inertielle.
[0046] Enfin, la nouvelle architecture réduit notoirement la dépendance des modules les
uns par rapport aux autres. L'antenne 5 de détection radar est montée fixe et ne dépend
pas de la direction de pointage du mât optronique 1. Elle peut donc être utilisée
lorsque ce dernier est inopérant, par exemple éteint ou en panne. Le mât 1 sans son
antenne 5 de détection radar peut être utilisé normalement. Les fonctions de détection
optronique et de communication ou d'écoute restent disponibles lorsque l'antenne 5
de détection radar est démontée pour des opérations de maintenance par exemple.
[0047] Bien entendu, on comprend que la partie supérieure du mât 1 constituant le rotor
peut ne comporter qu'une tête optronique 4 et ne comporter qu'une antenne 6 de communication
et d'écoute en option.
1. Mât (1 ) de sous-marin comportant un stator (2) et un rotor (3) mobile en gisement
par rapport au stator, une antenne (5) de détection radar fixée sur le stator (2),
le rotor (3) comportant une tête (4) optronique d'observation, caractérisé en ce que l'antenne (5) de détection radar est fixée en collier sur le stator (2).
2. Mât selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte une antenne (6) de communication et d'écoute, fixée sur la tête optronique
(4).
3. Mât selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que les câbles (8) d'alimentation de l'antenne (5) de détection radar et les câbles (8)
de transferts d'informations entre le sous-marin et l'antenne (5) de détection radar
sont à l'extérieur du mât (1).
4. Mât selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que les câbles (7) d'alimentation de la tête (4) optronique et les câbles de transferts
d'informations entre le sous-marin d'une part et la tête (4) optronique d'autre part
sont à l'intérieur du mât (1).
5. Mât selon l'une des revendications 2 à 4, caractérisé en ce que les câbles (7) d'alimentation de l'antenne (6) de communication et les câbles de
transferts d'informations entre le sous-marin d'une part et l'antenne (6) de communication
d'autre part sont à l'intérieur du mât (1 ).
6. Mât selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'antenne de détection radar est de forme tubulaire, le diamètre intérieur de l'ouverture
du tube constitutif de l'antenne (5) étant adapté par excès au diamètre extérieur
du rotor (2).
7. Mât selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que le stator est fixé sur une structure télescopique apte à permettre son hissage et
son affalement par rapport au sous-marin.
8. Mât selon l'une des revendications 2 à 7, caractérisé en ce que l'antenne (6) de communication et d'écoute est fixée sur la partie supérieure de
la tête optronique (4).
9. Sous-marin, caractérisé en ce qu'il comporte une antenne selon l'une des revendications 1 à 8.