[0001] L'invention concerne le diagnostic de la résistance des cancers, notamment colorectaux,
au médicament anti-tumoral "oxaliplatine" (dénomination commune internationale de
ce produit, dont le nom commercial est l'Eloxatine).
[0002] L'invention concerne également un procédé de selection d' agents « anti-résistance
» permettant d'améliorer l'efficacité du traitement à base d'oxaliplatine (en association
avec l'oxaliplatine ou en deuxième intention, après développement d'une résistance
à l'oxaliplatine).
[0003] Les traitements chimiothérapeutiques des cancers colorectaux, malgré la disponibilité
de molécules anti-tumorales actives comme l'oxaliplatine, voient leur efficacité très
limitée par la survenue fréquente d'une résistance des cellules tumorales aux effets
cytotoxiques des médicaments, utilisés seuls ou en combinaison.
[0004] La réduction de cette résistance est donc un enjeu majeur pour la santé et l'industrie
pharmaceutique. Des traitements à l'oxaliplatine, anticancéreux dont l'administration
vise à détruire les cellules cancéreuses, sont notamment décrits dans les documents
US 5,716,968 et
EP 0 943 331.
[0005] L'atteinte de cet objectif, revenant à créer des traitements "anti-résistance" associés
aux médicaments anti-tumoraux comme l'oxaliplatine, nécessite l'identification de
mécanismes moléculaires jusqu'à présent non élucidés qui gouvernent l'émergence de
la résistance à l'intérieur des cellules tumorales.
[0006] L'identification de ces mécanismes, inconnus à ce jour dans le cas de la résistance
des cancers, notamment des cancers colorectaux, à l'oxaliplatine, vise donc principalement
deux applications :
- le diagnostic précoce de la résistance : il s'agit d'éviter des chimiothérapies qui
n'auraient aucun bénéfice thérapeutique, alors qu'elles représentent un risque toxique
et un coût important,
- le traitement par des médications contrariant ou contournant les mécanismes de résistance.
[0007] Il est important de noter qu'il n'existe dans l'art antérieur aucun test précoce
de résistance au traitement par l'oxaliplatine.
[0008] Résistance à l'oxaliplatine : l'oxaliplatine est un sel de platine possédant un spectre d'activité anti-tumoral
beaucoup plus large que les sels de platine conventionnels comme le cisplatine ou
le carboplatine. Les mécanismes de résistance au cisplatine ont pu être en grande
partie élucidés mais ne rendent pas compte de la résistance à l'oxaliplatine. Plus
particulièrement, les dérégulations des systèmes de réparation MMR ou NER associées
à la résistance au cisplatine ne confèrent pas de résistance à l'oxaliplatine. La
résistance à l'oxaliplatine restait jusqu'à la présente invention inexpliquée. L'oxaliplatine
(CgH, 4N204Pt, [(1R, 2R)-1,2-cyclohexanediamine-N, N'] [oxalato (2-)-O, O'] platinum),
est un diaminocyclohexane connu pour endommager l'ADN. La présente invention couvre
la résistance à l'oxaliplatine, ainsi que le cas échéant à des dérivés de l'oxaliplatine
qui donnent lieu également à une résistance.
[0009] Deux études, menées sur le même modèle cellulaire de cancer ovarien (lignée ATCC
A2780), identifient un mécanisme potentiellement effecteur de la résistance à l'oxaliplatine
de ce type de cancer : une augmentation de glutathion intracellulaire, ainsi qu'une
diminution d'accumulation intracellulaire de platine et d'adduits ADN-platine sont
associés à la résistance à l'oxaliplatine. Mais ces études n'apportent pas de démonstration
fonctionnelle à ces identifications. L'hypothèse d'implication du glutathion est soulignée
dans le document
Cancer Lett. 1996 Jul. 19, 105(1):5-14, Altered glutathione metabolism in oxaliplatin resistant ovarian carcinoma cells
(El-akawi Z, Abu-hadid M, Perez R, Glavy J, Zdanowicz J, Creaven PJ, Pendyala L.),
Department of Investigational Therapeutics, Roswell Park Cancer Institute, Buffalo,
NY 14263, USA.
[0013] Toutefois ces études ne permettent pas d'expliquer avec certitude les mécanismes
de résistance observée.
[0014] Ainsi, l'invention vise à pallier les inconvénients de l'art antérieur, et en particulier
à élucider les mécanismes de résistance des cancers, notamment des cancers colorectaux,
à l'oxaliplatine, pour pouvoir mettre en oeuvre un diagnostic précoce de la résistance
au cours du traitement, et concevoir une démarche pharmacologique rationnelle pouvant
aboutir à la mise au point de traitements « anti-résistance » mieux ciblés sur ces
mécanismes.
[0015] Inversement, la réalisation de tests diagnostiques précoces de la résistance permettra,
au moins, d'informer le médecin cancérologue de la nécessité de réorienter le traitement
(par exemple en introduisant d'autres médicaments dans le schéma thérapeutique). Le
bénéfice en sera la réduction d'effets indésirables et la limitation de dépenses de
santé inutiles. De plus, la disponibilité de traitements spécifiques (médicaments,
thérapies géniques, ...) contrariant ou contournant la résistance au niveau des mécanismes
mis en évidence (apoptose mitochondriale), restaurera l'efficacité de l'oxaliplatine.
Le bénéfice sera évidemment médical mais également économique : le gain d'efficacité
justifiera le maintien et l'extension de l'utilisation de l'oxaliplatine.
[0016] Les inventeurs ont eu à résoudre plusieurs problèmes techniques dont la mise en place
d'un modèle expérimental fiable (sélection et caractérisation de lignées cellulaires
résistantes à l'oxaliplatine à partir de lignées référencées) et l'exploration de
ce modèle (identification de l'altération de l'apoptose mitochondriale en tant que
marqueur de la résistance spécifique à l'oxaliplatine).
[0017] Les inventeurs ont réussi à démontrer que la résistance à l'oxaliplatine est associée
à l'expression anormale de gènes d'apoptose mitochondriale. L'art antérieur décrit
des composés inducteurs d'apoptose agissant directement et spécifiquement au niveau
mitochondrial. Toutefois le lien entre l'apoptose mitochondriale (AM) et des mécanismes
de résistance à l'oxaliplatine n'est nullement décrit ou suggéré dans l'art antérieur.
[0018] Les inventeurs ont ainsi mis au point une méthode de diagnostic de la résistance
à l'oxaliplatine, reposant sur la mise en évidence de marqueurs de l'altération de
l'apoptose mitochondriale dans les cellules tumorales, par tout moyen approprié :
biochimique comme l'immunodétection, génétique comme le séquençage ou la quantification
des transcrits.
[0019] Ainsi, selon un premier aspect, l'invention concerne un procédé de détection,
in vitro ou
in vivo, de la résistance de cellules cancéreuses à un traitement à l'oxaliplatine, comprenant
la mesure de l'apoptose mitochondriale de cellules cancéreuses traitées ou pouvant
ou devant être traitées à l'oxaliplatine, cette mesure comprenant au moins la mesure
de l'expression du gêne d'apoptose mitochondriale codant pour la protéine Bax. Par
résistance de cellules cancéreuses traitées à l'oxaliplatine on entend que les cellules
cancéreuses, d'un patient où en culture, résistent au traitement à l'oxaliplatine
de manière telle que ce traitement n'est pas totalement satisfaisant car ne permettant
pas de les détruire à un niveau suffisant.
[0020] Ce procédé de détection concerne notamment les cancers colorectaux. Cependant d'autres
cancers dont le traitement comprend l'administration d'oxaliplatine font également
partie de l'invention, en particulier certains cancers des ovaires, des cellules germinales,
du poumon, des voies digestives, de la prostate, du pancréas, de l'intestin grêle,
de l'estomac.
[0021] Il est décrit ici également un procédé de détection comprenant la mesure de l'expression
d'au moins un gène d'apoptose mitochondriale. Par « expression d'au moins un gène
d'apoptose mitochondriale », on entend le niveau d'expression d'au moins un gène effecteur
ou marqueur d'apoptose mitochondriale. Par gène effecteur, on entend un gène responsable
au moins en partie de l'apoptose mitochondriale, cette expression pouvant se traduire
notamment par la quantité d'ARNm produite, la quantité de protéines codées par ces
gènes, le niveau d'activité de ces protéines. Par exemple un niveau d'apoptose faible
peut être dû à la synthèse d'une protéine d'apoptose dont la séquence diffère par
rapport à celle d'un patient non résistant, la quantité de protéine étant normale
mais son activité biologique étant plus faible. Par gène marqueur on entend un gène
qui n'est pas nécessairement impliqué dans les mécanismes de l'apoptose mitochondriale,
mais dont le niveau d'expression est corrélé à un niveau d'apoptose déterminé.
[0022] Parmi les gènes effecteurs ou marqueurs d'apoptose mitochondriale, on pourra en particulier
analyser, en plus des gènes déjà étudiés par les inventeurs (gène Bax notamment),
des gènes connus pour leur implication dans les mécanismes d'apoptose mitochondriale,
décrits notamment dans le document
US 6,268,398 :
- des facteurs initiant ou stimulant la cascade d'apoptose et/ou l'activité de protéases
caspases (Thomberry and Lazebnik, Science 281:1312-1316, 1998), tels que le cytochrome c, qui sont libérés suite à un stress oxydatif ;
- des « facteurs inducteurs d'apoptose » décrits dans Murphy, Drug Dev. Res. 46:18-25, 1999 ;
- des facteurs induisant la condensation de la chromatine (Marchetti et al., Cancer Res. 56:2033-38, 1996) qui précède l'apoptose ;
- des protéines Bcl-2, connues pour leur activité anti-apoptose, situées dans la membrane
externe des mitochondries (Monaghan et al., J. Histochem. Cytochem. 40:1819-25, 1992), qui protègent les membranes contre le stress oxydatif (Korsmeyer et al., Biochim. Biophys. Act. 1271:63, 1995 ; Nguyen et al., J. Biol. Chem. 269:16521-24, 1994) notamment en bloquant la libération de cytochrome c et l'activation de la caspase
3 (Yang et al., Science 275:1129-1132, 1997 ; Kluck et al., Science 275:1132-1136, 1997).
[0023] L'homme du métier dispose de nombreuses techniques appropriées de mesure de l'expression
de gènes. On citera par exemple :
- la mesure d'ARNm et d'ADNc, à l'aide de techniques de RT-PCR, de Northern blot, d'hybridation
à des banques de cDNA (Sambrook et al., Molecular Cloning-A Laboratory Manual, Cold Spring Harbor Press,
New York (1989), de techniques de differential display (Liang et al., 1995, Curr. Op. Immunol. 7:274-280 ; EP 534 858), de techniques utilisant des puces à ADNc ou des oligonucléotides (Eisen, M. B. and P. O. Brown, Methods Enzymol, 303:179-205 (1999) ; Brown, P. O. and D. Botstein, Nat Genet, 21(1 Suppl):33-7 (1999) ; Cheung, V. G., et al., Nat Genet, 21(1 Suppl):15-9(1999)) ;
- la mesure de protéines à l'aide d'analyses western-blot, immunohistochimiques.
[0024] Par exemple, la quantification de cytochrome c peut utiliser une méthode spectrophotométrique,
immunochimique. La libération de cytochrome c des mitochondries peut être suivie par
exemple à l'aide de méthodes immunologiques, de la spectrométrie MALDI-TOF couplée
à une capture par affinité (notamment pour l'apocytochrome c et l'holo cytochrome
c), du système SELDI (Ciphergen, Palo Alto, USA).
[0026] Dans la mesure où le niveau anormalement faible d'apoptose mitochondriale peut être
dû à plusieurs gènes, la détection peut impliquer la mesure du niveau d'expression
de plusieurs gènes d'apoptose : on peut ainsi déterminer le profil d'expression de
plusieurs gènes comparé entre des patients dont on diagnostique la résistance et des
patients non résistants. En déterminant des profils d'expression suffisamment précis,
le clinicien pourra détecter un phénotype résistant, mais aussi prévoir des résistances
pour optimiser la thérapie.
[0027] Les gènes d'apoptose mitochondriale peuvent faire partie de l'ADN mitochondrial ou
de l'ADN nucléaire.
[0028] Selon une réalisation, le procédé de détection comprend la mesure de la quantité
et/ou de l'activité de la protéine Bax dans les cellules cancéreuses, ou la mesure
des ARNm transcrits codant la protéine Bax.
[0029] Selon une réalisation le procédé de détection comprend :
- a) la détermination du niveau d'expression d'au moins du gène Bax d'apoptose mitochondriale
sur des cellules cancéreuses prélevées chez un patient traitées à l'oxaliplatine;
- b) la comparaison du niveau mesuré avec un échantillon contrôle de cellules non résistantes
à l'oxaliplatine.
Un niveau d'apoptose mitochondriale inférieur indique une résistance. Un niveau d'expression
inférieur indique une résistance dans le cas d'un gène effecteur stimulateur de l'apoptose
mitochondriale, un niveau d'expression supérieur indique une résistance dans le cas
d'un gène effecteur inhibiteur de l'apoptose mitochondriale.
Les écarts de niveaux d'expression analysés sur un nombre suffisant de patients permettent
de déterminer le risque et le degré de résistance, les écarts quantitatifs significatifs
observés pouvant être faibles ou élevés selon les gènes impliqués.
On peut utiliser des échantillons par exemple de biopsies sur un individu atteint
d'un cancer à différents moments. Par exemple, un premier échantillon correspond à
l'instant du diagnostic et un second échantillon est obtenu à un second instant après
un traitement du patient avec une composition comprenant un agent anti-résistance.
Le diagnostic peut aussi être effectué suite à une thérapie génique, par exemple pour
évaluer le niveau d'apoptose mitochondriale suite au transfert de séquences d'acides
nucléiques codant pour des protéines d'apoptose mitochondriale.
L'invention concerne également un procédé pour la détection de cellules cancéreuses
résistantes à l'oxaliplatine comprenant la mise en contact de l'échantillon biologique
examiné avec un anticorps capable de reconnaître la protéine Bax d'apoptose ou un
fragment biologiquement actif de cette protéine, et la mise en évidence du complexe
antigène-anticorps éventuellement formé.
Pour la mise en oeuvre de tels procédés, on pourra utiliser un kit comprenant :
- a) un anticorps par exemple monoclonal ou polyclonal, ledit anticorps étant capable
de reconnaître la protéine d'apoptose ou un fragment biologiquement actif de cette
protéine ;
- b) éventuellement les réactifs pour la constitution du milieu propice à la réaction
immunologique ;
- c) éventuellement les réactifs permettant la mise en évidence des complexes antigènes-anticorps
produits par la réaction immunologique.
Ainsi, des anticorps peuvent être utilisés pour détecter les protéines d'apoptose
sous exprimées. On peut citer, pour une protéine d'apoptose donnée, les anticorps
reconnaissant les épitopes de la protéine qui ne sont pas présents dans d'autres protéines.
Les anticorps destinés à reconnaître spécifiquement un ou plusieurs épitopes des protéines
d'apoptose, en particulier la protéine Bax, peuvent être notamment des anticorps monoclonaux,
polyclonaux, humanisés, chimériques, des anticorps simples chaînes, des fragments
Fab, des fragments Fab'2, des fragments produits par une banque d'expression Fab,
des anticorps anti-idiotypiques.
Les anticorps monoclonaux, population homogène d'anticorps pour un antigène particulier,
peuvent être obtenus à l'aide de techniques connues de l'homme du métier telles que
la technique des hybridomes de Kohler et Milstein (Nature 256:495-497, 1975; and U.S. Pat. No. 4,376,110), la technique des hybridomes de cellules B humaines (Kosbor et al., Immunology Today 4:72, 1983; Cole et al., Proc. Natl. Acad. Sci. USA 80:2026-2030, 1983), la technique des hybridomes EBV (Cole et al., "Monoclonal Antibodies And Cancer Therapy," Alan R. Liss, Inc. pp. 77-96,
1985). On peut également préparer des anticorps monoclonaux à l'aide de kits de banques
de phage display commercialisés par Pharmacia ou Stratagène. Des anticorps chimériques
peuvent être obtenus selon une technique de Morrison et al., Proc. Natl. Acad. Sci., USA 81:6851-6855. Des banques d'expression Fab peuvent être construites selon la technique de Huse et al., Science 246:1275-1281, 1989. Des anticorps anti-idiotypiques peuvent être obtenus par la technique de Greenspan et Bona, FASEB J. 7:437-444, 1993.
[0030] Selon un autre aspect, l'invention concerne un procédé de détection de la résistance
de cellules cancéreuses à un traitement à l'oxaliplatine comprenant détection
in vitro d'au moins une mutation indicatrice d'une apoptose mitochondriale déficiente dans
une région du gène Bax contenant une série de 8 déoxyguanines.
[0031] L'identification de telles mutations permet un diagnostic précoce qui permet de mieux
cibler la thérapie et d'éviter des traitements inappropriés. Le séquençage comparé
de gènes d'apoptose entre des patients dont on diagnostique précocement la résistance
et des patients résistants peut également être utilisé.
[0032] L'invention concerne également un procédé pour la détection de cellules cancéreuses
résistantes à l'oxaliplatine mettant en oeuvre au moins une séquence amorce
ou sonde spécifique du gène Bax d'apoptose mitochondriale, obtenue par des techniques
appropriées de construction utilisant des séquences repérées par exemple dans GenBank.
[0033] L'invention concerne ainsi un procédé comprenant :
- a) éventuellement, l'isolement de l'ADN mitochondrial à partir de l'échantillon biologique
à examiner, ou l'obtention d'un ADNc à partir de l'ARN de l'échantillon biologique
ou d'ADN génomique ;
- b) l'amplification spécifique de l'ADN du a) à l'aide d'au moins une amorce d'amplification
du géne Bax d'apoptose mitochondriale.
[0034] On pourra utiliser ainsi un kit de diagnostic de la résistance à l'oxaliplatine comprenant
des moyens d'extraction de l'ADN mitochondrial de cellules cancéreuses, des moyens
de détection et d'amplification d'ARNm de gènes d'apoptose mitochondriale, par exemple
du gène Bax, ou d'ADN génomique.
[0035] L'invention concerne également un procédé comprenant:
- a) la mise en contact d'une sonde nucléotidique du gène Bax d'apoptose mitochondriale
avec l'échantillon biologique analysé, l'acide nucléique de l'échantillon ayant le
cas échéant préalablement été rendu accessible à l'hybridation, dans des conditions
permettant l'hybridation de la sonde et de l'acide nucléique de l'échantillon,
- b) la mise en évidence de l'hybride éventuellement formé.
[0036] On pourra utiliser un kit de diagnostic de la résistances à l'oxaliplatine comprenant
:
- a) au moins un compartiment adapté pour contenir et, le cas échéant, contenant une
amorce ou une sonde d'un gène d'apoptose mitochondriale tel que le gène Bax ;
- b) éventuellement les réactifs nécessaires à la mise en oeuvre d'une réaction d'hybridation
;
- c) éventuellement au moins une amorce et les réactifs nécessaires à une réaction d'amplification
de l'ADN. Il est également décrit ici un procédé visant à déterminer si un traitement
à l'oxaliplatine doit être poursuivi et/ou complété, caractérisé en ce qu'il comprend
:
- a) l'obtention d'au moins deux échantillons comprenant des cellules cancéreuses issues
du patient en cours de traitement à l'oxaliplatine ;
- b) la mesure du niveau d'apoptose mitochondriale, par exemple à l'aide de la mesure
d'expression de la protéine Bax, dans les échantillons ;
- c) la poursuite du traitement lorsque le niveau d'apoptose ne diminue pas lors du
traitement
[0037] Selon un autre aspect, l'invention concerne un procédé de sélection de composés inhibiteurs
de la résistance à l'oxaliplatine, désignés composés anti-résistance, le procédé comprenant
l'addition d'au moins un composé candidat à des cellules cancéreuses prélevées sur
un patient résistantes à l'oxaliplatine, la comparaison du niveau d'expression du
gène Bax d'apoptose mitochondriale en présence et en absence du composé, la déduction
de l'effet anti-résistance lorsque le niveau d'expression du gène Bax est est supérieur
après l'addition du composé. L'effet anti-résistance est également déduit si le niveau
d'expression après addition du composé est supérieur lorsque le gène est un gène stimulateur
d'apoptose, et inférieur lorsque le gène est un gène inhibiteur de l'apoptose mitochondriale.
[0038] In vivo le procédé de sélection peut comprendre, chez un patient traité à l'oxaliplatine
et résistant à l'oxaliplatine :
- a) l'obtention à un premier instant d'un premier échantillon comprenant des cellules
cancéreuses du patient ;
- b) l'administration du composé candidat au patient;
- c) l'obtention à un second instant d'un second échantillon comprenant des cellules
cancéreuses du même patient ;
- d) la détermination du niveau d'apoptose mitochondriale et/ou du niveau d'expression
d'au moins un gène d'apoptose mitochondriale tel que le gène Bax dans le premier et
le second échantillon ;
- e) la déduction de l'effet anti-résistance à l'oxaliplatine du composé lorsque le
niveau d'apoptose est supérieur dans le second échantillon.
[0039] L'effet anti-résistance est également déduit si le niveau d'expression est supérieur
dans le second échantillon lorsque le gène est un gène stimulateur d'apoptose, et
inférieur si le gène est un gène inhibiteur de l'apoptose mitochondriale. De tels
procédés
in vivo concernent de préférence des composés dérivés de composés déjà identifiés comme anti-résistants.
[0040] Par agent anti-résistance on entend un composé capable de diminuer, de préférence
de compenser totalement, la résistance des patients à l'oxaliplatine. Ces agents anti-résistance
sont destinés à rétablir le niveau normal d'expression d'au moins un gène d'apoptose
mitochondriale, soit directement, soit indirectement par exemple par l'activation
ou l'inhibition de molécules régulatrices de l'expression de ces gènes. Un agent anti-résistance
pourra par exemple bloquer l'activité d'un composé responsable d'une inhibition anormale
de l'activité de gènes d'apoptose au niveau de la transcription, de la traduction,
ou de l'activité d'une protéine.
[0041] On peut rechercher des composés candidats notamment parmi des petites molécules,
des polypeptides (par exemple oligopeptides, anticorps, fragments d'anticorps), des
acides nucléiques. Les procédés de criblage d'agents anti-résistance à l'oxaliplatine
font typiquement intervenir des banques de molécules connues de l'homme du métier
telles que des banques de substances biologiques (protéines notamment), des banques
de substances synthétiques.
[0042] Des banques de composés peuvent se présenter sous forme de solution (e.g.,
Houghten, 1992, Biotechniques 13:412-421), sur des billes (
Lam, 1991, Nature 354:82-84), sur des puces (
Fodor, 1993, Nature 364:555-556). On peut également utiliser des banques décrites dans les documents
US 5,292,646 et
5,270,281.
[0043] On pourra étudier en particulier l'effet de composés déjà connus de l'homme du métier
comme stimulateurs de l'apoptose mitochondriale, tels que le TNF (facteur de nécrose
des tumeurs), le FasL, le glutamate, l'Herbimycin A (
Mancini et al., J. Cell. Biol. 138:449-469, 1997), le Paraquat (
Costantini et al., Toxicology 99:1-2, 1995), des inhibiteurs de protéines kinase tels que la Staurosporine, la Calphostin C,
les dérivés de la d-érythro-sphingosine, le chlorure de Chélérythrine, des inducteurs
de MAP kinase tels que l'Anisomycine, des inducteurs de MPT catégorie dont fait partie
la protéine Bax (
Jurgenmeier et al., Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 95:4997-5002, 1998).
[0044] Parmi les tests permettant de mesurer le niveau d'apoptose mitochondriale, on peut
citer la mesure de l'activité enzymatique de complexes mitochondriaux ETC I, II, III,
IV et de l'ATP synthétase, la mesure de la consommation mitochondriale d'oxygène (
Miller et al., J. Neurochem., 67:1897, 1996), la mesure de l'état d'oxydation du cytochrome c mitochondrial à 540 nm, la mesure
du stress oxydatif en présence et en absence de l'agent anti-résistance.
[0045] Il est également décrit ici l'utilisation d'au moins un agent anti-résistance stimulateur
de l'apoptose mitochondriale pour la préparation d'un médicament chez des patients
présentant ou susceptibles de présenter une résistance à l'oxaliplatine. Par patient
résistant on entend un patient présentant des cellules cancéreuses résistantes à l'oxaliplatine.
On peut utiliser un tel agent anti-résistance chez des patients présentant une réponse
partielle au traitement à l'oxaliplatine pour améliorer l'efficacité du traitement.
[0046] Selon une réalisation les composés anti-résistance sont issus d'un procédé de sélection
tel que décrit précédemment. L'homme du métier dispose de tests suffisamment décrits
dans la demande pour sélectionner ces composés ; l'invention couvre donc également
l'utilisation de ces composés, même si la structure chimique précise des composés
n'est pas totalement identifiée : si un composé testé répond aux critères de sélection
(en particulier stimulation de l'apoptose, augmentation de l'expression d'au moins
un gène stimulateur d'apoptose, diminution de l'expression d'au moins un gène inhibiteur
d'apoptose.), alors l'homme du métier pourra l'utiliser pour la préparation d'un médicament
anti-résistance à l'oxaliplatine sans avoir nécessairement besoin de connaître sa
structure chimique.
[0047] Le traitement ciblera plus spécialement les cellules cancéreuse ayant acquis la résistance
à l'oxaliplatine. Le traitement vise à rétablir un niveau d'expression ou d'activité
de gènes impliqués dans l'apoptose mitochondriale suffisant pour que les cellules
cancéreuse résistantes réengagent plus activement ce processus. On recherchera une
apoptose normale similaire à celle de cellules cancéreuses non résistantes, ou au
moins une augmentation de l'apoptose mitochondriale suffisante pour réduire les symptômes
cliniques.
[0048] Le traitement du patient fera intervenir typiquement l'association de l'oxaliplatine
et d'au moins un agent anti-résistance, selon une administration qui peut être simultanée,
séparée ou étalée dans lé temps. La quantité d'agents anti-résistance à administrer
aux patients doit être suffisante pour être thérapeutiquement efficace, pour réduire
au moins partiellement la résistance à l'oxaliplatine. Le traitement combinant l'oxaliplatine
et au moins un agent de anti-résistance à l'oxaliplatine, chez un patient résistant,
vise de manière préférentielle à obtenir une efficacité thérapeutique au moins égale
à celle d'un traitement à l'oxaliplatine chez un patient non résistant.
[0049] Il est décrit également une méthode de traitement d'un patient résistant à l'oxaliplatine
ou susceptible de présenter une résistance à l'oxaliplatine, comprenant l'administration
d'au moins un composé stimulateur de l'apoptose mitochondriale.
[0050] Il est décrit également un procédé pour inhiber une résistance à l'oxaliplatine chez
l'homme, comprenant l'administration d'un composé capable de stimuler sélectivement
l'apoptose mitochondriale de cellules cancéreuses, chez un patient requérant un tel
traitement anti-résistance.
[0051] La toxicité et l'efficacité thérapeutique des agents anti-résistance peuvent être
déterminées par des techniques standard d'expérimentation sur les cultures de cellules
ou des animaux de laboratoire. La transposition sur des patients humains connaissant
ces données est obtenue à l'aide de méthodes appropriées.
[0052] Une formulation pourra comprendre de l'oxaliplatine typiquement dans une quantité
de 1 à environ 10 mg/ml, de préférence 1 à 5 mg/ml, et encore préférée de 2 à 5 mg/ml.
Les doses d'oxaliplatine administrées au patient résistant seront typiquement de l'ordre
de 10 mg/m2/jour à 250 mg/m2/jour, de préférence 20 mg/m2/jour à 200 mg/m2/jour, de
préférence entre 50 et 150 mg/m2/jour.
[0053] L'administration peut être répétée pendant des cycles de 1 à 5 jours espacés d'un
intervalle de 1 à 5 semaines. Pour des patients présentant une plus forte résistance,
le clinicien déterminera la dose d'oxaliplatine appropriée, la dose d'agents anti-résistance,
la durée du traitement.
[0054] On pourra associer le cas échéant à l'oxaliplatine et à l'agent anti-résistance au
moins un composé connu de l'homme du métier pour renforcer l'efficacité e/ou la stabilité
de l'oxaliplatine ; de tels agents sont décrits dans les documents
EP 0 943 331 et
WO 01/66102.
[0055] L'oxaliplatine sera typiquement associée à un transporteur pharmaceutiquement acceptable,
tel qu'un solvant approprié. Le transporteur sera en général de l'eau, ou un ou plusieurs
solvants, ou un mélange d'eau et d'un ou plusieurs solvants appropriés. On pourra
préférer de l'eau pure stérile pour injection et parmi les solvants : les polyalkylène
glycols tels que le polyéthylène glycol, le polypropylène glycol, le polybutylène
glycol et analogues, l'éthanol, le polymère 1-vinyl-2-pyrrolidone, des solutions de
sucres pharmaceutiquement acceptables telles que le lactose, le dextrose, le sucrose,
le mannose, le mannitol, les cyclodextrines ou analogues. Le pH des formulations en
solution d'oxaliplatine est typiquement de 2 à 5, de préférence de 3 à 4,5.
[0056] Les formulations seront administrées aux patients par des voies conventionnelles
appropriées, typiquement par voie parentérale (par exemple intraveineuse, intrapéritonéale
et analogues). L'administration intraveineuse se fera par exemple sur une période
de 12 heures à 5 jours. Le pourcentage du composé actif dans les formulations mixtes
selon l'invention comprenant l'oxaliplatine et au moins un agent de résistance, est
adapté selon le dosage et le degré de résistance à l'oxaliplatine en particulier.
Le dosage approprié pour un patient particulier sera déterminé notamment en fonction
du type d'administration choisi, de la durée du traitement, de la taille, de l'âge,
de la condition physique du patient, du degré de résistance à l'oxaliplatine, de la
réponse du patient à la composition.
[0057] L'incorporation de l'agent anti-résistance dans la composition d'oxaliplatine s'effectue
par les techniques appropriées.
[0058] Pour une administration orale à l'aide de pastilles, poudres, granules et analogues,
on pourra utiliser des excipients tels que le lactose, le chlorure de sodium, le sucrose,
le glucose, l'urée, l'amidon, le calcium, le kaolin, la cellulose cristalline, l'acide
salicyllique, la méthyle cellulose, le glycérol, l'alginate de sodium, la gomme arabique
et analogues. On pourra utiliser des agents de liaison habituels tels que des solutions
de glucose, des solutions d'amidon, des solutions de gélatine. On pourra utiliser
des désintégrants tels que l'amidon, l'alginate de sodium, la poudre d'agar, le carbonate
de calcium. Parmi les agents absorbants, on pourra utiliser l'amidon, le lactose,
le kaolin, la bentonite. Parmi les lubrifiants, on pourra utiliser le talc purifié,
les sels d'acides stéariques, le polyéthylène glycol.
[0059] On prendra soin pour la formulation d'éviter des problèmes éventuels dus à l'association
d'oxaliplatine et d'un agent anti-résistance tels que les problèmes de précipitation
des composés.
[0060] Une composition thérapeutique d'oxaliplatine comprendra typiquement 0,005 % à 95
%, de préférence 0,5 à 50 % d'oxaliplatine et d'agents anti-résistance.
[0061] Sur le plan dû mécanisme d'action, selon une réalisation, l'agent anti-résistance
est un agent stimulateur de l'expression d'au moins un gène d'apoptose mitochondriale.
[0062] Selon une réalisation, l'agent anti-résistance est une molécule capable d'inhiber
l'expression de gènes inhibiteurs de l'apoptose mitochondriale. On pourra utiliser
des oligonucléotides antisens complémentaires d'ARNm codant des molécules inhibitrices
de l'expression de gènes effecteurs d'apoptose. L'oligonucléotide antisens se liera
spécifiquement à l'ARNm de telles molécules inhibitrices en inhibant leur traduction.
La complémentarité devra être suffisante pour que l'hybridation avec l'ARNm de la
molécule inhibitrice conduise à la formation d'hybrides stables. Typiquement, on utilisera
des antisens d'une longueur comprise entre 6 et 50 nucléotides typiquement d'au moins
10 à 20 nucléotides. Les antisens peuvent être synthétisés par des méthodes connues
de l'homme du métier en utilisant des nucléotides modifiés pour augmenter la stabilité
du duplex antisens/sens. On peut utiliser par exemple les nucléotides modifiés suivants
: 5-fluorouracile, 5-bromouracile, 5-chlorouracile, 5-iodouracile, hypoxanthine, xanthine,
4-acétylcytosine, 5-(carboxyhydroxylméthyl) uracile, 5-carboxyméthyl aminométhyl-2-thiouridine,
5-carboxyméthylaminométhyluracile, dihydrouracile, bêta-D-galactosylquéosine, inosiné,
N6-isopentenyladénine, 1-méthylguanine, 1-méthyl inosine, 2,2-diméthylguanine, 2-méthyladénine,
2-méthylguanine, 3-méthylcytosine, 5-méthylcytosine, N6-adénine, 7-methylguanine,
5-méthylaminométhyluracile, 5-méthoxy amininométhyl-2-thiouracile, beta-D-mannosylqueosine,
5'-méthoxycarboxyméthyl uracile, 5-méthoxyuracile, 2-méthylthio-N6-isopentenyladénine,
5-méthyl-2-thiouracile, 3-(3-amino-3-N-2-carboxypropyl) uracile, 2,6-diaminopurine.
Les antisens peuvent aussi être produits biologiquement à l'aide d'un vecteur d'expression
dans lequel l'antisens a été sous cloné dans une orientation antisens.
[0063] L'antisens pourra le cas échéant être conjugué avec des molécules peptidiques facilitant
son transport ou son activité au niveau du site d'action ciblée. On peut injecter
les molécules antisens directement dans une zone cible du tissu, l'antisens peut être
lié à des molécules telles que des peptides ou des anticorps capables de se lier spécifiquement
à des récepteurs exprimés à la surface des cellules cibles.
[0064] L'administration d'antisens sera telle que ces molécules puissent agir à un niveau
suffisant dans les mitochondries.
[0065] Il est décrit également une composition pharmaceutique comprenant de l'oxaliplatine
et au moins un agent anti-résistance capable de stimuler l'apoptose mitochondriale,
en stimulant l'expression de gènes d'apoptose mitochondriale ou en bloquant des effecteurs
responsables de la résistance.
[0066] Selon une réalisation, l'agent anti-résistance est un agent de régulation-stimulation
de l'expression du gène Bax, et/ou un agent de blocage d'effecteurs de résistance.
[0067] L'expression de gènes d'apoptose mitochondriale peut être augmentée par le transfert
d'acides nucléiques contenant une séquence codante pour le gène d'apoptose et/ou une
séquence régulatrice, à l'aide de techniques de transfert appropriées pour les mitochondries.
Ces séquences peuvent être liées dans des vecteurs d'expression et transférées dans
les cellules, par exemple à l'aide de plasmides. L'acide nucléique inséré dans le
vecteur peut coder la séquence complète de la protéine d'apoptose ou un fragment biologiquement
actif ayant une activité de préférence d'au moins 50, 70, 90, 95 % de l'activité de
la protéine d'apoptose complète.
[0068] Les acides nucléiques utilisables dans les vecteurs d'expression peuvent être liés
opérationnellement à des séquences régulatrices telles qu'une séquence promoteur ou
enhancer qui stimule leur expression. Ces séquences régulatrices peuvent être celles
associées naturellement aux gènes codant pour des protéines d'apoptose.
[0069] L'homme du métier connaît un grand nombre de techniques appropriées pour le transfert
d'acides nucléiques dans les cellules par des vecteurs notamment plasmidiques, telles
que la technique liposome-polybrène, la transfection DEAE dextran (
Felgner et al., Proc. Natl. Acad., Sci. USA, 84:7413,1987 ;
Ono et al., Nuerosci. Lett. 117:259, 1990 ;
Brigham et al., Am. J. Med. Sci. 298:278, 1989), l'électropration (
Neumann et al., EMBO J., 7:841, 1980), la précipitation au phosphate de calcium (
Graham et al., Virology, 52:456, 1973 ;
Wigler et al., Cell., 14:725, 1978 ; Felgner et al., supra), la microinjection (
Wolff et al., Science, 247:1465, 1990), les techniques biolistiques. On utilisera de préférence des vecteurs appropriés
pour un transfert de gènes au niveau mitochondrial, par exemple le virus HBV (virus
de l'hépatite B), transfert décrit par exemple dans le document
US 6,100,068. Ainsi, le traitement de la résistance à l'oxaliplatine repose sur l'utilisation
de nouveaux procédés thérapeutiques, en particulier le recours à des substances chimiques
et/ou à des thérapies géniques, capables de réduire la résistance en restaurant l'activation
de l'apoptose mitochondriale normalement provoquée par l'oxaliplatine dans les cellules
tumorales des cancers colorectaux.
[0070] La présente invention décrit une cellule HCT116/S telle que déposée le 16 juin 2003,
sous le numéro : I-3051, auprès de la Collection Nationale de Cultures de Microorganismes
(CNCM), Institut Pasteur, Paris, France.
[0071] La lignée dénommée HCT116/S est issue d'un sous-clonage de la lignée sauvage HCT116
de l'ATCC (afin de s'assurer de la clonalité de ces cellules). Cette lignée HCT116/S
a fait l'objet d'un dépôt le 16 juin 2003, sous le numéro : I-3051, auprès de la Collection
Nationale de Cultures de Microorganismes (CNCM) de l'Institut Pasteur, Paris, France,
dans le cadre du traité de Budapest.
[0072] Il est également décrit l'utilisation d'une cellule HCT116/S telle que déposée à
la CNCM le 16 juin 2003, sous le numéro : I-3051, ou de toute cellule dérivée de cette
cellule HCT116/S, pour étudier la corrélation entre la résistance de cellules cancéreuses,
de préférence colorectales, à un traitement anti-cancéreux et l'expression d'un gène
d'apoptose mitochondriale.
[0073] Par cellule dérivée de cette cellule HCT116/S telle que déposée à la CNCM le 16 juin
2003, sous le numéro : I-3051, on entend désigner ici notamment, toute cellule fille
issue de cette lignée HCT116/S, ou toute cellule variante issue de cette lignée HCT116/S
ayant de préférence acquise une résistance à un composé, tel qu'un composé anti-cancéreux
comme l'oxaliplatine, ou ayant retrouvé une sensibilité à un tel composé (cf. par
exemple les lignées cellulaires issues de HCT116/S décrites ci-après dans le paragraphe
« Mise en place modèle expérimentale »).
[0074] De telles cellules HCT116/S telle que déposée à la CNCM le 16 juin 2003, sous le
numéro : I-3051, ou leurs cellules dérivées pourront également être utilisées pour
la mise en évidence et l'identification d'un gène d'apoptose mitochondriale dont l'expression
est liée à la résistance de cellules cancéreuses, de préférence colorectales, à un
traitement anti-cancéreux, notamment à un traitement à l'oxaliplatine. De telles cellules
HCT116/S telle que déposée à la CNCM le 16 juin 2003, sous le numéro : I-3051, ou
leurs cellules dérivées pourront également être utilisées pour la sélection d'un composé
capable de stimuler l'apoptose mitochondriale d'une cellule cancéreuse, ledit composé
étant destiné à être associé à un agent anti-cancéreux pour lequel ladite cellule
cancéreuse est résistante, de préférence ledit agent anti-cancéreux pour lequel ladite
cellule cancéreuse est résistante est l'oxaliplatine et, le cas échéant, ladite cellule
est une cellule cancéreuse colorectale.
[0075] Un tel procédé comprendra notamment une étape dans laquelle, ledit composé à tester
et l'agent anti-cancéreux pour lequel ladite cellule cancéreuse est résistante, seront
mis en présence desdites cellules HCT116/S ou leurs cellules dérivées mis, puis l'observation
de la résistance de ces cellules, notamment en étudiant l'activité de gènes d'apoptose
mitochondriale, telle que l'activité de Bax et/ou Bak, ou encore de gènes impliqués
dans l'apoptose mitochondriale tels que cités ci-avant.
[0076] D'autres objets et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de la description
détaillée qui suit, illustrée par les figures suivantes :
- la figure 1 démontre que la lignée HCT116R, résistante à l'oxaliplatine, n'exprime
pas la protéine Bax ;
- les figures 2A à 2D démontrent que les lignées HCT116R et SW620R résistent à l'induction
apoptotique telle qu'elle est provoquée par l'oxaliplatine dans les lignées HCT116
et SW620 d'origine ;
- les figures 3A et 3B démontrent que les lignées HCT116R et SW620R résistent également
à l'induction apoptotique mitochondriale directe, qui peut être obtenue sous l'effet
des agents arsenic et lonidamine ;
- les figures 4A à 4C démontrent que la sensibilité à l'oxaliplatine est associée au
degré d'activation de Bax ;
- les figures 5A à 5E démontrent que la sensibilité à l'oxaliplatine est associée au
degré d'activation de Bak.
Mise_en_place du modèle expérimental :
[0077] Les travaux ont été réalisés
"in vitro" sur des lignées cellulaires de cancer colorectal (CCR) obtenues auprès de la collection
internationale gérée aux Etats-Unis (ATCC) et re-clonées au laboratoire. Ces lignées
sont référencées, en particulier par l'Institut américain de recherche sur le cancer
(NCI/NIH), comme standards pour l'évaluation pharmacologique des drogues anti-tumorales.
[0078] A partir de ces lignées, sensibles à l'effet cytotoxique de l'oxaliplatine, les inventeurs
ont isolé des lignées dérivées capables de résister spécifiquement à l'oxaliplatine
(et non aux autres médicaments que sont le cisplatine et l'irinotécan), en exposant
ces cellules à des concentrations croissantes d'oxaliplatine, dans un schéma adapté
à l'acquisition de la résistance. Les résultats présentés dans la demande concernent
les lignées d'origine, HCT116 et SW620, ainsi que leurs dérivées HCT116R (dénommée
aussi ci-après HCT116/R) et SW620R (dénommée aussi ci-après SW620/R), respectivement
70 et 20 fois plus résistantes que les lignées d'origine.
[0079] Concernant la lignée référencée ATCC HCT116, deux lignées sont ainsi décrites dans
l'exemple 1 ci-après :
- la lignée dénommée HCT116, qui est dénommée HCT116/S dans l'exemple 2, est issue d'un
sous-clonage de la lignée sauvage HCT116 de l'ATCC (afin de s'assurer de la clonalité
de ces cellules). Cette lignée HCT116/S a fait l'objet d'un dépôt le 16 juin 2003,
sous le numéro : I-3051, auprès de la Collection Nationale de Cultures de Microorganismes
(CNCM) de l'Institut Pasteur, Paris, France, selon les dispositions du traité de Budapest,
ceci conformément à la Règle 6.1 ;
- la lignée dénommée HCT116R ou HCT116/R, qui est dénommée HCT116/R2 dans l'exemple
2, dérivée de la lignée HCT116 après acquisition de résistance à l'oxaliplatine et
clonage (correspond au clone 70 fois plus résistant que la lignée sensible de référence
HCT116/S).
[0080] Dans l'exemple 2, trois autres variants cellulaires sont décrits. Il s'agit :
- de la lignée HCT116/R1 dérivée de la lignée HCT116 après acquisition de résistance
à l'oxaliplatine et clonage (correspondant à un clone 30 fois plus résistant que la
lignée sensible de référence HCT116/S),
- du variant HCT116/Rev1 dérivé de la lignée HCT116/R1 après culture en absence d'oxaliplatine
pendant 6 mois. Ce variant est caractérisé par un retour au niveau initial de sensibilité
(sensibilité à l'oxaliplatine comparable à HCT116/S),
- du variant HCT116/Rev2 dérivé de la lignée HCT116/R2 après culture en absence d'oxaliplatine
pendant 15 mois. Ce variant est caractérisé par une perte seulement partielle de résistance
à l'oxaliplatine (variant HCT116/Rev2 est 16 fois plus résistant que la lignée HCT116/S).
[0081] Les lignées HCT116/R1 et Rev1 ne sont pas porteuses de la mutation homozygote du
gène Bax identifiée sur HCT116/R2 (contrôlé par séquençage de la région contenant
les codons 38 à 41). Le niveau d'expression de Bax est équivalent pour HCT116/S, R1
et Rev1. Le variant HCT116/Rev2 conserve la mutation homozygote identifiée sur HCT116/R2
ainsi que l'absence d'expression de Bax caractéristique de cette mutation.
EXEMPLE 1 : Résistance à l'oxaliplatine des lignées HCT116R et SW620R dérivées des lignées
de CCR HCT116 et SW620, et résultats
[0082]
Tableau 1
| «Les lignées HCT116R et SW620R dérivées des lignées de CCR HCT116 et SW620 sont spécifiquement
résistantes à l'oxaliplatine » |
| |
IC50(µM)a |
| Lignée cellulaire |
Oxaliplatine |
Cisplatine |
Irinotécan |
| HCT116 |
0,32 ±0,08 (1,0)b |
4,7±1,8 (1,0) |
7,7 ± 3,8 (1,0) |
| HCT116/R |
21,9 ± 6,3 (68,4) |
13,4 ± 6,6 (2,9) |
9,5 ±4,2 (1,2) |
| SW620 |
3,4±0,6 (1,0) |
7 ±1,7 (1,0) |
23,3 ±0,6 (1,0) |
| SW620/R |
62,3±12,9 (18,3) |
9±1,7 (1,4) |
11,7±2,5 (0,5) |
a La concentration inhibitrice 50 ou IC est la concentration de médicament qui diminue
la croissance cellulaire de 50 %. Les valeurs d'IC50 ont été mesurées par le test colorimétrique wst1 après incubation du médicament pendant
48 heures. Les valeurs correspondent à la moyenne ± SD obtenue à partir d'au moins
trois expériences indépendantes.
b Les nombres entre parenthèses correspondent à la résistance relative, déterminée
par le rapport de l'IC50 du clone résistance divisée par l'IC50 du clone parental. |
[0083] Le tableau 1 montre que les lignées HCT116R et SW620R sont approximativement 70 fois
et 20 fois plus résistantes à l'oxaliplatine que les lignées dont elles dérivent.
Elles présentent très peu ou pas de résistance croisée au cisplatine et à l'irinotécan.
Leur résistance est donc spécifique de l'oxaliplatine.
[0084] Le travail a été mené en parallèle sur deux modèles cellulaires de fonds génétiques
différents de façon à pouvoir renforcer la signification des résultats observés ;
ainsi, la lignée SW620 est issue d'une métastase et possède une protéine régulatrice
p53 mutée alors que la lignée HCT116 est issue d'une tumeur primitive à instabilité
microsatelllite et possède une protéine p53 sauvage. L'observation de l'altération
de l'apoptose mitochondriale associée au phénotype résistant (voir plus loin), dans
deux contextes cellulaires différents, permet de généraliser les résultats et donc
apportent une forte probabilité de son impact médical.
Exploration du modèle expérimental
[0085] Les démonstrations essentielles ont été apportées sur ces deux lignées distinctes,
de façon à corroborer le caractère universel de l'invention. Quelques études complémentaires
ont été limitées à la lignée HCT116 et à sa dérivée HCT116R.
[0086] Les mécanismes moléculaires de résistance à l'oxaliplatine des cellules de CCR étant
inconnus, les inventeurs ont étudié comparativement l'expression génique des phénotypes
sensible et résistant dans le modèle HCT116 (analyse de transcriptome). Les inventeurs
ont réussi à identifier un abaissement marqué du taux d'ARN messagers de certains
gènes lié à l'apoptose, en particulier du gène Bax impliqué dans la voie dite "Apoptose
mitochondriale" (AM).
[0087] Ces observations ont été renforcées par l'analyse biochimique (l'immuno-empreinte
signale la disparition de l'expression de la protéine Bax) et par le séquençage du
gène Bax (dans la lignée HCT116R, une mutation homozygote du gène Bax supprime son
expression).
Figure 1 :
[0088] La figure 1 montre que la lignée HCT116R n'exprime pas la protéine Bax, avec ou sans
traitement à l'oxaliplatine, alors que la lignée HCT116 d'origine l'exprime sans traitement
et la sur-exprime après traitement par l'oxaliplatine. Un séquençage a démontré que
la lignée HCT116R est mutante homozygote (délétion d'une déoxyguanosine) dans une
région du gène Bax contenant une série de 8 déoxyguanosines (codons 38 à 41), ce qui
interdit son expression par décalage du cadre de lecture. La lignée HCT116 d'origine
étant hétérozygote G8/G7, elle exprime donc normalement le gène Bax.
[0089] Légende de la figure 1 : détection de Bax par Western-blotting en absence, ou sous l'effet d'un traitement,
à l'oxaliplatine dans le modèle HCT116. Les cellules sont non traitées ou traitées
par l'oxaliplatine à raison de 15 µM pendant 48 h (ou 50 µM pendant 24 h) avant la
préparation des lysats cellulaires. L'expression de la tubuline est utilisée comme
contrôle de dépôts protéiques équivalents.
[0090] Les inventeurs ont focalisé les travaux sur l'étude fonctionnelle de cette voie,
en liaison avec la résistance à l'oxaliplatine. Les principaux résultats obtenus sont
les suivants :
- Dans un premier temps, les inventeurs ont démontré que les lignées HCT116R et SW620R,
comparativement aux lignées d'origine, sont résistantes à l'induction d'apoptose par
l'oxaliplatine. Les inventeurs ont également vérifié sur le modèle HCT116 que cette
résistance à l'apoptose est spécifiquement développée vis à vis de l'oxaliplatine,
puisque la lignée HCT116R reste sensible à l'induction d'apoptose par un autre médicament
anti-CCR (l'irinotécan) dont le mécanisme d'action est différent. Figures 2A à 2D
:
Les figures 2A à 2D montrent que les lignées HCT116R et SW620R résistent à l'induction
d'apoptose par l'oxaliplatine. Cette résistance a été spécifiquement développée vis-à-vis
de l'oxaliplatine : la lignée HCT116R ne résiste pas à l'induction apoptotique provoquée
par un médicament anti-CCR au mode d'action différent, l'irinotécan (cf. figures 2A,
2B, 2D). La résistance à l'induction d'apoptose par l'oxaliplatine, observée par cytofluorimétrie
après marquage par l'annexine V, est confirmée par le défaut d'activation de la caspase
3 (figure 2C). Légende des figures 2A à 2D : les cellules HCT116 (et R) et SW620 (et R) sont traitées, durant 48 heures préalablement
à la détermination du degré d'apoptose, par l'oxaliplatine (figures 2A et 2B) ou un
autre médicament anti-CCR, l'irinotécan pour les cellules HCT116 et HCT116R (figure
2D). Un contrôle est réalisé sans contact avec aucun médicament (Co). Le degré d'apoptose
est alors déterminé en cytofluorométrie utilisant le marquage par l'annexin V. Indépendamment,
l'activation de la protéine effectrice d'apoptose Caspase 3 a été évaluée dans les
cellules HCT116 et HCT116R après traitement durant 24 heures avec l'oxaliplatine afin
de valider l'entrée en apoptose des cellules telle qu'observée par cytofluorométrie
(figure 2C).
- Dans un deuxième temps, les inventeurs ont démontré que la résistance à l'apoptose
induite par l'oxaliplatine des lignées HCT116R et SW620R s'accompagne d'une résistance
à l'induction de l'apoptose par deux agents chimiques connus pour être des activateurs
directs de l'AM (trioxide d'arsenic et lonidamine). Figures 3A et 3B :
Les figures 3A et 3B montrent que les lignées HCT116R et SW620R sont résistantes à
l'induction apoptotique sous l'effet des activateurs directs de l'AM que sont l'arsenic
et la lonidamine.
Légende des figures 3A et 3B : les cellules HCT116 (et R) et SW620 (et R) sont traitées, préalablement à le détermination
du degré d'apoptose, durant 24 heures par le trioxide d'arsenic (As), la lonidamine
(LND) ou sont laissées sans traitement (contrôle, Co). Le degré d'apoptose est alors
déterminé en cytofluorométrie après marquage au colorant "Mitocapture" qui fluoresce
différemment dans les cellules apoptotiques et les cellules intactes (en relation
avec l'intégrité mitochondriale).
[0091] Les inventeurs ont ainsi démontré que des altérations génétiques, biochimiques et
fonctionnelles de l'apoptose sont associées à la résistance à l'oxaliplatine. Elles
concernent deux lignées cellulaires de CCR sélectionnées séparément pour leur résistance
spécifique à l'oxaliplatine. La pertinence de cette sélection est validée par les
caractéristiques suivantes :
- L'acquisition de résistance à l'oxaliplatine est spécifique puisqu'elle ne s'accompagne
pas d'une acquisition de résistance au cisplatine (molécule apparentée et présentant
très fréquemment une résistance croisée à l'oxaliplatine) ou à l'irinotécan (autre
molécule indiquée dans le traitement du CCR en alternative de l'oxaliplatine ou en
association).
- La résistance à l'oxaliplatine, ainsi que les altérations fonctionnelles (résistance
à l'apoptose) sont observées pour une concentration d'oxaliplatine équivalente au
pic plasmatique chez l'homme au cours des traitements.
[0092] Les inventeurs ont démontré que la résistance à l'apoptose s'exerce au niveau mitochondrial.
Cela est notamment démontré par des essais avec des inducteurs directs de l'AM. Ces
altérations sont donc des marqueurs diagnostics de la résistance des cancers colorectaux
à l'oxaliplatine. De plus, il est probable que la modulation pharmacologique de la
voie de l'AM, permettra de restaurer tout ou partie de la sensibilité des CCR à l'oxaliplatine.
Les inventeurs ont en effet vérifié, par une étude de plusieurs mois de suivi des
lignées cellulaires dérivées, que leur phénotype de résistance est spontanément réversible
en l'absence de pression pharmacologique (= culture cellulaire sans oxaliplatine).
Cette réversibilité, totale ou partielle selon les cas, permet de prévoir une réversion
sous l'effet d'une substance contrariant ou contournant les mécanismes de résistance
au sein de l'AM.
[0093] Les inventeurs ont en outre développé la purification de mitochondries à partir de
lignées sensibles et résistantes afin d'isoler et de tester les effecteurs putatifs
de la résistance (comme le PTPC), ainsi que des agents de blocage de ces effecteurs
(ARN anti-sens, substances déjà connues pour bloquer un mécanisme physiologique au
niveau de l'AM, ...). L'invention couvre également la mise en oeuvre de transferts
de gène restaurant le phénotype de sensibilité à l'oxaliplatine, et de procédés de
criblage de nouvelles entités chimiques permettant de contrarier ou contourner la
résistance, à partir des effecteurs comme cibles et de banques de substances chimiques
comme sources.
EXEMPLE 2 : Activation de Bax et de Bak
Activation de Bax
[0094] Bax est présent dans les cellules sous deux formes : une forme latente (inactive)
et une forme active qui participe au processus apoptotique
[0095] Le niveau global d'expression de Bax est équivalent pour les lignées HCT116/S, HCT116/R1
et HCT116/Rev1. L'exposition à l'oxaliplatine induit une surexpression de Bax. Cette
surexpression demeurant comparable sur l'ensemble de ces lignées, les inventeurs ont
cherché à savoir si le degré d'activation de Bax pouvait rendre compte de la réponse
des cellules à l'oxaliplatine ou si définitivement Bax, pris isolément, ne pouvait
pas être systématiquement associé à la sensibilité à l'oxaliplatine. Figures 4A à
4C: Sensibilité à l'oxaliplatine associée au degré d'activation de Bax
[0096] Légende des figures 4A à 4C : Détection de l'activation de Bax par un anticorps spécifique de la conformation
active de Bax et analyse intracellulaire par cytométrie de flux. Les cellules sont
fixées, perméabilisées puis incubées avec l'anticorps spécifique de la conformation
active de Bax. Enfin la révélation se fait par l'incubation de l'anticorps secondaire
couplé au FITC. Le marquage des cellules non traitées est représenté par la courbe
en trait noir fin. Celui des cellules traitées (12, 24 ou 48 heures avec 15 uM d'oxaliplatine)
est représenté par les courbes en trait noir épais. L'apparition de cellules fortement
marquées (courbes en trait noir épais décalées sur la droite) témoigne de l'activation
de Bax. L'expérience a été reproduite trois fois et a permis d'obtenir des résultats
comparables.
[0097] Les inventeurs ont mis en évidence à l'aide des figures 4A à 4C que l'état de résistance
ou sensibilité des cellules à l'oxaliplatine est finement corrélé avec le degré d'activation
de Bax. L'activation est amoindrie et retardée dans la lignée résistante HCT116/R1
(figure 4B) par rapport à la lignée sensible HCT116/S (figure 4A). Le retour à l'état
de sensibilité du révertant HCT116/Rev1 (figure 4C) s'accompagne du retour à une activation
précoce de Bax. Activation de Bak
[0098] La molécule pro-apoptotique Bak joue un rôle prépondérant au même titre que Bax dans
l'apoptose médiée par la perméabilisation mitochondriale. Ces deux molécules semblent
avoir des fonctions très voisines et parfois redondantes. Les inventeurs ont donc
également cherché à savoir s'il existait une relation entre niveau d'activation de
Bak et une réponse à l'oxaliplatine sur l'ensemble des lignées y compris pour les
lignées HCT116/R2 et Rev2 mutées sur Bax.
[0099] Figures 5A à 5E : Sensibilité à l'oxaliplatine associée au degré d'activation de
Bak
[0100] Légendes des figures 5A à 5E : Détection de l'activation de Bak par un anticorps spécifique de la conformation
active de Bak et analyse intracellulaire par cytométrie de flux. Les cellules sont
fixées, perméabilisées puis incubées avec l'anticorps spécifique de la conformation
active de Bax. Enfin la révélation se fait par l'incubation de l'anticorps secondaire
couplé au FITC. Le marquage des cellules non traitées est représenté par la courbe
en trait noir fin. Celui des cellules traitées (12, 24 ou 48 heures avec 15 uM d'oxaliplatine)
est représenté par les courbes en trait noir épais. L'apparition de cellules fortement
marquées (courbes en trait noir épais décalées sur la droite) témoigne de l'activation
de Bak. Cette expérience a été reproduite deux fois.
[0101] Les inventeurs ont mis en évidence à l'aide des figures 5A à 5E que L'activation
de Bak en réponse au traitement par l'oxaliplatine est retardée sur les lignées résistantes
HCT116/R1 (figure 5B) et HCT116/R2 (figure 5C). Les révertants Rev1 (figure 5D) et
Rev2 (figure 5E) retrouvent le niveau d'activation de Bak de la lignée sensible HCT116/S
(figure 5A). A l'égal de Bax, l'activation de Bak est finement corrélée à la réponse
des cellules à l'oxaliplatine.
[0102] En conclusion, une co-activation de Bax et Bak peut être observée en réponse à l'oxaliplatine.
L'activation précoce de Bax et Bak est associée à l'état de sensibilité des cellules
à l'oxaliplatine.
1. In vitro-Nachweisverfahren der Resistenz von Krebszellen auf eine Behandlung mit Oxaliplatin,
dadurch gekennzeichnet, dass es das Messen der Veränderung der mitrochondrialen Apoptose von Krebszellen umfasst,
die mit Oxaliplatin behandelt wurden oder werden können oder müssen, wobei diese Messung
mindestens das Messen der Expression des Gens der mitrochondrialen Apoptose umfasst,
das für das Bax-Protein codiert.
2. Verfahren nach Anspruch 1, dadurch gekennzeichnet, dass das Karzinom ein mit Oxaliplatin behandeltes Karzinom ist, vor allem ein kolorektales
Karzinom, ein Karzinom der Eierstöcke, ein Karzinom der Keimzellen, ein Karzinom der
Lunge, ein Karzinom der Verdauungskanäle, ein Karzinom der Prostata, ein Karzinom
der Bauspeicheldrüse, ein Karzinom des Dünndarms, ein Karzinom des Magens.
3. Verfahren nach Anspruch 1 oder 2, dadurch gekennzeichnet, dass es das Messen der transkribierten mRNAs des Bax-Gens der mitrochondrialen Apoptose
umfasst.
4. Verfahren nach Anspruch 1 oder 2, dadurch gekennzeichnet, dass es das Messen der Menge und/oder der Aktivität des Bax-Proteins der mitrochondrialen
Apoptose in den Krebszellen umfasst.
5. In vitro-Nachweisverfahren der Resistenz von Krebszellen auf eine Behandlung mit Oxaliplatin,
dadurch gekennzeichnet, dass es den Nachweis von mindestens einer Mutation umfasst, die auf eine defiziente mitrochondriale
Apoptose bei einer Behandlung mit Oxaliplatin in einer Region des Bax-Gens mit einer
Reihe von 8 Deoxyguaninen umfasst.
6. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 bis 4,
dadurch gekennzeichnet, dass es umfasst:
a) die Bestimmung des Niveaus der Expression mindestens eines Bax-Gens der mitrochondrialen
Apoptose auf den einem Patienten entnommenen Krebszellen,
b) den Vergleich des gemessenen Niveaus mit einer Kontrollprobe von Zellen, die nicht
oxaliplantinresistent sind.
7. Verfahren nach Anspruch 4, dadurch gekennzeichnet, dass es die Herstellung des Kontakts der Krebszellen mit einem Antikörper umfasst, der
imstande ist, das Bax-Gen der mitrochondrialen Apoptose oder eines seiner biologisch
aktiven Fragmente zu erkennen, und den Nachweis des eventuell gebildeten Antigen-Antikörper-Komplexes.
8. Verfahren nach einem der Ansprüche 1 bis 3, dadurch gekennzeichnet, dass es eine Primersequenz oder spezifische Sonde des Bax-Gens der mitrochondrialen Apoptose
umsetzt.
9. Verfahren nach Anspruch 8,
dadurch gekennzeichnet, dass es umfasst:
a) eventuell die Isolierung der mitrochondrialen DNA aus der zu prüfenden biologischen
Probe, oder die Herstellung einer cDNA aus der RNA der biologischen Probe oder der
Genom-DNA,
b) die spezifische Amplifizierung der DNA von a) mit Hilfe des spezifischen Amplifikationsprimers
des Bax-Gens der mitrochondrialen Apoptose.
10. Verfahren nach Anspruch 8,
dadurch gekennzeichnet, dass es umfasst:
a) die Herstellung des Kontakts einer Nukleotidsonde des Bax-Gens der mitrochondrialen
Apoptose mit der analysierten biologischen Probe, wobei die Nukleinsäure der Probe
gegebenenfalls vorher für die Hybridisierung zugänglich gemacht wurde, unter Bedingungen,
die die Hybridisierung der Sonde und der Nukleinsäure der Probe erlauben,
b) den Nachweis des eventuell gebildeten Hybrids.
11. In vitro-Selektionsverfahren von Verbindungen, die die Oxaliplatinresistenz von Krebszellen
inhibieren,
dadurch gekennzeichnet, dass es umfasst:
a) die Zugabe mindestens einer Kandidatverbindung zu den oxaliplatinresistenten Krebszellen,
b) den Vergleich des Expressionsniveaus des Bax-Gens der mitrochondrialen Apoptose
bei Anwesenheit und in Abwesenheit der Verbindung,
c) den Rückschluss auf die Anti-Resistenz-Wirkung, wenn das Expressionsniveau des
Bax-Gens nach Zugabe der Verbindung höher ist.