[0001] La présente invention a pour objet un cadran émaillé avec pieds chassés, notamment
un cadran émaillé pour pièce d'horlogerie. L'invention concerne également un procédé
permettant de fabriquer un tel cadran, et de fixer les pieds avec une précision ne
demandant aucune retouche pour le positionnement ultérieur dans des logements prévus
dans la platine.
[0002] Pour les pièces d'horlogerie anciennes, montres ou pendules, l'émaillage de la face
visible du cadran était utile, notamment pour masquer un substrat généralement réalisé
en cuivre, ou alliage de cuivre dans un but esthétique. De plus, dans les pièces de
petites dimensions, telles que les montres-bracelets, il est nécessaire que la face
arrière du cadran soit pourvue de pieds pour assurer un positionnement correct dudit
cadran. Il est également nécessaire que ladite face arrière du cadran comporte un
contre-émaillage, même grossier, pour compenser les tensions résultant de l'émaillage
de la face visible. Ainsi, pour obtenir un cadran émail de qualité, encore utilisé
dans les montres haut de gamme, le procédé traditionnel de fabrication comporte un
très grand nombre d'étapes exigeant de la part du fabricant un grand savoir-faire
qui n'empêche pas malgré cela d'avoir un pourcentage de rebut important, comme on
va le comprendre ci-après.
[0003] Dans une première étape, on découpe dans une mince plaque de cuivre, ou alliages
de cuivre (0,1 mm pour une montre bracelet, jusqu'à 0,4 mm pour une pendule), un gabarit
un peu plus grand que la forme du cadran, on perce des trous pour les pieds de cadran
en cuivre, puis on effectue le rivetage/soudage des pieds. On observera qu'aucune
ouverture, telle que les passages d'aiguilles ou des guichets, n'est effectuée dans
la plaque de base, d'une part pour ne pas l'affaiblir, d'autre part pour éviter la
formation de puits lors de l'émaillage.
[0004] Dans une deuxième étape, après avoir effectué un bombage, on dépose une composition
d'émail sur les deux faces de la plaque, par des procédés connus, tels que le trempage,
la sérigraphie ou le saupoudrage au tamis. Dans ce dernier cas, la face inférieure
est préalablement revêtue d'une colle. Le cadran ainsi préparé est ensuite passé au
four à une température comprise entre 750° C et 850° C selon la composition de l'émail.
Le bombage et la couche d'émail inférieure permettent de maîtriser les déformations
du cadran, dues à la différence entre le coefficient de dilatation du cuivre et celui
de l'émail, en fin de fabrication.
[0005] Pour la face visible du cadran, cette deuxième étape est renouvelée plusieurs fois,
à savoir entre 2 à 5 fois, jusqu'à ce que la couche d'émail ait une épaisseur d'environ
0,7 mm, épaisseur nécessaire pour masquer le mieux possible l'aspect peu esthétique
du substrat en cuivre et conférer au cadran les propriétés mécaniques désirées. A
la fin de ce cycle, un contrôle d'état de surface est effectué pour éliminer les inclusions
indésirables et pour remplir les pores, et le cadran est à nouveau soumis à un traitement
thermique.
[0006] La troisième étape consiste à décalquer les index de cadran, à appliquer un film
de vernis ou d'émail très fin avec un passage au four, puis à effectuer un pressage
à une température déterminée pour conférer au cadran la planéité optimum.
[0007] La quatrième étape consiste à faire des retouches sur la face arrière du cadran.
La couche d'émail "technique" est grossièrement mise à niveau, mais conserve un aspect
granuleux et poreux. Les pieds, qui ont pu subir des distorsions lors des manipulations
et des traitements thermiques précédents, sont d'abord débarrassés par limage du film
d'émail qui peut les recouvrir, puis redressés pour qu'ils coïncident parfaitement
avec les logements prévus dans la platine. Au cours de cette étape, les risques d'endommager
un produit presque fini sont grands. En effet, le redressement des pieds peut provoquer
soit leur rupture, soit des craquelures dans la couche d'émail, voire son décollement
partiel.
[0008] Dans une dernière étape, on effectue le perçage d'un trou au centre et, si nécessaire,
la découpe d'un guichet, puis on effectue par meulage, la mise aux cotes du cadran,
étant donné que les couches d'émail présentent une inclinaison sur le pourtour.
[0009] La présente invention vise donc à pallier les inconvénients de cet art antérieur,
en procurant un procédé de fabrication d'un cadran émaillé avec pieds chassés comportant
un moins grand nombre d'étapes et ne nécessitant pas le repositionnement des pieds
en fin de fabrication, ni un meulage pour la mise aux cotes du cadran.
[0010] A cet effet, l'invention a pour objet un cadran émaillé avec des pieds chassés de
positionnement dans la platine d'un mouvement horloger, ledit cadran étant formé par
un premier élément en céramique, dont la surface externe est revêtue d'une à deux
couches d'émail et par un deuxième élément pourvu d'un logement permettant la mise
en place précise d'un pied par chassage et/ou collage avant assemblage des deux éléments
par collage et/ou soudage. Ce deuxième élément orienté côté mouvement peut être réalisé
en céramique comme le premier élément et avoir les mêmes dimensions que celui-ci.
Il peut également être réalisé en métal avec le même contour que le premier élément,
mais avec une épaisseur plus faible, ou encore sous forme d'un bloc venant s'insérer
dans un logement formé dans le premier élément en céramique.
[0011] Etant donné que le premier élément en céramique a une teinte claire, le petit nombre
de couches d'émail est suffisant pour avoir, avec une épaisseur comprise entre 0,1
mm et 0,4 mm, un état de surface très satisfaisant et permet inversement d'avoir un
substrat plus épais. L'épaisseur du substrat céramique est de préférence comprise
entre 0,4 mm, qui est une valeur permettant déjà d'avoir des propriétés mécaniques
satisfaisantes, et 0,7 mm, selon le mode de réalisation. Le cadran terminé a donc
sensiblement la même épaisseur que les cadrans de l'art antérieur, mais avec une inversion
des rapports d'épaisseur substrat/couche d'émail.
[0012] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront dans
la description suivante donnée à titre illustratif et non limitatif, en référence
aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 représente une vue éclatée en coupe, près d'un bord d'un cadran à pieds
chassés selon un premier mode de réalisation;
- la figure 2 correspond à la figure 1 après assemblage;
- la figure 3 correspond à un deuxième mode de réalisation, et
- la figure 4 correspond à un troisième mode de réalisation.
[0013] On observera tout d'abord que, pour plus de clarté dans les dessins, toutes les épaisseurs
n'ont pas été représentées à la même échelle.
[0014] En se référant aux figures 1 et 2 correspondant à un premier mode de réalisation,
on voit qu'un cadran selon l'invention se compose fondamentalement de trois éléments.
Un élément supérieur 1a en céramique, ayant environ 0,4 mm d'épaisseur, est revêtu
d'une ou deux couches d'émail dont l'épaisseur totale est comprise entre 0,1 mm et
0,4 mm. Ce petit nombre de couches est tout à fait suffisant, compte tenu de l'aspect
clair de la céramique sur laquelle les couches d'émail sont appliquées. De façon connue,
on applique également sur la surface émaillée un décalque pour les index horaires
ou autres signes, puis on effectue un glaçage.
[0015] Un élément inférieur 1 b, également en céramique d'environ 0,4 mm d'épaisseur est
pourvu d'un perçage 2 destiné à recevoir un pied cylindrique 9 assujetti par collage
et/ou chassage avant d'assembler les éléments inférieurs 1 b et supérieur 1 a au moyen
d'un joint de colle 4 et/ou d'une soudure périphérique 6, par exemple par laser ou
bombardement électronique.
[0016] Les deux éléments 1 a, 1 b en céramique sont obtenus à partir d'une poudre céramique
telle qu'un oxyde d'aluminium ou de zirconium, par pressage ou par le procédé CIM
(Ceramic Injection Molting) bien connu. La maîtrise de ce procédé est actuellement
suffisante pour produire des pièces ayant une tolérance très serrée ne nécessitant
aucune retouche ultérieure, d'autant que le très petit nombre de couches d'émail ne
produit pas d'effet de bord. Pour cette raison, il est également possible, bien que
non représenté sur les figures 1 et 2, de partir d'éléments céramique 1 a et 1 b comportant
déjà des passages d'aiguilles et éventuellement des guichets en regard les unes des
autres. Dans ce cas, l'assemblage des éléments 1 a et 1 b est effectué de préférence
par soudage périphérique.
[0017] La conception d'un tel cadran émaillé avec pieds présente en outre l'avantage, dans
le cas où le chassage d'un pied briserait l'élément inférieur 1 b et entraînerait
sa mise au rebut, de pouvoir conserver l'élément supérieur 1 a qui a la plus grande
valeur ajoutée.
[0018] La figure 3 correspond à un deuxième mode de réalisation dans lequel le pied de cadran
est encore fixé par chassage. Le cadran comprend un élément supérieur 1 a en céramique
ayant une épaisseur comprise entre 0,4 et 0,7 mm, ledit élément étant comme précédemment
recouvert d'une à deux couches d'émail 3. L'élément inférieur 8 est formé d'une plaque
métallique, par exemple en cuivre ou en un alliage d'or, d'une épaisseur comprise
entre 0,1 et 0,3 mm. Cet élément inférieur 8 comporte des perçages 2 aux emplacements
précis où les pieds 9 doivent être fixés par chassage et/ou collage avant assemblage
des éléments supérieur 1a et inférieur 8 au moyen d'un joint de colle 4. Ce mode de
réalisation permet en outre d'avoir une face arrière du cadran très esthétique en
choisissant le même métal pour l'élément inférieur 8 et pour le pied 9, par exemple
un alliage d'or.
[0019] La figure 4 représente un troisième mode de réalisation, qui est en fait une variante
du mode de réalisation précédent. En effet, la plaque métallique constituant l'élément
inférieur 8 est remplacé par un bloc métallique 10 dans lequel le pied 9 est chassé/collé,
ledit bloc 10 venant se positionner dans un logement 13 ménagé dans l'élément supérieur
1, soit lors de la fabrication dudit élément par pressage ou par le procédé CIM, soit
ultérieurement par usinage.
1. Cadran émaillé avec pieds de positionnement chassés, constitué par un premier élément
(1 a) en céramique, caractérisé en ce que la surface externe dudit élément (1 a) est revêtue d'une à deux couches d'émail (3)
et en ce qu'un deuxième élément (1 b, 8, 10) est pourvu d'un logement (2) pour le chassage et/ou
collage d'un pied de cadran (9), les premier (1 a) et deuxième (1 b) éléments étant
ensuite assemblés par collage et/ou soudage.
2. Cadran émaillé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le deuxième élément (1 b) est également réalisé en céramique en ayant sensiblement
les mêmes dimensions et la même épaisseur que le premier élément (1a).
3. Cadran émaillé selon la revendication 2, caractérisé en ce que les éléments céramique (1a, 1 b) ont une épaisseur comprise entre 0,4 et 0,5 mm.
4. Cadran émaillé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le deuxième élément (8) est constitué par une plaque métallique de plus faible épaisseur
que le premier élément (1 a) en céramique, et ayant la même dimension que ledit premier
élément (1a).
5. Cadran émaillé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le deuxième élément (10) est constitué par un bloc métallique venant se loger par
chassage/collage dans un logement (12) formé dans le premier élément (1a).
6. Cadran émaillé selon les revendications 2 ou 4, caractérisé en ce que le premier élément (1a) en céramique comporte en outre avant émaillage des passages
d'axes d'aiguilles et éventuellement des guichets en regard de passages correspondants
dans le deuxième élément (1 b, 8).
7. Cadran émaillé selon les revendications 4 ou 5, caractérisé en ce que le métal utilisé pour former le deuxième élément (8, 10) est choisi parmi le cuivre
et un alliage d'or.
8. Procédé de fabrication d'un cadran émaillé avec pieds chassés,
caractérisé en ce qu'il comporte les étapes consistant à
- former un premier substrat (1a) en céramique aux dimensions exactes souhaitées pour
le cadran;
- appliquer sur la face externe du premier substrat (1a) une à deux couches d'émail
(3);
- former un deuxième élément (1b, 8, 10) comportant un logement (2) dans lequel est
chassé et/ou collé un pied de cadran(9);
- assembler les premier (1a) et deuxième (1b, 8, 10) éléments par collage et/ou soudage.
9. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le deuxième élément (1b) est également réalisé en céramique, en ayant sensiblement
les mêmes dimensions et la même épaisseur que le premier élément (1a).
10. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le deuxième élément (8) est constitué par une plaque métallique de plus faible épaisseur
que le premier élément (1 a) en céramique et ayant la même dimension que ledit premier
élément (1a).
11. Procédé selon la revendication 7, caractérisé en ce que le deuxième élément (10) est constitué par un bloc métallique venant se loger par
chassage/collage dans un logement (12) formé dans le premier élément (1a).