DOMAINE DE L'INVENTION
[0001] La présente invention concerne les tôles en alliages d'aluminium de type Al-Zn-Cu-Mg
destinées à la fabrication d'éléments de structure utilisés dans l'industrie aéronautique
ou spatiale.
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0002] Des travaux considérables ont été menés au cours des dernières décennies en vue d'améliorer
les propriétés des alliages de la série 7xxx, et plus particulièrement leur compromis
résistance / ténacité. A titre d'exemple, le brevet EP 0 876 514 B1 décrit un produit
épais en alliage Al-Zn-Cu-Mg avec une fraction volumique de grains recristallisés
inférieure à 35% entre le quart et la mi-épaisseur. Toutefois, les relations de la
microstructure avec leur résistance à la propagation des fissures de fatigue (RPFF)
restent à éclaircir.
[0003] La présente invention aborde de problème de savoir comment améliorer la résistance
à la propagation de fissures de fatigue dans une tôle épaisse en alliage Al-Zn-Cu-Mg.
OBJETS DE L'INVENTION
[0004] Un premier objet de la présente invention est une tôle épaisse en alliage Al-Zn-Cu-Mg,
comprenant de 0,04 à 0,09% en poids de Zr, ladite tôle présentant un taux de recristallisation
supérieur à 35% à un au quart de l'épaisseur.
[0005] Un deuxième objet est un procédé de fabrication d'une tôle épaisse en alliage Al-Zn-Cu-Mg,
comprenant de 0,04 à 0,09% en poids de Zr, ledit procédé comprenant le laminage à
chaud d'une ébauche de ladite tôle à une température qui est inférieure à 420°C. Ce
procédé permet d'obtenir une tôle présentant un taux de recristallisation supérieur
à 35% à un au quart de l'épaisseur.
BREVE DESCRIPTION DES FIGURES
[0006] Les figures illustrent un mode de réalisation actuellement préféré de l'invention
et, ensemble avec la description générale donnée ci-dessus et la description détaillée
du mode de réalisation préféré donnée ci-après, ils servent à expliquer les principes
de l'invention.
[0007] Les figures 1 à 7 concernent certains aspects de l'invention telle qu'elle est décrite
ici. Elles sont purement illustratives et non limitatives.
[0008] La figure 1 montre les dimensions d'éprouvettes RPFF selon un mode de réalisation
de la présente invention.
[0009] La figure 2 montre les résultats d'essais de propagation de fissure de fatigue (PFF)
sur une tôle de référence (n° 856385) selon un mode de réalisation de la présente
invention.
[0010] La figure 3 est une caractérisation au microscope électronique à balayage (MEB) de
surfaces de fracture d'un matériau de référence.
[0011] La figure 4 montre les résultats d'essais de PFF sur une tôle laminée avec une température
de sortie plus basse.
[0012] La figure 5 montre des résultats d'essais de PFF sur une tôle avec une teneur en
Zr plus faible.
[0013] La figure 6 montre une comparaison du cheminement de la fissure au voisinage du seuil
pour des matériaux de référence (a) et à faible teneur en Zr (b) selon un mode de
réalisation.
[0014] La figure 7 est une représentation schématique des différences de RPFF entre les
matériaux de référence et à faible teneur en Zr selon un mode de réalisation.
TERMINOLOGIE
[0015] Sauf mention contraire, toutes les indications relatives à la composition chimique
des alliages sont exprimées en pourcent massique. La désignation des alliages suit
les règles de The Aluminum Association, connues de l'homme du métier. Les états métallurgiques
sont définis dans la norme européenne EN 515. La composition chimique d'alliages d'aluminium
normalisés est définie par exemple dans la norme EN 573-3. Sauf mention contraire,
les caractéristiques mécaniques statiques, c'est-à-dire la résistance à la rupture
R
m, la limite élastique R
p0,2, et l'allongement à la rupture A, sont déterminées par un essai de traction selon
la norme EN 10002-1, l'endroit et le sens du prélèvement des éprouvettes étant définis
dans la norme EN 485-1. La résistance à la fatigue est déterminée par un essai selon
ASTM E 466, et la vitesse de propagation de fissures en fatigue (essai dit da/dn)
selon ASTM E 647. La courbe R est déterminée selon la norme ASTM 561. A partir de
la courbe R, on calcule le facteur d'intensité de contrainte critique K
c , c'est à dire le facteur d'intensité qui provoque l'instabilité de la fissure. On
calcule également le facteur d'intensité de contrainte K
CO, en affectant à la charge critique la longueur initiale de la fissure, au début du
chargement monotone. Ces deux valeurs sont calculées pour une éprouvette de forme
voulue. K
app désigne le K
CO correspondant à l'éprouvette ayant servi à faire le test de courbe R.
[0016] Sauf mention contraire, les définitions de la norme européenne EN 12258-1 s'appliquent.
Cette norme définit notamment une tôle épaisse (ou tôle forte) comme une tôle ayant
une épaisseur supérieure à 6 mm. E désigne ici l'épaisseur des tôles.
[0017] On appelle ici « élément de structure » ou « élément structural » d'une construction
mécanique une pièce mécanique dont la défaillance est susceptible de mettre en danger
la sécurité de ladite construction, de ses utilisateurs, des ses usagers ou d'autrui.
Pour un avion, ces éléments de structure comprennent notamment les éléments qui composent
le fuselage (tels que la peau de fuselage (fuselage skin en anglais), les raidisseurs
ou lisses de fuselage (stringers), les cloisons étanches (bulkheads), les cadres de
fuselage (circumferential frames), les ailes (tels que la peau de voilure (wing skin),
les raidisseurs (stringers ou stiffeners), les nervures (ribs) et longerons (spars))
et l'empennage composé notamment de stabilisateurs horizontaux et verticaux (horizontal
or vertical stabilisers), ainsi que les profilés de plancher (floor beams), les rails
de sièges (seat tracks) et les portes.
DESCRIPTION DETAILLEE
[0018] La présente invention peut s'appliquer aux alliages de type Al-Zn-Cu-Mg, c'est-à-dire
aux alliages d'aluminium qui comprennent les éléments d'alliage Zn, Cu et Mg, et notamment
aux alliages de type Al-Zn-Cu-Mg de la série 7xxx, et de préférence aux alliages comprenant
(en % en poids) :
de 5,8 à 6,8% de Zn
de 1,5 à 2,5% de Cu
de 1,5 à 2,5% de Mg
de 0,04 à 0,09% de Zr
le reste étant de l'aluminium et des impuretés mineures, avec, de préférence, une
teneur résiduelle en fer inférieure à 0,09%, et une teneur résiduelle en silicium
inférieure à 0,07%. Un autre alliage auquel la présente invention peut être appliquée
avantageusement est l'alliage AA7040.
[0019] Dans une réalisation préférée, la teneur en Zr est comprise entre 0,05 à 0,07%.
[0020] Un tel alliage peut être coulé sous forme d'une plaque de laminage, et peut être
transformé selon les procédés connus en tôles épaisses. Ces procédés font toujours
intervenir au moins une passe de laminage à chaud.
[0021] La tôle selon l'invention est une tôle forte (tôle épaisse), car l'effet technique
de l'invention ne sera perceptible que pour une tôle qui n'est pas complètement recristallisée,
alors qu'une tôle mince risque de l'être. Avantageusement, son épaisseur est d'au
moins 15 mm, et préférentiellement d'au moins 20 mm ; son épaisseur peut atteindre
ou dépasser 100 mm. La tôle selon l'invention présente un taux de recristallisation
au quart de l'épaisseur (E/4) supérieur à 35%, et préférentiellement supérieur à 50%,
mais ne doit pas être totalement recristallisée. A ce titre, on préfère que le taux
de recristallisation à E/4 ne dépasse pas 90%. La vitesse de propagation des fissures
de fatigue dans une tôle selon l'invention est inférieure à 10
-4 mm/cycle à ΔK = 10 MPa

pour un essai effectué à R = 0,1 dans le sens L-T à l'endroit E/4.
[0022] Une tôle selon l'invention en alliage selon un des mode de réalisation préférentiels
(c'est-à-dire en alliage AA7040 ou comportant de 5,8 à 6,8% de Zn, de 1,5 à 2,5% de
Cu, de 1,5 à 2,5% de Mg, de 0,04 à 0,09% de Zr) a une ténacité K
IC(L-T) > 30 MPa√m, et préférentiellement en plus une ténacité K
IC(T-L) > 25 MPa√m, et encore plus préférentiellement en plus de ces deux valeurs précédentes
une ténacité K
IC(S-T) > 25 MPa√m.
[0023] La tôle selon l'invention peut être fabriquée par un procédé qui comprend le laminage
à chaud d'une ébauche de ladite tôle à une température qui est inférieure à 420°C.
Ensuite, cette tôle peut être soumise à un traitement de type T7651 ; ce traitement
comprend un revenu.
[0024] Dans le cadre de la présente invention, un matériau de référence en alliage AA7040
présentant un taux de recristallisation de 20% a été comparé à deux autres matériaux
hautement recristallisés (60%) :
- Tôle laminée à une température plus basse, inférieure à 420°C, de préférence allant
de 300°C à 419°C, de façon plus préférentielle allant de 305°C à 350°C et dans certains
cas d'environ 315°C.
- Tôle avec une teneur en Zr plus faible : 0,06 au lieu de 0,11% en poids.
[0025] Le taux de recristallisation lui-même a un faible effet dans les régions voisines
du seuil ; les courbes nominales sont légèrement différentes à cause d'un effet de
fermeture induit par la rugosité, le cheminement de la fissure étant plus tortueux.
[0026] En outre, une différence intéressante a été observée par les présents inventeurs
lors de la comparaison du matériau de référence et de matériaux à faible teneur en
Zr. Ces derniers présentent des taux de propagation de fissures significativement
moindres sur une plage de ΔK étendue : de 8 à 20 MPa

, où aucun effet de fermeture n'est observé. Cette différence pourrait être due à
un effet intrinsèque de la microstructure du matériau à faible teneur en Zr. Ce comportement
est schématisé sur la figure 7.
[0027] Les grains recristallisés du matériau à faible teneur en Zr sont probablement plus
grands. Il est suggéré de laminer ce matériau à froid afin d'obtenir une microstructure
comparable en termes de taille de grain et ensuite de tester sa résistance à la propagation
de fissure de fatigue.
[0028] Les tôles selon l'invention peuvent être utilisées, notamment sous forme de tôles
épaisses, pour la fabrication d'éléments de structure pour construction aéronautique.
[0029] La présente invention est illustrée par les exemples qui suivent. Ils ne limitent
pas la présente invention.
EXEMPLES
1)Procédure expérimentale
A) Matériau
[0030] Toutes les éprouvettes ont été prélevées dans des tôles d'alliage 7040 de 100 mm
d'épaisseur qui ont été transformées sur un équipement industriel. Les numéros de
chaque tôle et leur composition chimique correspondante sont indiqués dans le tableau
1, leurs propriétés mécaniques dans le tableau 2 et leurs taux de recristallisation
et leurs conditions de transformation dans le tableau 3 :
Tableau 1 :
Composition chimique |
Tôle n° |
Si |
Fe |
Cu |
Mg |
Zn |
Ti |
Zr |
856385 |
0,035 |
0,072 |
1,72 |
1,89 |
6,37 |
0,039 |
0,111 |
859188 |
0,029 |
0,059 |
1,59 |
1,87 |
6,39 |
0,021 |
0,060 |
859198 |
0,031 |
0,063 |
1,60 |
1,91 |
6,36 |
0,038 |
0,113 |
Tableau 2 :
Propriétés mécaniques |
|
KIC [MPa
 ] |
Rés. à la traction [MPa] |
Tôle n° |
L-T |
T-L |
S-L |
L |
LT |
ST |
856385 |
28,8 |
24,2 |
26,9 |
506 |
501 |
490 |
859188 |
31,6 |
26,6 |
26,8 |
508 |
504 |
475 |
859198 |
28,3 |
25,1 |
25,8 |
492 |
492 |
466 |
Tableau 3 :
Taux de recristallisation et caractéristiques de transformation |
Matériau |
Tôle n° |
% recrist. |
Principales caractéristiques |
|
|
E/4 |
E/2 |
|
% recrist. faible (référence) |
856385 |
20% |
17% |
Température de laminage typique (sortie environ 430°C) et taux de Zr typique 0,11% |
% recrist. élevé |
859198 |
60% |
55% |
Température de sortie de laminage plus basse : 315°C, Zr typique |
859188 |
60% |
58% |
Teneur en Zr moindre : 0,06%, température de laminage typique (sortie à environ 455°C) |
[0031] Les taux de recristallisation (% recrist.) ont été mesurés par analyse d'images sur
des micrographies. La tôle n° 856385 était représentative d'une production industrielle
courante et elle peut généralement être considérée comme étant une référence : chimie
et transformation standard. Dans le but d'étudier l'influence du taux de recristallisation
sur la RPFF, la tôle 856385 a été comparée avec deux autres plaques dont les pourcentages
de recristallisation sont significativement plus élevés :
- La tôle n° 859198 a été laminée à une température plus basse. Ce laminage modifié
s'est traduit par une énergie accumulée plus élevée et donc a favorisé une recristallisation
plus marquée au cours du traitement thermique en solution ultérieur ;
- La tôle n° 859188 avait une plus faible teneur en zirconium et donc une quantité de
dispersoïdes plus faible pour inhiber la cristallisation par ancrage aux limites de
grains.
[0032] Tous les échantillons ont été testés dans le revenu T7651. Les trois tôles ont des
propriétés mécaniques statiques et des propriétés de ténacité comparables. En outre,
les taux de recristallisation ont été déterminés par analyse d'images avec le logiciel
Imagetool™. Les mesures micrographiques ont été effectuées dans les plans L-ST après
attaque à l'acide chromique. La précision de cette caractérisation est voisine de
2%.
B) Caractérisation mécanique
[0033] Une caractérisation des caractéristiques mécaniques statiques (R
p0.2, R
m, A) et de la ténacité a été effectuée. Des mesures du taux de propagation de fissure
de fatigue (RPFF) ont été effectuées dans l'air suivant ASTM E647, dont le protocole
est incorporé dans son entièreté aux présentes à titre de référence, avec des éprouvettes
CT50 (voir la figure 1). Ces essais ont été réalisés dans les orientations L-T et
T-L pour les trois matériaux, les éprouvettes étant prélevées à E/4. Le matériau de
référence a été testé également à E/2 dans l'orientation L-T.
[0034] Les tests ont été réalisés avec une fréquence de charge cyclique de 35 Hz et un ratio
de charge de 0,1. La longueur des fissures de fatigue a été contrôlée en continu en
utilisant une technique de compliance. Elle a également été évaluée par une observation
optique de la surface de l'éprouvette après un polissage. La plage d'intensité de
contrainte de seuil de propagation de fissure de fatigue, ΔK
th, est définie arbitrairement comme étant la plage de coefficient d'intensité de contrainte,
ΔK, qui correspond à un taux de propagation de fissure de fatigue, da/dN, de 10
-10 m/cycle.
[0035] Les tests ont été interrompus avant la fracture finale afin de caractériser le cheminement
de la fissure. Pour cela, la surface de l'éprouvette est observée optiquement après
attaque acide (perpendiculairement au plan de propagation de la fissure). Après les
essais de PFF, les morphologies de surface après fracture ont été examinées au microscope
électronique à balayage. Une correction due à l'effet de fermeture a été appliquée
systématiquement afin de rationaliser les différences observées.
2) Résultats
A) Matériau de référence
[0036] La figure 2 montre la propagation de fissure de fatigue dans l'air à travers le matériau
de référence (% recrist. faible). (a) Influence de l'emplacement de l'échantillon
(E/2 par rapport à E/4), (b) Influence de l'orientation de l'échantillon (L-T par
rapport à T-L), les courbes marquées "effectives" tiennent compte de la correction
de l'effet de fermeture. Tous les essais ont été réalisés avec un ratio de charge
R de 0,1.
[0037] Aucun effet significatif de l'orientation ou de l'emplacement de l'échantillon n'a
été observé sur la figure 2. A l'échelle macroscopique, le cheminement de la fissure
semble être très régulier et peu tortueux dans les trois cas. Les surfaces de fracture
présentent des comportements comparables (voir la figure 3) : la fracture a un cheminement
principalement trans-granulaire avec un grand nombre de facettes. Certaines décohésions
de constituants intermétalliques grossiers et de limites de grains ont également été
observées. Les cheminements des fissures dans les régions voisines du seuil étaient
en outre plus plats, avec des facettes plus grandes.
[0038] Voir la figure 3, qui montre la caractérisation au MEB de surfaces de fracture du
matériau de référence, testé dans le sens L-T à E/4 (ΔK = 6 MPa√m, da/dN = 1,6 · 10
-8 m/cycle).
B) Matériau laminé à basse température
[0039] La figure 4 montre la propagation de fissure de fatigue (mesurée dans l'air) à travers
un matériau laminé à une température de laminage (TL) faible (% recrist. élevé) dans
le sens L-T. Celui-ci a été comparé au matériau de référence (% recrist. faible).
Tous les essais ont été réalisés avec un ratio de charge R de 0,1.
[0040] Une légère différence a été observée en comparant les courbes nominales des matériaux
de référence et à TL faible dans la région voisine du seuil. Cette différence a disparu
avec la prise en compte de la correction de fermeture (voir les courbes « effectives
» sur la figure 4). Nous pouvons donc expliquer la légère différence nominale par
un effet de fermeture induit par la rugosité (cheminement plus tortueux de la fissure).
C) Matériau à faible teneur en Zr
[0041] Les résultats des essais de PFF sur la plaque ayant une plus faible teneur en Zr
sont présentés sur la figure 5. Les taux de propagation de fissures sont plus faibles,
comparés à ceux du matériau de référence, dans une plage de ΔK étendue : 4 à 20 MPa√m.
[0042] Cette différence peut vraisemblablement être due à un effet de fermeture induit par
la rugosité dans la plage de ΔK de 1,2 à 8 MPa

. En effet, le cheminement de la fissure est plus tortueux pour le matériau à faible
teneur en Zr (voir la figure 6). Les surfaces de fracture sont principalement transgranulaires,
comme pour les deux autres matériaux, et présentent une grande quantité de fissures
secondaires.
[0043] Toutefois, aucun effet de fermeture n'est mis en évidence dans la plage de ΔK de
8 à 20 MPa

: les courbes nominales et « effectives » se superposent. Ceci tend à montrer que
la différence par rapport au matériau de référence dans cette plage de ΔK est due
à un effet intrinsèque de la microstructure du matériau à faible teneur en Zr. Une
schématisation de ce comportement est présentée sur la figure 7.
[0044] Un comportement comparable est observé dans l'orientation T-L. Les différences sont
toutefois plus petites.
[0045] La figure 5 montre la propagation de fissure de fatigue dans l'air à travers le matériau
à faible teneur en Zr (% recrist. élevé) dans le sens L-T. Comparaison avec le matériau
de référence (% recrist. faible). Tous les essais ont été réalisés avec un ratio de
charge R de 0,1.
[0046] La figure 6 montre une comparaison du cheminement des fissures au voisinage du seuil
pour les matériaux de référence (a) et à faible teneur en Zr (b). Echantillons testés
dans l'orientation L-T, à E/4.
[0047] La figure 7 est une schématisation des différences de RPFF entre les matériaux de
référence et à faible teneur en Zr. (Courbe de droite : matériau à faible teneur en
Zr. Courbe de gauche : matériau de référence).
[0048] La présente invention permet entre autres de comprendre les effets du taux de recristallisation
sur la résistance à la propagation des fissures de fatigue, dans le cas particulier
de l'alliage 7040. Pour cela, un matériau de référence ayant un taux de recristallisation
de 20% a été comparé avec deux autres matériaux hautement recristallisés (60%). Les
matériaux ont été traités comme suit :
· Plaque laminée à une température plus basse, soit environ 315°C au lieu de 420°C,
· Plaque avec une teneur en Zr plus faible : 0,06 au lieu de 0,11% en poids.
[0049] On peut conclure en premier lieu que le taux de recristallisation lui-même a un effet
minime dans les régions voisines du seuil : les courbes nominales sont légèrement
différentes à cause d'un effet de fermeture induit par la rugosité. Le cheminement
de la fissure est en effet plus tortueux.
[0050] En outre, une différence intéressante a été mise en évidence en comparant un matériau
de référence et un matériau à faible teneur en Zr. Ce dernier présente un taux de
propagation de fissure significativement moindre sur une plage de ΔK étendue : de
8 à 20 MPa

où aucun effet de fermeture n'est observé. Cette différence pourrait être due à un
effet intrinsèque de la microstructure du matériau à faible teneur en Zr.
1. Tôle d'épaisseur supérieure à 6 mm en alliage Al-Zn-Cu-Mg, comprenant de 0,04 à 0,09%
en poids de Zr, ladite tôle présentant un taux de recristallisation supérieur à 35%
au quart de l'épaisseur.
2. Tôle selon la revendication 1, comprenant (en % en poids) :
de 5,8 à 6,8% de Zn
de 1,5 à 2,5% de Cu
de 1,5 à 2,5% de Mg
de 0,04 à 0,09% de Zr
le reste étant de l'aluminium et des impuretés mineures.
3. Tôle selon la revendication 1, caractérisée en ce qu'elle est en alliage AA7040.
4. Tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, dans laquelle le Zr est présent
en une quantité comprise entre 0,05 à 0,07% en poids.
5. Tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, présentant un taux de recristallisation
supérieur à 50% au quart de l'épaisseur.
6. Tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, dans laquelle la vitesse de
propagation des fissures de fatigue est inférieure à 10
-4 mm/cycle à ΔK = 10 MPa

pour un essai effectué à R = 0,1 dans le sens L-T à l'emplacement E/4.
7. Tôle selon une quelconque des revendications 2 à 5, caractérisée en ce que KIC(L-T) > 30 MPa√m.
8. Tôle selon la revendication 7, caractérisée en ce que KIC(T-L) > 25 MPa√, et préférentiellement caractérisée en plus en ce que KIC(S-L) > 25 MPa√m.
9. Tôle selon une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisée en ce que son épaisseur est d'au moins 15 mm.
10. Procédé de fabrication d'une tôle selon l'une quelconque des revendications 1 à 9,
comprenant le laminage à chaud d'une ébauche de ladite tôle à une température qui
est inférieure à 420°C.
11. Procédé selon la revendication 10, dans lequel tôle est soumise à un revenu de type
T7651.
12. Utilisation d'une tôle selon une quelconque des revendications 1 à 9 ou d'une tôle
issue du procédé selon la revendication 10 ou 11 pour la fabrication d'éléments de
structure pour construction aéronautique.