[0001] La présente invention concerne le domaine du polissage des pièces mécaniques en titane
ou en alliage de titane. Elle se rapporte en particulier aux aubes de turbomachines
et notamment aux aubes de grande taille telles que des aubes de soufflante dans un
turboréacteur et vise en particulier un procédé de fabrication de telles aubes mettant
en oeuvre le dit polissage.
[0002] Pour le polissage de pièces mécaniques, on recherche généralement des matériaux abrasifs
à moindre coût qui résistent à la contrainte et qui engendrent une faible pollution.
La pollution dans ce domaine consiste en des grains de matière abrasive qui se logent
dans la masse de la pièce. Elle doit être évitée de façon impérative dans les aubes
en titane ou en alliage de titane de turboréacteur.
[0003] On utilise conventionnellement pour le polissage des aubes des bandes abrasives en
carbure de silicium. La bande est montée sur une roue entraînée en rotation tangentiellement
à la surface de la pièce. Le déplacement de la roue par rapport à la surface de la
pièce est piloté par un programme en fonction de la géométrie voulue. Les paramètres
tels que la vitesse de défilement de la bande sur la surface, la vitesse de déplacement
de la roue par rapport à la pièce ainsi que la pression exercée sur la surface sont
déterminées de manière à enlever l'épaisseur requise de matière et assurer un certain
état de surface. On trouve une description d'une machine de polissage par bande abrasive
dans le brevet US 5 193 314
[0004] Cependant ce matériau n'est pas entièrement satisfaisant.
Les bandes s'usent rapidement. Pour des aubes de soufflante de turboréacteur par
exemple, on consomme deux bandes par pièce lors de la mise en conformité géométrique
à partir d'une ébauche semi-finie.
Le matériau abrasif pollue le titane. Des précautions doivent être prises pour
l'éviter.
Le dépôt de l'abrasif sur les bandes que l'on trouve dans le commerce est réalisé
en général par des moyens électrostatiques. La régularité du dépôt n'est pas optimale.
Elle conduit à une certaine dispersion en terme d'enlèvement de matière. Le polissage
n'est pas homogène. Il s'ensuit la nécessité de procéder à des ajustages manuels de
l'enlèvement de matière associés ou non à des rééquilibrages des épaisseurs.
[0005] On utilise le polissage par bande abrasive notamment dans le cadre d'un procédé de
mise en conformité géométrique d'aubes semi-finies issues du forgeage par exemple.
On enlève par le polissage une épaisseur de matière déterminée. Cependant le matériau
abrasif conventionnel enlève une quantité insuffisante de matière par passage de la
roue avec la bande, qui oblige à des opérations complémentaires d'enlèvement de matière
et de contrôle des épaisseurs. Ainsi un procédé de mise à conformité géométrique d'une
aube forgée semi-finie comprend-il un usinage chimique avant le polissage. Après avoir
poli la pièce une première fois avec un grain déterminé, on doit procéder encore à
un usinage chimique et à des retouches manuelles sur des meuleuses droites électriques
ou avec des tourets ou autre machine portative.
[0006] La présente invention vise à pallier les inconvénients rencontrés avec les bandes
abrasives de l'art antérieur.
[0007] Conformément à l'invention le procédé de polissage automatisé de pièces mécaniques
en titane ou alliage de titane semi-finies, au moyen d'une machine avec une bande
abrasive montée sur une roue à contact tangentiel entraînée en rotation avec une vitesse
et appliquée avec une pression déterminées, la roue se déplaçant par rapport à la
surface de la pièce avec une vitesse déterminée, est caractérisé par le fait que la
bande abrasive est constituée de grains super-abrasifs en diamant industriel ou en
nitrure de bore cubique.
[0008] Après essais, on a constaté avec surprise que l'emploi de bandes de ce type permettait
de résoudre les problèmes posés avec les bandes abrasives conventionnelles.
[0009] La couche abrasive de la bande est plus précise. Par exemple dans le cas du diamant
la formation de la bande se fait par un dépôt électrochimique plus homogène. Les grains
de super abrasif sont supportés par une couche de nickel qui est elle-même solidaire
d'une base en polyester. La couche de nickel absorbe la chaleur et évite l'écrouissage
de la pièce.
[0010] En raison de la plus grande précision de la couche abrasive de la bande, les quantités
de matière sont enlevées avec une dispersion en épaisseur très faible. Cette faible
dispersion présente un avantage important dans le cadre de la mise en conformité géométrique
des aubes à partir de pièces semi-finies avec surépaisseur déterminée. L'enlèvement
de matière est effectué avec un écart par rapport à la cote de consigne suffisamment
faible pour que l'on reste à l'intérieur de la bande de tolérance de forme de la pale.
On évite ainsi le besoin de procéder à des ajustages manuels par meulage.
[0011] En particulier, pour le polissage des aubes, quand on souhaite réduire une surépaisseur
déterminée résultant du forgeage de pièce ou bien de l'usinage, les paramètres machines
sont fixés dans les intervalles suivants :
- Force d'application de la roue sur la surface de la pièce : 137N à 196N
- Vitesse de défilement de la bande : 4,6 m/s à 18,6 m/s
- Plage d'avance relative de la roue par rapport à la pièce 3,4 m/min à 6,7 m/min.
[0012] La surépaisseur est comprise entre 2/10 et 4/10 mm.
[0013] Avantageusement, la roue de contact est rainurée avec des rainures disposées obliquement
par rapport à l'axe de rotation de la roue. L'angle est en particulier de 25 à 35°.
[0014] Plus particulièrement la surface de contact de la roue avec la bande abrasive a une
dureté de 70 Shore.
[0015] On décrit ci-après l'invention plus en détail en référence à un mode de réalisation
non limitatif et en se reportant aux dessins annexés sur lesquels
- la figure 1 représente schématiquement une machine de polissage pour la mise en oeuvre
du procédé de l'invention,
- la figure 2 est une vue latérale de la machine de la figure 1,
- la figure 3 représente en coupe une bande utilisée dans le cadre de l'invention.
[0016] La machine est à cinq ou six axes de liberté. Un exemple de réalisation 1 est représenté
sur la figure 1. Il s'agit par exemple d'une machine disponible dans le commerce et
fournie par la société Metabo. On voit une table 10 avec deux mors 11 et 13 entre
lesquels la pièce de forme allongée telle qu'une aube de compresseur, est maintenue
horizontale. L'ensemble de la pièce avec son support peut se déplacer dans cette direction
X ou tourner sur lui-même autour de cet axe dans la direction U par le moyen de moteurs
électriques appropriés Mx et Mu. Au-dessus de la table, une tête 100 est montée sur
un pylône vertical 20 et peut se déplacer le long de son axe Z. La tête 100 peut également
se mouvoir en rotation W autour de cet axe Z. Des moyens moteurs appropriés Mz et
Mw sont prévus pour l'entraînement de la tête dans ces deux directions. Enfin la tête
100 peut se déplacer horizontalement dans la direction Y perpendiculaire à la direction
X et pivoter selon la direction V autour de cet axe. Des moyens moteurs My et Mv assurent
ces déplacements. La tête 100 supporte une roue 110 de contact mobile autour d'un
axe qui est fixe par rapport à elle-même. Un moteur monté sur la tête 100 assure l'entraînement
de la roue 110 par le biais d'une bande abrasive qui est montée à la périphérie de
la roue.
[0017] L'ensemble des moyens moteurs est relié à un boîtier de commande qui comporte une
unité de commande avec des moyens de programmation et des mémoires incorporant notamment
les données géométriques de la pièce à polir.
[0018] Pour polir la pièce, on applique la bande localement tangentiellement à sa surface
en exerçant une pression déterminée et on la met en mouvement. Elle tourne avec la
roue autour de son axe.
[0019] La valeur d'enlèvement et l'état de surface désirés dépendent à la fois du grain
de la bande mais aussi des paramètres machines appliqués ainsi que des caractéristiques
de la roue de contact.
[0020] Les paramètres d'une machine ainsi configurée sont :
- la force (N) exercée par la roue de contact sur la pièce,
- la vitesse déplacement relative de la bande le long de l'axe de la pièce, ici l'axe
X,
- la vitesse de défilement de la bande (m/s) sur la pièce dans la direction de rotation
de la roue.
[0021] On détermine ces paramètres pour une roue bien définie, aussi bien géométriquement
que selon la qualité du matériau qui la constitue. Par exemple on utilise une roue
de largeur déterminée, 25 mm avec un diamètre extérieur déterminé, 120 mm. La roue
comporte en surface des rainures inclinées à 30°, de largeur 3 mm et distantes entre
elles de 17 mm. Le matériau à la périphérie de la roue est un caoutchouc, de dureté
déterminée, par exemple de 70 shore.
[0022] Une telle machine est utilisée dans le cadre d'opérations de mise en conformité géométrique
et de finition par polissage d'une pièce semi-finie.
[0023] Ces opérations comprennent un certain nombre d'étapes que l'on décrit ci-après. La
pièce semi-finie venant de la station de forgeage présente une forme et des caractéristiques
dimensionnelles proches de la pièce finie. Cependant ses cotes ne sont pas encore
définitives en raison d'une surépaisseur déterminée. Dans le cadre du forgeage de
précision, cette surépaisseur est fixée de 2/10 à 4/10 de mm. L'opération de polissage
automatisé a pour objet de faire disparaître cette surépaisseur.
Avant le polissage, on prépare la pièce semi-finie
[0024] On commence par le contrôle dit de tri-épaisseur par lequel on vérifie les données
dimensionnelles de la pièce et, le cas échéant, on procède au masquage des parties
de la surface dont l'épaisseur est insuffisante par rapport aux données. Ce rééquilibrage
des épaisseurs peut être réalisé par application d'un ruban adhésif.
[0025] L'étape suivante de préparation consiste en un usinage chimique. Par ce moyen, on
dissout chimiquement les alliages de titane dans un bain composé d'acide nitrique,
d'acide fluorhydrique et d'autres agents comme des agents de mouillage ou de l'eau.
Le temps d'immersion dans le bain détermine la quantité de matière éliminée. L'avantage
de l'usinage chimique est d'enlever une épaisseur de matière uniforme, indépendamment
de sa forme.
[0026] On répète, si cela est nécessaire, les deux opérations jusqu'à obtenir une surépaisseur
déterminée que l'opération de polissage se charge d'éliminer.
[0027] L'opération de polissage par passage de la pièce dans une machine comportant une
bande abrasive est en soi connue. On procède à un polissage dit de premier aspect.
[0028] Conventionnellement, on utilise une bande dont l'abrasif est du carbure de silicium
et dont le grain est par exemple de 120. On enlève une quantité de matière de 0,25
+/- 0,1 mm.
[0029] En raison de la nature de la bande abrasive, la dispersion en quantité de matière
enlevée est importante.
[0030] Un deuxième contrôle de type tri-épaisseur mentionné plus haut associé à un usinage
chimique est nécessaire.
[0031] Ce contrôle est suivi d'une étape d'ajustage manuel sur un touret ; cette opération
est délicate et ne peut être exécutée que par du personnel qualifié. Lorsque les aubes
sont de taille importante, ces opérations manuelles sont la cause éventuelle de maladies
professionnelles telles que les TMS (troubles musculo-squelettiques).
[0032] On procède à un polissage de finition avec une bande dont le grain est plus fin.
Cependant en raison de la dispersion, l'enlèvement est par exemple de 0,1 mm +/- 0,05
mm. Une validation finale de la géométrie avec retouches manuelles est éventuellement
nécessaire.
[0033] Conformément à l'invention, on utilise une bande avec des grains super-abrasifs tels
que des grains de diamant industriel ou de nitrure de bore cubique.
[0034] On a représenté sur la figure 3 une coupe schématique d'une bande 200 en représentant
sa structure ; le support 210 est un matériau synthétique à base par exemple de polyester.
Sur ce support sont accrochés des grains 220 de nickel. Ces derniers servent eux-mêmes
de support à des particules super-abrasives telles qu'en diamant industriel ou en
nitrure de bore cubique. Le dépôt est effectué par voie électrochimique qui assure
la formation d'une couche abrasive homogène.
[0035] De telles bandes abrasives sont disponibles dans le commerce et fournies par exemple
par les sociétés 3M, Saint Gobain Abrasives ou KGS
[0036] Grâce à l'homogénéité de sa structure, une telle bande permet un enlèvement de matière
avec une faible dispersion d'épaisseur. La précision peut être de 0,01mm pour une
bande avec un grain de 220 (=74 µm).
[0037] On a défini les paramètres de la machine pour enlever en un passage une épaisseur
de 3/10 mm au plus :
- La plage de force de pression exercée par la roue de contact sur la pièce est de 137N
à 196N.
- La plage d'avance de la table est de 3,4 m/min à 6,7 m/min.
- La plage de la vitesse de défilement de la bande abrasive diamant est de 4,6 m/s à
18,6 m/s.
La roue de contact utilisée a les caractéristiques suivantes
- Roue de largeur de 25 mm avec un diamètre extérieur adapté à la géométrie des pièces.
- Rainures définies de façon à avoir suffisamment d'agressivité en terme d'enlèvement
de matière.
- Matériau constituant la roue adapté à l'opération et de type caoutchouc.
[0038] Une fois la pièce semi-finie préparée de manière à présenter une surépaisseur par
rapport à la cote souhaitée, définie avec précision que ce soit par usinage chimique,
mise en conformité géométrique par retouches manuelles (à l'aide par exemple de fraises
en carbure sur meuleuses droites électriques) ou une combinaison des deux opérations,
on parvient à la pièce présentant les cotes désirées directement par le polissage
au moyen de telles bandes. On n'a pas besoin d'opération d'ajustage manuel entre les
deux polissages l'un dit de premier aspect, l'autre dit de finition. On reste de façon
remarquable à l'intérieur de la tolérance de forme imposée par les spécifications.
[0039] Le polissage premier aspect par une bande diamant de grain 60 (=250 µm) enlève une
quantité de matière de 0,3 mm +/- 0,05 mm et assure un état de surface de 1,8 µm.
[0040] Le polissage en aspect final au moyen d'une bande diamant de grain 220 (=74µm) enlève
une quantité de matière de 0,1mm +/- 0,01 mm et assure un état de surface de 0,8 µm.
[0041] L'opération de validation finale qui consiste en un contrôle dimensionnel et d'aspect
peut être effectuée sans utilisation du touret ou de la machine à polir portative.
[0042] Il entre également dans le cadre de l'invention de réaliser le polissage premier
aspect ou ébauche par tout moyen connu tel que l'usinage chimique, le polissage manuel
ou tout polissage mécanique, dans la mesure où le polissage de finition ou dit en
aspect final est effectué par la technique de polissage avec bande diamant.
[0043] Plus généralement, le polissage premier aspect est réalisé sur une surépaisseur définie
de manière à permettre un enlèvement de matière compris entre 0,1 mm et 0,8 mm, de
préférence entre 0,2 mm et 0,4 mm et plus particulièrement, comme rapporté précédemment,
de 0,3 mm +/- 0 ;05 mm.
[0044] Le polissage de finition au moyen de la bande diamant avec un grain fin, conformément
à l'invention, est réalisé de manière à assurer un enlèvement de matière entre 0,01
et 0,2 mm +/- 0,01 mm et de préférence de 0,1 mm +/- 0.01 mm.
1. Procédé de polissage automatisé de pièces mécaniques en titane ou alliage de titane
semi-finies au moyen d'une machine avec une bande abrasive montée sur une roue à contact
tangentiel entraînée en rotation avec une vitesse et appliquée avec une pression déterminées,
la roue se déplaçant par rapport à la surface de la pièce avec une vitesse déterminée,
caractérisé par le fait que la bande abrasive est constituée de grains super-abrasifs en diamant industriel ou
en nitrure de bore cubique.
2. Procédé selon la revendication précédente pour le polissage d'aubes de turbomachines
présentant une surépaisseur déterminée, dont les paramètres machines sont fixés dans
les intervalles suivants :
- Force d'application de la roue sur la surface de la pièce : 137N à 196N.
- Vitesse de défilement de la bande : 4,6 m/s à 18,6 m/s.
- Plage d'avance relative de la roue par rapport à la pièce 3,4 m/min à 6,7 m/min.
3. Procédé selon la revendication précédente dont la surépaisseur est comprise entre
1/10 mm et 8/10 mm, de préférence entre 0,2 et 0,4 mm pour un polissage de premier
aspect.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2 dont la surépaisseur est comprise entre
0,01 mm et 0,2 mm, de préférence de 0,1 mm pour un polissage en aspect final.
5. Procédé selon l'une des revendications précédentes dont la roue de contact est rainurée.
6. Procédé de fabrication d'aubes de turboréacteur en titane ou en alliage de titane
comprenant la fabrication d'une aube semi-finie avec une surépaisseur et l'élimination
de ladite surépaisseur par une étape comprenant au moins une étape de polissage en
aspect final selon l'une des revendications 1, 2, 4 et 5 , dont la surépaisseur avant
élimination est déterminée de manière à permettre l'enlèvement de matière pendant
une opération de polissage premier aspect compris entre 0,1 mm et 0,8 mm d'épaisseur,
de préférence entre 0,2 mm et 0,4 mm et plus particulièrement de 0,3 mm =/- 0,05 mm.
7. Procédé selon la revendication précédente, dont l'élimination de ladite surépaisseur
est réalisée par polissage de premier aspect au moyen d'une bande diamant.