[0001] La présente invention à pour objet un résonateur balancier-spiral thermocompensé
permettant de réduire l'écart thermique de marche diurne d'un mouvement horloger mécanique
à un niveau comparable à celui d'une montre électronique à quartz.
[0002] Il est bien connu que l'écart de marche diurne d'un mouvement mécanique dépend essentiellement
des organes réglants, et notamment du balancier-spiral dont la fréquence d'oscillation
peut être influencée par des variations des facteurs extérieurs, tels qu'un changement
de température ou la présence d'un champ magnétique. La température agit notamment
à la fois sur le moment d'inertie du balancier et sur la constante élastique du spiral,
et modifie la fréquence du balancier-spiral qui est en effet fonction de ces deux
paramètres.
[0003] En ce qui concerne le balancier, il est généralement réalisé un alliage amagnétique
tels que le glucydur, faisant que le mouvement oscillatoire du balancier ne peut pas
être perturbé par la proximité de matériaux magnétiques. Pour minimiser l'influence
de la température sur le moment d'inertie du balancier, c'est-à-dire en fait sur la
variation de son rayon de giration, de très nombreux dispositifs ont été proposés
dès les années 1900, ces dispositifs étant essentiellement basés sur le principe du
balancier bimétallique coupé.
[0004] Ces dispositifs ne seront pas décrits plus avant, étant donné que l'invention ne
concerne pas des caractéristiques géométriques du balancier en tant que tel.
[0005] En ce qui concerne le spiral, on a déjà depuis longtemps, d'une façon encore considérée
comme satisfaisante, minimisé les écarts de marche dus aux variations de température
en les fabriquant dans des alliages dont l'élasticité reste pratiquement constante
dans la gamme de températures usuelles d'utilisation. Il s'agit notamment d'alliages
fer-nickel contenant également du chrome et du titane comme durcissants ainsi que
divers autres éléments (C, Mo, Be, etc). De tels alliages, bien connus sous les dénominations
telles que l'"Elinvar" permettent, dans la meilleure qualité d'obtenir un écart de
marche de ± 0,6 seconde par degré en 24h, mais peuvent encore être sensibles à l'effet
d'un champs magnétique. De plus leur fabrication fait appel à des procédés métallurgiques
complexes ne permettant pas de garantir une reproductibilité parfaite des caractéristiques
recherchées, de sorte qu'il est encore nécessaire de procéder à l'appairage du balancier
et du spiral lors du montage.
[0006] L'invention a pour but de pallier aux inconvénients de l'art antérieur précité en
procurant un balancier-spiral présentant un écart de marche encore plus faible en
raison notamment d'un spiral réalisé en un matériau amagnétique dont les coefficients
de dilatation et la variation thermique du module d'élasticité permettent, lors de
la fabrication, d'adapter la constante élastique dudit spiral au moment d'inertie
du balancier.
[0007] On rappellera que la constante élastique du spiral, autrement désignée par "couple
unitaire du spiral" répond à la formule I :

dans laquelle E est le module d'élasticité,
h la hauteur du spiral,
e son épaisseur et
L sa longueur développée. La fréquence du balancier-spiral peut être reliée à la formule
I par la formule II :

dans laquelle I représente le moment d'inertie du balancier, correspondant à la formule
III :

dans laquelle
m représente la masse et
r le rayon de giration qui dépend évidemment du coefficient de dilatation α du balancier.
[0008] A cet effet l'invention concerne un balancier-spiral pour mouvement horloger mécanique
dans lequel le spiral est formé de spires de hauteur
h réalisées à partir d'un monocristal de quartz d'axes cristallographiques x, y, z,
l'axe x, étant l'axe électrique et l'axe y l'axe mécanique, la hauteur
h des spires ayant sensiblement la même orientation que l'axe cristallographique z.
Plus précisément la hauteur
h forme avec l'axe z un angle θ qui peut varier entre + 25° et - 25°, de préférence
entre + 10° et - 15°, ce qui permet de faire varier la constante élastique du spiral
sans en modifier la géométrie.
[0009] Grâce à cette conception du spiral, il est ainsi possible d'adapter très simplement
la constante élastique dudit spiral (formule I) au coefficient de dilatation linéaire
α du balancier, qui modifie le moment d'inertie (formule III) dudit balancier, afin
que la fréquence (formule II) du résonateur balancier-spiral soit thermocompensée.
[0010] L'utilisation du quartz pour la fabrication d'un spiral offre également l'avantage,
outre ses excellentes caractéristiques thermiques, de posséder aussi d'excellentes
propriétés mécaniques et chimiques, en particulier au niveau du vieillissement, de
l'oxydation et de la sensibilité aux champs magnétiques.
[0011] L'invention concerne également un procédé de fabrication d'un tel spiral consistant
à :
- découper dans un barreau de quartz d'axes cristallographiques x y z une lame dont
l'épaisseur sera éventuellement amincie à une hauteur h désirée pour les spires ;
- former par photolithographie à la surface de la lame un masque dont le contour délimite
la forme désirée pour le spiral,
- effectuer une gravure par voie humide ou par voie sèche pour éliminer le quartz se
trouvant à l'extérieur du contour créé, et libérer le spiral.
[0012] La technique de photolithographie et gravure permet, d'une part de former dans la
lame de quartz, en même temps que le spiral en tant que tel, son attache à l'extérieur
et la virole de fixation au centre, d'autre part de choisir librement d'autres paramètres
du spiral tels que l'épaisseur e des spires ou leur pas, en un point quelconque de
son développement.
[0013] Pour modifier le couple élastique du spiral et l'adapter au coefficient de dilatation
linéaire d'un balancier donné, la lame de quartz est découpée selon un plan formant
un angle π/2 - θ par rapport à l'axe cristallographique z, soit de façon équivalente
en formant par rotation autour de l'axe x, un angle θ par rapport à la direction de
la hauteur h du spiral.
[0014] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront dans
la description qui suit, faite à titre illustratif et non limitatif en référence aux
dessins annexés dans lesquels :
- les figures 1 et 2 représentent les étapes essentielles du procédé de fabrication
d'un spiral en quartz selon l'invention;
- la figure 3 est un graphique représentant l'écart de marche en fonction de la température
d'un spiral en quartz selon l'invention, avec une courbe de comparaison, et
- la figure 4 est un graphique comparable à celui de la figure 3 dans lequel le spiral
est réalisé à partir de lames de quartz découpées selon différents angles de coupe.
[0015] A la figure 1 on a représenté la première étape du procédé de fabrication d'un spiral
selon l'invention. Cette étape consiste à prendre un barreau de quartz 1 ayant pour
axes cristallographiques x y z, et à découper une lame 3 ayant pour épaisseur la hauteur
h désirée pour la lame 3, par exemple de quelques dixièmes millimètres. La hauteur
h désirée précise peut également être obtenue en découpant une ébauche qu'on soumet
ensuite de façon connue à une opération d'usinage par des moyens chimiques, physiques
ou physico-chimiques pour amincir la lame jusqu'à la hauteur
h. Cette lame est découpée selon un plan x y' formant un angle θ avec le plan x y perpendiculaire
à l'axe cristallographique z, c'est-à-dire par rotation du plan x y d'un angle θ autour
de l'axe x.
[0016] Comme on peut le voir sur la figure 2 représentant une portion de cette même lame
3 à plat, la direction de la hauteur
h selon l'axe z' forme un angle θ avec l'axe cristallographique z.
[0017] La figure 2 représente également schématiquement, pour une portion agrandie de spiral
près de la courbe au centre, les étapes suivantes du procédé. Ces étapes consistent,
selon des procédés connus pour la fabrication de micro-structures, à former par photolithographie
un masque permettant de délimiter le contour 5 du spiral, et de définir à l'extérieur
dudit contour des zones 7 devant être éliminées pour créer le spiral.
[0018] Le procédé de photolithographie et gravure permet, si on le souhaite, de former en
même temps l'attache à l'extérieur et l'attache au centre, c'est-à-dire une virole
venant de matière avec le spiral. Il permet aussi de choisir librement d'autres paramètres
du spiral pour en améliorer ses performances, tels que l'épaisseur des spires et/ou
leur pas, et ceci en un point quelconque du développement du spiral.
[0019] L'élimination des zones 7 situées à l'extérieur du contour peut être effectuée selon
des procédés connus, par exemple pour la fabrication des diapasons des montres électroniques.
On peut effectuer une attaque par voie humide en particulier une attaque chimique
au moyen d'un mélange d'acide fluorhydrique et de fluorure d'ammonium (HF/NH
4F). On peut également effectuer une attaque par voie sèche, en faisant par exemple
appel à la technique de gravure ionique réactive.
[0020] En se référant maintenant à la figure 3, on a représenté l'écart de marche en secondes
par jour en fonction de la température pour un spiral en quartz (courbe a) lorsque
le balancier est réalisé en un matériau ayant un coefficient de dilatation α = 14
10
-6 K
-1 et un diapason de montre électronique (courbe b), tous les deux fabriqués avec un
angle θ = 2°. On a également représenté par des traits verticaux la gamme de températures
à retenir à fin de comparaison selon les normes COSC (Contrôle Officiel Suisse des
Chronomètres), à savoir entre + 8°C et + 38°C. On peut observer que les courbes a
et b sont très proches l'une de l'autre dans la gamme COSC, l'écart maximum à partir
du point de retournement 10 ayant respectivement pour valeurs Δa = 0,5s/j et Δb =
1,2s/j.
[0021] La figure 4 représente un faisceau de courbes donnant l'écart de marche en fonction
de la température et montrant comment il est possible, par une simple variation de
l'angle θ d'obtenir un écart de marche minimum avec des balanciers ayant différents
coefficients de dilatation, comme indiqué dans le tableau 1 ci-après :
Tableau 1
|
coefficient de dilatation α |
Angle θ |
courbe d |
5.10-6 K-1 |
- 14,6° |
courbe e |
10.10-6 K-1 |
- 7° |
courbe f |
15.10-6 K-1 |
+ 7° |
La courbe g correspond au diapason d'une montre électronique pris comme référence.
[0022] On peut observer que, dans la gamme COSC couvrant 30°C, l'écart maximum est d'environ
Δmax = -0,6s/j, soit encore de l'ordre de 0,02 seconde par degré en 24h, valeur très
inférieure à celle qu'on peut obtenir avec un spiral métallique de la meilleure qualité.
1. Résonateur balancier-spiral pour mouvement horloger mécanique comportant un spiral
de constante élastique C et un balancier de moment d'inertie I, caractérisé en ce que le spiral est formé de spires de hauteur h réalisées à partir d'un monocristal de quartz.
2. Résonateur balancier-spiral selon la revendication 1, caractérisé en ce que le quartz est sous forme cristallisée selon des axes cristallographiques x y z, l'axe
x étant l'axe électrique et y l'axe mécanique.
3. Résonateur balancier-spiral selon la revendication 2, caractérisé en ce que la direction z' selon la hauteur h des spires forme un angle θ avec l'axe de cristallisation
z du quartz, après rotation autour de l'axe x.
4. Résonateur balancier-spiral selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'angle θ a une valeur comprise entre + 25° et - 25°, de préférence entre +10° et
-15°.
5. Résonateur balancier-spiral selon la revendication 4, caractérisé en ce que les valeurs limites de l'angle θ permettent d'adapter la constante élastique dudit
spiral au coefficient de dilatation du balancier.
6. Résonateur balancier-spiral selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'appairage de la constante élastique C du spiral et du moment d'inertie I du balancier,
en ce qui concerne leurs caractéristiques thermiques, est effectué en choisissant
une valeur appropriée de l'angle θ.
7. Procédé de fabrication d'un résonateur balancier-spiral comportant un spiral dont
la courbe au centre est assujettie par une virole à un balancier,
caractérisé en ce que le spiral de hauteur
h est obtenu en effectuant les étapes consistant à :
- découper dans un monocristal de quartz d'axes cristallographiques x y z, l'axe x
étant l'axe électrique et y l'axe mécanique, une lame d'axes x y' z', amincie si nécessaire
à la hauteur h;
- former par photolithographie à la surface de la lame un masque permettant de délimiter
le contour désiré pour le spiral; et
- effectuer une gravure pour éliminer le quartz se trouvant à l'extérieur du contour
du spiral, et libérer le spiral.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que la lame dans laquelle est formé le spiral est découpée dans le quartz selon un plan
x y' z' formant un angle θ par rapport au plan défini par les axes cristallographiques
x y z du quartz par rotation autour de l'axe x, ledit angle θ pouvant varier entre
+ 25° et -25°, de préférence entre +10° et -15°.
9. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que l'attaque permettant d'éliminer le quartz situé à l'extérieur du contour du spiral
est effectuée par voie humide, de préférence par attaque chimique au moyen d'un mélange
HF/NH4F.
10. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que l'attaque permettant d'éliminer le quartz situé à l'extérieur du contour du spiral
est effectuée par voie sèche, telle que par gravure ionique réactive.
11. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que les étapes de photolithographie et gravure permettent de former en même temps que
le spiral son attache à l'extérieur, la virole de fixation au centre et de choisir
d'autres paramètres de construction tels que l'épaisseur des spires ou leur pas.
12. Procédé selon la revendication 8, caractérisé en ce que les valeurs limites de l'angle de coupe θ permettent d'adapter la constante élastique
du spiral obtenu au coefficient de dilatation d'un balancier.